Des ancicorps de lama pour soigner la maladie d'Alzheimer ?
C'est très sérieux, et c'est l'objet de recherches menées actuellement à l'institut de Génomique Fonctionnelle de Montpellier.
C'est la journée mondiale de lutte contre la maladie d'Alzheimer ce jeudi.
Philippe Rondard, chercheur au sein de cet institut, effectue en ce moment des recherches à partir d'anticorps de lamas pour lutter contre cette maladie dégénératrice.
Des recherches qui, avec quelques autres, sont soutenues financièrement par la FRM, la Fondation pour la Recherche Médicale.
C'est très sérieux, et c'est l'objet de recherches menées actuellement à l'institut de Génomique Fonctionnelle de Montpellier.
C'est la journée mondiale de lutte contre la maladie d'Alzheimer ce jeudi.
Philippe Rondard, chercheur au sein de cet institut, effectue en ce moment des recherches à partir d'anticorps de lamas pour lutter contre cette maladie dégénératrice.
Des recherches qui, avec quelques autres, sont soutenues financièrement par la FRM, la Fondation pour la Recherche Médicale.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 pour soigner la maladie d'Alzheimer.
00:02 C'est bizarre mais on va avoir quelques explications
00:04 avec Philippe Rondard qui est notre invité ce matin.
00:06 Guillaume Roland.
00:07 Bonjour Philippe Rondard.
00:08 Bonjour.
00:08 Merci d'être venu nous rejoindre.
00:10 Vous faites partie de l'équipe
00:11 Neuro récepteurs dynamiques et fonctions
00:14 à l'Institut génomique fonctionnel de Montpellier.
00:17 En 10 secondes, l'Institut...
00:19 C'est pas facile ce que je vous demande.
00:20 L'Institut génomique de Montpellier.
00:22 Génomique, génome.
00:24 Vous travaillez sur le génome et la génétique, c'est ça ?
00:26 C'est ça en fait.
00:27 L'Institut génomique fonctionnel
00:28 c'est en fait l'étude de l'ensemble des gènes
00:30 et de leurs fonctions.
00:31 Oui.
00:32 C'est un terme assez général.
00:33 Et vous faites partie, Philippe Rondard,
00:35 des quatre projets de recherche
00:38 qui ont été retenus, sélectionnés
00:41 par la FRM, la Fondation pour la Recherche Médicale,
00:43 ce qui n'est pas rien,
00:44 soutien financier parce que
00:46 vous êtes en train de travailler
00:48 sur la possibilité d'utiliser
00:51 les anticorps de l'ama, l'animal,
00:53 pour traiter, soigner, peut-être même guérir
00:56 la maladie d'Alzheimer, c'est ça ?
00:58 Oui, c'est ça.
00:59 C'est une approche extrêmement innovante
01:01 et on cherche avec ces anticorps
01:03 à agir sur les marqueurs
01:04 de la maladie d'Alzheimer dans le cerveau.
01:06 Que sont les protéines amyloïdes
01:09 qui s'accumulent à l'extérieur des neurones
01:11 et les protéines taux qui s'accumulent
01:13 à l'intérieur des neurones.
01:15 Donc on cherche à agir sur ces deux marqueurs
01:17 en les réduisant,
01:18 pour réduire les symptômes.
01:19 Vous allez nous expliquer grosso modo
01:21 comment ça marche.
01:22 Deux mots d'Alzheimer, c'est important
01:24 parce que d'abord, aujourd'hui,
01:25 c'est la journée mondiale de lutte
01:26 contre la maladie d'Alzheimer.
01:28 Il y a trois chiffres que je voudrais donner.
01:29 900 000 personnes atteintes aujourd'hui
01:31 par la maladie d'Alzheimer.
01:33 Plus de 3 millions de personnes
01:34 directement impactées.
01:36 Et on englobe les aidants là-dedans.
01:38 Et puis, on estime que 2 millions
01:40 de personnes supplémentaires
01:42 pourraient être atteintes par cette maladie
01:44 d'ici 2040.
01:46 Donc c'est demain.
01:47 Donc la recherche sur Alzheimer,
01:49 c'est très important aujourd'hui.
01:51 Extrêmement important, effectivement.
01:53 Les chiffres, moi j'ai des chiffres
01:55 supérieurs à 1,2 million de personnes
01:57 atteintes en France.
01:58 Avec 150 000 nouveaux cas chaque année.
02:00 Et effectivement,
02:02 c'est une maladie neurogénérative
02:04 qui touche même aussi des personnes
02:06 qui ont moins de 60 ans.
02:08 Et donc, il faudrait...
02:10 Il faut qu'on trouve des marqueurs,
02:12 qu'on arrive à détecter la maladie d'Alzheimer
02:14 le plus vite possible.
