Le patron des Républicains Éric Ciotti appelle ce mardi 11 juin son parti à conclure un accord avec le RN en vue du scrutin des élections législatives. Édouard Philippe, ancien Premier ministre, maire du havre et fondateur du parti Horizons, était en direct sur BFMTV.
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00:00Comment vous qualifiez cette alliance voulue par Rixiuti avec le rassemblement national ?
00:06Je la trouve consternante et contre-nature.
00:11Consternante parce que les Républicains, le parti Les Républicains,
00:17c'est le parti héritier d'une certaine façon,
00:21le parti de l'UMP, du RPR pour un certain nombre de gens qui sont Républicains.
00:27C'est un parti qui a été présidé, en tout cas c'est une famille politique ancienne qui a été présidée par Jacques Chirac,
00:33par Nicolas Sarkozy, par des anciens présidents de la République,
00:37avec lesquels on peut être d'accord sur tout ou pas d'accord sur tout,
00:40mais qui n'ont jamais, ni l'un ni l'autre, accepté de compromission avec l'extrémisme,
00:47accepté de compromission avec la droite et la famille Le Pen.
00:53Et Rixiuti jette cette histoire à la poubelle et se lance dans un ralliement,
01:02dans un accord dont je comprends qu'il n'est pas un accord d'appareil,
01:05dans une combinaison pour au fond trahir cette histoire.
01:12Donc consternante.
01:13Contre-nature aussi, et je veux le dire, je veux le dire parce que je le pense très sincèrement,
01:19très heureusement, le plus grand nombre des responsables des Républicains au Sénat,
01:27les ténors on va dire des Républicains, ont tous, et très vite, condamné cette initiative.
01:33Charles Archer, Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez, Olivier Marleix, Bruno Rotaillot.
01:37Et il peut nous arriver d'être en désaccord, ou en tout cas ça a pu arriver dans le passé,
01:42mais je crois qu'il faut souligner.
01:43Donc vous les saluez ?
01:44Ah oui absolument.
01:45Et qu'est-ce que vous attendez d'Éric Ciotti alors ?
01:48Éric Ciotti ? Rien, je pense que son calcul est un calcul…
01:51Personnel ?
01:52Personnel, alors…
01:53Local ?
01:54Je pense qu'il y a une dimension d'ambition personnelle,
01:57je pense qu'il y a une dimension d'ambition niçoise,
02:01je pense qu'il y a surtout une pensée qui s'égare…
02:06Il doit quitter les Républicains ?
02:07Oh ben ça je n'en sais rien, c'est aux Républicains de déterminer…
02:09Qu'est-ce que vous en pensez ?
02:11Je n'ai pas l'impression que les instances de son parti…
02:15Ce serait logique qu'il quitte les Républicains.
02:17Ils vont le soutenir, ça c'est un problème des Républicains,
02:20je ne vais pas leur dire ce qu'il doit faire.
02:21Effectivement, Gérard Larcher et les autres ont condamné l'attitude,
02:25sévèrement l'attitude d'Éric Ciotti,
02:27mais pour autant ils sont toujours fidèles à leur positionnement,
02:31c'est-à-dire l'indépendance.
02:33Le rappel, indépendance, c'est-à-dire pas d'alliance avec le RN,
02:36mais pas d'alliance non plus avec la majorité actuelle.
02:40Vous le regrettez ?
02:41Je vais vous dire, je suis assez attaché à l'indépendance.
02:44Je comprends qu'on puisse l'être.
02:45Je suis assez attaché à la mienne,
02:47mais croyez-moi, c'est souvent un combat pour être respectueux de la leur.
02:53Mais l'indépendance, ça ne veut pas dire l'isolement.
02:55L'indépendance, ça ne veut pas dire saisir l'intérêt national.
02:59L'indépendance, ça ne veut pas dire discuter sur,
03:02non pas des calculs, je dirais, conjoncturels,
03:06comme celui fait par M. Ciotti, mais sur des idées, sur des programmes.
03:11Moi, je suis convaincu que la situation politique
03:15dans laquelle nous nous trouvons,
03:16elle justifie que nous essayons de construire une nouvelle majorité.
03:21Pas la reproduction de ce qui a existé jusqu'à présent,
03:24et dont j'ai fait partie et que j'assume,
03:26mais la construction d'une nouvelle majorité.
03:28Mais qui pour constituer cette nouvelle majorité ?
03:30Celles et ceux qui se retrouvent sur un socle de priorité commune.
03:34Et ce qui se passe est assez simple.
03:36À partir de la dissolution de l'Assemblée nationale
03:38par le président de la République, il y a un fait politique.
03:41Nous allons avoir des élections législatives.
03:43Il va donc y avoir un nouveau Parlement,
03:45ou plus exactement une nouvelle Assemblée nationale.
03:47Qu'est-ce qu'on fait avec cette nouvelle Assemblée nationale ?
03:49Est-ce qu'on considère qu'on laisse les clés au Rassemblement national,
03:52qui est le favori de cette élection ?
03:54Ou est-ce qu'on considère qu'on laisse les clés à ce que,
03:58de façon presque parodique, il est convenu désormais d'appeler le Front populaire ?
04:02Mais pour dire les choses, Édouard Philippé,
04:03on va parler des conséquences de cette dissolution dans un instant.
04:06Est-ce que vous tendez la main aux membres des Républicains,
04:11qui se sont opposés à cette proposition d'alliance avec Éric Ciotti,
04:15et qui peut-être pour certains se disent qu'au fond,
04:17la façon de sortir de cet étoté entre la majorité présidentielle
04:21et le Rassemblement national serait de vous rejoindre à horizon ?
04:24Est-ce que vous leur dites, je vous accueille, venez ?
04:28Il est assez évident que tous ceux qui veulent me rejoindre sont les bienvenus.
04:31Pourquoi faire ?
04:32Mais là, il y a une circonstance particulière.
04:33Mais ce qui est plus important,
04:36ce n'est pas de savoir si je les accueille, si je tends la main.
04:38Oui, bien sûr que je tends la main.
04:39Évidemment que je tends la main.
04:40Ce qui est important, c'est ce qu'on fait pour le pays.
04:43Ce qui est important, c'est ce qu'on fait dans les trois ans qui viennent
04:46pour ne pas perdre de temps,
04:47alors que l'immobilisme et le blocage seraient dramatiques
04:52pour la France et pour les Français.
04:53Donc, il faut une majorité solide ?
