• il y a 7 mois
Comment protéger les surveillants de prison et les forces de l'ordre face aux narcotrafiquants ? Écoutez le débat entre Amine Kessaci, candidat sur la liste Europe Écologie-Les Verts aux Européennes, qui perdu son frère dans un règlement de compte à Marseille et qui a fondé l'association Conscience, Alexandre Caby, qui porte la parole des agents pénitentiaires en tant que secrétaire général adjoint UFAP-UNSA Justice;, mais aussi Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche, et Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic.

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00:00Julien Cellier, Isabelle Choquet et Cyprien Signy, RTL bonsoir.
00:0519h15 RTL bonsoir, les grands débats maintenant, c'est parti pour 3 quarts d'heure de réflexion
00:10pour mieux comprendre l'actu, pour l'analyser aussi, on va évidemment ce soir longuement
00:15revenir sur la sidération qui a gagné le pays après le meurtre hier d'agent pénitentiaire
00:19dans l'Eure.
00:20Le narcotrafic a une nouvelle fois tué en plein jour devant des témoins sur une autoroute
00:25autour de la table ce soir pour en discuter nos invités.
00:28Amine Kessassi, vous avez perdu votre frère dans un règlement de comptes à Marseille,
00:32vous avez fondé l'association Conscience, vous êtes candidat sur la liste Europe Ecologie
00:36Les Verts aux Européennes, bonsoir.
00:38En ligne avec nous également Wilfried Foncky, porte la parole ce soir des agents pénitentiaires,
00:43secrétaire national UFAP une sa justice, bonsoir.
00:45Bonsoir.
00:46On accueille aussi nos débatteurs du jour, Bruno Jeudy, directeur délégué de la tribune
00:50Dimanche, bonsoir Bruno.
00:51Bonsoir.
00:52Et Sophie Dementon, présidente du mouvement patronalétique, bonsoir Sophie.
00:55La première question ce soir c'est comment protéger nos surveillants de prison et nos
00:58forces de l'ordre face à ces narcotrafiquants ?
01:01Wilfried Fonck, vos syndicats ont échangé aujourd'hui avec le garde des Sceaux.
01:05On vient de vivre dans notre pays une journée prison morte un peu partout en France avec
01:10des rassemblements, on l'a vu, avec des manifestations de vos collègues pour exprimer à la fois
01:14un ras-le-bol et surtout une tristesse, parlez de sidération, est-ce que c'est le mot juste
01:19ce soir ?
01:21Oui, en fait c'était hier quand l'information étendait que nos deux collègues étaient
01:27décédés dans l'exercice de leur mission, effectivement ça a été une onde de choc,
01:31ça a été une sidération et aujourd'hui les personnels se sont rassemblés devant
01:36l'ensemble des prisons de France et des services pénitentiaires pour témoigner à la fois
01:41de leur tristesse, de leur peine, de leur soutien envers leurs collègues et leurs familles
01:47mais aussi quelque part pour faire part de leur colère parce que la grosse difficulté
01:52avec les prisons c'est qu'on en parle à partir du moment où il se passe des choses
01:56graves et là il s'est passé une chose très grave mais malheureusement la situation des
02:02prisons françaises catastrophique, elle ne date pas d'hier, ça fait grosso modo entre
02:0825 et 30 ans que les prisons françaises sont malades et malheureusement aujourd'hui ni
02:13les gardes d'essau qui se sont succédés, ni les gouvernements qui se sont succédés
02:17n'ont pris l'ampleur de la situation en considération et quelque part les parlementaires
02:23non plus parce que c'est bien beau de faire des minutes de silence à l'Assemblée mais
02:27quand on envoie des courriers pour les solliciter sur des situations dramatiques que celles des
02:33prisons françaises aujourd'hui, on n'a quasiment aucune réponse. Justement comment on peut vous
02:38protéger aujourd'hui, en vous faisant moins sortir, en multipliant les actes en visioconférence par
02:42exemple, ça faisait partie des discussions avec Eric Dupond-Moretti aujourd'hui ? Alors il est
02:46évident que dès lors qu'on quitte l'ensemble des établissements, la sécurité et la fragilité
02:53est beaucoup plus importante, ça c'est une certitude. Alors la vidéoconférence c'est
