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Le porte-avions Charles de Gaulle est le plus gros navire de la Marine nationale. Plus long que 2 terrains de football, haut comme un immeuble de 20 étages, c'est une véritable ville flottante habitée…
Réalisateur : Pierre Belet

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01:11 Le maître mot pour aller à la guerre c'est s'entraîner, s'entraîner et encore s'entraîner.
01:16 R-91, c'est le nom de code du Shah-O-Dubal, le fleuron de la marine nationale, le seul porte-avions européen.
01:27 Un géant des mers à propulsion nucléaire et à 3 milliards d'euros.
01:34 Un véritable aéroport flottant de quelque 42 000 tonnes, capable de projeter sa force de frappe aérienne depuis toutes les mers du monde.
01:43 Sa flotte aéroportée est composée d'une trentaine d'avions de chasse, des rafales, des super étendards, de 6 hélicoptères et de 2 Hawkeye.
01:56 Ces avions de surveillance équipés de radars capables de rouler une zone de 500 km à l'heure, équivalent de la surface de la France.
02:04 Le Charles de Gaulle c'est avant tout une prouesse technologique. C'est 260 mètres de long, 40 000 tonnes, 65 mètres de large.
02:19 Il y a 1900 personnes à bord, un immeuble de 8 étages. C'est aussi avant tout un aéroport. Il peut y avoir 40 avions sur ce porte-avions.
02:27 C'est de l'énergie pour faire vivre tout ça. Vous avez une centrale nucléaire, ce qui correspond à l'alimentation peut-être d'une ville de 30 000 habitants.
02:34 La menace est une embarcation rapide en rapprochement sur notre avant-bas-bord.
02:38 Un marteau de boucliers sur le port-à-bord !
02:40 Ce porte-avions c'est une prouesse industrielle. Parce que si vous regardez dans le monde, il y a quand même très peu d'industriels capables de concevoir, réaliser, entretenir un porte-avions de ce type-là.
03:05 Mais le Charles de Gaulle c'est d'abord un équipage qu'il faut rendre opérationnel.
03:09 Après 6 mois d'arrêt forcé pour une mise à jour de ses équipements, le Charles de Gaulle reprend la mer.
03:17 Et avec lui près de 2000 marins qui doivent se mettre ou se remettre à niveau. Un quart d'entre eux embarquent pour la première fois.
03:24 L'objectif, qualifier le bateau et l'équipage en réussissant la MECO. Abréviation qui signifie la mise en condition opérationnelle du Charles de Gaulle.
03:34 Un préalable nécessaire avant de partir au combat. L'occasion et le privilège rare de découvrir de l'intérieur cette forteresse flottante.
03:42 Vu comme ça, ça n'a pas l'air immense mais c'est immense. Ça fait bizarre de se retrouver là.
03:47 Changement d'écho, enfin... surtout d'ambiance.
04:01 Stacy a 21 ans. Elle embarque pour la deuxième fois sur le Charles de Gaulle. Elle est mécanicienne sur les avions de chasse.
04:08 Voilà, arrivé. C'est génial. Au revoir.
04:14 Le Charles de Gaulle quitte la rate de Toulon, son port d'attache.
04:25 Du mécanicien au pilote de chasse, du simple marin au commandant, tout le monde doit retrouver ses réflexes pour faire fonctionner le plus grand navire de combat européen.
04:34 Voilà, là on n'est plus tenu que par une haussière.
04:39 C'est juste ça qui nous attache à la terre.
04:50 Voilà.
04:52 Ça fait du bien. Le calme du large.
05:03 C'est agréable, des fois on regarde par-dessus bord et on voit des marseignes, des baleines.
05:09 Il n'y a pas tout le monde qui peut voir ça. Il y en a qui payent pour le faire.
05:15 Parmi tout l'équipage, un passager ressent une pression particulière.
05:19 Pierre Vendier. C'est un ancien pilote de chasse.
05:23 Mais cette fois, s'il vient d'embarquer sur le Charles de Gaulle, c'est pour en prendre le commandement.
05:28 Dans quelques heures, ce sera lui, le nouveau Pacha.
05:32 Sur ce bateau, il y a une âme. D'abord parce que c'est un porte-avions.
05:36 C'est un mélange de beaucoup de choses.
05:38 J'ai mené beaucoup d'opérations à partir de porte-avions. J'ai perdu des amis aussi.
05:43 Il y a une émotion très forte sur ce bateau.
05:46 Une partie de ma vie, j'ai fait 500 apontages.
05:50 On fait un apontage tous les 3 jours de mer, 1500 jours de mer sur les porte-avions.
05:53 Ça représente une tranche de vie.
05:55 C'est un bateau qui est très très très important pour moi.
05:58 Je suis un peu comme un bateau.
06:00 J'ai fait 500 apontages. On fait un apontage tous les 3 jours de mer, 1500 jours de mer sur les porte-avions.
06:06 Ça représente une tranche de vie.
06:08 J'ai connu beaucoup de commandants de porte-avions qui m'ont fait rêver.
06:11 Au fond de moi, j'avais un peu cette aspiration de me dire peut-être qu'un jour, je serai comme eux.
06:16 Savoir qu'il y a 2000 personnes qui attendent que je prenne les commandes, ça fait quelque chose.
06:21 Comme disent mes enfants, c'est énorme.
06:26 Je me dis que je suis un peu comme à la veille de mon mariage.
06:29 Je pense qu'il va se passer un truc énorme et que c'est le début d'une aventure.
06:33 La cérémonie de sa prise de commandement va débuter.
06:37 Avant cela, le futur pacha doit se plier au rituel de la photo officielle.
06:41 Quand je me mets au bout, on ne va pas aller plus loin.
06:44 Comme ça.
06:46 Tout est bien droit.
06:52 À 45 ans, Pierre Vendier a déjà participé à des opérations au Kosovo, en Afghanistan.
06:58 Plus récemment, au sein de l'état-major des armées, il dirigeait la cellule de crise du Mali.
07:03 Vous voyez arriver un nouveau commandant, le capitaine de vaisseau Pierre Vendier.
07:07 Être pacha sur le Charles de Gaulle, c'est être le maire d'une ville de 2000 habitants.
07:15 Mais aussi le patron d'une ville de 2000 habitants.
07:18 Mais aussi le patron d'une centrale nucléaire de 16 mégawatts.
07:22 Et bien sûr, un chef de guerre dont la première mission est de rendre opérationnel le groupe aérien embarqué.
07:28 Direction le bureau des vols.
07:34 Il n'y a plus que ça à récupérer.
07:38 Les entraînements vont commencer.
07:40 Le plan principal, c'est de la fouic.
07:42 En France, seule une soixantaine de pilotes de la F-15
07:46 sont capables de décoller et surtout d'apponter.
07:49 C'est-à-dire de se poser sur un porte-avions.
07:51 Les pilotes du Charles de Gaulle constituent l'élite de l'aviation française.
07:55 À 29 ans, Stoney, c'est son nom de guerre, est l'un d'entre eux.
07:59 Là, je vais jouer le méchant.
