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Ce matin, Erik Tegnér, journaliste à Frontières Média, était l'invité de Jean-Marc Morandini dans "Morandini Live" sur CNews.

Il a révélé que, plus tôt ce matin, il a pu infiltrer le bureau politique des Républicains qui s'est déroulé en visioconférence pour exclure Eric Ciotti de la présidence du parti politique.

"J'ai participé au bureau politique. De facto, ma voix a été comptabilisée pour l'exclusion d'Eric Ciotti parce qu'un vote 'pour' c'est une personne qui ne va pas exprimer un désaccord", a-t-il débuté en précisant que la bureau politique s'est déroulé à 8h15 sur la plateforme Zoom.

"Hier soir, j'ai pu avoir accès au lien et aux codes de connexion de ce bureau politique (...) Au moment du vote, Annie Genevard, qui est devenue la nouvelle présidente des Républicains, a demandé si tout le monde était d'accord pour l'exclusion d'Eric Ciotti. Il y a eu 101 voix qui ont été comptabilisées", a poursuivi le journaliste.

Et d'ajouter : "Je ne suis pas venu avec l'identité d'une autre personne, j'ai tout simplement mis un pseudo. Il n'y a eu aucune vérification. Il y avait un huissier qui était pourtant sur place pour comptabiliser les voix".

"Au moment où j'ai fait ma demande, je me suis dit 'ils vont me demander de voir mon visage'. Avant d'être journaliste, j'étais membre des Républicains. En 2009, j'avais été exclu du parti. Donc je me disais qu'ils vont me reconnaitre. Des personnes avaient des pseudos où c'était juste un numéro de téléphone. Ça montre ce côté d’impréparation. Il n'y a eu aucune vérifications".

"C'est surprenant parce qu'ils disent qu'il y avait un huissier qui a des obligations légales. Comment engager aujourd'hui un huissier quand il y a 101 voix qui ont voté 'pour' alors que, dans ces 101 voix, il y a un journaliste qui est rentré avec simplement un pseudo, sans vérification ?", s'est interrogé Erik Tegnér.

Avant de conclure : "J'ai été comptabilisé comme votant à l'exclusion parce que, pour voter, il faut ne pas exprimer un désaccord. Si vous ne dites rien dans la visio, ils vous comptabilisent comme un vote pour. Dans les 101 voix pour l'exclusion d'Eric Ciotti, je sais qu'il y au moins une voix qui est fausse : la mienne".

