Charles Elachi, professeur au California Institute of Technology, Directeur du JPL(2001-2016)

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Dr Charles Elachi, professeur au California Institute of Technology (Caltech). Directeur du Jet Propulsion Laboratory-NASA (2001-2016), prestigieux centre de la NASA, situé en Californie. La spécificité du Dr Charles Elachi, en plus de ses grandes connaissances, est sa participation importante au développement de projets aérospatiaux en partenariat avec la France dont il a une fine connaissance des élites scientifiques du territoire. Ancien étudiant de École polytechnique universitaire de Grenoble-Alpes (Polytech Grenoble).

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00:00 L'autre question que vous avez demandé, c'est la question de participation des pays en développement.
00:08 Alors ici à Caltech, comme en France, je me rappelle, il y a un grand nombre d'étudiants qui viennent ici de pays d'Afrique ou d'Asie,
00:19 et après, une fois qu'ils ont leur doctorat, ils vont de retour dans leur pays, mais on continue la collaboration avec eux.
00:29 Alors ça fait aussi, et particulièrement dans les domaines spatials, d'habitude les jeunes sont très intéressés dans l'exploration spatiale.
00:38 On a une collaboration avec l'Europe dans tous les projets du passé, aussi bien que des projets du futur.
00:45 Spécifiquement avec le CNES, on a toute une série de satellites terrestres pour étudier les océans.
00:53 Ça fait maintenant une quinzaine d'années, ou peut-être 20 ans, qu'on avait tous les 4 ou 5 ans,
01:03 on avait un satellite pour étudier les océans, la circulation des océans, la température,
01:11 parce qu'il y a toujours le problème de global change et le changement de température dans notre planète.
01:19 L'océan est une partie importante d'étudier ce qui se passe sur notre planète.
01:26 Je m'appelle Charles Elachi, je suis un professeur à Caltech aux États-Unis,
01:35 et depuis, dans la période 2001 à 2016, j'étais le directeur du JPR, le Jet Propulsion Laboratory.
01:45 Alors quel a été votre parcours d'étudiant ?
01:49 Je suis d'origine libanaise, j'ai fait mes études au Liban jusqu'au baccalauréat.
01:56 Après ça, je suis parti en France, j'étais à l'Institut Polytechnique de Grenoble pour faire mon diplôme d'ingénieur.
02:04 J'ai passé 4 ans, c'était depuis 1964 à 1968, c'était le temps où les Jeux Olympiques d'hiver étaient à Grenoble.
02:14 Je me souviens de Jean-Jacques, de skieurs français.
02:20 Après, je suis venu aux États-Unis pour faire mon doctorat.
02:24 Je suis venu à l'Institut Californien of Technology où j'ai fait mon doctorat ici en Californie.
02:32 Quel a été le sujet de votre thèse ?
02:37 J'ai fait mes études dans ce qu'on appelle physique appliquée ici.
02:41 Spécifiquement, j'ai fait mon doctorat sur la propagation des ondes électromagnétiques dans des milieux périodiques.
02:50 C'était une thèse complètement théorique que j'ai faite ici avant de commencer à travailler au JPA.
02:59 Aujourd'hui, l'ensemble de vos travaux de recherche sont-ils visibles, présents sur différents projets spatiaux que nous utilisons aujourd'hui ou que nous avons utilisés il y a quelques années ?
03:16 Oui, quand j'ai commencé au JPA, après mon doctorat, j'ai devenu un professeur à Caltech et aussi je travaillais comme chercheur au JPA.
03:27 La plupart de mes recherches personnelles, c'était pour utiliser les instruments de satellite, particulièrement des radars, pour faire du mapping de la géologie terrestre aussi bien que planétaire.
03:44 La plupart de mes travaux, c'était d'étudier les planètes, particulièrement la géologie des planètes, Vénus, la Terre, Mars, l'Europe, et pour faire des extractions d'informations scientifiques.
04:02 Et de construire des instruments avancés ou bien radars ou bien infrarouges ou visibles.
