• il y a 7 mois
- Grand témoin : Héloïse Conésa, commissaire de l'exposition « La France sous leurs yeux » à la BNF

GRAND DÉBAT / Élections européennes : l'Europe éclipsée ?

« Le récap » par Bruno Donnet

Un sondage IFOP du 16 mai 2024 prévoit une participation des Français aux élections européennes du 9 juin 2024 en baisse de 5,7 % par rapport à 2019 : seulement 46,5% des citoyens français prévoient de se rendre aux urnes. Les intentions de vote indiquent une claire préférence pour la liste du Rassemblement National. L'équipe menée par Jordan Bardella pourrait réunir environ 32% des suffrages. "L'Eurobaromètre spécial" du printemps 2024 décrypte les sujets classés prioritaires par les citoyens européens en vue des élections. Ils placent ainsi la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, puis la santé publique et la défense de l'UE au coeur de leurs prérogatives. Peut-on anticiper un écart net entre les sondages et les résultats officiels des élections du 9 juin 2024 ?

Invités :
- Frédéric Dabi, directeur général de l'institut de sondage IFOP, directeur du pôle Opinion et Stratégies
- Charles Sapin, journaliste politique au « Point »
- Carole Barjon, éditorialiste politique
- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »

GRAND ENTRETIEN / Héloïse Conésa : exposition BNF, la France dans l'oeil de 200 photojournalistes

Photographier la France de l'après-Covid : voici la mission qui était confiée par le ministère de la Culture à 200 photographes de presse. Près de 500 clichés ont été sélectionnés parmi des milliers pour une grande exposition à la Bibliothèque nationale de France. Héloïse Conésa, commissaire de cette exposition intitulée "La France sous leurs yeux", revient sur la radioscopie d'une France dont le confinement a subtilement changé les contours. Quels horizons dévoilent cette exposition partagée entre espoir et fatalité ?

- Grande invitée : Héloïse Conésa, commissaire de l'exposition « La France sous leurs yeux » à la BNF

LES AFFRANCHIS
- Mariette Darrigrand, sémiologue
- Bertrand Périer, avocat
- « Action planète » : Léa Falco, co-fondatrice de « Construire l'écologie »

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00 ...
00:05 -Bonsoir à tous et bienvenue.
00:07 Très heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde",
00:10 ce soir, la France de l'après-Covid.
00:12 Avec Héloïse Conesa. Bonsoir. -Bonsoir.
00:15 -Merci d'être notre grand témoin.
00:17 Ce soir, vous êtes la commissaire de l'exposition exceptionnelle
00:20 à la BNF à Paris, dont on va parler ce soir,
00:23 "La France sous leurs yeux". 200 photographes de presse
00:26 et carte blanche pour saisir le pays à la sortie du confinement.
00:31 C'est un projet hors norme. On va voir tous ces clichés.
00:34 Vous nous le raconterez. Dans la deuxième partie,
00:37 d'abord, la campagne des Européennes
00:39 complètement éclipsée,
00:42 percutée même de plein fouet par l'actualité,
00:45 la crise calédonienne,
00:46 l'incendie volontaire de la synagogue de Rouen,
00:49 l'attaque meurtrière d'un fourgon pénitentiaire,
00:52 l'agenda électoral se dérobe, littéralement,
00:55 sous les pieds de la majorité.
00:57 Alors, est-ce que les jeux sont déjà faits ?
00:59 Jordan Bardella l'a-t-il déjà emporté ?
01:02 Question de notre grand décryptage ce soir,
01:05 spéciale européenne, dans un instant, avec mes invités,
01:08 nos affranchis, ce soir, le billet d'humeur
01:10 de l'avocat Bertrand Perrier, le mot de la semaine,
01:13 Mariette Darrigrand, et Action Planète,
01:15 la chronique écolo de Léa Falco.
01:17 On y va. Eloïse connaît ça, ça vous regarde.
01:20 Top générique.
01:21 ...
01:32 Qui le sait, la campagne officielle des Européennes
01:36 commence ce lundi, et les candidats avaient jusqu'à ce soir
01:39 18h pour déposer officiellement leur candidature
01:42 au ministère de l'Intérieur.
01:44 Mais comment être audible sur l'Europe
01:46 quand l'actualité nationale dramatique balaye tout ?
01:49 L'élection est dans 22 jours, on a compté,
01:51 et on a le sentiment, vous le voyez à l'image,
01:54 Jordan Bardella, que les jeux sont faits.
01:56 Bonsoir, Frédéric Dhabi. -Bonsoir.
01:59 -Ravi de vous accueillir sur ce plateau.
02:01 Vous êtes le directeur général Opinion d'Olifop.
02:04 On a besoin de votre rolling quotidien.
02:06 Vous allez nous dire ce qu'il en est.
02:08 Rolling, on va citer les partenaires,
02:10 c'est Sud Radio, LCI... -Il faut un feu du ciel,
02:13 Sud Radio, TF1, LCI et Le Figaro.
02:15 -C'est rare de faire un sondage au quotidien,
02:18 mais c'est très précis.
02:19 Charles Sapin, merci d'être là.
02:21 Vous êtes journaliste politique au Point,
02:24 en charge du suivi de la droite du RN.
02:26 Vous venez de publier "Les moissons de la colère",
02:29 plongée dans l'Europe nationaliste aux éditions du Serre.
02:32 Bonsoir, Carole Barjon, figure familière de cette émission,
02:36 éditorialiste politique.
02:37 Et bonsoir, Richard Verli, autre village régulier,
02:40 correspondant France-Europe pour le quotidien suisse Blic,
02:44 le bal des illusions,
02:45 ce que la France croit, ce que le monde voit,
02:49 c'est dans les librairies et sécher, grasser.
02:51 Avant de vous entendre,
02:53 pourquoi la campagne européenne est nationale ?
02:55 Ca n'est pas nouveau, mais c'est très fort dans cette élection.
02:59 C'est dans le récap de Bruno Deney qu'on accueille.
03:02 Générique
03:03 ...
03:13 -Dans votre récap, ce soir,
03:14 une campagne pour les Européennes à la tonalité tricolore.
03:18 -Oui, une campagne, Myriam, totalement écrasée,
03:21 écrabouillée par des sujets strictement nationaux.
03:24 Alors, un peu comme un symbole, j'ai choisi pour commencer
03:27 trois images et deux ministres.
03:29 Les images ont dominé l'actualité toute la semaine.
03:32 Ce sont celles à la fois de la synagogue de Rouen,
03:35 attaquée ce matin par un Algérien
03:37 sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français,
03:41 de l'évasion sanglante d'un détenu au péage d'un quart-ville
03:44 et des émeutes ultra-violentes
03:46 qui ont embrasé la Nouvelle-Calédonie.
03:48 Quant aux ministres, maintenant,
03:50 ils avaient prévu d'aller soutenir Valéry Hayé en meeting,
03:53 seulement, voilà, ils en ont été empêchés.
03:56 -Tout, je dis bien tout,
03:59 sera mis en oeuvre
04:02 pour retrouver les auteurs
04:07 de ce crime ignoble.
04:10 -Eric Dupond-Moretti a été rattrapé
04:12 par la grève du personnel pénitentiaire.
04:14 Quant à Gérald Darmanin, bien loin de l'Europe,
04:17 il a dû se recentrer sur la situation à Rouen et à Nouméa.
04:20 -Nous allons rétablir l'ordre,
04:22 et puis là, des centaines de policiers gendarmes
04:25 arrivent à Nouméa. On passe de 1 700 policiers gendarmes,
04:28 ce qui était déjà beaucoup, à 2 700 policiers gendarmes
04:31 d'ici demain soir.
04:32 -Face à cette triple actualité, l'exécutif a maintenant
04:35 deux gros cailloux dans la chaussure.
04:38 Un des gros dommages, qui met à mal sa promesse,
04:40 de faire respecter l'autorité absolument partout.
04:43 -Tu casses, tu répares, tu salies, tu nettoies,
04:46 tu défies l'autorité, on t'apprend à la respecter.
04:49 -Le second, c'est le profit politique
04:52 qu'en tire le Rassemblement national,
04:54 qui trouve là un carburant très puissant
04:56 pour dénoncer une faillite totale de l'ordre républicain.
05:00 -Face à la montée en puissance des mafias de narcotrafiquants
05:03 partout en France et en Europe,
05:05 l'heure est au sursaut, à l'action et au rétablissement de l'ordre
05:10 sur chaque mètre carré du territoire
05:12 de la République française.
05:14 -Le Rassemblement national, qui caracole en tête
05:17 de la dernière enquête d'opinion, publiée hier
05:19 par nos confrères du Parisien. -Que dit-elle ?
05:22 -Elle nous renseigne, Myriam, sur deux éléments.
05:25 Le premier, c'est le score extrêmement haut
05:28 de l'extrême droite.
05:29 Si on additionne les intentions de vote
05:31 pour Jordan Bardella et Marion Maréchal,
05:34 on atteint pratiquement les 40 %.
05:36 La majorité présidentielle ne décolle pas,
05:38 elle risque de se voir rattrapée par Raphaël Glucksmann.
05:41 Les écologistes pourraient faire la moitié du score
05:44 qu'ils avaient réalisé il y a cinq ans avec Yannick Jadot
05:47 et les Républicains sont menacés de disparition.
05:50 La France insoumise reste bloquée sous la barre des 10 %.
05:53 L'autre enseignement très intéressant de cette enquête,
05:56 ce sont les thèmes qui sont jugés prioritaires
05:59 par les électeurs, car celui qui arrive
06:01 en toute dernière position, c'est la situation à Gaza.
06:05 Et qui en a fait sa priorité ?
06:07 -Je vous parle de la guerre qui a lieu au Proche-Orient.
