• il y a 5 mois
Dans ce numéro d'A vos marques, Maxime Gras s'interesse au BikingMan, "l'aventure ultime à vélo". Ce championnat du monde d’ultracyclisme permet à ses participants, venus de tous horizons, des parcours de 1000 km sans aucune assistance. Retour sur les origines de cette course avec Axel CARION, fondateur du BikingMan, mais également avec des participants handisport ayant terminé l'épreuve : Tony BOISBLET & Philippe ROCHER en tandem, Stéphane BAHIER (athlète unijambiste).

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Sport
Transcription
00:00Bonjour à toutes et à tous, ravi de vous retrouver dans A vos marques, votre show hebdomadaire
00:19pour évoquer les disciplines parasport.
00:22Aujourd'hui, on va parler d'une discipline, d'une compétition ultra et d'une aventure
00:28aussi un peu hors du commun, même totalement hors du commun.
00:32On va évoquer le BikingMan, on va donc parler cyclisme et distance longue, boire très
00:40longue.
00:41Mais on aime ça, on kiffe et surtout cet homme qui va nous accompagner, explorateur
00:46à vélo, Axel Carion, fondateur aussi, créateur, inventeur du label BikingMan.
00:52Salut Axel, ça va ? Salut, ça va, en forme ?
00:55Bienvenue sur notre plateau, on vous a reçu il y a quelque temps pour parler BikingMan,
01:02on va rentrer un petit peu le focus sur des participants qui ont fait très très fort
01:09l'occasion de ces dernières éditions avec leur présence sur ma gauche aujourd'hui,
01:16Tony Moablé, finisher de ces disciplines BikingMan.
01:20Bonjour Tony.
01:21Bonjour.
01:22Vous êtes finisher avec Philippe, qui est à vos côtés, Philippe Rocher, accompagnant
01:29participant donc à ces disciplines BikingMan.
01:32Bonjour Philippe.
01:33Bonjour.
01:34Ça va bien ? Ça va.
01:35Vous faites tandem avec Tony, malvoyant mais aux cuisses d'acier, face à vous un autre
01:44finisher, baroudeur qui adore le vélo.
01:48Je dois vous dire que même avant l'émission, on parlait déjà petit train à côté d'Axel,
01:52je ne sais pas pourquoi on les a mis à côté, mais en tout cas, Stéphane Bayer est avec
01:56nous.
01:57Bonjour Stéphane.
01:58Bonjour.
01:59Merci d'être avec nous aujourd'hui, athlète unijambiste mais cycliste forcené qui participe
02:06à combien d'épreuves BikingMan, vous avez participé déjà ?
02:09Trois BikingMan déjà.
02:10Trois BikingMan, sereinement, puisqu'on va en parler sans plus tarder.
02:15Si cette discipline est ouverte à tous, elle n'est pas ouverte au moins chevronnée ni
02:21au moins entraînée.
02:22Mon défi, c'est parti.
02:23Avant de parler, Axel, du concept, on parle d'athlète, de sportif entraîné, chevronné,
02:35on va pouvoir évoquer des distances, mais on ne peut pas résumer le BikingMan à uniquement
02:41des distances, c'est une expérience globale.
02:43Déjà, qu'est-ce que c'est ?
02:45C'est un championnat du monde d'épreuves d'ultracyclisme dont le but est de tenter
02:50de compléter 1000 kilomètres à vélo en moins de 120 heures et en totale autonomie,
02:56en transportant tout son matériel sur son vélo.
02:59Donc, 120 heures de vélo continu en théorie, on peut faire des pauses, mais on se débrouille
03:05pour les pauses, c'est ça ?
03:06Tout à fait.
03:07En fait, les règles, le chronomètre du départ jusqu'à l'arrivée ne s'arrête jamais,
03:12et en fonction des profils des participants, c'est ça qui est un peu intéressant sur
03:16la discipline, c'est que chacun va faire sa propre course.
03:19Chacun va avoir sa stratégie de gestion alimentaire, de gestion du sommeil.
03:22Le cadre, c'est 120 heures, tu peux ne pas t'arrêter, faire ça vraiment sans dormir,
03:27ou tu peux t'arrêter un petit peu en dormant avec des micro-siestes sur le bord de la route,
03:31ou tu peux également aller vite, dormir un peu plus, donc chacun sa stratégie en fait.
