• l’année dernière

Visitez notre site :
http://www.france24.com

Rejoignez nous sur Facebook
https://www.facebook.com/FRANCE24

Suivez nous sur Twitter
https://twitter.com/France24_fr#

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Cette fois-là, coupe est pleine pour Madrid.
00:02 L'Espagne a définitivement rappelé son ambassadrice à Buenos Aires.
00:05 Le Premier ministre Pedro Sanchez n'a pas du tout apprécié la visite dimanche du président Millei à Madrid.
00:11 Ce dernier n'est même pas venu saluer le roi ni le gouvernement.
00:14 Il s'est même permis d'insulter l'épouse de Sanchez.
00:17 Bonjour les ARL.
00:18 On vous retrouve comme chaque mercredi en direct de la rédaction hispanophone de France 24 à Bogotá.
00:23 Cette crise, c'est du jamais vu entre l'Argentine et l'Espagne.
00:28 Bonjour Julien.
00:30 Alors oui, même si on ne parle pas encore d'une rupture diplomatique officielle,
00:35 c'est quand même la première fois que le ton monte de cette manière entre l'Espagne et l'Argentine.
00:40 Et c'est seulement la deuxième fois qu'un ambassadeur espagnol, en l'occurrence une ambassadrice,
00:44 est rappelé à Madrid depuis que Pedro Sanchez est au pouvoir.
00:47 La première fois, c'était avec le Nicaragua en 2021.
00:51 Et l'année suivante, d'ailleurs, une ambassadrice était déjà de retour à Managua.
00:55 Donc la décision de cette semaine du gouvernement espagnol,
00:59 il la justifie par la gravité de la situation.
01:04 Tout commence dimanche dernier.
01:06 Javier Milei, le président argentin, est un des invités d'honneur d'une convention
01:10 du parti d'extrême droite espagnol Vox.
01:13 Alors il monte sur scène à Madrid sous les applaudissements du public.
01:17 Et il fait un discours où il fustige la gauche, les gauches et le socialisme.
01:21 Et où il se permet de glisser quelques commentaires sur le chef du gouvernement espagnol,
01:26 le socialiste Pedro Sanchez, et surtout sur sa femme, Begoña Gómez.
01:30 Alors il n'a pas explicitement cité son nom à Begoña Gómez,
01:34 mais il a parlé d'une femme corrompue.
01:35 Et ça, c'est clairement en référence à l'ouverture d'une enquête
01:40 pour trafic d'influence et pour corruption en avril, qui vise justement Begoña Gómez.
01:45 Ça a été un scandale en Espagne, cette ouverture d'enquête.
01:47 Ça a fortement fragilisé le gouvernement de Pedro Sanchez,
01:50 qui a d'ailleurs même songé à démissionner.
01:53 C'est pour cela que les commentaires de Javier Milley ont vraiment fait mouche.
01:58 Et au lieu de s'excuser, comme a plusieurs reprises demandait le gouvernement espagnol,
02:03 eh bien Javier Milley persiste, il signe.
02:05 Lundi dernier, il a d'ailleurs traité Pedro Sanchez de lâche.
02:10 Et c'est pour toutes ces raisons que le gouvernement espagnol a pris la décision,
02:13 hier mardi, de rappeler définitivement son ambassadrice à Madrid.
02:17 Alors pas de rupture, mais une crise réelle. Et ça peut avoir quoi comme conséquence sur les relations bilatérales ?
02:22 Ce sont des pays très liés économiquement, ça compte aussi ?
02:25 Effectivement, Julien. L'Espagne et l'Argentine sont des pays avec une relation commerciale privilégiée.
02:34 Déjà, l'Espagne, c'est le deuxième investisseur, premier investisseur européen
02:39 et deuxième investisseur au monde en Argentine, derrière les Etats-Unis.
02:44 Et il y a 117 multinationales espagnoles qui sont actuellement sur le territoire argentin.
02:50 Et même si le patronat espagnol, il a clairement rejeté les propos polémiques de Javier Milley,
02:56 le patronat espagnol qui a dit que les entreprises n'appréciaient pas le climat de confrontation politique permanente,
03:02 eh bien du côté du gouvernement argentin, ils ne sont pas très inquiets en fait de cette dispute diplomatique.
03:08 Ils parlent plutôt d'une dispute personnelle et surtout idéologique entre Pedro Sánchez et Javier Milley.
03:14 Et les Argentins, eh bien ils ont raison en tout cas du point de vue commercial.
03:18 Il est très peu probable finalement que cette affaire, cette dispute diplomatique ait des incidences
03:25 sur la relation commerciale entre l'Espagne et l'Argentine, alors que par exemple la crise,
03:29 très forte crise économique en Argentine, est un facteur qui a beaucoup plus d'influence sur cette relation commerciale.
03:35 Par contre ce qui est intéressant, c'est que beaucoup de médias, tant argentins que espagnols,
03:41 analysent cette dispute de politique externe comme une manière pour Pedro Sánchez et pour Javier Milley
03:48 de galvaniser leur base, leurs partisans et finalement de détourner l'attention de l'opposition.
03:53 Et cela dit beaucoup du personnage politique qu'est Javier Milley, qui a été élu fin de l'année dernière.
04:03 Tout à fait, Julien. Javier Milley, c'est quelqu'un qui est connu pour sa manière de parler,
04:10 c'est quelqu'un qui est connu pour sa stratégie d'un discours qui se veut décomplexé
04:14 et d'affrontement direct, très ouvert avec ses adversaires.
04:17 Cela fait penser à un autre homme politique populiste, Donald Trump,
04:20 qui a d'ailleurs encensé à plusieurs reprises le président argentin.
04:24 Donc Javier Milley, il veut montrer que c'est un homme politique qui n'est pas comme les autres,
04:28 c'est un président qui n'est pas comme les autres.
04:29 Vous le rappeliez il y a quelques minutes, Julien, lors de sa visite en Espagne le week-end dernier,
04:34 il s'est passé du protocole, il n'a pas visité, il n'a pas rendu visite ni Pedro Sánchez,
04:39 ni le roi d'Espagne, Philippe VI.
04:41 Et Javier Milley, il veut aussi montrer que c'est quelqu'un qui ne mâche pas ses mots.
04:46 Lors de ce fameux entretien à la télévision argentine lundi dernier,
04:50 il a donc traité Pedro Sánchez de lâche, mais aussi d'arrogant.
04:53 Il a également dit que Pedro Sánchez aurait besoin d'un psychologue pour ses problèmes de maturité
04:58 et que Pedro Sánchez aurait un complexe d'infériorité par rapport à lui, par rapport à Javier Milley.
05:03 Mais il faut aussi rappeler que du côté des membres du gouvernement espagnol,
05:08 ils n'ont pas non plus mâché leurs mots par rapport à Javier Milley.
05:11 Et l'exemple le plus récent, c'est début mai, début de ce mois-ci, le ministre espagnol des Transports
05:17 qui a insinué que Javier Milley, durant sa campagne présidentielle, il se serait drogué.
05:23 Et pour autant, derrière ce commentaire extrêmement fort de la part d'un membre du gouvernement espagnol,
05:30 l'ambassadeur argentin à Madrid, lui, est toujours en place.
05:34 Merci infiniment Léa Hurel pour ces précisions depuis Bogotá.
05:38 Et on l'embrasse comme chaque fois nos collègues hispanophones.