06:12 -La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
06:14 Et maintenant, regardez quel est le sujet
06:17 qui préoccupe le plus les sondés, c'est le pouvoir d'achat.
06:21 Et qui en parle constamment, y compris pour ses Européennes ?
06:24 -Se mobiliser le 9 juin, c'est aussi choisir un projet de société.
06:28 Et c'est ouvrir la voie de l'alternance en France
06:31 comme en Europe.
06:32 Ce projet, nous l'avons.
06:34 C'est un projet qui met l'accent sur votre pouvoir d'achat.
06:37 -La fin du mois qui préoccupe toujours plus
06:40 que la fin du monde, et ce scrutin pourtant européen
06:43 qui est ultra-dominé par des préoccupations
06:46 qui sont plus que jamais, Myriam, strictement franco-française.
06:49 -Merci beaucoup, Bruno Deneys.
06:51 Je commence avec vous, Frédéric Dhabi.
06:53 Question simple, est-ce qu'il a déjà gagné ?
06:56 Est-ce que c'est cristallisé, comme on dit dans le jargon ?
06:59 -Personne ne peut le dire.
07:01 La campagne va vraiment commencer,
07:03 même à l'issue de ce week-end de Pentecôte.
07:06 Mais sincèrement, l'écart entre la première liste
07:09 Jordane Bardella et celle de Valérie Hayé
07:11 est d'une quinzaine de points.
07:13 Dans le rolling, il faut faire du sel,
07:15 comme dans l'enquête ISO.
07:17 Ce qui frappe, c'est ce côté "attrape-tout"
07:19 du vote Jordane Bardella.
07:21 C'est-à-dire que, même dans des catégories
07:23 qui étaient avant des terra incognita,
07:26 si je puis dire, pour le RN,
07:28 les retraités, dans notre enquête du jour,
07:30 il est à 29 %.
07:32 -29 % chez les retraités ?
07:34 -Notamment celui-ci. -C'est totalement nouveau.
07:37 -Il y a un tournant qu'on a vu à la présidentielle
07:40 et qui a été amplifié dans la séquence récente.
07:42 Chez les quatre supérieurs, il est autour de 20 %.
07:45 Il n'y a plus cette époque où il y avait le "genremarisme",
07:49 c'est-à-dire un vote FN, qui était un vote très typé,
07:52 jeune, masculin, ouvrier, sans diplôme,
07:56 et qui était très fragilisé par, par exemple,
07:59 une très forte abstention.
08:01 Et puis, il y a aussi, ça a été bien dit
08:03 lors de votre reportage, ce contexte interne,
08:06 il y a cette séquence récente,
08:08 Rouen, le fourgon et la mort de ces deux personnes
08:11 d'administration pénitentiaire à la Nouvelle-Calédonie
08:14 qui peuvent dire qu'on va revenir sous des enjeux nationaux,
08:18 mais c'est le cas depuis le début de la campagne.
08:21 C'est ce qui a mis à mal la logique de distinction
08:23 dans nos enquêtes qualitatives.
08:25 Les Français nous disent qu'ils sont aussi mauvais
08:28 que les autres. Il y a eu ces faits d'insécurité
08:31 il y a trois semaines, il ne faut pas les oublier,
08:33 Vierrich-Atillon, Montpellier, l'affaire du proviseur,
08:36 dans le XXe, tout ça fait que la campagne se nationalise
08:40 et ça apporte du carburant, c'est les ferments du vote-sanction.
08:43 Quand on interroge dans notre reading les électeurs
08:46 sur "par votre vote, vous voulez sanctionner
08:49 "la République et son gouvernement",
08:51 4 sur 10 veulent sanctionner, et c'est surtout
08:54 l'électorat de Jordan Bardella.
08:55 -L'argument du référendum, ça marche bien ?
08:58 -Oui, puisqu'en plus, on est dans des élections européennes
09:01 qui sont inédites. C'est la première fois
09:04 qu'il n'y aura pas, après ces élections européennes,
09:07 sauf, bien sûr, dissolution que personne autour de cette table
09:10 ne peut prévoir, et donc la législative anticipée,
09:13 d'élections à dimension nationale.
09:15 Beaucoup d'électeurs ont été frustrés
09:18 par cette campagne présidentielle
09:20 où il n'y a pas eu de vrai débat, elle a été parcutée par le Covid,
09:23 phagocytée par la guerre en Ukraine.
09:25 Tous ces différents facteurs que je vous ai rapidement décrits
09:29 font qu'il est difficile d'imaginer un effondrement
09:32 de Jordan Bardella, peut-être un effritement,
09:35 il y avait une surestimation du vote Bardella
09:37 aux élections régionales, mais c'est une autre époque.
09:40 -Charles Sapin, parlez-nous du phénomène,
09:43 le phénomène Bardella.
09:44 Ce sont ses idées qui séduisent ou c'est l'homme lui-même ?
09:48 Il est plus haut qu'aucun score qu'a fait Marine Le Pen.
09:52 -C'est vrai, mais ce ne sont pas ses idées,
09:55 puisqu'il y a un paradoxe dans cette situation.
09:58 En effet, Jordan Bardella est très haut dans les sondages,
10:01 il occupe une confortable tête dans cette campagne,
10:05 or il n'a pas vraiment fait campagne.
10:07 Depuis septembre où il est parti,
10:09 où il s'est déclaré officiellement candidat,
10:12 pas d'idées nouvelles, pas de concepts nouveaux,
10:14 pas de moyens de faire campagne, pas de prise de risque.
10:18 Finalement, Jordan Bardella a compris quelque chose,
10:20 c'est qu'on parlait de cette question,
10:23 est-ce que cette campagne européenne est volée ou non ?
10:26 L'actualité n'empêche pas de discuter d'Europe.
10:29 C'est comme si Jordan Bardella l'avait anticipé
10:31 et s'était positionné dans une campagne très prudente,
10:34 presque de rente, je dirais,
10:36 c'est-à-dire en capitalisant sur deux moteurs,
10:39 l'antimacronisme, naturel, après sept ans au pouvoir,
10:42 il y a une forme d'usure et des gens déçus par le chef de l'État,
10:46 l'anglais, le populaire qui grimpe et qui monte chaque année d'un cran,
10:50 et un deuxième moteur,
10:51 l'actualité et les préoccupations des Français.
10:54 Ce sondage Ipsos qu'on a vu tout à l'heure le montre très bien,
10:57 principales préoccupations des Français,
10:59 pouvoir d'achat, c'est un totem du RN depuis la dernière présidentielle,
11:04 ça a été rappelé lors des dernières législatives,
11:06 immigration, c'est un totem qui date des années 70,
11:09 du FN devenu RN,
11:12 et quand on voit un petit peu après,
11:14 vous avez l'insécurité.
11:16 Donc, finalement, un Jordan Bardella très en réserve,
11:20 très prudent, qui fait une campagne à minima,
11:23 mais dont tous les éléments extérieurs
11:25 jouent pour lui et pour sa campagne.
11:27 -Carole Barjon, en même temps,
11:29 quand on regarde dans le détail, l'Europe ne peut pas faire grand-chose
11:33 en matière de pouvoir d'achat, à moins d'augmenter le SMIC,
11:36 de créer un SMIC européen,
11:38 de toute façon, il serait calqué sur les Polonais,
11:41 donc c'est un enjeu national, le pouvoir d'achat,
11:44 sur l'énergie, sur le marché de l'énergie,
11:47 sur les questions de factures d'EDF,
11:49 mais c'est marginal, et ça, les Français,
11:52 ils l'entendent pas. -Non, mais comme on l'a dit,
11:54 la campagne, elle est nationale.
11:57 D'abord, parce qu'effectivement,
11:59 depuis la réforme du quinquennat
12:02 et l'inversion du calendrier,
12:04 il n'y a plus d'élections législatives,
12:08 d'élections intermédiaires,
12:10 et donc, au fond, les Européennes
12:12 remplacent un peu ces élections intermédiaires,
12:15 et donc, comme il n'y a pas forcément
12:17 d'enjeu de gouvernance nationale à la clé,
12:21 les gens se laissent peut-être
12:23 encore plus aller adresser des messages,
12:26 comme on dit. -Donc c'est payant,
12:28 la stratégie du tout national ?
12:29 La campagne sur les systèmes nationaux,
12:32 même si ça change rien au niveau de Bruxelles, ça marche.
12:35 -Je suis d'accord avec ce qu'a dit Charles Sapin,
12:38 et pas avec la manière dont il a commencé.
12:41 En disant que ce ne sont pas les idées...
12:43 Si, ce sont les idées du Front national,
12:45 mais qu'il n'a même pas besoin...
12:47 -Mais pas celles de Jordan Barbella.
12:49 -Il n'a même pas besoin de rappeler,
12:52 parce que le Rassemblement national
12:54 est étiqueté "lutte contre l'insécurité,
12:58 "retour de l'autorité, de l'ordre,
13:00 "l'immigration", et depuis quelques années,
13:02 avec la conversion de Marine Le Pen,
13:05 "au social", et donc au pouvoir d'achat.
13:08 Ca rejoint la préoccupation première des Français.
13:11 Par ailleurs, dans le sondage Ipsos que vous avez cité,
13:14 ce qui m'a intéressée, c'était qu'ils font la différence
13:17 entre préoccupation...
13:20 Sécu, enfin, je sais pas quoi, sécuritaire,
13:24 et peur du terrorisme.
13:26 Ce sont deux itèmes différents,
13:28 mais si on les regroupe,
13:29 c'est quand même la question de la sécurité qui fait 38 %.
13:33 -Parmi les attentes, on les voit s'afficher à l'antenne.
13:36 Richard Verli, la puissance d'un gendarme d'Ardela,
13:39 ou en tout cas le populisme qu'il représente,
13:42 on le retrouve partout en Europe.
