A une passante 1-3

  • il y a 4 mois
Transcription
00:00bonjour à tous alors dans cette relativement rapide vidéo nous allons
00:09revoir les points essentiels sur le texte 16 donc à une passante de charles
00:14bottelaire les éléments d'introduction vous les aurez eu en cours et vous les
00:18aurez en cours donc il ne sera pas nécessaire d'y
00:20revenir on va donc commencer directement par le commentaire du texte
00:25ce texte donc bien évidemment c'est un sonnet
00:28je donne quand même quelques points de repère très rapide et au moins de
00:31découpage c'est un sonnet des tableaux parisiens donc qui ont été publiés dans
00:35les fleurs du mal tout ça on en reparlera en introduction très rapidement
00:40donc vous aurez ces éléments dans ce sonnet donc pour la présentation c'est
00:47assez simple c'est un sonnet de rencontre une rencontre romanesque une
00:52rencontre qui donne lieu à une évocation lyrique de l'amour de sa
00:57fugacité de son caractère éphémère une des particularités de ce sonnet il
01:03y en a plusieurs mais la première c'est son cadre ce sont les tableaux parisiens
01:07donc c'est son cadre urbain on va y revenir il y a le premier vers qui est
01:10consacré l'autre particularité c'est là au-delà du style et du brillo
01:17bottelérien que nous analyserons c'est la figure qu'il donne du poète lui-même
01:23notamment au coeur du deuxième quatrain nous allons faire et nous allons proposer
01:28un découpage un peu original et un peu particulier pour ce texte puisque je vous
01:33propose de commenter seul dans une très courte première partie le vers 1 le
01:42vers 1 donc la rue assourdissante autour de moi hurler ce vers 1 c'est un cadre
01:48c'est le cadre spatial du poème et c'est un cadre que l'on peut qualifier d'hostile
01:53un cadre désagréable un cadre hostile on va y revenir mais ce sera seulement pour le
01:57vers 1 ensuite donc surgit cette femme au vers 2 3 4 et 5 qui donne à voir d'ailleurs
02:07certains dans leurs commentaires l'avait très bien vu un idéal de beauté bottelérien
02:11nous sommes confrontés à une beauté idéale à une beauté idéalisée et cela
02:16ça se passe des vers 2 à 5 donc ça s'arrête d'ailleurs avec le point avec sa jambe de
02:22statut ensuite la troisième partie se termine avec le quatrain donc les vers 6 7 et 8 sont la
02:34troisième partie nous avons ici affaire à la figure du contemplateur face à ce coup de foudre
02:41donc une figure du contemplateur qui est un peu dénigré on le verra face au coup de foudre et
02:48ça ce sont donc les vers 6 7 et 8 c'est à dire les trois derniers vers du deuxième quatrain
02:54enfin nous commenterons ensemble les deux tercets d'ailleurs je vous conseille quand
02:59vous avez en poésie à commenter des sonnets de bien marquer parce que c'est très fréquent
03:04qu'il y ait une vraie différence thématique entre l'espace des quatrain et l'espace des
03:09tercets je vous conseille de la marquer fortement et là elle est cohérente elle est thématique
03:13cette différence et elle se fait notamment donc avec les deux derniers tercets donc les vers 9 à
03:2014 sont une évocation de la fugacité et de la mélancolie amoureuse donc fugace qui passe vite
03:27et de la mélancolie donc fugacité et mélancolie amoureuse débutons donc le premier vers nous
03:35dresse le tableau d'un cadre hostile nous sommes bien dans la section des tableaux parisiens c'est
03:43à dire dans un espace urbain dans un espace parisien et probablement contemporain puisqu'il
03:51faut prendre ce texte comme un des éléments d'un ensemble constitutif et cet ensemble ce sont ces
03:57tableaux parisiens sections urbaines et modernes des fleurs du mal donc déjà dès le départ je
04:05dirais que le cliché du lyrisme amoureux est renouvelé immédiatement par Baudelaire le cliché
04:11du lyrisme amoureux c'est plutôt le cliché d'un espace rural voir bien évidemment bucolique de
04:17campagne le motif du lac de la montagne notamment qu'on trouvait beaucoup chez les romantiques et là
04:24on est immédiatement transféré dans un autre espace dans un espace renouvelé dans un espace
04:29beaucoup plus hostile et violent on va y venir qui est le cadre urbain et contemporain de paris
04:35au 19e siècle ce cadre il est marqué d'abord par le fait d'être extrêmement bruyant c'est le
04:43bruit bien évidemment qui ressort de ce verre la rue est personnifiée elle devient un acteur de ce
04:51poème à part entière et c'est un acteur violent et bruyant pour relever bien évidemment assourdissante
04:58et hurlée donc on a vraiment une montée même du volume sonore et surtout sens baudelairien très
05:06important le poète se retrouve privé de l'ouïe donc de sa capacité à entendre il est assourdi
05:14le fait d'être assourdi bien évidemment est un élément violent et négatif et le fait d'être
05:19assourdi va aussi avoir un effet bien évidemment sur ses autres sens comme vous le savez très
05:25souvent la privation d'un sens entraîne un phénomène de compensation donc on va par exemple