08:01 C'est une mission qui n'est pas forcément évidente
08:09 puisqu'on simule un avion qui est moins performant que les avions de la F-15.
08:13 On est en infériorité technique et numérique.
08:17 Donc de ce côté-là, c'est difficile.
08:20 Je vais récupérer ma fiche BDV et c'est parti.
08:24 Préparation des vols, préparation des avions aussi.
08:29 Sous le pont d'envoi, les pilotes de la F-15
08:40 sont en train de préparer le vol.
08:43 Sous le pont d'envol, un hangar de 8 000 m2
08:47 est entièrement dédié à la mécanique.
08:50 Dans cet espace où plus de 15 aéronefs peuvent être parqués,
08:58 une armée de mécaniciens a à sa disposition
09:01 plus d'un million de pièces de rechange
09:03 pour faire face à toute réparation.
09:05 Le hangar, c'est le domaine de Stacy.
09:09 - Il part à quelle heure pour de vrai, les avions ?
09:12 - Là, celui-là, il va partir pour 15h.
09:15 - Ça n'a pas été changé ? - Il est à 13h30.
09:18 - On a une heure. Il est où, le MTS ?
09:21 Une heure pour changer la roue du train arrière Bush,
09:25 faire le plein de carburant et vérifier l'appareil.
09:28 Un rafale.
09:30 Du travail de Stacy dépend la sécurité du club.
09:33 - Là, c'est...
09:36 Il faut vraiment que je fasse très attention
09:39 parce que c'est uniquement mon avion,
09:41 donc il y a que moi qui touche à l'avion.
09:44 S'il y a un problème, ce sera de ma responsabilité.
09:47 J'en prends soin.
09:49 J'aime bien le métier que j'ai choisi
09:54 et j'en suis bien contente.
09:56 Parce que c'est pas donné à tout le monde de vouloir travailler,
10:00 surtout pour une fille, sur un avion complexe.
10:03 C'est bien ravi d'être là.
10:06 Là, je vais au poste pilote,
10:11 me mettre à la place du pilote.
10:14 Ça fait plaisir d'être dans le poste du pilote, à sa place,
10:20 surtout que j'ai envie d'être pilote,
10:23 donc du coup, ça me fait plaisir à chaque fois
10:26 de faire le roulage avion.
10:28 (sifflement)
10:30 - On enlève le frein ! Doucement !
10:33 On enlève le frein !
10:35 Attention pour prenaître ! Prenaître !
10:38 (sifflement)
10:40 - Deux ascenseurs placés à tribord
10:45 permettent de déposer les avions sur le pont d'envol.
10:48 Ils sont capables de supporter 2 rafales de 25 tonnes chacun.
10:52 Sur le pont d'envol, des codes couleur
11:00 permettent de visualiser la fonction de chacun,
11:03 mécanicien, armurier, pilote.
11:06 L'organisation est minutieuse.
11:08 Il faut placer les avions dans l'ordre de passage des catapultages
11:12 et s'assurer de la sécurité de tout le personnel.
11:15 Deux fonctions qui sont de la responsabilité des chiens jaunes,
11:19 un surnom qui vient de la Deuxième Guerre mondiale,
11:22 et de leur capacité à aboyer pour faire entendre leurs ordres
11:26 quand la piste était en bois.
11:28 Ce sont eux les vrais patrons du pont d'envol.
11:31 - Prêt à se dégager, le tribord est à ce moment-là.
11:34 - Ça roule en direction des catapultes.
11:38 - Le major Ronan est l'un des plus expérimentés.
11:47 Plus de 30 ans de service à bord des ponts d'avion.
11:50 Il connaît l'importance de ces codes gestuels
11:53 qu'il échange avec les pilotes.
11:55 - On se regarde.
11:57 Le pilote annonce le paré, moi de mon côté je le rends.
12:01 On ne se regarde pas dans les yeux, c'est évident.
12:05 Mais on se voit visuellement.
12:08 On se voit visuellement.
12:11 Il y a des pilotes qu'on a vus pour la dernière fois.
12:20 Il y a des pilotes que j'ai connus, mais en fait,
12:23 ils sont embarqués dans les années 90.
12:26 Avec lesquels on s'est salué derrière le déflecteur.
12:29 Pour la dernière fois, on a perdu il y a quelques années
12:32 une patrouille de rafales.
12:34 C'est un peu particulier, le travail de se saluer
12:37 et de se dire que la personne n'est plus de ce monde.
12:40 C'est un peu trivial tout ça.
12:42 - Pour les pilotes, la concentration doit être maximale.
12:46 Se faire catapulter du porte-avion n'est jamais un homme d'œuvre.
12:50 Stone a revêtu sa tenue étanche en cas d'éjection.
12:54 Il est prêt.
12:56 - On partira de l'avant. - Oui, c'est bon, j'ai interpellé.
12:59 - Stone a à son actif près de 200 appontages
13:03 sur le char de vol, une expérience acquise
13:06 lors des missions de guerre en Italie.
13:09 Mais ce premier exercice doit lui permettre surtout
13:12 de réapprivoiser ce pont d'envol en plein jour.
13:15 Il devra ensuite passer sa qualification
13:18 en appontage de nuit pour entrer dans le club
13:21 très fermé des Ibus.
13:23 Les pilotes capables de réaliser des missions nocturnes.
13:26 - Je suis parti pour combien d'heures de cadavre ?
13:29 - En rôle, Stone doit assurer maintenant
13:42 sa mission d'entraînement.
13:44 Exercices de combat aérien, prise de photo,
13:47 ou même ravitaillement au verin.
13:50 - Là, en termes de crédit, le vent nous amène
13:57 petit à petit vers le nord-est.
13:59 - Sur la passerelle de pilotage, le Pacha supervise
14:02 les opérations pour trouver le bon vent de face
14:05 et caler la vitesse du porte-avions en conséquence.
14:08 Un avion de chasse a besoin pour décoller
14:11 d'atteindre la vitesse minimale de 270 km/h.
14:14 La puissance de la catapulte, la force du vent
14:17 et la vitesse du porte-avions doivent se conjuguer
14:20 pour y parvenir.
14:22 - Ce bel engin, il va jusqu'à 27 nœuds.
14:25 C'est quand même une vitesse assez considérable
14:28 pour 40 000 tonnes.
14:30 C'est ce qui est nécessaire pour faire décoller
14:33 et apponter les aéronefs.
14:35 - La catapulte permet de mettre un avion
14:38 qui peut avoir une masse assez importante de 24 tonnes
14:41 sur un volant de 4 à 5 km.
14:44 - Ça présente à peu près 5 G d'accélération pour le pilote,
14:47 ce qui est assez considérable.
14:50 - Ici, vous voyez des catapultes qui font 75 m de long
14:53 avec ce qu'on appelle le déflecteur de G
14:56 qui permet de protéger l'aéronef qui se trouvera derrière
14:59 pour pouvoir enchaîner les catapultages
15:02 et envoyer ce qu'on appelle un strike
15:05 qui est une pontée de 10 voire 20 avions
15:08 qui partent ensemble faire une opération.
