Législatives en France : un scrutin suivi en Afrique ?

  • le mois dernier

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcript
00:00Le monde continue de réagir aux séismes politiques en France, nous irons dans une heure faire le tour de quelques
00:05quelques capitales européennes, pardon, mais d'abord on s'arrête pendant un quart d'heure sur le continent africain.
00:11Comment la nouvelle donne est-elle perçue ? Quels effets pour les relations franco-africaines ?
00:17On s'arrête dans un instant avec vous, Myriam Hamlal, sur un cas très concret, celui de l'Algérie.
00:22Mais d'abord, bonjour Stéphane Ballon, vous nous avez retrouvé également sur ce plateau.
00:25Comment, globalement, quelle tonalité retrouve-t-on dans les médias africains ?
00:29Écoutez, c'est très, j'allais dire, c'est très partagé. Alors, il faut faire la distinction entre le traitement que les médias africains
00:38ont réservé à cette actualité française, et là-dessus, disons qu'il n'y a pas eu beaucoup de réactions ce matin,
00:47parce que ça s'est passé hier, c'était dimanche, et la plupart des médias avaient presque bouclé, mais ça fait plusieurs jours
00:53déjà que les médias africains en parlaient, les éditorialistes ont largement commenté la chose.
00:59Et puis, d'autre part, vous avez des intellectuels, des politiques africains, pas plus tard que la semaine dernière,
01:05on avait Aminata Traoré sur cette antenne qui en parlait. Donc, alors, ce qui se dégage de manière générale, si vous voulez,
01:13ça reste une affaire française, c'est une élection française. De ce point de vue, vous avez, j'allais dire,
01:21deux catégories d'analyse ou deux catégories de perception. Vous avez, et c'est aussi une question générationnelle,
01:27on en parlera, vous avez une partie qui vous dit ça se passe en France, les Français choisissent de confier la direction
01:36de leur pays à un parti, le Rassemblement national, en l'occurrence.
01:40C'est leur affaire.
01:41C'est leur affaire. J'ai écouté sur RFI ce matin un jeune Sénégalais qui disait, nous, on a choisi Jomai Faye,
01:46pourquoi les Français ne choisiraient pas le Rassemblement national ? On l'entend et on le respecte.
01:53Et puis, vous avez de l'autre côté, et c'est là où j'évoquais l'aspect générationnel des intellectuels d'un certain âge,
02:01j'allais dire, je ne parle pas de Dieu, évidemment, mais qui ont un certain attachement à la France parce qu'ils y ont étudié,
02:08parce qu'ils ont mené une partie de leur vie dans le pays, qui vous disent, c'est impossible,
02:13il ne faut pas que le Rassemblement national arrive au pouvoir, parce que c'est un parti, je résume, raciste,
02:21et on comprend ce que ça peut vouloir signifier pour la diaspora, des gens comme nous, les Africains, etc.
02:29Et je crois que Myriam va en parler beaucoup sur l'Algérie.
02:31Absolument.
02:32Exactement.
02:33Mais il y a quand même un point commun à tout cela, c'est-à-dire, et ça vient de ce que prône le Rassemblement national,
02:40la question migratoire, vous avez des pays qui ont une diaspora qui est très fortement implantée en France,
02:47le cas du Sénégal, par exemple, on sait que la diaspora a joué un rôle important dans l'élection de Bachir Dioumaïfaye,
02:54et vous avez ces pays, il y a cette inquiétude-là qui, je veux dire, qui demeure, quelle que soit la position qu'on a,
03:03et puis les gens ne sont pas naïfs, je veux dire que ce soit le Rassemblement national ou Emmanuel Macron,
03:09qui est, disons-le très clairement, en perte de vitesse sur le continent,
03:14les gens ne se font pas d'illusions que Rassemblement national ou autre parti,
03:19ce sont les intérêts de la France qui seront défendus dans les relations qu'on aura à mener avec les pays africains.
03:25Un mot de l'image des Le Pen, Jean-Marie Le Pen, très connue sur le continent africain,
03:30Marine Le Pen, elle est allée souvent ces dernières années sur place,
03:35et ce qui a changé, ce qui a été nouveau, c'est qu'elle a rencontré officiellement des présidents,
03:40notamment le président sénégalais.
