Avec Charlie Le Mindu, inventeur de la haute coiffure.
Retrouvez "La question qui" sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/burne-out
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AmusantTranscription
00:00Bon, cette histoire de faux cheveux là, ça commence à m'énerver quoi.
00:03Je pense qu'une explication s'impose.
00:06Balance le son.
00:09On fait roucou en tissage, c'est plutôt lissage que vous clash.
00:13Trésor fait ma couleur.
00:17Bleu, blanc, rouge, même pas vert.
00:21J'ai mes défauts cheveux, j'assume mes défauts cheveux.
00:24Nous mettons des faux cheveux.
00:26Si t'es pas d'accord, dites-le à la côté gauche.
00:30Si t'es pas d'accord, dites-le à la côté droite.
00:33Mon gars, si t'es pas d'accord, dites-le à la côté.
00:36Bonjour Charlie Lemindieu.
00:37Salut, ça va ?
00:38Ça va et vous ?
00:39Oui, très bien, merci.
00:40Merci d'être là.
00:41Vous connaissez la haute couture, vous avez inventé la haute coiffure,
00:44des sculptures capillaires démesurées et des cheveux qui s'agitent dans tous les sens sur les podiums,
00:48la tête de Lady Gaga ou la scène du Crazy Horse.
00:51L'année dernière, vous avez installé des centaines de perruques au grand magasin La Samaritaine,
00:55ça s'appelait Paris au poil parce que, comme moi, vous affectionnez les jeux de mots, j'imagine.
00:59Charlie Lemindieu, vous vous définissez comme un tricophile.
01:02Ça veut dire quoi, être un tricophile ?
01:04Être un tricophile, c'est avoir une obsession, on va dire, érotique ou sexuelle,
01:09du cheveu, du poil, peu importe où elle se trouve en fait.
01:12Et vous, cette obsession, vous en avez fait un métier ?
01:14Alors, c'était pas sexuel au début, c'était une obsession qui venait de ma mère, on va dire.
01:18Ma mère était une femme très poilue, donc voilà, ça venait de là.
01:23Je me rappelle, je lui peignais les jambes tout le temps,
01:26je lui mettais du gel sur les jambes et je lui peignais les poils de jambes.
01:29Donc ça vient d'ici, je pense.
01:31Et à quel moment vous vous êtes rendu compte, ah bah tiens, en fait, c'est quelque chose dont je peux faire un métier ?
01:37Je pense que c'est les 6 ans, j'avais des barbies, des têtes à coiffer, donc je pense que ça vient de là.
01:43Ma tante avait un salon de coiffure aussi.
01:45Donc dès que j'avais 8 ans, j'allais passer le balai là-bas et ça m'a de suite intéressé.
01:52Vous comprenez que l'idée de porter des cheveux des autres sur leur tête puisse repousser certaines personnes ?
01:57Vous avez une réflexion intéressante en comparant ça à de la fourrure ?
02:01Disons que c'est comme la fourrure, sauf qu'on tue personne pour l'instant, pour en mettre.
02:06Après, je peux comprendre.
02:08Moi, le cheveu me répugne un petit peu aussi, de toute façon, de temps en temps.
02:12Surtout que j'en reçois des kilos et des kilos par an, même par semaine.
02:18Les gens vous en envoient ?
02:21J'ai un dealer de cheveux, en fait.
02:26Les gens ne m'en envoient pas, non.
02:28Je ne sais pas si je les accepterais.
02:30Vous ne les accepteriez pas ?
02:31Non, je ne pense pas.
02:32Parce que sinon, nous, on a vraiment pas mal de gens qui nous écoutent.
02:34Après, on peut toujours envoyer ses cheveux à des associations pour les enfants qui ont des problèmes,
02:41qui ont des allopécies, des cancers, des maladies.
02:45C'est toujours mieux de faire comme ça.
02:48On voulait vous faire rencontrer Bilal Hassani et Charlie LeMindieu, mais vous vous connaissez déjà ?
02:52Un petit peu, oui.
02:53Moi, je suis fan de Charlie LeMindieu, à la base, quand même, au tout début.
02:56C'est vrai ? Fan, fan, genre ?
02:58Oui, fan, fan.
02:59J'ai réussi, dans le premier clip de mon deuxième album, à porter une tenue, une robe et un chapeau.
03:06Que j'avais fait pour Gaga.
03:07Que tu as fait pour Gaga.
03:08Ou à Lady Gaga, pour les personnes qui nous écoutent, qui ne connaissaient pas son prénom.