15:11 - On tire sur un porte-avions, un avion toutes les 30 secondes,
15:17 c'est-à-dire une dizaine de minutes,
15:20 vous pouvez projeter une vingtaine d'avions de combat
15:23 sur votre objectif, ce qui est quand même un temps très court.
15:26 - On passe Andra sur la 4 plate.
15:32 Avant, Babouche, 167.
15:35 - Oui.
15:38 - On se met à la piste, on vise les gaz avant que le gars est dégagé.
15:44 - Tu les laisses en attente et dans 7, 8 minutes, on reprend.
16:02 - Bien repris.
16:04 - Le métier de pilote de chasse,
16:07 c'est un métier où le stress est permanent, mais il est géré.
16:10 On apprend à faire des choses très compliquées,
16:13 très stressantes, mais on domine le stress.
16:16 Là, ce qu'on leur apprend, c'est ça,
16:19 qu'ils sont en phase de domptage de leur stress.
16:22 - Bien.
16:25 - Véritable tour de contrôle du porte-avions,
16:37 la passerelle Avia coordonne les catapultages et les appontages.
16:40 - 19 verts.
16:43 - En 15 ans de service, le Charles de Gaulle
16:46 comptabilise plus de 34 000 appontages.
16:50 - Si vous vous souvenez un peu des porte-avions de la dernière guerre,
16:53 il n'y avait pas ce concept de piste latérale,
16:56 ce qui fait que la piste était dans l'axe
16:59 et au moindre problème, c'est-à-dire si un avion ratait son appontage,
17:02 eh bien, il venait percuter tous les avions
17:05 qui se trouvaient stockés à l'avant.
17:08 Donc, sur le Charles de Gaulle, on a un concept dit de piste oblique
17:11 qui permet, lors de la phase d'appontage,
17:14 et c'est ce qu'on appelle la piste latérale,
17:17 qui permet, lors de la phase d'appontage ici,
17:20 de garantir que si l'avion rate son appontage,
17:23 eh bien, il peut facilement redécoller sans venir ici interférer
17:26 avec la zone de stockage des avions en recueil.
17:29 Ici, vous avez ce qu'on appelle des brins d'arrêt,
17:45 ou on peut appeler ça des élastiques.
17:48 Ensuite, l'aéronef va avoir une crosse ici qui va accrocher le brin d'arrêt
17:51 et qui va ralentir l'aéronef.
17:54 Il y a un freinage qui n'est pas négligeable non plus,
17:57 puisqu'il passe également d'une vitesse de l'ordre de plus de 220 km/h
18:00 à un freinage sur 90 mètres qui lui représente une désaération de 5G
18:03 qui est vraiment un coup de frein assez violent pour le pilote.
18:07 - Allez, 28 nœuds. - Attends, on remarque qu'il est encore haut.
18:10 Les avions de chasse arrivent toujours plein gaz sur le pont.
18:13 - Plein gaz !
18:15 Une sécurité pour anticiper le cas où la crosse n'attrape pas
18:18 l'un des trois brins d'arrêt.
18:21 L'avion doit garder toute sa puissance pour pouvoir redécoller.
18:24 Un exercice qui ne peut pas être fait sans un autre avion.
18:27 - On a un avion qui est en train de décoller.
18:30 - On a un avion qui est en train de décoller.
18:33 Il a toute sa puissance pour pouvoir redécoller.
18:36 Un exercice indispensable pour les nouveaux pilotes.
18:39 - On vient de lui donner l'ordre de sortir sa crosse.
18:42 On a considéré qu'il avait suffisamment dégrossi l'affaire par ses 2 Tchengos.
18:46 - Alors, OK.
18:48 - Maintenant, il va avoir le droit de tenter pour de vrai.
18:51 - Je vais le faire, bien sûr.
18:54 - En théorie, ça ne change rien.
18:57 Si il va faire exactement la même chose, on lui a juste demandé de sortir sa crosse.
19:00 Et donc, c'est là où ça devient intéressant.
19:03 C'est que le niveau de stress va monter.
19:06 Avant, c'était un peu comme des tirs à blancs. Là, c'est des tirs à balles réelles.
19:09 - Je voudrais avoir votre verre. - Vous avez le verre.
19:12 15 tonnes lancées à plus de 220 km/h.
19:18 Et moins de 90 m pour s'arrêter.
19:21 Sur une surface à peine plus grande qu'un terrain de tennis.
19:24 - Il se pose.
19:27 - Il n'a jamais été aussi bas.
19:30 - Elle est horizontale.
19:33 - Il va y aller.
19:36 - 29,9 km/h, taux de descente.
19:39 - 12,4.
19:42 - Il a pris le bras droit.
19:53 - Il a pris le bras droit.
19:56 - Il a réussi.
19:59 - Au début, ce n'est pas facile.
20:11 - C'est son premier.
20:14 - Il en a 6 à faire.
20:17 - Il en reste 5. C'est que le début.
20:20 - C'est un moment clé de la vie d'un pilote de chasse embarqué.
20:23 - C'est le passeport pour pouvoir opérer depuis le portable.
20:26 - On a envie d'avoir son passeport.
20:29 - Mission maîtrisée aussi pour Stone.
20:39 - Satisfait d'avoir retrouvé les sensations d'un appontage sur le Charles de Gaulle.
20:43 - On est au miroir.
20:46 - On ressort comment d'une session comme ça ?
21:00 - Je suis content.
21:03 - Je vais voler, c'est sympa.
21:06 - Pour un pilote voler, c'est un peu comme un voyage.
21:09 - Pour un pilote, voler c'est le pied.
21:12 - On est content.
21:15 - C'est comme ça.
21:18 - Ce n'est pas un jeu aussi ?
21:21 - Non, on s'entraîne à faire la guerre.
21:24 - C'est un jeu dangereux.
21:27 - On s'y prépare comme ça, avec nos vols d'entraînement.
21:30 - Pour moi, c'est adapté.
21:33 - On a des vols comme ça qui sont très chargés au niveau tactique.
21:36 - C'est intéressant.
21:39 - En opération, on est plus détendu qu'en entraînement.
21:42 - On pousse le réalisme de l'entraînement.
21:45 Ce programme intensif d'entraînement n'est pas réservé aux pilotes.
21:50 Tout le monde doit ici faire ses preuves.
21:53 Au PC Sécurité, David est en formation.
22:05 - Je te présente sur plan, tu as le Charles de Gaulle ici.
22:08 - Du pont 01 et en dessous.
22:11 - Et tu as une deuxième partie, du pont 04 et du pont 02 avec l'hangar.
22:14 - Quand on croit que c'est terminé, ce n'est pas terminé.
22:17 David était marin pompier à Marseille.
22:20 Il a été choisi pour devenir le nouveau chef de la sécurité du Charles de Gaulle.
22:23 Un sacré défi.
22:26 - Tu m'as dit 2400 locaux dans le bateau, c'est énorme.
22:29 - C'est énorme.
22:32 - Tu n'as pas le temps de te repérer.
22:35 - Beaucoup de risques.
22:38 - Beaucoup de travail.
22:41 - Bienvenue quand même.
22:44 Le plus grand navire de guerre européen ne doit plus avoir aucun secret pour David.