03:36Dès lors que tu respectes les 120 heures du défi.
03:39Alors, Axel, je sais que vous n'allez pas aimer cet adjectif si on parle d'une idée
03:45un petit peu folle au départ, parce que pour vous, tout est envisageable dès lors
03:50que le canevas et le cadre sont bien vilés.
03:53Je me permets quand même sur cette aventure, que le commun des mortels va qualifier peut-être
03:57d'un petit peu folle, de vous demander comment ça vous est venu cette volonté au départ.
04:01C'est déjà un projet de transmission, c'est-à-dire que c'est moi quelqu'un qui
04:07m'a initié au vélo par l'intermédiaire du voyage.
04:10C'est comme ça que je suis monté sur le vélo pour la première fois de ma vie.
04:15En faisant un grand voyage, en l'occurrence 1200 kilomètres à travers les Carpathes,
04:18notamment l'Ukraine d'ailleurs à l'époque.
04:20Et je me suis dit, dès ce premier voyage, que ça serait bien à un moment donné d'arriver
04:24à partager cette expérience du voyage à vélo, du caractère un peu extrême, engagé
04:28et de l'autonomie.
04:30Et petit à petit, ça a mis plusieurs années, et j'ai lancé ça en 2016, avec l'idée
04:36de transmettre également cette passion que j'ai moi du voyage à vélo et de l'exploration,
04:40certes dans un cadre un peu extrême, mais avec un filet de sécurité pour des participantes
04:44et des participants qui souhaitent relever ce défi et vivre leur propre aventure.
04:47Je vous conseille à ce sujet, sur notre site ou sur l'appli Sport en France, de voir
04:53ou revoir le documentaire réalisé par Cédric Ferreira, où on voit tout ce joli monde aller
05:02au bout de l'effort, aller au bout d'eux-mêmes.
05:05Tony, quel est votre background vélo pour un jour vous dire, OK, c'est à ma mesure
05:13ces 1000 kilomètres de vélo ?
05:15En fait, Philippe l'avait déjà fait et envisageait depuis quelques temps de le partager
05:22à mes côtés, mais avant tout, ça nécessitait un entraînement, au moins le minimum, environ
05:29entre 1000 et 1500 kilomètres, ce qui a été notre acquis.
05:34Et puis ensuite, nous y sommes lancés et très belle aventure.
05:42Et une expérience aussi Paris-Perpignan ?
05:44Une course en amont.
05:46Quelques années avant, grâce au club de Torcy, j'ai pu faire Torcy-Perpignan, environ
05:561000 kilomètres, et puis d'autres aventures dans d'autres régions pour partager le
06:03tandem et le vélo classique au sein du club.
06:06On aura l'occasion d'y revenir effectivement, ce vélo tandem avec vous Philippe.
06:11En tout cas, c'est vrai que ces 1000 kilomètres, déjà, ça rassure au moment de se lancer
06:14dans une expérience comme celle-ci, on se dit que c'est jouable.
06:18Axel, il y a eu aussi cet amour du voyage, le Pérou a été pour vous aussi, a décuplé
06:25votre envie de développer cette envie d'amener le commun des mortels, en tout cas, tout le
06:33monde peut participer.
06:35Il n'y a pas de liste préétablie d'engager, c'est ouvert à tous.
06:40Comment s'est organisée cette double volonté, à la fois d'aller découvrir différents
06:46endroits, différents pays, et en même temps, de rester accessible ?
06:49C'est un défi qui n'est pas facile à relever parce que dans le vélo, on a souvent
06:54tendance à résumer les choses par les chiffres, avec les kilomètres, les dénivelés, alors
06:59que très souvent, pour les passionnés de vélo et même les néophytes, quand on monte
07:04sur une mécane, on se rend compte que des fois, faire 10 kilomètres, c'est plus dur
07:07que d'en avoir fait 1000, en fonction de l'endroit où on se situe.
07:10J'ai cherché à conserver ça en allant un petit peu, j'ai eu le privilège de beaucoup
07:15voyager, d'identifier des ingrédients et en passant du temps, là-dessus, la recette
07:20secrète, il n'y en a pas, c'est passer du temps sur le vélo pour rester connecté
07:24aux sensations que les participants vont pouvoir avoir sur les épreuves.