02:59quelque chose qui existe depuis des années et des années puisque l'ensemble des structures sont
03:03quasiment équipées d'un dispositif, aujourd'hui grosso modo c'est une trentaine de mille
03:09vidéoconférences par an. Le garde des Sceaux s'est engagé aujourd'hui à ce qu'il y ait effectivement
03:17un développement encore plus important de ce type de l'usage de la vidéoconférence. Alors c'est vrai
03:22que si on ne sort pas, on est moins fragile, on est moins en insécurité. Après il est évident aussi
03:27qu'il est peut-être temps de songer à revoir complètement l'organisation des extractions mais
03:34ça pour le moment on a des engagements. Dans vos discussions avec Eric Dupour-Morettier,
03:39est-ce que vous avez obtenu aussi une généralisation, en tout cas une augmentation,
03:43parce que ça fait partie de vos revendications, des fourgons blindés ou à minima de fourgons
03:47banalisés pour être beaucoup moins repérables ? Alors les fourgons blindés, pour le moment le
03:55sujet n'a pas été évoqué clairement comme ça. Par contre sur l'aspect de banaliser les véhicules,
04:03c'était une revendication de notre organisation syndicale qu'il y a au moins deux ans. Je pense
04:08qu'on a été entendu là-dessus et que des dispositions vont être prises rapidement pour
04:14pouvoir banaliser le parc existant et passer les commandes en conséquence derrière les prochains
04:20achats. Mais grosso modo tout ça ne sera pas suffisant si derrière il n'y a pas une
04:26refonte globale du système carcéral en France et une refonte globale de la prise en charge de la
04:33population pénale. Sophie de Menton, je vous vois interpellée par les propos de Wilfrid. Oui parce
04:39que c'est terrible et on ne croit plus à ces mots. Oui on va voir, on va mettre en place,
04:44on va améliorer. Enfin on n'y croit plus, c'est terrible. Et alors je voulais savoir d'abord,
04:50qu'est-ce que c'était prison morte ? Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce qui s'est passé dans
04:55prison morte dans ce que vous avez fait ? Pas de parloir Wilfrid Fonk aujourd'hui. Prison en
04:58quelque sorte à l'arrêt. On l'a perdu Wilfrid Fonk, je crois que la ligne a été coupée mais
05:02c'était effectivement l'une des manifestations aujourd'hui de cette opération prison morte
05:09qui consistait à bloquer effectivement l'entrée des prisons et notamment pour les familles qui
05:13voulaient venir visiter les détenus. Vous dites que Sophie de Menton, je ne crois plus à la parole
05:18politique. Non mais si vous voulez, à chaque fois qu'il y a un drame, c'est horrible, je peux vous
05:23faire le discours qu'ils vont faire. D'abord plus jamais ça, nous serons absolument intraitables,
05:29on va créer une commission. Ce n'est pas ce qu'ils ont fait là pour l'instant. Pardon ? Ce n'est pas
05:34ce qu'ils ont fait pour l'instant. Mais ils n'ont rien fait du tout. Bah oui mais peut-être que
05:37justement ça évite ces paroles lénifiantes qui ne servent à rien, c'est peut-être mieux d'avoir
05:40quelque chose de précis dans les jours. Le ministre a quand même dit qu'il serait intransigeant,
05:43qu'on est très choqués. Oui, je trouve qu'il n'y a pas eu ces paroles justement habituelles,
05:47c'est moins les stigmes du Pomoretti que d'autres, je trouve par ailleurs. Moi je trouve que la
05:54réponse qui a été apportée il y a trois semaines, je fais de la pub pour mon journal, La Tribune
05:58Dimanche, qui est de s'organiser, de s'en prendre réellement avec des grands moyens sur le crime
06:04organisé en créant un parquet national anti-crime organisé, c'est-à-dire anti-narcotraficant.
06:09Oui, oui, oui, absolument. Parce que là, on est condamné à des réseaux de narcotrafiquants et c'est
06:15ça le sujet essentiel. Et donc là, parce qu'il faut s'interroger sur, éventuellement, les
06:22complicités, parce que tout ça s'est organisé. Les cas de Gaille ne sont pas arrivés comme ça par hasard,
06:26donc il y a de la complicité à sans doute beaucoup de niveaux. Et c'est ça qui est intéressant.
