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Abdallah, brillant étudiant de 24 ans, vient de recevoir une excellente nouvelle : il est sélectionné pour réaliser sa thèse dans la prestigieuse université d'Harvard, aux États-Unis.

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00:00Je m'appelle Abdel Alamane, je suis actuellement en dernière année à Central Spelec, j'ai 24 ans et en septembre je commence une thèse à l'université d'Harvard à Boston.
00:08Là actuellement on est chez moi, chez mes parents et on se trouve exactement dans ma chambre, là où j'ai grandi depuis mes 7 ans.
00:14Je ne viens pas d'une famille favorisée, bien loin de là en fait, plutôt défavorisée.
00:19J'ai toujours été bon élève mais grâce à l'impulsion de mes parents en fait,
00:23puisqu'on m'a fait comprendre très tôt que l'éducation et les études, c'est ce qui allait me permettre justement de sortir de ce milieu social défavorisé.
00:30Est-ce que tu t'imagines un jour aller à Harvard ?
00:33Alors non, pas du tout. Je pense que déjà rentrer à Central, c'était à l'époque en prépa, j'avais énormément d'auto-censure
00:40et comme c'est un milieu que je ne connais pas du tout, que ma famille ou mes proches n'ont absolument pas grandi dans ces milieux-là,
00:45c'était assez incroyable. Et alors là, aller ensuite à Harvard, à Boston,
00:51je pense qu'il y a un an, si on m'avait dit ça, je n'y aurais clairement pas cru.
00:54Mais voilà, finalement, j'y ai réussi et uniquement grâce à mes études et grâce à ma résilience et ma rage de vaincre et de réussir.
01:01Le but de ma thèse, ce serait de me lancer dans l'aventure entrepreneuriale juste après,
01:05pour pouvoir créer un outil révolutionnaire pour les patients, notamment dans le secteur de l'imagerie médicale.
01:12C'est un secteur en fait qui est très porteur parce que je pense que ça va changer la façon dont les médecins travaillent au quotidien,
01:18notamment les radiologues, les oncologues.
01:20Ça permet de situer et localiser exactement la tumeur et donc une fois qu'on sait exactement où est la tumeur,
01:24on va pouvoir envoyer les radiations pour l'atteindre précisément.
01:27Donc mon acceptation en thèse là-bas, ça a été une grande fierté pour ma famille parce que c'est en fait
01:31l'aboutissement de peut-être 24 ans d'éducation à mettre en avant les études, à nous pousser à faire des études.
01:39Donc c'est un peu la petite cerise sur le gâteau qui vient couronner 24 ans d'éducation et de dur labeur pour mes parents.
01:47Quand il vous a parlé d'entrer à Harvard aux Etats-Unis, est-ce que ça vous a fait peur ou vous étiez content ?
01:52Comment vous l'avez pris ?
01:53Surpris et content.
01:54C'est vrai que ça fait plaisir.
01:56Je crois que c'est le rêve des parents de voir leurs enfants réussir et puis aller dans les grandes écoles, oui.
02:05Abdallah, il était sérieux.
02:09Un peu bordélique.
02:10Un peu bordélique.
02:13Je pense que tous les jeunes sont comme ça maintenant.
02:16Mais c'était quand même excellent, il avait toujours des bonnes notes et c'était toujours des félicitations.
02:23Je pense que si j'ai réussi aujourd'hui, c'est grâce à la motivation que mes parents m'ont donnée.
02:29Ils m'ont toujours dit qu'au plus je travaillais et au mieux je finirais ensuite.
02:35Et ils m'ont toujours dit une chose, c'est travaille maintenant tant que t'es jeune, comme ça après t'es tranquille.
02:40Je pense que c'est l'une des phrases que j'ai plus entendues quand j'étais petit.
02:45Et ça a commencé très très tôt.
02:47On était derrière eux.
02:49On cherchait la réussite.
02:51Sa réussite c'est aussi la vôtre ?
02:53Oui.
02:55On est fiers.
02:57On pense qu'on a fait notre devoir en fait.
03:03Ça récompense aussi tous vos sacrifices.
03:05Oui.
03:06Il y a eu beaucoup beaucoup de sacrifices.
03:09Moi je m'étais toujours dit que c'était la meilleure récompense que je pouvais leur offrir.
