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00:00 Des planètes par centaines, bientôt par milliers.
00:07 Nous le savons à présent, l'Univers en regorge.
00:11 Et peut-être, sur quelques-unes de ces planètes, la vie et pourquoi pas l'intelligence.
00:17 C'est le nouveau rêve des astronomes.
00:20 1, 5, 0, 0, 0, 0 avec encore plein de 0.
00:24 24 0 en tout, c'est le nombre de planètes semblables à la Terre.
00:27 Un nombre énorme de terres dans notre univers.
00:31 Que notre planète soit la seule planète possédant une vie intelligente dans l'univers,
00:36 ce serait ça le miracle.
00:38 Nous avons estimé qu'il y avait 31 513 civilisations intelligentes dans une galaxie d'un milliard d'étoiles.
00:44 Personnellement, je suis prêt à parier pour dans un siècle que
00:49 on va découvrir la vie ailleurs dans l'univers.
00:54 Cette passionnante quête des nouveaux mondes a commencé depuis un demi-siècle
00:58 par l'exploration de notre système solaire.
01:02 Fascinant pour les astronomes, les résultats ont déçu ceux qui attendaient la vie.
01:08 Mais cette exploration n'est pas terminée.
01:12 Loin de là et de nouveaux espoirs se profilent avec les missions futures
01:16 de la planète géante, Saturne et Jupiter.
01:21 2029, ce sera le grand retour sur Titan, le plus gros satellite de Saturne.
01:27 Rappelez-vous, c'était le 14 janvier 2005.
01:32 La petite sonde Huygens nous avait révélé cet étonnant paysage
01:36 de montagnes et de vallées, comparable à un bord de mer.
01:41 Au sol, sous le ciel orangé, on pouvait voir des galets de glace d'eau.
01:47 C'était un autre monde, si proche et pourtant si loin d'une autre.
01:53 24 ans après, en 2030, une nouvelle mission automatique
01:58 libère dans le crépuscule de Titan deux nouveaux engins.
02:02 Une montgolfière de 600 kg et une petite sonde.
02:13 Athena Koustenis, co-responsable de cette collaboration Europe-Etats-Unis,
02:18 nous conte ce fantastique voyage comme si déjà elle y était.
02:24 Dans ce crépuscule, le ballon va se déplacer à 10 km d'altitude
02:30 et là vous avez -200 degrés Celsius. Il fait très très froid.
02:34 Donc forcément, les caméras et tous les instruments qu'on a à bord,
02:38 les caméras, les analyseurs, tout ça, vont prendre des images du sol,
02:41 mais on va utiliser aussi quelques flashes pour pouvoir voir
02:46 ce qu'il y a tout en bas et tout ce qui nous entoure.
02:50 Quand on va passer à travers l'atmosphère, on va quelque part aussi
02:54 avaler les aérosols, on va regarder comment est faite cette surface,
02:58 de quoi est faite cette chimie organique, qui va nous permettre de comprendre
03:02 un peu mieux le degré de complexité de la chimie organique,
03:05 si elle a atteint le degré qu'on a sur Terre, quand on a besoin
03:08 de fabriquer des macromolécules et donner l'essence à la vie.
03:12 Et dans le même temps, ce ballon se déplace dans un monde
03:15 extrêmement froid et extrêmement sombre.
03:19 Lâchée sur un des lacs d'hydrocarbures de Titan,
03:27 la petite sonde cherchera les traces d'une chimie élémentaire
03:32 qui trahirait la présence de la vie.
03:37 L'atmosphère se pose, on a des instruments qui sont en dessous,
03:40 qui sont en train d'aspirer le liquide qui se trouve dans ce lac.
03:45 On est en train de le goûter et avec tous les instruments qu'on a à bord,
03:50 on va pouvoir faire des analyses poussées qui vont nous dire,
03:53 d'une part, de quoi est faite cette atmosphère,
03:56 et d'autre part, cet intérieur, est-ce qu'il y a vraiment de l'eau liquide,
04:00 c'est ce qui nous intéresse. Et pour avoir de l'eau liquide
04:03 à l'intérieur de Titan, on avait besoin d'ammoniaque.
04:06 Et la diffuseur est en train de nous montrer que oui,
04:08 il y a des traces d'ammoniaque dans ce liquide, dans ce lac,
04:11 et on se dit, mais il y a un océan à l'intérieur de Titan,
04:14 un océan d'eau qui peut-être abrite la vie,
04:17 et si ce n'est pas aujourd'hui, ce sera un jour.
04:19 La vie, on espère aussi la trouver sur Encelade,
04:23 un autre satellite de Saturne.
04:26 Regardez à l'horizon.
04:29 De gigantesques geysers de glace d'eau jaillissent à la surface,
04:33 alimentés par un océan intérieur.
04:36 L'occasion est trop belle, nous irons aussi sur Encelade.
04:40 Notre mission, notre orbiteur s'approche et plonge
04:44 à l'intérieur de ces geysers, à l'intérieur de ces plumes,
04:48 et ramasse tout le matériel que nous allons par la suite analyser sur Terre.
04:52 Compte tenu de la température très basse,
04:59 la vie qu'on trouvera peut-être sur Encelade ou Titan
05:02 ne sera jamais qu'une vie très élémentaire,
05:05 plutôt les précurseurs de la vie que la vie elle-même.
05:08 Pour trouver des formes de vie plus complexes,
05:12 les espoirs se tournent à présent vers les exoplanètes,
05:16 c'est-à-dire des planètes qui orbitent autour d'autres soleils que le nôtre.
