Manifestations meurtrières au Kenya : au moins 22 morts, une marche pacifique prévue ce mercredi

  • il y a 4 mois

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00:00On est plus loin avec vous Bruno Darro, bonjour Bruno, alors on a vécu cette séquence en direct, hier dans Paris Direct, ce parlement en feu,
00:08ces manifestants aussi au sol dont certains avaient perdu la vie sous les balles de la police, que sait-on précisément de cette journée d'hier ?
00:16On parle de chaos qui a régné de longue heure d'ailleurs à Nairobi, on parle de 22 morts aujourd'hui selon les derniers chiffres communiqués,
00:24la réponse aura donc été très répressive, c'est ça qu'on en retient ?
00:27C'est une réponse très répressive et le tout dernier chiffre que j'ai trouvé qui émane de la commission kényane des droits de l'homme, c'est au moins 23 morts,
00:35plus une situation particulièrement tendue apparemment dans une ville de la grande banlieue de Nairobi, la ville de Guitouraille,
00:43selon la commission kényane des droits de l'homme, la police aurait pétré la nuit dernière un véritable massacre,
00:52c'est le terme employé donc par la commission kényane des droits de l'homme.
00:57Donc vous voyez que la répression a été forte non seulement à Nairobi mais donc en banlieue de Nairobi,
01:04il y a eu des manifestations dans d'autres villes du pays et à l'origine c'était des manifestations pacifiques émanant principalement de ce qu'on appelle la génération Z,
01:14c'est-à-dire tous ces millions de jeunes nés après 1997 et qui sont vent debout contre les nouvelles taxes décidées par le président Kényan William Routaud,
01:28d'autant plus que ce ne sont pas les premières.
01:30Alors le bras de fer il dure déjà depuis quelques jours, certaines mesures ont été retirées mais ce qui a fortement mobilisé les manifestants,
01:41c'est qu'ils ont appris qu'en fait il y avait un petit tour de passe-passe, c'est-à-dire que les mesures supprimées étaient remplacées par d'autres taxes,
01:48notamment une forte augmentation des taxes sur les carburants.
01:52Donc vous voyez il y a une incompréhension déjà là-dessus.
01:55Alors du côté du pouvoir, on dit qu'on n'a pas le choix, qu'on va y revenir, le pays fait face à une situation économique très difficile
02:02et qu'il doit honorer évidemment ses remboursements auprès des créanciers internationaux, au premier rang desquels le Fonds monétaire international.
02:09Donc effectivement au moment où on se parle Elisabeth, le président Routaud reste très ferme et sur une posture extrêmement répressive,
02:22parle même d'un déploiement de l'armée, alors je ne sais pas si notre correspondant a pu vérifier ça, il en parlait hier soir.
02:28Et évidemment du côté de l'opposition, on condamne la brutalité policière, c'est le cas du prédécesseur de William Routaud au Kenyatta,
02:38c'est le cas aussi évidemment du leader de l'opposition Rayla Odinga, qui appelle au retrait de ce texte et au dialogue avec la jeunesse.
02:45Alors William Routaud a dit qu'il allait organiser ce dialogue, mais ce qu'on a surtout retenu, c'est le message d'extrême fermeté qu'il a délivré hier soir.
02:53On apercevait il y a quelques instants derrière vous les images, rassemblement impressionnant, non seulement à Nairobi mais aussi dans le reste du pays.
03:00C'est la quatrième journée aujourd'hui de manifestation, puisqu'à priori il va y avoir de nouveaux manifestations aujourd'hui,
03:06cette marche en blanc demain, marche dit-on pacifique, en tout cas appel lancé en tant que telle.
03:12On se prépare à un bras de fer entre cette jeunesse, cette rue qui tient à donner de la voix et ce gouvernement, ce pouvoir.
03:21Comment est-ce qu'on explique aujourd'hui cette grogne sociale qui s'exprime ?
03:25Comme je le disais déjà un petit peu, mais on va entrer un peu plus dans le détail, la grogne sociale vient du fait que la situation économique du pays est très difficile.
03:34Il faut savoir que le Kenya, 54 millions d'habitants, est considéré, selon l'expression consacrée, comme la locomotive économique de l'Afrique de l'Est.
03:42Seulement c'est une économie qui a été touchée depuis 3-4 ans par plusieurs chocs qui ont fait que le pays s'est lourdement endetté.
03:53Donc les créanciers comme le FMI prêtent de l'argent mais exigent des réformes, c'est un peu toujours la même histoire.
03:59Et donc le pouvoir est dans une situation quand même objectivement difficile parce qu'il a absolument besoin de l'argent débloqué par le FMI.
04:09Par exemple au mois de janvier, le FMI a décaissé pas loin d'un milliard de dollars pour aider le gouvernement kenyan à faire face à ses obligations,
04:21notamment en termes de paiement de salaire. Mais évidemment il faut rembourser, d'où l'idée d'augmenter les recettes publiques.
04:29Et pour augmenter les recettes publiques, ça passe souvent par des hausses de taxes ou des hausses d'impôts.
04:37Jusque récemment, les différents gouvernements, y compris les prédécesseurs de William Routo, taxaient surtout les plus riches, les Kenyans.
04:45Ce qui change un peu, c'est que vu l'ampleur de la dette et des remboursements, ça touche de manière un peu indiscriminée.
04:52Par exemple l'augmentation de presque 17% d'une taxe sur le pain.
04:57Ce qui est énorme.
04:58C'est énorme, donc là ça touche de manière indiscriminée tout le monde, que vous soyez très riche ou très pauvre.
05:04Alors évidemment le très riche c'est pas trop un problème, mais les personnes très pauvres qui vivent déjà dans des situations compliquées,
05:08évidemment le pain, ça a toujours été un moteur de pas mal de révolutions, c'était une mesure très symbolique.
05:15Et le Kenya connaît donc une situation difficile avec une dévaluation de la monnaie, un coup de la vie qui a explosé avec une inflation galopante,
05:23dévaluation de la monnaie, il y a eu les conséquences du Covid qui ont été très lourdes, l'onde de choc aussi provoquée par la guerre en Ukraine,
05:30et enfin une sécheresse historique dans la corne de l'Afrique.
05:34Tout ça a fragilisé l'économie du pays.
05:36Le gouvernement et le président font ce qu'ils peuvent, mais visiblement ça ne passe pas du tout auprès de la population, en particulier auprès des plus jeunes.
05:44Merci beaucoup Bruno pour le décryptage.

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