03:13Elle avait des cheveux bleus quand elle a porté cette robe.
03:18Je m'en souviens très bien et j'ai pu la porter dans mon clip.
03:20Après, j'ai pu aller à une expo une fois.
03:23Je connaissais aussi ton travail avec Julie, avec Yael.
03:27J'ai toujours été très fan.
03:29Merci.
03:30Vous, Bilal, vous êtes connu pour votre collection de perruques excentriques, auxquelles, paraît-il, vous donnez même des noms.
03:35J'ai trouvé cette phrase dans une interview du JDD.
03:38« Elles m'animent, elles sont mon identité.
03:39Sans elles, je m'ennuie. »
03:40Pourquoi vous aimez tant vos perruques ?
03:42Ça vient à peu près du même endroit.
03:45J'étais fasciné par Dalida quand j'étais tout petit.
03:48Ma tante avait une boutique à Casablanca de prêt-à-porter féminin.
03:53J'y allais tous les jours pour aider les clientes.
03:57La télé derrière la caisse diffusait les clips de Dalida.
04:00Je voyais ses cheveux.
04:01Je disais « Je veux ses cheveux, je veux ses cheveux, je veux ses cheveux. »
04:03J'avais une obsession malsaine pour ça.
04:04Je dessinais.
04:05Je me dessinais avec des longs cheveux.
04:06J'avais ce personnage alternatif qui s'appelait Brush, qui était ma fée.
04:11Il avait des cheveux spirituels et qui avait des longs cheveux.
04:14Toujours les longs cheveux.
04:15J'étais très obsédé.
04:16J'ai pu en porter une pour la première fois à un concert de Lady Gaga quand j'avais 13 ans.
04:21C'était une perruque synthétique qui m'avait coûté 30 euros à l'époque.
04:25C'était un vrai investissement.
04:27C'était un budget de fou.
04:29Quand je l'ai portée, je ne me suis jamais autant senti…
04:33Même mes potes me disaient « Tu parles, comment tu parles ? Qu'est-ce qui se passe ?
04:36C'est quelqu'un d'autre ? »
04:38Elle m'accompagne depuis toujours.
04:40Je ne sais pas.
04:41Je pense que je m'ennuierais tellement si je n'avais pas un peu de cheveux sur scène.
04:44Même quand j'attends pour certains titres à enregistrer en studio, je viens avec mes petites wigs.
04:49Je les mets rapidement.
04:50Mes petits shake and go, j'appelle ça.
04:52Les perruques.
04:53On a essayé de vous faire rencontrer, mais c'est raté puisque vous êtes déjà…
04:57Merci.
05:00Charlie, votre tante vous lisiez avec un salon dans les Landes.
05:03Vous vous êtes essayé au métier de coiffeur dans un salon punk à Bordeaux.
05:05Mais les têtes humaines n'étaient pas suffisantes pour vous.
05:08C'est quoi la haute coiffure ?
05:09La haute coiffure, c'est quelque chose qui existe depuis des années, de toute façon.
05:12Je pense que ça a été créé dans les années 40 en France.
05:15J'ai essayé de remettre ça un peu au goût du jour.
05:18Vu que je suis un obsédé du cheveu et du poil, tout chez moi est recouvert de cheveux ou de poils.
05:23C'est vrai que j'ai commencé à travailler le cheveu plus dans le système de couture
05:30où je mettais la matière du cheveu sur des tissus pour en faire des fourrures humaines.
05:38Et du coup, c'est quelque chose qui m'a plu.
05:42Au début, j'ai fait ça pour des vegans et aussi pour Pitches qui m'avaient demandé
05:46en cheveux humains, mais je ne veux pas mettre de fourrure.
05:49Du coup, on a commencé comme ça.
05:51Après, j'ai vraiment pris goût et j'ai commencé à créer des collections.
05:54Et puis, c'est des vraies sculptures aussi.
05:56C'est-à-dire que j'ai vu des choses avec des formes incroyables.
05:59Il y a de tout.
06:00Après, j'en fais pour les balais.
06:01Moi, ce qui m'intéresse vraiment, c'est le mouvement du cheveu.
06:05Je vais très loin dans le cheveu, mais c'est vrai que, par exemple,
06:07l'origine du cheveu, d'où elle vient ?
06:09Donc, si j'achète un cheveu qui vient du Laos ou du Pérou ou autre,
06:13il aura un mouvement complètement différent.