05:20 Aujourd'hui, un nouveau satellite porte les promesses
05:25 de la découverte de ces mondes lointains, et il s'appelle Corot.
05:30 Corot 9b
05:32 Nous sommes à Toulouse, dans l'enceinte du Centre national d'études spatiales.
05:41 Voici l'équipe en charge de Corot.
05:44 Et depuis trois ans, le bilan du satellite chasseur de planètes
05:48 ne cesse de s'enrichir.
05:51 La petite dernière, c'est elle, c'est Corot 9b.
05:55 C'est une planète qui tourne lentement autour de son étoile,
05:59 donc cette planète est gazeuse, mais elle est suffisamment loin de son étoile
06:04 pour avoir une température assez modérée, tempérée, nous disons,
06:08 de l'ordre de la température qui existe actuellement sur la Terre.
06:12 Malheureusement, elle est gazeuse, donc il n'y a probablement pas de vie sur cette planète.
06:20 Comment procède-t-on pour trouver d'aussi petits objets à d'aussi grandes distances ?
06:26 Il ne suffit pas seulement d'acquoire la puissance des télescopes.
06:30 Voici un petit montage qui illustre la rotation d'une planète autour de son étoile.
06:37 Lorsque cette planète va passer devant l'étoile,
06:41 il va y avoir une légère baisse du signal de la lumière qui est émise par l'étoile.
06:45 La sensibilité de Corot est telle qu'il peut déceler de minuscules baisses de la lumière émises par les étoiles
06:52 et donc avoir les signes possibles qu'il y a des planètes qui tournent autour de ces étoiles.
06:57 Il y a un deuxième principe qui est donc mis en œuvre.
07:01 L'étoile va elle-même être légèrement attirée par la planète
07:04 et va aussi avoir un petit mouvement d'oscillation
07:08 et ce mouvement va être détecté par des instruments au sol, sur des grands télescopes
07:14 et cette seconde méthode complémentaire est utilisée pour valider l'existence de planètes autour d'autres étoiles.
07:22 Fatalement, au début, on a commencé par détecter des planètes géantes et gazeuses,
07:30 donc impropres à la vie.
07:33 Mais avec les années, les mailles du filet se resserrent.
07:41 Les astronomes découvrent aujourd'hui des planètes plus petites et à surface rocheuse, comme la Terre.
07:48 Pour atteindre le but final, la découverte d'une planète semblable à la Terre,
07:58 il faudra attendre l'arrivée d'une nouvelle génération de télescopes, les hypertélescopes.
08:07 Qu'est-ce qu'un hypertélescope ? C'est un ensemble de petits télescopes individuels
08:11 répartis sur une surface qui simule le comportement d'un grand télescope unique
08:17 et chacun de ces petits télescopes individuels renvoie la lumière vers un télescope
08:22 qui recombine la lumière de tous ces petits télescopes.
08:25 Concrètement, si vous voulez observer une planète entière, il vous faut 20 000 m² de miroirs.
08:33 Pour observer ces continents, il vous faut 80 000 m² de miroirs.
08:38 Et pour découvrir des traces possibles de vie, il faut 500 000 m² de miroirs.
08:44 Et si maintenant on cherche à voir, par exemple, une image de la baie de Saint-Malo depuis une étoile proche,
08:50 à ce moment-là, voir des détails de l'ordre de 500 m, il faudra considérer un instrument
08:55 dont les télescopes seront répartis sur des bases de 300 000 km, la distance entre la Terre et la Lune,
09:00 et pour une surface équivalente d'environ 5 millions de m², c'est-à-dire à peu près 1000 fois la surface d'un terrain de football.
09:06 Mardi 6 avril 2010, Académie des sciences de Paris.
09:14 Ce jour-là, l'astronome suisse Michel Maillard faisait une communication devant ses pairs
09:22 sur la recherche dans l'univers de planètes semblables à la Terre.
09:26 Et on voit ces anneaux, cette structure, qui nous renseignent sur l'existence de systèmes planétaires.
09:33 En 1995, Michel Maillard fut le tout premier astronome à jeter son filet sur la première exoplanète
09:41 à 40 années-lumière de la Terre.
09:45 La voici, 51 Pégase, une géante gazeuse comme notre Jupiter.
09:51 Mais la surprise, c'était qu'elle gravitait tout près de son étoile.
09:56 Michel Maillard en tremble encore.
09:59 C'est complètement anormal, une planète de la masse de Jupiter qui tourne tout près, tout près de son étoile en 4 jours.
10:07 Les scénarios de formation des grandes planètes ne permettaient pas de comprendre un tel objet.
10:12 Et on a dû revoir la théorie d'une manière fondamentale pour expliquer comment cette planète
10:17 qui est obligatoirement née à une grande distance, elle a évolué en se rapprochant de l'étoile.
10:24 Actuellement, toute la théorie de la formation des systèmes planétaires doit inclure ce phénomène.
10:30 Une surprise dès la première trouvaille. Et la suite sera à la hauteur.
10:35 Plus de 400 planètes ont été découvertes en 15 ans, toutes plus surprenantes les unes que les autres.
10:42 L'immense majorité des planètes qui ont été découvertes à jour sont nos proches voisines.
10:48 Ce sont des planètes qui se trouvent à quelques dizaines, éventuellement cent années de lumière.
10:53 Là, c'est à des distances considérables.
10:55 Mais il y a une expérience qui a été faite pour chercher des planètes très, très loin.
11:00 En gros, on a regardé pendant des mois, en prenant des photos successives très dense, des régions centrales de la galaxie.
