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00:00:30La France est la nation chrétienne par excellence.
00:00:46A travers son histoire, se sont souvent écrites les plus belles pages de la chrétienté.
00:00:52C'est le pays qui possède le plus grand nombre de saints, dont Saint-Martin, l'apôtre
00:01:02de la Gaule.
00:01:04Sainteté et royauté ont façonné la France.
00:01:10Par le baptême de Clovis, la France est non seulement la fille aînée de l'Église,
00:01:18mais aussi le premier État d'Europe et l'un des plus anciens du monde.
00:01:22Par le Sacre de Charlemagne, l'Empire des Francs, qui s'étend alors sur la France,
00:01:34l'Italie et l'Allemagne, unifie la chrétienté d'Occident et devient le berceau de la civilisation
00:01:41européenne.
00:01:42Par la Première Croisade, derrière le pape français Urbain II et le chevalier Godefroy
00:01:51de Bouillon, la France se fait le fer de lance de la chrétienté combattante à l'étranger.
00:01:57Par Saint-Louis, modèle du roi chevalier, l'art politique se double d'une haute dimension
00:02:09spirituelle.
00:02:10Magnifiée par ses saintes patronnes que sont l'Immaculée Vierge-Marie, la guerrière
00:02:21Jeanne d'Arc et la pêcheuse dame Thérèse de Lisieux, la France élève la femme à
00:02:27ses plus nobles aspirations.
00:02:29La cathédrale, symbole de l'architecture française, hérisse ses pointes de pierre
00:02:39vers la cime des cieux et illumine de ses vitraux les consciences humaines.
00:02:44Les chansons de gestes, mémorial littéraire de la France, présentent l'épopée de
00:02:53héros chrétiens, tels Roland et Olivier, qui affrontent géants et sarasins.
00:02:59Quant à l'avenir de la France, selon des prophéties, un grand monarque de souche française
00:03:08viendra sauver l'Europe chrétienne à l'heure de son plus grand péril.
00:03:12L'histoire de la France, l'histoire de la chrétienté et l'histoire de l'Europe
00:03:24se confondent au point qu'aucune ne saurait s'écrire sans les deux autres.
00:03:29La défense de l'Occident chrétien est un concept fondateur de l'identité française,
00:03:38d'où l'importance de Charles Martel.
00:03:42La première dynastie des rois de France est celle des Mérovingiens.
00:03:50Les plus grands rois mérovingiens furent Clovis, Clotaire II et Dagobert Ier.
00:03:58Après Dagobert, commence la période des rois phénéans.
00:04:04L'autorité publique passe alors entre les mains des maires du palais,
00:04:09une sorte de premier ministre qui gère le royaume à la place du roi.
00:04:13Le premier de ces gouverneurs, Pépin l'Ancien,
00:04:20est l'ancêtre des Pipinides et l'arrière-grand-père de Charles Martel.
00:04:25C'est à Éginard, biographe de Charlemagne,
00:04:34que l'on doit la célèbre citation sur les rois phénéans.
00:04:38De fait, le pouvoir et l'autorité étaient concentrés dans les mains des gouverneurs
00:04:47de la résidence royale qu'on appelait maire du palais et à qui appartenait le commandement
00:04:52suprême. Rien d'autre n'était laissé au roi que le nom de roi. La chevelure débordante,
00:04:59la barbe pendante, il avait seulement la satisfaction de siéger sur son trône
00:05:05et d'être façonné à l'image d'un seigneur. Où qu'il se rendit, il allait en charabeux,
00:05:12traîné par un bouvier à la mode de campagnarde.
00:05:15Fruits de cette confusion politique, divers barons en viennent à revendiquer
00:05:21la mairie du palais de leur région et un climat de guerre civile s'installe.
00:05:26En 687, Pépin-le-Gros, descendant de Pépin l'Ancien, est alors maire du palais d'Austrasie,
00:05:38le nord-est de la France. À la bataille de Tertry,
00:05:43il remporte une victoire décisive qui lui permet de réunir entre ses mains
00:05:48la plus grande partie du royaume des Francs. C'est un tournant. Jusqu'à Dagobert,
00:05:57l'unité du royaume ne pouvait se faire qu'autour d'un roi. À partir de Pépin-le-Gros,
00:06:03c'est autour du maire du palais que se fait l'unité du pays.
