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Vidéo Grand témoin Manuel Rucar 60 ans Lien horticole.

L’œil de Manuel Rucar, grand témoin, sur les productions végétales
Quelles tendances et quelles évolutions se dessinent à l’horizon 10 ans en matière de végétaux d’ornement ?
Transcription
00:00Le lien Horticole fête ses 60 ans et a choisi de vous présenter les tendances des dix prochaines
00:09années.
00:10Pour l'occasion, nous avons sollicité Emmanuel Rucard comme grand témoin pour un numéro
00:15spécial que nous avons édité récemment.
00:17Nous nous sommes tournés vers vous parce que votre métier de tendanceur consiste à
00:22se projeter en permanence sur les dix prochaines années.
00:25Expliquez-nous.
00:26Alors effectivement, mon métier, c'est de réunir toutes les informations pour permettre
00:29aux professionnels d'avoir la vision la plus claire, la plus objective possible de ce
00:34que veulent les consommateurs et donc ce qui va guider nos métiers à l'avenir.
00:38Donc c'est pour ça que cette collaboration est assez intéressante, d'aborder un éclairage
00:43à la fois sur l'historique, mais aussi sur la projection de ce qui va se passer dans
00:46les prochaines années.
00:47Alors on va faire une interview ici en trois parties importantes et on va d'abord aborder
00:54le secteur de la production horticole.
00:56Dans ce domaine des productions horticoles, le végétal d'ornement, c'est le produit
01:00phare, mais c'est aussi le lien entre tous les acteurs de la filière.
01:03Or, ce terme, nous avons l'impression qu'il n'est pas compris, pas retenu par les jeunes.
01:08Quel terme ? Comment peut-on aborder le végétal d'ornement auprès des jeunes ?
01:13Effectivement, dans les enquêtes consommateurs aujourd'hui, on constate que le terme végétal
01:18est connoté de l'industrie cosmétique, de l'industrie agroalimentaire et qui est
01:24bien plus puissante que nos filières.
01:26Et donc aujourd'hui, le terme végétal est relié à un ingrédient qui soit naturel
01:33dans tous ces produits.
01:34Donc aujourd'hui, le terme qui est consacré est plutôt le terme plante.
01:37Disons que quand on va parler du maïs, quand on va parler de la fraise, pour les consommateurs,
01:42c'est un aliment, donc un végétal ou un légume, un fruit.
01:47Mais quand on va parler de plante, là, on parle vraiment du végétal ornemental.
01:51Notre terme technique à nous, aujourd'hui, il s'illustre par le terme simplement plante
01:56chez le consommateur.
01:57Est-ce que ça suffit pour les jeunes ?
01:58Pour les jeunes, en fait, aujourd'hui, on est dans une logique de simplification.
02:01Donc on va droit au but, droit à l'essentiel avec des mots simples et du coup, ça fait
02:06partie de cette tendance-là aussi à la simplification.
02:08Alors dans les productions ornementales, on voit se développer les productions en fleurs
02:13coupées avec des petites structures, le plus souvent réadaptables, réorientables.
02:19Ce modèle, est-ce qu'on peut le dupliquer en pépinières, éventuellement en plantes en pot ?
02:23Alors, c'est ce qui est en train de se passer, de fait, dans la filière, quelque part, une atomisation.
02:28Donc des acteurs de plus en plus petits, mais aussi quelque part, qui prennent moins de risques,
02:33qui sont un peu plus agiles aussi.
02:34C'est-à-dire qu'on est sur des circuits courts avec une production hyper locale.
02:41Donc l'offre n'est pas aussi diversifiée que ce qu'on a pu connaître jusqu'à maintenant,
02:45mais les risques sont aussi moins grands pour les entreprises.
02:47Donc effectivement, ce sont des modèles plus souples qui permettent aux acteurs de la filière
02:51d'avoir peut-être moins de risques, peut-être moins aussi de projections envers l'avenir,
02:56mais au moins de rationaliser les coûts.
02:58Donc effectivement, que ce soit pépinières, horticulture, on voit fleurir, c'est un peu le terme,
03:03tous ces nouveaux acteurs qui, la plupart du temps, ne viennent pas de notre filière
03:07et viennent souvent de reconversions professionnelles.
03:09Donc ce sera assez intéressant de surveiller ce phénomène.
03:12Et sinon, côté climat, c'est un peu le bazar, on peut dire.