05:31développer davantage la vue le goût ou l'odorat ici baudelaire bien évidemment va adresser un
05:38portrait qui sera essentiellement visuel et donc étant privé de l'ouïe par le bruit ambiant il
05:46va se mettre à regarder davantage à voir d'un autre oeil dans la mesure où il est privé de ce
05:52sens la rue littéralement lui fait assaut la rue l'attaque puisque la rue est autour de lui comme
05:59s'il était encerclé donc avec ce passage on a vraiment l'idée d'un encerclement presque guerrier
06:06presque belliqueux comme dans une guerre où on lui ferait assaut cet assaut en plus cette violence
06:14de la rue cette violence du bruit cette violence de la sonorité elle est renforcée par l'usage de
06:19l'imparfait descriptif qui nous dit une action qui va s'étendre une action qui est une action de
06:26fond une action de second plan mais qui s'inscrit dans une durée et ça c'est marqué par l'usage
06:32de l'imparfait hurler vous pouvez aussi insister dans ce passage sur la cacophonie que donne à
06:39entendre baudelaire c'est très réussi il veut nous faire entendre un bruit assourdissant et
06:46il arrive à créer cet effet d'assourdissement dans son verre notamment par les sons voyelles
06:52vocaliques extrêmement nombreux rue assourdissante autour de moi hurler il ya un jeu d'assonance
06:58vocalique ou de voyelles très très fort dans ce verre qui crée vraiment sorte de cacophonie
07:05c'est à dire un effet extrêmement peu harmonieux voire disgracieux et désagréable c'est donc dans
07:12ce contexte violent dans ce contexte saturé dans ce contexte inélégant et cacophonique que va
07:20surgir la beauté la plus absolue donc je passe immédiatement à la deuxième partie qui donne
07:26à voir donc un idéal de beauté et cet idéal de beauté se révèle des vers 2 à 5 longue mince en
07:35grand deuil douleur majestueuse une femme passa d'une main fastueuse sous le vent balançant le
07:42feston et l'ourlet agile et noble avec sa jambe de prince de statue donc ici on a on retrouve un
07:53lyrisme amoureux je dirais un peu plus classique très intéressant pour vous sur cette oscillation
07:57entre modernité et tradition là on est vraiment dans cette oscillation en permanence entre la
08:02modernité et la tradition et on nous donne à voir ou à entendre cette femme alors ce qui est
08:09intéressant c'est que on ne connaît pas encore l'objet il y a un effet de retardement un effet
08:16de suspense en fait un qui est créé par le poète puisque le sujet de la phrase qui va être décrit
08:21avec une grande précision et une grande admiration ne surgit ne survient qu'au vers 3 on la découvre
08:28en fait par petite touche comme le ferait un peintre avec donc longue mince en grand deuil
08:36douleur majestueuse ce qui est intéressant c'est que déjà on a donc un idéal féminin que l'on
08:43retrouve dans beaucoup de textes de baudelaire de ces femmes longues grandes longilignes qui
08:50ressemblent à des statues on y viendra avec la comparaison de la statue qui surgit au vers 5 ses
08:55caractéristiques elles sont vraiment présentées comme des touches comme le ferait un peintre
09:00puisqu'elles sont juxtaposées avec des petites virgules sont des petites touches qui viennent
09:03comme ça se juxtaposer la formule qui est intéressante et qui mérite d'être commenté et
09:10sur laquelle vous devez vous arrêter c'est la formule en grand deuil douleur majestueuse ici
09:16ça forme un chiasme pourquoi ça forme un chiasme je vous explique le fonctionnement du chiasme ça
09:20permet de faire une petite révision puisque vous avez grand et majestueux qui sont le même thème
09:24et deuil et douleur qui forment le même thème donc en termes thématiques ça fait a b b a donc
09:31on a ici dans le vers même un chiasme et ce qui est intéressant c'est que ce chiasme c'est très
09:38très baudelairien il associe la beauté avec une forme de tristesse de douleur de violence de
09:45mélancolie on retrouve cette esthétique dans l'ensemble des fleurs du mal chez baudelaire il
09:50y a une association très fréquente de la beauté du désir même avec la souffrance la noirceur le
09:58deuil et donc ici il y a le deuil et la douleur qui se retrouvent côte à côte qui sont accompagnés
10:06de deux adjectifs extrêmement amélioratifs grand et majestueux et qui en fait concourent pour
10:13baudelaire bien évidemment dans l'esthétique et dans l'idéalisation qu'il fait des femmes à la
10:18beauté de cette femme donc c'est une beauté sombre c'est une beauté inquiétante c'est une
10:24beauté un peu funeste et c'est sans doute un des éléments les plus essentiels de fascination pour
10:29le poète on découvre enfin donc le sujet au vert 3 c'est une femme et on la découvre et ça c'est
10:37une caractéristique essentielle on la découvre déjà à travers son caractère éphémère elle est
10:44elle charrie pardon elle est accolée à un passé simple une femme passa le verbe même dit le
10:54caractère éphémère mais le passé simple ajoute à ce caractère momentané bref fugace de ce moment