22:47 Un dédale de coursives, de recoins, des kilomètres de couloirs
22:50 et plus de 2400 locaux.
22:53 Et même une centrale nucléaire.
22:56 - Charles de Gaulle, c'est la propulsion nucléaire.
22:59 - Ici, tu as l'accès de la zone de sûreté nucléaire.
23:02 Avec le système de verrouillage,
23:05 l'intervention dedans, ça se prépare.
23:08 - Il faut attraper une intervention classique.
23:11 Avec ses deux réacteurs nucléaires de 16 mégawatts
23:14 capables d'alimenter une ville comme Toulon,
23:17 le Charles de Gaulle est quasi autonome.
23:20 Il a une capacité de 4,5 milliards de tonnes.
23:23 Il a une capacité de 4,5 milliards de tonnes.
23:26 Avec ses deux réacteurs nucléaires de 16 mégawatts
23:29 capables d'alimenter une ville comme Toulon,
23:32 le Charles de Gaulle est quasi autonome.
23:35 Il pourrait naviguer sans interruption durant 7 ans.
23:38 La durée programmée pour changer les combustibles des réacteurs.
23:41 Cette propulsion nucléaire lui permet d'atteindre la vitesse de 50 km/h
23:44 et de parcourir jusqu'à 1000 km par jour.
23:47 - On est en train de descendre dans l'entre du bâtiment.
23:50 - Là, tu vas avoir les protections par le FM200.
23:53 - C'est complètement différent de ce que j'ai connu jusqu'à présent
23:56 parce que moi j'arrive du bataillon de marins pompiers de Marseille
23:59 où j'ai connu la lutte contre les incendies
24:02 dans les constructions plus traditionnelles,
24:05 des entrepôts, bâtiments d'habitation.
24:08 Ici, c'est complètement différent.
24:11 Ça m'oblige à adapter complètement ma manière de penser
24:14 à la mesure où c'est mon premier bateau.
24:17 Là encore, il y a un vrai enjeu d'adaptation rapide
24:20 pour que je puisse être efficace dans la direction de la lutte.
24:23 Pas de répit pour David.
24:36 Pour lui, la guerre, ça commence tout de suite.
24:39 - Dépêchez-vous, allez, par la porte du motel.
24:42 - Dépêchez !
24:45 Un exercice qui permet aussi de tester
24:48 la réactivité des équipes médicales
24:51 et l'efficacité de l'hôpital de bord et de ses 50 hommes.
24:54 - Prends le sac avec les pansements d'exercice.
24:57 On va lui mettre un pansement visuel.
25:00 - Si vous avez des confirmations,
25:03 savoir s'il faut utiliser le local ou pas.
25:06 - On le laisse comme ça.
25:09 - Négatif, pour l'instant, on fait stand-by.
25:12 Ils sont en train de regarder l'importance des locaux.
25:15 J'ai néanmoins demandé à ce que la force soit coupée
25:18 pour qu'on évite les départs de feu.
25:21 - Premier exercice au scénario bien réel.
25:24 Un missile a explosé à l'avant du bateau.
25:27 Le feu, puis l'eau.
25:30 Voilà les ennemis redoutables que David doit apprendre
25:33 à défendre.
25:36 ...
25:39 ...
25:42 - Pour lutter contre les sinistres
25:45 ou les agressions de combat,
25:48 le navire est muni à la fois d'un cloisonnement vertical
25:51 et puis aussi un pont,
25:54 qu'on appelle le pont d'étanchéité et de cloisonnement,
25:57 qui permet de garantir qu'un sinistre ne va pas se propager
26:00 dans le navire.
26:03 Mais il y a aussi un ensemble d'installations
26:06 qui sont redondées pour toutes les fonctions,
26:09 qu'elles soient aviation, conduite du navire
26:12 ou système de combat autodéfense.
26:15 Les postes opérateurs sont répartis de telle sorte
26:18 que s'il y a une panne ou une agression sur une zone particulière,
26:21 on garantit la mise en oeuvre des opérations du navire
26:24 à partir d'une autre zone.
26:27 - Combler les brèches dans la coque.
26:30 - Alors, c'est quoi votre idée de manœuvre ?
26:33 David est chronométré, analysé.
26:36 Sa stratégie d'intervention est jugée
26:39 minute par minute par ses instructeurs au brassard jaune.
26:42 Et visiblement, il n'est pas encore tout à fait au point.
26:45 - Vous êtes plus susceptible de pouvoir vous faire
26:48 abattre d'un autre tour. Là, vous êtes en train de défendre
26:51 une putain d'énergie pour essayer de sauver un local
26:54 qui est peut-être franchement indispensable à la navigation.
26:57 Donc temporiser plutôt, ménager le personnel
27:00 parce que si vous en reprenez encore sur la gueule,
27:03 vous n'aurez peut-être plus le moyen de...
27:06 - Bon, moi je contacte la Macops pour voir s'il y a effectivement
27:09 une importance vitale.
27:12 - De toute façon, sur le plan de niveau montagne,
27:15 il y a un niveau de l'analyse.
27:18 - Vous voulez le foncter et puis...
27:21 - Je vais vous repositionner au niveau du PCA pour que je puisse vous
27:24 remployer dans un moment. Combien vous êtes sur l'air?
27:27 - 40. - Allez, au repos, vous y aurez tout.
27:30 - Ces exercices, ils servent vraiment à ça, ça veut dire à détecter
27:36 nos faiblesses ou nos axes d'amélioration.
27:39 Si on nous fait des remarques, c'est qu'à un moment,
27:42 on est peut-être passé à côté de quelque chose ou qu'on n'a pas eu
27:45 la bonne vision d'un événement. Donc c'est de l'apprentissage
27:48 de ce qui est en train de se passer.
27:51 - Je suis au PCA d'abord.
27:54 - Quand on commence à aller en opération, en fait,
28:00 on fait des gestes qui sont déjà pré-câblés et donc
28:03 on peut faire des gestes parfaits. On se pose plus de questions.
28:06 Il y a encore des réglages, il y a encore des réglages.
28:17 - C'est l'exercice de la MECO, la mise en condition opérationnelle.
28:20 Peu à peu, l'équipage trouve ses automatismes.
28:23 Mais le Charles de Gaulle, c'est aussi une petite ville
28:26 à part entière qu'il faut nourrir.
28:29 Si le Charles de Gaulle peut naviguer indéfiniment,
28:32 il doit en revanche être ravitaillé tous les 45 jours.
28:35 2 000 marins, ce sont 120 tonnes de vivres
28:43 qui sont consommées en un mois et demi.
28:46 Ce soir, c'est opération ravitaillement.
28:49 - Hop, hop, hop, par là, par là, par là, par là.
28:53 Alors donc, on a 42 palettes de vivres, 16 de congelés,
28:57 13 de frais, 7 de boissons et 6 d'épicerie.
29:00 (Sifflement)
29:03 - C'est à l'arrière du bateau que se trouvent les vivres,
29:27 les salles de restauration et les cuisines
29:30 qui ont été rénovées lors de la dernière escale technique.