00:06:07Dans les banquets festifs qui arrosent la victoire de Tertry, Pépin-le-Gros délaisse
00:06:17son épouse Plectrude pour sa maîtresse Alpaïde. De cette union adultérine naît en 688 Charles
00:06:27Martel. Une chronique de l'époque décrit brièvement l'adultère de Pépin-le-Gros et
00:06:34le caractère de son fils illégitime. Le prince Pépin eut d'une autre femme un fils nommé Charles.
00:06:43C'était un homme d'élite, élégant et habile. Bien que bâtard, Charles Martel reçoit une
00:06:52éducation de prince. Il apprend à monter à cheval et s'exerce au maniement des armes.
00:06:58Discipline virile où ressort son tempérament de chef qui lui attire de solides amitiés.
00:07:17C'est aussi dans ses années d'apprentissage que Charles vit ses premiers amours.
00:07:28Puis le preux chevalier épouse une jolie demoiselle du nom de Rotrude.
00:07:58Charles et Rotrude auront deux fils, Carloman et Pépin-le-Bref, ainsi qu'une fille, Aude.
00:08:28Pépin-le-Gros meurt en 714, conséquence fâcheuse de
00:08:58la vie dissolue du patriarche, la succession se passe mal. D'un côté, Plectrude entend assurer
00:09:08seule la régence durant la minorité de Théodohalde, un enfant de six ans, qui est le petit-fils
00:09:15légitime. La veuve obtient le soutien de plusieurs évêques influents, tels Lambert,
00:09:21l'évêque de Maastricht, et Rigobert, l'évêque de Reims. De l'autre, Charles revendique pour lui-même
00:09:33la mairie du palais et compte sur sa garde rapprochée pour satisfaire ses dessins politiques.
00:09:38Lors d'un plaide, l'assemblée des barons décide de confier l'autorité à Plectrude.
00:09:54Pour se prémunir contre tout coup d'état, la régente ordonne aussitôt d'arrêter
00:10:10son filâtre Charles et de le jeter dans les joules de son palais de Cologne.
00:10:40Mais Plectrude n'a pas l'étoffe de feu son époux et les régions, autrefois réunies
00:11:04sous la poigne de Pépin-le-Gros, reprennent leur division.
00:11:08Rinfroi, duc d'Anjou, était le chef militaire de la Neustrie, une région qui correspond
00:11:20au nord-ouest de la France. Ambitieux, il rêve de devenir l'homme fort du royaume
00:11:26et se prépare à la lutte. Le 26 septembre 715, près de Compiègne, il remporte une
00:11:40victoire sur les Austrasiens de Plectrude. C'est le début d'une succession de batailles
00:11:47entre francs. Il s'en suivit des luttes et des représailles grandes et impétueuses
00:11:53parmi le peuple des francs. Au cours de la mêlée, Rinfroi réussit à s'emparer
00:12:01du roi Dagobert III. C'est un acte important car le roi, bien que fainéant, est la légalité
00:12:09vivante. Qui tient le roi, tient le pouvoir. Rinfroi se fait introniser maire du palais
00:12:17de Neustrie. Puis il fait supprimer Dagobert III et nomme un nouveau roi, Chilpéric II,
00:12:25qui est bien sûr sa créature. La guerre civile franque tourne bientôt au
00:12:31conflit international. Les Neustriens s'allient au païen Frison. Ensemble, ils vont assiéger
00:12:41les colonies où s'est retranchée Plectrude. Et le siège porte ses fruits. Au printemps
00:12:50716, pour s'éviter un malheur plus grand, Plectrude achète la paix et remet un lourd
00:12:57tribut aux envahisseurs. Le bilan politique de Plectrude est calamiteux.
00:13:06L'Austrasie est vaincue, ruinée, humiliée. Alors, dans la panique, on organise un nouveau
00:13:18plaide et les Leudes choisissent cette fois de s'en remettre à l'homme providentiel
00:13:23qui croupit dans le cachot humide. Plectrude est congédié, l'Austrasie se donne à Charles Martel.
00:13:33En ces jours, le duc Charles, qui était tenu sous bonne garde par la dite femme Plectrude,
00:13:41fut, avec l'aide de Dieu, libéré. Le chef des Francs de l'Est prend immédiatement l'initiative.
00:13:54Avec ses fidèles, il se rue à la poursuite des Neustriens de Rinfroi et Chilpéric II.