11:04ce qui est intéressant c'est que ce moment a quelque chose de spectaculaire il s'organise
11:11comme un spectacle que l'on contemple et qui se joue autour d'un élément qui est la main la main
11:19est fastueuse fastueuse ça renvoie au luxe à la richesse donc c'est un marqueur de la classe
11:25sociale de cette femme mais c'est aussi un marqueur de son raffinement du fait que nous ayons quasiment
11:31un élément de décor cette main elle serait de décor et le spectacle se fait cette fois
11:37au participe présent comme si nous étions vous savez vous voyez ça dans tous les montages
11:42aujourd'hui de films lors d'un coup de foudre une rencontre amoureuse comme si nous avions
11:47soudainement un ralenti la femme passa c'est un passé simple c'est très bref c'est extrêmement
11:53momentané et temporaire et soudainement on va s'arrêter et prendre le temps va décomposer
11:58avec un ralenti avec l'usage des deux participes présents soulevant et balançant ce qui est
12:05intéressant avec soulevant et balançant c'est aussi qu'il y a on l'a vu par exemple si avec
12:09carmen ça il y a l'intentionnalité c'est à dire qu'il y a l'idée qu'elle donne ce spectacle à
12:16voir en soulevant et en balançant à l'aide de sa main donc il y a vraiment l'idée qu'elle
12:22utilise son corps pour être vu pour être regardé et ce qu'elle donne à voir est de plus en plus
12:28spectaculaire il y a une forme de gradation vers l'attention je dirais sensuelle ou érotique dans
12:33ce passage puisque nous avons d'abord le fait le feston pardon qui est un petit jupon donc on voit
12:39le jupon donc elle aurait au niveau donc de sa de sa jupe du bas de son corps ensuite on a l'ourlet
12:47donc qui est le bas de la jupe et le soulevant ou le balançant elle découvre une jambe donc
12:54ici vous avez une sorte là aussi de gradation vers les rôles déjà le regard se baisse ou
13:01s'adresse un bien évidemment le feston l'ourlet la jambe et surtout on se rapproche du corps comme
13:09si les couches de tissu qui le recouvrait venaient progressivement à se découvrir au delà donc de
13:17cette beauté physique et de ce spectacle fascinant il y a en plus une forme de grâce qui serait celle
13:24par exemple d'une danseuse ou d'une comédienne puisque nous avons deux adjectifs qui vont débuter
13:30l'astrophe 2 agiles et nobles alors ici c'est intéressant parce qu'on a une vision qui se
13:35précise en quelque sorte c'est une vision fragmentaire on n'a pas eu du tout de contact visuel non pour
13:42l'instant comme Baudelaire avec l'ensemble de l'apparence physique de cette femme nous n'avons
13:48qu'un zoom qu'un élément de détail un membre particulier en l'occurrence ici c'est cette jambe
13:55de statut donc je m'arrête un peu sur cette jambe de statut cette référence à la statue à la
14:01statuaire ça se veut vraiment référence à la poésie classique dans le classicisme on trouve
14:06vraiment cette idéale physique notamment des statuaires grec ou antique qui forme une sorte
14:12d'idéal physique et esthétique donc finalement ce que fait Baudelaire ici c'est un hommage extrêmement
14:17classique à un type de corps l'idéal classique de la beauté et cette comparaison avec la jambe
14:24de statut montre que la jambe de cette femme est digne d'être sculptée mériterait d'être sculptée
14:30à l'image des statues de l'antiquité ce qui est intéressant c'est que on a toujours dans
14:37cette description des éléments qui forment des paradoxes ou des lectures paradoxales puisque la
14:44jambe de statut nous dit l'immobilité le caractère intangible quelque chose qui ne bouge pas qui
14:50reste dans le temps quelque chose qui est fixe et en même temps c'est dans le verre accolé aux
14:57premiers mystiques on dit que c'est agile donc il y a une forme si vous voulez de statuaire classique
15:03qui s'inscrit dans l'immobilité et l'histoire et en même temps le mouvement de la modernité c'est
15:11agile ça se déplace sa vie on retrouve cet élément de la rue moderne parisienne tout cela accolé dans
15:17le même verre vous noterez à quel point l'association des contraires va fasciner baudelaire
15:22l'immobilité qui est jointe au mouvement notamment avec cette esthétique progressive du dévoilement
15:30le feston l'ourlet et la statue vous noterez enfin que cette comparaison cette métaphore même de la
15:38jambe de statut c'est une métaphore une forme d'hyperbole un peu inconcevable ça porte un nom
15:45alors je sais pas si vous voulez livrer cette figure de style si vous la maîtrisez ça s'appelle
15:49un adynaton c'est quoi un adynaton c'est une hyperbole inconcevable une hyperbole impossible
15:57une hyperbole totalement irréaliste et là on est à ce niveau là bien évidemment je m'arrête ici pour
16:06la première partie et la deuxième partie donc nous sommes arrêtés je vous rappelle au verre 5 il me
16:13reste deux parties donc la fin du 4 à 1 c'est à dire les trois verres qui suivent et les deux
16:19tercets que je commenterai à la suite je vous dis donc à tout de suite jeunes gens