04:10 La plupart des missions que j'ai fait du point de vue recherche, c'était dans ce domaine.
04:17 Mais quand j'étais le directeur du JPL, on avait toute une série de missions qui étaient de toute une variété d'études planétaires.
04:29 C'est très riche au niveau du JPL parce que vous êtes au cœur de tous les plus gros projets aérospatiaux dans le système solaire et en comprenant, comme vous l'avez si bien dit, la géologie, la Terre elle-même.
04:45 Avez-vous une rencontre particulière durant votre parcours d'étudiant ou professionnel qui vous a influencé pour vous orienter sur cette carrière d'excellence ?
04:57 La plupart de mes professeurs à Grenoble, au Liban, puis après à Grenoble, puis après ici, je les ai tous trouvés très intéressants.
05:09 Ils ont fait la science quelque chose de très intéressant.
05:15 Je me rappelle très bien à Grenoble, un de mes professeurs était Louis Neel, qui a reçu le prix Nobel durant la période où j'étais à Grenoble.
05:26 Alors lui, il était comme mon advisor. Il a fait la physique de quelque chose de très intéressant pour moi.
05:34 Il a parlé un peu des explorations planétaires.
05:39 Alors c'était lui qui m'a donné envie de venir à Caltech après mon doctorat.
05:45 Je lui ai dit ce que j'étais intéressé dans les études spatiales, l'exploration spatiale.
05:53 Alors il m'a dit une grande université sera le California Institute of Technology, au Caltech, ici,
06:01 parce qu'il y a une association entre l'université et le centre spatial de la NASA qui est le Jet Propulsion Lab.
06:09 Il y a seulement une distance de 5 km entre les deux.
06:13 Et l'université elle-même fait l'administration du centre spatial.
06:20 Alors ça, c'était l'une des raisons que je suis spécifiquement venu à Caltech.
06:25 Pouvez-vous nous faire part de quelques missions phares durant la période où vous avez été directeur du JPL de 2001 à 2016 ?
06:35 3 à 4 missions qui vous ont marqué et qui ont été incontestablement remarquées sur la scène internationale.
06:44 Durant cette période, on a lancé presque 25 missions planétaires et terrestres durant la période où j'étais directeur.
06:56 Toutes les missions étaient très intéressantes. C'était vraiment excitant.
07:01 Mais les missions qui étaient les plus dramatiques, c'était les missions d'atterrissage sur Mars.
07:07 C'était Spirit and Opportunity et puis après Curiosity.
07:13 Parce qu'on travaille pour une période d'une dizaine d'années sur ces missions.
07:19 Puis tout dépend des cinq minutes quand on entre dans l'atmosphère de Mars.
07:25 Et comme la distance, ça prend presque une dizaine de minutes pour la communication entre la Terre et Mars.
07:33 On ne peut pas faire une réaction d'une manière réelle.
07:37 Alors tout était programmé d'avance.
07:41 Ici, on est dans la mission de contrôle et on voit ce qui se passe, mais on n'a pas de contrôle.
07:48 Parce que tout était programmé d'avance pour faire ça.
07:52 Alors ça, c'était les missions les plus dramatiques, du point de vue dramatique.
07:57 Et en même temps, tout le monde est en train de voir en même temps que nous ce qui se passe durant cette entrée.
08:04 Alors ça ajoute un peu pour le drame, pour le drama de ce qui se passe.
08:10 Puis en plus, c'était des missions qui ont une valeur très scientifique.
08:15 Et dans toutes ces missions, il y avait des participations du CNES de la France.
08:20 On avait des instruments français qui étaient sur ces missions.
08:24 Une autre mission qui était très importante, c'est qu'on a ajouté un hélicoptère sur l'une des missions sur l'atterrissage de Mars.
08:36 Et c'était la première fois qu'il y a un hélicoptère dans une planète autre que la Terre.
08:42 Alors ça a ouvert tout un domaine, un nouveau domaine d'exploration en utilisant des avions,
08:49 au lieu que d'utiliser seulement des rovers sur la surface.