07:28Moi, c'est une hygiène de vie, c'est quelque chose que je fais au quotidien, j'espère
07:33que je pourrais le faire encore très longtemps, mais je passe beaucoup de temps sur le vélo,
07:36700 à 1000 heures par an, pas par contrainte, par plaisir, pour justement aller chercher
07:41ces ingrédients-là.
07:42Et puis, je dirais qu'aller chercher des belles choses aux quatre coins de la planète
07:46ou en France, c'est la curiosité, il faut faire preuve de curiosité.
07:50La période après Covid a permis aussi de faire en sorte que ce plateau ait lieu, parce
07:56que finalement, on s'est retrouvé sur une épreuve et sur des épreuves qui sont sur
07:59le territoire français, alors qu'au départ, BikingMan, j'ai organisé des épreuves
08:04aux quatre coins de la planète.
08:05La période après Covid a permis de se recentraliser également sur notre territoire et sur les
08:11fabuleuses montagnes.
08:12Et sur la France où finalement, en cherchant bien, on a des ingrédients qui peuvent très
08:18vite être des ingrédients de l'extrême, dès lors qu'on va sur des réseaux secondaires
08:23parce qu'on a un des réseaux secondaires, je pense, parmi les plus fabuleux de la planète.
08:28Il est plus développé, on a eu de la chance.
08:30Ça a été construit quelque part il y a pas mal d'années et maintenant, toutes les
08:34personnes autour de ces tables-là, on vient se servir un petit peu de cet héritage-là
08:39avec le vélo pour lui donner une deuxième vie.
08:42Stéphane, je le vois dans ses pensées, il est déjà dans l'exploration, dans les souvenirs.
08:46Stéphane, vous en avez fait quelques-uns, vous nous l'avez dit, trois, ce territoire
08:50français, vous l'avez beaucoup exploré, déjà par vous-même, vous êtes clairement
08:56un grand amateur de vélo.
08:59Combien d'heures de vélo ? Tout à l'heure, Axel nous disait 700 à 1 000 heures annuelles.
09:03Vous, de votre côté ?
09:04Je fais entre 15 et 20 000 kilomètres par an, à peu près.
09:07Ah oui, on salue d'ailleurs le CC Arnay, je crois, où vous êtes.
09:12Oui, je suis sorcier au CC Arnay et je suis triathlète également.
09:14D'accord, un athlète accompli et multiterrain.
09:20Qu'est-ce que vous êtes allé chercher dans cette aventure BikingMan que vous avez
09:27faite à de multiples reprises ? Vous avez été victime, je crois, d'un accident de
09:32moto en 2004, vous étiez déjà cycliste auparavant, donc c'est presque une nécessité
09:37la pratique du sport ?
09:38Oui, quand j'étais valide, je pratique déjà une vingtaine d'heures de sport par
09:42semaine mais vraiment en loisir.
09:44Après, mon handicap m'a permis d'aller chercher le haut niveau, donc je suis sportif
09:48au haut niveau depuis une quinzaine d'années, d'abord en cyclisme, puis en triathlon.
09:51J'ai gagné 9 médailles aux championnats du monde, j'ai su deux fois champion du
09:55monde, j'ai fait deux fois les Jeux olympiques, donc j'aime bien les gros objectifs.
10:00Le BikingMan, c'était un nouvel objectif pour moi, une épreuve pour aller voir où
10:06est-ce que je pouvais aller.
10:07Quand on fait un BikingMan, il y a certes les 1000 kilomètres, l'épreuve, mais c'est
10:11une course.
10:12Vous me faites un peu sourire parce que vous êtes évidemment, tout autant que vous êtes,
10:17des passionnés et en même temps, des compétiteurs et des vrais sportifs accomplis.
10:22Mais effectivement, les 1000 kilomètres ne sont peut-être pas à la portée de tout
10:26à chacun parmi nos téléspectateurs.
10:27Je pense que si.
10:28Si ? Très bien.
10:29Mais malgré tout, j'ai réussi aussi pour me connaître aussi moi-même parce que je
10:34sais ce que c'est que préparer un championnat du monde sur une distance courte.
10:36Mes efforts, c'est une heure, une heure, une heure et quart d'effort.
10:39Là, je ne pars pas pour une heure et quart.
10:41J'avais envie de me mettre à l'épreuve et c'était vraiment une belle expérience,
10:45une aventure humaine et puis aussi une aventure sportive.