06:33Mais au-delà de ça, ils ont été attaqués et moi je voyais sur les quais, près du tribunal de justice,
06:41je voyais, quand on transporte des gens qui vont au tribunal pour être jugés, j'étais sidérée,
06:48c'étaient des fourgons avec des types porte ouverte, avec carrément une mitrailleuse pointée.
06:53Il y a différents types d'escortes et ce n'était pas le cas de Gaille. Il y a quatre niveaux.
06:57Il y a le 4, c'est hallucinant.
07:01Et donc il n'y a pas de fourgon blindé, effectivement.
07:03Parce qu'il n'était pas considéré comme le plus haut niveau d'enjeu, où là c'est une vingtaine de
07:10personnes qui encadrent. Là, ce n'était pas le cas hier. Il n'était pas considéré comme dangereux de ce niveau-là.
07:15Amine Kessassi, vous avez perdu votre frère dans un règlement de compte à Marseille.
07:18J'imagine que vous avez connu ce sentiment que connaissent aujourd'hui les surveillants de prison,
07:24les proches de ces agents pénitentiaires qui ont perdu la vie.
07:27On sent démuni face à une telle violence qui est extrême.
07:31Il y a des commandants armés qui, on en a la sensation, en tout cas on en a eu l'illustration hier,
07:36sont capables de frapper quand ils veulent et où ils veulent.
07:39Exactement, et c'est ce qui fait peur et une violence qui est quand même égale à la barbarie.
07:44Moi, je veux d'abord avoir une pensée pour les deux familles de ces deux agents pénitentiaires,
07:48parce que le deuil, je sais ce que c'est et on comprend totalement la douleur de ces familles
07:53et même la colère qu'ils peuvent ressentir.
07:56Et vous évoquez quelque chose d'ultra important, c'est de dire qu'aujourd'hui, on tourne encore autour du problème.
08:01On est encore en train d'esquiver les réelles questions et la parole politicienne, puisqu'il y en a eu, malheureusement.
08:07Moi, je lis les tweets de Sébastien Chenu, les tweets de François-Xavier Bellamy,
08:10ils devraient avoir honte de faire de la récupération politique.
08:12Au Rassemblement National et aux Républicains.
08:13Exactement, ils devraient avoir honte de faire de la récupération politique sur ces deux drabes.
08:17Aujourd'hui, il y a un problème, c'est qu'il faut qu'on comprenne pourquoi et comment
08:22des individus se sont sentis capables et ont eu les moyens d'organiser l'attaque d'un convoi.
08:26On a eu les moyens matériels, les armes, les voitures qu'il leur a fallu, l'itinéraire du convoi,
08:32on a eu les informations qu'il fallait, à quelle heure, à quel endroit, etc.
08:36C'est de comprendre comment on a laissé ces petits réseaux de quartier devenir des cartels,
08:40et devenir des réseaux qui égalent la mafia mexicaine et la mafia colombienne.
08:44Vous vous dites souvent qu'on banalise, qu'on déshumanise les victimes à Marseille,
08:48parce que ça se passe aussi souvent dans des quartiers qui sont oubliés,
08:50ça se passe la nuit souvent, ça se passe sans témoins.
08:52Là, on a des innocents, des agents pénitentiaires qui ont été tués en plein jour devant un péage,
08:56avec une vidéo qui est visible absolument partout sur tous les grands médias et dans les réseaux sociaux.
09:00Est-ce que c'est le moment de la prise de conscience collective ?
09:04En tout cas, déjà dans l'opinion publique peut-être Bruno Jeudy,
09:06qui découvre peut-être l'importance du narcotrafic dans notre pays ?