11:08 C'est l'expérience HOGL, O-G-L-L.
11:12 Approchons-nous de cette petite planète qui, a priori, n'a rien d'extraordinaire.
11:21 HOGL 05-390.
11:25 Nous glissons à la surface de son sol gelé, mais nous allons avoir une surprise.
11:31 Probablement une planète aussi plutôt glacée. Elle est très loin de son étoile, très froide, comme ça.
11:37 Mais en plus, malheureusement pour moi, il n'y a pas de vie sur une telle planète.
11:41 Mais par contre, il doit y avoir un ciel absolument superbe.
11:45 Pourquoi ? Parce que dans les régions centrales de la galaxie, la densité d'étoiles est beaucoup plus grande.
11:55 Un million de fois, voire plus, plus grande que dans nos voisinages.
12:00 Donc imaginons le ciel que l'on doit avoir vu depuis telle planète.
12:05 Une myriade d'étoiles, 100 fois, 1000 fois plus dense sur le ciel que ce qu'on a sur Terre.
12:11 Malheureusement, on ne pourra pas y aller.
12:14 Alors bien sûr, ce que cherchent les astronomes, c'est une nouvelle Terre. Mais où donc la trouver ?
12:23 On aimerait une petite planète, un peu comme la Terre,
12:26 qui soit justement à la bonne distance pour qu'il ne fasse ni trop chaud ni trop froid.
12:31 Et Gliese 581 D est la première petite planète qui se trouve dans cette situation.
12:38 Ce n'est pas vraiment encore du tout une planète comme la Terre.
12:41 Elle fait 7 fois la masse de la Terre.
12:43 C'est comme un petit peu trop lourd, comme ça.
12:46 Mais elle est dans la zone habitable de son étoile.
12:50 Michel Maillol émet aujourd'hui une hypothèse très personnelle sur Gliese 581 D.
12:57 Une planète-océan.
13:08 Pour Michel Maillol, ce serait à l'origine une planète glacée
13:17 qui aurait migré et fondu tout près de son étoile.
13:21 Et le résultat, c'est un immense océan.
13:24 Rien à voir avec l'océan extrêmement fin que l'on connaît sur Terre,
13:29 mais réellement, un océan peut-être de 100 km de profondeur.
13:40 À présent, voici un objet incroyable, PSR 1257+12, qui a une fantastique histoire.
13:47 Cette petite planète qui orbite autour d'un pulsar,
13:51 un cadavre d'étoiles qui tourbillonne en émettant un jet très intense de rayons X et ultraviolets.
13:58 Elle fut détectée par hasard, en 1990, par un astronome polonais,
14:03 5 ans avant la découverte officielle de Michel Maillol.
14:07 Mais à cette époque, les astronomes n'étaient pas certains
14:10 qu'il pouvait s'agir d'une véritable planète.
14:13 Mais on avait tort, c'était la première exoplanète jamais découverte.
14:17 L'équipe de Corot, elle, vient de trouver la plus petite planète connue à ce jour,
14:26 Corot 7b, à peine plus grosse que la Terre.
14:29 Elle tourne en moins de 24 heures autour de son étoile.
14:33 C'est-à-dire que pour Corot 7b, si elle avait des habitants, l'année durerait moins d'un jour.
14:39 Ça ressemble à l'histoire du petit prince.
14:41 Alors du coup, puisqu'elle tourne en moins d'un jour, elle est très très proche de son étoile.
14:45 Elle est très proche du feu, donc il y fait très très chaud.
14:49 Mais comme elle regarde toujours le même côté de l'étoile,
14:52 comme la Lune regarde toujours le même côté de la Terre,
14:54 et bien d'un côté elle est très chaude, et de l'autre elle est probablement très froide.
14:58 Donc si on doit passer d'un côté à l'autre, il faut passer de son maillot de bain à sa combinaison de ski.
15:04 En 15 ans, l'Univers a radicalement changé de visage, car il regorge de planètes.
15:15 Pour vous en convaincre, nous sommes allés sur le campus de l'Université de Berkeley,
15:20 où nous avons rencontré le plus célèbre astronome américain, Geoffrey Marcy.
15:26 Avec Michel Maillard, il fut l'un des pionniers de la découverte des exoplanètes.
15:31 Et devant nous, à la cafétéria, il s'est livré à un petit calcul.
15:37 Alors suivez très attentivement, cela en vaut la peine.
15:41 Nous pouvons évaluer le nombre de planètes semblables à la Terre dans l'Univers entier.
15:47 C'est très simple à calculer.
15:49 Nous savons qu'il y a 200 milliards d'étoiles dans notre galaxie.
15:55 Et 15% environ de ces étoiles ont des planètes.
15:59 Alors calculons.
16:03 Cela fait 30 milliards de planètes dans notre galaxie.
16:09 Et maintenant, voyons combien d'entre elles ressemblent à la Terre.
16:20 Probablement 50% de ces planètes.
16:25 50% de 30 milliards, cela donne 15 milliards de planètes semblables à notre Terre.
16:31 Et cela dans notre seule galaxie.
16:38 Si nous calculons maintenant combien cela fait pour l'Univers tout entier,
16:43 cela donne quelque chose comme 100 milliards de galaxies multipliées par 15 milliards de Terres.
16:51 En total, 15 000 000 000 000 000 000 000 000.
17:05 Un nombre phénoménal de planètes habitables dans notre Univers.
17:11 On dépasse ici le domaine de l'astronomie.
17:18 Nous sommes en train de vivre une immense révolution philosophique
17:22 qui change de fond en comble la conscience que l'Homme a de sa place dans l'Univers.
