Entre le score du Rassemblement Nationale aux Européennes, la dissolution de l’Assemblée nationale, la formation du Nouveau Front populaire… Comment la situation politique de la France est perçue à l’étranger ? Rencontre avec Tore Keller, correspondant en France pour le média “Dagbladet Information”.
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00:00On se pose la question, est-ce que c'est un pays qui est stable ?
00:04Est-ce que la France peut tenir ou pas ?
00:15Alors personnellement, j'étais en train de couvrir les élections européennes
00:19et quelqu'un a dit qu'il allait déssoutrer l'Assemblée.
00:22C'était un choc.
00:23J'avais entendu des petits voix parler de la possibilité de faire ça,
00:27mais je me disais, c'est quand même un peu drastique
00:31parce que c'était une élection européenne,
00:33ce n'était pas une élection nationale.
00:39Les élections qui vont se passer en France
00:41sont des élections qu'ils ont plus suivies
00:43que les autres élections dans les autres pays européens
00:46à cause des parties principales dans les sondages
00:50qui sont l'extrême droite, le Rassemblement national,
00:53et la gauche unie et un président qui est fortement affaibli pour le moment.
01:00Ça pose des questions sur la cohérence de l'Europe,
01:03notre politique envers l'Ukraine,
01:05et pour beaucoup de Danois, c'est une source d'inquiétude.
01:08C'est quand même imprégné dans le cerveau de pas mal de Danois
01:11qu'en France, c'est une vie douce, c'est agréable d'être ici.
01:15Donc cette énorme frustration et problème social
01:21qu'on a vu le dernier sénat en France,
01:22c'est quelque chose qui étonne les Danois.
01:25On se pose la question, est-ce que c'est un pays qui est stable ?
01:29Est-ce que la France peut tenir ou pas ?
01:36C'est clair que ça s'est créé dans la crise,
01:38c'est créé par une angoisse,
01:40d'être sous un gouvernement de l'extrême droite.
01:43Chez nous, on a l'habitude de faire des coalitions
01:46entre les différentes parties.
01:48Donc on a eu des coalitions de gauche, des coalitions de droite,
01:51des coalitions de centre,
01:52mais il y a toujours plusieurs parties qui sont dedans.
01:55Ça fait en sorte que ces parties sont habituées à faire des compromis.
01:58L'extrême gauche et l'extrême droite, chez nous,
02:00ont appris à faire des compromis avec la centre.
02:03La France n'a pas cette culture et tradition de compromis
02:07qu'on a chez nous.
02:08Il y a une possibilité pour la gauche de revenir.
02:12Le problème, c'est que comme dans les autres parties politiques,
02:16s'il y a trop de grands égaux qui ne sont pas prêts
02:18à mettre leurs propres ambitions et leurs propres politiques à côté
02:21pour faire des compromis,
02:23ça crée des tensions à l'intérieur d'une bloc de gauche.
02:31Il y a certaines personnes en France qui parlent de cette idée
02:34de s'inspirer des sociaux-démocrates danois.
02:36Cazeneuve, par exemple, a parlé de cette idée
02:39qu'il faut que la gauche française ait une politique
02:42plus entre guillemets réaliste sur l'immigration.
02:46C'est vrai que les sociaux-démocrates danois
02:48ont regagné pas mal de sélecteurs
02:50qui sont partis vers l'extrême droite
02:52quand ils ont fait ce saut vers l'extrême droite
02:54sur la politique de l'immigration.
02:56Il faut se dire, est-ce qu'on est une partie qui a des principes
03:01ou est-ce qu'on est une partie qui suit la peuple ?
03:03Comment gérer les montées de l'extrême droite ?
03:06Est-ce qu'il faut les limiter ou est-ce qu'il faut les combattre ?
03:09Le cas au Danemark, c'est que jusqu'à un certain point,
03:12on a suivi la politique de l'extrême droite,
03:15mais on a coupé les idées trop idiots.
03:19On n'a pas voulu être cruel,
03:21on n'a pas voulu séparer les gens tous les temps.
03:26On a fait une politique qui est ferme,
03:28mais qui n'est pas idiote.
03:29C'est un peu l'idée du gouvernement
03:31sociaux-démocrate qu'on a au Danemark.
03:33Et peut-être que la gauche pourrait s'inspirer d'une partie de ça,
03:38parce que si on regarde les sondages,
03:39c'est quand même clair qu'en France,
03:41l'immigration, c'est une inquiétude.
03:43Il faut toujours faire attention en tant que journaliste,
03:46observateur, de ne pas faire des conclusions finales
03:50où on dit ça c'est mort, ça c'est fini,
03:52jamais ça revient.
03:54Quand Macron est arrivé sur la scène,
03:57personne n'avait l'idée qu'il pouvait faire ce qu'il a fait.
04:00Et je pense qu'on a encore des chocs politiques
04:03à voir dans le futur.
04:05Donc bien sûr, la gauche peut exister,
04:07mais l'extrême droite aussi peut gagner.
04:10Donc c'est le droit des Français de choisir leur futur.
04:13Mais je pense que cette élection-là,
04:15c'est quand même une élection qui est extrêmement importante,
04:17pas que pour le Français,
04:19mais aussi pour nous, les autres Européens.
04:21Et c'est pour ça qu'on le suit avec un peu plus d'inquiétude
04:24que d'habitude.