Intellectuel et homme politique ivoirien, prix Mandela de la littérature 2017, Kakou Ernest Tigori invite à une réflexion sur l’Afrique post-coloniale avec son ouvrage politiquement incorrect : "Haine du Blanc et Monde Noir". L'auteur fait plusieurs constats particulièrement décapants : au cours de son histoire, l’Europe a déployé son hégémonie sur le monde. En 2024, cette situation a abouti à une haine des Blancs… par les Blancs ! Autre constat : l’Afrique noire a longtemps justifié ses faiblesses et ses manquements en instrumentalisant la supposée haine des Blancs à son égard.
L’auteur ivoirien évoque, par exemple, la manipulation de l’homme blanc seul responsable de la traite négrière qui a décimé le monde noir pendant plus de trois siècles. Il précise qu’accuser l’Occident d’être responsable de tous les malheurs du monde noir relève d’une imbécilité qui n’a que trop duré ! Kakou Ernest Tigori affirme que l’Afrique doit se prendre en main, en retrouvant la réalité de son histoire, et en se montrant plus exigeante envers elle-même dans la conduite de son destin. "Noir ou Blanc, nous devons ensemble combattre la Haine du Blanc, pour sortir le Blanc de la repentance et le Noir de l’aveuglement".
L’auteur ivoirien évoque, par exemple, la manipulation de l’homme blanc seul responsable de la traite négrière qui a décimé le monde noir pendant plus de trois siècles. Il précise qu’accuser l’Occident d’être responsable de tous les malheurs du monde noir relève d’une imbécilité qui n’a que trop duré ! Kakou Ernest Tigori affirme que l’Afrique doit se prendre en main, en retrouvant la réalité de son histoire, et en se montrant plus exigeante envers elle-même dans la conduite de son destin. "Noir ou Blanc, nous devons ensemble combattre la Haine du Blanc, pour sortir le Blanc de la repentance et le Noir de l’aveuglement".
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Le système tremble.
00:01Jamais depuis l'existence de TVL,
00:04le pouvoir n'a été autant placé face à ses propres échecs.
00:07Économique, celui qu'on qualifiait de prodige,
00:10de Mozart de la finance,
00:12a creusé la dette de plus de 1 000 milliards d'euros en 7 ans.
00:16Sécuritaires, Enzo, Thomas, Lola et combien d'autres
00:21ont péri sur l'autel de l'injustice et du laxisme d'État ?
00:24Géopolitique, ils veulent à présent envoyer nos soldats
00:28à la guerre face à une autre puissance nucléaire
00:32qui ne nous menace pas.
00:33Ils ont conduit la France au désastre.
00:36Et pourtant les médias du système,
00:38dont vous assurez la survie financière malgré vous,
00:41pointent du doigt non pas cette élite toxique au pouvoir,
00:44mais le danger des extrêmes, comme ils disent.
00:48Ils obéissent aux ordres.
00:49Ils vous intoxiquent, ils vous désarment.
00:52Sur TV Liberté, nous ne recevons de consignes de personne
00:56et nous n'en donnons à personne.
00:58Sur TV Liberté, nous vous livrons les clés et vous décidez.
01:03Mais pour vivre, TV Liberté doit compter sur votre soutien financier.
01:07Pas d'oligarque, pas de subvention.
01:09Nous ne piquons pas dans votre porte-monnaie
01:11comme le service public le fait.
01:13C'est vous qui jugez de notre utilité avec votre nom.
01:17Vous êtes la seule garantie de notre survie.
01:19Alors, je compte sur vous.
01:26...
01:42...
01:48C'est un intellectuel, c'est un homme politique ivoirien,
01:51pris Mandela de la littérature en 2017.
01:54Ses écrits décoiffants, vous allez pouvoir en juger.
01:56Il invite à une réflexion sur l'Afrique post-coloniale
01:59et il vient de publier un ouvrage important intitulé
02:03« Haine du blanc et monde noir »
02:06et il s'agit de Kaku Ernest Tigori.
02:08Bonjour monsieur.
02:09– Oui bonjour, merci pour l'invitation.
02:10– Merci à vous d'être présent.
02:12Et tout d'abord, avant d'évoquer votre livre,
02:14je voudrais avoir votre regard sur la situation actuelle de l'Afrique noire.
