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France Bleu Hérault reçoit ce lundi 22 mai 2023 le professeur Christian Jorgensen, qui prend la tête du tout nouvel IHU à Montpellier. Cet institut hospitalo-universitaire labellisé par Emmanuel Macron et spécialisé dans les maladies auto-immunes doit devenir un pôle de recherche et d'excellence.

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Transcription
00:00 On a un invité ce matin sur France Bleu et Ronde et c'est le professeur Christian Jorgensen,
00:05 rhumatologue et à la tête du nouveau IHU à Montpellier.
00:08 Un IHU dans le jargon, on appelle ça un institut hospitalo-universitaire.
00:13 Ils sont devenus plus connus du grand public pendant la crise du Covid, car c'est un établissement
00:16 de ce type que dirigeait le professeur Didier Raoult.
00:19 Un IHU dédié à l'infectiologie.
00:22 Celui de Montpellier sera dédié aux maladies auto-immunes et doit devenir un pôle d'excellence
00:26 en matière de recherche, de soins et de prévention.
00:30 Professeur Jorgensen, bonjour.
00:31 Bonjour.
00:32 Cette labellisation obtenue mardi dernier en présence d'Emmanuel Macron et du ministre
00:37 de la Santé, c'est une excellente nouvelle pour la communauté scientifique de Montpellier,
00:41 une consécration.
00:42 C'est effectivement une très bonne nouvelle parce qu'il y a 400 chercheurs qui travaillent
00:47 depuis maintenant plusieurs années pour développer de nouvelles immunothérapies dans le cancer
00:53 mais aussi bien sûr sur les maladies auto-immunes, ce qui en fait l'originalité.
00:56 Et donc nous sommes effectivement ravis parce que pour l'ECHU de Montpellier qui est porteur
01:02 du projet, mais aussi pour l'Inserm, pour l'université, c'est un succès important.
01:07 Alors, en fait, concrèt, c'est un centre dédié aux maladies auto-immunes.
01:10 C'est quoi une maladie auto-immune ?
01:12 Alors, une maladie auto-immune, c'est quand le système immunitaire, qui normalement,
01:18 vous le savez, nous protège contre les infections, c'est-à-dire qu'on développe des anticorps,
01:22 on développe une réponse immunitaire contre un virus, contre une bactérie, mais de temps
01:25 en temps, ça déraille et ça se retourne contre le sujet.
01:27 C'est-à-dire qu'en fait, le patient développe des auto-anticorps qui viennent agresser l'organisme.
01:35 Ça peut être la thyroïde dans une thyroïdite, ça peut être les articulations dans une polyarthrite,
01:40 ça peut être le rein dans un lupus.
01:42 Et donc ça a des conséquences parfois très importantes, très invalidantes.
01:46 Et aujourd'hui, il manquait un programme ambitieux de recherche pour développer des immunothérapies
01:53 spécifiques, sélectives pour tous ces patients.
01:55 Oui, on peut citer aussi la maladie de Crohn, le diabète de type 1, le psoriasis.
01:59 Donc c'est quand même de nombreuses maladies, certaines sont très rares, d'autres sont
02:03 très répandues.
02:04 C'est 5 millions de Français qui y sont touchés.
02:05 Est-ce que vous ciblez certaines pathologies particulièrement au sein de cet institut ?
02:10 Alors, on travaille plus particulièrement sur les maladies auto-immunes, médiées par
02:14 des auto-anticorps, et donc c'est le cas dans le lupus, dans la sclérodermie, dans
02:20 la polyarthrite.
02:21 Mais comme vous le citez, en fait on met en place une plateforme qui sera en capacité
02:26 de développer des immunothérapies sélectives pour ces maladies que je viens de citer,
02:31 mais aussi potentiellement pour d'autres, pour des maladies plus rares, mais qui sont
02:34 toujours médiées par des auto-anticorps.
02:35 C'est un lieu de recherche donc.
02:38 Quelles sont les pistes que vous allez développer ? Est-ce que c'est des pistes pour des nouveaux
02:42 traitements, ces maladies-là ne sont pas guérissables en tout cas ?
02:45 A l'heure actuelle en tout cas.
02:47 Alors, vous avez raison, il y a heureusement des traitements, mais qui ne sont pas sélectifs.
02:52 Et donc là, la rupture, c'est qu'on développe des immunothérapies, en particulier des immunothérapies
02:58 dites cellulaires, complètement ciblées, avec l'objectif effectivement, c'est l'élimination
03:05 des cellules de l'organisme, enfin du système immunitaire qui sécrète les auto-anticorps.
03:09 Et donc, c'est la sélectivité qui fait la différence.
03:12 Et aujourd'hui, on est capable de le faire, puisqu'on peut séquencer et caractériser
03:18 complètement l'auto-anticorps, responsable de la pathologie, et en fait le détourner,
03:23 et en fait développer un inhibiteur, et donc développer une thérapie très très sélective.