13:44 C'est Mélanie qui fait la campagne.
13:46 Il y a des différences, mais en Italie,
13:48 il y a la Hongrie, les Suédois, les Pays-Bas.
13:51 On va regarder l'hémicycle
13:52 pour prendre la mesure des choses au niveau européen,
13:55 car c'est une campagne qui va changer les choses
13:58 au niveau de ce Parlement de Strasbourg.
14:01 Aujourd'hui, c'est le PPE,
14:02 avec les socialistes qui gouvernent.
14:04 Il y a deux partis à la droite de la droite,
14:07 ECR, conservateurs et réformistes,
14:10 et ID, Identité et démocratie,
14:12 au siège Marine Le Pen, enfin, Jordane Bardella,
14:15 et son parti.
14:16 On peut dire ce soir que c'est sûr
14:18 que ces deux partis, toutes à la droite,
14:20 vont progresser ?
14:21 -Ces deux groupes, oui, incontestablement.
14:24 Si les sondages faits par les collègues de Frédéric
14:27 à travers l'Europe se vérifient, incontestablement,
14:30 ces deux groupes d'extrême droite vont progresser.
14:33 C'est difficile à dire.
14:34 Si vous faites le total, ils sont à 130 députés,
14:37 130 euros députés, on peut très bien imaginer
14:40 qu'ils en aient 160, voire 170,
14:42 ce qui ferait d'eux, à ce moment-là,
14:44 peut-être la première force du Parlement européen,
14:47 même si sur ce plan, les sondages disent
14:49 que le PPE devrait garder son leadership.
14:52 -On a du mal à le comprendre,
14:53 mais ces deux groupes-là ne s'entendent pas.
14:56 C'est plus compliqué.
14:57 -J'ai toujours dit la même chose.
14:59 Pour l'instant, ils ne s'entendent pas,
15:02 ils avaient des différends peu conciliables.
15:04 Sauf que la politique, c'est aussi l'art de faire des compromis
15:08 et qu'à certains moments, ils vont peut-être comprendre.
15:11 Après tout, ces partis souverainistes,
15:14 nationalistes, populistes,
15:15 ils font aussi des calculs,
15:17 ils sont capables d'adapter leurs comportements.
15:20 Regardez ce qu'a fait Marine Le Pen sur le terrain national.
15:23 Ils ne sont pas voués à rester opposés.
15:25 -Ils ont tous énormément bougé.
15:27 -Ils peuvent décider de travailler ensemble.
15:30 Même s'ils ne forment pas un seul groupe.
15:32 Leur intérêt n'est pas de former un seul groupe.
15:35 Si vous avez deux groupes, vous avez plus de moyens.
15:38 Mais ce qui compte, c'est s'ils vont voter ensemble.
15:41 Qu'ils soient un seul groupe ou deux groupes,
15:43 s'ils décident de voter ensemble, on sentira les différences.
15:47 J'ajoute un autre élément.
15:48 En fonction des résultats nationaux,
15:50 un certain nombre de gouvernements,
15:53 si la vague nationale populiste est très forte,
15:56 un certain nombre de gouvernements
15:58 décideront d'envoyer à Bruxelles des commissaires de ce courant.
16:02 Mme Mélanie, par exemple,
16:03 n'en verra pas la même personnalité,
16:06 selon que son parti domine largement avec sa coalition,
16:09 ou pas. Vous imaginez la commission
16:11 qu'il faudra diriger.
16:12 Ursula von der Leyen, ça ne vous a pas échappé,
16:15 la présidente de la Commission européenne,
16:17 regarde où ? De ce côté-là, du futur hémicycle,
16:20 pour essayer d'être reconduite.
16:22 -C'est intéressant.
16:23 J'ai plein d'accords avec l'analyse.
16:25 Ca peut quand même bouger.
16:27 On n'attend pas forcément une vague de la droite nationaliste,
16:31 c'est comme ça que vous la définissez en Europe,
16:34 majoritaire.
16:35 Mais il peut y avoir, je sais pas moi,
16:38 le PPE qui se casse en deux
16:39 et qu'une partie s'unisse à ce groupe de Mélanie ?
16:42 -Non, en fait, c'est...
16:45 Je suis d'accord avec l'analyse
16:47 de dire que ces deux groupes nationalistes,
16:49 les nationalistes conservateurs, avec Georges-Alain Mélanie
16:52 en tête, et les nationaux populistes,
16:55 qui sont à la mairie de Marseille,
16:57 seront probablement, si les sondages disent vrai,
16:59 les deux groupes qui progressent le plus
17:02 en termes de siège au sein du Parlement européen.
17:05 Maintenant, cela,
17:06 quand bien même ils arriveraient à s'allier,
17:08 ce qui n'arrivera pas, très certainement,
17:11 puisqu'il y a des différences idéologiques
17:14 très importantes, et notamment cette question
17:16 du rapport à l'Ukraine et la Russie,
17:18 qui est un facteur de rupture très important,
17:21 quand bien même ils s'allieraient,
17:23 c'est-à-dire près de 360 sièges,
17:25 il faudrait s'allier avec le Parti populaire européen.
17:28 Or, le Parti populaire européen
17:30 est d'accord pour travailler de concert
17:32 avec certains nationalistes, les plus pragmatiques,
17:35 les nationaux conservateurs, type Georges-Alain Mélanie,
17:39 dans un format d'union des droites,
17:41 mais s'oppose à travailler avec les nationaux populistes,
17:44 type Marine Le Pen ou l'AFD en Allemagne,
17:46 et ils subsistent au Parlement européen,
17:49 un cordon sanitaire d'une importance
17:51 beaucoup plus importante que ce qu'on connaît
17:53 même à l'Assemblée nationale. -On l'a bien vu,
17:56 d'ailleurs, avec l'AFD et les recrues d'anciens néonazis
17:59 dans ces rangs.
18:00 Alors, on revient en France,
18:02 parce que c'est intéressant, c'est lié les deux.
18:05 On voit aussi que le Parti Renew, celui qui a été créé,
18:08 ce groupe par Emmanuel Macron,
18:10 risque de perdre cette place d'arbitre,
18:14 de troisième place, et c'est directement en écho
18:17 avec la campagne de Valérie Ayé.
18:19 La campagne de Valérie Ayé, on cherche le mot,
18:21 patine, ne décolle pas.
18:24 Comment vous définissez ce qui se passe ?
18:26 Parce qu'on sent qu'il n'y a rien à faire,
18:29 ça ne veut pas quand ça ne veut pas.
18:32 -Je pense que ce n'est pas
18:33 largement du ressort de Valérie Ayé,
18:36 ce qui se passe, nos échanges,
18:37 cette nationalisation du scrutin.
18:39 La semaine dernière, dans notre Linguipho-Philistiel,
18:43 54 % des Français disaient
18:44 qu'ils allaient voter sur des enjeux nationaux.
18:47 La semaine d'avril, avant les élections européennes de 2019,
18:50 c'était du 50-50, voire un peu plus pour les élections européennes.
18:54 Le vote sanction, ce n'est pas qu'on vote contre Valérie Ayé,
18:58 c'est qu'on veut sanctionner Emmanuel Macron.
19:00 Cette sanction est très forte, elle vient même de ses rangs,
19:04 puisqu'elle est à 16,5 dans notre rolling du jour,
19:07 de ce vendredi 17 mai.
19:08 Elle n'arrive à rassembler que 55-60 % des électeurs Macron
19:13 du 10 avril 2022.
19:15 Ce n'est pas il y a très longtemps.
19:17 C'est une sorte de retour au bercail
19:19 des électeurs de Macron qui reviennent sur la liste
19:22 François-Xavier Bellamy, qui est à 8 %.
19:24 C'est à peu près son score de 2019.
19:26 -On arrive à quelle proportion va chez Bellamy ?
19:29 -10 %. -Et combien chez Glucksmann ?
19:31 -15 à 17 %.
19:33 On voit très bien qu'il y a ce retour au bercail.
19:35 Très simple. Je suis électeur de droite en 2022.
19:39 Je crains que Marine Le Pen fasse un score trop élevé.
19:42 Je suis, par l'effet drapeau, sensible au discours
19:45 de Macron sur l'international.
19:47 Je ne crois pas à la candidature de Valérie Pécresse.
19:50 Je choisis Emmanuel Macron.
19:52 Là, je reviens, si je puis dire, à mes origines politiques
19:55 avec un François-Xavier Bellamy, qui a une personnalité appréciée,
19:59 qui est cohérent sur les questions de l'Europe,
20:02 qui a fait un coup d'éclat à Sciences Po la semaine dernière.
20:05 Je suis électeur du centre-gauche.
20:07 Je ne croyais pas à la candidature d'Hidalgo.
20:10 Je ne voulais absolument pas voter pour Jean-Luc Mélenchon.
20:14 Là, j'ai un électorat, j'ai un candidat,
20:16 une tête de liste, Raphaël Kluxmann, désirable,
20:19 dans le sens où il est clairement à gauche,
20:21 une gauche sociale-démocrate, il est clairement européen.
20:24 En 2019, quand on voulait voter pour l'Europe
20:27 dans un contexte d'euroscepticisme très fort,
20:30 qui a beaucoup reculé maintenant avec toute une série d'éléments,
20:33 les gens ont vu l'Europe agir, bien ou mal,
20:36 mais pendant le Brexit, pendant le Covid,
20:38 je peux revenir sans problème vers cet électorat
20:41 social-démocrate et quitter Emmanuel Macron.
