Nouvelle-Calédonie : comment apaiser les tensions ?

  • il y a 4 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Olivier de Keranflec’h et ses invités débattent de la situation en Nouvelle-Calédonie.
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Transcript
00:00Et de retour sur le plateau de Punchline sur CNews et sur Europe 1, bienvenue si vous
00:15nous rejoignez pour vous accompagner jusqu'à 19h.
00:17Autour de ce plateau, Muriel, Wagnin, Melchi, Gabriel, Cluzel, Véronique, Jacquie et Louis
00:22Dragnel.
00:23François, Puponi, j'ai la difficile tâche de vous distribuer la parole de manière équitable
00:27mais nous allons y arriver.
00:29Vous y arrivez bien.
00:30Très fort aussi pour me mettre dans des situations délicates, mon cher Louis.
00:34En tout cas, je vous propose que nous nous intéressions à présent à la Nouvelle-Calédonie
00:38avec ce constat.
00:39La visite d'Emmanuel Macron hier à Nouméa avait un objectif, je vous le rappelle, sortir
00:42de la violence, relancer le dialogue.
00:45Oui, mais voilà, après 14 nuits d'émeute, une nouvelle personne est morte après un tir
00:50de défense d'un policier, cela s'est passé ce matin.
00:53Le fonctionnaire et son collègue ont été pris à partie par une quinzaine d'individus.
00:57Nous le savions, le retour au calme ne tenait qu'à un fil.
01:00Régine Delfour, vous êtes sur place.
01:02Et le spectre d'un nouvel embrasement incontrôlable, eh bien, il plane sur l'archipel.
01:07Absolument, Olivier.
01:09Ce matin, avec Thibault Marcheteau, nous sommes rendus sur des barrages tenus par des
01:15indépendantistes et nous leur avons demandé si après les propos d'Emmanuel Macron, il
01:19comptait retirer ces barrages.
01:21Ils nous ont dit qu'ils en étaient hors de question, même s'il fallait en passer
01:25par la violence.
01:26Un petit peu plus tard dans la matinée, nous sommes rendus à Dombéa.
01:29Dombéa se trouve dans le grand nord de Nouméa, c'est une zone très inaccessible.
01:34On peut y aller si on a des contacts avec la CCAT puisque cette ville est encerclée
01:40par des barrages tenus par ces indépendantistes.
01:43Nous sommes retrouvés au cœur d'affrontements entre les forces de l'ordre et les indépendantistes
01:49puisque les forces de l'ordre essayaient donc de retirer un de ces barrages.
01:53Les forces de l'ordre ont donc tiré des gaz lacrymogènes et aussi lancé des grenades
01:57de désencerclement.
01:59Les jeunes ont donc répliqué par des jets de pierre.
02:02On a aussi appris en début de soirée que plusieurs maisons étaient incendiées dans
02:08le nord de Nouméa.
02:10Alors avant de vous entendre autour de la table, je vous propose d'écouter ce témoignage
02:15d'une habitante et nous allons le voir malgré la visite du chef de l'État.
02:18C'est un habitant.
02:19La crainte persiste, vous allez l'entendre.
02:22Non, malheureusement, on ne peut pas encore parler d'abaissement total puisqu'on a toujours
02:26des quartiers et des zones qui sont enclavées, dans lesquelles on ne peut pas pénétrer.
02:30Et qui plus est, les gens ne peuvent pas sortir pour aller se ravitailler et circuler librement.
02:35Pour l'instant, on est encore au même stade qu'avant la venue du président de la République.
02:43Il y a eu un peu plus de vide en Nouméa aujourd'hui, un peu plus de circulation, mais une nouvelle
02:48fois, c'était dans les quartiers qui ont été protégés.
02:52Mais une nouvelle fois, je pense moi à beaucoup de mes collègues, mes amis qui sont encore
02:56dans des quartiers pour lesquels ils n'ont pas de vivre depuis plusieurs jours.
03:01Donc non, la situation ne s'est pas apaisée depuis la venue du président.
03:04Nous le constatons, Véronique Jacquier, la parole présidentielle n'aura pas apaisé.
03:09Visiblement, la situation sur place était au fond prévisible.
03:12Oui, le président de la République, visiblement, veut gagner du temps.
03:16Alors, pour rebondir sur les témoignages que nous venons d'entendre, il faut savoir
03:22que Nouméa, c'est une ville qui est très, très étendue et très résidentielle.
03:25Et que de toute façon, les canaques, dont notamment les jeunes qui sont sur les barricades,
03:33sont vraiment établis dans des quartiers bien précis.
03:36C'est-à-dire qu'on retrouve le syndrome que l'on a en métropole avec des banlieues
03:41qu'on ne sait plus gérer, dans lesquelles on ne pénètre plus et qui sont finalement
03:45des territoires conquits.
03:47D'ailleurs, eux, ils disent que c'est leur Kanaki.
03:49Ils sont en Kanaki, ils ne sont pas en France.
03:52Ensuite, pour rebondir sur ce que disait Régine Delfour, elle parlait à un moment des barricades
03:59qui étaient tenues par la cellule de coordination des actions de terrain, la CCAT.