02:19Toi, décrochage de la France, les maladresses d'Emmanuel Macron,
02:22la puissance de la Russie et de la Chine.
02:24Quel est votre regard sur tout ça ?
02:27– Bon, disons que l'Afrique noire, ça pourrait aller beaucoup mieux.
02:33Je dis cela parce que quand on voit les jeunes qui prennent beaucoup de risques
02:38dans le Sahara et la Méditerranée pour rejoindre,
02:41pour chercher un mieux-être sous d'autres cieux,
02:44cela veut dire qu'il y a des difficultés.
02:46Voilà, donc ça pourrait aller beaucoup mieux.
02:48Mais je crois que le problème, il faut que les Africains soient conscients,
02:51prennent conscience eux-mêmes qu'ils sont indépendants depuis 1960.
02:55Parce qu'il y a une mentalité qui s'est développée avec le néocolonialisme,
03:01la France-Afrique, qui fait que beaucoup d'Africains
03:03n'ont pas encore plus conscience qu'ils sont indépendants.
03:06Et tous les problèmes qu'il y a sur le continent,
03:08évidemment, ce sont les Occidentaux qui sont accusés.
03:14Donc on a vu avec la Dînée, le Mali, le Burkina, le Niger,
03:20la Centrafrique, chaque fois Bombay.
03:22Tous les problèmes, c'est la France.
03:24C'est quand même dommage que tout un peuple comme ça
03:29ne prenne pas conscience de son propre rôle dans son destin
03:35et passe tout son temps accuser les autres.
03:36Ce n'est pas normal.
03:37Il faut sortir de cette mentalité-là.
03:40– À sortir de cette mentalité, c'est sûrement commencer à lire
03:42Aine du Blanc et Monde Noir, un ouvrage qui est en vente,
03:45bien évidemment, sur le site www.tvl.fr à la rubrique boutique.
03:48Avant toute chose, vous faites une étude presque historique sur l'Europe
03:54et le déploiement de son hégémonie sur le monde
03:57qui aboutit en 2024 à une Aine du Blanc par les Blancs.
04:02C'est ça votre premier constat ?
04:04– Oui c'est ça, mais bien avant 2024.
04:06Je commence au XVIe siècle, c'est-à-dire qu'au moment
04:10où l'Europe établit son hégémonie sur le reste de l'humanité,
04:14les germes de la Aine du Blanc sont, je dirais,
04:20semés par les Blancs eux-mêmes.
04:22Par les Blancs eux-mêmes, quand vous regardez au fil des siècles
04:25tout ce qui se passe pendant la Révolution française par exemple,
04:28il y a eu une Aine de la monarchie occidentale,
04:31il y a eu une Aine de l'Église qui a accompagné l'Occident
04:35dans sa conquête de la science et du globe.
04:39Donc tous les éléments qui étaient à la base de l'hégémonie occidentale
04:44vont être rejetés par une certaine élite occidentale.
04:46C'est une élite renegade qui va ainsi se perpétuer de siècle en siècle.
04:54On verra au XVIIIe siècle avec la Révolution industrielle
05:03et les difficultés du monde ouvrier
05:06comment est-ce que cette gauche haineuse de sa société va se mettre en place.
05:13On voit aussi par exemple la Commune de France en 1911,
05:18comment est-ce qu'on va chercher à détruire complètement une ville comme Paris.
05:21Non, la haine, sa source est dans la société blanche
05:27et elle va être inculquée par la suite au reste de l'humanité,
05:30pas seulement en Afrique mais même dans le monde arabe.
05:35Vous voyez un pays comme l'Algérie qui déteste beaucoup la France,
05:38mais ça vient de quoi ?
05:39Ce sont les communistes français qui ont instillé la haine aux combattants du FLN.
05:45Les Indiens ont pris leur indépendance par rapport à la Grande-Bretagne
05:48mais il n'y a pas de haine de l'Inde par rapport à la Grande-Bretagne
05:51parce que les combattants de la liberté en Inde
05:55n'étaient pas cornaqués par des communistes.
05:57Donc cette haine-là, elle vient d'ici, elle a été inculquée.
06:01– Une haine de blanc par les blancs.
06:03Votre second constat, qui est lui aussi très politiquement incorrect,
06:07c'est que l'Afrique noire a longtemps justifié ses faiblesses,
06:12ses manquements ou ses errements politiques
06:14par la supposée haine effectuée par les blancs à son égard.