09:09Je pense que les narcotrafiquants ont pignon sur rue en France depuis longtemps,
09:14ça va crescendo, les Français n'ont peut-être pas fait attention à ce qui s'est passé en Belgique
09:19et aux Pays-Bas ces derniers mois,
09:22où les réseaux de narcotrafiquants ont quasiment pris en otage la Reine des Pays-Bas,
09:29il y a eu des pressions au plus haut niveau en Belgique,
09:32on en a moins parlé ici,
09:34et Éric Dupond-Moretti, qui se trouve que je l'ai interviewé,
09:37on a parlé longuement de ça,
09:38et c'est pour ça qu'il y a toute cette prise de conscience sur le parquet national anti-crime organisé,
09:43c'est de ça dont on parle, c'est justement de ce par le monsieur,
09:46c'est-à-dire comment ces cartels, parce que c'est des cartels maintenant,
09:50comment il faut essayer de les démanteler et être efficace,
09:53parce qu'aujourd'hui ce n'est pas efficace,
09:54c'est-à-dire que c'est vrai que Gérald Darmanin a mis en place une politique,
09:58bon, il a démonté la moitié d'Oidy, la moitié des points de deal à Marseille,
10:01mais il se reconstitue, il y a une espèce de lutte permanente,
10:07mais il faut changer de braquet,
10:10c'est peut-être ce qui s'est passé en Italie,
10:12c'est le modèle italien qui va appliquer,
10:14le modèle italien, on le connaît, c'est vraiment...
10:16Et on a l'impression qu'ils ne savent pas du tout quoi faire,
10:18alors d'abord, qui décide ?
10:21C'est l'ampleur des réseaux qui a changé, Sophie.
10:23Ça a changé, mais parce qu'on l'a laissé changer,
10:25on l'a laissé évoluer,
10:27on a laissé petit à petit évoluer et arriver à ce stade,
10:31C'est parce qu'il y a beaucoup de consommateurs, Sophie, c'est ça qui a changé ?
10:34Je suis tout à fait d'accord, il faut d'ailleurs taxer les consommateurs.
10:36C'est déjà le cas, c'est déjà le cas.
10:38Oui, mais enfin, en attendant, on a laissé cette situation.
10:41Les amandes, il n'y en a pas beaucoup, on va dire.
10:43Cette politique répressive, il faut aussi l'attribuer à quelqu'un,
10:45il faut aussi rappeler la responsabilité de Nicolas Sarkozy
10:49quand il a retiré la police de proximité de nos quartiers,
10:51quand il a déclaré que les policiers ne sont pas...
10:53Non, c'est pas vieux, j'ai 20 ans,
10:55et quand j'étais petit, j'ai connu la police de proximité dans mon quartier en pied d'immeuble.
10:59La police de proximité, qu'est-ce qu'elle avait ?
11:00Elle avait la force de dissuasion qu'aujourd'hui la police a perdue.
11:03Et c'est ce que les policiers et les gardiens pénitentiaires demandent de retrouver.
11:06Une force de dissuasion.
11:07De se dire que quand les jeunes, quand les trafiquants de drogue
11:09vont voir des policiers face à eux, ils vont avoir peur comme ils l'avaient fait en temps.
11:13Sauf que maintenant, si on voulait faire ça, ça ne marcherait plus
11:15parce que d'abord, il faut nettoyer.
11:17Il faut nettoyer, parce que là, comme vous le disiez tout à l'heure...
11:19Dans ce temps-là, on laisse les gens dans les quartiers mourants.
11:21Non, mais là, pour l'instant, il faut...
11:22Je suis partie 49 fois présenter des condoléances à des mamans qui ont...
11:25C'est bien, mais ce que je veux dire, c'est que là, pour l'instant,
11:27il faut d'abord nettoyer le trafic pour remettre ensuite de la police de proximité.
11:30Comment on le fait ?
11:31La police de proximité, il faut qu'elle soit armée,
11:33il faut qu'elle soit en état d'intervenir.
11:36Là, c'est plus tellement des îlotiers qu'il faut.
11:38Puisque vous vous demandez comment changer le raquet,
11:40comment la justice, comment la police peuvent faire face aujourd'hui à ce narcotrafic,
11:44puisque vous vous demandez, Sophie, si le gouvernement a pris la mesure de la situation,
11:47on prolonge la discussion juste après ça.
11:52RTL, bonsoir.
11:53Julia Selye.
11:54Isabelle Choquet et Cyprien Signy.
11:56Et les grands débats se poursuivent dans RTL, bonsoir.
11:59Autour de la table, nos invités, Amine Kessassi, fondateur de l'association Conscience,
12:03est très engagée à Marseille.
12:04Nos débatteurs du jour, Bruno Jeudy, directeur délégué de la Tribune.
