• il y a 6 mois

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00:00 La France et le monde qui commémore les 80 ans du débarquement de Normandie.
00:05 Et oui, jour pour jour, c'était donc le 6 juin 1944.
00:08 Dimitri Morgado, on parle donc d'histoire et de mémoire ce matin avec notre invité du 6.9 France Bleu Vaucluse.
00:14 Bonjour Laurent Jansonnet.
00:15 Bonjour.
00:16 Vous êtes un ancien professeur d'histoire, notamment au collège et au lycée Saint-Louis à Orange.
00:20 Aujourd'hui à la retraite, vous êtes spécialiste de l'histoire militaire
00:24 et vous êtes passionné par cette seconde guerre mondiale.
00:27 Justement, ce n'est pas trop frustrant d'être là en Vaucluse aujourd'hui
00:31 et pas sur les plages du débarquement pour vivre ça de très près ?
00:33 Pour différentes raisons, non, ce n'est pas frustrant.
00:35 On commémore à sa façon, c'est mémoriel donc c'est interne.
00:38 Ensuite, la foule, je la déteste un peu.
00:43 Ceci dit, je connais très bien les plages du débarquement.
00:45 J'y suis allé plusieurs fois, au mémorial de Caen
00:48 et sur l'ensemble de la côte qui a reçu les débarquements en juin 1944.
00:52 Justement, on va revenir ce 6 juin 1944.
00:54 Le débarquement est en cours en Normandie, à 1000 km de chez nous.
00:58 Qu'est-ce qui se passe ce jour-là dans la tête des Vauclusiens ?
01:01 Ils sont au courant de ce qui se passe, comment ils l'apprennent ?
01:03 Comme l'a dit ma collègue des bibliothèques, non, on n'est pas au courant tout de suite.
01:09 C'est peut-être très tard dans la soirée, voire même le lendemain.
01:12 Toujours est-il qu'il y a toujours la censure de Vichy qui règne
01:15 et donc l'information est très difficile à faire passer.
01:17 Les messages qui concerneront le département à cette date du 6 juin
01:21 sont ceux qui sont adressés à la résistance.
01:24 Et qui leur donnent en quelque sorte le feu vert pour commencer l'action immédiate.
01:29 Bien qu'il y ait eu un contresens sur la compréhension du message,
01:32 le fameux "Méfie-toi du Toreador"
01:35 et à lancer les résistants dans une action immédiate alors qu'il était un peu précoce.
01:40 - François Vaucluse, il est 7h48, qu'est-ce que le débarquement évoque pour vous ?
01:44 On ouvre le grand livre de l'histoire ce matin.
01:46 On l'évoque avec Laurent Jansonnet, professeur d'histoire à la retraite,
01:50 spécialiste de l'histoire militaire et vos souvenirs que vous nous racontez au 04-94-0404.
01:56 On est à Carpentras et on va aller discuter ce matin avec Paul.
01:59 Bonjour Paul. - Bonjour.
02:00 - Souvenirs qui vous ramènent vous au collège ?
02:03 - Exactement, en place de 3ème en fait.
02:06 Moi je suis originaire de la région nantaise.
02:08 Et donc tous les ans, il y avait l'établissement organisé une journée sur les places du débarquement.
02:14 Donc on partait très tôt et on revenait très tard.
02:17 Mais j'ai eu l'occasion d'y aller et c'était à l'occasion de l'année du cinquantenaire du débarquement.
02:22 Donc il y a déjà ça, 30 ans.
02:25 Et donc j'ai pu voir ce dont parlait notre invité.
02:30 Donc le mémorial de Caen, qui est extrêmement intéressant avec des véhicules et autres qui sont présentés.
02:41 Et puis ces plages avec le cimetière aussi américain de Colville.
02:46 - C'est impressionnant.
02:47 - Voilà, impressionnant.
02:48 Et puis les trous d'obus qu'on voit encore, qui sont aussi très impressionnants.
02:52 De se dire qu'il y a eu énormément quand même de...