04:03Il faut savoir que cette cellule, elle est née en fin 2023, donc c'est tout récent,
04:08et que c'est un ersatz, en fait, du FLNKS, qui était l'interlocuteur principal jusqu'à
04:15présent, chaque fois que le feu couvait en Nouvelle-Calédonie, il y avait les représentants
04:18des indépendantistes, le FLNKS, et puis de l'autre côté, évidemment, ceux qui voulaient
04:22rester français, d'un côté les Kanaches et les Kaldosh.
04:25Et cette cellule-là, le CCAT, ils sont extrêmement radicalisés.
04:30On a le sentiment qu'après la visite d'Emmanuel Macron, rien n'est fait pour renouer le dialogue
04:35avec ces gens-là.
04:36Donc, en fait, j'ai le sentiment que le président de la République veut laisser pourrir la
04:40situation, dit aux acteurs de terrain, débrouillez-vous.
04:43Donc, c'est reculer pour mieux sauter, quelque part, parce que, voilà, ça va rester ainsi
04:48un bout de temps, en sachant que si on ne règle pas la question identitaire avec les
04:52Kanaches, de toute façon, ça va pourrir et ça va se finir.
04:56Et nous le disions, la crainte, donc, très forte d'un embrasement de retour de violence
05:01comme on a pu le voir ces derniers jours, malgré, effectivement, le nombre de forces
05:05de l'ordre arrivant en masse sur la chipelle, Louis Draynel, on peut quand même le rappeler,
05:09puisque l'état d'urgence, il se termine lundi soir, alors après, qu'est-ce qui va
05:14se passer ?
05:15Alors, toute la question est là.
05:17Le temps presse pour Emmanuel Macron, et ça, c'est une donnée que, pour le coup, les indépendantistes
05:21ont bien compris.
05:22Emmanuel Macron leur a expliqué qu'il faut qu'on se mette autour de la table et à partir
05:26du moment où vous levez tous les barrages, eh bien, moi, je lève l'état d'urgence.
05:30Sauf que ceux qui tiennent les barrages savent très bien que, passé lundi soir, Emmanuel
05:34Macron n'aura d'autre choix s'il veut prolonger l'état d'urgence que de soumettre au Parlement
05:39le prolongement de cet état d'urgence.
05:40Sauf qu'aujourd'hui, Emmanuel Macron n'a aucune envie de convoquer les députés et
05:46les sénateurs de manière exceptionnelle pour organiser un grand débat à nouveau
05:49et qu'on parle à nouveau pendant au moins une journée du problème calédonien où le
05:53gouvernement va se prendre, encore une fois, une volée de bois vert au Parlement.
05:57On va parler que de ça.
05:58Il faut une majorité.
05:59Il faut une majorité.
06:00Je pense qu'il pourrait l'avoir compte tenu de l'état sécuritaire de l'île et globalement,
06:05personne ne se dirait « bon, on laisse tomber la Calédonie ».
06:08Mais donc, ça peut devenir un sujet politique pour Emmanuel Macron.
06:12Donc lui, je pense qu'il regarde, il essaye, à l'Élysée, il essaie de négocier, de
06:15faire en sorte que les indépendantistes appellent le plus possible au calme.
06:19Mais ce n'est pas du tout évident puisque, de toute façon, on l'a bien compris maintenant.
06:22On l'a compris, les indépendantistes ne veulent pas de cet accord global.
06:26Et donc, eux n'ont aucune envie de faire un cadeau à Emmanuel Macron parce qu'ils
06:30voient bien que, globalement, ce sont eux qui tiennent le manche de la négociation.
06:35Aujourd'hui, ce n'est absolument plus les caldoches qui, globalement, ont beaucoup à perdre.
06:39Et le chef de l'État qui a assuré à la chaîne publique de la Nouvelle-Calédonie
06:44que l'archipel ne doit pas devenir, je cite, « le Far West ».
06:47Écoutons-le.
06:48Il ne faut jamais laisser la violence s'installer.
06:51Elle est déjà là, c'est trop depuis onze jours.
06:53Et donc, ce que je veux qu'on fasse, c'est d'abord qu'on y reviendra un message d'ordre,
07:01de retour au calme et des moyens régaliens qu'on met parce que ce n'est pas le Far West.
07:06Et donc, la République doit reprendre l'autorité sur tous les points et apporter la sécurité
07:11à chacun.
07:12En France, ce n'est pas chacun qui se défend.
07:14Il y a un ordre républicain, c'est les forces de sécurité qui l'assurent.
07:17Ce n'est pas le Far West, François Buoni nous dit Emmanuel Macron.
07:21Emmanuel Macron applique la même méthode qu'il a appliquée à la Corse sur ce qui
07:24eut l'embrasement après l'agression et la mort d'Ivan Colonna.
07:27C'est-à-dire l'ordre doit revenir et ensuite, je vous laisse six mois, vous les Corses,
07:32pour trouver une solution.
07:33Et puis, une fois que vous aurez la solution sur l'autonomie, etc., eh bien, on ira au
07:37Parlement et ensuite, on ira au Congrès.