00:14:12Le 8 juillet 716, à Emblève dans les Ardennes, Charles tente une embuscade aux Neustriens qui
00:14:20fêtent dans l'ivresse leur récent triomphe de Cologne. Se croyant à l'abri du danger,
00:14:30les soldats de Rinfroi et Chilpéric prennent du bon temps sous l'épais feuillage,
00:14:35tandis que le vin et le soleil d'été engourdissent les consérences.
00:14:40C'était l'heure du déjeuner et l'armée de Chilpéric, comme lui conseillait la saison d'été,
00:14:51se restaurait sous les tentes et les ombrages. Soudain, au signal convenu, les Austrasiens
00:15:00assaillent l'ennemi et Charles remporte une première victoire sur Rinfroi, qui s'échappe sans gloire.
00:15:07Un hiver passe, puis le 21 mars 717, Charles remporte une deuxième victoire,
00:15:19à Vinci près de Cambrai en Flandre. Sûr de sa puissance, il pousse son avantage jusqu'à Paris
00:15:31et entre dans la capitale du royaume. Fort de son triomphe militaire, Charles retourne à Cologne,
00:15:44où il se fait introniser maire du palais d'Austrasie. En guise de caution dynastique,
00:15:51il place à ses côtés un mérovingien de Pacotille, Clotaire IV.
00:15:57C'est en Aquitaine que Rinfroi et Chilpéric trouvent refuge. L'Aquitaine est alors quasi
00:16:07autonome. Cette région douce et latine est dirigée par Eudes, un duc pragmatique assez âgé.
00:16:16Rinfroi expose à Eudes les déboires de la Neustrie et réclame son aide contre Charles Martel.
00:16:22Le duc de Toulouse accepte. Une coalition est ainsi créée qui unit la Neustrie et l'Aquitaine.
00:16:32Les intentions du duc d'Aquitaine sont évidentes. Faisant sien le vieil adage « diviser pour mieux
00:16:40régner », Eudes espère alimenter la guerre civile chez ses turbulents voisins du nord.
00:16:47Mais Eudes a dangereusement sous-estimé son adversaire. Le 14 octobre 719,
00:16:56Charles Martel écrase la coalition à Néry en Picardie. Une paix est finalement signée entre
00:17:05Charles et Eudes, France et Aquitaine n'ayant aucun intérêt à la poursuite de ce conflit.
00:17:10Les rois Clotaire IV et Chilpéric II sont assassinés et Charles nomme un nouveau et
00:17:19unique roi pour tout le royaume, Thierry IV. Quant à Rinfroi, il s'en retourne seul dans
00:17:27son fief Angevin et se résignera lui aussi à la paix. Entre 714 et 721, il y aura eu quatre rois
00:17:38fainéants, Dagobert III, Chilpéric II, Clotaire IV et Thierry IV. Joué malheureux entre les mains
00:17:48avides des deux maires du palais, Charles et Rinfroi. Grand vainqueur de la guerre civile,
00:17:56Charles tient désormais seul les rênes du pouvoir. A la fois audacieux et prudent,
00:18:04il est le véritable chef de l'état sans remettre en cause la monarchie héréditaire.
00:18:09Ayant assis son autorité et réalisé l'unité des francs,
00:18:16Charles va pouvoir se consacrer aux affaires étrangères.
00:18:20Par la nature des choses, Gaule et Germanie sont voisines. Leurs querelles ou leurs amitiés ont
00:18:39souvent rythmé les événements d'Europe de l'Ouest. La Gaule, jadis, était païenne. Au tréfonds des
00:18:48forêts feuillues, ses druides présidaient aux destinées de la patrie et aux sacrifices en
00:18:54l'honneur des dieux. Bercés par le chant sacré des bardes, les guerriers y prononçaient le serment
00:19:01politique avant de partir au combat. Mais les défaites de Vercingétorix en
00:19:10moins 52 puis de Boadice en Bretagne en l'an 61 avaient finalement conduit les celtes à intégrer
00:19:18l'Empire romain. Aussitôt connectés aux divers réseaux de l'Empire, les celtes purent acquérir
00:19:25les savoirs gréco-latins et, dès l'époque des évangiles, participer activement à la
00:19:32naissance de la civilisation chrétienne. En s'émancipant du paganisme, Gaule et Bretagne
00:19:41ont ainsi enfanté des saints, des abbayes et des textes littéraires. Au contraire des celtes,
00:19:51les germains avaient réussi à repousser les légions conquérantes du Latium. La victoire
00:19:58d'Arminius en l'an 9 épargna aux germains l'insertion à l'Empire. Mais cette liberté
00:20:08sauvage eut un prix. Elle les aura isolées de la marge du monde et de l'essor du christianisme et
00:20:15ce pour de nombreux siècles. Durant le haut moyen-âge, les hôtes de l'Europe centrale
00:20:29vécurent toujours à l'orée de l'Histoire. Au 8e siècle, on en voit les conséquences.