20:44 Maintenant, il n'y a pas le feu au lac, si j'ai pu dire,
20:46 mais 16,5 %, on se rapproche du score plancher
20:50 de Michel Rocard de 1994,
20:52 du score plancher de la liste socialiste,
20:54 sous le quinquennat de François Hollande
20:57 avec Manuel Valls comme Premier ministre,
20:59 qui avait fait 13,99 %, il y a clairement une urgence,
21:02 parce qu'il y a des votes qui sont acceptables
21:05 pour des électeurs de gauche et de droite
21:07 qui avaient choisi Emmanuel Macron à la présidentielle.
21:10 La liste Macron, la liste Loiseau...
21:12 -Nathalie Loiseau. -Nathalie Loiseau avait fait
21:15 22,5, avait quasiment eu le même nombre de députés européens
21:18 que Jordane Bardella. On n'est pas du tout
21:21 dans ce contexte-là et Valérie Hayé fait quand même
21:24 peu d'erreurs, mais l'émetteur Hayé est trop peu puissant,
21:27 si j'ai pu dire, pour contrecarrer ce retour
21:30 et ce vote sanction.
21:31 -Donc elle paye clairement le vote sanction.
21:33 Carole Barjant, jusqu'où elle peut dévisser ?
21:36 On a l'impression qu'il y a panique à bord en Macronie,
21:39 au point que le président lui-même a évoqué
21:42 un débat avec Marine Le Pen, donc il n'aura pas lieu,
21:45 on l'a tous bien compris, mais il a demandé à Gabrielle Attal
21:48 la semaine prochaine de mouiller la chemise
21:51 face à Jordane Bardella. Est-ce que c'est rattrapable ?
21:54 -Je me hasarderai pas à vous dire jusqu'où elle peut dévisser,
21:57 mais ce qui est certain, c'est que non,
21:59 outre ce que vient de dire très bien Frédérique Dami,
22:02 c'est-à-dire qu'elle paye tout simplement,
22:05 comment dire, l'opposition à Macron
22:08 et le côté référendum anti-Macron
22:10 de cette élection, il y a aussi le fait
22:13 que comme elle est très bonne élève européenne,
22:15 elle fait des discours...
22:18 D'abord, voilà, elle imprime pas vraiment,
22:20 et puis elle parle beaucoup de transition énergétique,
22:25 changement climatique, etc.,
22:28 alors que tous les Français, effectivement,
22:30 voient qu'en Nouvelle-Calédonie, c'est le chaos,
22:33 le fourgon pénitentiaire, etc. -Elle continue à parler d'Europe.
22:37 -Elle a beaucoup de mérite, effectivement,
22:40 à rester sur le sujet qui est en principe
22:42 celui de ces élections, mais ça ne marche pas.
22:45 -Et l'arrivée des poids-loin ?
22:46 -C'est un atout pour elle ou pas ? -Pardon ?
22:49 -Emmanuel Macron, quand il s'associe
22:51 à une discours de la Sorbonne, on va voir s'il va apparaître
22:54 sur une estrade. -Pas vraiment.
22:56 En fait, le sujet de cette élection,
22:59 au-delà de la place de numéro un
23:01 de Jordan Bardella, qui semble acquise,
23:04 c'est la bataille pour la deuxième place
23:06 aujourd'hui qui se joue.
23:08 -Vous pensez qu'elles peuvent se croiser ces courbes ?
23:11 -Disons que la tendance est moins forte, là, aujourd'hui,
23:15 à l'heure où on parle, que la semaine dernière,
23:18 mais il y a quand même... C'est possible.
23:21 Il y a une vraie question. -Richard Verli,
23:23 le clivage gauche-droite ressuscite dans une élection européenne.
23:27 -Il ressuscite aussi parce qu'il est effectivement incarné.
23:31 C'est important, l'incarnation et la réussite de Raphaël Glucksmann,
23:34 c'est celle-là, d'avoir réincarné un espoir à gauche
23:38 notamment pour cette gauche social-démocrate.
23:40 Après, le calendrier, je dirais, politique,
23:43 dit une vérité.
23:44 En les dernières élections européennes
23:47 qui ont eu lieu en 2019, on est dans la phase
23:49 du début du quinquennat d'Emmanuel Macron
23:52 où il apparaît comme un nouveau leader européen
23:55 et un leader capable de diriger l'Europe
23:57 et de la mener, disons, dans un nouveau type d'intégration.
24:00 À ce moment-là, il y a un ralliement derrière lui
24:03 d'électeurs qui croient dans cette Europe-là.
24:06 On est cinq ans plus tard,
24:07 Emmanuel Macron continue de vouloir avancer
24:10 vers cette Europe puissance avec le deuxième discours de la Sorbonne,
24:14 sauf qu'on a tous vu qu'il est isolé.
24:16 Personne ne lui a répondu, aucun dirigeant européen.
24:19 Olav Scholl s'est arrêté là, en français,
24:22 pour dire "bravo, Emmanuel", à la fin du tweet.
24:24 Autrement dit, les électeurs regardent
24:26 et voient bien qu'il n'y a plus derrière Emmanuel Macron
24:30 les troupes européennes,
24:31 et donc ils sont réalistes,
24:33 ils se disent peut-être que ce n'est pas le bon cheval.
24:36 -Pourtant, rarement une campagne n'a été aussi importante
24:39 sur la question européenne.
24:41 La Russie nous menace, on l'a tous bien compris,
24:44 le soutien des Américains devient incertain.
24:46 Les Français, eux, n'arrivent pas à s'emparer de cette question
24:50 qui les concerne pourtant au quotidien.
24:52 La preuve avec ce sujet d'Hélène Banduelle.
24:54 ...
24:59 -À trois semaines des élections européennes,
25:02 près de la moitié des Français déclarent ne pas s'y intéresser.
25:05 -Ca part assez lointain, c'est au niveau continental,
25:08 donc on est plus focus sur les élections nationales.
25:11 -C'est très long.
25:12 Là, on est déjà gérés de notre quartier,
25:15 donc l'Europe, c'est trop long.
25:17 -D'ailleurs, lorsqu'on pose cette question,
25:20 la réponse n'est pas toujours évidente.
25:22 -Est-ce que vous savez ce qui se passe le 9 juin prochain ?
25:25 -Non, pas du tout.
25:27 Le 9 juin, j'ai une épreuve du bac, sinon pas plus que ça.
25:31 -Le 9 juin prochain, non.
25:33 Non, non, non, pas du tout.
25:35 -Le 9 juin... -Non.
25:37 Le 9 juin... Ah, si, pardon.
25:39 Les élections européennes.
25:42 -Le 9 juin ? Les élections européennes.
25:44 -Vous allez aller voter ?
25:46 -J'irai d'autant plus que je suis élu local.
25:48 Je suis maire d'une petite commune rurale,
25:51 donc j'ai un bureau de vote que je préside,
25:53 donc si je ne vote pas, ce serait incomplet.
25:56 -Organes législatifs trop complexes,
25:59 manque d'information ou députés européens trop éloignés,
26:03 peu de Français se sentent concernés.
26:05 Ils ont souvent du mal à citer un nom de député
26:08 ou même un grand texte adopté par l'Europe.
26:11 -Vous connaissez des eurodéputés ou des textes votés au Parlement ?
26:15 -Un peu, un peu.
26:17 Un petit peu, quand même. -Comme qui, par exemple ?
26:20 -Jordan Bardella. -Honnêtement, pas du tout.
26:22 Euh...
26:24 Et des textes,
26:27 je ne pense pas non plus.
26:29 Euh... Attendez, j'ai un...
26:31 Ah, il y a Raphaël Glucksmann, il me semble.
26:34 Euh... Attendez, il y a quelqu'un d'autre.
26:36 J'ai oublié le nom.
26:38 -Les grands textes, non.
26:40 Enfin, je sais qu'on a encore étendu
26:42 les bras change avec des tas de pays.
26:46 -Et pourtant, l'Europe n'a jamais été autant
26:49 au coeur de l'actualité.
26:51 -Je suis en école de commerce,
26:53 donc rien que pour ceux qui touchent le commerce,
26:56 c'est une chose importante du monde.
26:58 Quand on voit ce qui se passe,
27:00 j'ai fait un premier Erasmus à Edinburgh, en Écosse,
27:03 après le Brexit, c'est un peu la panique.
27:05 -Je sais très bien ce que votent mes administrés.
27:08 Euh... Et je leur dis, je leur dis,
27:10 "Ecoutez, ça n'est pas un vote national,
27:12 "c'est un vote sur l'Europe, pour le Parlement européen."
27:16 J'essaie de leur montrer ce que leur apporte l'Europe.
27:19 "Vous avez fait rénover votre maison,
27:21 "ma prime rénove, est-ce que vous savez que ça vient
27:24 "de l'Europe ?" "Non." -La pédagogie,
27:26 quand elle est faite, les politiques en parlent,
27:29 mais pas assez, il faut qu'il y ait plus de relais sur l'Europe.
27:32 -Ces Français pour qui l'Europe, c'est très, très loin
27:35 et encore mal expliqué.
27:37 En général, on voit de peu à cette élection,
27:39 ça pourrait changer ? -Il pourrait y avoir
27:41 une bonne surprise, ce qu'on avait vu en 2019,
27:44 pour la première fois, la montée progressive
27:47 de l'abstention historique, depuis les 2e élections,
27:50 celle de 84, avait été battue en brèche,
27:52 par la participation à France Métropolitaine.
27:55 Dans notre ligne fiducielle, on a un taux de participation
27:58 estimé à 47 %, mais à trois semaines du vote.
28:00 A la même époque, en 2019, on était plutôt à 42.
28:03 Seul scrutin, on le disait, national du quinquennat,
28:06 seul moment pour soutenir ou sanctionner le président,
28:11 frustration de la campagne présidentielle,
28:13 tout ça inciterait à vouloir voter pour le côté maintenant ou jamais.
