• il y a 6 mois
L'association Médecins du Monde ouvre un nouveau local à Montpellier.
Présente dans la région depuis près de 30 ans, l'association, qui n'intervient pas qu'à l'étranger sur les terrains de conflits ou de catastrophes humanitaires, est aussi présente et accompagne ici dans la région des populations éloignées du soin.
Elle propose en effet tout au long de l'année des consultations gratuites aux personnes en grande vulnérabilité.
Elle vient d'inaugurer donc un nouveau local d'accueil dans le quartier Euromédecine à Montpellier.

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Transcription
00:00Nous sommes mercredi, on se réveille ensemble. L'association Médecins du Monde vient d'inaugurer un nouveau local d'accueil dans le quartier Euromédecine à Montpellier.
00:08Nous sommes donc avec Marie Ferré, notre invitée qui est coordinatrice Médecins du Monde Languedoc-Roussillon Guillaume.
00:13Bonjour Marie Ferré, merci d'être venue nous rejoindre ce matin pour nous parler de l'action de Médecins du Monde.
00:19Pas seulement à l'étranger, parce que beaucoup de gens pensent que Médecins du Monde ça se passe d'abord sur les terrains de conflits ou de catastrophes naturelles ou humanitaires,
00:27mais pas que, vous êtes aussi présent localement. Et là vous venez donc d'emménager dans un nouveau local, vous avez triplé votre surface.
00:33À peu près, oui effectivement, on a passé de 140m² à 400m².
00:37Parce que ça s'imposait ?
00:39Oui parce que c'était devenu bien trop étroit, maintenant avec trois programmes sur Montpellier et un programme dans l'Aude,
00:46nos équipes, enfin on était à partager à quatre dans un bureau quand on fait des vidéos, des choses comme ça,
00:51et puis l'accueil du public était un espace qui n'était pas adapté en fait.
00:56Parce que les populations que vous accompagnez et auxquelles vous venez en aide sont de plus en plus nombreuses aussi, non ?
01:02Alors il y a un flux qui est assez constant quand même, parce qu'il y a des dispositifs qui sont en place, qui nous permettent à nous,
01:10nous on vient si vous voulez, on intervient là où il y a des creux.
01:14On vient pointer des insuffisances pour permettre ensuite au politique publique d'évoluer.
01:19Donc aujourd'hui l'espace de nos bureaux sert de centres d'accueil, de soins et d'orientation.
01:25Donc c'est un espace qui est plus peuplé qu'avant, même si effectivement avec l'augmentation de la population,
01:31on a des augmentations de chiffres qui sont un peu naturelles.
01:34Mais c'est surtout qu'aujourd'hui on a un espace qui permet d'accueillir les personnes en situation de handicap,
01:41et puis on a des espaces plus privatifs où la confidentialité, des espaces pour échanger,
01:46puisqu'on a une consultation médico-sociale.
01:49Donc on fait à la fois du médical mais aussi du social où on accompagne les gens.
01:53Les deux sont souvent liés de toute façon.
01:55Complètement.
01:56La situation sociale va générer une situation sanitaire qui est parfois extrêmement précaire.
02:01Exactement. Nous on accueille principalement des personnes qui n'ont pas accès aux soins,
02:05qui vont être en rue ou dans des dispositifs d'hébergement.
02:08On travaille aussi sur les bidonvilles et les squats.
02:11Donc on fait de l'aller-vers vers des populations qui sont éloignées du soin
02:14pour les ramener dans les dispositifs et leur permettre d'avoir accès aux soins et aux droits.
02:19Vous faites évidemment avant tout du soin, de la santé et du médical.
02:22Médecin du monde par définition.
02:24C'est effectif.
02:25Vous nous avez amené quatre petits stickers que je vais montrer à l'image et qui résument tout.
02:29Il y en a un c'est « t'as déjà eu la grippe ? Imagine avoir la grippe quand t'es à la rue ».
02:35« T'es diabétique ? Imagine être diabétique à la rue ».
02:37« T'as un cancer ? Imagine quand t'es à la rue ».
02:39Et puis il y en a un dernier pour la fin.
02:41« T'as déjà eu la diarrhée ? Imagine ce que ça donne à la rue ».