17:27 A présent, prenons le temps de contempler notre Terre.
17:47 [Musique]
17:52 Des jungles épaisses, des chutes d'eau, des lacs, des océans.
17:58 Ces paysages ne semblent pas fréquents dans l'Univers.
18:11 Jusqu'ici, la plupart des mondes lointains détectés par les astronomes
18:16 sont sans doute des déserts gelés ou brûlants, donc stériles.
18:22 Mais la Terre, elle, regorge de vie.
18:29 Dans la savane, dans les forêts, au fond des gouffres océaniques,
18:34 dans des grottes profondes et dans ces mégalopoles
18:37 sillonnées par des millions d'êtres intelligents où supposent-elles.
18:41 Comment expliquer cette exception ?
18:48 Personnellement, je vis très à l'aise avec l'idée que la vie est un sous-produit naturel
18:56 de l'évolution de l'Univers.
18:59 Quand les conditions sont réunies, la vie doit se développer.
19:04 Ça ne veut pas dire que c'est l'Homme, ça ne veut pas dire que c'est une vie identique à la nôtre.
19:08 Le plus probable, c'est aussi des unicellulaires.
19:11 C'est la forme la plus généralisée qui peut exister.
19:14 Personnellement, je suis prêt à parier pour dans un siècle
19:18 qu'on va découvrir la vie ailleurs dans l'Univers.
19:22 Sachez-le, l'optimisme de Michel Maillard n'est pas qu'une conviction.
19:31 C'est confirmé par des recherches très concrètes menées dans les laboratoires du monde entier.
19:37 Nous sommes ici dans des locaux liés à la Société française d'exobiologie.
19:45 Ce ne sont pas des amateurs de science-fiction, mais des biologistes, des chimistes, des astrophysiciens
19:52 qui travaillent expérimentalement sur les formes que la vie pourrait revêtir sur d'autres planètes que la Terre.
20:01 Dans ce laboratoire, les exobiologistes ont reconstitué l'atmosphère de Titan, la grosse lune de Saturne.
20:09 Le mélange, dans les prouvettes que voici, est composé d'azote, de méthane et de monoxyde de carbone.
20:19 Puis, il est plongé dans de l'azote liquide à -170 degrés, la température qui règne sur Titan.
20:29 Enfin, on fait circuler entre deux électrodes un courant électrique qui simule le rayonnement ultraviolet du Soleil.
20:37 On laisse reposer quelques jours et voyez le résultat.
20:46 Ces composés noirâtres qui combinent du carbone et de l'hydrogène.
20:54 Ce sont des composés organiques, les briques à la base de la vie.
21:00 En 1953, un jeune biologiste américain, Stanley Miller, avait réussi une expérience semblable
21:08 en reconstituant ce qu'il croyait être l'atmosphère de la Terre primitive.
21:14 Méthane, ammoniac, hydrogène, vapeur d'eau.
21:19 Et lui aussi avait obtenu des composés organiques.
21:24 Pour le grand public, ce résultat sonna comme un coup de tonnerre.
21:28 Le grand public ne se rendait pas compte que c'était aussi facile d'obtenir des composés d'intérêt biologique
21:33 dans des conditions expérimentales assez simples finalement.
21:36 Et cette facilité a été une énorme surprise.
21:40 Une énorme surprise parmi le grand public et puis une énorme surprise parmi certains scientifiques
21:46 qui ne pensaient pas qu'en une durée aussi brève, on pouvait fabriquer des éléments constitutifs de la vie.
21:53 Mais n'allons pas trop vite.
21:56 C'est une chose d'avoir les briques, encore faut-il construire la maison.
22:01 Depuis plus d'un demi-siècle, nous savons que les plans de l'édifice sont consignés
22:08 dans cette longue molécule qu'on appelle l'ADN, l'acide désoxyribonucléide.
22:15 On ne la trouve pas, hélas, au fond des éprouvettes.
22:19 Dans les expériences du mineral, bien évidemment, on ne fabrique pas de bactéries, de micro-organismes,
22:24 on ne fabrique pas non plus d'acide nucléique ni même de protéines.
22:28 Ce que l'on fabrique, ce sont les briques de ces molécules géantes.
22:33 L'acide aminé sont les éléments constitutifs, les briques, des protéines.
22:38 On fabrique aussi des petits morceaux d'acide nucléique, mais uniquement des petits morceaux, des toutes petites briques.
22:44 Maintenant, pour passer de ces petits morceaux à la macromolécule,
22:48 c'est un peu pour passer justement de la brique ou de quelques pierres jusqu'à la cathédrale.
22:54 Et ça ne se fait pas comme ça du jour au lendemain.
22:57 Pour comprendre comment tout a commencé, il faut faire un grand voyage,
23:07 il y a 4 milliards d'années, dans cet enfer, la Terre primitive.
23:13 [Musique]
23:16 Des pluies d'astéroïdes, des volcans crachant leur lave, un océan bouillant,
23:25 une atmosphère irrespirable, 100 000 fois plus riche que la nôtre en dioxyde de carbone.
23:38 En 2008, dans un film d'animation au style volontairement naïf,
23:42 des chercheurs du CNRS se sont amusés à populariser ce qu'on peut savoir aujourd'hui sur les tout premiers temps de la vie.
23:50 Et ils ont choisi de nous conter les aventures d'une petite molécule d'eau, Picolina.
24:06 Arrivée sur Terre à bord d'une comète, Picolina va assister à la naissance de la vie dans les océans primitifs.