03:42Absolument, en disant que le Rassemblement national, autrefois le Front national,
03:47fait un travail depuis quelques années qui aboutit à ce qu'on observe aujourd'hui,
03:54qui consiste à dire, en tout cas à commencer à tisser des liens, des relations, d'animer un réseau sur le continent.
04:01On l'a vu en 2016, lorsque Jean-Marie Le Pen a été reçue par l'actuel président de la Guinée équatoriale, Obian Nguema.
04:11On l'a vu en 2017, lorsque Marine Le Pen est allée à Diamena,
04:16où elle a été reçue par Idriss Déby, le père, le défunteur de l'actuel président,
04:24et à cette occasion même, je pense, si je ne dis pas de pétisse, qu'elle avait prononcé un discours,
04:29elle avait fait des propositions.
04:31Marine Le Pen ne dit pas, parce que je suis souverainiste dans la philosophie, dans la politique que je défends,
04:37je vais me retirer de l'Afrique.
04:41Non, elle dit, je vais proposer une autre relation aux Africains.
04:47Elle a été reçue plus récemment, en 2022, ou en 2023, je ne suis plus très sûr de la date,
04:53en tout cas récemment, par Macky Sall au Sénégal.
04:56Et souvenez-vous, ça avait provoqué un débat très animé au Sénégal.
05:02Et le nouveau pouvoir sénégalais avait eu lieu, reçu Jean-Luc Mélenchon.
05:05Exactement.
05:06C'est différent.
05:07C'est du tout.
05:08Merci.
05:09Pour dire, je résume rapidement que Marine Le Pen et son parti travaillent, justement,
05:14à rendre leur parti fréquentable et à se donner, j'allais dire, une stature de parti capable de diriger la France
05:22et de défendre les intérêts de la France.
05:23Voilà la dédiabolisation même en Afrique.
05:25Absolument.
05:26Prenons la température dans l'un des pays francophones historiquement liés à la France, la Côte d'Ivoire.
05:30Bonjour Julia Guggenheim, on vous retrouve en direct d'Abidjan.
05:34D'abord, comment est-ce que les expatriés français ont voté dimanche soir ?
05:39Eh bien, oui, effectivement, on peut commencer par revenir sur les résultats dans cette neuvième circonscription
05:45des Français de l'étranger qui couvre l'Afrique de l'Ouest et le Maghreb.
05:50Alors, dans cette circonscription, Karim Benchek du parti Génération pour le nouveau Front populaire
05:56est en ballotage très favorable.
05:58Il a emporté 51% des voix.
06:01Ce n'est pas suffisant pour lui pour être qualifié dès le premier tour.
06:05C'est lié à une participation qui est très faible.
06:08Que ce soit dans l'ensemble de la circonscription ou en Côte d'Ivoire, il n'y a pas eu plus de 28% de participation.
06:15Alors, ici, à Abidjan en particulier, il arrive en tête également avec 38% des voix.
06:22A sa suite, c'est la candidate de la majorité présidentielle qui, elle, a obtenu 18% des voix
06:28et qui est talonnée par la candidate du Rassemblement national avec ses 16% de voix.
06:35Donc, on le voit, les électeurs français qui se déplacent aux urnes en Côte d'Ivoire sont plutôt ancrés à gauche.
06:41Mais, par ailleurs, je discutais ce matin avec un observateur qui me disait qu'il avait quand même constaté
06:47que la parole des Français plutôt très conservateurs se libérait de plus en plus
06:54et qu'ils assumaient de plus en plus des positions d'extrême droite avec des positions parfois très dures,
07:00notamment sur les questions migratoires.
07:03Enfin, peut-être qu'on peut dire un mot également sur comment les résultats de ces élections ont été perçus par la diplomatie française ici en Côte d'Ivoire.
07:13Selon mes informations, il y a quand même, on peut le dire, une grande inquiétude
07:17que le gouvernement puisse passer Rassemblement national
07:22et sur l'impact que ça pourrait avoir sur la politique étrangère menée par la France,
07:27notamment sur les questions de budget parce que la compétence du budget, c'est une compétence du gouvernement.