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Transcription
00:00Éric Tegner, bonjour, merci d'être en direct avec nous.
00:03Alors racontez-nous d'abord cette réunion, c'est quelque chose qui s'est fait par visioconférence et vous avez assisté à tout ?
00:10Tout à fait, j'ai participé au bureau politique et de facto mon voix était comptabilisée pour l'exclusion d'Éric Ciotti
00:17parce qu'un vote pour, c'est une personne qui ne va pas exprimer un désaccord.
00:21Alors comment ça s'est passé ? Ce matin, ça a commencé à 8h15, c'était sur la plateforme Zoom
00:26et il s'avère qu'hier soir j'ai pu avoir accès aux liens, aux codes de connexion de ce bureau politique
00:32et donc c'était intéressant comme journaliste aussi d'y assister
00:35parce qu'en ce moment le grand sujet c'est quand même cette question, vous savez, de la logique légitime
00:41et de la logique aussi juridique de ces procédures, de ces bureaux politiques
00:44parce que ce nouveau bureau politique de ce matin avait justement lieu
00:47parce qu'il savait très bien ces dissidents que celui d'il y a deux jours, il était globalement vissé.
00:53Donc j'ai pu participer à cela et ce qui a été surprenant c'est qu'au moment justement du vote
00:58pour l'exclusion d'Éric Ciotti, Annie Gennevard, qui est devenue d'une certaine façon la nouvelle présidente des Républicains
01:05a demandé si tout le monde était d'accord pour justement cette exclusion
01:09et donc il y a eu 101 voix qui ont été comptabilisées, c'est-à-dire la mienne.
01:14Moi je ne suis pas venu avec l'identité d'une autre personne, j'ai tout simplement mis un pseudo
01:19et donc il n'y a pas eu de vérification. En avant il y avait mis ce fait qu'il y avait un huissier
01:24qui était sur place pour comptabiliser, mais il y avait un véritable souhait
01:27et je pense que c'est lié aussi au timing justement de cette décision du tribunal judiciaire de Paris ce matin
01:32de passer très très vite au vote.
01:34À un moment justement certains se plaignaient parce qu'ils disaient qu'il y avait du monde qui attendait dans la salle d'attente,
01:39vous savez ça fonctionne comme ça avec Zoom, et donc ils ont fait rentrer beaucoup de monde.
01:43D'ailleurs ce qui était aussi étonnant c'est que les quelques voix qui ont pu dissonance,
01:47qui ont pu s'exprimer comme Alain Jouyandé, qui justement a voté contre cette décision d'exclure Éric Ciotti,
01:53on faisait que de leur dire on n'est pas là pour débattre, il faut passer absolument au vote très très vite,
01:58ce qui a mené lieu d'ailleurs à une certaine engueulade, je peux utiliser le mot,
02:02entre Alain Jouyandé et Michèle Tabarro, la présidente de la CNI.
02:06Mais Éric, en fait c'est totalement surréaliste ce que vous nous racontez, c'est-à-dire qu'ils font un bureau politique,
02:11donc déjà je comprends qu'il y a beaucoup de monde, je ne savais pas qu'il y avait autant de monde,
02:14donc il y a plusieurs dizaines de personnes, puisqu'il y a eu au moins 100 voix,
02:18mais aucune identité n'est vérifiée, c'est-à-dire qu'on ne vérifie pas l'identité des gens qui sont là,
02:24on accueille tout le monde, c'est ouvert.
02:26Ah oui, non mais ça c'était le plus surprenant, moi au moment où j'ai fait justement ma demande,
02:31je me suis demandé bon au moins ils vont demander les visages, vous savez moi avant d'être journaliste,
02:36j'étais membre des Républicains et en 2009 j'avais été exclu des Républicains,
02:41donc évidemment je me disais s'ils vont demander d'avoir le visage,
02:44eh bien ils vont me reconnaître aussi et donc je ne pourrais pas rentrer,
02:48et donc il n'y avait pas cette demande-là.
02:50Le pseudo, j'ai utilisé un prénom et un nom de famille sans mettre un nom, j'ai mis P.
02:56Pourquoi ils ne demandaient pas ce genre de choses ?
02:58Des personnes avaient des pseudos ou simplement c'était un numéro de téléphone,
03:01ou c'était un gribouillis qui était fait.
03:03Ça montre aussi, évidemment c'est un côté ubuesque, ça montre ce côté aussi d'impréparation,