29:33 - J'ai faim. - J'ai faim?
29:35 - Moi aussi, j'ai faim.
29:37 - Ce soir-là, c'est justement le service de la restauration
29:40 qui va être jugé. L'exercice s'appelle le "Mess in action".
29:43 - Le "Mess in action", le challenge, c'est pas compliqué.
29:46 1 800 personnes à faire manger en 80 minutes,
29:49 avec une heure de préparation maximum.
29:52 Nous, notre but, c'est que les gens restent au poste de combat,
29:55 une partie sur la rampe OMS, une partie sur la rampe équipage.
29:58 Là-dessus, nous, notre boulot, c'est d'envoyer le plus vite possible
30:02 pour reprendre les équipes au niveau du poste de combat.
30:05 - Allez, c'est parti!
30:08 - Simulation d'une situation de combat.
30:16 Plus que la qualité de la nourriture, là, c'est la rapidité du service qui est testée.
30:22 - Allez, Lolo!
30:24 - Bon appétit! - Merci.
30:31 - Y a jamais de place. On reste là, là? Y a pas de place?
30:38 Les brassards jaunes, chronomètre en main, vont noter l'exercice.
30:46 - J'y arrive. 12 minutes.
30:50 - OK, ça marche. Vous êtes à combien, là?
30:53 - 134, c'est calculé. - 134.
30:56 Ce que je veux, c'est que vous me tirez à la chaîne de chaque bourdon.
31:00 - Allez, c'est... - Très bien.
31:03 - Je pense que le niveau est soutenu et la fluidité fonctionne bien.
31:09 C'est le premier quart qui est passé, donc on verra à l'issue.
31:12 C'est à peu près 20 minutes pour un quart de l'équipage.
31:15 On est à 12 minutes, c'est bien.
31:18 - C'est bon.
31:21 - Oui.
31:23 - Après 65 minutes de début de distribution de la nourriture,
31:31 nous sommes à 1 471 personnes qui se sont nourries à bord du portable.
31:36 - Ca veut dire que 250 personnes n'ont pas pris leur repas.
31:39 Et donc, au combat, si vous durez sur...
31:42 Si cette phase de combat dure dans le temps,
31:45 ces 250 personnes risquent de se fragiliser
31:48 et de ne pas faire ce qu'il faut au moment précis où on aura besoin d'eux.
31:52 - C'est fait. Allez, un coup de rangement, on travaille dans le fond.
31:56 C'est fini pour nous. Il reste encore la propreté à faire.
31:59 Les fours sont stoppés déjà depuis 10 minutes.
32:02 Et après, c'est fini. Allez.
32:11 Quelques coursives plus loin, Stone retrouve son poste
32:15 qu'il partage avec un autre pilote surnommé Jodas.
32:18 Bientôt, il devra s'employer pour obtenir sa qualification en appontage de nuit.
32:23 Le Graal pour ces pilotes d'élite, accros aux sensations fortes.
32:27 - Je vais le programmer 3 fois. C'est cool.
32:30 - On vole à quelques mètres de l'eau de nuit en voyant juste une ombre au fond des étoiles.
32:34 C'est l'avion qui est à quelques mètres. - Pas du tout, oui.
32:37 - Il y a des missions où on se retrouve à voler super bas au-dessus de l'eau
32:41 pendant plus d'une heure au milieu de nulle part.
32:43 On arrive souvent avec des grosses vitesses de rapprochement.
32:46 Parfois, on est à quasiment 1 800 km/h de rapprochement.
32:49 On voit un point d'art, ça se croise d'un coup.
32:52 Et puis après, ça s'enroule, on part à 9G.
32:54 - Après coup, encore une fois, quand on se souvient de la mission,
32:57 on se dit "ouais, ce qu'on a fait, c'est quand même un peu tête chic".
33:00 Ça fait des belles images. - Oui, c'est vrai.
33:03 - À un moment, on n'est plus là pour rigoler, on est là pour faire la mission.
33:07 C'est un boulot quand même qui... C'est pas anodin.
33:10 Au bout d'un moment, on va nous demander d'aller tirer sur des gens.
33:13 On a une mission, on a des ordres.
33:16 Maintenant, on reste des êtres humains.
33:32 Au pont inférieur, David révise.
33:35 Le nouveau chef de la sécurité n'a plus droit à l'erreur.
33:38 - Je pensais que ce serait dur. Je découvre que c'est dur,
33:44 donc je ne suis pas surpris.
33:46 Et je savais que j'aurais un gros travail à produire
33:49 pour apprendre et pour être à la hauteur.
33:51 Il y a une vraie pression parce qu'il y a une vraie volonté de réussir.
33:54 Il y a un vrai enjeu à la fin, c'est la qualification du bateau.
33:57 Donc il est clair qu'on aborde cet objectif
34:00 conscient de nos faiblesses qui ont été détectées
34:03 pendant les exercices qu'on a passés et qu'on a réalisés jusque-là.
34:06 Conscient aussi de nos forces.
34:08 Donc on sait qu'il y a des choses qu'on sait bien faire.
34:11 J'espère vraiment qu'on sera qualifiés.
34:13 Et là, je serai rassuré sur ma capacité
34:15 à commander en intervention à bord du bateau.
34:18 - Demain se joue l'exercice final
34:21 qui doit valider la mise en condition opérationnelle du Charles de Gaulle.
34:25 Tout l'équipage sera en position de combat,
34:28 avec David en première ligne.
34:30 Jour J, le porte-avions se réveille.
34:45 Mais en passerelle, la concentration est déjà maximale.
34:56 Pilotage de précision pour cette manœuvre de ravitaillement.
35:00 Cette fois, c'est du carburant pour les aéronefs.
35:04 Le Charles de Gaulle est piloté grâce à cette barre,
35:08 un simple joystick pour manœuvrer ses 42 000 tonnes.
35:11 - Trébord avant 071.
35:13 Trébord avant 071 !
35:16 - Pendant le ram, ram, ça veut dire ravitaillement à la mer,
35:22 il faut aussi lancer en passerelle
35:24 parce que tout autre doit être bien assimilé, bien effectué.
35:27 Par exemple, moi, je m'occupe des machines,
35:30 c'est moi qui gère la vitesse.
35:32 - Gouverner au 78.
35:34 - J'aime parce que ça met de l'adrénaline.
35:37 Je trouve que c'est excitant,
35:39 ça change du quotidien, de la routine.
35:42 Mais à la barre, c'est plus stressant.
35:47 À tout moment, on peut venir taper le ravitailleur qui est juste à côté,
35:52 parce qu'il y a juste 40 m qui nous sépare.
35:55 Ça peut aller très vite.
35:57 Comme chaque matin, une partie de l'équipage se livre à un étrange rituel.
36:07 C'est la séance de la cueillette.
36:09 Le pont d'envol doit être débarrassé du moindre boulon,
36:13 de n'importe quel objet qui pourrait perturber un catapultage ou un appontage
36:17 et avoir des conséquences dramatiques.
36:20 Rien n'est laissé au hasard.
36:22 Toute la logistique du Charles de Gaulle est dévouée à sa mission première,
36:27 faire décoller des avions de guerre.