28:17 Par rapport à votre question, Myriam,
28:19 si le président a raison ou tort... -D'impliquer.
28:22 -Il n'a pas le choix.
28:23 De toute façon, au soir du 9 juin, tout le monde fera des commentaires
28:27 sur le mode "c'est une claque" versus "c'est moins grave".
28:30 Il y a à la fois le problème et la solution.
28:33 Le problème, parce qu'une implication très forte,
28:36 à la différence de 2019, va créer du vote contre,
28:39 va remobiliser peut-être ses adversaires.
28:41 Il y a aussi la solution pour essayer de revenir
28:44 à plus d'électeurs présidentiels d'Emmanuel Macron
28:47 allant voter le 9 juin.
28:48 Garibaldi, qui est un émetteur beaucoup moins abîmé
28:51 qu'Emmanuel Macron, pourrait jouer un rôle très important.
28:54 -S'il trouve le temps de préparer le débat,
28:57 il est rattrapé par la Nouvelle-Calédonie.
28:59 C'est un tour, c'est important de le répéter,
29:02 chaque camp doit mobiliser son propre électorat.
29:05 Pas la peine d'aller chercher des réserves, c'est un seul tour.
29:08 Vous, qui avez fait le tour de l'Europe,
29:10 c'est la même chose chez nos voisins ?
29:13 L'enjeu est lointain ?
29:14 -L'enjeu est lointain et à la fois proche.
29:17 C'est vrai que chaque État membre a sa situation politique propre
29:21 et dans ces élections où l'enjeu principal,
29:23 vous venez de le rappeler à juste titre,
29:26 est la mobilisation de ses électeurs,
29:28 il faut aller au plus concernant et le plus concernant souvent
29:32 est la situation politique nationale
29:34 où on voit finalement des ressorts de votes
29:37 qui peuvent être redondants,
29:38 c'est-à-dire ce qu'on a vu en 2019
29:41 et ce qu'on va sûrement voir dans ces prochaines semaines.
29:44 Un chef de l'État qui va essayer de défendre sa liste
29:47 dramatisant l'enjeu en disant "Votez pour notre liste".
29:50 En 2019, il disait "Je suis le seul barrage
29:53 contre la lèpre populiste",
29:54 contre le Rassemblement national, là, il dira "Votez pour sauver l'Europe".
29:59 Il a dit lors de son discours à la Sorbonne
30:01 "L'Europe est mortelle", donc il dramatise l'enjeu.
30:04 En face, ce qui est considéré comme le premier opposant,
30:07 le RN, ça va être "Votez pour nous"
30:09 pour mettre la claque la plus forte possible
30:12 au président de la République. -On arrive à la fin de ce débat.
30:16 Je veux faire un peu de perspective.
30:18 Si on a 10 à 12 points d'écart
30:20 entre Ayier ou même Glucksmann et Bardella,
30:25 qu'est-ce qui se passe ?
30:26 Un RN à 32, 33 en France,
30:29 c'est ce que vous donnez à l'IFOP,
30:31 qu'est-ce qui se passe ? Le tremblement de terre ?
30:34 -Au niveau européen, je laisserai Frédéric parler
30:37 et les autres parler sur le plan français,
30:40 au niveau européen, la crédibilité d'Emmanuel Macron
30:43 prend un coup très sévère.
30:44 Emmanuel Macron ne se conçoit en Europe que comme un leader,
30:48 que comme quelqu'un qui est devant et les autres à côté.
30:51 A partir du moment où il prendrait une telle défaite dans la figure,
30:55 ceux qui ont déjà quelques doutes sur le leadership de Macron,
30:58 regardons du côté de Berlin et de M.Scholz,
31:01 ça ne les incitera pas à le suivre dans les trois années.
31:04 -Intéressant. Niveau européen, niveau national ?
31:07 -L'impact sera fort, parce que traditionnellement,
31:10 une élection européenne n'a aucun impact sur le cycle électoral.
31:14 On s'en souvient de force qui avait cartonné
31:16 aux élections européennes Philippe de Villiers,
31:19 les écologistes, et qui s'étaient ramassés à l'élection suivante.
31:23 Là, vu qu'il n'y a pas de moindre élection en principe nationale
31:27 avant 2027, ça va donner un élément de dynamique inédit
31:31 et très puissant pour le rassemblement national
31:34 et ça peut, d'une certaine manière, éteindre le quinquennat.
31:37 -Damo. -Ce que je trouve intéressant,
31:40 c'est que ça n'aura probablement pas de conséquences institutionnelles
31:44 pour les changements de gouvernement.
31:46 En revanche, le paradoxe, c'est que les Français, notamment,
31:49 tous ceux qui n'étaient pas très intéressés
31:52 par les élections européennes,
31:54 s'il y a un changement de rapport de force
31:56 au Parlement européen, parce que c'est ce qui se profile,
31:59 et que le RIGNOU n'est plus le parti, effectivement,
32:04 comment dire, qui donne le "là"... -Arbite son troisième position.
32:08 -Le PPE aura tendance probablement à...
32:10 Comment dire ? Le vent dominant sera quand même...
32:13 -Viendra de la droite. -C'est clair.
32:15 -Vous avez trois secondes. -Au niveau national,
32:18 ça sera vu comme une énorme claque pour Emmanuel Macron
32:21 et du coup, il perdra de l'influence sur la page qui va s'ouvrir,
32:24 celle de l'après-macronisme, sur le choix de son successeur,
32:28 et ça va ouvrir déjà la séquence de la future présidentielle
32:31 avec une guerre de succession.
32:33 -Bon, on a vraiment les cartes en main.
32:35 Il faut qu'on aille voter.
32:37 C'est le 9 juin prochain.
32:38 Merci à vous. Merci d'être venus débattre.
32:41 Avant de se quitter, on va faire un gros plan
32:43 sur la campagne d'un candidat moins visible.
32:46 L'étant de parole oblige, c'est l'équité.
32:48 Pierre Larouturu, tête de liste "Changer l'Europe".
32:51 -Il y a 20 ans, avec Jacques Delors,
32:53 avec Michel Rocard, j'avais rédigé un traité de l'Europe sociale.
32:57 Aujourd'hui, l'Europe est guidée uniquement par des critères
33:00 financiers. Bruno Le Maire nous parle des 3 % de déficit.
33:03 Il faut couper dans les retraites, la rénovation thermique
33:06 au nom des 3 %, les critères de Maastricht.
33:09 Il faut un Europe qui se donne les moyens de faire baisser les loyers.
33:12 Dans beaucoup de grandes villes, les loyers sont monstrueux.
33:16 Les salaires ne progressent pas, mais les loyers augmentent.
33:19 Ca fait 30 ans qu'on parle de l'Europe sociale,
33:22 mais c'est souvent du blabla.
33:23 Est-ce qu'on donne un vrai contenu à l'Europe sociale ?
33:26 Est-ce qu'on met des critères sociaux et environnementaux ?
33:30 On veut une Europe qui s'intéresse à la vie quotidienne des gens,
33:33 faire baisser les factures.
33:35 En Espagne, le gouvernement a baissé les factures pour tout le monde.
33:39 Tout le monde a vu la différence.
33:41 Pourquoi c'est pas possible en France et dans toute l'Europe ?
33:44 Au Danemark, tous les jeunes entre 18 et 25 ans
33:47 ont une allocation d'autonomie.
33:48 Tous les jeunes entre 18 et 25 ans peuvent vivre correctement,
33:52 faire leurs études sans demander de l'argent à papa ou maman.
33:55 On voudrait regarder ce qui marche mieux en matière sociale
33:58 dans chaque pays et en faire la règle européenne.
34:01 -Voilà pour cette page européenne.
34:03 Dans une dizaine de minutes,
34:05 vous regardez les parties prises de nos affranchis.
34:08 On va se remperrier sur la journée mondiale
34:10 de lutte contre l'homophobie.
34:12 C'est aujourd'hui, mais c'est le mois de la semaine
34:15 de notre sémiologue.
34:16 Quel est le menu d'Action Planète ?
34:18 -On va parler de Nouvelle-Calédonie,
34:20 de ce qui s'y passe et de la place que prend l'exploitation du nickel
34:24 dans le déclenchement des émeutes.
34:26 -D'abord, on va regarder quelques clichés
34:29 de cette très belle exposition
34:30 dont vous êtes la commissaire, Héloïse Conessa.
34:33 Exposition sur le site de la bibliothèque François Mitterrand.
34:37 Ca s'appelle "La France sous leurs yeux",
34:39 "La France de l'après-Covid", carte blanche,
34:42 à 200 photographes.
34:43 On regarde ce que ça donne et on en parle juste après.
34:46 Musique dynamique
34:48 ...
34:50 -Si on vous invite,
34:52 Héloïse Conessa, c'est parce que vous êtes la commissaire
34:55 d'une grande exposition de photos à la BNF.
34:58 Son titre, "La France sous leurs yeux".
35:01 Au sortir du Covid, le ministère de la Culture
35:04 a lancé une gigantesque commande publique
35:07 pour tirer le portrait du pays.
35:08 Et c'est vous, responsable de la photo contemporaine
35:11 à la Bibliothèque nationale de France,
35:14 qui supervisez ce projet d'une ampleur historique.
35:17 200 photojournalistes triés sur le volet,
35:19 5 millions d'euros de budget et 7 mois de travail.
35:22 -C'est un temps beaucoup plus long que lorsqu'on est commandité
35:26 par la presse, où on doit partir et faire un sujet
35:29 avec un rédacteur en 48 ou 72 heures.
35:32 Et donc, ça donne aussi un souffle différent
35:35 au reportage.
35:38 -450 clichés sont exposés à la BNF.
35:42 Les thèmes, librement choisis par les reporters,
35:45 sont très éclectiques.