12:07Dimanche, Sophie de Menton, présidente du mouvement patronal éthique.
12:10On évoquait l'état de choc après l'attaque dans l'heure hier
12:13et on se demandait est-ce que le gouvernement a pris conscience du danger ?
12:17Vous n'êtes pas tous d'accord autour de la table.
12:19Hier, en tout cas, les sénateurs de la commission d'enquête sur le narcotrafiquant
12:22ont douté aussi de la prise de conscience du gouvernement.
12:26Ils ont rendu leur rapport hier.
12:27Écoutez, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, ce matin sur RTL.
12:30Je sais que tout le monde est extrêmement choqué.
12:34Au ministère de l'Intérieur, nous sommes choqués par la violence de cette attaque.
12:39D'abord, dire effectivement nos condoléances à ces familles, à ces pères de famille
12:44qui vivaient dans le Canada, qui faisaient leur travail, qui servaient la République.
12:49Nous avons mis beaucoup de moyens pour retrouver non seulement la personne qui s'est évadée,
12:56qui est un criminel, mais pour retrouver le gang qui l'a libérée dans des conditions ignobles.
13:04Bruno Jeudy, vous le fins connaisseur de notre vie politique.
13:07On a senti le ministre un peu groggy, même très groggy, ce matin sur RTL.
13:12Ce n'était pas le plus grand délinquant que nous connaissons, a-t-il dit ensuite dans l'interview.
13:16On le sent presque surpris par cette violence extrême.
13:20Alors, il faut recontextualiser sans doute cette interview.
13:23Désolé pour les auditeurs, mais je pense que Gérald Darmanin, ce matin, il était doublement groggy
13:27parce qu'il y avait aussi des événements de Nouvelle-Calédonie.
13:29Il apprenait sans doute le décès.
13:31Non, il n'apprenait pas. Je pense qu'il a fait nuit blanche, pour faire simple.
13:33Parce qu'évidemment, vu le déploiement de forces de police, de gendarmerie sur Nouméa
13:40et sur l'île calédonienne, donc compliqué, et qui succédait à la journée d'hier
13:47avec ce qui s'est passé dans l'heure, donc doublement groggy.
13:51C'est vrai que sa voix n'était sans doute pas la même.
13:54Je l'ai écouté ce matin en direct et c'était très frappant de voir à quel point
13:59il était marqué par les deux événements.
14:03Il savait sans doute déjà en plus le contexte calédonien et l'affaire des deux agents pénitentiaires
14:11tués dans l'heure, forcément.
14:13D'ailleurs, il a terminé l'interview en disant « j'ai pas du tout le cœur à rire ».
14:16Il n'a pas voulu participer à la séquence avec Philippe Cabrière.
14:20Donc, je pense que oui, il était très marqué, doublement marqué.
14:23Quand le rapport de la commission d'enquête sur le Sénat, hier, dit
14:27« le plan stupe du gouvernement, il est famélique ».
14:30Amine Kessassi, ça vous inquiète ou pas ?
14:32Bien sûr que ça m'inquiète, mais après, ce n'est pas étonnant.
14:34À un moment, on est encore en train de tourner autour de la même question.
14:37On va envoyer trois flics sans moyens dans des quartiers pendant trois semaines.
14:41Les gens peuvent sortir, c'est les vacances, vous pouvez marcher dans votre quartier.
14:45Et puis après, on remballe tout et on repart à la maison.
14:47Non, moi j'assume qu'aujourd'hui, il y a un vrai problème dans ce pays,
14:50c'est la gestion des drogues.
14:51Il y a un vrai problème, c'est l'argent que génèrent ces réseaux
14:55qui leur permet d'être aussi puissants et qui leur permet d'égaler...
14:58C'est 3 à 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires en quelque sorte.
15:00Exactement, et ça leur permet d'être de vrais milices,
15:02ça leur permet de semer la terreur partout,
15:04d'assassiner deux agents pénitentiaires qui faisaient leur travail,
15:07d'assassiner 49 jeunes sur l'année 2023 à Marseille.
15:10Et donc, il y a un vrai problème aujourd'hui, c'est qu'est-ce qu'on fait de la drogue ?
15:13Comment on peut déclarer une réelle guerre à ces trafiquants de drogue
15:16et pas juste leur envoyer trois policiers une fois de temps en temps ?