24:13 Tout d'abord, elle voit passer des molécules isolées et simples, comme le méthane ou le dioxyde de carbone.
24:22 Puis des molécules plus complexes, comme les acides aminés, les fameuses briques de Stanley Miller.
24:31 Mais un jour, Picolina fait une rencontre étonnante.
24:36 Un jour, je suis tombée nez à nez avec une sorte d'énorme serpent moléculaire, un polymère.
24:46 Des dizaines de molécules s'étaient accrochées à la queue de l'eau.
24:51 Quelle drôle d'idée !
24:54 J'en croisais d'autres, de plus en plus, qui semblaient sortir d'une fissure au fond de la mare où j'étais tombée.
25:01 J'ai voulu en avoir le cœur net, je me suis approchée, et là, quel spectacle !
25:10 Des molécules de la même famille, accrochées sur des cristaux d'argile, se rongeaient les unes à côté des autres.
25:20 Ce petit voyage qu'elle nous raconte montre la complexification de la matière.
25:26 On part de petites molécules avec du carbone, la plupart ont des atomes de carbone dans leur structure.
25:33 Ces molécules ont la propriété de se complexifier, de réagir les unes sur les autres, de devenir de plus en plus grosses.
25:40 Ça grossit, ça devient des molécules géantes, ce que les chimistes appellent des macromolécules.
25:45 Parmi ces macromolécules, certaines vont avoir la propriété de se répliquer, de faire des copies d'elles-mêmes.
25:52 Et lorsque ces premières molécules géantes capables de se répliquer sont arrivées, c'est la vie.
25:58 On peut dire que ces macromolécules qui font des copies d'elles-mêmes, c'est le premier système vivant.
26:14 Et c'est comme ça, peut-être, que la vie a commencé sur d'autres planètes, tournant autour d'autres étoiles.
26:22 Pour allumer la mèche, quelques conditions simples suffisent.
26:27 Si on tient compte de ce qui s'est passé sur Terre, qui reste la référence dans ce domaine,
26:31 il semble qu'il y ait trois éléments indispensables, qui sont la matière carbonée, l'eau liquide et des sources d'énergie.
26:40 Et en fait, quand on va aller chercher la vie ailleurs, dans le système solaire pour commencer,
26:45 on va s'intéresser à des environnements où ces trois conditions, ces trois ingrédients sont présents.
26:52 Si ces trois conditions sont présentes, alors tout est possible.
26:56 Sur notre planète même, on peut alors trouver la vie dans les milieux les plus extrêmes.
27:02 Par exemple, on découvre une vie dans les fonds sous-marins à très forte pression.
27:08 Et là, on a des systèmes vivants qu'on appelle des barophiles,
27:11 parce que barophiles comme forte pression, qui aiment les fortes pressions,
27:15 dans des lacs où les sels sont très concentrés, la mer Morte, par exemple, où la concentration de sel est à son maximum.
27:24 On a découvert, et on ne s'y attendait pas au départ, on a découvert aussi plein d'organismes,
27:28 c'est ce qu'on appelle des allophiles.
27:32 Il y a des organismes, ceux-là sont sans doute les plus extraordinaires,
27:36 ce sont les hyperthermophiles, qui aiment les très hautes températures.
27:41 Et le record dans le domaine pour l'instant, c'est 121 degrés.
27:45 Arrêtons-nous là. Nous connaissons maintenant les règles du jeu de la vie.
27:52 Et nous voyons sur notre Terre seule tous les ventailles des possibilités.
27:59 Or, sur des mondes lointains, cet éventail peut encore s'élargir,
28:03 jusqu'à concurrencer les créations les plus folles de la science-fiction.
28:08 À présent, allons plus loin.
28:23 Voici le Space Needle de Seattle, dans l'État de Washington,
28:27 le point de repère le plus représentatif de la ville.
28:31 À l'Université de Washington, nous découvrons un étonnant laboratoire,
28:42 le Virtual Planet Laboratory.
28:46 Ici, des exobiologistes modélisent des mondes virtuels,
28:52 qui aideront les astronomes à mieux comprendre ce qu'ils découvrent dans leur télescope.
28:58 Et récemment, ils se sont posé une question toute simple.
29:06 Quelle pourrait être la couleur de la végétation sur des mondes orbitant autour du Soleil lointain ?
29:12 Verte ? Eh bien, pas forcément.
29:15 Sur notre planète, le feuillage est vert,
29:19 car le vert est la couleur que les plantes réfléchissent.
29:24 Sur une planète qui graviterait autour d'une étoile très chaude,
29:28 qui diffuserait une lumière très bleue,
29:31 c'est le bleu qui serait réfléchi par les plantes, à l'œil nu comme au télescope.
29:47 Ici, sur l'écran, nous avons du noir.
29:51 Le noir absorbe toutes les couleurs.
29:55 Sur une planète à côté d'une étoile froide,
29:59 la végétation absorberait toute la lumière disponible.
30:03 Elle ne réfléchirait rien.
30:07 Le noir dominerait l'ensemble du paysage.
30:12 On aurait donc des planètes sombres avec des jungles noirs.
30:17 Ces simulations peuvent être étendues à des formes de vie adaptées
30:29 à des conditions très différentes des nôtres.
30:33 Par exemple, une planète géante,
30:36 où la gravité serait bien plus importante que sur la Terre.
30:41 Une planète à forte gravité retiendrait davantage son atmosphère.
30:45 Au contraire, une planète comme la Terre a perdu son hydrogène,
30:49 ce qui lui a permis de former la couche d'ozone.