36:30 - En tant que pilote de chasse, ici, on est le bras armé du bateau.
36:34 On est les instruments du commandant du bateau.
36:37 Le commandant du bateau peut nous envoyer à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit
36:42 pour réaliser une mission.
36:44 C'est pour ça qu'on s'entraîne.
36:46 - Quand il y a beaucoup de mer,
36:48 on peut imaginer que le cul du porte-avions va pouvoir monter et descendre énormément.
36:52 On peut se retrouver avec tout l'avion qui est avec un fond de mer derrière.
36:56 Il faut s'imaginer des gros mouvements de pont.
36:58 Même pour nous, quand on revient à bord par forte mer,
37:01 on voit vraiment cette coque de noix qui vient bouger un peu dans tous les sens.
37:05 Il faut savoir que le bateau ne fait que 42 000 tonnes.
37:08 On a un bateau qui est quand même,
37:10 même s'il a des systèmes de stabilisation,
37:13 qui est à la grosse houle, aux grosses mers.
37:17 - Ce qu'il faut pour rendre ce porte-avions opérationnel, c'est le stabiliser.
37:24 Sinon, quand l'avion va aponter,
37:27 les mouvements de plateforme seront tels qu'il rattera son apontage.
37:31 Au moment où le navire a été conçu,
37:33 DCNS, le concepteur, a développé un nouveau système un peu astucieux
37:37 pour garantir que ce navire resterait stable jusqu'à des mers,
37:41 jusqu'à 4 à 6 m de creux, ce qui est quand même assez considérable.
37:45 Le système est composé de masses jusqu'à 100 tonnes
37:49 qui se trouvent à l'avant et à l'arrière de l'îlot,
37:52 qui se déplacent à des vitesses assez importantes,
37:55 de l'ordre d'une minute pour passer de bâbord à tribord,
37:58 et qui permettent de garantir qu'en termes de giration,
38:01 ou s'il y a du vent latéral, ou s'il y a un état de mer important,
38:05 le pont restera stable, ce qui est une garantie essentielle
38:08 pour la sécurité des opérations et des personnels qui s'y trouvent.
38:12 Une intense journée d'exercice attend Stone,
38:18 avec en ligne de mire sa qualification à l'apontage de nuit,
38:22 un exercice qu'il n'a jusqu'alors réalisé qu'avec des simulateurs.
38:26 De nuit, je ne verrai pas grand-chose,
38:29 je verrai une lumière là-bas allumée sur l'îlot,
38:32 puis toutes ces petites lumières que vous avez dans le pont,
38:36 ici, qui vont délimiter tous ces marquages blancs.
38:40 La zone des bruns, bien sûr, tout ça, ce sera dans le noir.
38:45 Ce que je verrai, par contre, c'est le miroir d'apontage de nuit,
38:48 qui me guidera avec les officiers d'apontage
38:51 qui seront juste derrière ce tableau là-bas,
38:54 et qui vont me guider à la voie pour pouvoir ramener l'avion en route.
38:58 Bien sûr, j'appréhende un peu, puisque c'est quelque chose de nouveau,
39:02 c'est quelque chose que je n'ai encore jamais fait.
39:04 Tout pilote qui a déjà aponté nuit connaît la difficulté de l'exercice.
39:08 Et rentrer à bord, c'est jamais gagner.
39:12 Le compte à rebours a commencé.
39:15 C'est le début des grandes manœuvres.
39:18 Objectif, valider la qualification de tout l'équipage et du bateau.
39:22 À 8h30, et pour toute la matinée,
39:26 débute l'exercice Macopex supérieur qui vient conclure notre méco.
39:30 Cet exercice est donc un beau défi,
39:33 lancé à tout l'équipage.
39:35 Cet exercice est particulièrement important pour notre qualification opérationnelle.
39:40 Fin de communication du commandant en second.
39:43 Ajustez la tenue, gants, cagoules, lunettes à poste.
39:47 Le personnel se replie sur tribord.
39:49 Alerte bombardier.
39:52 Allez, mise en place d'une ligne d'attaque,
39:54 et dans un deuxième temps, on prépare la mini GMF.
39:56 Faites que les mecs s'évacuent matériellement.
39:58 On se met qu'on s'y fait tribord.
40:00 Pour l'exercice final, scénario catastrophe.
40:03 Je veux la liaison avec le PC sécurité, les gars.
40:06 Premier GA, stop, ici.
40:08 Le Charles de Gaulle est sous le feu d'un bombardement.
40:10 Fort éclair.
40:11 La liaison, je l'ai avec le PC sécu, les gars.
40:14 Très bien.
40:15 Allez, je veux les plans du pont 01, pont 0, pont 1.
40:18 Sauvegarde, sauvegarde, sauvegarde.
40:22 Impact imminent, prendre la posture de sauvegarde.
40:26 Impact imminent, prendre la posture de sauvegarde.
40:29 On voit quelque chose, les gars, à cause du souffle.
40:31 Impact imminent, prendre la posture de sauvegarde.
40:46 Allez, les gars, on y va.
40:48 Poussez-vous, là.
40:50 Incendie, voie d'eau, pertes humaines.
40:54 L'avant du bateau subit d'importants dommages,
40:56 en surface et aux ponts inférieurs.
40:59 Vous partez par le bas d'abord, les gars, vous partez par le bas d'abord.
41:03 Les blessés, laissez-les pas seuls.
41:05 Allez-y, les gars.
41:08 Allez, progression, progression, les gars.
41:10 Premier, percussion du FN 200,
41:14 percussion effective après contrôle de givrage des bouteilles.
41:17 Je vous demande renfort soutien, renfort protège,
41:19 20 pompiers lourds sur ma position.
41:21 20 pompiers lourds, je vous demande.
41:24 Je vous demande renfort.
41:26 Calmez-vous, vous avez le feu.
41:33 Tu as le feu en bas, tu fais centrale.
41:36 On dit que tu as fait demi-tour, tu laisses attaquer les autres.
41:39 Allez, sécurise-moi.
41:42 Nous sommes passés en danger arrière rouge, Zippo, Charlie, tire sur en haut.
41:46 Ok, on est en 1.3 sur la 4000 et la 2000.
41:50 Centrale opération, deux pistes suspects en rapprochement sur notre tribord.
41:54 Le central opération est finalement les yeux du commandant.
41:57 Avec ses radars, il lui permet de tout superviser depuis la passerelle
42:03 pour que lui, de son côté, puisse donner les bonnes décisions
42:06 et en particulier s'il le fallait, ouvrir le feu sur des pistes ennemies.
42:09 Deux machines sont affichées avant 2.
42:12 Dans la passerelle, le Pacha décide de déployer sa force de frappe
42:16 et propulse deux rafales supplémentaires dans la bataille.
42:19 On va faire un petit "five".
42:20 Impact multiple sur 5 morts.
42:28 Point de situation général du CCO.
42:40 D'un point de vue des sinistres, actuellement, la zone des hauts,
42:43 Hôtel 010, Golf 010, est principalement attaquée.
