• il y a 6 mois

Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce mardi, c’est Julie Gayet, comédienne, pour la fiction "12 ans, 7 mois, 11 jours" diffusée le 15 mai sur France 2 et le festival "Sœurs Jumelles" du 25 au 30 juin 2024.

Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu

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Transcription
00:00 - Une chance de recevoir ce matin la comédienne Julie Gayet. Bonjour. - Bonjour.
00:04 - Merci d'être là pour parler d'une fiction inédite diffusée demain soir sur France 2.
00:09 Ça s'appelle "12 ans, 7 mois et 11 jours". Mais avant d'en parler, on va dresser votre portrait sonore.
00:14 C'est la tradition ici des petits sons. Pour mieux vous connaître, voici le premier.
00:17 - La calasse. - Bah oui.
00:26 - La calasse, parce qu'au départ Julie Gayet, votre passion c'était le chant lyrique. Vous admiriez Maria Calas.
00:31 Vous vouliez chanter, mais surtout interpréter comme elle. C'est ça qui vous attirait ?
00:35 - C'était sa spécificité. Mais oui, j'ai commencé très jeune avec le chant lyrique.
00:39 Mais merci, ça me touche. Vous avez donc bien...
00:43 Oui, j'ai commencé par le chant lyrique et c'est par le chant que je suis arrivée au cinéma.
00:46 Parce que quand j'interprétais ou quand je jouais des rôles, j'avais envie d'aller encore plus loin.
00:52 Et je me souviens d'interpréter la barberine dans "Les noces de Figaro".
00:56 Et à ce moment-là, ça a été une révélation. Parce que comme elle avait perdu quelque chose, elle était désespérée.
01:00 Je me suis dit que je voulais pleurer. J'étais complètement dans le personnage.
01:04 Et on ne peut pas pleurer et chanter. Et donc ma voix a déraillé.
01:08 Et je me suis dit "Ah". Et mon professeur de chant m'a dit "Ben non, ça c'est la porte à côté".
01:12 Et j'ai ouvert la porte du théâtre. - On va passer néanmoins à la démonstration.
01:16 Je vous écoute.
01:20 - C'est l'extrait suivant. - Alors oui, bien sûr.
01:22 Non, Merdou !
01:24 Je peux y arriver. - Il y a quelque chose.
01:26 Allez, extrait suivant. Écoutez ça.
01:28 S'il veut bien partir...
01:30 - Bonjour mademoiselle. Je participe à un concours de baisers.
01:34 Avec mon amie Théa. Pour savoir lequel de nous deux parviendra à avoir le plus de baisers.
01:38 - C'est vous notre candidat ? - Oui.
01:42 - Je ne suis pas candidat. - Tant pis, c'est parti.
01:48 - Oh la la la la !
01:50 - Vous aviez 20 ans, c'est ça ? - Oh, même moins.
01:52 C'était vraiment mon premier cachet. C'était AB Productions. Donc Hélène et les garçons.
01:56 - Premier baiser ? - Premier baiser.
01:58 Pourquoi pas ? Non, pardon. Premier baiser. Mais c'était la même production. Ils étaient à côté.
02:02 - Vous avez regardé un bon souvenir quand même ?
02:04 - J'ai fait cette magnifique apparition. J'ai donné une claque à un garçon.
02:06 Et je suis ressortie. Et ça a été ma première et dernière journée.
02:10 - Ça vous a pas desservi par la suite ? - Oh non, c'était très sympa.
02:14 Non, non, pas du tout.
02:16 - Ça peut être un peu enfermant ce genre d'apparition.
02:18 - En fait, c'était une époque...
02:20 - Après, il y en a beaucoup, hein, Guillaume Canet aussi a participé.
02:22 Enfin, je sais qu'il y a beaucoup de grands acteurs français aujourd'hui qui ont commencé là.
02:26 - Oui, et puis surtout, on est dans une nouvelle ère maintenant.
02:28 Mais à l'époque, c'était très cloisonné.
02:30 Quand on faisait de la télé, on faisait du théâtre, du cinéma.
02:34 On passait pas de l'un à l'autre.
02:36 Et alors là, pour le coup, les séries ont complètement donné un coup dans la fourmilière.