06:18C'est de la faute des blancs.
06:19– Oui mais c'est ça, disons que dans cette action pour instiller la haine du blanc,
06:27puisque, regardez par exemple au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale,
06:32ce sont les Occidentaux qui vont se battre pour qu'on chasse le pays de toutes les colonies.
06:41Ce sont les communistes qui vont monter toutes les forces politiques
06:46qui vont être contre la présence occidentale sur tous les continents,
06:51en Afrique même, en Asie également.
06:53Donc ce sont ces courants de pensée en Occident
06:57qui vont instiller la haine du blanc aux autres.
06:59Donc depuis qu'il y a les indépendances en Afrique noire,
07:03mais qu'est-ce que vous entendez dire ?
07:04Que c'est le néocolonialisme qui fait que l'Afrique n'avance pas,
07:07mais ça ce ne sont pas les noirs qui le disent, c'est les blancs qui le disent.
07:09La France-Afrique, quels sont ceux qui font la promotion de toutes ces idées,
07:18la France-Afrique ?
07:19Mais c'est d'ici que ça vient, ça ne vient pas de l'Afrique.
07:22Donc pour les Africains c'est très confortable, ça ne va pas,
07:26ils disent que ce n'est pas nous, mais ce n'est pas nous.
07:28Donc la traite négrière, ils disent qu'ils en sont responsables.
07:31Ah ben oui, ça va.
07:33– C'est vrai, ça vous indique très nettement
07:35que la manipulation concernant l'Afrique noire s'articule autour de plusieurs points.
07:39Vous en avez évoqué un important,
07:41puisque c'est le premier que vous mettez en exergue de l'ouvrage,
07:44c'est le blanc irresponsable, exclusif de la traite négrière
07:48qui a décimé le monde noir pendant plus de trois siècles.
07:52Voilà, ça c'est une réalité et vous dites non.
07:55– Non mais il n'y a rien de plus faux que ça,
07:56il n'y a rien de plus faux que ça.
07:58Les grands États africains, depuis le premier millénaire avec le Ghana,
08:03mais par la suite il y a eu le Sosso, le Molding, le Songhai,
08:06les grands États africains ont toujours été
08:09des vendeurs d'esclaves à travers le Sahara.
08:13Quand commença le roi du Mali, va à la Mecque en 1325,
08:17avec près de 10 000 esclaves à vendre,
08:19aucun blanc n'avait encore mis les pieds en Afrique noire.
08:22Donc comment peut-on dire que les blancs
08:24sont responsables de la traite négrière ?
08:25Non, pas du tout.
08:27Il se trouve que l'esclavage et les traites
08:31sont liés à ce que j'appelle dans le livre
08:33le non-respect de la dignité humaine des plus faibles.
08:38L'Afrique n'avait pas encore fait cette transition
08:40que tout le reste de l'humanité avait faite,
08:42parce qu'au début tout le monde a été esclavagiste sur cette terre.
08:45Mais à un moment donné les sociétés ont évolué.
08:47Et l'Afrique n'avait pas encore fait cette transition
08:49du respect de la dignité humaine des plus faibles.
08:52C'est-à-dire après une guerre entre deux tribus,
08:54elle est vaincue, c'est des esclaves qu'on peut vendre,
08:57qu'on peut égorger pour faire des sacrifices rituels, voilà.
09:00Il y a un respect de l'humanité
09:01que nous n'avons pas encore atteint dans notre évolution
09:05au moment où nous avons rencontré le blanc,
09:07c'est-à-dire à la fin du 15e, début du 16e siècle.
09:10C'est ce qui va expliquer que tout de suite
09:13la traite atlantique se met en place.
09:16Mais depuis des siècles, les États africains,
09:20les grands États africains ont été devant de l'esclave.
09:22Je vous donne un seul exemple pour retenir celui-là.
09:24En 1325, le roi du Mali, Kankamusa,
09:27va à la Mecque avec près de 10 000 esclaves.
09:29En ce moment, il n'y avait eu aucun blanc en Afrique.
09:33– Est-ce qu'on peut dédouaner le monde blanc
09:35de ce processus de traite négrière complètement ?
09:38Est-ce qu'il s'agirait d'être le complice ?