03:19Donc on est à l'école primaire Arthur Rimbaud à Champlain-les-Lignes.
03:22C'est là où j'ai fait la majorité de ma classe primaire.
03:26Je pense qu'à cet âge-là, j'avais déjà compris qu'il fallait se battre.
03:31Il y avait ce sentiment-là qu'au plus je montais dans mon parcours et au plus la diversité était faible.
03:37On a un énorme potentiel.
03:39Mais il ne suffit pas aujourd'hui à promouvoir plus de diversité.
03:45Que ce soit la diversité sociale, la diversité aussi des territoires.
03:48À chaque étape, il y a un écrémage supplémentaire
03:50qui fait que malheureusement,
03:52les gens qui viennent de catégories socio-professionnelles plutôt défavorisées
03:55ne pouvaient pas surmonter ces obstacles-là.
03:59Ça a été le fil conducteur de mon éducation.
04:01À chaque étape, il y a un manque de diversité.
04:04Que j'essaie à mon échelle de combattre.
04:08Un collégien qui est issu d'une classe CSP+,
04:10a beaucoup plus de chances d'intégrer des cursus sélectifs
04:15qu'une personne qui vient d'un milieu social défavorisé.
04:19Les choses se jouent plus en amont.
04:21Première expérience professionnelle, c'est le stage de 3e.
04:25Très souvent, ça se joue au réseau.
04:27Sauf qu'à la fin, ça conditionne certains élèves à faire uniquement certains stages.
04:31Moi, par exemple, je l'ai fait dans un fast-food.
04:33J'étais en train de faire des sandwichs, passer le ballet.
04:36Ce n'était pas du tout ce que je voulais faire.
04:39Là, on est à Centrale Supélec,
04:41mon école d'ingénieur sur le plateau de Saclay,
04:43où je suis en train de finir ma 3e et dernière année.
04:46C'est un cursus en 3 ans après les 2 années de classe préparatoire.
04:49À quel point ça a été difficile d'être accepté à Harvard ?
04:53Il y avait combien de places ?
04:54Actuellement, je suis le seul Français à être admis dans ce programme-là pour cette année.
05:00Le dernier Français qui a été pris dans ce programme-là, c'était en 2016.
05:04Les processus de sélection aux Etats-Unis sont assez rudes
05:08parce qu'on est en compétition avec des étudiants du monde entier, pour la faire simple.
05:13Moi, par exemple, le programme auquel j'ai postulé,
05:16qui est un programme conjoint entre Harvard et l'UMIT,
05:18on était à peu près sur un taux d'admission de 3,5 %.
05:23Je pense qu'eux, ce qu'ils cherchent avant tout,
05:26c'est des gens à la fois au parcours varié, divers
05:30et aussi des gens qui sont engagés dans la voie de la recherche.
05:34Abdallah, c'est d'abord quelqu'un qui est excellent,
05:37qui a une volonté de faire.
05:40Je pense qu'on n'arrive pas là où il est arrivé sans ça.
05:43Et c'est quelqu'un qui reste extrêmement humain, humble
05:47et qui passe beaucoup de temps à aider les autres
05:51et à leur montrer que c'est possible d'avoir le même type de parcours.
05:54Je pense que c'est assez exceptionnel d'avoir des personnes comme Abdallah
05:57qui s'investissent pour la communauté.
06:00Ce n'est pas facile du tout,
06:02quand on ne vient pas des lycées les plus cotés,
06:06de savoir, de se convaincre qu'il est possible de faire un tel parcours.
06:11Et dans le cas d'Abdallah, ce n'est pas l'ascenseur social,
06:15mais c'est la fusée sociale, parce que là, il part vers les étoiles.
06:19Si j'avais un dernier mot à faire passer à tous les collégiens,
06:22les lycéens, les étudiants qui s'identifient,
06:24qui surmontent actuellement des obstacles,
06:26il faut vraiment se dire que le seul obstacle
06:28que vous pouvez avoir à vos rêves, c'est vous-même.
06:30Et qu'il ne faut vraiment pas se mettre de limites
06:32et faire preuve d'autocensure.
06:34Il y a des grandes écoles aujourd'hui qui n'attendent que vous,
06:36donc croyez en vos rêves, donnez-vous les moyens
06:38et j'en suis sûr que vous pourrez avoir des parcours encore plus brillants que le mien.

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