35:46 Il y a les héros du quotidien sous Covid,
35:49 celles et ceux qu'on a oubliés.
35:51 -C'était vraiment un métier qui, pendant le Covid,
35:54 ne s'est pas arrêté.
35:55 Ces femmes qui exerçaient ce métier,
35:57 on ne les a pas trop applaudies,
35:59 ni mises en avant, ni mises en lumière.
36:01 On n'a pas beaucoup parlé d'elles,
36:04 mais elles ont toutes continué.
36:05 -Tout le monde a eu absolument tout ce qu'il a voulu
36:11 dans les magasins. On n'a pas souffert de rupture de stock.
36:14 Mon idée, c'était de valoriser le travail des gens
36:17 qui avaient fourni ces efforts pendant le Covid.
36:19 Pour le coup, les gens de la logistique,
36:22 on n'en a vraiment pas du tout parlé.
36:24 -Il y a aussi la France d'après et du retour à la vie
36:29 après les confinements successifs.
36:31 -Je suis Stephane Gradieu, je suis photographe basé à Paris.
36:35 C'était une chance incroyable de pouvoir partir
36:40 et de réaliser cette série sur les Français en vacances.
36:44 J'ai fait 11 000 km,
36:47 j'ai visité un peu plus de 55 stations balnéaires différentes.
36:51 -C'est vrai qu'on avait besoin, après Covid,
36:56 de se remettre au travail et de retourner voir des visages.
36:59 Il y avait été masqué.
37:01 Les lieux culturels sont restés fermés très longtemps.
37:04 J'ai choisi ce sujet, les pratiques artistiques de la jeunesse,
37:07 dans les quartiers populaires.
37:09 -Alors, Héloïse Conessa, nous avons une question pour vous.
37:13 Face à cette mosaïque de regard,
37:15 comment qualifieriez-vous cette France sous leurs yeux ?
37:18 -Réponse, Héloïse Conessa.
37:21 Il y a un fil conducteur, un commun entre toutes ces images.
37:25 -Oui, alors, ce qu'on peut dire peut-être sur cette France,
37:28 après l'hétérogénéité des sujets
37:30 et des regards portés sur la France actuelle,
37:32 c'est peut-être qu'il s'agit d'une France des temps faibles.
37:36 On a beaucoup parlé de l'actualité brûlante,
37:39 qui est en général le quotidien des photographes de presse,
37:42 qui font l'objet de cette commande.
37:44 Et là, il s'agit plutôt de parler, voilà, des temps faibles,
37:50 comme disait Raymond Depardon,
37:51 qui est aussi un grand photographe de la France.
37:54 -Les creux de la vie. -Les creux, l'ordinaire.
37:57 D'être dans une logique un peu antispectaculaire, peut-être.
38:01 -Et c'est le résultat, d'abord, d'une très belle photo,
38:04 déjà, il faut le dire.
38:05 On pourra voir, d'ailleurs, un 26 minutes consacré
38:08 à la fois à tous ces clichés, cette exposition,
38:11 et aux photographes, dont on a entendu quelques extraits.
38:14 Ca sera diffusé tout à l'heure à 20h30.
38:17 Commande du ministère de la Culture,
38:19 sans précédent, ça veut dire quoi ?
38:21 -Eh bien, c'est une commande, déjà, qui s'inscrit
38:24 dans un plan de relance,
38:26 voulu de soutien à la presse,
38:29 dans le cadre de France Relance.
38:31 On parlait d'Europe, et une partie des crédits
38:34 pour cette commande sont issus de la Commission européenne
38:38 et de France Relance, au sortir du Covid.
38:40 Et donc, le ministère de la Culture a souhaité
38:44 que la BNF pilote cette commande,
38:46 qui était une radioscopie de la France,
38:48 pays traversé par une crise sanitaire.
38:51 Donc, on était en 2021,
38:53 et il s'agissait de soutenir,
38:56 avec 5,5 millions d'euros,
38:58 200 photographes, et donc, on a reçu
39:01 plus de 1 500 dossiers de candidature.
39:04 Deux jurys successifs se sont prononcés
39:07 sur des candidatures que les photographes ont faites,
39:10 avec un sujet libre et un dossier photographique
39:14 qui montrait l'adéquation entre le sujet choisi
39:17 et la forme photographique.
39:19 -Et 500 de ces photos sont visibles au public,
39:23 jusqu'à fin juin, donc on peut y aller
39:25 sur le site de la bibliothèque François Mitterrand.
39:28 Alors, on va parler de ces différents invisibles,
39:32 pour commencer. Ils ont eu sept mois,
39:34 c'est du luxe, quand on connaît les difficultés
39:37 de ce métier de photographe de presse,
39:39 pour les rencontrer, tisser des liens de confiance.
39:42 La photographe Sophie Loubaton propose un travail
39:45 sur la logistique, les travailleurs des plateformes.
39:48 On va regarder ça. Tous qui n'ont jamais vraiment
39:51 arrêté de travailler et de nous servir
39:53 pendant le Covid, en différents produits,
39:56 on en voit une ici.
39:58 Est-ce que vous diriez que...
40:01 Ca fait du bien, parce qu'ils sont joyeux,
40:04 on voit des visages qui sont, pour la première fois,
40:08 regardés et qui sourient.
40:10 -Oui, il y a, dans le travail des photographes,
40:13 le souhait de mettre en valeur aussi
40:16 ces citoyens, alors invisibles,
40:20 ou premiers de corvée, comme certains ont dit
40:22 pendant la crise sanitaire,
40:24 qui ont continué à faire en sorte
40:27 que la société fonctionne.
40:29 Et Sophie Loubaton a vraiment posé son regard
40:33 sur ces personnes pendant sept mois,
40:36 dans différentes plateformes logistiques.
40:39 Elle a recueilli aussi leurs témoignages.
40:42 D'ailleurs, dans ses photographies,
40:44 l'écriture aussi fait partie de...
40:48 ...de l'entreprise du reportage photographique.
40:52 -Ce qui me frappe, c'est qu'on sent vraiment
40:55 qu'il y a un plaisir d'être vu pour la première fois.
40:58 -Oui, c'est une façon de redonner...
41:00 -Ils offrent aussi aux photographes ça.
41:02 -Les photographes leur offrent une visibilité,
41:06 une considération, et on sent, voilà,
41:09 on n'est plus masqué, il y a cette idée aussi
41:12 de retrouver une forme d'évidence du visage
41:15 qui nous avait manqué.
41:16 -Les entrepôts, dans lesquels on voit très bien
41:19 la manière de travailler, on sent de la solidarité.
41:22 Puis à l'extérieur, c'est...
41:24 Là, à France, on en a pas souvent,
41:28 des ronds-points, des gilets jaunes,
41:30 avec les routiers qui arrivent directement
41:32 pour décharger avec les camions dans l'entrepôt,
41:37 tout ça est millimétré.
41:38 Ca, c'est la France plus triste,
41:40 c'est la France moche, avaient dit les ramas.
41:43 -Bien sûr, il faut la regarder,
41:45 parce qu'elle fait partie du paysage
41:47 de beaucoup de Français.
41:49 Alors, la France moche, c'est la France aussi
41:53 qui avait été photographiée dans les années 80
41:56 lors d'une autre grande commande,
41:58 celle de la mission photographique de la DATA,
42:01 une commande passée à 29 photographes,
42:03 parmi lesquels Robert Doisneau,
42:07 Joseph Koudelka,
42:08 qui avaient présenté aussi cette France,
42:12 des ronds-points, des parkings, industrieuses,
42:15 et c'est important aussi
42:18 de poser un regard sur ces paysages.
42:21 -Autre invisible, les aides-soignantes.
42:23 C'est le travail de Valérie Couteron
42:26 sur des femmes qui, au fond,
42:27 ne se sont, elles non plus, jamais arrêtées
42:30 pendant la crise sanitaire,
42:33 mais qu'on n'a pas applaudie,
42:35 parce qu'on pensait aux soignants à l'hôpital, forcément.
42:38 Là, c'est magnifique, tous ces portraits,
42:40 parce qu'on sent bien qu'il a fallu tisser
42:43 un lien de confiance pour entrer dans ces endroits d'intimité.
42:46 -Oui, tout à fait, d'autant que c'est dans la Creuse,
42:50 dans l'Inde, donc des lieux
42:52 que Valérie Couteron connaît bien,
42:54 et donc ces personnes-là,
42:56 elles sont prises en considération, là encore,
42:59 sur leur moment de temps de pause, les solitudes,
43:02 le fait qu'elles sont là pour des personnes âgées,
43:05 dont on a beaucoup parlé pendant la crise sanitaire,
43:08 et les besoins de cette présence, parfois la seule,
43:11 dans une journée assez monotone,
43:13 et donc vraiment une volonté de rendre hommage
43:16 à ces personnes.
43:17 -Elle a travaillé, d'ailleurs, avec une association rurale
43:20 pour rencontrer toutes ces personnes âgées
43:23 et surtout ces aides-soignantes.
43:25 Un portrait magnifique,
43:27 une photo qui m'a marquée,
43:29 Olivia Gay, on dirait un tableau,
43:31 un tableau de Rembrandt,
43:33 le lien de confiance, là,
43:34 on va avoir cette photo
43:36 sur le corps d'une femme.
43:39 Est-ce qu'on la... Elle arrive.
43:41 Vous la connaissez, cette photo ?
43:43 -Oui, alors c'est presque une piéta, je dirais.
43:46 -Tout à fait.
43:47 -On voit cette aide-soignante,
43:50 cette aide à domicile,
43:51 qui enlace cette dame.