09:41– Non, il ne s'agit pas de dédouaner.
09:43Il s'agit de dire que c'était une pratique de l'époque.
09:47Parce qu'évidemment, aujourd'hui, nous pouvons dire
09:50que c'est quelque chose qui n'est pas bien.
09:55Parce que, évidemment, nos mentalités ont évolué.
09:57Mais à l'époque, tout le monde le pratiquait.
09:59Mais surtout, on ne peut pas accuser le blanc
10:02et dédouaner le roi qui vendait.
10:04Bon sang, c'est ça que je ne comprends pas du lapin des Africains.
10:07Que des Blancs accusent d'autres Blancs d'avoir fait ce commerce,
10:10à la limite, je veux bien.
10:12Mais que les Africains emboîtent le pas des Blancs
10:15pour accuser les Blancs de traite négrière ?
10:18Mais non !
10:19Le roi Mbidi Daume, par exemple, dès le XVIIIe siècle,
10:24le roi Tébénou vendait près de 10 000 esclaves par an.
10:28Mais enfin, donc aujourd'hui, le Béninois,
10:31héritier de ce roi Mbidi Daume,
10:33va accuser le Français d'être responsable de la traite négrière ?
10:37Alors que, ce qu'on ne dit pas,
10:40à la fin du XVIIIe, début du XIXe siècle,
10:43les Occidentaux arrêtent la traite négrière.
10:47Le continent africain va même être surveillé.
10:49Il y a des bateaux qui vont arraisonner les trafiquants d'esclaves noirs.
10:54C'est comme ça que des villes comme Libreville, Freetown vont être créées.
10:57C'est-à-dire que les esclaves qu'on prenait de ces bateaux,
11:00qu'on arraisonnait, on les ramenait en Afrique dans ces villes-là.
11:03Donc pendant tout le XIXe siècle,
11:06ce sont les Blancs qui vont se battre en terre africaine
11:08pour arrêter l'esclavage.
11:10Bon sang, il faut dire les choses telles qu'elles sont.
11:12Moi, je suis d'une région, je suis en Akan.
11:14Les Akan, ça fait près de 25 millions d'individus
11:16entre la Côte d'Ivoire et le Ghana.
11:20Ma région a été l'une des régions,
11:24mais mon peuple a été l'un des principaux acteurs de la traite négrière.
11:29L'espace Akan, avec le Daome,
11:33chez les Akan, c'était le Cape Coast,
11:35les Daome, c'était Ouida,
11:37ont été les deux plus grands ports de gens d'esclaves.
11:41Mais c'était dans les coutumes, il ne s'agit pas d'accuser.
11:46Je n'accuse pas mes ancêtres d'être d'odieux esclavagistes,
11:49mais raison de plus pour que je n'accuse pas les vôtres.
11:52C'était une pratique de l'époque.
11:54Aujourd'hui, le mentalisme a évolué.
11:55Et dans cet espace,
11:59jusqu'à ce que le royaume achanti soit défait en janvier 1896,
12:03mais c'était une lutte du protectorat britannique
12:07pour arrêter l'esclavage et la traite négrière.
12:10Il faut tout simplement que les gens reconnaissent,
12:13apprennent leur histoire pour ne pas accuser à tort les autres.
12:17Et nous avons besoin de ce travail-là parce que
12:20ce mal qui a permis cela,
12:22c'est-à-dire le non-respect de la dignité humaine des plus faibles,
12:25s'il n'est pas combattu, cela se perpétue.
12:29Et aujourd'hui, quand vous voyez l'état au niveau du droit en Afrique,
12:33l'état du droit dans les États africains,
12:36ce qui fait que les masses dans l'ensemble ne s'en sortent pas
12:39et que nous avons tous ces jeunes qui sont dans la Méditerranée
12:41pour fuir l'Afrique,
12:42mais c'est parce que quelque part, ce mal persiste.
12:46Les États africains ne sont pas pauvres, il y a des richesses,
12:49mais il y a un mal qui persiste, c'est un non-respect des plus faibles.
12:52Voilà, ce travail, nous devons le faire,
12:53mais pour le faire, il faut assumer son passé
12:56pour pouvoir faire ce travail-là.