10:47Ils permettent psychologiquement de me mettre vraiment en difficulté.
10:49Axel, il y a dans les mots-clés de cette course, il y a s'autonomiser.
10:56Vous aimez bien cette idée-là d'avancer dans cet effort-là.
11:01Est-ce que ça veut dire que pour l'accessibilité aux paras sportifs, vous n'avez pas forcément
11:09changé votre modus operandi ? Le filet de sécurité, est-ce qu'il a été augmenté ?
11:14Comment vous avez opéré pour ouvrir vos portes à vraiment tout le monde, à être
11:19dans l'inclusion totale ?
11:20Déjà, on n'a pas été dans l'exclusion.
11:22C'est-à-dire qu'on n'a pas interdit ou on n'a pas mis défense de venir pour le
11:27parasport.
11:28Et ça, je pense que c'est une des chances de cette discipline actuellement puisqu'elle
11:31est naissante et vous participez, là, on participe tous à lui donner un peu de visibilité.
11:36Il n'y a pas encore toutes ces règles d'essayer de donner des catégories, lui oui,
11:41elle non.
11:42Et en fait, c'est une des motivations que j'ai sur le BikingMan à un moment donné
11:48de voir Stéphane pour la première fois venir, ne pas connaître son background extraordinaire
11:52de sportif et quelque part de l'aborder, de l'accueillir de la même manière que
11:57n'importe qui d'autre parce que la fracture qu'il a vécue, elle est terrible.
12:02Mais il y a plein d'autres athlètes et en fait, on retrouve dans les athlètes.
12:06Je n'aime pas le terme valide, non valide, ça ne me plaît pas parce qu'en fait Stéphane
12:10pour moi, c'est la même personne entre guillemets que Philippe ou Tony parce qu'il
12:14y a chacun qui a ses fractures et en fait, c'est assez étonnant de voir ce groupe
12:18de personnes qui se retrouvent et qui a la chance quelque part de se lancer le défi
12:22de cette course en balayant toutes les barrières que l'on a visuelles, que l'on a de jugement
12:30parce que personne ne sait ce qui va se passer sur l'épreuve.
12:33Et il y a très peu de sports où on a encore la chance de pouvoir se rassembler avec des
12:38règles simples que tout le monde tente de respecter et pour se lancer simplement un
12:42défi qui est fou au départ.
12:44On parle depuis le début de cette émission finalement de communauté quelque part qui
12:53se crée, même si le terme n'a pas été utilisé.
12:56Philippe, c'est l'essence même, c'est comme ça que vous avez fait infuser l'idée
13:01à Tony en tant qu'accompagnant guide, vous aviez envie de vous insérer dans cette
13:05communauté BikingMan.
13:07C'était l'objectif, d'avoir la chance, le privilège de faire partie de cette grande
13:13famille.
13:14Ça faisait partie des motivations en s'inscrivant à une si belle épreuve.
13:20Tony, pour votre part, sentir justement qu'on n'évoque pas le handicap mais la performance
13:31de tout un chacun, voire même débriefer à la fin de la compétition ce que tout le
13:37monde a pu faire, c'est un plus ?
13:39Effectivement, c'est un plus, mais ce n'est pas seulement à l'issue de la course, c'est
13:45aussi pendant la course, retrouver des partenaires pour échanger quelques mots à une fontaine.
13:56Et puis après, c'est retrouver le lendemain sans l'avoir prévu pour nous, et puis continuer
14:04son bout de chemin tant que possible.
14:07Vous m'avez parlé du chemin, moi j'ai envie d'avancer, j'ai envie de parler de vos performances,
14:12dans cette compétition, de vos résultats, de vos envies, du regard de cette communauté
14:19sur vos performances, c'est la deuxième partie de cette émission.
14:26Dans cette émission à vos marques, on parle de sport ultra, on parle du BikingMan et de
14:35ses distances relativement copieuses, et du retour d'expérience de nos finishers qui
14:43s'en sont pour le moins bien sortis, Tony et Philippe, votre regard, si vous deviez
14:51tirer le bilan sur votre participation, il n'y a que du plus, il y a eu des moments
14:56de doutes, comment vous avez vécu ça ? Dites-nous tout.
15:00Effectivement, il y a eu des temps forts, des temps faibles, mais ça fait partie du
15:05jeu.