07:33Et puis, sur la question politique, les diplomates ont peur que ce soit un petit peu une France qui parle à deux voix
07:39avec une mise en conflit et en concurrence de ce que la France porte en termes de diplomatie africaine.
07:47Et les Ivoiriens, Julia, ils se sont intéressés à l'élection et comment est-ce qu'ils ont réagi à ces résultats ?
07:54On a l'impression que ces élections, au niveau des Ivoiriens, je ne sais pas si on peut dire qu'elles ont passionné véritablement.
08:04Je regardais ce matin les réseaux sociaux. Ce n'est pas une thématique extrêmement discutée.
08:09Pareil, Stéphane Ballong en parlait tout à l'heure au niveau des unes des journaux.
08:14Aucun des journaux n'ont fait leur une sur les résultats de ces élections.
08:19Par contre, il faut le dire, la classe politique, elle, a suivi de près ces élections et leurs résultats.
08:26Alors il y a des interrogations, d'abord peut-être sur le plan technique.
08:30Qu'est-ce que ça veut dire une cohabitation ? Comment est-ce que ça fonctionnerait si l'Assemblée n'avait qu'une majorité relative ?
08:38Et puis, pour certains, il y a aussi des inquiétudes, une préoccupation quant à comment est-ce que pourrait se poursuivre la relation bilatérale entre la France et la Côte d'Ivoire,
08:49qui aujourd'hui est particulièrement nourrie, mais aussi une inquiétude quant aux ressortissants ivoiriens ou aux binationaux qui vivent actuellement en France
08:58et qui pourraient, si le Rassemblement national arrivait au pouvoir, être confrontés à plus de difficultés, voire à une forme de racisme.
09:06Une figure du camp présidentiel avec laquelle j'ai pu parler ce matin m'a dit que ce vote vient remettre en cause les fondamentaux
09:14qui ont prévalu dans l'excellence des relations entre la Côte d'Ivoire et la France et qu'on pouvait y voir une forme de renonciation de ce que la France a toujours été.
09:24Pour autant, il faut dire que ces préoccupations ne sont pas unanimes non plus au sein de la classe politique ivoirienne.
09:30Il faut mentionner que certains au sein de la classe politique sont plutôt en phase avec les idées du Rassemblement national,
09:37ou tout du moins qu'ils ne voient pas de problème majeur à ce que Jordan Bardella soit Premier ministre pour poursuivre les relations entre la France et la Côte d'Ivoire.
09:47Merci beaucoup pour ce commentaire, Julia Guggenheim, en direct d'Abidjan.
09:50On s'arrête à présent sur un cas d'école. Que changerait l'arrivée probable de l'extrême droite au pouvoir en France ?
09:56Dans certains pays, les répercussions pourraient être immédiates et très concrètes. C'est le cas de l'Algérie.
10:02Bonjour, Mme Lall. Vous nous avez rejoint. D'abord, comment est-ce que ces législatives sont-elles suivies en Algérie aujourd'hui ?
10:10Il n'y a pas vraiment de différence avec ce que viennent dire Julia à Abidjan et Stéphane il y a quelques instants.
10:15Il y a une vraie rupture de cette passion qui faisait qu'il y a quelques années, les gens suivaient l'actualité et la politique française avec beaucoup d'intérêt.
10:24Je me souviens avoir été en Algérie en 2007 pour France 24 parce qu'il y avait des élections législatives en Algérie.
10:29C'était la période du deuxième tour entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
10:33Et quand je posais la question dans la rue aux gens « Alors, qu'est-ce que vous pensez de ces élections ? », ils me répondaient « On aime bien Ségolène Royal, on n'aime pas trop Nicolas Sarkozy. »
10:40Moi, je leur posais la question sur les législatives en Algérie et eux me répondaient sur la présidentielle française.
10:45Eh bien, ça, c'est fini aujourd'hui. Pourquoi ? Parce qu'il y a une nouvelle génération.