42:47 Il y a des sinistres dans l'îlot, donc on a confiné les fumées
42:50 de manière à ce que la passerelle soit préservée.
42:52 À ce stade, la passerelle continue à piloter le bâtiment.
42:55 On n'est jamais tous les deux dans le même panier.
42:57 Donc vous pouvez constater que je ne suis pas au même endroit que le commandant.
43:00 Si on est blessé ou pire, il ne faut pas qu'on soit tous les deux au même endroit.
43:16 Brousseau !
43:17 Prenez en charge le DC et amenez-le au PRB.
43:20 L'équipage ne réagit pas correctement.
43:24 On est un peu moins indulgents, je dirais, sur les erreurs techniques, etc.
43:28 Là, aujourd'hui, c'est comme on aime le voir.
43:32 Amenez-le derrière.
43:33 Commandant, nous sommes sortis de la zone de danger missile.
43:41 Ok.
43:42 Je fais le diffuseur pour reprendre la S-103.
43:45 Commander, c'est avoir des relations humaines à chaque échange.
43:48 On voit le niveau de confiance, la fiabilité de ce que les gens disent.
43:53 On pourra se retrouver dans des situations qu'on n'a absolument pas envisagées.
43:56 L'équipage qui a fait ces exercices, je saurais sur quoi je peux compter dans l'équipage.
44:02 Le Charles de Gaulle a repoussé l'attaque et colmaté les brèches.
44:11 Mission accomplie pour les pilotes qui rentrent épuisés de leur exercice tactique au-dessus de la Méditerranée.
44:17 Bon, tu es qualifié ou pas ?
44:32 Ça y est.
44:33 C'est bon ?
44:34 Ouais. Sixième dans la boîte.
44:36 C'est cool.
44:38 Merci mec.
44:39 Voilà. Et puis à tout à l'heure.
44:42 J'ai le plaisir de voler ensemble très bientôt alors.
44:44 Bah ouais, ça va être cool.
44:45 Pas de problème.
44:46 C'est un plaisir.
44:47 Quand tu veux.
44:48 Je suis super content pour lui parce que c'est la roue qui tourne.
44:57 C'est comme ça que ça doit être.
44:59 C'est toujours émouvant de poser pour la première fois son avion d'armes sur le portail.
45:07 Tous les chefs de groupe, vous prenez fin d'exercice. Fin d'exercice.
45:10 Retour à la réalité.
45:12 Aux ponts inférieurs, David espère avoir convaincu les brassards jaunes de sa capacité à être le chef de la sécurité du portail.
45:20 Voilà, on va faire remonter tous les pompiers pour qu'ils respirent.
45:22 Je sais pas, je serais content quand j'aurais vu les entraîneurs.
45:25 On fait remonter tous les pompiers qui ont porté l'appareil.
45:27 Oui.
45:33 Chef du quart.
45:35 Ok, c'est bon.
45:36 On est là.
45:37 C'est responsable.
45:39 Je vais accomplir l'enjeu.
45:41 Tu dis ce qui a été bien, ce qui a été pas bien, ce qui est perfectible.
45:46 On est plus que dans les délais, donc ça c'est un point positif.
45:50 Je trouve que les réactions ont été bonnes, y compris avec des gens qui viennent d'embarquer.
45:53 On a réussi à gérer les blessés avec le bruit, comme le disait le chef de quart.
45:59 Donc ça a été plutôt une bonne chose et les gens se sont relayés, même si c'était pas eux qui étaient prévus, sur les actions à mener.
46:05 Et ont rendu compte immédiatement.
46:07 Donc pour moi, au vu de la passerelle et du personnel nouvellement embarqué, c'est un bon exercice.
46:11 Ok, chez les jeunes, je peux vous dire quelque chose ?
46:15 Oui.
46:17 J'ai vu que vous étiez bien adaptés.
46:19 Donc il faut continuer dans cet esprit.
46:21 Vous pouvez prendre des initiatives.
46:22 C'est-à-dire que vous voyez un truc, vous allez voir votre supérieur, vous dites "ah bah tiens, moi je propose de faire ça".
46:28 Parce que dans la vraie vie, ça sera comme ça.
46:30 Peut-être que votre chef, il sera mort.
46:33 Et c'est vous, ceux qui seront capables de se mettre debout, pour reprendre le manche, qui vont pouvoir nous sortir des ennuis.
46:40 Aujourd'hui, vous avez été touchés par la grâce.
46:47 Vous avez très certainement eu une saine pression des plus hautes autorités de ce bateau.
46:51 Pour arriver à un tel résultat, je vous félicite, c'est excellent, c'est très bon.
46:55 Cela dit, vous avez encore du travail.
46:57 Parce qu'au lieu de vous avoir à 11 en permanence et à 18 le jour de l'examen, on aimerait mieux vous avoir à 16 en permanence.
47:03 D'accord ?
47:04 Voilà, je finirai sur ça.
47:06 Bravo.
47:07 Et donc vous avez le 5e correct, ce sujet.
47:08 Merci.
47:09 Allez, on garde juste les gens de la brigade, s'il vous plaît.
47:14 Et merci aux autres.
47:15 Bravo.
47:16 On fait un appel ?
47:18 On fait un appel ?
47:19 Appel de brigade.
47:20 Appel par section.
47:21 Je suis très content.
47:22 On se range par section, s'il vous plaît.
47:23 Je suis très content et très fier de mes bonheurs.
47:24 Appel de brigade, c'est le numéro 200.
47:26 Messieurs, dames, voilà quatre semaines qu'on travaille tous ensemble dans le même sens.
47:30 On a effectivement vécu des moments difficiles, on a vécu des débriefings difficiles.
47:35 On en a vécu certains qui nous ont redonné un petit peu confiance en nous.
47:38 Je vous ai demandé ce matin de donner le meilleur de vous-même, d'être concentré sur l'action.
47:43 Et je suis très fier de vous.
47:45 Je vous assure que vous êtes en train de me donner un des plus beaux moments de ma vie professionnelle.
47:50 Soyez fiers d'appartenir à la brigade sécurité.
47:54 Gardez-vous.
47:55 Repez, messieurs.
47:56 Chef de poste, hôtel 031-015, s'il vous plaît.
48:06 Le Pacha aussi semble satisfait.
48:19 Le Charles de Gaulle est apte à repartir en mission.
48:22 Après les opérations Enduring Freedom menées en Afghanistan et Armattan en Libye,
48:27 c'est au Proche-Orient et pour lutter contre le terrorisme que le Charles de Gaulle est mis à contribution.
48:32 Toutes les marines dans le monde qui sont performantes, les Américains, les Anglais,
48:38 ils qualifient leurs équipages.
48:39 Donc nous c'est pareil.
48:40 Là, je suis passé partout dans le bateau.
48:43 J'étais en situation de chef un peu partout dans plein de domaines.
48:47 Donc ça c'est génial.
48:49 Parce que du coup, j'ai pas l'impression d'avoir perdu du temps.
48:51 Au contraire, j'étais à fond tout le temps.
48:53 Le porte-avions, c'est un vrai outil stratégique.
48:56 C'est-à-dire que le monde est différent quand on n'en a pas.
