France Caron
vice présidente de l'association des amis de la fondation pour la mémoire de la déportation
vice présidente de l'association des amis de la fondation pour la mémoire de la déportation
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00:00 Vous ne le saviez peut-être pas mais donc il y a 80 ans, Nîmes était bombardée par les Américains avec un bilan très lourd.
00:07 271 morts, 540 blessés et 140 immeubles détruits.
00:12 Pour aborder ce sujet, ce matin nous sommes avec Francine Cabane, vice-présidente de l'association des Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation.
00:20 Bonjour.
00:20 Bonjour.
00:21 Alors on vient de le dire, Nîmes était bombardée en 1944 mais bombardée par les Alliés. Comment ça se fait ?
00:28 Alors c'est tout simplement que les Alliés étaient à ce moment-là de la guerre en train de préparer les deux débarquements, deux grands débarquements,
00:38 celui du 6 juin 1944 et celui du 15 août 1944 en Provence, l'un en Normandie, l'autre en Provence, qui vont permettre la libération de la France et de l'Europe de l'Ouest.
00:48 Et ces bombardements s'inscrivent complètement dans cette préparation de la libération de l'Europe.
00:54 D'accord mais alors quels étaient les objectifs des Américains ?
00:57 Alors les objectifs étaient très clairs. Il s'agissait d'empêcher les troupes d'occupation allemandes de rejoindre les plages de débarquement.
01:06 Donc ils ont décidé de bombarder toutes les voies de communication, les ponts, les routes, mais surtout aussi les gares de marchandises, les gares de triage, les voies de chemin de fer,
01:20 de manière à bloquer complètement le déplacement des troupes d'occupation.
01:23 Mais quitte à faire des dégâts collatéraux et toutes ces victimes ?
01:26 Alors les objectifs étaient vraiment des objectifs stratégiques purement ferroviaires, sur Nîmes en tout cas,
01:34 mais à l'époque la gare de marchandises, la gare de triage, la routonde, les dépôts aussi d'artillerie étaient complètement encerclés de zones d'habitation.
01:45 Les Américains le savaient, ils l'avaient anticipé, et ils savaient qu'il y aurait des dégâts civils.
01:50 Bon, ils ont essayé d'être le plus précis possible sur leurs impacts, sur leurs bombardements,
01:56 c'est pas du tout pour excuser ce qui s'est passé, mais c'était quand même assez compliqué.
02:00 La DCA allemande était très puissante, c'est-à-dire la défense antiaérienne, qui allait donc tirer sur les avions,
02:07 ce qui fait que les Américains ont choisi de voler à très haute altitude, entre 6000 et 6500 mètres d'altitude,
02:13 et qu'à cette altitude-là, la précision est bien évidemment plus difficile, et qu'à deux secondes près, les objectifs,
02:21 les bombes par exemple qui tombent sur le quartier Richelieu, larguées deux secondes plus tard,
02:26 ou s'il y avait eu moins de mistral, seraient bien tombés sur la gare de marchandises.
02:30 C'est terrible pour les habitants de ces quartiers populaires, mais à l'époque, après, il y a eu beaucoup de colère des habitants,
02:37 qui ont pensé même que les objectifs avaient été de bombarder des quartiers habités, et de tuer une population civile,
02:45 ce qui n'était absolument pas le cas.
02:46 - Oui, vous justement, vous avez recueilli les témoignages de personnes qui ont vécu ces bombardements,
02:50 qu'est-ce qu'elles en disent, comment elles l'ont vécu ?
02:52 - Alors elles l'ont vécu chacune différemment, à l'aune de ce que ça a provoqué, ceux qui ont perdu leur maison,
02:59 mais surtout ceux qui ont perdu des membres de leur famille, c'était extrêmement douloureux.
03:03 Et moi, ce que j'ai voulu faire surtout, c'était retrouver des témoignages, c'est-à-dire permettre à des gens,
03:08 qui aujourd'hui ont souvent 90 ans, de parler de ces choses-là, elles avaient envie de parler,
03:13 de mettre des mots sur ce qu'elles avaient vécu, on sent que l'émotion, le traumatisme est encore là,
03:18 aussi longtemps après, très fort, parce que quand on a perdu un membre de sa famille, c'est très douloureux, bien évidemment.
03:24 - Et est-ce que cet épisode est aujourd'hui connu des Nîmois ou des Gardouins ?
03:28 - Alors il est connu, oui je pense, des gens d'un certain âge, je dirais, parce que tous les 10 ans,
03:34 il y a eu des commémorations qui ont été faites, avec un remarquable travail de Georges Maton et Philippe Ritter,
03:40 qui sont bien connus à Nîmes, Robert Chalavé, qui était membre de l'académie de Nîmes,
03:44 avait fait aussi une très belle communication sur ces bombardements, les journaux, la Gazette,
03:48 oui la Gazette il y a 10 ans, et puis Midi-Libre, ont toujours parlé des bombardements.
03:53 Mais c'est vrai que les jeunes générations ne le savent pas, ne connaissent pas cet épisode.
03:56 - Vous dites les bombardements, parce qu'il y en a aussi eu deux autres, le 12 juillet puis le 23,
04:01 mais avec des moindres conséquences.
04:04 - Avec des moindres conséquences humaines, et moins de dégâts, et des objectifs stratégiques mieux ciblés.
04:10 Celui du 12 juillet n'a fait qu'aucun mort, il y a 23 blessés sur la ville,
04:15 avec quand même des dégâts dans le cimetière Saint-Baudile,
04:18 mais beaucoup de dégâts sur la gare de Triage et sur les locomotives,
04:22 et puis celui du 23 août, on a très peu d'éléments dessus, parce qu'il s'est situé dans la nuit
04:26 qui précède la libération de la ville de Nîmes, qui était le 24 août,
04:30 et les archives ont disparu, et les journaux de la libération n'ont absolument pas parlé de ce bombardement,
04:36 parce que la libération est arrivée juste derrière.
04:39 - Merci beaucoup Francine Cabane, et vous tenez justement ce soir une conférence sur les bombardements de Nîmes de 1944,
04:45 c'est à 18h, salle Jacques Thérisse au lycée Alphonse d'Odé à Nîmes, et l'entrée est libre.
04:50 - Merci à vous. - Merci beaucoup.
04:52 - Merci d'être passée, il n'y a pas que les jeunes qui apprennent des choses,
04:54 comme vous disiez, nous les plus âgés, j'ai appris des choses en vous écoutant, c'est passionnant, vraiment.
04:58 Merci Francine Cabane d'être passée en direct ce matin.
05:00 à temps.
05:00 - Merci.
05:01 Merci à tous !