04:55Donc, il faut un contrat, il faut un pacte,
04:58il faut une nouvelle façon d'organiser des femmes et des hommes
05:05qui se reconnaissent dans quelques idées simples.
05:06Je les mets sur la table, les idées simples.
05:08Le refus de l'immobilisme, il est dangereux.
05:10Le monde change beaucoup trop vite pour que la France puisse se dire
05:12on ne va rien faire, on va attendre comme on est,
05:15ça va finir par bien se passer.
05:16C'est-à-dire juste sur ce premier...
05:17C'est le risque du déclassement immédiat
05:19et Dieu sait qu'il faut éviter ce risque.
05:21La deuxième priorité, c'est de remettre de l'ordre dans notre maison.
05:24Quelle maison ?
05:25C'est difficile, la France.
05:27Il faut remettre de l'ordre dans nos comptes,
05:28il faut faire attention à ce qu'on fait avec notre argent,
05:30il faut contenir la dépense sociale,
05:31il faut prendre des politiques publiques qui coûtent chères
05:34et qui ne fonctionnent pas bien pour faire en sorte
05:35qu'elles coûtent moins chères et qu'elles fonctionnent mieux.
05:37C'est possible, mais c'est difficile.
05:38Et pour ça, il faut qu'il y ait des hommes et des femmes de bonne volonté
05:41qui s'entendent sur ce qu'on est capable de faire.
05:43Il faut qu'on remette de l'ordre dans nos rues.
05:45L'insécurité réelle dans beaucoup d'endroits
05:49et parfois redoutée dans d'autres, doit être combattue.
05:53Mais tout ça, ce n'était pas le cas aujourd'hui avec Edouard Philippe ?
05:56Depuis sept ans, nous avons fait des choses.
06:00Vous disiez dans les colonnes de l'opinion
06:01le problème aujourd'hui, c'est qu'on ne réforme plus grand-chose.
06:04Est-ce que l'idée, c'est que précisément,
06:05il faut renouer avec cet esprit de réforme ?
06:08Si vous me posez des questions dans l'ordre,
06:10je vais y répondre dans l'ordre.
06:11J'essaye.
06:12Et voilà, donc pendant sept ans, nous avons fait des choses.
06:15Pendant trois ans, j'ai été Premier ministre.
06:17On a essayé de faire en sorte, sous l'autorité du président de la République,
06:20on a essayé de faire en sorte que l'économie française soit plus dynamique,
06:23plus attractive, qu'on soit capable de régler la question du chômage,
06:26qu'on soit capable de régler la question de l'apprentissage.
06:28On a fait beaucoup de choses.
06:29On a fait des transformations fiscales qui ont produit leurs effets.
06:32Il faut en être fier.
06:33La réindustrialisation du pays, c'est un fait,
06:35mais ce n'est pas fini et c'est compliqué.
06:37Mais c'est un fait, c'est des choses qui ont été lancées.
06:39Là-dedans, il y a des choses que les Républicains comprennent,
06:43assument, en tout cas reconnaissent, utilisent.
06:47Et puis, il y a des choses avec lesquelles ils n'ont pas été d'accord.
06:49Bon, très bien.
06:50La question, ce n'est pas de se faire sept ans de réflexion sur ce qui s'est passé,
06:54c'est de construire ce que le pays va faire dans les trois années qui viennent.
06:58En 2022, les Républicains ont dit non à cette alliance,
07:02cette coalition, ce pacte, je ne sais pas comment vous voulez l'appeler.
07:05Qu'est-ce qui pourrait changer là ?
07:08J'ai vu Éric Ciotti, je l'ai dit ce matin qu'il fallait qu'on réfléchisse
07:11à la façon dont pouvait faire avancer le pays pendant trois ans.
07:13J'ai vu Éric Ciotti dire immédiatement, jamais.
07:16J'ai mieux compris il y a 13 heures, pourquoi pas ?
07:18Il considère qu'il est préférable de s'allier avec le Rassemblement national.
07:21Je constate qu'il y a énormément de Républicains qui ne croient pas cela
07:24et qui l'ont dit.
07:25Et je trouve ça extrêmement respectable et je les salue.
07:27Mais maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
07:30On essaie de construire quelque chose avec eux pour lutter contre les trafics.
07:33Pendant ces deux dernières années, ces cinq dernières années,
07:37bien sûr qu'il y a eu des initiatives pour essayer de faire en sorte
07:39qu'il y ait moins d'insécurité.
07:40Mais on sait que c'est difficile.
07:41Il va falloir faire d'autres choses.
07:43Est-ce que ça passe par une politique pénale plus ferme ?
07:45Est-ce que ça passe par une réforme au sein de la justice ?
07:48J'ai toujours considéré, je l'ai toujours dit,
07:49que c'était le maillon faible du système régalier.
07:51– C'est la fin du « en même temps » ?
07:52– Je ne sais pas si c'est la fin du « en même temps », en tout cas.
07:54– Une politique plutôt de droite que vous préconisez, avec des élus de droite.
07:57Ce n'est plus le « en même temps » gauche et droite réunis.
07:59– En tout cas, je considère que la solution n'est pas dans la reproduction
08:05de l'architecture de la majorité telle qu'elle a été conçue en 2022.
08:10Je pense que la décision de dissoudre, prise par le Président de la République,
08:15ouvre une nouvelle phase.
08:16On peut très bien se dire, cette nouvelle phase, ce sera du désordre,
08:19ce sera de l'immobilisme, ou ce sera le Front National d'un côté
08:22où elle est fille de l'autre, moi, ce n'est pas ce que je veux.
08:24Et donc, je m'engage, je me bats, je vais faire campagne
08:27pour des candidats à horizon qui veulent construire,
08:29avec ceux issus de la majorité actuelle et avec d'autres, une nouvelle majorité.
08:34– Mais si vous étiez à côté de la plaque, pardon, M. le Premier ministre,
08:37parce que vous êtes parti de Matignon, Marine Le Pen est retournée
08:40au deuxième tour de l'élection présidentielle, encore plus haut.
08:43Le Rassemblement National est arrivé avec 88 députés.
08:46Le Rassemblement National fait 34% des élections européennes.
08:49– Vous voudriez que j'arrête de me battre pour mes idées ?
08:50Vous voudriez que je fasse comme M. Ciotti ?
08:51– Pas du tout, je dis simplement que les Français,
08:53est-ce que finalement, ils ne disent pas Edouard Philippe,
08:55la majorité et tout ce beau monde, sur le côté.
08:57– Mais c'est leur droit le plus strict.