02:45Et c'est vrai que toutes ces problématiques de santé là,
02:48elles sont déjà pas très agréables évidemment, c'est le moins qu'on puisse dire,
02:51notamment pour certaines d'entre elles, quand on a une situation confortable.
02:54Mais quand on est à la rue, ça prend tout de suite des proportions absolument catastrophiques.
02:58Tout à fait. Et l'attention sur l'hébergement aujourd'hui
03:00fait qu'il y a quand même de plus en plus de gens qui restent en rue.
03:03Notamment des familles.
03:04Nous on rencontre des familles qui vont rester trois, quatre mois en rue avec des enfants.
03:08Et des situations effectivement qui vont être plus ou moins tendues.
03:11On a une dame qui est venue un jour qui avait des ampoules tellement...
03:15C'était même plus des ampoules, c'était des plaies.
03:17Parce qu'elle marchait toute la nuit pour pas rester dans le même endroit
03:21et pas risquer d'être agressée.
03:23Donc voilà, c'est des situations effectivement où c'est pas forcément des gens qui sont malades au départ.
03:27Mais la situation de précarité dans laquelle ils sont
03:30fait que petit à petit leur santé va se dégrader.
03:33Et nous on va essayer de les ramener dans le système de soins dont ils sont éloignés
03:36par parfois méconnaissances, peur des institutions.
03:39Et donc accompagner ce retour dans les dispositifs qui existent et qui les prennent en charge.
03:43Alors sur l'antenne de Montpellier, vous avez développé trois programmes.
03:46Le premier c'est ce que vous appelez un centre d'accueil et de soins et d'orientation, le CASO.
03:50Ce sont des consultations avec des infirmières, médicales, dentaires aussi.
03:55Les soins dentaires.
03:56Et les soins dentaires sont souvent les plus difficiles à obtenir
03:59quand on est dans une situation de précarité.
04:02L'année dernière vous avez accueilli 1443 personnes.
04:05Oui.
04:06Considérable.
04:06Oui.
04:07Dont 979 nouvelles personnes.
04:09Donc ça veut dire que quand même on fait le travail pour remettre les gens dans le dispositif.
04:14Nous on n'a pas vocation à suivre les gens.
04:16On accompagne vraiment pour qu'ils soient repris dans le système qui existe.
04:19A ce stade, je voudrais qu'on évoque l'AME, l'Aide Médicale d'État.
04:26Qui est remise en question aujourd'hui.
04:28Oui.
04:29Très nettement. Et ça, ça vous inquiète ?
04:30Complètement.
04:31Parce qu'aujourd'hui c'est grâce à l'ouverture de ces droits
04:34qu'on permet aux gens d'être remis dans le système
04:36et d'avoir accès à un médecin généraliste
04:38et aux dispositifs de soins quand ils en ont besoin.
04:42Et cette Aide Médicale d'État, avec la nouvelle loi immigration,
04:46elle a été un peu mise dans le premier projet, évacuée.
04:51Et là, normalement, le gouvernement doit légiférer par ordonnance sur cette AME.
04:55Oui.
04:55Et ça nous inquiète beaucoup.
04:56Parce que ça risque de provoquer quoi ?
04:58Déjà de mettre dans des situations encore plus précaires qu'elles n'est des gens qui le sont déjà.
05:03Et puis surtout de vous apporter, ça va créer un appel d'air d'une certaine manière.
05:06Et vous craignez de le voir rouler sur les...
05:08Chez nous, ça risque d'amener plus de personnes.
05:10Oui, mais c'est surtout que ça va freiner l'accès aux soins des personnes.
05:14Donc on sait que quand les gens n'ont pas accès aux soins de premier recours,
05:18derrière, les pathologies se compliquent.
05:20Et ça devient plus lourd et plus difficile à soigner.
05:22Et par ailleurs, ça va aussi se reporter sur les dispositifs d'urgence du système de santé.
05:28Traditionnel, classique.
05:29Et voilà, on sait, on a fait l'expérience.
05:31En 2011-2012, il y a un forfait qui a été mis en place.
05:33Donc les gens devaient payer pour avoir accès à l'AME.
05:36Ça a fait augmenter de 18% l'entrée dans le système OCHU,
05:41dans les systèmes d'hôpitaux,
05:43et de 7% au niveau des urgences.