00:20:48Alors que la Gaule chrétienne a fait son unité politique et dispose d'un État central fort
00:21:00sous l'égide de Charles Martel, la Germanie peine à se trouver, émiettée en une myriade
00:21:06de tribus régie par des rois tholais, tantôt chrétiens, tantôt païens. Pourtant,
00:21:14le rapport de force est plus subtil qu'il n'y paraît, car l'anarchie n'est pas toujours gage
00:21:21de faiblesse militaire. De mémoire d'hommes, à l'époque, jamais la Germanie n'a été conquise
00:21:28par personne. Ni le grand César, ni l'empereur Auguste, ni plus tard les rois mérovingiens
00:21:37Clovis, Clotaire II, Dagobert, personne n'est jamais parvenu à envahir ce territoire d'Europe
00:21:44centrale aux frontières floues et aux populations disparates. Comme ses prédécesseurs, Charles a
00:21:56maille à partir avec les belliqueuses tribus qui hantent les forêts d'Outre-Rhin. Notamment,
00:22:02vers 720, il lance une violente offensive contre les saxons. La même année, le prince dévasta la
00:22:11Saxonie par une grande saignée et parvint jusqu'à la Vésaire. Ayant soumis tout le pays, il s'en
00:22:18revint victorieux dans son domaine. Mais à défaut de vaincre l'hydre païenne, l'Occident doit sans
00:22:29cesse repousser la menace du chaos germanique. Et tout reste à refaire. Par ailleurs, depuis déjà
00:22:39plusieurs générations, des missionnaires chrétiens avaient pris pied sur le sol germanique. Là, avec
00:22:47patience et abnégation, les serviteurs de Dieu s'efforcent d'enseigner aux masses indigènes
00:22:53les préceptes du sauveur. Mais les couvents, trop éparts et mal défendus, sont constamment
00:23:02l'objet de pillages de la part de rois-de-lais païens. Cette double percée des armées franques
00:23:10et des communautés religieuses se fait séparément, d'où leur manque de résultats durables. Alors,
00:23:19le pape Grégoire II prend une initiative. En novembre 723, il invite à Rome un moine anglais,
00:23:28déjà célèbre pour son apostolat en terre païenne du nord. Ce moine, c'est Winfrid,
00:23:34plus connu sous le nom de Saint Boniface. Le pape confie à Boniface le périlleux évêché de Frise,
00:23:41sur l'estuaire du Rhin, avec la charge de poursuivre sa croisade contre les tribus
00:23:47échevelées de Germanie. Le sapeur italien fait aussi de l'apôtre anglais son messager
00:23:53auprès de Charles Martel. L'idée de Grégoire II est d'associer la puissante armée des Francs à
00:24:02l'éloquence dialectique des moines. La tâche est inédite et promet d'être efficace. C'est
00:24:10l'alliance officielle de l'épée et de la crosse. Quant à Charles, saisissant l'occasion d'accroître
00:24:19son emprise sur la Germanie tout en servant la puissante église, il donne aussitôt son accord.
00:24:25Dès 725, le maire du palais envoie ses armées sur la Soabe puis sur la Bavière pour en pacifier
00:24:35les territoires rebelles. Les années suivantes, d'autres percées militaires suivront, au gré des
00:24:42nécessités à briser la témérité païenne et à soutenir l'élan missionnaire. Sa femme
00:24:50Rotrude étant décédée, Charles profite de ses campagnes étrangères pour en ramener une
00:24:56demoiselle bavaroise du nom de Sonnehilde, qu'il épousera en seconde noce. Après avoir
00:25:04rassemblé une armée, Charles traversa le Rhin, parcourut la Lémanie et parvint jusqu'au Danube,
00:25:11qu'il franchit et s'empara de la Bavière. L'ayant soumise, il s'en revint victorieux,
00:25:18grâce à Dieu, sur ses propres terres, avec un trésor considérable, ainsi qu'une dame
00:25:24nommée Beltrude et sa nièce Sonnehilde. Ainsi, la première action internationale
00:25:34de Charles Martel est d'avoir œuvré avec énergie à l'expansion de l'influence franque à l'est du
00:25:40Rhin et à la christianisation de la Germanie. Si le maire du palais était mort vers 730,
00:25:49il aurait déjà laissé de lui le souvenir d'un chef d'état courageux et intelligent. Il a gagné
00:25:57la guerre civile de 714. Il a continué l'unification de la Gaule. Il a consolidé
00:26:04la puissance militaire du royaume. De là, il a été sollicité par le pape Grégoire II pour aider
00:26:12à l'évangélisation de l'Europe centrale. Ce bilan politique, déjà méritoire, n'est pourtant
00:26:20pas ce qu'ont retenu en premier de lui les générations suivantes.