15:06C'est normal, sur la durée.
15:08On était préparés mentalement pour ce type d'épreuve, on s'est inscrits, on a pris
15:18le départ avec beaucoup d'ondes positives, et ça nous a aidés pendant toute cette aventure
15:28à traverser ces moments de difficultés parfois.
15:31On se savait soutenus par toute une communauté, par des RACE ANGELS, par des amis, par de
15:39la famille à distance.
15:40Ça nous a aidés ensemble avec Tony à profiter de chaque instant parce qu'on a toujours
15:55gardé en souvenir qu'on était des privilégiés, qu'on avait beaucoup de chance de pouvoir
16:03participer à ce type d'épreuve, que c'était une véritable opportunité.
16:06Et ça nous a aidés pendant tout le parcours.
16:10Tony, est-ce qu'il faut avoir une vie intérieure assez développée sur ces moments durs pour
16:15penser à autre chose quand on est sur le vélo, qu'on accuse le coup ? Même s'il
16:19y a de la communication peut-être avec Philippe, il y a des moments où on essaye de penser
16:24un peu à autre chose et d'éviter de penser aux 20 heures de vélo, aux 10% de déclivité,
16:29toutes ces choses-là.
16:30C'est ce que j'appellerais de l'adaptabilité.
16:34Puisqu'il y a eu des journées très chaudes, le relief auquel on n'est pas habitué.
16:44Et puis, quelques petits soucis de santé qui viennent se greffer d'ici, de là.
16:51Et puis, il ne faut pas lier la situation malgré tout et puis se dire demain ça ira
16:56mieux.
16:57Il faut Stéphane, effectivement, gérer ses temps faibles, c'est la clé absolue.
17:04Se dire qu'il y aura des jours meilleurs pour passer les obstacles.
17:07Oui, bien sûr.
17:08Et puis sur un backing man, des temps faibles, il y en a beaucoup.
17:11Du coup, on se concentre sur soi, on pense aux belles choses.
17:16Moi, de temps en temps, j'appelais ma femme, elle est extraordinaire, elle m'a reboosté
17:19un petit peu pour que je puisse repartir de plus belle.
17:22Donc oui, il faut réussir à s'adapter, comme il disait, puis repartir de plus belle
17:27pour aller jusqu'à la fin.
17:29On a évoqué tout à l'heure un petit peu votre côté pluridisciplinaire.
17:34Stéphane, je crois que ce qui fait que vous arrivez sur votre premier backing man à Faro,
17:40je parle sous votre contrôle, c'est le report des Jeux, finalement, qui vous incite à aller
17:45faire des kilomètres.
17:46C'est quand même autre chose.
17:48Vous aviez eu vent de cette discipline par quel biais ?
17:52Moi, j'avais déjà fait des recherches personnellement sur le long de distance, puisque j'adore
17:59le sport, mais j'aime bien le sport, pas qu'il fait mal, mais qui nous met en danger
18:04psychologiquement et physiquement.
18:06Je fais une petite parenthèse, en 2003, vous étiez valide, vous aviez fait un Paris-Brest-Paris.
18:10Voilà, donc vous aimez quand même les défis, le monsieur.
18:13Oui, et puis j'avais traversé la France avec mon vélo, j'avais été en Allemagne.
18:17Je faisais déjà beaucoup de vélo pour m'amuser.
18:19Ce qui s'est passé, c'est que ma catégorie n'a pas été retenue aux Jeux olympiques,
18:24ils ont reporté les Jeux.
18:26Donc moi, étant un peu plus vieux et moins performant, je suis sorti de l'équipe de
18:30France et j'ai besoin de challenge pour vivre.
18:32En faisant des recherches sur Internet, j'avais déjà vu l'ultracyclisme backing man.
18:37Après, j'ai vu aussi une émission sur France TV où ils parlaient, je crois, c'est Taïwan.
18:41Et là, j'ai eu les yeux qui se sont mis à briller, je dis à ma femme, écoute, je
18:45crois que c'est ce que je vais faire.
18:47Du coup, en challenge, je me suis donné le Portugal.
18:50En plus, il y en a un coin où je connais pas mal parce que j'ai fait des stages équipe
18:53de France dans le secteur.
18:54Donc, c'est un très joli secteur et je me suis donné le challenge d'aller faire le
18:57backing man.