08:59– Et vous êtes à côté de la plaque et vous n'écoutez peut-être pas
09:02le message qui est envoyé par les Français.
09:03– Mais ce n'est pas vous qu'ils diraient, ce sont les Français qui votent.
09:06– Ah ben oui, je suis Français aussi, je vote.
09:07– Je sais, évidemment, enfin, pardon, mais…
09:10– On est d'accord.
09:10– Je ne veux pas vous dénier ce mot-là, au contraire,
09:11je le respecte très sincèrement, mais ce que je dis, c'est qu'il faut…
09:14– Aujourd'hui, les Français envoient un message à toute la classe politique
09:16en disant, finalement, vous, on vous a tous essayé,
09:18et il n'y en a qu'un qu'on n'a pas essayé.
09:20– Mais très bien, mais qu'est-ce que vous déduisez de ça ?
09:21Vous déduisez que c'est bon, très bien, surtout qu'il n'y a plus d'élection.
09:23– Mais non, c'est parce que vous dites aux Français qu'il faut se battre,
09:25qu'il faut être encore plus à droite,
09:27mais on a l'impression qu'ils ne vous croient plus, les Français.
09:28– Je leur propose de construire une nouvelle majorité,
09:31je propose à celles et ceux qui se retrouvent dans un message
09:34de transformation d'ordre pro-européen, pro-européen.
09:39– Ben là, il faut dire non.
09:41Mais il n'empêche, monsieur, d'abord, un certain nombre de gens ont dit non.
09:44Il y a aussi beaucoup de gens en France qui pensent que sans l'Europe,
09:48on sera moins fort, que l'Europe, ce n'est pas un problème,
09:51c'est un élément de la solution, sans doute pas toute la solution.
09:53D'ailleurs, je pense qu'il y a énormément de choses qui dépendent de nous,
09:55et pas seulement de l'Europe.
09:56– Mais vous écartez l'idée quand même qu'on assiste peut-être à une vague,
10:00une vague qui porte le Rassemblement national au pouvoir,
10:04une vague qui a commencé…
10:05– Vous commentez ?
10:06– Et qui peut se terminer par une majorité absolue dans trois semaines
10:09pour Jordan Bardelais et Marine Le Pen ?
10:11– Je vous ai dit tout à l'heure que la lecture que je faisais de l'élection européenne,
10:17c'est que le Rassemblement national avait gagné et qu'il était le favori.
10:20Ce n'est pas parce que quelqu'un avec qui je suis en désaccord est le favori
10:24que je vais arrêter de me battre, au contraire, c'est maintenant qu'il faut y aller.
10:28C'est pour ça que je vais faire campagne pendant trois semaines,
10:30hyper activement, sur les plateaux, mais surtout sur le terrain,
10:33parce que j'aime ça et parce que je considère que les candidats horizon…
10:35– On ne comprend pas de quel côté vous faites campagne,
10:39c'est avec Emmanuel Macron, sans Emmanuel Macron, pour Emmanuel Macron ?
10:41– Je veux construire une nouvelle majorité avec ceux avec qui j'ai travaillé
10:44en bonne intelligence pendant sept ans, mais pas seulement avec eux,
10:47parce que je pense que ça ne suffira pas de reproduire ce périmètre
10:50et cette façon de faire, il faut changer,
10:52il faut tenir compte de ce que les Français ont exprimé,
10:55ils se sont exprimés, écoutons-les et proposons d'autres choses
10:59avec une base politique plus large pour pouvoir avancer plus vite.
11:02– Edouard Philippe, je crois savoir que vous avez déjeuné
11:05avec le Président de la République pour notamment préparer cette campagne
11:08des législatives à venir, il y a quelque chose qui me frappe
11:10quand je vous entends depuis le début de cet interview,
11:12vous vous assumez de dire, et de fait les sondages le montrent,
11:15que le Rassemblement National, Jordan Bardella sont les favoris.
11:18– C'est ma lecture.
11:19– C'est votre lecture, le Président de la République
11:21dans le Figaro magazine dit…
11:23– C'est une interview qu'il parait dans les colonnes de l'hebdomadaire,
11:28il dit « j'y vais pour gagner » et il dit même « je vais m'investir
11:32à fond dans la campagne, je vais faire trois interventions par semaine ».
11:37Il est dans une forme de déni, du rejet qu'il suscite
11:40le Président de la République.
11:41– Monsieur Duhamel, pourquoi est-ce que votre question part
11:44de quelque chose qui n'est absolument pas incompatible ?
11:46Le RN est favori et je peux assez bien concevoir
11:48que le Président a envie de gagner, et alors ?
11:51Il n'y a pas de sujet là-dessus, je considère que le RN est favori,
11:54mais moi je vais me battre pour que ce ne soit pas celui qui gagne.
11:56– Et vous croyez à la possibilité ?
11:57Edouard Philippe, le 9 juin, les Français infligent une sanction
12:00comme rarement on en a vu, le Rassemblement National fait près de 32%,
12:03la candidate de la majorité que vous avez soutenue,
12:05on a vu les images, elle fait 14%, et le Président de la République
12:09dissout et 48 heures après il dit « j'y vais pour gagner »
12:11comme si au fond, trois semaines après les Européennes,
12:13les Français allaient déjuger ce qu'ils ont dit aux Européennes.
12:16D'où cette question de savoir s'il n'y a pas une forme de déni
12:18de la part du Président de la République quand il dit « j'y vais pour gagner ».
12:22– D'abord vous lui poserez la question,
12:23parce que je ne suis pas responsable de ce qu'il dit,
12:25je peux comprendre ce qu'il dit, je viens de vous expliquer
12:27que quand on était un responsable politique, on n'y va pas,
12:32on ne croit pas que les élections sont jouées d'avance.
12:34Si on pense que les élections sont jouées d'avance, il faut faire autre chose.
12:36– Oui mais vous dites qu'il faut faire différent.
12:37– J'ai un tout petit peu d'expérience, probablement liée à mon âge
12:40qui devient au fur et à mesure des années un peu plus grand,
12:43j'ai un tout petit peu d'expérience, je sais que quand on pense
12:46qu'une élection est jouée d'avance, on prend un risque.
12:49Donc moi je n'ai jamais considéré qu'une élection était jouée d'avance.
12:52Et puis surtout, on ne se bat pas simplement
12:55parce qu'on pense qu'une élection est gagnée ou perdue,
12:56on se bat parce qu'on croit à des choses.