30:52 Sur une planète à forte gravité, nous n'aurions pas d'ozone.
30:56 Cela obligerait les plantes ou les organismes
30:59 à trouver le moyen de se protéger du rayonnement ultraviolet.
31:03 Une façon d'y parvenir, c'est de vivre au fond des océans.
31:07 Alors, pour s'adapter à une forte gravité,
31:10 la vie formerait des communautés agglomérées
31:13 comme ces organismes fossiles qu'on appelle les stromatolites.
31:17 Mais bien sûr, ce qui nous intéresse, c'est la vie intelligente.
31:28 Sur quelle planète aurions-nous une chance de la découvrir ?
31:35 Nous avons une bonne idée de ce à quoi ressemblerait une planète
31:39 possédant une vie intelligente.
31:41 Il suffit de regarder la Terre.
31:43 Nous espérons découvrir une Terre dans la décennie qui vient.
31:47 Ce sera la plus importante découverte scientifique des prochaines années.
31:51 Et ce que nous espérons y trouver, ce sont des formes de vie.
31:55 Selon un autre exobiologiste, Michel Vizot,
32:02 ce genre d'exercice trouve vite ses limites.
32:05 Il suffit d'imaginer l'expérience inverse.
32:11 Imaginons des extraterrestres qui ont observé la Terre.
32:16 Ils ont vu qu'il y avait des terres émergées, de la mer, des plantes, de l'air.
32:20 Ils vont imaginer des formes de vie,
32:22 ou une forme de vie adaptée à ces conditions dans leur logique.
32:29 Quand ils vont arriver, ils vont trouver un foisonnement complet de la vie,
32:33 avec des plantes, des animaux, des bactéries.
32:36 Ils vont trouver des éléphants, des girafes, des mouches, des oiseaux.
32:40 Des formes de vie extrêmement différentes,
32:43 qui partagent le même biotope, la même petite unité.
32:46 On s'aperçoit qu'il est quand même un peu vain
32:49 de vouloir supposer la forme que prendra la vie
32:53 à partir des données physiques et chimiques
32:56 que l'on peut observer sur la planète considérée.
32:59 Donc si un jour on a la chance de trouver une vie extraterrestre,
33:02 si on a la chance de pouvoir la rencontrer, d'abord elle ne sera pas unique,
33:05 et dans tous les cas on sera surpris.
33:07 Alors la vie, oui, sans doute, mais l'intelligence ?
33:12 En 1961, un radioastronome célèbre, Frank Drake,
33:16 a proposé une équation pour tenter d'estimer
33:20 le nombre potentiel de civilisations extraterrestres dans notre galaxie.
33:25 Et voici ce que ça donne.
33:28 Qu'on ne s'effraie pas, c'est une équation très simple,
33:33 combinant le nombre de planètes où la vie est apparue,
33:36 le nombre de planètes où elle a évolué vers l'intelligence,
33:39 le nombre de civilisations capables de communiquer.
33:43 Pour les pessimistes, le résultat se ramène seulement à un.
33:48 Une seule civilisation, la nôtre.
33:54 Mais pour les optimistes, il y en aurait plusieurs milliers.
33:59 La tendance optimiste, on la trouve aujourd'hui
34:05 dans la belle ville d'Edinbourg, en Écosse.
34:09 Dans la bibliothèque de l'Observatoire royal,
34:14 nous avons rencontré un jeune chercheur, Duncan Forgan,
34:18 qui a surpris son monde en estimant la vie de la planète.
34:22 En estimant le nombre probable de civilisations intelligentes dans notre galaxie.
34:28 Pour réaliser ce calcul, Duncan Forgan a pu avoir accès
34:34 au supercalculateur de l'université, qui a travaillé pendant une dizaine de jours,
34:39 soit un peu plus de 200 heures, sur trois scénarios possibles.
34:43 Dans le premier scénario, nous sommes partis de l'hypothèse
34:49 que la vie apparaît avec beaucoup de difficultés sur une planète
34:52 et qu'elle ne parvient pas aisément à évoluer vers l'intelligence.
34:56 Dans cette hypothèse, nos modèles informatiques donnent un résultat
35:02 de 361 planètes dotées d'une vie intelligente dans une galaxie d'un milliard d'étoiles.
35:08 Le second scénario est plus optimiste et estime que la vie apparaît plus facilement
35:12 que dans le premier scénario.
35:16 Mais les civilisations produites par ces formes de vie
35:19 sont régulées par un principe sociologique élémentaire.
35:22 Plus une civilisation met de temps à évoluer vers un état avancé de stabilité,
35:26 plus elle est exposée au risque de l'autodestruction
35:29 sous l'épreuve de ses propres technologies.
35:32 Dans ce scénario, nous arrivons à un total de 31 513 civilisations intelligentes
35:39 pour une galaxie d'un milliard d'étoiles.
35:44 Le dernier scénario repose sur une dissémination de la vie dans la galaxie
35:48 par les comètes et les astéroïdes.
35:51 Résultat, 37 964 formes de vie intelligentes.
35:56 Évidemment, la question est où sont-ils ?
36:00 Le problème réside apparemment dans le fait que si deux civilisations
36:03 peuvent exister dans l'espace, elles n'existent pas forcément au même moment dans le temps.
36:07 Or, il faut que ces deux critères soient réunis pour que les civilisations
36:11 puissent se réunir pour espérer un contact entre ces deux civilisations.
36:15 Admettons pourtant que quelques-unes de ces civilisations vivent à la même époque que nous.
36:24 À quoi pourrait-elle alors ressembler ?