18:58Effectivement, ça arrive comme ça.
19:00Tony, est-ce que secrètement, vous vous étiez fixé un objectif avec Philippe, pas forcément
19:10de performance, mettre en lumière certaines choses, se dépasser ? Ça me va bien aussi.
19:17J'ai juste à savoir un petit peu ce qui vous avait motivé à rouler clairement.
19:21Déjà, découvrir qu'est-ce que le backing man puisque ça se limitait à un nom sans
19:31s'en connaître la difficulté.
19:32Vous avez été servi ?
19:34Plutôt.
19:35Bien servi.
19:36Et ensuite ?
19:37Et puis, au travers de ce backing man, c'est quelque chose d'extraordinaire puisqu'on
19:44découvre tellement de choses.
19:46Qu'est-ce que vous avez retenu sur ces découvertes-là ? Vous parlez humainement, vous parlez d'endroits
19:54qui vous étaient inconnus, du défi sportif, apprendre à mieux vous connaître ?
19:59Si on aborde la communication avec l'organisation, les participants, c'est extraordinaire parce
20:09qu'on est tous sur le même bateau et puis on avance.
20:13On ne se sent jamais abandonné.
20:19Ça, c'est très fort dans l'épreuve.
20:22Des fois, je me demande même quand on voit le documentaire comment Axel fait pour se
20:27démultiplier.
20:28Il est présent sur toutes les images, Axel.
20:31Vous avez un don d'ubiquité ou pas ? Ou vous avez un jumeau qui vous permet d'assister
20:36à toutes les arrivées, à tous les moments clés de la course ?
20:38C'est un travail de magicien dans le sens où c'est très compliqué d'être au contact
20:44des participants à cause de la distance qui existe entre chacun d'entre eux puisque
20:48les leaders vont terminer en moins de 48 heures et je dirais que les lanternes rouges vont
20:54terminer en 110 heures.
20:55Il y a énormément de kilomètres et notre rôle en tant qu'orga, c'est d'arriver
21:00à simuler parce que malheureusement, on ne peut pas être partout, d'avoir un point
21:03de contact avec chacune et chacun d'entre eux.
21:06C'est un peu notre frustration aussi, c'est que c'est très dur mentalement d'un point
21:10de vue organisation de se dire qu'on envoie des cyclistes, des ultra-cyclistes sur la
21:15route, mais parfois, on est à plusieurs heures de chacun d'entre eux.
21:20Mentalement, c'est très dur de se dire qu'on ne peut pas être au contact, mais en même
21:24temps, c'est ce rapport un peu de balancier qui existe entre le moment où ils sont en
21:28autonomie complète et en immersion totale et le moment où ils ont un salut de la main
21:31de l'orga, d'un race angel, d'un volontaire qui quelque part vient rebooster, je dirais
21:38que ça vient recharger le mental je pense de chacune et de chacun d'entre eux et notre
21:43rôle, c'est d'être les témoins en fait de ce type de défi.
21:45C'est de pouvoir, certes, créer l'opportunité de se retrouver et en même temps d'être
21:50les témoins, j'ai bien l'expression de Cado Nettoni, d'être dans le même bateau
21:53parce que c'est aussi super éprouvant en termes d'orgas, d'être les témoins de
21:58ce défi-là et puis de reconnaître ce qu'ils sont en train de faire.
22:01Et reconnaître aussi et avoir une forme de fierté du travail et du défi accompli.
22:09Stéphane, dans cette communauté BikingMan, le regard des participants valide, je ne parle
22:15pas de regard physique, mais le regard sur la performance.
22:19Comment vous discutez autour de la perf ?
22:22Je ne pense pas qu'entre concurrents, on parle de perf, c'est surtout une aventure
22:27humaine.
22:28On est tous athlètes, on est tous dans le même bateau pour reprendre l'expression.
22:32Donc, je ne pense pas que ce soit une notion de perf.
22:34Par contre, c'est vraiment une expérience humaine importante puisque même si les premiers
22:39normalement n'ont pas le droit de drafter, d'être ensemble, mais quand on est derrière,
22:42ils sont beaucoup moins regardants.
22:44Axel, vous venez de scotcher Axel, il est bouche bée.
22:49Je veux dire, on peut discuter avec les personnes, partager nos vies communes et c'est des
22:54moments d'échanges fantastiques.
