• il y a 5 mois
À la veille de la marche des fiertés prévue samedi après-midi à Perpignan et neuf jours avant le premier tour des élections législatives, le coprésident du Centre LGBT+ des Pyrénées-Orientales était l'invité de France Bleu Roussillon.

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Transcription
00:00Et avec notre invité, on va parler de la marche des fiertés qui s'élancera demain à 16h dans les rues de Perpignan.
00:06Mais la Gay Pride cette année, évidemment, dans un contexte politique assez tendu, à une semaine du premier tour des élections législatives.
00:12À cette occasion, Suzanne Chojaï, votre invité, c'est le co-président du centre LGBT+, chez nous, dans les Pyrénées-Orientales.
00:19Bonjour Guy Gauthier.
00:21Bonjour.
00:21La semaine dernière, ou plutôt cette semaine, en début de semaine, a été marquée par les propos d'Emmanuel Macron
00:28jugés transphobes. C'était mardi, le président de la République commémorait l'appel du 18 juin.
00:34Il est face à un petit groupe d'habitants, et voici ce qu'il dit. Attention, tendez l'oreille.
00:39Il y a des choses complètement ubuesques, comme par exemple aller changer de sexe en mairie.
00:43Il y a des choses complètement ubuesques, comme aller changer de sexe en mairie. Voilà ce que dit Emmanuel Macron.
00:48Comment est-ce que vous avez réagi en entendant ça ?
00:51Avec beaucoup de déception et de colère, puisque c'est effectivement des propos transphobes.
00:56Il ne s'agit pas d'aller changer de sexe en mairie, c'est une simplification.
01:00Alors d'une part, le président confond tout et simplifie pour des visées électoralistes, très clairement.
01:07Lui, il parle en fait de changer de sexe sur la carte d'identité, c'est ça ?
01:10Oui, mais en fait, c'est changer d'état civil en mairie, et donc là, on balaye d'un revers de main la question trans,
01:16qui est une question éminemment complexe, et qui touche au plus profond de l'intimité des personnes.
01:21Alors c'est d'autant plus navrant que le chef de l'État, il y a deux ans, s'était exprimé pour cette mesure,
01:27alors pas le changement de sexe, bien évidemment, mais le changement d'état civil, dans le magazine Tétu.
01:32Donc on voit qu'il suit le vent de l'histoire, simplement pour gagner des voix.
01:35C'est navrant, parce qu'en fait, il propage une parole transphobe, alors que les personnes trans sont déjà stigmatisées dans notre société,
01:42et avec des offensives, comme on l'a vu au Parlement récemment, au Sénat, avec un projet de loi transphobe sur les mineurs trans en particulier.
01:50Et donc vous êtes déçu de ce revirement ?
01:52Complètement. Et en plus, d'autant plus que c'est le chef de l'État qui devrait prendre un petit peu de hauteur par rapport à cette campagne
01:59qui est déjà un peu enlisée dans des considérations très électoralistes. Bon, c'est navrant.
02:06On est à neuf jours du premier tour des législatives, le contexte politique, on l'a dit, est assez perturbé, assez flou et assez tendu.
02:13Est-ce que vous vous attendez quand même à beaucoup de monde demain pour la marche des fiertés à Perpignan, malgré tout ?
02:19On l'espère, on l'espère. Nous, on appelle toutes les personnes de bonne volonté à venir manifester avec nous,
02:25toutes les personnes qui se reconnaissent dans nos valeurs, qui sont l'humanisme, la justice et la solidarité,
02:30quelle que soit leur obédience politique. Il y a un mouvement politique dans cette marche, mais au sens noble du terme,
02:39c'est-à-dire que nous, on veut changer la société, mais on n'a pas un côté partisan, nous sommes non-partisans,
02:46on appelle à voter pour ou contre personne.
02:49Est-ce que vous avez invité des partis politiques, par exemple des partis de gauche ?
02:52Non, pas spécialement. Tout le monde sera le bienvenu à partir du moment où ils se reconnaissent dans notre marche.
02:58Donc, s'il y a des militants du Rassemblement National demain dans votre marche, ça ne vous dérange pas ?
03:02Personnellement, non.
03:04Est-ce qu'il y a des militants, justement, de la cause LGBT qui sont affiliés plus ou moins à certains partis politiques,
03:10et est-ce que ça vous dérange ?
03:12Alors, tout le monde a le droit d'avoir les opinions qu'il a. Moi, ça ne me dérange pas personnellement.
03:18Après, il faut que chacun regarde les choses en responsabilité.
03:22La question LGBT, elle a été politisée par les partis, certains en ont fait un marqueur politique identitaire.
03:30La question, elle va au-delà. La question fondamentale, c'est quelle considération je donne à l'autre qui est différent de moi dans la société.
03:38Et ça, ce n'est pas juste une question politique, c'est une question éthique.
