Bloquer les prix des produits de première nécessité, est-ce faisable? BFMTV répond à vos questions

  • il y a 2 mois
Chaque jour, dans le Live Switek, notre journaliste Roselyne Dubois répond à vos questions.

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Transcript
00:00Le pouvoir d'achat, parce que c'est votre priorité.
00:03Jusqu'à dimanche, on passe donc en revue les programmes avec vous, Charlotte Méritan.
00:06Aujourd'hui, le blocage des prix des produits de première nécessité.
00:10C'est une proposition du Nouveau Front Populaire, l'alliance de gauche, mais est-ce faisable ?
00:14Et à qui est-ce que ça profiterait vraiment ? On va voir ça d'abord légalement, déjà.
00:18Est-ce que c'est possible ?
00:19Oui, le Code du Commerce l'autorise par décret en Conseil d'État,
00:23donc ça veut dire que le Conseil d'État devrait donner son accord,
00:26pour une durée de 6 mois et à condition qu'il soit exceptionnel.
00:29Par exemple, ça serait une situation anormale du marché d'un secteur en particulier.
00:34Mais finalement, le texte est assez peu précis.
00:37On peut imaginer que là, ce serait évidemment l'inflation qui serait avancée
00:40comme argument d'une situation anormale.
00:43Encore faudrait-il que les fonctionnaires du Conseil d'État donnent leur accord.
00:46Et ça concernerait quels produits ? Qu'est-ce que c'est la première nécessité, en fait ?
00:50C'est aussi une notion assez floue, on n'a pas de liste détaillée.
00:54On peut s'appuyer peut-être sur le programme de la NUPES en 2022,
00:57puisqu'ils avaient déjà proposé cela à l'époque.
01:00Et à l'époque, ils parlaient d'un panier de 5 fruits et légumes,
01:04de bien de consommation courante, donc ça inclut le maïs par exemple,
01:08les pâtes, aussi l'habillement de l'alimentation.
01:11Et puis là, il a été aussi fait mention du carburant, du gaz, de l'électricité.
01:15Ah oui, donc c'est quand même très large.
01:16La viande, nous disent tous les téléspectateurs,
01:18c'est de ça dont on se prive aujourd'hui parce que c'est cher.
01:20Ça a déjà été fait ?
01:22Oui, alors ça a été fait en 2021 pour les gels hydroalcooliques.
01:24Ah oui, c'est vrai, on avait plafonné effectivement le prix du gel.
01:28Ça rentrait dans le cadre de l'article du Code du commerce.
01:31Pour l'alimentaire, ça a été envisagé l'année dernière par le gouvernement.
01:35Et puis finalement, plutôt qu'un contrôle des prix par l'État,
01:38ce qui a été retenu, c'est de laisser les distributeurs décider.
01:41C'était le fameux panier anti-inflation que beaucoup de distributeurs
01:44ont proposé à leurs clients.
01:46Ça s'est terminé à la fin de l'année dernière.
01:48Et pour le gaz et l'électricité, c'était le cas avec le bouclier tarifaire,
01:52à la différence que l'État prenait en charge, la différence de prix.
01:56Donc finalement, ça ne posait pas de problème légal.
01:58Du coup, là, ce ne serait pas le cas.
02:00Visiblement, comment ce serait compensé, financé ?
02:02Il y a des producteurs de l'autre côté.
02:04Voilà, la gauche parle d'imposer aux industriels et aux distributeurs
02:07de baisser leurs marges pour permettre ces prix plus bas.
02:11Pas en revanche, la rémunération des producteurs, des agriculteurs
02:15ne serait pas impactée parce que la gauche prévoit en parallèle
02:18un prix planché, c'est-à-dire une rémunération minimum pour eux
02:22et pour les matières premières.
02:24Et en même temps, la gauche prévoit des recettes
02:28grâce à une taxation des super profits des distributeurs et des industriels
02:32puisqu'elle estime que l'inflation vient en partie de là.
02:35Si on regarde les pour et les contre, d'abord les arguments pour.
02:37Évidemment, en tant que consommateur, on se dit qu'on peut y gagner, bien sûr.
02:40Oui, une baisse des prix, stopper l'inflation
02:42et ainsi redonner du pouvoir d'achat aux Français
02:46et ainsi éviter que face à des prix trop hauts, les gens se disent
02:50non, on n'achète plus, on n'a plus les moyens.
02:52Et finalement, la conséquence de ça qui pourrait être une économie au ralenti,
02:57une baisse de la croissance, voire une récession.
03:00Et puis la gauche estime que c'est une mesure indolore pour les finances publiques
03:04puisque financée par les entreprises privées.
03:06Il y a pourtant des arguments contre.
03:08Oui, ces détracteurs disent que cette mesure entraînerait un risque de pénurie
03:11parce que les industriels cesseraient de produire
03:15si jamais ça ne leur rapporte plus assez.
03:17Il y a un autre risque, c'est une compensation de cette baisse de prix sur certains produits
03:23par une hausse de prix sur tous les autres produits qui ne seraient pas dans le panier.
03:28Donc finalement, un effet contre-productif avec une inflation sur les produits
03:32qui ne sont pas dans le panier.
03:33Moi, je trouve qu'il y a une autre question qui se pose,
03:35c'est est-ce que ça n'arriverait pas trop tard si ça se faisait aujourd'hui ?
03:37Parce que le gros de l'inflation est déjà passé.
03:39L'inflation s'est largement calmée, donc si on bloquait les prix au niveau d'aujourd'hui,
03:43ils ne vont pas retrouver le niveau d'avant.
03:45La question n'a pas été tranchée, de savoir à quel prix on remonte pour définir ces prix-là.
03:51Et effectivement, Maxime, vous avez raison,
03:53là on est dans une période quasi de déflation qui commence vraiment tout juste.
03:58Donc effectivement, est-ce que ce n'est pas trop tard ?
04:00C'est une autre question qui se pose.
04:01Il y a aussi l'idée que cela irait à l'encontre des règles européennes de libre concurrence.
04:06Les produits importés se retrouveraient en concurrence avec des produits
04:11dont les prix sont administrés par l'État,
04:13donc il pourrait y avoir un problème à ce niveau-là.
04:15Il y a un dernier argument qui est aussi assez intéressant,
04:18c'est de dire que finalement, au même titre qu'une baisse de l'ATVA,
04:21ce blocage des prix concerne tout le monde.
04:24Donc c'est une mesure qui est égalitaire, mais pas équitable,
04:27puisque qui finalement consomme le plus, ce sont les riches.
04:32Donc ce seraient eux qui profiteraient plus.

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