02:41 Enfin, ont complètement changé tout ça.
02:43 - Et aboli les frontières du cinéma.
02:45 - On peut faire de la série, comme de la télévision, du théâtre, du cinéma.
02:49 Il n'y a plus ça.
02:50 Et chez les anglo-saxons, c'était avant nous.
02:52 Et maintenant, en France, c'est pareil.
02:54 Et je donne souvent l'exemple, d'ailleurs, de Virginie Effira,
02:56 qui a commencé présentatrice, qui aujourd'hui,
02:58 "Montre les marches", c'est une immense actrice.
03:00 On ne se pose même plus la question.
03:02 Mais pour celle qui était née avant les années 80,
03:05 il y avait ça. Il y avait ça très très fort.
03:07 - C'était cloisonné.
03:08 Est-ce que ce générique vous dit quelque chose, Julie Gaillard ?
03:11 - Ah ouais !
03:18 - C'est une émission qui a beaucoup compté pour vous.
03:20 - "Michel Field", c'était le cercle de minuit.
03:23 C'était une émission culturelle un peu tard.
03:25 Formidable.
03:26 - Minuit, ouais.
03:27 - J'avais fait mon premier long métrage,
03:29 avec une expérience un peu douloureuse.
03:30 Le réalisateur ne voulait pas que je fasse de promotion.
03:32 Et Michel Field voit le film et dit,
03:36 "Ah, j'ai beaucoup aimé le film, je vais le prendre."
03:38 Et j'adore l'actrice Julie Gaillard.
03:39 Et donc le réalisateur s'est retrouvé avec Julie sur son plateau.
03:43 Et ce jour-là, il y avait Agnès Varda qui était là pour l'émission.
03:46 Et à la fin de l'émission, elle vient me voir.
03:48 Et c'est elle qui m'a proposé mon premier grand rôle dans "Les 100 et une nuits".
03:54 - Elle vous a même proposé le premier rôle.
03:56 - Le premier rôle.
03:57 - C'est quand même incroyable.
03:58 Comme ça, sur un plateau de télé.
04:00 - Absolument. Elle me regardait, elle m'écoutait.
04:02 Et alors en plus, c'est tellement drôle parce qu'elle vient vers moi et elle me dit...
04:04 Elle était très copine avec Madonna.
04:06 Et elle me dit, "C'est fou ce que vous ressemblez à Madonna.
04:09 Vous voulez pas venir faire des... des... des... des mains ?"
04:12 - C'est vrai qu'il y a quelque chose...
04:13 - Mais oui, c'est vrai. Vous le dites.
04:15 - On va la faire la Madonna d'aujourd'hui.
04:17 - Oui, la Madonna d'avant.
04:18 - La Madonna d'il y a quelques années.
04:20 - Je prends toutes les Madonnas. J'ai une passion pour Madonna.
04:22 Donc non, non, c'était tellement une expérience formidable.
04:25 Ça a été pour moi, plongée dans le cinéma mondial.
04:29 Elle m'a montré tous les films de Buñuel.
04:32 J'ai eu droit...
04:33 Ça a été comme une maman de cinéma, vraiment, vraiment.
04:36 Et sur l'égalité, la parité, elle est tellement en avance.
04:39 Sur la liberté, tellement moderne.
04:41 Elle produisait, montait.
04:43 Je pense que si même je suis devenue productrice, c'est grâce à elle.
04:47 Et c'est pas avec des grands discours, Agnès.
04:49 C'était par imprégnation.
04:50 Elle faisait. Elle était dans le faire.
04:52 Donc j'ai une grande admiration et je pense très souvent à elle.
04:56 - Allez, un dernier petit extrait.
04:58 - Depuis quelque temps, je parle, je parle, mais je ne vous entends pas.
05:02 Ou à peine ?
05:04 Où êtes-vous ?
05:05 Que dites-vous ?
05:07 Un chuchotement, un demi-mot.
05:10 "Ça serait déjà ça", dit le petit chaperon rouge.
05:13 - Un extrait du puissant discours de Judith Godrech au César.
05:17 Judith Godrech qui sera présente au Festival de Cannes
05:19 pour son court-métrage, moi aussi,
05:21 qui est un recueil de témoignages d'hommes, de femmes victimes de violences sexuelles.