05:45Le deuxième programme que vous avez développé
05:47à l'antenne Médecins du Monde de Montpellier,
05:49c'est un programme Santé Habitat.
05:50Donc là, c'est à destination des personnes qui vivent en squat
05:52ou dans des bidonvilles.
05:54Et il y en a, on le sait, un certain nombre à Montpellier.
05:56Tout à fait. On est autour de 750 personnes aujourd'hui qui vivent...
05:59Et là, c'est vous qui intervenez directement sur place.
06:01Alors nous, on intervient avec des partenaires.
06:03On est notamment en partenariat avec l'association AREA et l'ACIMAD
06:06pour faire de l'accompagnement.
06:08Donc nous, on fait de la médiation en santé.
06:10Plutôt, on accompagne.
06:12À côté de ça, le partenaire vient faire tout le travail social d'accompagnement.
06:15Et nous, on va pouvoir accompagner les gens dans les dispositifs de soins.
06:19Parfois, c'est un peu complexe et les gens ne parlent pas la langue.
06:22Il y a souvent un problème d'accès à la langue.
06:25Et donc, on fait cette facilitation, on va dire,
06:28à travers la médiation en santé et aussi beaucoup de prévention.
06:30On fait notamment de la prévention dentaire.
06:32Et l'année dernière, dans le cadre de ce programme,
06:34vous avez réalisé 77 sorties en médiation.
06:37Troisième programme, que vous appelez ROSELA,
06:40qui est un programme de réduction des risques en santé
06:42à destination des travailleurs et travailleuses du sexe.
06:45Tout à fait.
06:46Donc là aussi, c'est de l'aller vers.
06:47C'est-à-dire qu'on va vers les populations.
06:49Alors nous, on fait de l'aller vers physique.
06:51C'est-à-dire qu'on se déplace, on a un camion.
06:53On fait de la prévention, de l'information,
06:55de la distribution d'outils de réduction des risques.
06:58Et par ailleurs, on fait de la maraude virtuelle.
07:01C'est-à-dire, sur le net, on contacte des personnes
07:04qui sont travailleurs ou travailleuses du sexe
07:06pour les informer, leur envoyer des kits de prévention.
07:10Voilà, tout un travail à destination de ces populations
07:12qui, aussi, par l'exercice d'une profession
07:15qui est aujourd'hui stigmatisée,
07:17sont parfois en difficulté d'accès aux soins et aux droits.
07:20Alors tout ça se fait grâce, évidemment,
07:22à un gros contingent de bénévoles.
07:24Médecins, infirmières, professionnels de santé.
07:26Pas que.
07:27On a aussi des personnes qui font de l'accueil.
07:29Et pour ça, n'importe qui peut le faire.
07:31On forme, on accompagne nos bénévoles.
07:33Mais effectivement, le gros de notre activité...
07:35Combien de bénévoles, Médecins du Monde, à Montpellier ?
07:37Aujourd'hui, à Montpellier, 80 personnes.
07:39Ce qui est pas mal, quand même.
07:40Tout à fait.
07:41C'est suffisant ou vous en avez besoin encore ?
07:43On a toujours besoin de personnes qui viennent,
07:46notamment pour le centre d'accueil de soins et d'orientation.
07:49Je vous dis, cet accueil social...
07:51Spontanément, Médecins du Monde,
07:53on a toujours un peu plus de bénévoles médicaux.
07:57Mais on en a toujours besoin aussi,
07:59puisqu'on a trois permanences par semaine médicales.
08:02Donc là, on a besoin d'un médecin pour le faire.
08:04Et puis, on a besoin d'infirmières aussi,
08:05qui font de l'accueil, de l'orientation et de l'accompagnement.
08:08Et là, c'est pas des consultations à 30 euros, j'imagine ?
08:11Non.
08:12Merci d'être venue nous en parler, en tout cas, Marie Ferret.
08:14Votre nouveau local, je le dis,
08:16il est rouvert au public depuis le 22 avril 2024.
08:20C'est au 246 rue de Chambert, à Montpellier.
08:22C'est le quartier euromédecine, en fait.
08:24Exactement.
08:25Merci.
08:26Bonne continuation à vous et bonne journée.
08:27Au revoir.
08:28Si vous voulez réécouter cette interview, c'est tout à fait possible.

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