03:42Elle pose la question de comment je considère autrui, dans le respect, l'attention, la bienveillance, quelle place je lui donne.
03:51Et surtout, ça pose la question de qui est autrui.
03:54Ça, c'est une vieille question. Qui est mon prochain ?
03:56Donc, il y a un certain Jésus qui a répondu à ces questions, c'est le bon sémaritain.
04:00Autrui, c'est la personne qui est différente de moi.
04:04Donc, si on dit que moi, je n'apporte de l'attention, du respect, de la bienveillance qu'à la personne qui me ressemble, avec une réponse politique, on commet une faute morale.
04:15Vous dites que ce n'est pas politique, mais là, on est à neuf jours des législatives. Tout est politique, en fait.
04:20Et je suppose que votre marge de fierté peut l'être également.
04:24Est-ce que vous ne craignez pas que ce soit repris ou qu'il y ait des récupérations, justement, ou que certains partis en profitent pour faire campagne ?
04:31Encore une fois, chacun prend ses responsabilités. Nous, on appelle les citoyens à voter pour ces élections législatives.
04:38On appelle les citoyens à bien prendre conscience des résultats de leurs votes.
04:44Et on appelle les citoyens à surtout bien s'informer sur les programmes des candidats.
04:48Il y a des candidats qui ont des programmes clairement LGBTphobes.
04:51Donc, s'ils votent pour ces candidats, il faut savoir qu'il y aura des mesures LGBTphobes qui seront votées ensuite.
04:57Il est 7h51, France Bleu, Russie. On a notre invité en direct, Suzanne Chaudrier,
05:01Guy Gauthier, coprésident du centre LGBT Plus dans les Pyrénées-Orientales.
05:05De quelle partie vous parlez quand vous parlez de programmes LGBTphobes ?
05:09Il suffit de regarder ce qui a été voté ou pas voté par les candidats actuels, que ce soit au niveau européen ou au niveau français.
05:18Je vais vous donner deux exemples. Au niveau français, il y a eu en 2022 le vote pour l'interdiction des thérapies de conversion en France.
05:27Donc, il y a des députés de certains partis qui ont voté contre.
05:31Quelle partie ?
05:32Les partis d'extrême droite, notamment. Et puis, au niveau européen, il y a eu des lois pour la dépénisation universelle de l'homosexualité.
05:41Et pareil, les partis identitaires d'extrême droite, soit se sont obtenus, soit ont voté contre.
05:46Est-ce que vous craignez que le RN arrive au pouvoir ou pas ?
05:50Alors, moi, ce que j'interroge, c'est les conséquences des personnes qui arriveront au pouvoir.
05:57A trois niveaux, c'est-à-dire au niveau des lois qui pourraient être votées.
06:01Donc, des lois qui pourraient être LGBTphobes, comme dernièrement la loi transphobe qui a été proposée au Sénat, donc qui a été proposée par la droite et l'extrême droite.
06:09D'une part, les subventions que pourraient recevoir les centres LGBT. Si demain, on nous coupe les subventions, on licenciera nos salariés et on aura beaucoup moins d'actions, alors qu'on a une action de service public.
06:19Et puis, après, au niveau de la parole qui est propagée dans la société, avec une parole LGBTphobe qui est totalement décomplexée.
06:27On l'a vu récemment, où des militants du RN se sont réjouis, le soir des élections, de pouvoir bientôt pouvoir casser du PD en toute impunité.
06:35Le Rassemblement National, c'est un parti transphobe, LGBTphobe, selon vous ?
06:39Il faut voir ce qu'ils proposent dans leur programme. Il faut voir ce qu'ils ont voté dans les assemblées nationales et européennes avant.
06:47Leur action le prouve, selon vous ?
06:49C'est au fruit qu'on reconnaît l'arbre.
06:51Donc, on a bien compris que vous n'appelez pas spécialement vos militants à voter pour tel ou tel parti, mais pas pour le Rassemblement National, si je comprends bien.
07:00On appelle chacun à prendre ses responsabilités pour son vote.
07:03La Gay Pride, en tout cas, la marche de fierté, a lieu demain après-midi à partir de 16h à partir de la place de Catalogne, à Perpignan, c'est ça ?
07:11C'est ça. On aura d'abord un village associatif de 11h à 15h à l'hôtel du département, avec 18 associations qui nous font confiance et qui sont engagées dans la défense des droits humains.
07:20Et ensuite, à partir de 16h, Rassemblement Place de Catalogne pour marcher dans les rues de Perpignan jusqu'au Palais des Rois de Major, où on aura une soirée festive de 18h à 21h30.
07:30Merci Guy Gauthier d'avoir été avec nous ce matin. Vous êtes le co-président du Centre LGBT+, dans les Pyrénées-Orientales. Bonne journée.
07:37Bonne journée à vous, merci.

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