L'invité de 7h45
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00:00Nicolas Crosel, votre invité ce matin, Arnaud Leclerc, politologue à l'Université de Nantes.
00:05Bonjour Arnaud Leclerc.
00:06Bonjour.
00:06Merci d'être là. On vote dimanche donc pour ces Européennes.
00:09À quoi faut-il s'attendre selon vous déjà pour la participation ?
00:12Ce n'est pas un scrutin qui passionne d'habitude.
00:15Non, il devrait être à peu près dans les mêmes horizons que 2019.
00:18Il y avait eu une légère remobilisation, autour de 50-50 en réalité, 50% d'abstention.
00:22Un qui va voter, un qui n'y va pas, quoi.
00:24Dans la région, on fait généralement deux points de mieux en termes de participation.
00:28C'était vraiment 2014, c'était vraiment 2019 et ça devrait être là aussi le cas.
00:31Alors Emmanuel Macron s'invite jeudi soir à la télévision,
00:34dans le cadre officiellement des 80 ans du débarquement,
00:37mais aussi pour parler d'Europe.
00:39La candidate de son camp, Valérie Rillet, est en difficulté dans les sondages.
00:42Est-ce que vous pensez que ça peut l'aider ou au contraire que la ficelle est un peu grosse ?
00:46La ficelle est un peu grosse, très clairement.
00:48De toute façon, c'est un peu comme une élection intermédiaire
00:51qui arrive à un moment où Emmanuel Macron, on le sait, est très impopulaire.
00:55Et donc en règle générale, ce type d'élection,
00:56c'est une sanction pour le gouvernement en place.
00:58C'est un scrutin défouloir, renforcé par le mode de scrutin un tour proportionnel intégral.
01:04On se dit, l'Europe c'est loin, il n'y a pas forcément de calculs, de risques, de machins,
01:08on se fait plaisir et on en oublie peut-être le pourquoi on vote.
01:11Alors c'est vrai, cette dimension-là existe,
01:13un peu un vote d'expression sans trop de conséquences, souvent perçu comme ça.
01:17Il faut rappeler quand même que sur les 50% qui vont voter,
01:19c'est plutôt ceux qui s'intéressent à la politique.
01:21Une grande partie de ceux qui sont distants en l'égard de la politique, ils ne vont pas.
01:24Alors ils s'intéressent à la politique, et si on en croit les sondages,
01:27ils sont à 35, 36, 37% pour le Rassemblement National.
01:32Ça veut dire peut-être que le Rassemblement National n'est plus qu'un simple vote de protestation.
01:36Alors si je vous suis bien.
01:38Non, c'est peut-être beaucoup plus que ça.
01:40D'abord, l'écart qu'on a c'est plutôt 32-34, on va dire, autour de ça.
01:44Mais ça peut encore bouger.
01:46Ça montre que ce parti-là c'est ancré.
01:48Ça montre surtout, très bêtement, que le mouvement macroniste s'est considérablement érodé, on va dire.
01:56Oui, parce que si on regarde il y a 6 ans, le RN était en tête,
02:00mais les macronistes étaient juste derrière, c'est ça ?
02:02Il y avait un point d'écart entre les deux à l'échelle nationale,
02:04et là on est sur quelque chose qui est de l'ordre de 16 points d'écart.
02:08Donc on voit bien, il y en a un qui s'est effondré, et l'autre au contraire qui a beaucoup progressé.
02:13Il a progressé un peu partout.
02:15Alors on verra si dans cette région, qui a toujours été une terre difficile pour le RN,
02:19ça peut se manifester.
02:22A priori, il y a deux départements dans lesquels le RN est puissant.
02:26Le plus important c'est la Sarthe.
02:27Il est de loin le premier parti en Sarthe depuis maintenant quelques années.
02:31Et là on va pouvoir le mesurer.
02:32Et le second c'est la Vendée, où c'est en train d'avancer très très nettement.
02:36Donc pour nous ce sera plutôt par l'axe.
02:39Je voudrais vous ramener sur cette question.
02:41Est-ce qu'on peut avoir une photographie politique différente en Vendée, en Loire-Atlantique, sur la métropole de Nantes,
02:47que ce qu'on aura au plan national dimanche soir à 20h ?
02:51Vraisemblablement il y aura des choses différentes.