06:15Donc, chaque projet a son origine de cheveu pour moi.
06:18C'est quoi une sculpture capillaire réussie pour vous ?
06:21Vous le disiez, il y a des cheveux qui se prêtent plus ou moins à l'exercice,
06:28au travail de la teinture, etc.
06:30C'est quoi un truc qui est réussi ?
06:33Réussi, je ne sais pas, mais je sais que, par exemple,
06:36le plus important dans la haute coiffure ou la couture,
06:40c'est respecter la qualité du produit.
06:42Et c'est vrai que, par exemple, si je veux quelque chose de couleur bleu ou rose,
06:49je vais peut-être travailler sur un cheveu d'Europe de l'Est qui sera déjà blanc.
06:53Comme ça, je n'aurai pas à le modifier chimiquement tout autant
06:56que sur un cheveu chinois ou péruvien sur lequel je devrais complètement décolorer.
07:00Ça va l'abîmer.
07:01Donc après, il y a plein d'étapes à prendre en compte.
07:06Après, ça dépend de vous, je pense.
07:09Aujourd'hui, quand vous voyez Bilal, vous avez déjà travaillé ensemble,
07:12mais ça vous donne envie de créer quoi pour lui ?
07:14Moi, j'adore Bilal.
07:15J'adore Bilal et je suis très content qu'il y ait Bilal dans notre communauté
07:20et surtout dans la pop en France.
07:21On a besoin de personnes comme Bilal.
07:23Plus, plus, plus, plus, plus.
07:25Et pour moi, pour créer, j'adore ce qui est très important,
07:28c'est la collaboration.
07:29C'est écouter Bilal, ce qu'il voudrait comme nouveau look.
07:32Et on va voir ce qu'on fait avec elle.
07:35Ça, c'est bien.
07:37Vous dites aussi que ce que vous aimez, c'est les cheveux en mouvement.
07:41Vous, Bilal, vous êtes une bête de scène.
07:43Ça vous apporte quoi à ce moment-là de sentir ça sur vous,
07:46cette parure, ce mouvement du cheveu ?
07:49Je ne pourrais pas l'expliquer avec les bons mots, je crois,
07:53mais c'est fondamental pour moi.
07:56Dans la scénographie, il y a le cheveu.
07:59Il doit bouger d'une certaine manière.
08:02Moi, ça me plaît.
08:04Comment ça fouette sur mon épaule, sur ma nuque.
08:07Ça vous donne une énergie en plus.
08:08Une énergie en plus.
08:09Et puis, j'aime bien avoir du vent.
08:11J'ai toujours deux ventilos avec moi.
08:13Et le mouvement un petit peu surhumain.
08:17Il y a ce truc un peu où tu défies la gravité
08:19parce que j'ai l'impression de voler un peu
08:21quand je les vois un peu devant moi exister comme ça.
08:24C'est beau.
08:26Et puis après, quand je vois les gens sur scène,
08:29surtout avec des cheveux.
08:30Moi, j'ai toujours été un grand fan de personnes
08:33qui pratiquent beaucoup l'extension de la perruque.
08:37Je pense à Beyoncé aussi.
08:39Quand j'allais voir Beyoncé en concert,
08:41j'avais des moments où pendant trois minutes,
08:43je pouvais vraiment juste phaser.
08:45Ça vous fait ça aussi, Charlie ?
08:47Aussi, oui.
08:48J'adore le pouvoir que le cheveu donne à une personne.
08:50C'est incroyable.
08:52Ça nous donne vraiment un pouvoir,
08:54que ce soit dans la rue, sur scène.
08:56Mais aussi, on peut se cacher derrière les cheveux,
08:58ce qui est incroyable.
08:59Quand on ne se sent pas en sécurité,
09:02on peut mettre les cheveux devant
09:04et on se cache vraiment.
09:05C'est une sorte de bouclier aussi.
09:07Et c'est ça que je trouve.
09:08Le pouvoir du cheveu, pour moi, est très fort.
09:10Merci beaucoup, Charlie Lemindieu, pour cette interview.
09:12Je conseille à tous les auditeurs et à toutes les auditrices
09:14d'aller jeter un coup d'œil à ce que vous faites.
09:16Et d'ailleurs, vous vous lancez dans un projet,
09:17cette fois musical, dont j'adore le nom.
09:19Ça s'appelle « Muchas Problemas ».
09:21Claro que si.
09:22Muchas Problemas.
09:23Merci beaucoup, merci d'avoir été là.