02:55 Il y a eu un pilonnage massif et ça a été vraiment quelque chose de violent.
03:00 Qui nous ramène quand même à une force et une puissance des combats qui est non négligeable et qui m'a beaucoup marqué.
03:07 Et actuellement, je suis enseignant.
03:09 Et aujourd'hui, je vais bien sûr en parler et développer ça avec mes élèves de CM2.
03:15 - Voilà, important du coup de faire vivre cette mémoire.
03:19 On va revenir sur comment on fait vivre...
03:21 - Merci Paul, pour ce souvenir à Carpentin.
03:23 - Merci beaucoup Paul.
03:24 La date ici, avant qu'on revienne sur comment on transmet.
03:27 La date ici qui est davantage, on va dire, dans les esprits, c'est celle du débarquement de Provence.
03:32 Ça c'est le 15 août.
03:33 Ça veut dire qu'il se passe quoi entre le 6 juin et le 15 août ici en Vaucluse ?
03:37 - Alors, le Vaucluse a été concerné par la guerre en soi à partir du 27 mai.
03:43 Les fameux bombardements qui ont malheureusement meurtri la ville.
03:46 Mais les Vauclusiennes n'ont pas pris conscience de ce qui va être la réalité de la guerre.
03:51 Il faudra attendre d'autres bombardements qui vont s'échelonner entre le mois de mai et le mois de juillet.
03:56 Pour qu'effectivement, ces actions de bombardement qui sont précurseurs d'un débarquement en Provence,
04:03 les informent de la venue de cet événement.
04:06 - Et justement, débarquement de Provence, on a Catherine au bout du fil.
04:09 - Oui, pour l'évoquer avec nous à Sceaux ce matin. Bonjour Catherine.
04:12 - Oui bonjour à tous.
04:14 - Témoignage intéressant qu'on va avoir avec vous puisque votre papa était résistant, lui c'est ça ?
04:18 - Oui, oui, oui. Bonjour Laurent, que je connais bien.
04:21 Mon père était un officier du BCRA envoyé en mission en avril 44 avec son radio.
04:27 Donc, Marcel Chaumien, Jean Soupiron.
04:30 Une mission en vue du débarquement de Provence.
04:33 Il devait relever plusieurs fois par jour la météo et les transmettre à Alger par radio.
04:39 Et finalement, après diverses péripéties, ils arriveront, eux ils sont le 6 juin, ils seront à Abt,
04:45 où le colonel Grégoire les conduira jusqu'à Renéchar,
04:49 qui leur procurera une maison appartenant à un agriculteur résistant, Romerrou, sur la commune de Viens.
04:56 Voilà, d'où ils pourront émettre.
04:59 Et ils vont travailler aussi pour Jean Fernand et Renéchar.
05:03 Voilà mon témoignage. Moi, bien sûr, j'ai visité les places du débarquement, c'est très très impressionnant.
05:10 - Cette histoire familiale, justement, c'est quelque chose qu'il se racontait chez vous ?
05:14 Vous avez toujours entendu parler de cette histoire ?
05:16 - Non, non, non. Mon père ne racontait que les anecdotes drôles.
05:21 Il y en a eu des assez dramatiques, notamment lorsqu'à la libération d'Abt,
05:26 il a abattu un chauffeur de saillie-car allemand.
05:30 Et moi, tout ce que j'ai appris, c'est par les historiens,
05:34 c'est par Jean-Marie Guillon, Romer Maccarini, Laurent Chansonnet, etc.
05:39 - C'était plutôt quelque chose qui a traumatisé la famille, l'histoire de famille ?
05:42 - Non, non, non, non, on n'en parlait pas.
05:45 Comme dans beaucoup de familles après la guerre.
05:47 Et donc depuis maintenant pratiquement 20 ans,
05:51 je m'investis auprès des concours nationals de la résistance,
05:55 organiser des expositions, des conférences, aller dans les collèges, les lycées.