15:19Et moi, j'assume qu'il faut les attaquer au portefeuille,
15:21qu'il faut mener une guerre économique aux trafiquants de drogue,
15:24notamment en légalisant le cannabis.
15:26Il faut leur retirer les moyens financiers.
15:29Pourtant, c'est ce qu'il faut faire, pourtant c'est ce que les familles de victimes réclament,
15:32c'est ce que des policiers eux-mêmes réclament,
15:34c'est ce que des syndicats de magistrats réclament eux-mêmes,
15:36c'est ce que des gens disent aujourd'hui tous les jours,
15:39des gens qui subissent ces réseaux quotidiennement,
15:41des gens qui n'arrivent plus à vivre.
15:43Et pardon de le dire, mais si Darmanin a passé une nuit blanche,
15:46les deux familles de ces deux agents pénitentiaires aussi,
15:49elles ont passé une nuit blanche et comme tout le pays.
15:52Je précise qu'à l'instant, le Parlement vient d'adopter une proposition de loi
15:56qui facilite justement la confiscation des avoirs criminels.
16:01Sophie de Menton, vous vouliez répondre ?
16:02Oui, je disais, il se trouve que je suis réserviste dans la gendarmerie,
16:05donc j'ai beaucoup parlé de ça aux gendarmes,
16:07sur la légalisation du cannabis simplement.
16:10Ils sont terriblement opposés eux,
16:12parce qu'ils expliquent que les trafiquants de drogue
16:15sont des entrepreneurs extraordinaires,
16:18avec une conception totale du business à faire,
16:22avec des plans marketing, avec des réseaux de diffusion,
16:25avec une étude incroyable des endroits où elle est diffusée.
16:28Enfin, c'est des vrais entrepreneurs, c'est des boîtes.
16:31Et ils disent, ils ont même prévu
16:34ce qui se passerait financièrement si on légalisait le cannabis,
16:36parce qu'au principe, ça enlèverait la source de leurs revenus.
16:40Or, ils ont immédiatement remplacé le cannabis,
16:43ils vont casser les prix au début avec des drogues plus dures,
16:46ça va être immédiatement remplacé.
16:48C'est ce qu'on me dit, moi je ne connais rien.
16:50C'est particulièrement été contredit de dire que les consommateurs
16:52vont se mettre à consommer des drogues plus dures,
16:53puisqu'elles le sont déjà en libre-service.
16:55Moi, dans ma cité à Frévalon, au pied de l'immeuble,
16:57il y a le prix du crack, le prix de la cocaïne,
16:59le prix de toutes les drogues.
17:00Toutes les drogues dures sont déjà en libre-service.
17:02Donc la légalisation ne va pas inciter les gens à aller...
17:05J'entends bien votre argument,
17:07c'est un argument qui est défendu
17:09par un certain nombre de formations politiques, et pourquoi pas.
17:12Les expériences qui sont menées à l'étranger
17:15ne sont pas couronnées toutes de succès.
17:18Les récentes expériences au Québec,
17:22ça se discute quand on voit.
17:24Moi, je n'ai pas fait ma religion.
17:26Je suis plutôt initialement opposé comme Sophie.
17:30J'ai discuté avec pas mal de spécialistes,
17:33tant de la santé que du côté sécurité.
17:36Je suis un peu dubitatif sur le fait que ça marche.
17:41En tous les cas, ce qui est certain,
17:42c'est que cette pieuvre, elle est monstrueuse.
17:44C'est entre 200 et 250 000 personnes
17:46qui vivraient directement du trafic de drogues.
17:51Des ressources financières gigantesques.
17:54Et évidemment, qui ne font que s'accroître.
17:57On voit bien que le trafic s'organise
17:59et les conséquences que ça a.
18:01C'est en train de pourrir une partie de nos fonctionnaires
18:06par la corruption qui est en train de se déployer
18:08dans plein de secteurs.
18:10D'ailleurs, le procureur général de Versailles,
18:12il y a 1h20 sur RTL.
18:14Les magistrats, les prisons...
18:16Evidemment, parce qu'ils ont des moyens considérables.
18:20Aujourd'hui, c'est de dire que
18:22effectivement, des gens vivent de cet argent de la drogue.