02:16 Pour ensuite pouvoir traiter
02:18 en amont les patients.
02:20 Et...
02:22 D'où notre recherche.
02:25 - Alors comment vous avez été amené
02:27 à vous rendre compte, effectivement,
02:29 que ces anticorps de lama
02:31 pouvaient éventuellement jouer un rôle
02:33 très efficace contre cette maladie ?
02:35 Comment vous avez arrivé à ça ?
02:37 - Effectivement, c'est un petit peu surprenant.
02:39 C'est ce qu'on appelle l'immunothérapie.
02:41 Et alors, avant de l'appliquer
02:43 à la maladie d'Alzheimer,
02:45 c'est ce qu'on fait actuellement,
02:47 on l'a appliqué à la schizophrénie.
02:49 Et on s'est rendu compte que ça marchait très bien.
02:51 Dans le cas de la schizophrénie,
02:53 on cible des récepteurs du glutamate
02:55 qui sont dans les zones de contact
02:57 entre les neurones, qu'on appelle les synapses.
02:59 Et on sait...
03:01 Ce sont des résultats
03:03 qu'on est en train de publier à très haut niveau.
03:05 On est les seuls dans le monde à avoir ce type de résultat.
03:07 Quand on injecte
03:09 ces anticorps de lama
03:11 dirigés contre ces récepteurs du glutamate
03:13 sous la peau de la souris,
03:15 on arrive à restaurer la cognition,
03:17 la mémoire des souris qui sont déficientes.
03:19 - C'était une découverte
03:21 qui s'est faite totalement par hasard ?
03:23 Ou il y avait des...
03:25 Comment dirais-je ? Les anticorps de lama
03:27 avaient des propriétés, des vertus qui étaient déjà connues
03:29 du monde scientifique ?
03:31 - Pourquoi les anticorps de lama ?
03:33 Parce que ces anticorps peuvent être extrêmement petits.
03:35 On peut les miniaturiser.
03:37 On arrive à les rendre
03:39 dix fois plus petits que les anticorps classiques.
03:41 Ce qui fait qu'ils peuvent facilement rentrer dans le cerveau
03:43 un organe qui est
03:45 protégé par la barrière,
03:47 la barrière hémato-encéphalique
03:49 qui nous protège des infections.
03:51 Il est donc difficile en général de faire rentrer des anticorps
03:53 dans le cerveau.
03:55 - C'est parce qu'ils sont petits qu'ils sont efficaces ?
03:57 - C'est parce qu'ils sont petits. Extrêmement petits.
03:59 - Et alors ces anticorps-là
04:01 auraient éventuellement la possibilité
04:03 de lutter contre eux ?
04:05 Parce qu'en fait, Alzheimer, c'est quoi ? C'est une dégénérescence
04:07 des cellules
04:09 de notre cerveau.
04:11 Et ces anticorps-là auraient la possibilité
04:13 d'empêcher cette dégénérescence ?
04:15 - Comme je l'ai expliqué juste avant,
04:17 on a des dépôts dans le cerveau
04:19 et en agissant sur les récepteurs
04:21 du glutamate, qui est le
04:23 neurotransmetteur le plus important dans notre cerveau,
04:25 on pense qu'on doit
04:27 pouvoir limiter l'accumulation de ces dépôts.
04:29 - D'accord.
04:31 - Par contre, il serait nécessaire probablement d'agir
04:33 assez tôt, c'est-à-dire d'avoir des
04:35 diagnostics des patients
04:37 le plus tôt possible pour que les patients
04:39 puissent prendre ensuite ces anticorps.
04:41 - Donc manifestement, vous nous le disiez,
04:43 la COVID-19 a déjà produit
04:45 des effets en ce qui concerne le traitement
04:47 de la schizophrénie,
04:49 et vous avez bon espoir que ça puisse aussi marcher
04:51 sur Alzheimer, voire d'autres
04:53 maladies du cerveau ou d'autres
04:55 maladies dégénératrices ? - Exactement.
04:57 Nous voulons les appliquer pour un ensemble de maladies
04:59 du cerveau. Alors que
05:01 là, pour la maladie d'Alzheimer,
05:03 le stade où nous en sommes,
05:05 nous avons déjà une collection d'anticorps
05:07 et nous sommes en train de les évaluer
05:09 sur des cellules souches provenant
05:11 de malades d'Alzheimer, à partir
05:13 de la peau de ces patients,
05:15 et nous sommes en train de les évaluer
05:17 pour voir ceux justement
05:19 qui vont limiter l'accumulation de ces protéines
05:21 toxiques. Et quand on aura
05:23 sélectionné les plus puissants,
05:25 nous allons les étudier
05:27 dans des modèles de souris
05:29 Alzheimer. On en a deux au laboratoire,
05:31 un modèle agressif,
05:33 où la souris peut développer
05:35 Alzheimer sur 4-5 mois,
05:37 et un modèle beaucoup plus lent, où la souris va développer
05:39 Alzheimer sur environ 10-12 mois.