12:58– D'accord, Ernest Tigori, le second point de votre développement
13:02dans l'ouvrage est aussi important puisque vous dites
13:04la colonisation de la fin du XIXe siècle
13:08était une entreprise de prédation et d'esclavage sur fond de racisme.
13:13Vous dites exactement le contraire.
13:15– Oui.
13:16– Mais pourtant, c'est ce qu'on apprend dans les écoles françaises.
13:18– Oui, mais ça, c'est la grosse escroquerie.
13:22La colonisation commence à quelle époque ?
13:24À la fin du XIXe siècle.
13:28Mais ça fait 4 siècles, je dis, pas 4 ans, pas 40 ans,
13:344 siècles que les Blancs et les Noirs se connaissent.
13:37Les Blancs arrivent en Afrique à la fin du XVe siècle,
13:41donc les Blancs et les Noirs se connaissent.
13:44Et la présence blanche en Afrique, au début,
13:47ce sera juste des comptoirs, des forts sur le littoral
13:51pour faire le commerce, mais petit à petit,
13:53cette présence va se renforcer par la création de protectorats.
13:57Le protectorat, c'est quoi ?
13:59Le commerce qui avait été devenu tellement florissant
14:03qu'autant les Blancs se bousculaient, se battaient
14:05pour avoir des bouts de littoral pour leurs affaires,
14:08autant les Africains se battaient pour être propriétaires de ces terres-là.
14:13Donc le protectorat, c'est une autorité locale
14:17qui s'entend avec les Blancs pour assurer la protection
14:23et garantir leur business.
14:25Et cela va durer pendant tout le XIXe siècle.
14:30Et à un moment donné, la traite négrière étant interdite
14:33désormais par les Blancs,
14:37les différents acteurs vont s'orienter vers d'autres négoces.
14:40Et les populations vont voir que les localités
14:44sous protectorat européen font une certaine promotion,
14:48les gens ont un certain bien-être.
14:51Et à un moment donné, vers le XIXe siècle,
14:54il y a des élites africaines qui vont chercher à coopérer
14:57avec les Blancs pour la gestion de leur société.
14:59Et je donne des exemples dans le livre.
15:00Je vous donne l'exemple du Tswana.
15:02Les chefs locaux de Tswana vont envoyer plusieurs courriers
15:08pour demander à la Grande-Bretagne de venir les prendre sous sa protection.
15:11Ou prenez Anneo.
15:12Anneo, c'était parmi les élites africaines les plus évoluées,
15:15c'est des gens qui avaient des établissements de commerce,
15:17ils faisaient des négoces internationaux.
15:19Ils vont adresser à la France, à partir de 1881,
15:23des demandes de protectorat, c'est-à-dire c'est la colonisation.
15:28Et c'est parce que la France n'a pas répondu à leurs multiples demandes
15:32qu'ils vont finalement s'adresser à l'Allemagne.
15:34C'est comme ça que la colonie du Togo allemande va naître.
15:37Je prends l'exemple de Moussi.
15:39Aujourd'hui, ils sont en haut de votre Burkina Faso.
15:43Le futur roi Ouabougou, il va se faire déplacer pour rencontrer Benjé.
15:49Benjé qui était l'explorateur français qui arpentait cette zone-là.
15:53Et pourquoi ?
15:54Parce qu'il voulait tout simplement coopérer avec la France.
15:57Il est venu avec des présents.
15:59Pour la petite histoire, il a même offert 3 jeunes filles, Moussi et Benjé, comme épouse.
16:03Bon, voilà.
16:04Donc, il voyait bien que les populations de la basse côte
16:10avaient un train de vie qu'il espérait pouvoir offrir aux siens.
16:15Donc, la colonisation va se mettre en place
16:19avec une adhésion majoritaire des élites africaines.
16:22Mais seulement, aujourd'hui, on n'en parle que du point de vue des Européens.
16:27Jules Ferry a dit ceci, Jean Jaurès a dit cela,
16:31Victor Hugo a dit ceci sur les Africains.
16:34On ne parle pas de la mise en place de l'entreprise coloniale
16:38que d'un point de vue européen.
16:41Comme si les Noirs étaient dépourvus de capacité d'expression,
16:48de volonté ou même de capacité de se battre.
16:49Non, pas du tout.
16:50C'est deux volontés qui se sont rencontrées.
16:53Ce n'est pas seulement la Conférence de Berlin de 1885
16:56qui déclenche la colonisation.