03:28 C'est un lieu de recherche, on vient de le dire, mais aussi un lieu de soins.
03:32 Les patients qui sont touchés par ces maladies dans les rots et ailleurs, pourront venir
03:37 dans ce centre ?
03:38 Alors tout à fait, l'originalité d'ANIHU, c'est qu'on intègre un lieu de soins,
03:45 donc un accueil des patients, et d'ailleurs ça sera le cas avec un bâtiment dans le
03:50 cadre de Medvali, qui sera sur le campus du CHU, et donc il y aura un accueil pour
03:54 les patients.
03:55 Au-dessus, il y aura donc les plateformes techniques, les plateformes de recherche,
04:00 et même des incubateurs pour le développement et la valorisation des différents molécules,
04:05 brevets, qui vont être développés là.
04:07 Mais l'essentiel, effectivement, c'est d'être en capacité d'accueillir les patients.
04:10 Et à la différence aujourd'hui, un patient qui a une maladie auto-immune, il a souvent
04:14 des symptômes assez polymorphes, qui peuvent être cutanées, articulaires, pulmonaires,
04:20 que sais-je.
04:21 Et donc ces patients vont être éparpillés dans différents services, donc aujourd'hui
04:27 on fait un service dédié aux maladies auto-immunes, et donc le patient vient et il aura autour
04:30 de lui tous les spécialistes.
04:31 C'est un grand pas pour la médecine dans les rots, c'est aussi un grand pas économique,
04:36 c'est un très gros pôle qui va se construire, vous le disiez, 400 chercheurs scientifiques,
04:41 il va y avoir des créations de postes également ?
04:43 Alors tout à fait, l'objectif c'est effectivement, bien sûr, la recherche, le soin, mais c'est
04:49 aussi la valorisation, c'est un centre unique en Europe de ce type, et on va avoir besoin
04:56 de recruter des nouveaux ingénieurs, de recruter des attachés de recherche clinique, des chefs
05:02 de projet, faire venir des équipes de scientifiques, des médecins, des infirmières, donc effectivement,
05:06 on va créer au moins une centaine d'emplois dans les cinq premières années.
05:10 Et un lieu va être construit pour cet institut ?
05:13 Absolument, donc dans le cadre de Medvalet, il y a un bâtiment de 5000 m² qui va être
05:19 dédié, et c'est un peu le rêve de tout enseignant-chercheur, d'intégrer à la fois
05:24 le centre de soins, le centre de recherche, et les plateformes techniques qui permettent
05:28 de caractériser pleinement les patients.
05:31 On évoquait les maladies plus répandues, les maladies rares, on sait que Céline Dion
05:38 est atteinte d'une maladie très rare, une maladie auto-immune, le syndrome de la personne
05:42 raide, les recherches que vous menez pourraient aider Céline Dion ?
05:46 Alors effectivement, théoriquement, vous avez absolument raison, dans la mesure où
05:52 on développe un plateau technique qui est capable de développer une immunothérapie
05:56 sélective si on connaît et si on séquence l'auto-anticorps, une pathologie rare comme
06:01 celle qui affecte Céline Dion, c'est la maladie de l'homme raide, si on connaît et si on
06:06 précise parfaitement l'anticorps, on sera en mesure de développer une immunothérapie
06:10 sélective.
06:11 Ce serait bien de faire quelque chose, parce que moi j'ai mes places de concert et donc
06:14 ça fait un petit moment que j'attends.
06:15 Le fait que vous soyez à la tête du nouveau IHU, est-ce que ça change quelque chose dans
06:18 votre planning chaque jour ? Parce qu'on dit que vous êtes rheumatologue, mais est-ce
06:22 que vous êtes toujours rheumatologue pour le coup ?
06:23 Alors c'est vrai, aujourd'hui en fait je dirige déjà un institut de recherche qui
06:28 s'appelle l'IRMB, mais je consacre la moitié de mon temps à l'hôpital, je suis des patients
06:33 sur le site de la Peyronie, au CHU, des patients effectivement atteints de maladies auto-immunes,
06:40 et avec ce nouvel IHU c'est sûr que mon temps consacré spécifiquement aux patients va être
06:47 réduit, je vais quand même garder un pied à l'hôpital, c'est important de ne pas être
06:49 déconnecté complètement du besoin de santé.
06:53 C'est souvent ce qu'on dit, du coup sinon prenez un peu déconnecté, donc voilà.
06:56 Très bien, merci d'être venu en tout cas ce matin.
06:57 Merci professeur Christian Jorgensen, directeur du nouvel institut IHU à Montpellier.
07:02 Et vous retrouverez cette interview en allant sur notre site internet francebleu.fr.

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