00:26:28Un péril mortel s'approche de l'Europe chrétienne. Et l'Europe chrétienne ne le sait pas encore.
00:26:39Dans les sables chauds d'Arabie, une autre civilisation, une autre race, une autre religion
00:26:55émerge. Le prophète Mahomet naît vers 570 à La Mecque et meurt en 632 à Médine. Le fondateur
00:27:12de l'islam a environ 40 ans quand il commence la rédaction de ce qui va devenir le Coran.
00:27:20Mais nul n'est prophète en son pays. Ses premiers prêches ne convainquent pas. Il doit fuir La Mecque
00:27:28pour Médine à 300 km au nord. Cette fuite, « Ejir » en arabe, correspond à l'an I de l'ère islamique.
00:27:37A Médine, les populations lui font en revanche bon accueil. C'est la création du premier état
00:27:46islamique au monde. A la mort de Mahomet, ses successeurs poursuivent l'extension de l'état
00:27:54islamique. Toujours en quête d'espace à convertir, vers l'an 700, l'un des tentacules de l'armée
00:28:02musulmane est déjà aux portes de l'Espagne. Depuis la chute de Rome, l'Ibérie était en
00:28:13grande partie gouvernée par les Visigoths, un peuple de souche germanique qui s'y était installé
00:28:20lors des grandes migrations au IVe et Ve siècle. Or, ce royaume Visigoth, qui date pourtant de
00:28:28près de trois siècles, est gangréné par une guerre civile. En 711, une troupe musulmane traverse la
00:28:38Méditerranée et opère un premier débarquement en Andalousie. Ces musulmans sont des arabes mais
00:28:45aussi des berbères fraîchement convertis. A la bataille du Guadalete, les Mahometans,
00:28:53emmenés par le général Tariq, écrasent l'armée germanique. Rodrigue, le roi des Visigoths,
00:29:02y trouve la mort. C'est l'effondrement. Bientôt, le gouverneur oméade Musa débarque à son tour
00:29:14avec de gros renforts. Poursuivant sur leur lancée, les disciples d'Allah absorbent la
00:29:20presque totalité de la péninsule ibérique. Connus désormais sous le nom de Sarazin,
00:29:26ils placent leur capitale à Cordoue. Les conquérants islamiques sont accueillis
00:29:35favorablement par l'influente communauté juive, dont les intrigues locales ont pu faciliter l'invasion.
00:29:43Libéries vaincues, les musulmans y font venir leur famille. Cette première vague de Sarazin
00:29:56comprend environ 60 000 immigrés. Il y en aura beaucoup d'autres au fil du temps.
00:30:06Quand plusieurs communautés doivent partager le même espace vital, la règle de vie n'est pas
00:30:17le métissage, mais l'affrontement ou la ségrégation. Les peuples obéissent en effet
00:30:25aux mêmes instincts que les animaux. L'islam n'est pas à proprement parler une religion spirituelle.
00:30:35Très éloigné du message d'amour et de liberté de l'évangile, le Coran est en fait une constitution politique.