08:53 Alors ça, c'était aussi, on n'était pas sûr que ça va marcher bien.
08:57 Alors c'était vraiment, ce qu'on dit, on prend un risque pour démonstrer la technologie et avancer notre capabilité.
09:08 L'autre mission qui était très importante, c'est Cassini.
09:11 Alors c'était une mission vers Saturne qui était faite ensemble avec l'European Space Agency.
09:19 Je vois le lanceur Ariane derrière vous.
09:23 Et avec ESA aussi bien que le Centre spatial en Italie.
09:34 Et c'était pour explorer la planète Saturne et tous les satellites autour de la planète.
09:40 Particulièrement l'exploration de Titan, parce que c'était un satellite qui est plus grand que notre Lune,
09:47 qui est vraiment couvert de nuages.
09:51 Et on a mis un radar, j'étais le principal investigator sur ce radar,
09:58 où on a vu que sur Titan il y a des lacs, il y a des rivières,
10:04 exactement comme on a ici sur la Terre, sauf que ces lacs et ces rivières sont faits de méthane.
10:11 Parce que la température est vraiment froide, alors l'eau est solide,
10:20 alors tous les rochers sont de l'eau, mais les liquides sont faits de méthane et de méthane, des matières organiques.
10:29 Alors ça c'était un exemple d'un satellite qui est très similaire à la Terre,
10:35 mais la chimie est complètement différente.
10:38 C'est sur ce plan de réflexion-là qu'on s'interroge plus ou moins sur pourquoi sur Titan l'apparition de la vie n'a-t-elle pas eu lieu d'une certaine manière ?
10:53 C'est une très bonne question.
10:56 C'est là l'un des objets des missions du futur,
11:01 c'est de chercher d'atterrisser et d'avoir un avion comme ce qu'on a fait sur Mars,
11:07 et d'explorer toute la région de Titan, particulièrement pour voir s'il y a des possibilités de la vie.
11:14 Parce que l'un des objectifs principaux dans notre exploration spatiale, c'est de voir s'il y a de la vie sur d'autres planètes que la nôtre.
11:24 Alors c'est pour ça qu'il y a intérêt sur Mars, parce qu'on pense peut-être qu'il y avait de la vie dans le passé,
11:30 quand il y avait de l'eau sur la surface de Mars. L'intérêt dans Europa et en Saladus,
11:37 un satellite de Jupiter, un satellite de Saturne,
11:44 où on pense qu'il y a un océan au-dessous de la surface.
11:49 Alors la question est-ce que c'est possible qu'il y ait de la vie dans cet océan ?
11:54 Et comme vous avez dit, sur Titan, parce qu'il y a de la matière organique sur la surface de Titan,
12:01 et on se demande est-ce qu'il y a possibilité de la vie sur Titan ?
12:05 C'est la particularité entre les deux domaines scientifiques, la biologie, le vivant et l'astronomie,
12:16 avec la plupart du temps où le scientifique sur Terre peut prendre une cellule dans son laboratoire et l'analyser,
12:24 alors que là, comme vous le soulignez si bien, c'est qu'on est dans des grands défis,
12:28 et qu'on essaye de faire cet exploit d'observer, de regarder, voire d'expérimenter,
12:36 mais sur le lieu, en se déplaçant à des distances extrêmes, d'aller sur un satellite pour observer,
12:42 récolter des données et éventuellement créer des champs de réflexion extraordinairement riches et intéressants.
12:50 Oui, exactement. Dans toutes ces missions, par exemple sur le rover sur Mars, en effet, on a un laboratoire chimique.
12:59 On a tous les instruments qu'on trouve dans un laboratoire ici sur la Terre, dans une université ou dans une compagnie,
13:07 et on fait des miniaturisations des instruments et on en a sur le rover.
13:13 Alors c'est plus ou moins comme une extension de nous, des scientifiques, d'envoyer nos laboratoires sur une autre planète
13:22 et de faire des analyses des rochers ou de l'atmosphère ou des choses comme ça pour des études biologiques ou des études géologiques aussi.