16:58C'est deux volontés qui se sont rencontrées.
17:00Et les Africains vont contribuer, vont participer,
17:04vont être impliqués dans le développement de leur société.
17:07C'est pour cela qu'en quelques décennies, l'Afrique va être transformée.
17:11L'Afrique sera transformée en quelques décennies.
17:13Quand on arrive déjà dans les années 30-40,
17:15l'Afrique, ce n'est plus l'Afrique de 1890.
17:18C'est l'Afrique de 1880 des années 1900.
17:22– M. Tigori, vous dites ça aussi,
17:24c'est important que ces mensonges que vous dénoncez avec véhémence
17:29continuent d'exister.
17:31– Mais justement, ces mensonges continuent d'exister.
17:34Et c'est là ma préoccupation d'aujourd'hui.
17:37En fait, il faut bien comprendre qu'à l'après-guerre,
17:41les élites intellectuelles occidentales sont au service de Moscou.
17:46Ce sont des élites qui, dans l'ensemble,
17:47vont se battre contre leur propre pays.
17:50Pour ça, je ne vous l'apprends pas.
17:51Donc, il était question de dénigrer systématiquement
17:56l'entreprise coloniale occidentale dans le monde
17:59et en particulier en Afrique.
18:01Donc, on va falsifier l'histoire de l'Afrique,
18:03autant dans la mise en place de la colonisation que dans sa réalité.
18:08Mais ça a été démonté par les populations elles-mêmes.
18:12De Gaulle revient au pouvoir en 1958.
18:17Et tout cela depuis plus de dix ans.
18:21Il y a eu une campagne de dénigrement systématique de la colonisation.
18:25On a vu en 1950, les communistes ont publié
18:28le discours sur le colonialisme qu'ils ont fait signer par Aimé Césaire.
18:32Voilà, donc il y a toute une campagne.
18:33De Gaulle dit non, moi je pense que la France peut continuer
18:39à s'associer avec son emploi colonial.
18:43Et De Gaulle avait trouvé des élites africaines
18:46qui partageaient ce point de vue,
18:47comme Faute-Boigny de la Côte d'Ivoire ou Leomba du Gabon.
18:51Donc, avec un certain nombre d'élites africaines,
18:54ils vont se lancer dans ce combat-là.
18:56Et De Gaulle dit bon, c'est simple,
18:58nous allons demander l'avis des populations africaines.
19:01Donc, au référendum de 1958, les territoires africains
19:07sont interrogés et, sur près de 10 millions d'électeurs africains,
19:14l'indépendance va être rejetée,
19:17malgré cette campagne de dénigrement de la colonisation.
19:20Et ça, on le tait.
19:22Pour revenir à ce que vous avez dit jusqu'aujourd'hui,
19:25le mensonge continue, mais on le tait.
19:27Je vous laisse, si vous le permettez, vous donner les résultats.
19:30Ces 9 Africains sur 10, territoire par territoire,
19:33en moyenne 9 Africains sur 10 qui ont rejeté les indépendances.
19:36Normalement, le débat était clos.
19:37Il n'y a que la DINE de Secoutouré,
19:39qui avait choisi de l'indépendance, qui a dit non à De Gaulle,
19:44pour quelques semaines après,
19:46aller former avec le Ghana de Kwame Nkrumah,
19:48ce qu'on appelait l'Union des États africains.
19:51Léonie Brejnev, le président du Présidium du Soviète suprême,
19:55s'est déplacée pour aller soutenir cet État
19:58formé par Secouturé et par Kwame Nkrumah.
20:01Qu'est-ce que ça donnait ?
20:02Aujourd'hui encore, il faut savoir que la DINE
20:04est l'un des pays les plus en retard de l'Afrique noire,
20:06jusqu'aujourd'hui en 2024.
20:08Mais ça, personne n'en parle.
20:10Voilà, donc les Africains, il faut le retenir,
20:15en 1958, à 9 sur 10, près de 10 millions d'électeurs
20:20ont rejeté l'indépendance.
20:22Mais par la suite, elle leur a été imposée.
20:25Elle leur a été imposée, je vous explique brièvement.
20:28En 2005, il y a eu un référendum ici en France,
20:31référendum sur la Constitution.