36:29 En 1964, l'astronome russe Nikolai Kardashev a proposé de les classer
36:35 en fonction de leur consommation d'énergie.
36:39 D'abord, il y a les civilisations de type 1.
36:43 Elles survivent en exploitant toute l'énergie de leur planète.
36:48 Mais nous en sommes encore très loin.
36:50 Il nous faudra attendre sans doute plusieurs siècles
36:53 pour devenir une véritable civilisation de type 1.
37:03 Les civilisations de type 2 sont beaucoup plus avancées, mais beaucoup plus rares.
37:09 Elles exploitent toute l'énergie de leur étoile.
37:13 Et voici comment on pourrait les imaginer.
37:19 Un gigantesque ensemble d'anneaux d'un milliard de kilomètres de diamètre,
37:27 édifiés autour d'un soleil étranger, mais comparable au nôtre.
37:33 Ce fantastique anneau permet à la super-civilisation
37:38 de collecter toute l'énergie de son étoile.
37:42 Environ 100 000 milliards de milliards de kilowatts
37:46 pour une étoile identique à notre Soleil.
37:50 À l'intérieur de ces structures vivent des millions de peuples
37:55 dans des habitats façonnés à leur gré.
37:58 Bien sûr, les civilisations de type 2 ont des millions d'années d'avance sur la nôtre.
38:05 Elles maîtrisent sans doute le voyage interstellaire
38:08 et des technologies dont nous n'avons pas la moindre idée.
38:12 Enfin, il y a les civilisations de type 3.
38:17 Elles exploitent toute l'énergie de leur galaxie.
38:21 Elles auraient un ou plusieurs milliards d'années d'avance sur nous.
38:25 Oui, mais encore une fois, où sont-ils ?
38:32 Normalement, de telles civilisations devraient émettre des signaux radios
38:36 que nous pourrions capter grâce à nos radiotélescopes.
38:39 C'est le but du célèbre projet SETI,
38:42 littéralement Recherche d'une Intelligence Extraterrestre.
38:46 Le problème, c'est que pour l'instant, le ciel reste muet.
38:51 Nous voici à San Francisco.
38:54 Nous prenons immédiatement la direction du sud, vers la petite ville de Mountain View,
39:00 qui abrite le quartier général de l'association SETI.
39:04 Ici, inlassablement, on scrute le ciel en quête d'un signal radio.
39:11 Un signal intelligent, émis par une civilisation extraterrestre.
39:18 Oui, mais 50 ans ont passé et toujours rien.
39:22 Comment comprendre ce silence ?
39:25 Ma mère me demande souvent si j'ai vraiment choisi le bon métier.
39:30 Ma réponse ? Oui, évidemment !
39:33 Car si on n'a encore rien trouvé, nos techniques progressent.
39:37 Elles doublent de rythme tous les 18 mois environ.
39:40 Et donc, quoi qu'il arrive, cela représentera dans deux ans
39:43 une saisie de données plus importante que celle collectée
39:46 dans les 50 dernières années.
39:49 C'est cela qui me pousse à poursuivre.
39:52 Je suis persuadé que les 20 ans qui viennent nous apporteront beaucoup.
39:56 Monsieur Shostak, j'ai une surprise pour vous.
40:02 Un message capté par le radiotélescope de Nancy.
40:05 Pour une surprise, c'en était une.
40:11 Ce message avait été reçu quelques jours auparavant
40:14 par le radiotélescope de Nancy en Solonne.
40:17 Principalement destiné à l'exploration du ciel,
40:22 ce puissant radiotélescope sert aussi, marginalement,
40:25 à capter d'éventuels signaux radio-intelligents.
40:28 Et voici d'abord ce qui a attiré l'attention des chercheurs.
40:34 C'est le spectre des ondes radio qu'on reçoit avec le radiotélescope de Nancy.
40:38 Et là, ce pic représente le signal intelligent
40:41 que l'on peut attendre d'une civilisation extraterrestre.
40:44 Il est extrêmement fin. Là, on le voit varier, disparaître.
40:47 C'est la présence et l'absence de ce signal
40:50 qui peut indiquer un codage.
40:53 En l'occurrence, le voici, revenu.
40:56 On peut imaginer que c'est un signal binaire,
40:59 une suite de zéro, de un, et qu'il faut ensuite décoder.
41:02 Voici le message transcrit en binaire.
41:06 Une suite de zéro et de un,
41:09 mais qui obéit à une logique cachée.
41:12 Si on compte les chiffres, on en trouve 583.
41:15 Et 583, on sait que c'est 11 fois 53.
41:18 Donc on a rangé ces chiffres et voilà ce qu'on obtient.
41:21 53 lignes et 11 colonnes.
41:24 Et on obtient comme un petit dessin.
41:27 Pour comprendre la suite, il faut revenir 36 ans en arrière.
41:30 En 1974, avec le puissant radiotélescope d'Arecibo,
41:33 installé à Porto Rico,
41:36 les astronomes avaient envoyé vers l'espace
41:39 ce « salut aux étoiles » contenant des informations
41:42 sur nous autres, terriens.
41:45 Les nombres de 1 à 10,
41:48 les numéros atomiques de quelques atomes
41:51 et même un croquis de l'être humain et sa taille
41:54 et puis d'autres précisions du même genre.
41:57 Et à présent, on pourrait supposer que ce message
42:00 a été capté par des êtres intelligents
42:03 qui nous l'ont renvoyé un peu modifié.
42:06 Donc là, on retrouve ce qu'on a envoyé à Arecibo.