13:33 Aujourd'hui, quels sont les défis à court et moyen terme au sein du GPL,
13:38 en tenant compte notamment des différents partenariats avec les différents pays européens comme la France
13:45 et plus largement au-delà du contexte européen dans le concert international qui bouge beaucoup aujourd'hui dans le domaine du spatial ?
13:57 Dans presque tous nos projets, on a une collaboration avec l'Europe dans tous les projets du passé aussi bien que des projets du futur.
14:06 Spécifiquement avec le CNES, on a toute une série de satellites terrestres pour étudier les océans.
14:14 Ça fait maintenant une quinzaine d'années ou peut-être 20 ans qu'on avait tous les 4 ou 5 ans,
14:24 on avait un satellite pour étudier les océans, la circulation des océans, la température,
14:31 parce qu'il y a toujours le problème de global change et le changement de température dans notre planète.
14:40 L'océan est une partie importante d'étudier ce qui se passe sur notre planète.
14:46 On a toute une série de missions avec la France et c'était une collaboration extrêmement productive.
14:55 Ça dans les études terrestres. Dans les études planétaires, la mission qu'on est en train de lancer dans quelques mois,
15:06 c'est une mission qui s'appelle CLIPPER. C'est une mission d'être en orbite autour de Jupiter, étudier le satellite Europa et Ganymède.
15:15 En même temps, l'Europe a lancé déjà un satellite dans la même direction pour être en orbite autour de Jupiter et d'étudier les autres satellites.
15:26 Ganymède et Callisto, les autres satellites de Jupiter. On fait une collaboration entre les deux.
15:32 De cette manière, il y a des scientifiques américains qui participent dans les missions européennes et vice versa.
15:40 Il y a des scientifiques européens qui sont sur notre mission.
15:45 De cette manière, on utilise deux satellites pour étudier le système de Jupiter.
15:53 Dans le futur, on est en train d'étudier maintenant une mission pour chercher des chantillons de Mars.
16:03 Ce sera peut-être en 2030 ou 2032 qu'on fera ça. C'est une collaboration très intime entre nous et l'Europe.
16:13 Une partie de la mission sera faite par le CNES et une partie sera faite ici aux États-Unis.
16:20 De cette manière, ça donne comme exemple que dans les recherches scientifiques, planétaires en particulier,
16:27 il y a une collaboration très intime entre particulièrement l'Europe et les États-Unis.
16:35 Quand je dis l'Europe, c'est Issa ou les centres nationaux comme le CNES, le ACI ou le DLR en Allemagne.
16:46 C'est comme ça qu'on fait nos explorations. C'est vraiment une exploration pour l'humanité.
16:53 Pas pour les États-Unis ou la France, mais c'est pour tout le monde.
16:58 C'est une véritable collaboration avec une richesse scientifique derrière très présente.
17:04 Vous avez été enseignant durant de nombreuses années au sein du prestigieux institut de technologie de Californie, le Caltech,
17:15 où vous avez enseigné la physique de la détection spatiale.
17:19 Institut qui est composé de nombreux physiciens, théoriciens hors pair,
17:24 même d'autres scientifiques comme des astrophysiciens ou d'autres personnalités du monde scientifique.
17:32 Pouvez-vous nous faire part des grandes spécificités ?
17:35 Caltech, c'est une université privée, pas supportée par le gouvernement.
17:43 C'est une université qui est assez petite.
17:47 On a presque 2000 étudiants, 1000 qui font de l'ingénieur ou biologiste pour le baccalauréat,
17:59 bachelor, ce qu'on appelle ici, et presque 1000 étudiants qui font du doctorat.
18:06 On a presque 300 professeurs.
18:09 C'est une université assez intime.
18:13 C'est une université aussi très fameuse parce que de Caltech,
18:17 durant toute la période de Caltech dans les centaines d'années dernières,
18:23 il y avait je crois presque 45 prix Nobel qui étaient ou bien étudiants, ou bien professeurs, ou bien alumni de Caltech.
