ÉDITO - Législatives: "Après avoir dénoncé le RN, l'exécutif va charger désormais le Nouveau Front populaire qu'il n'avait pas vu venir"
Emmanuel Macron durcit le ton. Après avoir fustigé le Rassemblement national et s'être érigé comme rempart à l'extrême droit en début de campagne de ces législatives, le président de la République s'attaque désormais au Nouveau Front populaire.
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00:00Mathieu Croissandeau, le Président de la République, depuis une semaine maintenant, continue d'expliquer les raisons qui l'ont poussé, évidemment, à dissoudre l'Assemblée Nationale.
00:09Il l'a de nouveau fait dans l'Île-de-Sein hier. Il était à l'Île-de-Sein pour commémorer le 84e anniversaire de l'appel du 18 juin.
00:17Alors c'était nécessaire, sans doute, ces explications parce que cette décision de dissoudre l'Assemblée Nationale continue de susciter incompréhension, colère, voire indignation,
00:26y compris dans son propre camp. À mesure que le scrutin approche, l'idée d'offrir à l'extrême droite une victoire sur un plateau quand on voit l'impréparation du RN,
00:35les conséquences financières, économiques, le programme, la place de la France en Europe, bref, tout ça a désorienté ses troupes, mais surtout les conditions et le récit
00:43qui ont été faits par les journaux des coulisses de cette décision, orchestrée avec une poignée de conseillers, sans consulter ni même avertir les poids lourds de la majorité,
00:52a laissé tout le camp macroniste ébahi et effrayé de voir ce que ce pouvoir était devenu. Ils ne reconnaissent plus leur président.
00:59Alors c'est sûr que quand on a commencé son ascension politique en posant comme le fils spirituel de Michel Rocard ou du philosophe Paul Ricoeur, dissoudre l'Assemblée Nationale
01:08sur les conseils de Bruno Roger Petit et de Pierre Charron, ça fait quand même un sacré grand écart. D'où l'opération rétro-pédalage hier, selon des propos rapportés par la FP du président
01:18à quelques journalistes. Je n'ai pas fait ça, sous comprendre la dissolution à la légère. C'est même la décision la plus difficile, a dit le président, qu'il a eu à prendre depuis 7 ans.
01:27– Et il dit aussi, sans dissolution, ça aurait été la chianlie.
01:30– Alors la chianlie, c'est un clin d'œil au général de Gaulle en cette journée de célébration, vous l'avez rappelé, de l'appel du 18 juin.
01:36La chianlie, c'était un mot qu'avait employé Georges Pompidou le 19 mai 1968 à la sortie du Conseil des ministres. On lui demandait au fond,
01:42que pense le président des événements qui sont en train de se passer ? Il avait dit la réforme, oui. La chianlie, non. La chianlie, c'est l'argument aussi qu'il avait utilisé
01:51parce qu'il avait mené le 30 mai à quoi ? A, évidemment, la dissolution en 1968. C'est pas la première fois qu'Emmanuel Macron emploie ce terme.
01:58Il l'avait déjà employé en septembre 2022 dans un dîner à l'Élysée, là encore, selon des propos rapportés par des journalistes. On voit bien au fond l'idée, la posture gaullienne,
02:05c'est moi ou le chaos.
02:06– Autres propos rapportés par des journalistes et donc de nouveau cités par l'agence France Presse. Comme on dit dans notre métier, c'était en principe du offre,
02:12mais visiblement, le offre a été grillé. Il a évoqué le danger potentiel suscité par l'arrivée possible du nouveau Front populaire au pouvoir
02:23en évoquant l'immigrationnisme que cette partie défendrait.
02:27– Oui, après les mots de De Gaulle, les mots du RN. Emmanuel Macron dénonce le programme du nouveau Front populaire et notamment la promesse d'une régularisation
02:34de sans-papiers puisque la gauche veut régulariser les travailleurs, les étudiants, les parents d'enfants scolarisés notamment. Mais il choisit donc de le faire,
02:42je le disais, en reprenant ce terme forgé à l'extrême droite. L'immigrationnisme, c'est un terme péjoratif pour dénoncer une politique dont le but serait de faire venir
02:49le plus possible d'immigrés en France. C'est un mot qui avait été employé par Jordan Bardella pendant la campagne des Européennes en fin mai, donc il n'y a pas si longtemps,
02:56pour viser qui ? Emmanuel Macron et Valérie Ayé, coupables à ses yeux, à Jordan Bardella, d'avoir signé le fameux pacte asile-immigration.
03:04Qu'est-ce que ça dit au fond ? Ça dit qu'après avoir dénoncé le RN, l'exécutif va charger désormais le nouveau Front populaire, qu'il n'avait pas vu venir,
03:11il n'avait pas vu venir cette alliance à gauche si rapide et il la redoute. On l'a vu hier aussi, le président s'en prendre à une autre promesse du nouveau Front populaire,
03:18celle de favoriser le changement d'état civil libre et gratuit devant un officier d'état civil, autrement dit le changement de sexe pour ceux qui y voudraient.
03:25Ça c'est un clin d'œil d'Emmanuel Macron, évidemment, à la droite, conservatrice. En gros, reprendre les mots de l'adversaire, c'est toujours lui donner un point,
03:32et puis poser en super réac avec les mots de l'extrême droite, est-ce la meilleure façon de se poser comme rempart à l'extrême droite ?