03:10évidemment du côté des Républicains qui ont quelques soucis juridiques.
03:14Vous savez ce matin il y a eu trois votes, il y a eu l'exclusion d'Eric Ciotti,
03:17il y a eu la nomination de la nouvelle présidente Annie Gennevard,
03:20il y a eu la question du renouvellement de la commission nationale d'investiture,
03:24parce que c'est important en fait, qui va choisir ?
03:26Et donc à ce moment-là certains ont même dit mais vous savez normalement,
03:29on est censé dans les statuts renouveler la CNI sauf qu'on ne l'avait même pas fait
03:33avant les élections européennes, donc ils se retrouvent dans des confusions.
03:36Par exemple l'avocat Spiner évoquait des éléments qu'il mettait en avant
03:40et d'autres n'étaient pas forcément d'accord.
03:42Mais le but c'était de finir de sortir en disant, voilà il y a eu un vote,
03:46ça veut dire que la vérification elle n'a été quasiment pas faite.
03:48Joliandet il demandait lui, il disait on aimerait quand même savoir
03:52combien de votes justement ont été comptabilisés.
03:54À un moment donné ils ont oublié de prendre en compte pour le deuxième vote
03:57qu'il avait voté contre, il a dû le rappeler.
04:01Donc ça montre ce caractère évidemment ébuesse qui en rajoute sur cette situation
04:07aujourd'hui chez les Républicains.
04:09Je note aussi ce côté où à la fin Xavier Bertrand a voulu prendre la parole
04:12en disant quand est-ce qu'on va convoquer un nouveau bureau politique
04:16pour prononcer l'exclusion de Guilhem Carayon,
04:19vous savez le président des Jeunes Républicains,
04:21qui est un peu dans la même situation qu'Éric Ciotti puisqu'il a été élu par les militants
04:25et de tous ceux qui vont justement rejoindre les listes d'Éric Ciotti.
04:29Donc cette volonté aussi de Xavier Bertrand d'aller au bout des exclusions
04:32de ces 70 personnes qui justement vont être candidats sur les listes LR soutenues par l'ORN.
04:39Éric parce que ce que vous me racontez c'est totalement surréaliste,
04:42c'est totalement inimaginable.
04:45Mais vous, vous étiez là, vous avez infiltré ce bureau, vous le racontez,
04:48mais si ça se trouve il y a d'autres personnes qui n'avaient rien à voir non plus dans ce bureau.
04:52Moi j'en reviens pas que personne ne vérifie les identités,
04:54mais l'huissier servait à quoi en fait ?
04:56À quoi servait l'huissier qui était là ?
04:58C'est la grande question et aussi il faut, vous savez à chaque fois il y a la communication
05:03et il y a l'aspect judiciaire.
05:05Donc ceux qui s'occupaient de compter c'était les personnes de la communication
05:09justement des Républicains, justement par exemple le responsable de la communication digitale
05:14qui comptait sauf qu'ils avaient peu de temps pour comptabiliser
05:17parce qu'ils disaient à un moment donné on était 110 dans le Zoom,
05:20finalement on n'est que 102, comment compter ces différents éléments ?
05:24Et une fois que le bureau politique était terminé,
05:26tout de suite l'AFP est informée que l'exclusion a été réalisée.
05:30Donc il y a d'une certaine façon effectivement, vous savez d'un côté l'aspect de communication
05:35et de l'autre l'aspect judiciaire.
05:37C'est surprenant parce qu'ils disent il y a un huissier, vous savez le huissier quand même
05:40il a des obligations légales etc.
05:42Comment engager aujourd'hui un huissier quand on va dire il y a 101 voix qui ont justement voté pour
05:49alors que dans ces 101 voix il y a un journaliste qui est rentré dans ce bureau politique
05:55sans un nom de famille, avec simplement un pseudo, sans qu'il y ait de vérification,
06:00sans qu'on m'ait posé de questions, sans qu'on m'ait justement mis la caméra.
06:04Et moi je rappelle pour ceux qui diront mais pourquoi vous pouvez faire ça etc.
06:07Ben on est journaliste, le but c'est de découvrir ce genre de choses.
06:10Parce qu'en fait si on ne le fait pas, qui va le découvrir ?
06:12On se retrouve avec une communication où tout le monde dit oui il y a une anonymité.
06:16Il y a une anonymité, vous savez il y a aussi des personnes qui tout simplement,