18:32 On fait spécifiquement la concentration dans les disciplines scientifiques,
18:39 ou bien la biologie, l'astronomie, génie d'ingénieur, et dans les domaines spatiaux,
18:48 parce qu'il y a une collaboration très intime avec le JPL, le Jet Propulsion Lab,
18:53 qui était fondé par Caltech.
18:55 Avant d'être un centre de la NASA, était un centre de Caltech.
18:59 Alors il y a pas mal d'interactions entre le JPL et Caltech.
19:05 Pour vous donner une idée, au JPL, il y a presque 7000 ingénieurs et scientifiques.
19:12 Alors c'est un grand laboratoire.
19:15 Il y a une collaboration, il y a des étudiants ici qui travaillent un jour par semaine au JPL.
19:22 Il y a des rechercheurs au JPL qui donnent des cours ici à Caltech.
19:29 Par exemple, moi-même, quand j'étais étudiant ici, je travaillais durant l'été,
19:33 je travaillais au JPL avant que j'ai reçu mon doctorat.
19:37 Alors c'est une relation très intime.
19:41 Aussi bien que Caltech est bien connu dans le domaine de physique,
19:47 physique, chimie et biologie,
19:49 alors pas très longtemps, c'était le centre qui a développé ce qu'on appelle LIGO.
19:58 Alors ça c'est l'instrument qui a fait une détection des ondes gravitationnelles.
20:03 Et les chercheurs comme Kip Thorne, qui était le principal chercheur dans ce domaine,
20:11 il a reçu le prix Nobel il y a 4 ou 5 ans.
20:14 Alors ça c'est un exemple des choses qu'on fait à Caltech.
20:18 Et ce qui est très important pour nous, c'est d'être sûr que les étudiants,
20:23 dès le début de leur étude universitaire, ils participent dans la recherche.
20:29 Alors c'est ce qu'on appelle, on est un "research university",
20:33 c'est-à-dire une université qui fait particulièrement de la recherche dans notre éducation.
20:39 Alors nous avons de nombreuses réflexions au sein de la société,
20:48 c'est-à-dire que beaucoup soulignent la complexité de faire apparaître, émerger,
20:54 de grands scientifiques d'envergure, comme de véritables physiciens-théoriciens,
20:58 des philosophes, des grands mathématiciens, des hommes ou des femmes d'ailleurs.
21:02 Et s'ils sont présents au sein de notre société,
21:06 ils sont majoritairement méconnus, "étrangers" de leur société, de notre société,
21:13 du fait que les canaux de communication sont souvent très élitistes.
21:18 C'est-à-dire que cela demande un certain effort de réflexion,
21:23 de conscience, des connaissances, des modèles théoriques, etc.,
21:27 pour pouvoir engager des discussions en profondeur
21:32 et des échanges très très riches humainement.
21:38 Alors qu'il s'agit l'une des choses incontestablement les plus précieuses au sein d'une société,
21:45 car leur présence, elle atteste incontestablement la vitalité d'une société.
21:51 Certains vont même dire que nos sociétés ne permettent hélas plus ou moins,
21:57 ou plus difficilement l'apparition de véritables théoriciens,
22:03 comme dans la lignée des grands noms connus,
22:07 c'est dans la lignée d'Albert Einstein,
22:10 dans la lignée d'Henri Poincaré pour la France,
22:14 de Mohamed Abdu Salam, de Peter Higgs.
22:17 Rappel pour ceux qui vont nous écouter par la suite,
22:20 Abdou Salam, il a eu une particularité,
22:24 au-delà du fait de ses travaux dans le domaine de la physique théorique,
22:28 il a fondé en 1983 l'Académie des sciences du tiers-monde,
22:32 qui est située en Italie et toujours vivante,
22:34 dont l'objectif principal était de promouvoir le travail scientifique
22:39 dans les pays en développement.
22:41 Alors, dans tout ce contexte-là, ces interrogations, ces inquiétudes,
22:46 mais aussi ces joies quand on rencontre ces scientifiques d'envergure,
22:49 on dialogue, on discute, parce que ça nous donne aussi envie
22:52 de nous investir au sein de la société d'une manière constructive,
22:55 et surtout en profondeur, qu'en pensez-vous ?