20:32Les Français l'ont rejetée à près de 55%.
20:34Mais pourtant, on leur a imposé ce qui avait été arrêté.
20:38Alors, imaginez ces élites bien pensantes
20:41qui pensaient en 2005 que les Français n'étaient pas assez mûrs
20:44pour choisir leur destin,
20:46ce qu'elles pouvaient penser les Africains en 1958.
20:49Ce n'était quand même pas ces masses incultes de l'Afrique
20:53qui allaient arrêter leur plan.
20:54Donc, les indépendances vont être imposées
20:56malgré le rejet des populations africaines.
20:58Bon, il ne s'agit pas de refaire l'histoire,
21:00mais il est bon que ces vérités-là soient dites aujourd'hui.
21:04Parce que tous les jeunes Africains que vous voyez,
21:06qui sont aujourd'hui indigénistes, décoloniaux, tout ce que vous voulez,
21:10les gens sont persuadés que leurs ancêtres ont été maltraités.
21:13Mais ils ne connaissent pas la vie de leurs ancêtres.
21:15Leurs ancêtres colonisés, non seulement ont souhaité la colonisation,
21:18mais en plus, l'ont approuvée en rejetant l'indépendance en 1958.
21:21– La lecture de Ndublon et Montenoir donne des clés
21:24pour comprendre finalement les évolutions chaotiques
21:26des relations entre l'Afrique francophone et la France.
21:30Est-ce que les nations africaines, plus généralement,
21:32sont en capacité à comprendre définitivement
21:36qu'elles doivent assumer leur responsabilité auprès de leur population
21:41et que leur indépendance, elle est réelle ?
21:44– Oui, c'est ça, c'est le combat, c'est le combat politique,
21:47le combat intellectuel qu'il faut mener aujourd'hui
21:50pour que les Africains sachent qu'ils sont les premiers responsables
21:52de leur destin.
21:55On ne peut pas passer tout son temps à ressasser le passé et accuser les autres.
22:01Tous les pays du monde, tous les pays du monde ont été colonisés.
22:07Aujourd'hui, ces mêmes personnes d'ailleurs qui induisent les Africains en erreur,
22:11en dénigrant systématiquement, emblâmant la colonisation,
22:15ces mêmes souvent sont fiers de la civilisation gallo-romaine.
22:18Mais la civilisation gallo-romaine c'est quoi ?
22:20C'est Rome qui avait colonisé la France
22:22et la France en est sortie avec du positif.
22:25Voilà, il faut arrêter.
22:29Chaque peuple est responsable de son destin.
22:32L'Histoire, il y a toujours des événements fâcheux dans l'Histoire
22:36mais on va au-delà de ça.
22:38Les Américains se sont battus pour prendre leur indépendance
22:42vis-à-vis de la Grande-Bretagne.
22:43Une fois qu'ils ont eu leur indépendance,
22:45ils se sont mis au travail et un siècle après,
22:47c'est eux qui dominaient le monde, il faut arrêter.
22:49Voilà, les Indiens, ils ont pris leur indépendance en 1947,
22:53aujourd'hui ils se battent,
22:54ils font partie de ce qu'on appelle les puissances émergentes aujourd'hui.
22:58Qu'est-ce que les Japonais n'ont pas fait subir aux Chinois ?
23:01Aujourd'hui, la Chine est la première puissance économique du monde.
23:05Il n'y a que les Africains qui passent le temps à se plaindre.
23:08– Quelle est la solution ?
23:09Par exemple, que les élites formées à l'étranger
23:12retournent en Afrique travailler ?
23:13Est-ce que c'est ça une des solutions ?
23:15Quelles sont les solutions pour que ça, ça soit…
23:17– Oui, il faut qu'il y ait une élite
23:19préoccupée par les questions d'intérêt général.
23:22Une élite qui s'organise pour mettre l'État
23:28dans son rôle d'institution dédiée au service de l'intérêt général.
23:34Tant que le pouvoir sera vu comme un gros gâteau
23:39que le blanc a oublié d'emporter
23:40et qu'il faut se battre pour chacun prendre sa part
23:46et que cela entraîne des questions tribales,
23:49des luttes tribales entre les différents groupes, on n'avancera pas.
23:53Donc c'est le manque du sens de l'intérêt général
23:55développer une certaine moralité publique.