42:09 C'est-à-dire que là, on a des chiffres 1, 2, 3, 4, 5, 6.
42:12 Donc peut-être que ça a été envoyé par quelqu'un
42:15 qui compte en bas 6 et par exemple qui aurait 6 doigts.
42:18 Là, on a comme une étoile peut-être
42:21 et des planètes autour.
42:24 Donc là, on compte 6 planètes et on remarque que la 4e est un peu décalée.
42:27 Donc ils habitent certainement sur la 4e planète.
42:30 Donc voilà à quoi ils pourraient ressembler.
42:33 Et là, on a certainement le radiotélescope
42:36 qui leur a permis soit de recevoir, soit d'envoyer ce message.
42:39 À partir de là, que faisons-nous ?
42:44 Comment annoncer la nouvelle au monde ?
42:47 L'association SETI, qui a réfléchi depuis longtemps à cette question,
42:50 a mis au point un protocole très précis.
42:56 On pense généralement que la première personne
42:59 qui faudrait informer de la réception d'un tel message
43:02 devrait être le président de la République française.
43:05 Et si c'était les Américains qui captaient un tel message,
43:08 ils devraient informer leur président.
43:11 Mais pour le protocole SETI, les messages extraterrestres
43:14 ne sont nullement destinés à un pays particulier.
43:17 Ils sont adressés à la Terre en tant que tels
43:20 et sont la propriété de la Terre tout entière.
43:23 L'article 1 du protocole SETI prévoit des mesures très simples.
43:26 D'abord, vérifier que ce message est véritablement d'origine extraterrestre,
43:29 car il ne faut pas propager une erreur.
43:32 La deuxième chose sera d'annoncer à tous les astronomes du monde
43:35 qu'un signal a été reçu de tel coin du ciel
43:38 et qu'il faut braquer les télescopes sur cette zone.
43:41 Chacun en parlera aux autres, tout le monde sera mis au courant,
43:44 puis entreront en jeu les médias, l'opinion publique, les gouvernements, etc.
43:47 Maintenant, si nous voulons répondre à ce message,
43:52 partons de ce constat très clair.
43:55 Les extraterrestres semblent très intéressés par la forme humaine,
43:58 qui est peut-être d'ailleurs leur propre forme,
44:01 ce qui nous donnerait quelque chose en commun.
44:04 On pourra donc leur envoyer une réponse de ce type.
44:07 Nous partirons de la même image, de cette forme humaine
44:10 figurant dans le message reçu, et nous allons leur faire savoir
44:13 que notre corps possède différentes parties.
44:16 On va centrer le message sur cette partie où nous avons des bras,
44:19 puis nous reviendrons au corps complet,
44:22 où nous ferons un gros plan sur, par exemple, nos mains,
44:25 pour leur expliquer que nous avons 5 doigts.
44:28 Nous pourrions aussi choisir de leur donner des informations
44:34 sur notre visage, ce à quoi il ressemble.
44:37 Voici un visage humain.
44:40 Nous zoomerons sur un œil pour leur montrer que c'est pour nous
44:43 un organe très important, qu'il n'est pas statique,
44:46 qu'il se ferme, etc.
44:49 Il s'agira en définitif de leur faire savoir que nous avons bien reçu
44:55 leur message, et qu'en retour, nous leur adressons un message
44:58 de bienvenue.
45:01 Et bien sûr, hélas, tout cela n'était qu'une simulation.
45:12 Pour l'instant, encore une fois, nous n'avons rien
45:15 reçu. Alors, question, et si nous étions seuls ?
45:18 Absolument seuls dans l'univers ?
45:21 Parmi toutes les planètes qui existent dans notre galaxie,
45:26 probablement des millions et des millions, toutes ne sont
45:29 certainement pas intéressantes au regard de la vie.
45:32 Mais quelques-unes sont certainement, et cela dans notre seule galaxie.
45:35 Or, il y a des centaines de milliards d'autres galaxies,
45:38 chacune composée d'au moins un milliard de planètes.
45:41 Alors vraiment, penser que notre planète serait la seule planète
45:44 dans l'univers, ce serait ça le miracle. Et franchement,
45:47 en tant que chercheur, j'ai appris à ne pas croire au miracle.
45:50 Et pourtant, du côté des pessimistes, qui ne croient pas au miracle,
45:55 on trouve le biologiste Peter Ward, auteur d'un livre
45:58 bombe, Rare Earth, la Terre rare.
46:01 Selon lui, la vie abonde dans l'univers,
46:05 mais l'intelligence est rare,
46:08 et peut-être même unique.
46:11 Nous serions donc seuls,
46:14 mais pas pour toujours.
46:17 La question, à mes yeux, n'est pas tant d'être seuls,
46:20 et si nous étions les premiers,
46:23 peut-être sommes-nous après tout la première intelligence
46:26 à atteindre le stade du savoir-faire technique.
46:29 Ou encore, si nous étions la graine qui permettra
46:32 à l'humanité de se propager sur d'autres planètes
46:35 ou d'autres galaxies.
46:38 Si cela serait une vraie raison d'être optimiste.
46:41 En plus, cela serait tout simplement merveilleux.
46:44 Plus que jamais, il faut se rappeler
46:49 que l'échelle de l'univers n'est pas la nôtre.
46:52 Il nous faut donc rester patient,
46:57 attendre. Combien de temps ?
47:00 Nul ne le sait, mais pour certains,
47:03 d'ici dix ans, nous aurons la réponse.
47:06 Pour l'humanité, tout va basculer.
47:09 de la science.
47:10 [Musique]

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