Ségolène Alunni sur LCI (14/05/2024)

  • il y a 4 mois
Transcript
00:00 On vous a vu apparaître à l'antenne puisqu'il est question de ça.
00:03 Alors ça c'est une tribune qui paraît là ce matin, qui fait beaucoup, beaucoup de bruit déjà.
00:08 147 signataires, la tribune des 147.
00:12 Alors c'est #MeToo, on persiste et on signe, disent les signataires.
00:16 #MeToo, tout domaine confondu, c'est-à-dire cinéma, sport, hôpitaux, armée, etc.
00:21 Exactement, alors c'est majoritairement représenté par les personnalités du cinéma,
00:24 puisque ce sont les plus connus qui ont signé cette pétition,
00:27 parmi lesquels on retrouve Isabelle Adjani, Emmanuelle Béard ou encore Juliette Binoche.
00:32 On a quelques noms masculins, pas beaucoup, mais quand même,
00:34 parmi les plus célèbres, le comédien Philippe Toretton.
00:38 Donc après "On se lève et on se casse", eh bien "On persiste et on signe".
00:41 "On se lève et on se casse", c'était donc le slogan de Adèle Hénel.
00:44 "On persiste et on signe", c'est donc cette tribune signée par 147 personnes.
00:48 Le jour de l'ouverture du Festival de Cannes.
00:50 Voilà, donc pavé dans la mare énorme dans l'affaire #MeToo,
00:53 lancée aujourd'hui, ce matin même.
00:55 C'est une tribune qui demande une loi.
00:58 Voilà, en fait c'est ça le point fort de cette pétition.
01:01 Une loi, je cite, intégrale contre les violences sexuelles et sexistes.
01:05 Une loi qui serait ambitieuse et dotée de moyens.
01:08 C'est une tribune qui pointe du doigt les inégalités,
01:11 les rapports de pouvoir qui favorisent les violences sexistes et sexuelles,
01:15 qui sont décrites comme systémiques, c'est-à-dire ancrées dans un système
01:19 et dans l'inconscient collectif.
01:21 Et les signataires dénoncent également le déni collectif qui protège les agresseurs,
01:26 ce sont leurs mots.
01:27 Alors vous avez bien fait de le dire, effectivement, ce n'est pas que le cinéma,
01:30 on a aussi le hashtag #MeToo, hôpital, théâtre, église, sport,
01:34 parmi lesquels on retrouve des signataires comme Sarah Abitbol, la patineuse,
01:37 le #MeToo politique, où Cécile Duflo signe aussi cette tribune,
01:41 ou encore littérature avec Vanessa Springora,
01:43 à qui on doit le livre "Le consentement",
01:46 qui relate sa relation avec Gabriel Matzneff.
01:49 D'ailleurs, la première phrase soit dite "nous sommes 100",
01:53 mais en fait nous sommes des centaines de milliers.
01:56 Et c'est en fait la volonté de ces femmes et de ces hommes,
01:59 c'est de dire "stop, ça suffit".
02:01 Il n'est plus possible que dans tant de domaines de la société,
02:04 ces comportements perdurent.
02:06 Oui, avec...
02:07 Ce qui est fou parce que c'est un hasard de calendrier,
02:09 mais donc il y a cette tribune ce matin,
02:11 et hier soir dans le L d'aujourd'hui,
02:13 enquête qui met en cause un grand producteur français.
02:16 Mais oui, et qui est tout droit lié aussi au Festival de Cannes,
02:18 c'était l'un des rois du Festival de Cannes,
02:21 puisqu'il a produit des centaines de films,
02:23 parmi lesquels des films qu'on doit à de grands réalisateurs français,
02:26 comme André Téchinet ou encore Jean-Luc Godard.
02:29 C'est donc le producteur très prolifique Alain Sard,
02:32 72 ans, qui est mis en cause,
02:34 accusé de viols, agressions et harcèlement sexuels,
02:37 et ce par 9 femmes,
02:39 dont on n'a majoritairement pas l'identité,
02:41 puisqu'elles ont voulu témoigner de manière anonyme.
02:44 L'enquête, vous l'avez dit, est parue hier soir dans les colonnes du magazine Elle,
02:47 et tombe comme un pavé dans la mare, effectivement,
02:50 à la veille du plus grand festival de cinéma au monde.
02:53 Donc ce sont des accusations envers le producteur,
02:55 qui s'étalent sur une vingtaine d'années,
02:58 entre 1983 et 2003,
03:00 alors que certaines femmes étaient mineures.
03:02 On parle évidemment du rapport de domination
03:05 entre les jeunes filles de l'époque
03:07 et le producteur Alain Sard,
03:09 qui en aurait allègrement profité.
03:11 Parmi les témoignages,
03:12 il y a beaucoup de témoignages sur des rendez-vous
03:14 qu'il aurait organisés au sein de son appartement
03:16 ou de son bureau auprès de jeunes comédiennes.
03:19 Je vais vous donner un exemple avec une citation liée à ce témoignage.
03:23 "Il m'a expliqué que si je voulais percer dans le cinéma,
03:26 "je devais être gentille avec lui.
03:28 "Je n'avais pas le choix, je me sentais coincée.
03:30 "Il en a profité pour me violer brutalement par derrière.
03:33 "Je me suis sentie fautive,
03:35 "comme si c'était moi qui m'étais jetée dans la gueule du loup."
03:38 Témoignage qui date d'hier,
03:41 mais au moment des faits, c'était donc en 1985.
03:45 Une autre comédienne se souvient également, elle aussi,
03:47 des violences subies lors d'un rendez-vous similaire,
03:50 toujours dans les locaux du producteur,
03:52 alors qu'elle venait pour des raisons professionnelles,
03:54 pour travailler sur un scénario.
03:56 Au cours de la discussion, Alain Sard lui aurait demandé
03:59 "C'est quoi pour vous l'érotisme ?"
04:01 La jeune actrice sidérée reste figée
04:04 tandis qu'il s'approche d'elle et lui dit "C'est ça l'érotisme"
04:07 en déboutonnant son pantalon.
04:10 Alors qu'est-ce qu'il dit, lui, de ces accusations ?
04:12 Parce qu'il faut évidemment donner la parole aussi
04:14 à celui qui est mis en cause.
04:15 Il se dit indigné et anéanti.
04:17 Ça, ce sont les propos d'Alain Sard.
04:19 Et par la voix de son avocate,
04:22 il s'est exprimé en ces mots en disant que ces allégations
04:25 sont mensongères, qu'il lui prête des comportements
04:27 qu'il réprouve et qui lui sont totalement étrangers.
04:30 Le producteur réfute avec la plus grande fermeté
04:33 et affirme n'avoir jamais usé de la moindre violence
04:36 ou contrainte dans ses relations avec les femmes,
04:38 dont le consentement a toujours été primordial pour lui.
04:42 Fin de citation.
04:43 On se souvient qu'il avait tout de même écopé
04:45 d'une autre mise en examen, il y a plus d'une vingtaine d'années,
04:48 en 1997, mise en examen, dont il a été ressorti blanchi
04:51 trois ans plus tard.
04:52 Merci beaucoup, Ségolène.
04:53 Dans quelques instants, nous serons en direct de Nouméa.

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