FB Alsace_2024-06-27_10h28:54

  • il y a 4 mois

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00:00Jeudi matin, le moment d'échanger avec vous sur l'actualité.
00:02On s'intéresse donc au premier tour des législatives qui est dans trois jours au Rallye.
00:06Ce matin, on parle des programmes économiques, des blocs qui se présentent.
00:09Avec Thierry Burgé-Helmschen, il est professeur d'économie à l'Université de Strasbourg.
00:14Bonjour.
00:14Bonjour à tous.
00:15Vous avez analysé les programmes des trois principaux blocs, trois principaux camps,
00:20l'ERN, la majorité présidentielle et puis le Nouveau Front Populaire.
00:24Est-ce que ces programmes sont en équilibre budgétaire, tout simplement ?
00:28Cette question-là est relativement facile à répondre.
00:31La réponse est non.
00:32Aucun des trois n'est à l'équilibre.
00:34Maintenant, certains programmes sont très proches de l'équilibre,
00:36d'autres sont beaucoup plus éloignés.
00:38Celui qui est le plus proche d'un équilibre budgétaire,
00:41c'est celui de la majorité présidentielle qui est dans la continuité de ce qui est fait actuellement.
00:45Donc, on tourne à peu près à 5,5% de déficit par an.
00:49Et les autres programmes, plus difficiles à chiffrer pour certains,
00:52mais par contre, très clairement vont creuser la dette française
00:55avec probablement celui qui est le plus dépensier pour l'instant,
00:58qui est le programme du Nouveau Front Populaire, où on va doubler les dépenses.
01:02Alors, on va aller dans le détail, justement.
01:05L'une des mesures phares du Rassemblement national,
01:09c'est une baisse de la TVA sur l'énergie à 5,5%.
01:14Qu'est-ce que ça aurait, ça, comme conséquence ?
01:17Alors, il faut savoir que la TVA, c'est l'impôt qui rapporte,
01:20ou l'un des impôts qui rapportent le plus d'argent en France,
01:22généralement, autour de 180 milliards.
01:24Et la baisse de la TVA sur l'énergie, c'est grossièrement 24 milliards qui sont perdus.
01:31Ce qui veut dire que si on diminue les recettes,
01:33il devrait y avoir mécaniquement une diminution des dépenses.
01:36Sinon, vous allez de nouveau creuser le déficit de la France.
01:39Donc, ça, c'est pas forcément une mesure qui aide à avoir un budget équilibré.
01:47Le Nouveau Front Populaire, on parle toujours, là, de taxes, d'impôts,
01:52veut rétablir l'ISF, l'impôt sur la fortune,
01:55en expliquant que ça a été un cadeau au grand groupe du CAC 40, sans contrepartie.
02:00On parlait de rentrée fiscale, est-ce que ça permet vraiment de faire rentrer de l'argent ?
02:06Alors, le programme du Front Populaire, c'est un peu l'inverse de celui du RN en termes de fiscalité.
02:11Si le RN veut diminuer la fiscalité, clairement, le programme de gauche
02:15est celui qui va augmenter nettement la pression fiscale.
02:19Avec trois mesures, celle que vous venez de mentionner, qui est le retour de l'ISF,
02:23et qui devrait rapporter quelque chose comme 15 milliards, ce qui est déjà considérable.
02:26Mais probablement, la mesure phare, c'est une révision des différentes tranches d'imposition
02:33de l'impôt sur le revenu, avec des tranches supérieures nettement plus élevées.
02:37On parle parfois jusqu'à 90%.
02:40Également, la création d'une tranche basse, qui n'existe pas actuellement,
02:43et ce qui fait qu'un certain nombre de Français, qui aujourd'hui ne payent pas l'impôt,
02:46seront amenés à payer un impôt.
02:48C'est une tranche basse, aux alentours de 4 ou 5%, mais qui sera également instaurée.
02:52Donc très nettement, une hausse nette de la pression fiscale.
02:55Alors, ce que refuse totalement la majorité présidentielle sortante, c'est le mantra.