22:55Je pense que la performance, elle est aléatoire.
22:59Ce n'est pas le plus important dans l'expérience.
23:01Pour les non-initiés, je rappelle juste que le drafting, c'est la course en peloton
23:04pour ne pas prendre l'aspiration du concurrent en devant.
23:07Je pense que ce n'est pas le plus important.
23:09C'est plutôt les parcours de vie, découvrir un petit peu ce qu'est l'autre.
23:13C'est plutôt ça qui est important, plutôt que la performance en elle-même.
23:16Philippe, je vous vois acquiescer, je vous poserai une question qui concerne une autre
23:22émission.
23:23À vos marques, un autre numéro que nous avons eu avec Raphaël Bogil et Quentin Caleron
23:27qui font du cyclisme sur piste en tandem où ils évoquent ensemble la difficulté de se
23:32synchroniser, la plus grande difficulté.
23:34Depuis combien de temps vous entraînez-vous ensemble et est-ce que c'est dans ces parcours
23:39de 1000 kilomètres vraiment de faire symbiose, de faire corps, de ne faire plus qu'un le
23:46plus gros des défis pour vous ?
23:48Ça fait partie des défis, effectivement.
23:50On s'est entraîné depuis 4 mois avant l'événement, donc il y a vraiment peu de
23:59temps.
24:00On a fait une petite dizaine de sorties.
24:02On est parti avec un entraînement minimum, mais ça nous a laissé le temps de davantage
24:11se connaître, se synchroniser.
24:13Mais je ne vous cache pas que la première sortie, c'était un grand moment de solitude
24:19pour moi, pour piloter le tandem, pour me synchroniser avec Tony et Tony m'a rassuré
24:26en me disant « Philippe, tu vas un peu trop vite, il y a des étapes, ne les brûles
24:32pas, sois patient et puis tu verras, fais-moi confiance, ça va venir tout seul ».
24:38Effectivement, la séance d'après, ça allait mieux, mais je me suis effectivement
24:43posé des questions parce que conduire un tandem, ce n'est pas tout à fait la même
24:48chose que conduire un vélo classique, mais ça fait partie d'un apprentissage.
24:54Et puis quand on a pris le départ du BikingMan, on était prêts, tout simplement.
24:59Tony, le psychologue de ce tandem, comment se fait la communication sur le vélo et
25:05pendant l'épreuve ? Tony, on a parlé d'éventuels coups de mou tout à l'heure,
25:09quand on est dans le dur, il faut aller à l'essentiel j'imagine ?
25:12Il faut aller à l'essentiel, mais de toute façon, l'un ou l'autre vient à ressentir
25:19dans le pédalier puisqu'il est synchronisé.
25:20Ce qui nous concerne, c'est la majorité des tandems pour connaître un petit peu
25:27son binôme.
25:28Il faut quand même développer un peu d'entraînement pour ça, ne soyez pas trop modeste.
25:34Ensuite, au point de vue communication, ça peut être verbalisé lorsque le terrain le
25:40permet.
25:41En descente, c'est compliqué avec le dégagement d'air, donc ça se traduit par les positions
25:51et puis la position des pédales puisque le virage à gauche va nécessiter une position
25:58particulière pour éviter d'accrocher cette fameuse pédale.
26:01C'est des micro détails qui sont évidemment essentiels.
26:05Ce sont effectivement des micro détails, c'est une concentration de tous les instants,
26:13une responsabilité pour être vigilant parce que le moindre degré d'inattention, et
26:20ça pète la catastrophe, ça pète le drame.
26:23On l'a bien compris au travers de ces détails évoqués.
26:28Stéphane, vous y retournez quand ? Vous avez l'air d'avoir pris votre pied.
26:32Logiquement, pas en 2023, j'espère pas en 2024 ou alors fin 2024.
26:38Ah bon ? Alors pourquoi ? C'est à cause de votre blessure ?
26:41Ma blessure m'a handicapé toute l'année, donc je n'ai pas pu faire le backing manora.
26:44Tu avais repris le vélo en juillet, je rappelle.
26:46Je n'ai pas pu faire le backing manora en out puisque je n'étais pas capable d'enchaîner
26:49deux heures de vélo.