12:58Moi je crois que notre pays se trouvera plus mal
13:02si c'est le Front National qui est au pouvoir, je le crois sincèrement.
13:05Et je pense que notre pays se trouverait plus mal
13:07si c'était le prétendu Front Populaire, je dis prétendu Front Populaire,
13:11je trouve cette expression…
13:12– Ça vous choque cette référence à Léon Blum à 36 ?
13:15– Vous connaissez la remarque de Karl Marx,
13:19pardon de citer Karl Marx, ce n'est pas exactement ma famille de pensée.
13:21– L'histoire ne repasse pas les plats.
13:22– Non, non, ce n'est pas tellement ça, l'histoire se répète,
13:25la première fois elle est tragique, la deuxième fois c'est une farce.
13:28– C'est une farce ?
13:29– La deuxième fois c'est une farce.
13:30– Oui mais la gauche se met en ordre de marche,
13:34alors qu'on aurait pu parier sur une foire d'empoigne,
13:37visiblement ils sont en train de trouver un accord,
13:39ce qui n'est pas quand même une bonne nouvelle pour vous ?
13:41– Je ne sais pas, je ne sais pas sur quoi ils sont en train de trouver un accord.
13:44– Ils auront des candidats uniques peut-être dans les 577 circonscriptions ?
13:48– Et ensuite, est-ce qu'ils sont d'accord sur la politique étrangère,
13:51est-ce qu'ils sont d'accord sur la lutte contre l'antisémitisme,
13:54est-ce qu'ils sont d'accord sur l'Europe ?
13:55– Visiblement ces désaccords, ils les mettent de côté,
13:59vous voulez dire sur tous les sujets importants, on met de côté les désaccords ?
14:04Bon, voilà pourquoi je dis que ça ressemble à la citation de Karl Marx,
14:08la première fois c'était grand et tragique,
14:11la deuxième fois ça ressemble à une farce, c'est mon point de vue.
14:13– Les européennes ont été perdues pour la majorité,
14:15il faut faire donc différent pour gagner cette bataille législative,
14:18c'est ce que vous dites ?
14:19– C'est d'ailleurs pour ça que je considère que nous devons créer
14:22cette nouvelle majorité qui n'est pas exactement celle qui prévalait jusqu'à présent,
14:25qui n'est pas constituée de la même façon
14:28et qui est constituée sur les thèmes, il peut y en avoir d'autres,
14:30mais en tout cas ceux que je propose parce que j'y suis extrêmement attaché.
14:34– Gabriel Attal est le mieux placé pour mener cette bataille ?
14:36– Il est Premier ministre et j'espère qu'il va participer
14:39avec tout son talent à cette campagne,
14:42moi ce que je peux vous dire c'est que je vais la faire à fond.
14:43– Et à sa place, vous auriez dissuadé le Président de dissoudre ?
14:49Il semble-t-il que le Premier ministre a été étonné et a dit à Emmanuel Macron
14:53plutôt utilise-moi comme fusil plutôt que dissoudre,
14:56vous auriez dit la même chose ?
14:57– J'ai pris soin de garder pour moi ce qu'en général
14:59je pouvais recommander au Président de la République.
15:01– Parce qu'il vous suit assez rarement ?
15:03– Assez rarement, c'est vrai.
15:05– Mais alors là il va vous suivre dans ce que vous préconisez ce soir sur BVTV ?
15:10– Arrêtez de me poser des questions,
15:12arrêtez de me poser des questions auxquelles seules le Président de la République répond.
15:15– J'ai une question pour revenir à ce qui suscite tous ces débats,
15:19à savoir la dissolution.
15:21Est-ce que vos administrés au Havre, les Français avec lesquels vous discutez,
15:25ont compris fondamentalement pourquoi le Président de la République,
15:29alors même qu'il avait dit qu'il ne tirerait que des conséquences européennes de ce scrutin,
15:33alors même que quand on l'interrogeait lui, ses proches disaient
15:35que la dissolution n'en était pas question,
15:36pourquoi il a décidé le 9 juin au soir de dissoudre l'Assemblée nationale ?
15:41Est-ce que les Français avec qui vous parlez ont compris ?
15:43– Non, ils n'ont pas compris et ça suscite chez eux,
15:48en tout cas chez ceux que j'ai rencontrés,
15:50j'en ai rencontré quand même beaucoup depuis dimanche soir,
15:53de l'étonnement, de l'interrogation, parfois de la colère.
15:58– Pourquoi de la colère ?
15:59– De la colère parce qu'il y a beaucoup de gens qui pensent
16:01que c'est prendre un risque considérable de voir le Rassemblement national accéder au pouvoir,
16:05donc il y a de l'incompréhension, il y a parfois de la colère,
16:09il peut y avoir pour certains de l'amertume.
16:11– J'ai l'impression que vous parlez de vous là.
16:12– Non, non, je vous dis les choses de toute façon.
16:14– Vous, vous êtes dans la compréhension ou dans la colère ?
16:15– Moi je suis dans le combat, c'est un fait politique.
16:19– Que répondez-vous ?
16:21– Je vais vous dire, je m'énerve assez peu
16:23et j'essaie de contenir les accès de colère qu'ils pourraient me saisir.
16:26Moi ce qui m'intéresse, c'est d'essayer de me battre pour les idées auxquelles je crois
16:30et c'est d'essayer de le faire avec la méthode et avec le ton que je crois utile.
16:34Bon, je ne dis pas que c'est parfait, je ne dis pas que j'ai toujours raison,
16:38je ne dis pas que je ne me suis jamais trompé,
16:39mais je peux toujours dire que je suis sincère.
16:41– Juste Edouard Philippe, c'est important ce que vous dites
16:43parce que la colère de gens qui en plus,
16:46si ce sont vos administrés qui ont souvent voté pour vous au Havre,
16:49ce sont des gens qui j'imagine par le passé ont pu voter par Emmanuel Macron,
16:53pourquoi il y a cette colère et est-ce qu'au fond il y a cette idée
16:58que le président jouerait un petit peu avec le feu ?
17:01On a eu, je sais que vous n'aimez pas ces expressions,
17:02ce que vous avez dit ce matin sur RTL, apprenti sorcier, pompier pyromane,
17:05mais voilà cette idée au fond qu'il y aurait une sorte de coup de poker
17:09avec le risque que dans un mois, Jordan Bardella arrive à Matignon.
17:12Est-ce que c'est aussi cette colère et ce risque auquel vous pensez ?