03:01Pas de hausse des impôts.
03:02Il n'y a quasiment rien de ce point de vue-là dans le programme de la majorité présidentielle,
03:07si ce n'est quelques rédictions, mais à la marge, sur des problèmes de succession,
03:10mais qui, au niveau de la France, de l'État, ne représentent pas grand-chose.
03:13Donc là, c'est vraiment une continuité, avec l'idée qui est de se dire qu'aujourd'hui,
03:1710% des contribuables payent 70% de l'impôt, et qu'ils souhaitent rester dans ce ratio-là,
03:23et pas rendre la chose encore plus disproportionnée.
03:25– Dites-nous, selon vous, quelle est la première mesure que doit prendre le futur gouvernement ?
03:30Vous nous appelez au 03 88 25 15 15, mesures économiques,
03:33et on parle des programmes éco, ce matin, les programmes des blocs,
03:36qui se présentent avec Thierry Burgé, Helmschen,
03:38professeur d'économie à l'université de Strasbourg.
03:41Sur les retraites, le nouveau Front populaire veut simplement abroger la réforme.
03:46Est-ce que ça, aujourd'hui, c'est encore possible ?
03:49– Alors, la réforme de retraite a été mise en place parce que, justement,
03:53on avait un problème pour financer les retraites.
03:56Nous sommes aujourd'hui à 66 ans, et dans le projet du nouveau Front de gauche,
04:00il y a marqué grossièrement, l'objectif c'est de revenir non pas à 64, mais à 60 ans.
04:05Alors juste pour vous donner un petit exemple, réduire d'un an le départ à la retraite,
04:10c'est chaque année 8 milliards à trouver.
04:12Passer de 66 à 65, il vous faut 8 milliards,
04:15de 66 à 64, il vous faut 16 milliards.
04:16Et donc, si on va jusqu'à 60 ans, comme ils proposent,
04:19il faut trouver 48 milliards chaque année.
04:22Et pour que les Français aient une marge de grandeur,
04:26si on devait faire financer ça, ne serait-ce que par un impôt,
04:29la TVA que tout le monde connaît, il faudrait augmenter la TVA de 20 à 26%.
04:34Parce qu'en gros, 1% de TVA, c'est 8 milliards.
04:36Donc faites le choix, moi je veux bien qu'on redescende de 66 à 60,
04:40mais dites-vous juste qu'à côté, il faut augmenter les recettes d'un même montant.
04:45– Sur le programme du Rassemblement national,
04:47toujours en ce qui concerne les retraites, c'est un petit peu difficile d'y voir clair.
04:51– Là, c'est très compliqué de trouver un chiffre,
04:53puisque à chaque fois que les représentants de ce parti sont interviewés,
04:58ils réduisent le large de départ à la retraite.
05:00C'était d'abord, on voulait 60, 62, 64, et puis maintenant, c'est beaucoup plus flou.
05:04Ce qui fait que je ne peux indiquer qu'une marge,
05:07qui est de se dire, entre zéro, si on reste dans la situation actuelle,
05:10comme pour l'autre grand, à 48 milliards, s'ils veulent aller dans la même optique.
05:15– Je vous propose d'écouter un Strasbourgeois sur, là cette fois,
05:20ce que lui demande aux candidats, on parle là des salaires.
05:26– L'augmentation du SMIC quand même,
05:27puisque en ce moment, beaucoup d'inflation, etc.
05:30et ça pourrait être un premier truc super important.
05:33– Ça, c'est une mesure du nouveau Front populaire,
05:35qui propose aussi une indexation des salaires sur l'inflation.
05:38Ce qui fait dire aux adversaires du nouveau Front populaire,
05:40que le pays sera rapidement mis sous tutelle, si tout ça est mis en place.
05:44Elles sont soutenables économiquement, les mesures en question ?
05:47– Tout d'abord, le SMIC augmente régulièrement,
05:50en fonction du niveau de l'inflation.