05:41 - Bon, ça ne va pas durer,
05:43 vous n'allez pas aboutir dans 3 mois,
05:45 c'est un travail de plusieurs années que vous engagez,
05:47 j'imagine. - Exactement, il va nous falloir
05:49 attendre la fin de l'année 2024
05:51 pour savoir si ça fonctionne.
05:53 - Ah oui, c'est rapide, déjà l'année prochaine, vous aurez déjà des résultats.
05:55 Et le fait d'être retenu parmi
05:57 les projets de recherche,
05:59 4 projets de recherche soutenus par
06:01 la Fondation pour la Recherche Médicale,
06:03 c'est important pour vous ? - Effectivement,
06:05 c'est beaucoup de
06:07 fonctionnement,
06:09 de budget pour notre équipe,
06:11 qui va nous permettre de recruter 2 personnes,
06:13 et c'est aussi un grand honneur de recevoir
06:15 ce type de financement,
06:17 ce soutien de la Fondation
06:19 pour la Recherche Médicale,
06:21 et c'est aussi une reconnaissance
06:23 du travail qu'on fait sur ces
06:25 anticorps de lama depuis 10 ans,
06:27 et ça va véritablement
06:29 nous permettre de les
06:31 étudier pour la maladie d'Alzheimer.
06:33 - Alors vous, vous avez besoin de sponsors, de mécènes,
06:35 je ne sais pas comment l'appeler, comme la Fondation
06:37 pour la Recherche Médicale, qui elle a besoin
06:39 aussi de dons, donc on va en profiter pour faire
06:41 un petit appel aux dons, si vous voulez faire
06:43 pour faire un don de 10 euros,
06:45 c'est très simple, vous envoyez par
06:47 SMS le mot "AGIR"
06:49 A G I R
06:51 par SMS au 92 300,
06:53 et ce sera donc un don
06:55 automatique de 10 euros pour la
06:57 recherche médicale.
06:59 On en profite pour faire cet appel.
07:01 - On disait tout à l'heure dans le journal de
07:03 8 heures qu'en France
07:05 cette maladie touche un peu plus d'un
07:07 million de personnes, dont deux tiers de femmes.
07:09 Est-ce qu'on sait pourquoi les femmes sont davantage touchées ?
07:11 Est-ce que c'est parce qu'elles vivent plus longtemps que les
07:13 hommes, ou
07:15 pour une autre raison ? - Effectivement, c'est une bonne question.
07:17 Personnellement, je
07:19 ne pense pas que c'est parce qu'elles vivent
07:21 plus longtemps. Il y a peut-être une partie
07:23 de l'explication, mais c'est pas uniquement
07:25 ça n'explique pas tout.
07:27 Personnellement,
07:29 moi,
07:31 je suis un grand spécialiste
07:33 de l'utilisation et le développement de ces anticorps
07:35 de la mât, et pour la partie
07:37 Alzheimer, je collabore
07:39 avec l'Institut des Neurosciences de
07:41 Montpellier, avec
07:43 Dr. Carole
07:45 Crozet, Sylvain Lemaine, Véronique
07:47 Perrier, ils sont eux les grands spécialistes de
07:49 cette maladie. Moi, je suis le représentant
07:51 aujourd'hui de ce projet. - Donc il faudra qu'on leur pose
07:53 plutôt la question à eux. - Exactement.
07:55 - En tout cas, merci Philippe Rondard de l'Institut
07:57 de Génomique Fonctionnelle de Montpellier
07:59 d'être venu nous parler de vos recherches
08:01 dont on aura les premiers résultats
08:03 fin d'année prochaine. Est-ce que
08:05 ces anticorps de la mât seront effectivement
08:07 efficaces contre la maladie d'Alzheimer ?
08:09 On l'espère, on le souhaite.
08:11 - On l'espère, on a bon espoir, on a des scientifiques
08:13 de qualité qui travaillent avec nous, des jeunes scientifiques
08:15 et merci beaucoup à France Bleu Héro
08:17 et aussi à la Fondation pour la Recherche Médicale
08:19 pour leur soutien, et j'espère qu'il y aura
08:21 des donations dans le futur encore.
08:23 - Merci à vous, bon courage,
08:25 et au boulot maintenant !
08:27 - Vous retrouverez tout ça en attendant sur notre site internet France Bleu.