17:15– Écoutez, encore une fois, vous l'avez dit vous-même,
17:18le président de la République s'exprimera,
17:19j'espère qu'il expliquera pour que les Français l'entendent et le comprennent,
17:25les raisons qui ont conduit à cette dissolution.
17:28Ce que je sais aussi et que je peux dire sans hésiter une seconde,
17:31c'est que redonner la parole aux Français, c'est jamais une mauvaise chose.
17:36Dans une démocratie, on n'a pas peur du vote des Français.
17:38– Quoi qu'ils choisissent derrière.
17:40– On n'a pas peur du vote des Français.
17:42Et je crois que le président de la République n'a pas peur du vote des Français.
17:44Et il a raison.
17:45Donc on n'a pas peur du vote des Français,
17:47on explique les choses, on se bat pour ses idées,
17:49on espère convaincre, on espère mobiliser,
17:51mais on n'a pas peur du vote des Français,
17:53et donc redonner la parole aux Français n'est pas une mauvaise chose.
17:58– Mais dans un contexte quand même très particulier,
18:00nos finances ne sont pas bonnes,
18:02on a été dégradé par une agence de notation,
18:04on voit que les taux d'intérêt de la dette progressent,
18:10est-ce que c'était le bon moment de créer une instabilité politique ?
18:14– Encore une fois, c'est une décision qui appartient au président de la République,
18:18c'est lui qui l'expliquera.
18:20– Notamment aux enjeux financiers.
18:21– Les enjeux, ils sont là.
18:24Le fait que pendant trop longtemps,
18:26on a laissé dériver et prospérer une forme d'addiction française
18:31à la dépense publique,
18:33le fait qu'aujourd'hui notre dette est très élevée,
18:36pour des raisons qui d'ailleurs parfois s'expliquent très bien,
18:39parfois sont plus conséquentes, mais parfois s'expliquent très bien,
18:41le choc du Covid a conduit en effet à une augmentation
18:44assez considérable de la dette publique, on sait assez bien pourquoi.
18:46– Mais toutes les dépenses étaient justifiées ?
18:48Avec le recul, maintenant on peut…
18:49– C'est plus facile à dire maintenant que sur le moment.
18:51– Avec le recul, avec le recul.
18:53– En tout cas, ce qui est certain,
18:56c'est que ce niveau de dette est un sujet,
18:59ce niveau de dette crée une fragilité française,
19:02une dépendance et une forme d'atteinte à notre sécurité
19:05et à notre souveraineté, c'est ce que je crois,
19:07je le crois profondément.
19:08Je n'ai jamais compris, jamais,
19:10ceux qui pensaient que le sujet de la dette
19:12n'était pas un sujet ou qui n'était pas grave.
19:14Je le dis, je ne suis pas toujours hyper populaire, parfois ça l'est,
19:16je crois qu'il y a beaucoup de Français qui savent
19:18qu'il ne faut pas être dans une approche strictement comptable,
19:22je sais bien qu'on n'est pas là pour dire
19:27qu'il faut que ce soit à la virgule près, peut-être.
19:29Ce que je dis, c'est que l'argent public c'est important
19:34et qu'un trop haut niveau de dette publique,
19:37c'est une faiblesse et c'est une faiblesse pour la France
19:40et je pense que nous ne devons pas accepter ces faiblesses.
19:43Notre étape providence, notre système à la française est menacée, justement.
19:47Mais je pense que notre système est menacé,
19:49mais ce n'est pas simplement notre système social qui est menacé,
19:52c'est d'une certaine façon notre capacité à réagir à des crises,
19:55c'est notre capacité à faire des choix et à les financer,
19:58ce sont nos marges de manœuvre,
20:00c'est un peu techno de dire les marges de manœuvre,
20:01mais quand il y a un problème,
20:03c'est mieux de l'aborder avec des marges de manœuvre que sans,
20:05c'est mieux de l'aborder avec un peu de liberté qu'avec beaucoup de contraintes
20:08et tout le monde sait ça, tout le monde sait ça.
20:10C'est pour ça que…
20:11Alors après c'est très difficile de réduire la dépense publique,
20:14je le sais, moi j'ai essayé de la contenir,
20:15j'ai pris parfois des décisions difficiles, en 2017…
20:17Pourquoi c'est difficile en fait ?
20:18Parce que…
20:19Ils ont une bonne raison de ne pas faire des économies ?
20:21Je vous dirai assez volontiers, et je m'excuse de cette comparaison,
20:24que globalement, pas tout le monde, pas tout le temps,
20:27mais globalement notre pays, depuis 50 ans,
20:31écoutez c'est pas compliqué, j'ai 53 ans,
20:34je suis né en 1970, le dernier budget en équilibre c'est 1974,
20:38ça fait 50 ans.
20:39On vit au-dessus de nos moyens.
20:41Depuis 50 ans, nous avons une forme d'addiction à la dépense publique,
20:45et pourquoi je dis une addiction ?
20:47Parce qu'à chaque fois qu'il y a un problème,
20:48alors même qu'on sait que c'est un sujet,
20:50on en demande plus.
20:51On se tourne vers les arts.
20:52C'est très exactement la définition d'une addiction.
20:54Donc il faut que nous contenions la dépense sociale,
20:58qui est la plus grande partie de l'augmentation de cette dépense,
21:02et c'est pas simple, mais il faut le faire.
21:03Il faut que nous prenions...
21:04C'est pas toujours très populaire.
21:05Non, c'est vrai, c'est vrai.
21:07Mais sur la popularité...
21:07Mais il faut le faire quand même.
21:08Par exemple, il faut assumer aussi de dire,
21:10et le président de l'ALGEX sera sans doute interrogé là-dessus...
21:12Pardon monsieur Duhamel, je voudrais juste terminer.
21:14Contenir la dépense sociale,
21:15prendre les politiques publiques, où on dépense beaucoup d'argent,
21:18et qui fonctionnent pas bien.
21:19Quoi par exemple ?
21:20La politique du logement.
21:2140 milliards d'euros, 40 milliards d'euros,
21:23et objectivement une politique qui fonctionne pas,
21:25parce qu'on a des normes qui sont incompatibles
21:27avec les objectifs qu'on s'est fixés,
21:28parce que...
21:30Il faut reprendre tout ça.
21:31Et c'est redoutablement compliqué.
21:33Mais si on ne le fait pas,
21:35on ne pourra pas consacrer les moyens qu'il faut
21:38aux sujets qui sont les plus importants dans notre pays.
21:39Mais vous en avez déjà parlé quand vous étiez à Matignon,
21:41qu'est-ce qui vous a empêché de le faire à Matignon alors ?