05:51Alors, on pourrait sous-entendre qu'il n'augmente pas assez rapidement,
05:54par rapport au niveau de l'inflation,
05:55mais le SMIC a bien évolué ces dix dernières années, à plusieurs reprises.
05:59Là, ce qui est proposé notamment par le Front de Gauche,
06:01c'est une augmentation de 1400 euros net à 1600 euros,
06:06ce qui représente une augmentation de 15%.
06:08Et la question qu'on peut se poser,
06:10c'est est-ce que les entreprises sont capables de financer cette hausse,
06:13sans se mettre en danger ?
06:15Et là, je me permettrais une autre comparaison.
06:18L'année dernière, on a beaucoup parlé de la hausse de l'énergie,
06:21qui a mis en difficulté beaucoup d'entreprises,
06:23et le gouvernement a mis en place un bouclier énergétique,
06:25qui était justement à 15%.
06:28Le souci, c'est que l'énergie, l'année dernière,
06:30qui était donc un grand problème,
06:31ne représente que 10% des dépenses des entreprises,
06:34alors que les salaires représentent plus de 30%.
06:37Et donc, vous comprenez que si on monte 30% de vos dépenses,
06:40et qu'on augmente massivement de presque 15%,
06:43ça va mettre probablement en difficulté beaucoup d'entreprises,
06:46ou tout du moins, ralentir fortement les embauches.
06:48Thierry Burgé-Emschen, professeur d'économie à l'université de Strasbourg,
06:52invité de France Bleu Alsace ce matin,
06:54et on vous pose la question, vous,
06:56qu'attendez-vous comme mesure économique du prochain futur gouvernement ?
07:00Geneviève, bonjour !
07:01Oui, bonjour !
07:03Ravi de vous accueillir depuis Hague-Neau, chère Geneviève.
07:05Vous, c'est quoi la mesure qui ferait du bien, mesure économique ?
07:09Alors, il y a juste un truc à faire, c'est tout bête, tout bête, tout con,
07:14c'est de baisser...
07:17De baisser, Geneviève ?
07:18C'est de baisser les prix,
07:22je ne dirais même pas augmenter les salaires,
07:24si les prix continuent à augmenter, non ?
07:27Baisser les prix, parce que les gens ont du mal, c'est vrai,
07:31aujourd'hui, je ne voudrais pas être maman d'un ou deux enfants, c'est vrai,
07:36je vois moi-même que les prix ont tant augmenté,
07:39de double et de triple,
07:42les choses qui ont coûté un euro, coûtent aujourd'hui trois euros,
07:46baissons les prix, voilà, c'est tout,
07:49l'électricité, le gaz, l'alimentaire et l'essence pour les gens qui travaillent.
07:56Baisser les prix, la mesure de Geneviève et l'attente de Geneviève sur France Bleu Alsace.
08:01Merci Geneviève de votre témoignage, belle journée à vous.
08:03Comment est-ce qu'on fait Thierry Burgiel, parce que vous le disiez,
08:06baisser les prix, ça fait moins de recettes dans les caisses de l'État,
08:09augmenter les salaires, ça met les entreprises en difficulté ?
08:12Alors, baisser les prix, il y a deux moyens de baisser les prix,
08:14soit on améliore la productivité des entreprises françaises,
08:17et de ce point de vue-là, il n'y a rien dans le programme des trois grands partis,
08:21ou alors vous réduisez la fiscalité.
08:23Sauf que l'ATVA, vous ne pouvez pas la baisser librement sur n'importe quel produit,
08:27c'est quelque chose qui est très encadré,
08:29pour des raisons de dumping, de concurrence internationale,
08:31vous ne pouvez pas décréter sur les biens communs de baisser par exemple de 20 à 5%,
08:35vous pouvez le faire uniquement sur un certain nombre de produits de première nécessité,
08:39ou lorsqu'il y a une situation exceptionnelle,
08:41type une grande crise énergétique ou le Covid.
08:44Dans ce cas-là, on peut, sur une courte période, se permettre de baisser l'ATVA.