02:52On peut imaginer que le RN sera peut-être moins fort sur la métropole de Nantes quand même.
02:55Oui, oui, bien sûr.
02:57Et d'une manière générale, les pays de la Loire, il ne faut pas l'oublier, c'est un peu comme la Bretagne,
03:01ce sont des régions qui ont été très macronistes.
03:03Donc comme ce vote Macron recule fortement, on va voir où partent ces électeurs.
03:08Ils retournent d'où ils étaient venus, avec un nouveau clivage gauche-droite.
03:12Il y a une grande chance que ce soit le cas pour la Loire-Atlantique, où l'ancrage à gauche est très fort,
03:16et donc il y a plus de chances que ce soit de ce côté-là que les électeurs reviennent.
03:20À l'inverse, en Vendée c'est plutôt du côté du RN que ça peut se dérouler.
03:26Et puis dans des régions comme le Médénoir ou la Mayenne,
03:30où la candidate est elle-même ancrée, la candidate La République En Marche,
03:35et donc là il y a des chances que ce soit dans la tradition centriste que ça demeure.
03:38– La Vendée, terre pourtant aussi LR, non ? Où c'est fini ?
03:42– Elle l'était…
03:43– Je pense à Bruno Retailleau qui est quand même influent encore.
03:46– Oui mais elle l'était, elle l'est de moins en moins.
03:48Et puis élection après élection, elle l'est de moins en moins.
03:51Et c'est d'une certaine manière la tendance globale dans la région et à l'échelle nationale.
03:56– Je reviens sur la gauche, on évoquait notamment peut-être la photo nantaise,
04:01où on se souvient qu'à la présidentielle,
04:03Jean-Luc Mélenchon était très largement devant, ensuite c'était Yannick Jadot.
04:06Mais avant d'arriver à Anne Hidalgo, là on peut parier sur quoi ?
04:10Sur l'effet Glucksmann aussi à Nantes ou moins marqué peut-être ?
04:14– À première vue, il n'y a pas de raison que l'agglomération de Nantes
04:18échappe à ce phénomène-là nationalement.
04:21– Phénomène Glucksmann quoi, le rebond d'une gauche plus modérée ?
04:24– Oui exactement.
04:25– Enfin en tout cas moins radicale sur certaines parties.
04:27– Ah bon, historiquement il y avait un électorat de gauche modérée très important à Nantes
04:30et qu'il a une grande chance ici de ressurgir.
04:33En revanche, ce qu'il faudra regarder c'est le score des écologistes
04:36qui normalement vont refluer un peu partout, en Europe, en France aussi.
04:40Mais ce n'est pas sûr dans notre agglomération que ce soit complètement le cas.
04:43– Et la suite après, une fois que ces élections auront rendu leur verdict dans une semaine,
04:48si Emmanuel Macron est en troisième position face à Alice Valérie Ayé par exemple,
04:52avec un RN à 30, 32, 33, il se passe quoi dans les trois prochaines années ?
04:57Parce qu'on peut se dire qu'on fonce vers une élection de Marine Le Pen à la présidentielle.
05:00– C'est clair qu'il y a une autoroute, soyons très nets de ce point de vue-là.
05:04Mais de toute façon, les difficultés d'Emmanuel Macron ne sont pas nouvelles.
05:07Ce n'est pas l'élection européenne qui serait une image qui va le manifester une fois de plus.
05:12Mais sa crise de légitimité pour agir est déjà là, elle est très importante.
05:17Et d'une certaine manière, le seul parti qui n'est pas usé pour le pouvoir
05:21et peut représenter un renouveau pour une grande partie de l'opinion publique,
05:24c'est aujourd'hui le Rassemblement National.
05:26À voir comment il gérera ça, le président de la République,
05:29peut-être avec des alliances pour essayer d'avoir une majorité à l'Assemblée,
05:32ce qu'il n'a pas pour l'instant.
05:33– Exactement, et puis n'oublions pas, il y aura aussi tout un travail de recomposition
05:36à l'échelle européenne.
05:38– Merci beaucoup Arnaud Leclerc d'être venu nous éclairer.
05:41J'imagine que vous serez là peut-être dans une semaine
05:43pour qu'on fasse le bilan de la manière dont tout ça s'est déroulé.
05:48En tout cas, on vous rappellera bien évidemment.
05:49Merci beaucoup d'être venu ce matin.