18:24Des gens vivent de cette économie parallèle.
18:26Mais ce n'est pas les petits qui sont en pied d'immeuble.
18:28Ce n'est pas ceux qui galèrent tous les jours.
18:29C'est ceux qui sont à Dubaï.
18:30C'est ceux qui sont en Thaïlande.
18:31C'est ceux qui vivent dans ces paradis fiscaux.
18:33Moi, qui me présente à ces élections européennes,
18:35c'est le combat que j'ai envie de porter.
18:37De dire qu'aujourd'hui, dans tous les accords économiques
18:39que l'Europe va passer,
18:40on va exiger une clause qui est non négociable
18:42à tous ces pays, à tous ces paradis fiscaux.
18:44Vous allez nous rendre ces narcotrafiquants
18:50C'est d'avoir ce qu'on appelle
18:52des juges installés sur place.
18:54Il y en a un qui vient d'être installé au Maroc
18:56pour faciliter l'extradition
18:58du fameux Yocab
19:00qui a été interpellé
19:02qui a été arrêté au Maroc
19:04et qu'on a du mal à extrader.
19:06Ce n'est pas une goutte d'eau dans la problématique.
19:08Quand vous parvenez à prendre
19:10une des têtes d'un des gros cartels
19:12Les gros cartels marseillais.
19:14Vous parliez de la nécessité
19:16de tous autour de la table de changer de braquet.
19:18On a parlé tout à l'heure de la potentielle réponse judiciaire
19:20à venir avec pourquoi pas un parquet national
19:22peut-être sur le modèle du parquet antimafia italien
19:24une espèce de super structure judiciaire.
19:26Il y a peut-être aussi la nécessité
19:28et j'aimerais avoir votre avis, on a évoqué tout à l'heure la police de proximité
19:30mais d'une réponse policière plus large.
19:32Les sénateurs dans leur rapport
19:34la commission d'enquête hier proposait une DEA à la française
19:36comme aux Etats-Unis, super police de la drogue
19:38autorité sur toutes les enquêtes
19:40On a la sensation
19:42qu'on freine un peu des cas de fer
19:44à la fois chez les policiers, chez les gendarmes
19:46au ministère de l'Intérieur
19:48chez Gérald Darmanin
19:50et pourtant aux Etats-Unis ça semble fonctionner Bruno Joly.
19:52Oui alors...
19:54Non c'est même pas ça Sophie
19:56je pense que le problème c'est qu'on sort d'une réforme
19:58de la police judiciaire
20:00qui a été initiée par Gérald Darmanin
20:02qui est appliquée, alors la défense de Gérald Darmanin
20:04c'est aussi dire qu'il faut attendre de voir si ça fonctionne
20:06donc en gros pour faire simple c'est une politique judiciaire
20:08qui est plus proche du terrain
20:10qui est un peu sous la coupe des préfets
20:12pas seulement des procureurs
20:14il y a eu toute une bagarre à l'époque
20:16sur le sujet
20:18je ne sais pas si c'est efficace
20:20sans doute que ce que demandent les sénateurs
20:22ce serait peut-être efficace
20:24ce serait peut-être la solution
20:26mais ça fait bouger beaucoup de choses dans la police
20:28donc évidemment ça veut dire bousculer
20:30un peu les habitudes
20:32ce qui est certain c'est que changer de braquet ça veut dire aussi
20:34bousculer bien des habitudes
20:36peut-être aussi
20:38des arrangements syndicaux
20:40des choses comme ça
20:42alors
20:44peut-être que les pouvoirs politiques vont être obligés
20:46d'en passer par là
20:48on voit bien en tous les cas
20:50ça réfléchit quand même
20:52on voit bien qu'entre les rapports des sénateurs
20:54les propositions sur le plan judiciaire
20:56il y a une prise de conscience
20:58qui est en train de se faire autour de notre collectif
21:00effectivement
21:02on va refermer ce débat, je vous remercie Amine Kesselsi
21:04fondateur de l'association Conscience
21:06et candidat sur la liste Europe Ecologie Les Verts aux Européennes
21:08d'être venu nous voir dans ce studio
21:10et d'avoir participé à cette discussion
21:12on va vous laisser le filet

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