43:56 Voilà, on sent toute la fragilité
43:59 du corps,
44:01 mais voilà, une fragilité
44:04 et aussi la solidarité humaine,
44:07 ce qui est d'ailleurs vraiment présent
44:09 dans cette grande commande,
44:11 parce qu'on voit des gens en situation précaire,
44:14 des personnes qui souffrent,
44:15 jeunes et moins jeunes,
44:17 mais on voit aussi ces regains d'intérêt
44:19 pour la solidarité.
44:21 -Elle est parfois même un peu dure à regarder.
44:23 Autre ambiance, si j'ose dire,
44:27 eh bien, les lieux culturels,
44:29 parce qu'on s'en souvient,
44:30 ils étaient tous fermés,
44:32 c'est l'objet d'intenses polémiques,
44:34 ici même, à l'Assemblée nationale,
44:36 et là, c'est le travail d'Aglaé Bory,
44:39 qui, dès que tous les lieux culturels
44:41 ont pu rouvrir, a décidé de se rendre
44:43 dans les quartiers pour voir un peu
44:46 comment les activités artistiques
44:48 avaient repris.
44:49 -Elle a travaillé beaucoup
44:51 avec des associations
44:53 dans ces quartiers populaires
44:56 et prioritaires,
44:57 avec des jeunes qui vont,
45:00 voilà, pratiquer la danse, la musique,
45:02 notamment avec des grandes institutions
45:05 comme la Philharmonie,
45:06 une façon de rendre la culture présente
45:09 au sein de ces quartiers
45:10 et donc d'élever aussi l'égalité des chances
45:14 d'accès à la culture.
45:15 -Bien sûr. Et il y a le travail de Lucien Long.
45:19 C'est plus intéressant,
45:21 parce qu'on est dans cette idée,
45:23 y a-t-il ou pas un monde d'après, une France d'après le Covid,
45:26 tous ceux qui ont voulu changer de vie,
45:29 qui ont voulu rester dans leur ville,
45:31 rester à la campagne, et là, c'est l'utopie de quoi ?
45:34 De la vie en communauté ?
45:35 -C'est l'utopie de la vie en communauté,
45:38 voir comment on se projette dans ce monde d'après,
45:41 la question de la décroissance,
45:43 qui est l'objet de la dernière partie
45:45 de l'exposition "La France sous leurs yeux",
45:47 consacrée aux potentialités,
45:49 donc à la fois le pire et le meilleur,
45:51 les solutions trouvées par les citoyens,
45:54 les habitats communautaires, alternatifs,
45:57 l'idée de pratiquer une agriculture biologique,
45:59 donc tout ça fait partie de ce sujet de Lucien Long
46:02 sur les utopies.
46:03 -Peut-être, si on l'a en magasin,
46:05 une très jolie photo au bord d'une rivière,
46:08 au bord d'un lac, on voit que c'est juste le petit bébé
46:11 qui l'a remarqué, le photographe.
46:13 Voilà. Et ça, c'est aussi le choix
46:15 qu'ont fait certains Français. -Tout à fait.
46:18 -Après le Covid.
46:20 -Oui, d'aller, de quitter la ville
46:22 et d'aller dans des zones rurales,
46:25 c'est d'ailleurs ce qu'on a appelé les néoruraux,
46:27 avec cette volonté, là encore,
46:29 de trouver de nouveaux systèmes
46:32 contre un modèle économique, social,
46:34 qui ne leur convenait pas.
46:36 -Voilà, j'espère qu'on a donné envie.
46:38 -J'espère aussi. -C'est absolument magnifique.
46:41 Il y a un livre d'or, on peut donner son impression.
46:44 On traverse vraiment le pays à travers ces 200 photos.
46:47 Il y a aussi le retour à la mer, les plages étaient interdites.
46:51 On a oublié ça, et ça fait penser un peu à 1936,
46:54 le travail de ce photographe. -Stéphane Gladieux.
46:56 -Mais en technicolor, c'est plus coloré.
46:59 -C'est plus vitaminé.
47:00 -Courez voir cette exposition jusqu'à la fin juin
47:03 sur le site de la bibliothèque.
47:05 Merci, Héloïse Conesa.
47:06 Vous restez avec moi. Les parties pris de nos affranchis.
47:09 On les accueille.
47:11 -Bonjour. -Bonjour.
47:21 -Bonsoir à vous, les affranchis du vendredi.
47:23 -Bonsoir. -Le trio que l'on préfère.
47:27 Bertrand Perrier, Mariette Darré-Grand,
47:29 et Léa Falco. Bertrand, c'est vous qui commencez ce 17 mai.
47:33 C'est la journée mondiale de lutte contre l'homophobie,
47:37 la transphobie et la biphobie.
47:39 -Oui, le 17 mai, en souvenir du 17 mai 1990,
47:42 date à laquelle l'OMS a décidé de ne plus regarder
47:45 l'homosexualité comme une maladie mentale.
47:48 Ca ne fait que 25 ans.
47:49 C'est l'occasion de rappeler que, aujourd'hui encore,
47:52 60 pays pénalisent l'homosexualité,
47:55 que 11 pays la punissent de la peine de mort,
47:58 et que l'on se souvient, évidemment,
48:00 de ces images insupportables de ces jeunes homosexuels
48:03 précipités depuis le toit d'un bâtiment
48:06 en Irak et en Syrie.
48:08 La Cour suprême russe regarde encore
48:11 l'homosexualité et même le lobby LGBT
48:14 comme une organisation qu'elle qualifie de terroriste,
48:17 qui n'existe que dans son fantasme.
48:19 -Dans une toute autre mesure, en France,
48:21 l'homophobie progresse ?
48:23 -Oui, à l'occasion de la journée d'aujourd'hui,
48:26 le ministère de l'Intérieur a fait un point
48:28 sur les agressions homophobes, transphobes, lesbophobes.
48:31 4 500 dans l'année 2023, plus 13 %, la situation s'aggrave.
48:35 Elles sont évidemment très larges.
48:37 Il y a des agressions physiques,
48:39 il y a des injures dans la voie publique,
48:42 au travail, à l'école, évidemment.
48:44 Ça a rejailli sur le comportement des homosexuels.
48:48 60 % des homosexuels déclarent qu'ils ne se prennent pas
48:51 par la main dans la rue parce qu'ils ont peur
48:53 de représailles possibles, de violences.
48:56 C'est la haine en ligne qui accrue aussi tout cela.
49:00 On en a vu un dernier exemple avec la victoire de Nemo,
49:03 cet artiste qui se déclare non-binaire
49:05 à l'Eurovision samedi dernier,
49:07 qui a donné lieu à un déferlement de haine homophobe
49:10 sur les réseaux sociaux.
49:12 -Il y a un livre qui met le feu aux poudres ?
49:14 -Oui, c'est un livre qui s'appelle "Transmania",
49:17 de Doramouto et Marguerite Stern.
49:19 Le sous-titre est assez explicite,
49:21 c'est "Enquête sur les dérives de l'idéologie transgenre".
49:24 Le postulat de Marguerite Stern et Doramouto,
49:27 qui se qualifient non plus de féministes,
49:29 mais de fémélistes, c'est qu'en réalité,
49:31 la femme serait un mammifère femelle humain
49:35 et qu'il serait réduit à sa biologie.
49:38 Le sexe serait une réalité biologique
49:40 et pas une construction sociale,
49:42 et qu'on ne pourrait pas en changer.
49:44 D'où l'idée que la transidentité serait une sorte d'escroquerie
49:48 et participerait d'une sorte de projet politique
49:51 de transhumanisme.
49:52 Je veux juste dire une chose,
49:54 les juristes ont condamné cette vision depuis longtemps.
49:57 On sait, en France, depuis 2016,
49:59 qu'on peut changer de sexe,
50:02 que ces personnes qui ont une transidentité,
50:04 c'est-à-dire des femmes dans un corps d'hommes,
50:07 des hommes dans un corps de femmes,
50:09 ont été condamnés par la Cour européenne des droits de l'homme.
50:13 Donc, il n'y a pas de réduction du sexe
50:16 à une réalité biologique.
50:18 C'est très réducteur de se dire
50:19 que c'est une affaire génétique de xx, de xy.
50:22 Non, c'est une construction sociale,
50:25 c'est une construction mentale, psychologique,
50:28 et ce serait très réducteur
50:29 de n'en faire qu'une réalité biologique.
50:32 C'est un débat, évidemment, qui a rebondi avec ce livre,
50:35 qui est l'objet de grosses polémiques.
50:37 Il y a des libertés interdites d'université,
50:40 des conférences, des manifestations, des plaintes.
50:43 Je regrette que ce débat surgisse de façon aussi violente,
50:46 aussi caricaturale, alors que c'est un sujet si lourd
50:49 sur lequel on aurait besoin d'apaisement.
50:51 -Merci. Un bon parti pris.
50:53 Il y a une proposition de loi au Sénat.
50:55 -Oui, d'une sénatrice LR qui sera appelée à la fin du mois
50:58 sur la question des mineurs transgenres
51:01 et de leur accompagnement.
51:02 Ca va continuer à faire feuilletonner ce sujet grave.
51:05 -Merci, Bertrand Mariette.
51:07 Le mot de la semaine, c'est le mot "méthode".
51:10 Alors, évidemment, méthode, on pense à la méthode
51:12 mise en cause dans la crise en Nouvelle-Calédonie.
51:15 -D'habitude, Myriam, c'est pour ça que ça m'intéressait
51:19 de voir arriver ce mot dans le débat public,
51:21 car le reproche fait aux politiques,
51:23 c'est l'inaction, l'impuissance,
51:25 ou le reproche fait à Emmanuel Macron
51:27 et certains de ses ministres, c'est l'arrogance,
51:30 le manque d'empathie.
51:31 -Un certain élitisme, c'est ça qu'on reproche.
51:34 On pense aussi, comme l'a fait remarquer cette semaine
51:37 un certain Lionel Jospin,
51:39 que c'est aussi ça, la mauvaise méthode.