06:00 - On n'en parlait pas, justement, ça va faire réagir Laurent Chansonnet.
06:03 - Alors si, les enseignants en parlaient, puisque c'était au programme du collège et du lycée,
06:08 en troisième et en première.
06:10 Ceci dit, comme l'a souligné le précédent intervenant,
06:14 le Souvenir français, par exemple, a organisé, en collaboration avec les établissements scolaires,
06:19 des déplacements et des visites sur les lieux mémoriels.
06:22 Et je dois retracer rapidement ce qu'a été le 24 mai de cette année,
06:28 où le Souvenir français a organisé sur le plateau de Sceaux,
06:31 une énorme manifestation mémorielle qui a permis à 600 étudiants,
06:36 élèves de collège, de venir assister à un parachutage sur le plateau de Sceaux,
06:41 ainsi que des stands qui avaient été organisés pour illustrer ce débat.
06:46 - Alors évidemment, l'enjeu de ces commémorations, c'est de rendre hommage,
06:49 et c'est ce que vous disiez aussi, on transmet cette mémoire.
06:52 Comment on fait pour intéresser les jeunes à ce débarquement ?
06:55 C'est il y a 80 ans. Comment on rend ça intéressant pour les jeunes ?
07:00 - Tout dépend de quel point de vue vous vous placez.
07:02 Si vous êtes l'enseignant, vous avez donc un programme qui est prévu à cet effet.
07:06 Moi je pense, et j'ai toujours soutenu l'idée, que le mémoriel passe par la famille.
07:11 C'est comme l'éducation. C'est là qu'on apprend des choses,
07:14 et c'est là qu'on transmet des choses, des valeurs notamment.
07:17 Si le mémoriel de la guerre n'existe plus, c'est que dans les familles,
07:21 on a déjà rompu le lien avec un ou plusieurs ancêtres qui ont participé
07:26 ou qui ont été témoins d'événements.
07:28 A partir de là, il devient relativement difficile de remotiver un jeune
07:33 sur des événements qui pour lui sont passéistes.
07:36 Les programmes d'histoire sont relativement courts sur le sujet,
07:40 mais les enseignants font tout leur possible,
07:42 notamment pour les amener sur des lieux mémoriels.
07:44 - Parce qu'il faut bien le dire, plus les années passent,
07:47 plus ceux qui ont vécu ce 6 juin disparaissent.
07:49 - Malheureusement, nous arrivons sur la centaine,
07:51 ils ont tous à peu près 100 ans, ceux qui avaient 20 ans au moment du débarquement.
07:55 Et de nouveau, ce sont des personnes rares.
07:59 - Et ça va dans le sens des commentaires qu'on a sur Facebook,
08:02 quand on vous demande ce que le débarquement évoque pour vous.
08:05 On a Patrick qui écrit "beaucoup n'avaient pas 20 ans".
08:07 Jean lui évoque simplement ce mot "liberté".
08:10 Pour Serge, il ouvre le livre de l'histoire lui aussi
08:13 en évoquant une grande précipitation des Américains dans ce débarquement
08:16 face à l'avancée des troupes soviétiques à l'Est.
08:18 Et puis Denis pense à ces jeunes qui se sont fait massacrer sur les plages.
08:22 On va saluer Catherine qui était avec nous à Sceau,
08:24 parce qu'on voudrait aussi prendre le témoignage ce matin
08:26 depuis Suse-la-Rousse de Martine qui nous rejoint.
08:29 Bonjour Martine !
08:30 - Ah Romanche, celui qui est à Languiller là.
08:33 - Oui Martine, on vous écoute.
08:35 - Vous êtes à Longterre ?
08:36 - Oui, bonjour !
08:37 - Ah Romanche, vous êtes en Normandie vous là !
08:39 - Ah non, non, non, oui, bon.
08:41 Avec mon mari, une année, nous sommes allés sur les plages du débarquement
08:44 et on était sur la plage d'un Romanche et nous avons rencontré un couple.
08:48 Et le monsieur avait débarqué le premier, nous a raconté son débarquement.