05:24 Dans son discours, Judith Godrech a dit que ça fait peur de prendre la parole,
05:28 évidemment, dans ce métier,
05:29 que ça peut vous fermer des portes ou faire perdre des rôles, des financements.
05:32 Mais vous, ça ne vous a pas vraiment fait peur,
05:34 parce que Rouge International, votre boîte de production,
05:37 a participé au financement de son court-métrage ?
05:39 - Oui, absolument.
05:40 On est de nombreuses productrices,
05:42 parce qu'avoir financé le film de Judith,
05:47 c'est important et la nuance en ce moment est difficile.
05:51 On a vraiment cette sensation que tout se crispe, d'opposition.
05:54 Alors ce serait quand même assez terrible d'opposer les hommes et les femmes.
05:58 On est vraiment tous là avec cette envie de faire changer les choses,
06:03 de plus de protection, de plus de lois,
06:05 puisque là, vous parliez de la tribune tout à l'heure,
06:07 cette tribune qui est sortie dans le monde,
06:10 ça a été lancé par le cinéma, par l'affaire Weinstein,
06:14 cette vague #MeToo, moi aussi,
06:16 dans cette idée de prise de conscience.
06:18 Et puis ça s'est décliné dans le sport, maintenant partout,
06:24 dans cette une du monde, on voit bien que c'est aussi l'inceste,
06:29 l'hôpital, l'armée, l'église, voilà, et on l'a vu.
06:33 Et c'est très, j'allais dire, violent de voir cette opposition en ce moment,
06:45 parce que je crois sincèrement qu'on a tous envie que les choses bougent.
06:48 C'est Meryl Streep, je vais faire un comparaison,
06:52 Meryl Streep qui ce soir va ouvrir la cérémonie du Festival de Cannes,
07:00 et Meryl Streep est la première à avoir dit "on savait"
07:03 pour l'affaire Weinstein à l'époque,
07:07 on le savait et on ne veut plus avoir à dire "on le savait",
07:11 il faut que les choses changent, qu'on mette des garde-fous,
07:14 qu'on trouve des... voilà, et puis changer le rapport de force,
07:18 changer, c'est tout un système aussi aujourd'hui sur les violences sexuelles,
07:25 on parlait de l'inceste, "Me Too" inceste, il y a tellement de choses à faire,
07:30 que j'ai du mal avec cette... quand les gens simplifient, caricaturent,
07:37 parlent de "balance des noms", c'est pas balancer des noms, c'est "Me Too",
07:40 c'est faire avancer, c'est ça que raconte Judith et son court-métrage,
07:44 pour revenir à Judith Godrej, avec beaucoup de nuances,
07:46 beaucoup d'intelligence, elle va donner la parole,
07:49 donc le film est montré là à Cannes dans quelques jours,
07:51 et on est très fiers, avec beaucoup de poésie, c'est plutôt des témoignages.
07:55 - Ce sera évidemment un des grands moments de ce festival de Cannes
07:57 auquel vous allez participer aussi, parce que je crois que vous allez monter
07:59 les marches vendredi, c'est ça ?
08:00 - Oui, je monte les marches, mais avec un très très joli film,
08:03 avec des jeunes comédiennes égyptiennes, qui sont d'un tout petit village du sud de l'Égypte,
08:07 et qui ont décidé de monter une troupe de rue,
08:09 je les ai aidées à avoir le visa avec l'ambassade,
08:12 et là on va monter les marches, juste les voir elles,
08:14 ça s'appelle "Les filles d'une île",
08:16 et c'est un petit coup de cœur, à la semaine de la critique,
08:18 un très joli documentaire, si pas si simple de vouloir être comédienne,
08:21 dans certains pays où on vous dit plutôt à 18 ans d'aller vous marier,
08:24 donc voilà, je pourrais parler pendant des heures de tout ça,
08:28 mais là je suis tellement heureuse de les voir sur les marches !
08:30 - On se reparle dans un instant notamment de votre téléfilm,
08:33 dans lequel vous interprétez une mère qui a tout perdu,
08:35 c'est sur France 2 demain soir, à tout de suite sur Orpins.
08:37 C'est super sympa.
08:38 Culture Média

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