21:43Le président de la République ?
21:44Je me permets de vous faire observer que en 2017, 2018 et 2019,
21:50nous avons diminué le déficit assez sensiblement,
21:54aidé par la croissance, mais tant mieux,
21:56et que nous avons même limité la progression de la dépense publique,
22:00en volume,
22:01et que je crois, vous vérifierez,
22:03que ça n'est arrivé que deux fois en 40 ans.
22:07Je ne l'ai pas fait parce que je suis plus intelligent que les autres,
22:09je l'ai fait parce que je suis très inquiet
22:12du risque que cela pose pour notre pays.
22:15Et ensuite, on a affronté le Covid.
22:17Et le président de la République a bien fait de dire pendant le Covid,
22:20le quoi qu'il en coûte,
22:21que la situation était tellement complexe et tellement risquée
22:24qu'on ne pouvait pas laisser les Françaises et les Français seuls
22:27face à cette situation et qu'il fallait donc accompagner financièrement.
22:29Et il a eu parfaitement raison.
22:31Évidemment, c'est facile aujourd'hui de dire
22:32oui, mais ça augmente la dette.
22:33N'empêche qu'il a eu parfaitement raison.
22:34Vous évoquez la dette,
22:36on voit les conséquences de cette dissolution depuis dimanche soir,
22:38non seulement un certain nombre de cours de bourse s'effondrent,
22:40aussi ce qu'on appelle le spread,
22:41c'est-à-dire l'écart des taux d'intérêt entre la France et l'Allemagne
22:45qui n'a jamais été aussi élevé depuis quelques années.
22:48Est-ce que vous dites qu'il y a un risque financier
22:51à ce que le Rassemblement national arrive au pouvoir
22:54et que la France se retrouve dans une situation similaire à celle de la Grèce ?
22:58Par exemple, est-ce qu'il y a un risque financier ?
23:00La France, c'est un grand émetteur de dettes.
23:03C'est le terme pour dire qu'en fait, on emprunte énormément.
23:07C'est même le plus gros emprunteur de toute l'Europe continentale.
23:11Donc on emprunte énormément.
23:13On arrive sans problème aujourd'hui à emprunter.
23:16L'État français, il place sa dette, comme on dit, sans aucun problème.
23:21Il la place un petit peu plus chère aujourd'hui qu'il y a deux ans,
23:25parce que les taux d'intérêt ont augmenté.
23:27Il la place un petit peu plus chère et surtout un petit peu plus chère que les Allemands.
23:34Qu'est-ce qui fait qu'on arrive encore à emprunter ?
23:37D'abord, la richesse française.
23:38On est un pays endetté, c'est vrai,
23:40mais on ne va quand même pas non plus oublier qu'on est un pays extraordinaire
23:44avec des entreprises extraordinaires,
23:45avec des Françaises et des Français qui ont de l'initiative,
23:47avec une création de richesse, avec un patrimoine exceptionnel.
23:50Donc la France, parce qu'elle est la France, peut continuer à emprunter.
23:53La deuxième chose, c'est qu'elle est regardée, à juste titre,
23:56par tout le monde, comme un pays sérieux,
23:59c'est-à-dire comme un pays qui, certes, a une dette publique importante,
24:02mais qui rembourse ses emprunts quand c'est nécessaire,
24:05qui a une stabilité politique et qui tient les engagements qu'elle prend.
24:09Tout élément d'instabilité sera un élément de fragilité.
24:14Ça, c'est vrai.
24:15Et l'arrivée au pouvoir de l'Assemblée nationale sera un élément d'instabilité ?
24:20Je pense qu'on va mesurer aussi cet aspect-là.
24:26Vous évoquez l'instabilité, sans faire de politique fiction,
24:29parce que je sais que vous n'aimez pas en faire,
24:31comme la plupart des politiques d'abord.
24:32Si, j'aime bien en faire, mais en général, j'en fais quand j'écris des livres.
24:34D'accord, donc pas sur les plateaux de télévision, mais j'essaye quand même.
24:37Il y a un scénario, le 7 juillet au soir,
24:40c'est-à-dire le deuxième tour des élections législatives,
24:42où l'Assemblée nationale est ingouvernable.
24:45Encore plus qu'aujourd'hui.
24:45Encore plus qu'aujourd'hui, où vous avez trois blocs,
24:48un bloc Front populaire assimilé, un bloc dit central,
24:52et un bloc du Rassemblement national.
24:54Dans ce cas-là, que se passe-t-il ?
24:55Certains disent, au fond, l'étape institutionnelle d'après,
24:58il n'y aura pas d'autre choix pour Emmanuel Macron que de démissionner.
25:01Vous avez raison, je n'aime pas la politique fiction, et je sais pourquoi.
25:04Parce que quand on commente ce qui pourrait arriver,
25:06on oublie de se battre pour faire en sorte de gagner.
25:10Donc moi, je ne vais pas m'abandonner et me perdre dans la politique fiction.
25:12Je vais faire campagne, tous les jours, sur le terrain,
25:15sur les plateaux de télévision, partout où je pourrais, pour faire en sorte.
25:18Ce scénario que vous décrivez n'arrive pas.
25:21D'accord, mais il faut toujours anticiper aussi quand on fait de la politique.
25:24Et parfois anticiper le pire.
25:25Mais il faut être dans le combat.
25:26Mais justement, vous dites, je suis dans le combat.
25:27Il y en a un autre qui est dans le combat, et on le comprend,
25:28c'est le président de la République, Emmanuel Macron.
25:30Demain, il tient une conférence de presse,
25:31il a dit qu'il allait parler trois fois par semaine.
25:34Je crois que ça a été démenti.
25:35Mais il sera très présent.
25:37Mais est-ce que cette présence, ça risque pas d'être repoussoir
25:43et pousser davantage les électeurs vers le Rassemblement national ?
25:45Est-ce que ce n'est pas un rejet de la personne d'Emmanuel Macron aujourd'hui ?
25:48Je pense que nous gagnerons si nous essayons de faire en sorte
25:55que ce que nous disons est entendu.
25:57Mais le « nous », c'est qui ?
25:58C'est tous ceux qui se retrouvent dans la démarche que j'ai évoquée tout à l'heure.
26:01C'est un certain nombre de gens qui sont tissus de la majorité actuelle.
26:04Il faut qu'Emmanuel Macron parle et qu'il soit très présent dans cette campagne ?
