• il y a 6 mois
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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce mardi, il s'intéresse à la prise de parole d'Emmanuel Macron ce jeudi soir à trois jours des élections européennes. Son intervention suscite l'indignation de l'opposition. La France insoumise et les Républicains ont décidé de saisir l'Arcom afin que son temps de parole soit déduit de celui de la liste Renaissance.

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Transcription
00:00 L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Alexis Brezel.
00:04 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06 Emmanuel Macron va s'inviter ce jeudi dans les 20h de TF1 et France 2 à 3 jours des élections européennes.
00:11 On apprend ce matin qu'il va parler en plus ce soir dans le média Le Crayon.
00:14 Tout ça provoque la colère des oppositions.
00:16 LR et les Insoumis ont notamment annoncé saisir l'ARCOM, l'autorité de régulation à propos de sa prise de parole de jeudi.
00:23 Ça vous paraît-il justifié Alexis ?
00:25 Disons Dimitri qu'après le coup d'éclat du débat Attal-Bardella sur une chaîne de services publics
00:32 qui organisait sans aucune raison valable l'éviction des autres listes, ça commence à faire un peu beaucoup.
00:38 Et encore c'était un débat tandis que là, une intervention présidentielle à trois jours du scrutin,
00:44 sur les deux plus grandes chaînes, en pleine période d'égalité des temps de parole,
00:49 à la veille de la fin de la campagne officielle, ce qui ne laisse matériellement pas le temps d'équilibrer,
00:54 fallait oser.
00:56 Alors on nous dit "oui mais c'est l'anniversaire du débarquement, il faut bien le célébrer, Emmanuel Macron n'y est pour rien".
01:02 Mais précisément, parce que c'est l'anniversaire du débarquement, pendant trois jours,
01:07 mercredi, jeudi, vendredi, Emmanuel Macron va monopoliser le devant de la scène.
01:13 À Saint-Lô, à Caen, à Colville, sur la plage d'Omaha, à Bayeux, à Cherbourg,
01:20 on va le voir, beaucoup le voir, sur fond de mer et de drapeaux, entouré de vétérans et de chefs d'État,
01:27 il va parler, beaucoup parler.
01:30 Et pour faire bon poids, il a même rajouté le samedi une visite d'État du président Joe Biden à Paris.
01:36 Eh bien, apparemment, cette overlorde médiatique, ce carpet-bombing cathodique ne le suffise pas,
01:44 puisque le président veut, en plus, son journal télévisé.
01:48 Franchement, c'est ahurissant.
01:50 Le seul précédent, dit-on dans le Figaro, c'est l'intervention télévisée du général De Gaulle,
01:55 à la veille des législatives de 1967, à l'époque de l'ERTF.
01:59 - Olivier Faure, premier secrétaire d'UPS, a conclu que "Fidèle Macron va monopoliser les ondres".
02:05 C'est un peu exagéré comme formule, non ?
02:07 - C'est un mot, mais je note avec intérêt que pour un membre de la NUPS aussi éminent qu'Olivier Faure,
02:13 Fidèle Castro n'est donc pas un modèle, c'est déjà un progrès.
02:16 Plus sérieusement, il me semble que c'est François-Xavier Bellamy qui a eu les mots justes
02:21 lorsqu'il a rapproché cette OPA d'Emmanuel Macron sur les JT de TF1 et de France 2,
02:26 d'un autre incident qui s'est dégouroulé hier à Radio France,
02:30 lorsque Gabriel Attal a déboulé sans cri égard dans le grand auditorium,
02:35 et s'est emparé du micro pour, paraît-il, prêter main-forte à Valéry Ayé,
02:40 qui répondait aux questions de France Info, qui ne demandait rien à personne,
02:44 et qui a vécu là un moment fort humiliant.
02:47 Et donc, François-Xavier Bellamy, qui passait après elle,
02:50 a piqué une de ses colères dont il s'est fait une spécialité,
02:54 pour dénoncer cette confusion des rôles,
02:57 qui fait que l'exécutif peut tout tranquillement s'inviter sur une radio de service public,
03:01 ou bien préempter tous les JT sans que les journalistes protestent un seul instant,
03:06 et il a ajouté, non sans raison,
03:08 "il n'y a pas un seul pays européen où ça se passe comme ça".
03:12 Et vous savez le plus beau ?
03:14 C'est que dans le grand auditorium de Radio France,
03:17 je vous parle bien de Radio France,
03:19 Bellamy a été spontanément applaudi par le public.
03:22 - Si on en revient à Emmanuel Macron, vous pensez, Alexis,
03:24 que cette boulimie d'intervention peut lui procurer un bénéfice politique ?
03:28 - Vous savez, Dimitri, en politique, je crois qu'il ne faut pas toujours chercher de grandes stratégies
03:32 derrière les déclarations des uns ou des autres.
03:34 En l'occurrence, il me semble que dans cette frénésie communicationnelle
03:38 qui s'est emparée du président de la République, il entre bien autre chose.
03:42 Est-ce la peur du vide ?
03:44 L'angoisse qui monte avec le temps qui passe ?
03:47 Le besoin de se prouver qu'on est indispensable en se rassurant au son de sa propre voix ?
03:52 Je crois en tout cas que cette logorée relève davantage d'une pulsion instinctive,
03:58 donc irraisonnée, que d'un calcul politique.
04:01 Quant à ses effets, tout le monde est d'accord.
04:04 Non seulement le RN ne recule pas, mais plus le président s'exprime, plus il monte.
04:09 La vraie question, c'est pourquoi dans l'entourage d'Emmanuel Macron,
04:13 il n'y a personne, pour oser lui dire tout simplement, d'arrêter de parler tout le temps ?
04:17 - L'édito politique sur Europe, merci Alexis Brézé à votre dernière question.
04:21 Peut-être trouvera-t-on des éléments de réponse dans le Figaro du jour
04:24 qui met à la une précisément le casse-tête de l'après-élection européenne
04:28 pour le camp d'Emmanuel Macron. Merci Alexis, à demain.

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