22:59 Quels sont les conseils, les réflexions que vous pouvez nous partager sur ces sujets ?
23:05 Car l'idée centrale, c'est comment participer à la présence de véritables élites,
23:11 tout en restant connecté, puisqu'aujourd'hui le mot,
23:14 c'est toujours rester connecté, mais au-delà de la virtualité.
23:19 Oui, c'est vrai.
23:20 Alors, chez nous ici, on fait un grand effort pour communiquer
23:26 avec le public en général, du rôle du domaine scientifique
23:31 dans la vie de tous les gens.
23:33 Alors, on a par exemple ici à Caltech, on a une série d'événements publics
23:43 où on invite le public dans la région, chez nous ici,
23:48 et on explique dans des conférences scientifiques,
23:52 mais fait d'une manière que le public apprécie l'importance de la science,
23:58 et on donne des exemples avec ça.
24:00 Moi, personnellement, presque chaque semaine,
24:04 je donne une lecture, ou bien dans les écoles,
24:08 ou bien dans des domaines publics, sur le rôle de la science et l'espace,
24:16 comment ça va changer notre vie.
24:17 Par exemple, un exemple que j'aime toujours bien donner,
24:21 c'est que tout le monde a un iPhone, comme ça,
24:26 et dans tous les iPhones, il y a une caméra.
24:29 Alors, j'explique aux gens que le focal plane de ces caméras
24:33 a été développé il y a 20 ans au JPL pour des instruments astronomiques.
24:40 On avait besoin d'avoir une caméra qui est très, très petite,
24:44 et très légère, alors on a fait des recherches,
24:47 et on a développé ça.
24:48 Puis un entrepreneur a dit, « Ah, je peux utiliser ça dans les iPhones,
24:53 et ça fait toute une économie de ça. »
24:54 Alors, ça, c'est un exemple que je donne au public,
24:57 que la contribution des scientifiques et des ingénieurs
25:03 a fait un grand changement dans notre vie.
25:05 Je donne un autre exemple, c'est le voyage par avion.
25:09 Il y a 100 ans, c'était une curiosité,
25:12 mais tous les développements technologiques qui ont été faits
25:16 dans les structures des avions, les engins des avions et tout ça,
25:21 et maintenant, tous les gens voyagent dans les avions d'une manière commune.
25:27 Alors, c'est important en communication avec le public
25:32 de leur donner des exemples qui sont parties de leur vie,
25:37 comment la science et ce que les scientifiques ont fait a changé leur vie.
25:44 Par un autre exemple, que j'ai parlé de Kip Thorne avant,
25:49 alors Kip Thorne, il participe à faire des films avec Hollywood.
25:56 Et alors, ça donne un autre exemple,
25:58 comment les scientifiques participent dans l'entertainment.
26:02 Les gens ont fait ça.
26:04 Alors, c'est important de démonstrer au public l'importance de la science,
26:11 pas seulement du point de vue théorique, ce qu'on fait dans les universités,
26:16 mais comment ça fait une implication pour notre vie régulière.
26:21 L'autre question que vous avez demandé,
26:23 c'est la question de participation des pays en développement.
26:30 Alors, ici à Caltech, comme en France, je me rappelle,
26:34 il y a un grand nombre d'étudiants qui viennent ici du pays d'Afrique ou d'Asie
26:40 et après, une fois qu'ils ont leur doctorat,
26:44 ils vont de retour dans leur pays, mais on continue la collaboration avec eux.
26:51 Alors, ça fait aussi, et particulièrement dans les domaines spatials,
26:56 d'habitude les jeunes sont très intéressés dans l'exploration spatiale,
27:01 parce que c'est quelque chose, ils voient les étoiles durant la nuit,
27:06 penser qu'on envoie des satellites à ces étoiles,
27:09 ou on fait des photos avec des télescopes de ces étoiles.
27:13 Alors, c'est très inspirational pour les jeunes gens
27:16 de participer dans l'exploration scientifique.