26:06Je ne suis pas sûr, pour être honnête,
26:10qu'il soit complètement sain que le président de la République
26:12fasse une campagne législative.
26:15Pour une raison claire, c'est qu'il est président de la République.
26:18Comme il est président de la République, il peut évidemment exprimer une préférence.
26:22Il est un acteur de la vie politique, bien entendu.
26:24Mais il est aussi président de la République.
26:26Et il est président de la République dans un moment où, de toute évidence,
26:32les institutions vont être soumises à des turbulences.
26:35Mais ça se cristallise aussi autour de sa personne aujourd'hui.
26:37Ce qui me paraît donc justifier qu'il soit totalement,
26:42complètement, sereinement président de la République.
26:45Et pas chef de file d'une campagne législative.
26:49Pas de meeting, par exemple.
26:50Il me semble naturel qu'il dise des choses.
26:52Franchement, personne ne peut lui contester ni la légitimité…
26:55Sur tout ce qu'il a décidé d'y souhaiter.
26:57Mais je pense qu'il faut qu'il soit très président aujourd'hui.
27:01Je vous avais par exemple entendu dire,
27:03quand il était question d'un éventuel débat proposé par Emmanuel Macron à Marine Le Pen,
27:08que cette proposition était surprenante.
27:10Je crois que c'est le mot que vous aviez utilisé, on est d'accord.
27:13Là, dans ce cadre, si, comme certains semblent l'esquisser,
27:17il y a cette possibilité d'un débat.
27:18Est-ce que là, vous dites, pour le coup, c'est une élection nationale,
27:20donc il y aura une forme de clarification à voir ces deux visions s'opposer ?
27:23Ou est-ce que là encore, institutionnellement, dans l'épure de la Ve République,
27:27ce n'est pas au président de la République d'aller faire ce type de débat ?
27:29Le président de la République fera comme il l'entend.
27:32Et c'est lui qui choisira le degré…
27:34Franchement, je ne vois pas comment je pourrais répondre à votre question.
27:37Ce que je crois, très sincèrement, je vous l'ai dit.
27:39Je pense que compte tenu de la période dans laquelle nous vivons,
27:42il faut que le président de la République soit au-dessus.
27:46Complètement au-dessus.
27:47C'est ce que je crois. Donc je vous réponds.
27:49Est-ce qu'Emmanuel Macron n'a pas envie de faire la campagne
27:51qu'il n'a peut-être pas fait suffisamment en 2022 ?
27:54Et d'ailleurs, ça aboutit à un échec de l'initiative.
27:57Je ne fais pas de psychologie présidentielle, vous l'avez dit, c'est une analyse politique-fiction.
28:00Est-ce que cette campagne n'a pas manqué en 2022
28:02et finalement, on se retrouve là aujourd'hui avec ces difficultés ?
28:06Ce qui est certain, c'est que la situation qui résulte de 2022,
28:09c'est-à-dire d'une majorité relative,
28:12avec une incapacité à construire des coalitions,
28:15n'est, je le crois, pas une bonne solution.
28:17Nous sommes dans un régime parlementaire.
28:19Ça agace parfois un certain nombre de gens quand je dis que nous sommes dans un régime parlementaire.
28:22Nous sommes dans un régime parlementaire.
28:23Dans un régime parlementaire, il faut savoir construire des majorités.
28:26Alors, la majorité, Elisabeth Borne l'a fait au cas par cas,
28:30et c'était difficile, et elle l'a fait du mieux qu'elle pouvait.
28:33Je lui tire mon chapeau parce que ça devait être extrêmement compliqué,
28:36parce que c'était extrêmement compliqué.
28:38Mais on voit bien que, durablement, c'est intenable.
28:41Mais excusez-moi, monsieur Denormandie, mais depuis 25 minutes que vous êtes avec nous,
28:44je n'ai toujours pas compris ce qui pourrait empêcher le Rassemblement national
28:47de gagner les 30 juin et 7 juillet.
28:49Les Français, par leur vote ?
28:52Ils sont exprimés aux européennes.
28:53Oui, ils vont s'exprimer aux législatives.
28:55Mais j'ai l'impression que…
28:56Qu'est-ce que vous voulez que je vous…
28:57Pardon, dans ce que vous avez dit, je n'ai pas entendu d'idée forte,
29:01aujourd'hui venant d'un ancien Premier ministre,
29:03qui puisse dire, voilà le barrage républicain, voilà ce sur quoi je m'engage,
29:07voilà pourquoi les Français seraient dans l'erreur en votant un Rassemblement national.
29:09Je n'ai toujours pas compris, je ne l'ai pas entendu.
29:11Je vous ai dit que je voulais construire une nouvelle majorité.
29:13Oui, mais ça veut dire quoi ?
29:14Une nouvelle majorité.
29:15Oui, mais c'est flou, excusez-moi, c'est flou.
29:17Je veux construire une nouvelle majorité sur les thèmes que je viens de dire,
29:20avec tous ceux qui se retrouvent dans ce que je suis en train de dire,
29:22c'est-à-dire tous les éléments du Bloc central,
29:24entre les Républicains d'un côté…
29:26Vous retenez vos coups.
29:29Je ne retiens pas mes coups, je dis les choses le plus directement possible.
29:32Je veux construire une nouvelle majorité.
29:34Je veux le faire avec toutes celles et ceux qui ne veulent pas du Front national
29:36et qui ne veulent pas du Front populaire.
29:38Je veux le faire avec tous ceux qui pensent que nous devons absolument bouger,
29:42que nous devons rétablir de l'ordre.
29:44Je l'ai dit, dans nos comptes, dans la rue, dans nos têtes aussi,
29:47il y a un moment où les grandes facilités,
29:49l'antisémitisme quasi débridé qui s'exprime dans le débat public,
29:54les atteintes répétées à la laïcité, tout ça, ça ne peut pas prospérer.
29:57Ce n'est pas la France que nous voulons construire, ce n'est pas la France que nous aimons.
29:59Bon, que nous devons…
30:01Pourquoi vous me parlez du Front de gauche, là ?
30:04Je vous parle de ce que je veux construire avec tous ceux qui croient à ça.
30:07Il y a beaucoup de gens qui croient à ça.
30:08Depuis la droite conservatrice, ils l'ont d'ailleurs dit,
30:10depuis la droite républicaine, ils l'ont d'ailleurs dit,
30:12ils ne veulent pas du Rassemblement national, jusqu'aux sociodémocrates…
30:14Ça peut aller jusqu'à une partie de la gauche, à Bernard Cazeneuve,
30:17des personnalités qui pourraient aussi…
30:18Jusqu'aux sociodémocrates qui se reconnaissent dans l'économie de marché,
30:22qui se reconnaissent dans le pro-européen,
30:24qui se reconnaissent dans la nécessité de faire attention avec l'argent public.