51:41 -Exactement. Cette semaine, le passé politique
51:44 est revenu en force à l'occasion des événements
51:47 en Nouvelle-Calédonie.
51:48 Là, on a tous en tête, évidemment,
51:50 et Lionel Jospin l'a rappelé aussi,
51:52 la méthode, "rocard",
51:54 ce mot "méthode", il a un passé politique
51:57 d'une trentaine d'années.
51:59 -Qui a marqué la signature des accords de Matignon, 1988.
52:03 -Voilà, et dix ans plus tard,
52:04 les accords de Nouméa, Lionel Jospin, précisément,
52:07 reconduisant la méthode "rocard",
52:09 dont on sait de quoi elle était faite,
52:12 d'écoute, de dialogue, de recherche de médiateurs
52:15 un peu surprenants, inattendus,
52:17 certains religieux dans le milieu du politique.
52:19 Ca avait été très innovant, à l'époque,
52:22 mais on n'est pas là pour faire la comparaison des époques,
52:25 c'est différent, il faut la dépasser.
52:27 En revanche, c'était intéressant de revoir ce mot,
52:30 précisément parce qu'il est très ancien,
52:33 et que quand on revient à son sens grec,
52:35 originel, c'est tout à fait intéressant,
52:37 c'est fondé sur la métaphore de la route.
52:40 "Odos", en grec, c'est la route,
52:42 "méta", c'est pour aller quelque part.
52:44 La méthode, c'est pas du tout ce qu'on a aujourd'hui,
52:47 c'est un mot plat.
52:48 Quelqu'un qui n'est pas très créatif,
52:50 qui est scrupuleux, voire ennuyeux,
52:52 alors qu'à l'origine... -Dynamique,
52:55 il y avait du mouvement. -Exactement.
52:57 Un grand mouvement, une grande ambition,
52:59 un art de la navigation, se donner les bons buts,
53:02 se composer un bon équipage,
53:05 prendre des choix de buts, etc.,
53:08 et puis exploiter les bons vents.
53:10 -Michel Rocard, c'était un navigateur,
53:12 un voileux. -C'était un voileux,
53:14 donc il s'est probablement servi de son expérience,
53:17 mais René Descartes ne l'était pas,
53:19 ma connaissance, en tout cas,
53:21 et c'est lui qui nous a mis sur la bonne voie de la méthode,
53:24 son fameux traité, le discours de la méthode.
53:27 Le titre entier, je l'ai vérifié,
53:29 "Le discours de la méthode pour bien conduire sa raison
53:33 "et trouver la vérité dans les sciences",
53:36 c'est-à-dire le savoir.
53:37 C'est vraiment un acte,
53:39 et Descartes raconte son propre voyage,
53:41 il s'est trompé à un moment,
53:43 il a trouvé quelque chose.
53:44 La méthode, c'est ça, c'est se mettre en chemin
53:47 pour aller vers un but intéressant,
53:49 faire des expérimentations, se tromper un peu de route,
53:52 et surtout, du coup, mettre du temps.
53:54 Ca se fait pas en un jour, la méthode.
53:57 Donc c'est ça que je voulais proposer
53:59 à notre débat, notre travail ensemble d'observateurs.
54:02 Finalement, cette méthode, elle est intéressante,
54:05 non pas tant pour comparer la Nouvelle-Calédonie,
54:08 88 et aujourd'hui, la situation est très différente,
54:11 mais pour nous projeter peut-être vers notre propre avenir.
54:14 Ce que je voulais dire par là, Myriam,
54:16 c'est pourquoi est-ce que ce critère politique
54:19 de savoir naviguer par temps long
54:21 ne serait pas notre critère de choix
54:23 des candidats de notre élection ?
54:26 -C'est un candidat à la gouvernance en général.
54:28 Je me dis qu'il va y avoir les européennes
54:31 et d'autres élections, et après tout,
54:33 un petit diplôme en méthode de navigation politique,
54:36 ça serait plus intéressant.
54:38 -Vous la placez là, la barre, très haut.
54:40 En tout cas, c'est fascinant. Ca vous parle, cette idée
54:43 d'une méthode comme un chemin avec du mouvement ?
54:47 -Oui, c'est important d'être effectivement
54:50 dans cette logique, et les photographes,
54:53 pour en revenir à la grande commande,
54:55 ont aussi adopté des méthodes, voire des protocoles,
54:59 pour réaliser leurs images,
55:03 dialoguer avec les personnes qu'ils allaient photographier.
55:06 C'est un vrai travail,
55:07 et il y a une vraie méthodologie du photographe professionnel.
55:11 -Et on met de soi dans la méthode.
55:13 -C'est pas un cadre.
55:14 -On termine. Action Planète. Léa Falco, c'est tout de suite.
55:19 Musique rythmée
55:22 ...
55:27 -On est content de vous retrouver.
55:29 Ca fait un petit moment. -Oui, je suis très contente.
55:32 -Vous nous parlez ce soir d'un acteur clé
55:34 de cette crise de la Nouvelle-Calédonie.
55:37 C'est la production de nickel, métal,
55:39 de toutes les convoitises.
55:41 -Oui, parce que le nickel,
55:42 vous en retrouvez 20 à 30 % des ressources mondiales
55:46 dans la Nouvelle-Calédonie,
55:47 et ça fait vivre 20 à 25 % de l'archipel.
55:50 Avec le nickel, on fait tout un tas de choses,
55:52 dont de l'acier inoxydable,
55:54 mais aussi, pour notre sujet de transition énergétique,
55:57 ça se contient dans les batteries de véhicules électriques.
56:00 Le sous-sol calédonien, c'est l'objet de mille convoitises.
56:03 -Et le nickel calédonien se porte plutôt mal.
56:06 -Il se porte assez mal.
56:08 Il est dans une grosse crise, cette année,
56:10 depuis quelques années, qui est conjoncturelle,
56:13 mais qui mélange plusieurs facteurs,
56:15 notamment le fait qu'il y ait en face des concurrents
56:18 qui sont des pays producteurs à bas coût,
56:20 la Chine, l'Indonésie, les Philippines,
56:22 le coût de l'énergie, y compris en Nouvelle-Calédonie,
56:26 la volatilité du prix du minerai,
56:28 qui a baissé de moitié pendant la seule année 2023,
56:30 et ça conduit à des pertes records.
56:33 En Nouvelle-Calédonie, le reste des secteurs économiques
56:36 sont très peu développés, justement à cause de la focalisation
56:39 sur le tout nickel.
56:40 Ca arrive à beaucoup de pays qui ont des ressources,
56:44 notamment le nickel du pétrole, qui se retrouvent coincés
56:47 dans une économie de rente dont ils n'arrivent pas à se diversifier.
56:50 On appelle ça, de manière poétique, la malédiction des ressources.
56:54 Sauf que dans notre cas, la diversification
56:56 de l'économie néo-calédonienne, c'est pas à l'agenda du gouvernement,
57:00 puisque l'année dernière, Bruno Le Maire a annoncé
57:03 un pacte nickel pour faire rejaillir la filière.
57:06 On parle de rien de fondamentalement très innovant.
57:09 Subvention des prix de l'énergie,
57:11 capacité de production électrique sur le territoire
57:14 pour moins d'importations, et en échange,
57:16 une facilitation par les collectivités territoriales
57:19 de l'accès aux ressources et une garantie de la part des industriels
57:23 de la rentabilité des usines. -A qui appartient le nickel ?
57:26 -C'est un peu là que le babelaise.
57:28 Depuis ces fameux accords de Nouméa en 98,
57:31 et le transfert de compétences depuis l'Etat français
57:34 jusqu'aux autorités locales néo-calédoniennes,
57:36 la gestion du minerai nickel est censée appartenir
57:39 aux autorités néo-calédoniennes. 25 ans plus tard,
57:42 ce pacte du nickel proposé par le gouvernement
57:45 sonne presque comme un pacte colonial
57:47 aux yeux d'indépendantistes.
57:49 Les Cannacks disent que nous devons mettre la main
57:51 sur nos matières premières, utiliser notre nickel
57:54 pour fabriquer des véhicules électriques vendus en métropole
57:58 sans que le territoire n'en bénéficie.
58:00 Cette question du nickel vient mettre encore de l'huile sur le feu
58:03 dans une situation déjà un peu compliquée
58:06 entre la métropole et Nouméa.
58:08 -Cet enjeu écologique s'ajoute à tout le reste.
58:10 -C'est toujours la même chose avec les enjeux écologiques.
58:13 C'est assez rarement le facteur déclenchant,
58:16 le facteur unique d'un problème ou d'une situation compliquée.
58:19 Ca s'ajoute à d'autres tensions préexistantes,
58:22 que ce soit des tensions politiques, sociales, géopolitiques,
58:26 économiques, sécuritaires, coloniales, stratégiques.
58:29 Tout ça s'accumule et, à la fin, comme dans le cas du nickel,
58:32 la combinaison de ces facteurs mène à une explosion.
58:35 -Merci beaucoup. Vous l'avez déjà visitée, cette usine de nickel ?
58:39 J'ai eu cette chance. Très impressionnante.
58:41 Très impressionnante. Les visages rouges.
58:44 C'est vraiment un monstre sur l'île,
58:46 cette immense usine centrale, enjeu central, dans cette crise.
58:49 On s'arrête là. C'est le week-end.
58:52 Profitez bien. Merci, Héloïse Conesa,
58:54 d'être passée sur LCP.
58:56 1,26 minute à suivre à 20h30,
58:57 si vous voulez en savoir un peu plus sur cette exposition
59:01 à la BNF François Mitterrand.
59:03 A mardi prochain, 19h30, en direct.
59:06 ...
59:18 ...

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