10:48Une génération qui n'a pas vécu la guerre, qui n'a pas cet attachement ou ce poids historique qui s'est détaché de tout cela.
10:55Qui s'est détaché de tout cela parce qu'il y a beaucoup moins de visas aussi pour venir en France.
10:58Donc, les jeunes se sont tournés vers d'autres pays. On se soigne en Turquie aujourd'hui.
11:02On part en vacances en Turquie. On a changé de paradigme. On ne regarde plus forcément vers la France.
11:09Peut-être parce que la politique française est moins passionnante aussi. Peut-être.
11:12Peut-être aussi. Mais il y a vraiment un désintérêt et j'en parlais aussi avec notre correspondante Sarah Sacco il y a quelques années
11:17lors du deuxième tour de l'élection présidentielle en France. Elle me disait « Mais les jeunes en ont sans tamponne le coquillard »
11:23pour reprendre une expression familière de ce qui se passe de la politique française.
11:27C'est une nouvelle génération qui s'intéresse à autre chose.
11:30En revanche, cette question du rassemblement national suscite quand même un peu d'intérêt en Algérie.
11:37Et oui. Il y a des craintes.
11:39Absolument.
11:40Probablement aussi liées aux visas. Vous en parliez. Est-ce que l'arrivée de l'extrême droite en France
11:46pourrait avoir des répercussions sur le quotidien des Algériens, ceux qui veulent voyager ?
11:49Alors, ça intéresse beaucoup parce qu'il y a cette question des visas. Il y a cette question des OQTF.
11:54On sait très bien que si l'Algérie refuse...
11:56Les obligations de quitter le territoire.
11:58Voilà. Qu'on expulse vers l'Algérie des sans-papiers algériens, il y aura une restriction des visas.
12:07Il faut dire que l'Algérie a déjà battu des records de refus de visa.
12:10Le consulat d'Alger de Hannaba avait battu des records il y a quelques années de refus de visa.
12:14Donc, ce n'est pas quelque chose d'inhabituel, j'ai envie de dire.
12:17Mais en même temps, ça fait partie des questions qui se posent beaucoup d'Algériens.
12:21Parce que l'Algérie est un pays qui ne fait pas partie de la francophonie mais qui reste francophone.
12:25Et les étudiants qui veulent venir étudier choisissent des pays où ils parlent la langue.
12:29Donc, le français, même si ces dernières années, on voit beaucoup d'étudiants en médecine qui vont en Allemagne,
12:34qui sont attirés par l'Allemagne, qui sont aidés pour apprendre la langue, etc.
12:38Mais la France reste quand même une destination favorite pour faire ses études.
12:42Ensuite, il y a d'autres éléments qui inquiètent.
12:46D'abord, il y a une forte communauté algérienne en France.
12:486 millions d'Algériens, c'est beaucoup.
12:50Que vont-ils devenir ? Vont-ils être mis au banc de la société ? Vont-ils subir le racisme ?
12:57Je vous rappelle quand même qu'il y a des précédents historiques.
12:591973, les ratonnades, 50 Algériens avaient été tués pendant une période, en fin de l'année 1973,
13:06notamment dans le sud de la France et autour de Marseille.
13:09Il y a eu l'attentat du consulat d'Algérie à Marseille qui a fait 4 morts et 26 blessés.
13:13Donc ça, ça reste dans les souvenirs des Algériens.
13:16Et d'ailleurs, ça avait provoqué la colère du président de l'époque, Ouali Boumdiène,
13:20qui avait arrêté l'immigration, qui avait décidé de cesser l'immigration des Algériens vers la France.
13:25Ça avait tendu les relations et il aura fallu l'arrivée au pouvoir de Valéry Giscard d'Estaing
13:30pour qu'il y ait de nouveau un réchauffement.
13:34Et c'était en pleine crise pétrolière, donc voilà.
13:36Merci beaucoup, Mariam Hamlal, pour ces commentaires.
13:40On vous retrouve tout à l'heure, bien sûr, à 21h45.
13:43Vous nous donnerez le résultat officiel en Mauritanie, puisque le président El Khazouani a été réélu président.
13:5056,12% des voix. Merci.

Recommandée