23:57– Ce que je comprends, c'est qu'il faut dénoncer la corruption,
23:59c'est ça que vous dites ?
24:01– Entre autres, mais je suis d'accord avec vous
24:04que c'est l'un des problèmes les plus importants,
24:06qu'il y ait une certaine moralité publique.
24:09On ne peut pas, il faut remettre l'État dans son rôle.
24:12L'État est là pour servir l'intérêt général.
24:14L'État n'est pas là pour servir l'intérêt particulier.
24:16Et il faut qu'il y ait une élite qui le comprenne,
24:18parce que ça, ce n'est pas évident.
24:19Les gens pensent qu'on arrive au pouvoir,
24:22c'est notre tour, c'est le tour de notre clan.
24:25Avant c'était les autres, ils ont bouffé, maintenant c'est nous.
24:28Il faut qu'on sorte de ces logiques-là.
24:30Et puis évidemment, cela s'accompagne avec une certaine promotion du mérite.
24:35Mais quand il y a le népotisme, le tribalisme fait que ce n'est pas un clan,
24:40ce n'est pas ethnique, on arrive au pouvoir.
24:42Vous arrivez dans certains pays, tous les postes importants
24:44appartiennent aux gens d'une même région.
24:46Donc tout cela crée un climat, détruit la cohésion,
24:50détruit le vouloir vivre collectif
24:52et fait courir beaucoup de risques à tout le monde.
24:55Voilà, parce que chacun veut que son clan soit au pouvoir
24:58pour pouvoir profiter de sa situation, d'une situation favorable.
25:03Mais on détruit la cohésion, et quand il n'y a pas de cohésion,
25:06quand il n'y a pas la paix, il est difficile de faire la promotion,
25:11de redresser un pays, de faire la promotion du développement.
25:14– C'est quand même un portrait que vous faites qui est assez sombre,
25:17assez pessimiste finalement, l'Afrique.
25:20– Oh non, je ne dirais pas que…
25:26Je pense qu'ici et là, il y a quand même des consciences
25:30qui peuvent se faire jouer.
25:35Il faut tout simplement que les questions d'intérêt général
25:42soient de plus en plus la préoccupation de ceux qui dirigent.
25:47Mais il y a des choses qui avancent, ça et là,
25:51il ne faut pas non plus être désespéré, sinon, il y a des choses qui avancent.
25:55– Il avance même en Côte d'Ivoire, votre pays ?
25:58– Ça fait un moment que je n'y ai pas été, en Côte d'Ivoire.
26:02– Vous savez qu'ils ont gagné la Coupe d'Afrique des Nations.
26:03– Oui, mes enfants y étaient d'ailleurs pour la Coupe d'Afrique des Nations.
26:07Ils sont revenus, comment dire, très fiers de leur pays.
26:10Donc je me dis qu'il y a des choses qui se passent en Côte d'Ivoire
26:14et je pense qu'en termes d'infrastructures,
26:18ces dernières années, il y a beaucoup de choses qui ont été faites.
26:22– C'est votre idée de retourner en Côte d'Ivoire, en Afrique ?
26:25– Oui, bien sûr, nous sommes là parce qu'on n'a pas encore eu l'opportunité
26:29pour retourner, mais sinon, en tout cas, en ce qui me concerne…
26:33– Vous aviez fui, je rappelle, la Côte d'Ivoire pour des raisons politiques ?
26:36– Oui, disons que c'est ça, je suis parti de la Côte d'Ivoire
26:39parce que j'étais menacé et j'ai dû venir en France pour me mettre à l'abri.
26:49Et puis, je suis là parce que je n'ai pas eu l'opportunité pour retourner.
26:53– Et vous pensez que cette opportunité, elle va arriver ?
26:56– On cherche toujours.
26:58– Voilà, et la Côte d'Ivoire avait gagné face au Nigeria.
27:02– Face au Nigeria, une belle victoire.
27:04– Voilà, c'est celui du frère Jacqueline.
27:06Merci beaucoup Kako et Ernest Tigori.
27:08Je redeviens très sérieux sur cet ouvrage,
27:11Aine du Blanc et Émond de Noir, en vente sur le site TVL.fr
27:15et vous allez dans la boutique de TV Liberté.
27:18Merci à vous, merci monsieur.
27:19– Merci infiniment, merci à vous.