27:20 Alors, vous avez un bon point, que le public n'a pas des appréciations,
27:26 mais il faut toujours continuer nos efforts de communiquer avec le public.
27:33 Un autre exemple, c'est des gens, par exemple,
27:36 comme Jean-Jacques Cousteau et sa compagnie,
27:39 quand ils ont fait les explorations des océans.
27:42 Alors, ça aussi montre au public en général le rôle de la science,
27:49 d'étudier, d'explorer notre planète.
27:52 C'est vrai, c'est vrai.
27:54 Pour rebondir au niveau des avions,
27:59 à l'époque, avant que le GPS apparaisse,
28:02 on faisait de la navigation aux étoiles.
28:05 On se repérait avec les étoiles,
28:07 et il y avait un technicien dans le cockpit
28:13 qui s'occupait spécifiquement du repérage des étoiles.
28:16 Après, quand est venue la révolution du spatial,
28:19 effectivement, il y a toute la dynamique du GPS, du positionnement,
28:23 qui a chamboulé tout positivement, effectivement, dans ce cadre-là.
28:29 Vous avez donné un autre exemple,
28:32 toujours quand je donne des présentations publiques,
28:37 et je parle de la technologie spatiale,
28:41 comment on l'utilise,
28:43 toujours je demande, combien de vous de l'audience,
28:46 combien de vous ont utilisé l'espace dans les dernières 24 heures?
28:51 D'habitude, il y a quelques gens qui ont fait ça.
28:56 Je leur rappelle quand ils sont venus dans leur voiture,
28:59 ils ont le Google, le Google Map, et tout ça, pour leur location,
29:06 ils ont utilisé l'espace,
29:08 parce que c'était le GPS qui les a aidés
29:11 de placer comment aller de point A à point B.
29:15 Alors toujours, le public est un peu surpris,
29:18 parce qu'il ne pense pas que c'est des satellites
29:21 qui les ont aidés à faire leur voyage.
29:24 Alors donner des exemples comme ça,
29:26 ça toujours démontre la valeur de la recherche spatiale
29:33 et des systèmes spatiaux pour les choses qu'on fait tous les jours.
29:38 Certains de vos employés ont mentionné votre leadership visionnaire
29:43 qui a énormément aidé le JPL à réaliser certaines missions
29:47 les plus passionnantes et innovantes.
29:50 Quel conseil pourriez-vous donner à la nouvelle génération de leaders
29:54 pour avoir autant d'impact que vous l'avez été?
30:00 Je veux dire la même chose que je dis à mes étudiants ici à Caltech.
30:06 Il y a trois choses qui sont très importantes.
30:10 La première chose, tout est possible.
30:14 Si vraiment vous voulez faire quelque chose
30:17 et si vous travaillez à faire ça, tout est possible.
30:22 La deuxième chose, il faut avoir de la passion pour ce que vous faites.
30:27 Parce que quand vous allez passer la plupart de votre vie
30:31 à travailler par exemple en musique, en art, artiste,
30:37 ou bien scientifique, ou bien ingénieur, dans n'importe quelle discipline,
30:41 il faut avoir de la passion pour ce que vous faites.
30:45 Si vous n'avez pas de la passion, vous êtes dans un domaine,
30:48 vous devez changer et faire quelque chose d'autre.
30:53 Et la troisième chose, c'est qu'il ne faut pas hésiter de prendre un peu de risque.
31:00 Parce que si vous allez faire des nouvelles découvertes,
31:03 si vous allez faire quelque chose de nouveau,
31:07 la plupart du temps, on n'est pas sûr que ça va marcher.
31:10 Alors c'est pas...
31:14 Par exemple, dans nos missions planétaires, on prend du risque tout le temps.
31:19 Mais on fait, on pense sur ce risque, c'est pas un risque n'importe quoi.
31:25 Mais toujours, on n'est pas 100% sûr que les choses vont marcher, comme on dit.
31:32 Alors ça, c'est les trois choses que je recommande aux jeunes étudiants
31:38 ici à Caltech.