26:50Mais j'ai envie d'emmener mes vieux os à Paris, aux Jeux, donc je suis reparti sans
26:55entraînement triathlon, très intensif, avec deux ou trois entraînements par jour.
26:59Et l'objectif, c'est d'aller chercher les Jeux à Paris en triathlon.
27:02Donc je saurais déjà en 2023 si c'est jouable ou pas.
27:06Donc si c'est jouable, en 2024, je ne serai pas backing man.
27:09Et si je vois que ce n'est pas jouable, en 2024, je serai au backing man.
27:12Le petit regard pour faire l'annonce officielle à Axel.
27:15C'était très sympa.
27:18Oui, ça vient là, on vous le souhaite Axel.
27:23Philippe, Tony, vous avez aussi une envie d'un nouveau défi à relever, d'une prochaine
27:28édition.
27:29Allez, je vois Philippe qui acquiesce, allez-y, dites-nous.
27:32Alors, on a des idées.
27:34On attend de voir si l'organisation nous proposera une white card.
27:41Non, on a vraiment envie avec Tony de continuer de faire passer ces messages forts, comme
27:54quoi l'handicap aujourd'hui a sa place sur ce type d'épreuve, que rien n'est impossible.
28:01Avec peu d'entraînement, on y est arrivé.
28:04Donc c'est accessible aussi à plein d'autres personnes, valides et non-valides.
28:09Et que le sport est un magnifique vecteur, un magnifique outil, en particulier l'ultra-biking,
28:21pour faciliter une intégration sociale et professionnelle.
28:26Ce périple nous a aidés, je pense, nous a permis de grandir, de mieux nous connaître,
28:33comme le disait Stéphane.
28:34Donc, on a envie d'en refaire un, oui, on a envie d'en faire un.
28:39On va étudier avec Axel les possibilités.
28:44Les prochains seront où, Axel ? Dites-nous tout.
28:47Vous partez sur une saisonnalité ?
28:50La saison 2023 va commencer avec le Portugal.
28:53Très bien.
28:53Pharao ?
28:54À Pharao, oui.
28:55D'accord.
28:55À Pharao, avec un tour de l'Algarve et de l'Alentejo.
28:58Et après, s'en suivent plusieurs étapes sur les massifs français avec la Corse, la
29:04région sud, Oa, les Pyrénées également.
29:07Et devra se clôturer, peut-être pas par le Brésil, mais peut-être par une nouvelle
29:11épreuve.
29:12Et on ne peut pas en dire plus pour l'instant.
29:14C'est un peu…
29:15Mais en tout cas, on va commencer le championnat et le terminer en 2023 par une épreuve internationale.
29:21Et toujours plus de Paras, on l'espère ?
29:23Moi, c'est quelque chose…
29:25Voilà, je suis enchanté qu'on puisse partager ce moment ensemble.
29:28C'est une des particularités de cette épreuve, c'est que les barrières, elles n'existent
29:33pas.
29:34On est dans le même bateau, dans une bulle.
29:36On en parlait un peu avant l'émission, j'espère qu'on pourra conserver cette
29:39bulle le plus longtemps possible.
29:40Que l'aspect performance, du coup, sera pour l'instant mis le plus possible de côté
29:45pour justement écouter les histoires des gens qui participent parce que c'est un
29:48fabuleux réservoir d'énergie, positif, parce que quand on sort de ça, en tant qu'orgaque
29:54comme en tant que participant, parce que j'ai la chance de faire les deux, on a toujours
29:57envie d'y retourner parce que ça fait du bien au quotidien.
30:00C'est une leçon de vie.
30:01C'est une leçon de vie.
30:02Clairement.
30:03C'est une leçon de vie qui s'offre Stéphane et Tony.
30:07Exactement.
30:08Ce sera le mot de la fin.
30:09On a été ravis de recueillir vos histoires auprès d'Axel et donc du BikingMan.
30:15Merci Stéphane, merci Tony, merci Philippe de nous avoir accompagnés.
30:19A vos marques, c'est toutes les semaines, on aura l'occasion d'évoquer la semaine
30:24prochaine une discipline qui est en train de se développer, le frame running, la course
30:30à pied.
30:31Elle aime vous concurrencer, la course à pied dans l'ultra distance aussi, on parlera
30:35frame running donc, à vos marques.
30:38Merci à toutes et à tous de nous avoir suivis et à la semaine prochaine donc.

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