• il y a 6 mois
Pour ce quatrième épisode au cœur de la France oubliée, on parler emploi. Direction l'Allie, dans la ville de Montluçon, 33.000 habitants, ancienne cité industrielle lors des 30 glorieuses. A la fin des années 1970, la ville se transforme et les usines ferment les unes après les autres. Après la forgerie Saint-Jacques, l'équipementier automobile A.M.I.S, c'est l'usine Landis And Gyr qui est sur la sellette. Reportage signé Arthur Pereira pour RTL.
Regardez RTL Evènement avec Arthur Pereira du 14 juin 2024

Category

🗞
News
Transcription
00:00RTL ÉVÈNEMENT
00:03Événement ce matin sur RTL, on poursuit bien sûr notre immersion au cœur de cette France oubliée
00:08qui a massivement voté RN aux européennes.
00:10Quatrième épisode ce matin de notre série.
00:13Et après les questions de sécurité, de pouvoir d'achat, de santé, on va parler emploi.
00:17Et pour cela on vous emmène à Montluçon, 33 000 habitants dans l'Allier.
00:21Depuis la fin des années 70, la commune vit au rythme des fermetures d'usines.
00:25Bonjour Arthur Perreira.
00:26Bonjour à toutes et à tous.
00:28Aujourd'hui c'est l'usine Landis Saint-Gyre qui est menacée.
00:31Oui, à l'entrée du site, deux draps blancs sont accrochés sur le portail en fer de l'usine.
00:35Dessus, inscrit à la bombe de couleurs orange et noir.
00:38Non au déménagement de la troisième ligne INKI en Grèce,
00:41le INKI Made in France et le site de Montluçon sont menacés.
00:45Ce qui représente 80 emplois dont celui d'eux.
00:47Michel Beunier, je suis délégué syndical CFDT de Landis Saint-Gyre.
00:51Notre grande inquiétude c'est que les deux autres lignes partent ensuite.
00:55Le site de Montluçon a déjà connu des déplacements de lignes, des suppressions de postes.
00:58C'est une usine qui a progressé jusqu'à avoir 2000 personnes vers les 73-74.
01:03On fabriquait du matériel de chauffage, de climatisation, de la téléphonie et tout ça.
01:07Et produit par produit, c'est parti, ça a été revendu.
01:10Comme des lots d'appartements dans un immeuble, regrette cet ouvrier.
01:13Aujourd'hui, sous la tôle de l'usine, on fabrique uniquement des compteurs électriques INKI.
01:18Alors Michel Beunier attend de pied ferme les élections législatives.
01:22On espère un changement, c'est-à-dire que le Parlement qui va être élu
01:25prenne mieux en compte l'industrie en France.
01:28On a passé deux années difficiles avec une forte inflation
01:31et on a négocié des augmentations pitoyables.
01:34C'est-à-dire des 1%, des 2% d'augmentation, c'est pitoyable.
01:37Si je regarde sur mon portable, au niveau de Montluçon,
01:40la liste de Jordan Bardella du RN a obtenu 33%, quasiment 34% des intentions de vote.
01:46Si les électeurs de Montluçon font le même choix aux législatives,
01:49vous pensez que ça pourra changer la donne pour votre entreprise ?
01:52Je n'en suis pas convaincu.
01:53Par exemple, ils n'ont pas voté pour l'augmentation du SMIC.
01:55Donc ça veut dire que les salariés, ce n'est pas leur préoccupation.
01:59Qu'ils viennent faire la preuve, on est disponible.
02:02Et depuis le début de la grève, aucun parti politique,
02:04à gauche comme à droite, ne s'est déplacé sur site.
02:07Alors Arthur, on entend très bien ce sentiment d'abandon exprimé par Michel.
02:11Est-ce que ce ressenti, ce constat est partagé par le reste de ses collègues ?
02:15Oui, à l'unanimité.
02:16Ils sont une vingtaine regroupés au pied de l'usine.
02:19Au même moment, Emmanuel Macron tient une conférence de presse.
02:22Au menu, laïcité, retraite, éducation.
02:25Dans l'assiette, très peu de place pour l'emploi.
02:27Ah, c'est bien dommage.
02:28C'est bien l'emploi qui fait vivre un pays aussi.
02:30Elle, c'est Aurore, 10 ans d'ancienneté chez Landy N'Diaye.
02:33Je pense qu'il y a des réformes qui doivent être faites.
02:35L'emploi en fait partie.
02:36Il doit être favorisé.
02:37Et les réformes peuvent être menées par le RN s'ils arrivent à Matignon ?
02:41Moi, je n'y crois pas.
02:42Madame ?
02:43Je suis tout à fait d'accord parce que c'est tout irréaliste.
02:45D'abord, je suis pro-européenne.
02:47Ils ont beau jurer leur grand dieu dernièrement qu'ils ont changé.
02:49En plus, se servir des institutions qui leur permettent pour se porter candidat
02:53et aller là-bas, s'ils y vont d'ailleurs,
02:55ce qui apparemment ce n'est pas le cas,
02:56c'est quelque chose qui m'agace fortement.
02:58Vous dites être pro-européenne,
02:59mais pourtant, une ligne va être déplacée en Grèce, en Europe.
03:02Je sais, c'est un peu pardoxal.
03:03J'y pense de temps en temps.
03:04Je ne suis pas contre mes collègues grecs.
03:06Je vais le dire comme ça.
03:07C'est mon produit français pour mon marché français,
03:09sur mes lignes françaises, mon contrat français.
03:12Ma sueur, ma peine, mes emmerdes.
03:14Donc, je ne vois pas pourquoi ça irait chez les Grecs.
03:16Et comme un mauvais signe du destin,
03:18un semi-remorque roule au pas.
03:20Une plaque bulgare, Marc-Antoine identifie le véhicule.
03:23Qui vient pour transporter la ligne de France en direction de Corinthe.
03:28Et ce semi-remorque, il va pouvoir passer ces portes-là ?
03:31Pour le moment, non.
03:32On a décidé qu'il ne passerait pas.
03:34Aujourd'hui, on n'a aucun directeur sur site.
03:36Aucun retour de notre groupe sur notre mouvement.
03:39On est seul.
03:40Mais on veut se faire écouter,
03:42pour montrer qu'on a envie de travailler.
03:45Là, vous avez des produits qui vont être faits en Grèce,
03:47ils vont revenir en France.
03:48Enfin, sérieusement.
03:49Et après 45 minutes de longue négociation,
03:51les employés obtiennent gain de cause.
03:53La ligne restera, au moins cette nuit, encore tricolore.
03:57On est seul.
03:58Mais on veut se faire écouter.
04:00Message de ses salariés de Montluçon.
04:02RTL événement dans la France oubliée.
04:04Signé Arthur Perreira.

Recommandations