08:53 Il était dans l'armée anglaise et il a débarqué avec sa Jeep.
08:58 Alors avec humour, il disait que c'était le seul qui avait débarqué les pieds au sec.
09:02 Et il a débarqué sur la plage d'un Romanche au milieu de tout le reste quoi,
09:07 de tout ce qui est... des bombardements, enfin de tout quoi.
09:13 Et il nous racontait ça.
09:15 Chaque année, il revenait faire un pèlerinage à cet endroit là.
09:19 Parce que quand on l'a vu, il était assez âgé.
09:22 Et c'était... c'est presque inracontable.
09:25 Parce que bon, c'est tout dans sa tête, c'était difficile à sortir aussi.
09:29 C'était... voilà, c'était...
09:32 On a discuté longuement et ça faisait quelque chose de rencontrer quelqu'un
09:38 qui avait participé directement et qui était là presque...
09:42 Pardon, presque les larmes aux yeux en racontant ce qu'il avait vu, ce qu'il avait...
09:46 - Une émotion... - Et Martine ?
09:48 Oui, les gens qui mouraient, les gens qui... voilà, il y avait tout ça, il y avait tout.
09:52 Et c'est quoi l'ambiance quand on va sur ces plages du débarquement ?
09:55 On ressent ce qui s'est passé ?
09:57 Oui, c'est...
09:59 Je sais pas, nous...
10:02 Bon, il y avait des gens plus jeunes qui étaient là en train de...
10:05 Après on s'est baladés de partout, on a tout fait.
10:07 Qui jouaient au volet, qui jouaient au ballon, qui rigolaient.
10:09 Mais c'était pas le...
10:11 C'est lourd.
10:13 - C'est lourd. - C'est lourd.
10:15 - Merci beaucoup Martine. - Voilà, c'est votre chose.
10:17 - A dire... - En deux mots.
10:18 Sa dame, elle était en contact avec le maréchal Pétain.
10:22 Donc dans sa famille, ils étaient en contact.
10:25 Elle avait des lettres du maréchal Pétain qui racontait qu'il allait à des thés.
10:30 Il était invité à tel endroit pendant que les autres se battaient et se faisaient tuer.
10:35 C'est quand même aussi un peu...
10:37 C'est des à-côtés, mais ça fait quand même un peu drôle, quoi.
10:40 C'est exactement bien résumé.
10:42 Merci Martine, bonne journée à Suze Larousse.
10:44 - Merci beaucoup Martine. - Au revoir.
10:45 On remercie aussi Laurent Jansoney qui était avec nous.
10:48 Et la transmission de la mémoire, on en parlait, ça passe aussi par des bouquins.
10:51 Et vous en avez écrit un.
10:53 On a la jaquette, si vous pouvez nous en dire un petit mot, rapidement.
10:56 Il s'agit en quelque sorte d'une réponse à une personnalité de la résistance et de l'après-guerre
11:02 qui s'inquiétait du manque de parachutage destiné aux maquis pour les alimenter en armes.
11:08 Et donc j'ai mené une enquête pendant dix ans à travers les archives
11:11 pour pouvoir montrer qu'effectivement, il y avait eu des parachutages.
11:15 Et en conséquence, la résistance intérieure, quelle qu'elle soit,
11:19 avait les moyens de participer à la lutte aux côtés des alliés après le débarquement.
11:23 - Et ça s'appelle la SAP R2. - On trouve.
11:25 Alors ça se trouve dans les librairies, sur commande, à la FNAC ou sur tous les réseaux informatiques.
11:31 - Et ça s'appelle, Dimitri vous le disiez... - La SAP R2 1943-1944, parachutage et atterrissage en Provence.
11:37 - Donc on peut imaginer qu'il y en aura d'autres. - Ça c'est le tome 1.
11:40 - Voilà. - Ce qui laisse présager une suite.
11:42 - Ce qui laisse présager une suite, c'est excellent. - Merci Laurent Jansoney.

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