03:15Le printemps ou les hivers ne sont plus ceux qu'on a connus.
03:21Les printemps s'estompent, les hivers deviennent des printemps.
03:23Comment on peut relancer les productions saisonnières ?
03:27Et par exemple, en particulier, il y a des questions sur les ventes d'automne,
03:30sur les ventes de bise annuelles ?
03:32Effectivement, ça ouvre de nouvelles opportunités aussi.
03:35C'est-à-dire que dans certaines régions, on peut maintenant avoir dans son jardin
03:39des plantes qui sont presque exotiques, tropicales.
03:41C'est le côté positif de la chose.
03:43Mais ça amène aussi des nouvelles pratiques sur certains marchés,
03:47notamment les bulbes naturalisables.
03:49On va un peu moins vers des variétés horticoles,
03:53mais plus vers des variétés qui sont adaptées à ce nouveau climat qui évolue.
03:59Mais aussi, on voit sur les ventes de produits à l'automne,
04:03notamment tout ce qui est racines nues qui progresse.
04:05Alors, ce n'est pas énorme, mais chaque année, on voit quand même une progression
04:07sur des conditionnements en racines nues.
04:09On voit que des bonnes pratiques commencent à revenir dans l'esprit des jardiniers
04:14grâce à la littérature, aux magazines, aux influenceurs aussi,
04:17qui redonnent ces codes de manière sympathique et originale.
04:22Donc, petit à petit, les ventes reprogressent.
04:23Et surtout, ce qui est intéressant, c'est que des ventes d'automne en racines nues,
04:27on est sur très peu de conditionnements, une logistique plus facilitée.
04:31Donc, c'est aussi des prix un peu plus accessibles aussi pour le consommateur.
04:34Donc, ça peut être aussi une opportunité de marché à découvrir.
04:38Est-ce que c'est juste une intention de faciliter ou est-ce que les gens comprennent
04:42vraiment l'intérêt pour les plantations saisonnières ?
04:45En fait, il y a un parcours d'achat, un parcours progressif.
04:49C'est-à-dire qu'effectivement, on va prendre un consommateur dans un état A,
04:54qui la première année va acheter par le coup de cœur.
04:58Peut-être que dans un état B, il va se rendre compte que la plante n'a pas duré.
05:03Il va être frustré, il va peut-être rejeter nos produits.
05:06Et peut-être qu'un an plus tard, deux ans plus tard, il va y revenir.
05:09Mais là, en ayant appris de ses erreurs, donc c'est un parcours qui prend du temps.
05:12Et là, on commence seulement à voir les effets de ce parcours d'apprentissage
05:16chez les nouvelles générations de propriétaires de jardins ou possesseurs de jardins.
05:19Et donc, on arrive dans un état C, D, où là, le particulier a compris ça.
05:25Et par la communication, on arrive aussi à lui expliquer
05:29qu'une plantation réalisée à l'automne a des bien meilleures chances de réussite.
05:33Donc, pour lui, c'est aussi un enjeu économique.
05:36On est un peu plus patient.
05:37On apprend que dans le jardin, en fait, le temps est très important
05:41et va conditionner beaucoup la réalisation, le résultat.
05:44Donc, on va faire attention à ça et s'y prendre un peu plus à l'avance.
05:48Donc, on apprend la patience à un parcours de progression qui peut prendre peut-être cinq ans.
05:52Mais on voit que dans les faits, c'est en train de progresser.
05:55Est-ce que les jeunes ont le temps et c'est au professionnel
05:59de prendre le temps de retravailler la communication et l'information ?
06:03Alors, je dirais qu'est-ce que c'est au professionnel technicien de le faire ?
06:08Pas forcément.
06:10Peut-être qu'il y a un maillon entre les deux.
06:12Je pense aux journalistes, aux influenceurs qui vont vulgariser cette information
06:16et la rendre non culpabilisante parce que parfois, un producteur peut avoir un langage
06:21peut-être qui peut stresser un consommateur en disant il faut faire ça ou il faut pas faire ça.
06:25Et le consommateur, je préfère autant acheter du plastique.
06:27C'est aussi simple quelque part.
06:28Mais là, il y a peut-être ce maillon intermédiaire qui va déculpabiliser le consommateur
06:32et rendre ce temps de patience nécessaire un peu plus sympathique avec un résultat à la clé.
06:40Merci.
07:02Sous-titrage Société Radio-Canada

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