07:39Voilà.
07:40Sauf que, et en Corse et en Nouvelle-Calédonie, les indépendantistes ne participent pas d'une
07:46manière ou d'une autre à ce dialogue.
07:47Et donc, les plus virulents, les plus actifs, les plus violents, ils sont en dehors du processus
07:55parce que, de toute façon, eux, il n'y a pas de négociation.
07:57Le CCAT était au négociation.
08:00Oui, mais au moins, les indépendantistes ont quitté les négociations.
08:03Oui.
08:04Et ça, ce sont eux qui ont décidé de partir.
08:06Pardon, ils n'ont pas été exclus.
08:07Non, non, non.
08:08Ils ne participent pas à la négociation et, à la fin, lorsque l'accord arrive qu'ils
08:14ne leur conviennent pas parce qu'ils n'y ont pas participé, eh bien, ils refont ce
08:18qu'ils ont l'habitude de faire, c'est-à-dire la violence pour imposer leurs vues.
08:22Parce qu'il faut quand même rappeler que le troisième référendum avait été fait
08:25à la demande des indépendantistes.
08:27Où ils ont boycotté.
08:28Oui, finalement, boycotté parce qu'ils ont vu qu'il y avait des sondages qui n'allaient
08:30pas dans leur sens.
08:31Mais moi, je trouve qu'aussi, tout le monde est en train d'expliquer qu'on s'est très
08:35mal comporté avec les canaques, qu'il faut les comprendre, qu'il faut les écouter.
08:39Je trouve qu'en fait, cette espèce de discours de repentance, évidemment qu'on n'a pas tout
08:43fait parfaitement, je démine d'emblée, mais je trouve que ce discours de repentance
08:47est en train de contaminer tous les esprits.
08:49Alors, Julie, justement, vous dites contaminer tous les esprits.
08:52Gabrielle Buzel, justement, est-ce que c'est contagieux ? Est-ce que cette colère, elle
08:59va finalement...
09:00Il y a un risque de contagion dans toute l'outre-mer française aussi ? C'est une question qui se
09:03pose ce soir, Gabrielle.
09:04Non, mais je crois qu'il y a deux sujets de comparaison avec ce qui se passe dans le reste
09:09de la France.
09:10Le premier, et on en parle très peu, c'est une question économique, c'est la question
09:14du nickel.
09:15C'est une question qu'on n'aborde pas, mais si aujourd'hui la Nouvelle-Calédonie souffre
09:18et notamment les canaxes, c'est parce que le marché du nickel a complètement été
09:22phagocyté par l'Indonésie aidée de la Chine, et ça, c'est un problème du mondialisme.
09:28Finalement, c'est le même problème que rencontrent les agriculteurs, pour certains sujets, en
09:32métropole.
09:33Et ça, c'est un vrai sujet sur lequel le gouvernement devrait se pencher, c'est pas une question
09:36seulement d'identité, mais aussi économique.
09:38La deuxième question, et vous avez infiniment raison de le dire, c'est qu'il y a une contagion
09:41possible dans le reste de l'outre-mer, mais j'ai envie de dire aussi en métropole, parce
09:45que tous ceux qui ont des velléités de sécession identitaire à petite, moyenne
09:50ou haute intensité en France regardent ces scènes et se disent, finalement, quand on
09:56est très déterminé, quand on met le bazar, qu'on casse, le met le bazar, c'est un euphémisme,
10:00qu'on casse, qu'on pille, qu'on brûle, à la fin, on obtient des négociations, le président
10:06qui se déplace et qui nous tend des pertes.
10:09Et qui sort le carnet de chèvres.
10:10Donc c'est évidemment profondément inquiétant.
10:12Nous allons retrouver Mickaël Dos Santos pour le point sur l'actualité, mais peut-être
10:16Véronique Jacquier pour conclure, s'il vous plaît, sur ce dossier de la Nouvelle-Calédonie.
10:20Je pense que...
10:21Enfin, je ne crois pas au côté tâche d'huile pour deux raisons.
10:25D'abord, parce que la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique sont des départements.
10:28La Nouvelle-Calédonie, c'est un territoire d'outre-mer et on leur a laissé entendre
10:34qu'on pouvait prendre le chemin vers l'indépendance.
10:37Alors, on a fait quoi ? Les canards ont entendu qu'on voulait bien leur faire comprendre.
10:41Par exemple, on a mis sur place un congrès qui a quand même des droits législatifs.
10:49Donc, c'est un territoire d'outre-mer, ce n'est pas un département.
10:52Donc, il y a eu un petit peu mal d'hommes dans l'esprit de la Nouvelle-Calédonie.
10:54Il est 18h30 sur CNews et Europe 1.
10:57Je pense que la situation en Nouvelle-Calédonie est quand même très particulière à la
11:02Nouvelle-Calédonie.
11:0318h30 sur CNews et Europe 1, si vous nous rejoignez, le point sur les toutes dernières
11:07actualités.
11:08Mickaël Dos Santos nous a rejoint.

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