30:27Je dis à tous ceux-là, si nous voulons prévaloir,
30:30si nous voulons emmener la France vers là où nous pensons que c'est nécessaire,
30:33et pas dans une dérive droitière ou dans une expérience nupcienne,
30:38voire éléphiste, il faut se parler,
30:40et il faudra réussir à construire quelque chose ensemble.
30:42Et pardon, en vous disant ça, j'ai l'impression que j'ai dit des choses
30:44qui sont extrêmement claires.
30:46Édouard Philippe, on vous a interrogé pour savoir si vous pourriez être
30:50Premier ministre de ce futur Bloc central.
30:52Vous avez dit non, non, j'ai d'autres ambitions.
30:53Sur ces autres ambitions, est-ce que la période de grande instabilité,
30:58de crise politique, on peut le dire, ne nécessiterait pas
31:02que vous accélériez encore un peu plus et que vous assumiez de dire aux Français,
31:05ceux qui nous regardent ce soir, vous parlez d'un projet politique,
31:07vous dites il faut une nouvelle majorité, d'assumer très clairement
31:10que oui, vous serez candidat à l'élection présidentielle,
31:13candidat pour succéder à Emmanuel Macron.
31:16Est-ce qu'il ne faut pas accélérer ?
31:19Quand le moment de l'élection présidentielle viendra,
31:21croyez-moi, vous n'aurez aucun doute, ni sur la clarté de mon propos,
31:25ni sur la détermination qui m'anime.
31:27Aucun.
31:28Aujourd'hui, ce n'est pas l'élection présidentielle qui joue.
31:30Aujourd'hui, c'est l'élection législative.
31:33Bon, moi je vais faire cette campagne législative et je vais le faire à fond
31:37parce que je considère que ce qui se joue pour le pays,
31:39aujourd'hui, est totalement décisif.
31:41Voilà, et je ne confonds pas une élection avec une autre.
31:45Mais quand vous me voyez, Monsieur Duhamel,
31:49je vous prie de croire que je ne suis pas celui qui fait les déclarations
31:51les plus martiales avec un menton crispé.
31:53Certains doutent de votre détermination.
31:55Écoutez, qui doute ?
31:57Moi, je sais où je vais,
31:58je sais pourquoi je me suis engagé en politique,
32:00je sais pourquoi j'ai créé Horizon en 2021,
32:02je sais pourquoi aujourd'hui je vais présenter des candidats à Horizon,
32:05je sais pourquoi je me prépare,
32:08pourquoi je rencontre des Françaises et des Français partout en France,
32:12dans les préfectures, dans les sous-préfectures,
32:13absolument partout en France,
32:15parce que je considère qu'en 2027,
32:17Mme Le Pen, elle, elle sera préparée.
32:20Donc vous voulez être prêt pour 2027 ?
32:22Vous voulez être prêt pour 2027 ?
32:23Vous voyez que vous comprenez ce que je dis ?
32:24Oui.
32:25Ben d'accord, c'est clair, c'est clair.
32:27Là, c'était clair.
32:28Une dernière question, le front républicain,
32:30vous y croyez encore pour faire barrage au Rassemblement national ?
32:33Je crois qu'il y a beaucoup de Françaises et de Français
32:35qui ne pensent pas forcément la même chose,
32:38mais qui sont attachés à ce qu'il y ait un socle de valeurs républicaines qui prévale.
32:42Donc je ne crois pas que simplement la mention du front républicain
32:45suffise à battre Mme Le Pen.
32:47Je ne le crois plus.
32:48En revanche, je pense qu'il y a beaucoup de Françaises et de Français,
32:51de droite, de gauche, du centre évidemment,
32:53qui n'acceptent pas ça et qui peuvent s'entendre et qui peuvent travailler ensemble.
32:55Alors une question très concrète.
32:56Au soir du 30 juin, il y aura des deuxièmes tours
32:58et il y aura des circonscriptions dans lesquelles vous aurez des seconds tours
33:02entre le Rassemblement national et Front populaire
33:06ou un candidat de gauche, voire d'extrême gauche.
33:08Est-ce que dans ce cas-là, il faudra qu'il y ait une consigne,
33:12un barrage ou est-ce que vous renvoyez dos à dos ces deux oppositions ?
33:16D'abord, je considère qu'à chaque fois que nous n'aurons pas le choix
33:20entre Mme Le Pen et la gauche élèphiste,
33:29nous ne rendrons pas service aux Français.
33:31Donc je me bats pour éviter cela.
33:33Et si ça arrive ?
33:34Et il faut se battre.
33:35On verra quand ça arrivera.
33:36Mais je peux vous dire qu'il faut se battre pour éviter ça.
33:39Et je ne vais pas faire de grands déclarations.
33:41Je ne vais pas déclarer des choses sur le deuxième tour.
33:45Ce qui m'intéresse, c'est de faire campagne sur le premier.
33:47Donc juste, il n'y a pas de barrage dans votre esprit ?
33:50Il n'y a pas d'idée selon laquelle il faudrait faire barrage
33:52au Rassemblement national dans le cadre d'un second tour ?
33:54Je vous ai dit ce que je pensais.
33:55Je pense que lorsque le choix se sera entre la gauche élèphiste,
33:59je ne veux pas toute la gauche dans le même panier,
34:00mais entre la gauche élèphiste.
34:01Et RN élèphiste, c'est la même chose ou ce n'est pas la même chose ?
34:05Entre la gauche élèphiste, dont je considère qu'elle a intentionnellement
34:10utilisé tout le vocabulaire, toutes les caricatures,
34:15toutes les facilités de l'antisémitisme
34:18à bien des égards pendant la campagne européenne.
34:20C'est quoi le pire pour la France alors ?
34:22Je ne considère pas qu'on puisse avoir à faire ce choix.
34:27Donc je me bats pour essayer d'éviter que les Français aient à faire ce choix.
34:31Et je me bats, mais ce choix existera.
34:33Ce choix existera pour les Français, ils devront le trancher.
34:35Peut-être dans quelques circonscriptions.
34:37Et quel est le pire ?
34:41Je vous dirai le moment venu.
34:42Mais encore une fois, la pire façon de faire campagne pour ses idées,
34:44c'est de commander celle des autres.