31:40 C'est de... Tout est possible.
31:43 Il faut avoir de la passion pour ce que vous faites.
31:47 Et il faut prendre un peu de risque dans votre travail.
31:52 Et si les choses ne marchent pas, ça ne fait rien.
31:56 You learn. Ça vous donne une expérience.
32:01 Au JPL, il y a pas mal de fois qu'on n'a pas réussi.
32:06 On a fait quelques missions sur Mars qui n'ont pas réussi,
32:11 mais on a appris de ces missions comment on va faire quelque chose de meilleur après ça.
32:17 Chaque erreur est une leçon.
32:22 Alors, pour les dernières questions,
32:26 que conseillez-vous aux jeunes filles et aux jeunes garçons intéressés par les sciences en général,
32:30 et le spatial en particulier ?
32:33 Je leur recommande, c'est dans le domaine spatial,
32:38 on a besoin de gens de toutes les disciplines.
32:41 Des chimistes, de la science matérielle, des gens de physique,
32:47 d'importe quel domaine. Même des artistes.
32:49 Au JPL, on a une douzaine d'artistes,
32:53 qui font des displays pour expliquer au public général ce qu'on est en train de faire.
33:01 Alors, si vous êtes intéressé par des études spatiales,
33:07 qui est vraiment très intéressant,
33:09 c'est un grand plaisir pour moi de travailler dans le domaine spatial,
33:14 dans n'importe quelle discipline, il y a la possibilité dans le futur de participer.
33:20 Par exemple, en France, il y a le CNES,
33:22 il y a plus pas toute une série de compagnies qui travaillent dans le domaine spatial,
33:28 il y a des universités, il y a le ESA,
33:31 et quand vous êtes parti de l'Union Européenne,
33:34 la plupart des grands pays de l'Union Européenne ont des centres spatials,
33:42 ou bien des fonds, des compagnies qui travaillent dans le domaine spatial.
33:46 Alors, ce que je leur dis, c'est vraiment un domaine très excitant.
33:51 Mais ce n'est pas le seul domaine.
33:53 Il faut que je vous le dise, j'ai deux filles,
33:58 elles ne sont pas des chercheurs scientifiques.
34:00 Une est architecte et l'autre travaille dans la politique,
34:05 mais elles ont de la passion pour leur domaine.
34:08 Et ça, c'est la chose la plus importante.
34:11 C'est vrai, c'est essentiel.
34:15 Alors, pour finir, les associations scientifiques et techniques
34:19 sont-elles pour vous une nécessité au sein de notre société
34:23 et pourquoi, justement?
34:25 Oui, elles sont très importantes, les associations scientifiques et techniques,
34:29 parce qu'elles font deux choses.
34:31 Une chose, elles cherchent les chercheurs de plusieurs pays,
34:37 pas seulement de l'association.
34:39 La plupart des associations sont internationales.
34:43 Alors, elles permettent de faire des communications
34:47 entre les différents chercheurs de différents pays.
34:50 C'est très important, particulièrement durant ces temps-là
34:54 où il y a pas mal de tensions entre les pays et tout ça,
34:58 alors avoir des scientifiques qui travaillent ensemble,
35:01 c'est un moyen de communication.
35:04 Par exemple, je me rappelle, même durant la guerre soviétique,
35:09 la guerre froide,
35:14 il y avait pas mal de communications entre les chercheurs spatiaux
35:19 au JPL et en Russie, ou bien dans le Soviet Union.
35:25 Et ça permet d'avoir des communications avec des gens,
35:29 parce qu'enfin, on est tous comme... on est la même chose.
35:33 C'est des gens qui ont le même désir que ceux qu'on avait ici.
35:37 Alors, ces associations sont très importantes.
35:39 L'autre chose, c'est qu'elles permettent aussi de faire plus de communications
35:43 avec le public.
35:45 Une autre chose qui est importante,
35:47 il y a pas mal d'associations où leur objectif,
35:51 c'est d'éduquer le public sur les recherches scientifiques.
35:55 Alors, c'est un rôle très important dans notre société.
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