06:19ben on sent bien, je vais citer par exemple, c'est pas pour l'accabler, je vais citer Olivier Vial
06:24qui était présent justement dans ce bureau politique.
06:28Donc Olivier Vial était présent dans ce bureau politique.
06:30On sait que lui c'est un peu le responsable de l'Uni.
06:33L'Uni a annoncé hier soutenir Eric Ciotti.
06:36Il était justement dans cette vision et donc son vote aussi a été pris en compte
06:40pour l'exclusion d'Eric Ciotti.
06:41Ce que je veux expliquer par là, c'est qu'il y a un climat aussi,
06:44une ambiance de pression qui ne pousse pas du tout au débat.
06:47Encore une fois quand Alain Joyandé mais également la maire,
06:50justement Béatrice Brugère de Montauban, ont exprimé de forts désaccords,
06:54ils se sont fait engueuler.
06:56On leur disait on veut passer au vote, c'est bon, on a entendu.
06:59Et donc c'est étonnant parce qu'il y a ce caractère démocratique qui est mis en avant
07:04mais les quelques voix dissonantes et bien forcément elles sont écrasées.
07:07Je vais noter aussi que le sénateur Joyandé, il s'est fait rétorquer par Michel Tabarro.
07:11Écoutez, on aimerait entendre uniquement ceux qui sont candidats aux législatives
07:15mais le sénateur Joyandé a dit écoutez moi je suis sénateur, je suis sur le terrain,
07:20donc ma voix elle compte en fait, c'est important.
07:23Et là-dessus même Annie Gennevard a dû rappeler qu'évidemment il avait raison
07:27et il y avait de certains côtés ce couple justement Michel Tabarro
07:30et son mari Jean-Pierre Tabarro qui justement est dans cette logique.
07:34Vous savez c'est des concurrences aussi internes au niveau du sud, de PACA,
07:37c'est-à-dire qu'ils sont contre Eric Ciotti pour des logiques aussi régionales.
07:40Ils vont être plus proches par exemple du maire de Nice, Estrosi, etc.
07:45Donc c'est ce climat d'intérieur.
07:48Eric, moi l'image qui me vient c'est quand même les pieds de nickelé,
07:52l'organisation de ce qui s'est passé ce matin.
07:54Je n'ai pas d'autres rivales.
07:55Une dernière question si vous pouvez répondre rapidement
07:58parce que je crois que vous avez dit ça au début mais je veux en être sûr.
08:01Vous me dites vous, vous n'avez pas voté en faveur de l'exclusion
08:05mais en revanche vous avez été comptabilisé comme votant en faveur de l'exclusion.
08:08C'est bien ça ?
08:09Non, moi ce que j'ai fait c'est que j'ai été comptabilisé comme votant à l'exclusion
08:14parce que pour voter il faut simplement ne pas exprimer un désaccord.
08:19C'est-à-dire qu'il faut dire écoutez j'aimerais dire que je suis contre.
08:22Donc si vous ne dites rien dans la vision, ils vous comptabilisent comme un vote pour.
08:27C'est ce qui fait qu'on n'est pas obligé justement de s'identifier.
08:30Si j'avais dû prendre la parole, on aurait su.
08:32Donc ma voix dans les 101 voix pour l'exclusion d'Eric Ciotti,
08:36il y a une voix déjà dont je suis certaine qui est de trop et qui est fausse.
08:39C'est la mienne.
08:40Au moins une en fait parce qu'on ne sait pas non plus puisqu'il n'y a pas eu de vérification.
08:43Ce n'est pas qu'elles étaient les 100 autres personnes qui étaient là.
08:46Il y en a certains qu'on a pu reconnaître parce que certaines on voyait le visage
08:49et j'ai vu sur une des captures que vous avez publiées qu'on voyait effectivement le visage de certains
08:53mais on ne connaît pas tout le monde et on ne sait pas si tous les gens qui étaient là ce matin.
08:57Ça ne veut pas dire que le résultat n'aurait pas été le même.
08:59Ça veut simplement dire que ça montre ce côté effectivement ubuesque,
09:03ce côté piéniclé et cette dissonance entre les arguments de communication d'un côté
09:08qui vont dire il y a un huissier etc.
09:10et la relété judiciaire.
09:11On va d'ailleurs avoir une première réponse aujourd'hui avec la décision du tribunal de justice.
09:15Merci beaucoup pour ce témoignage incroyable Eric Tegner, directeur de la rédaction de Frontières.

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