08:48Mais encore une fois, ça représente une petite diminution
08:51sur quelque chose qui est jugé par les auditeurs sur une très très longue période.
08:55Et donc, le problème ici, c'est comment est-ce qu'on fait pour produire et être plus concurrents ?
09:00On va aborder en quelques instants la question du logement aussi,
09:05parce que ça c'est un thème qui intéresse énormément les électeurs.
09:11Ensemble veut supprimer les frais de notaires à hauteur de 15 000 euros pour les primo-accédants
09:16qui achètent un bien de moins de 250 000 euros,
09:18Ensemble c'est la majorité présidentielle.
09:20Est-ce que c'est vraiment là que ça bloque finalement pour acheter ?
09:23Alors, ce qui bloque pour acheter, c'est d'une part l'état de l'offre actuellement sur le marché.
09:27Est-ce qu'il y a suffisamment de biens qui existent ?
09:30Et ensuite, le niveau général des prix,
09:31notamment le prix du bien en soi, mais les taux d'intérêt.
09:35Malheureusement, cette mesure qui est proposée par le gouvernement sortant
09:39n'est pas suffisante pour réduire les prix et faciliter l'accession à la propriété.
09:46Donc c'est sans doute bien, mais ça ne va pas suffisamment dans la bonne direction.
09:50Maintenant, il faut voir que sur le logement,
09:52principalement le gouvernement sortant,
09:54mise beaucoup plus sur des aides à la rénovation que sur la construction.
09:59Et en ce qui concerne, là on parlait de l'achat, en ce qui concerne les loyers,
10:03on sait que le nouveau front populaire veut encadrer les loyers dans les zones tendues,
10:08mettre en place une garantie universelle.
10:11Est-ce que ça, ça peut permettre justement de régler le problème du manque de logement ?
10:15Alors, la garantie universelle, c'est quelque chose qui coûte en général 2 milliards par an,
10:19d'après les premières estimations qui ont été faites.
10:22C'est sans doute une aide.
10:23Maintenant, encadrer les loyers ou bloquer les prix
10:26n'a jamais permis de réduire un manque d'offres, d'améliorer un manque d'offres.
10:31Au contraire, ça crée généralement une pénurie.
10:33Donc c'est sans doute pas le bon moyen pour réduire
10:36ou pour répondre à la problématique qu'on a aujourd'hui sur le logement.
10:39Alors, on l'a vu, il y a énormément de problématiques économiques
10:42qui sont abordées pendant cette campagne.
10:43Beaucoup d'attentes aussi de la part des Français.
10:45Mais est-ce que finalement, selon vous, au moment de voter,
10:48la décision va se faire sur ces questions économiques relativement complexes ?
10:52Et je ne pense pas que le choix se fasse majoritairement sur des questions économiques.
10:56Ce sont des questions importantes, certes,
10:58mais il y a par exemple des sujets économiques
11:00qui ne sont absolument pas abordés durant cette campagne.
11:02On ne parle pas ou plus du chômage.
11:05Actuellement, on a un taux de chômage qui est de l'ordre de 7 et quelques pourcents,
11:07qui est le taux de chômage le plus bas depuis 25 ans.
11:10Ce serait plutôt à mettre au bilan du gouvernement.
11:13Et pourtant, on n'en parle absolument pas.
11:15C'est vu comme un acquis par les autres partis.
11:17Or, les différentes mesures mises en avant ne nous garantissent absolument pas
11:21qu'on reste à ce taux-là ou qu'on soit capable de le diminuer.
11:23Merci d'avoir été ce matin en direct sur France 3 et France Bleue.
11:28Thierry Burgé-Lemchen, professeur d'économie à l'Université de Strasbourg.
11:32Merci.
11:32Voilà pour l'analyse économique.
11:34Et donc, vous l'avez compris, des différents blocs en lice pour ces élections législatives.
11:38J-3 avant le premier tour.
11:40On l'appelle France Bleue Alsace.
11:42Il est 7h58.

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