49:00 On pourrait s'en passer, il y a plein de pays qui n'en ont pas.
49:02 Mais ceux qui en ont, ils voient le monde différemment.
49:04 C'est comme si on avait des lunettes sur la stratégie mondiale.
49:07 On voit les choses autrement.
49:08 Ça vous fait rentrer dans un club de gens qui discutent d'un certain nombre de choses.
49:12 Et si on l'a pas, on n'est pas dans le club.
49:16 Donc quand vous êtes capable de déplacer une base aérienne de 1000 km par jour,
49:20 qui est capable de lancer des missiles de croisière,
49:22 qui peut même, si le président le demande, avoir l'arme nucléaire à bord,
49:25 on vous regarde autrement.
49:27 Donc on vous donne des informations, on vous fait partager des choses.
49:31 On sait que vous pouvez voir.
49:33 Vous avez des avions qui peuvent faire des reconnaissances, des choses comme ça.
49:35 Et donc c'est un outil stratégique.
49:38 Pour un pays comme le nôtre, c'est un démultiplicateur de notre puissance militaire.
49:44 La nuit est tombée.
49:49 L'heure est venue pour les pilotes d'entamer la dernière épreuve.
49:52 L'apprentage de nuit.
49:54 Stacy est là pour contrôler leurs machines de guerre.
49:57 Elle vérifie tout, même les entrées d'air des rafales.
50:00 Quand on fait un tour avion, on a tous une responsabilité.
50:11 Même à être super fatiguée, il faut garder les yeux ouverts.
50:14 Par exemple, cet anneau-là, quand il est verrouillé,
50:19 le train ne peut pas se ranger dans la trappe.
50:22 Donc il faut faire bien attention à des petites choses comme ça.
50:25 Là, c'est bon.
50:33 Et là, il est...
50:35 Oh là là, je ne l'ai pas vu.
50:37 Ah oui, oui.
50:39 Il est minuit moins le quart.
50:40 Il est minuit moins le quart.
50:41 Donc ça veut dire que je n'ai pas encore fini.
50:44 Je suis là encore pour un petit moment.
50:46 Oui ?
50:47 On roule ?
50:49 Ok.
50:50 En salle de briefing, Stone prend note des derniers détails de sa mission et de son plan de vol.
51:00 Pareil pour le briefing.
51:06 On part pour TN5 et TN6 ce soir avec un cas commun.
51:10 Vous montez au BTA, prise en compte de l'avion, vérifiez bien la masse.
51:13 Ensuite, vous steppez vers votre avion, vérifiez bien le spotting et repartir.
51:17 Ça vous permettra de chercher l'avion.
51:18 Et vous, on vole.
51:31 Ce soir, c'est le grand soir. C'est le soir potentiellement de la qualification.
51:36 Maintenant, il ne faut pas se mettre la pression au mauvais moment.
51:40 La pression, c'est tout à l'heure qu'il va falloir l'avoir dans l'avion.
51:45 Ce que je crains le plus, ce qui peut être le plus dangereux, c'est de faire une passe qui soit dangereuse.
51:51 Il faut s'imaginer que quand on rentre à bord, on ramène un avion d'armes
51:56 avec potentiellement des bombes qui restent à bord.
51:59 Un avion qui pèse pas loin de 15 tonnes, qui arrive à 250 km/h sur un bateau sur lequel vivent plus de 1000 personnes.
52:08 On n'a pas envie de prendre de risque à l'équipage.
52:13 Ce soir, Stone doit réussir deux abrontages pour être qualifié.
52:25 Ce qu'il redoute par-dessus tout, percuter le pont d'envol en faisant une approche trop basse
52:30 et transformer son avion en une véritable bombe.
52:34 Chef de carte, ton idée de manœuvre en 2 instants ?
52:51 Ouvert, présentation au spot droit, présentation au point devant le vent, midi.
52:56 Final !
53:06 Quelques petits faisceaux de lumière.
53:11 Pour les pilotes, voici la vision de Charles de Gaulle la nuit.
53:15 Il faut repérer le bon point d'impact.
53:20 En moins de 2 secondes, le pilote encaisse 5G au freinage.
53:24 Teddy de commandant.
53:26 Teddy, tu es transformé nuit sur affale. Félicitations.
53:32 C'est maintenant au tour de Stone.
53:37 Il est en position d'approche.
53:42 Abrontage réussi.
53:49 Oui.
53:50 119.
53:53 Bravo Stone. Félicitations.
54:04 C'est bien passé ?
54:05 Oui, super.
54:06 Ça y est, tu es qualifié ?
54:07 Oui, je crois.
54:08 Il annonce par la radio ici.
54:10 Le commandant a réussi à terminer 3 points sur 19.
54:14 Je crois que c'est ça.
54:15 Je pense que c'est ça.
54:16 Ça y est, tu es qualifié. Félicitations.
54:19 Tu fais partie du club des hiboux.
54:22 Le pilote de rafale qui apprend de nuit.
54:24 Merci.
54:25 C'est bien.
54:26 Ça a l'air de se bien passer. Je te félicite.
54:29 On n'était pas inquiets pour toi.
54:31 On suit ça de près.
54:33 Moi, j'étais un peu inquiet.
54:35 Tu as l'air en forme. C'est bien.
54:37 C'est bien passé.
54:38 C'est cool.
54:39 Bravo.
54:40 On n'est jamais station.
54:43 On ne s'est pas trop dénuits.
54:45 C'est bien passé.
54:47 Ça fait plaisir quand même de voir que la roue tourne
54:55 et que les plus jeunes maintenant obtiennent leur qualification.
54:58 C'est quand même le résultat de longues semaines de travail et d'entraînement.
55:02 Que ça aboutisse comme ça et que ce soit un succès,
55:04 c'est un plaisir pour tout le monde.
55:06 Très content.
55:09 Bravo.
55:11 Stone.
55:18 OK.
55:19 Bravo.
55:20 Qualification rafale.
55:22 Ce soir, Stone est devenu un hibou.
55:25 Un pilote d'élite apte à toutes les missions, de jour comme de nuit.
55:30 Quant à David, il est plus que jamais chef du service de sécurité.
55:35 Chacun poursuit ici son parcours personnel
55:38 avec le rêve de piloter ses machines hors du commun.
55:42 La photo de Pierre Vendier est positionnée dans son cadre officiel.
55:46 Elle y restera deux ans.
55:48 C'est la durée habituelle octroyée à la fonction de pacha du seul porte-avions européen,
55:53 désormais qualifié pour repartir en mission.
55:57 En 15 ans de service, le Charles de Gaulle a déjà parcouru plus de 650 000 kilomètres.
56:04 L'équivalent de 16 tours du monde.
56:08 L'équivalent de 16 tours du monde.
56:11 L'équivalent de 16 tours du monde.
56:15 L'équivalent de 16 tours du monde.
56:18 L'équivalent de 16 tours du monde.
56:24 L'équivalent de 16 tours du monde.
56:30 L'équivalent de 16 tours du monde.
56:41 L'équivalent de 16 tours du monde.
56:45 L'équivalent de 16 tours du monde.
56:48 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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