00:30:43La loi coranique, ou charia, réglemente tous les domaines de la vie. La prière et l'aumône
00:30:54certes, mais aussi la nourriture, le vêtement, le port de la barbe et même les procédures à respecter
00:31:03pour l'héritage ou les métiers de la banque. Dans l'islam, tout est codifié. Le livre saint des
00:31:12Mahometans étend ses tortueuses sourates à tous les domaines de l'existence. Rue, boutique,
00:31:19administration, armée, vie intime. Le but ultime de l'islam consiste en l'instauration
00:31:32d'un califat totalitaire à l'ensemble du monde. Quant aux peuples qui refuseront la parole du
00:31:48prophète, celui-ci leur réserve un statut discriminatoire, la dîma. Le mot dîma signifie
00:31:57protection en arabe. Les dîmis, c'est-à-dire ceux qui sont soumis à la dîma, ont obligation de
00:32:05s'acquitter d'un lourd impôt envers la communauté musulmane. Et ils ont, entre autres, interdiction
00:32:13de porter des armes, interdiction de mettre une selle à leur cheval, interdiction d'élever la
00:32:19voie devant un musulman, interdiction de faire des processions religieuses, interdiction d'avoir
00:32:26un clocher plus haut que le minaret. A l'occasion, les nouveaux maîtres n'hésitent donc pas à
00:32:32transformer de belles églises séculaires en mosquées. En Andalousie islamique, les nouveaux
00:32:42venus décident de battre Monet. Et la légende de ces pièces est riche d'enseignements. Dès 716,
00:32:50les dinars sont bilingues, latins et arabes. En 720, le latin disparaît, ne reste que l'arabe.
00:33:01L'archéologie ne témoigne d'aucun métissage idéologique. Par exemple, l'islam d'Espagne
00:33:09n'intègre pas d'éléments chrétiens. A partir de 711, l'Ibérie européenne et
00:33:17chrétienne plonge dans les abysses et sort de l'Histoire.
00:33:21Durant le haut Moyen-Âge, les Juifs possèdent l'insigne privilège du trafic d'esclaves en
00:33:31Europe. La plaque tournante de ce juteux commerce est verdun. Les esclaves sont des païens de
00:33:40souches germaniques ou slaves. Une marchandise blonde aux yeux clairs que les fils d'Isaac
00:33:50revendent au prix fort en Espagne sarasine ou au Maghreb. De leur côté, les musulmans se livrent
00:34:00à la piraterie. Ils font des razzias sur les côtes méditerranéennes de l'Europe du Sud,
00:34:09trop exposés et mal défendus. Les sarasins y capturent des familles, voire des villages
00:34:19entiers, qu'ils acheminent, toutes chaînes serrées, vers les divers souks de la maison de l'islam.
00:34:26Après la chute de l'Ibérie sous la férule du Coran, l'armée islamique poursuit son expansion
00:34:43vers la Gaule. En 719, un gouverneur arabe nommé Sama franchit pour la première fois les Pyrénées.
00:34:54Longeant la Méditerranée, il conquiert Narbonne, puis étend son influence alentour.
00:35:09Les musulmans ravagent les villes, incendient les bâtiments, violent les femmes, emmènent des
00:35:18esclaves. Pour beaucoup de victimes, c'est l'instant tragique de toute une vie.
00:35:37Aveuglés par ces succès, Sama s'élance vers la Garonne pour prendre Toulouse. Mais,
00:35:46contre toute attente, Toulouse résiste. Le 9 juin 721, le duc Eudes remporte la
00:35:57première victoire de l'Occident chrétien contre les Arabes islamiques. Au cours de la mêlée,
00:36:05Sama est tué. Les envahisseurs, repoussés mais non anéantis, s'enfuient derrière leurs nouveaux
00:36:15chefs, Abd al-Rahman. Par cette victoire, Eudes d'Aquitaine devient le sauveur de la civilisation
00:36:24chrétienne. Le pape Grégoire II le félicite. Si les musulmans avaient renoncé à la Gaule,
00:36:32la postérité aurait sans doute gardé le souvenir d'Eudes. Mais il va en être autrement.
00:36:40Vers 725, depuis Barcelone qui leur sert de base arrière,
00:36:47les Sarazins se ruent à nouveau vers le nord et s'emparent cette fois des bouches du Rhône.
00:36:53Cette intrusion fulgurante effraie des chefs politiques locaux. Certains songent à trahir
00:37:04leur civilisation, dont un certain Moronte qui fait office de maire de Marseille. Plutôt que
00:37:12d'essayer de résister à l'envahisseur, à l'exemple du duc Eudes, Moronte préfère acheter la paix.
00:37:21Il accepte la dîma, il se fait dîmi, il paie un tribut aux musulmans et leur remet des otages.
00:37:31Or, la lâcheté est contagieuse. Bientôt le doute se diffuse dans les consciences.
00:37:40En 729, Eudes se rapproche lui aussi des musulmans. Le duc d'Aquitaine n'est certes pas un dîmi,
00:37:50tel Moronte, mais il estime qu'une entente est possible avec certains musulmans. Il sait
00:37:59qu'arabes et berbères ne s'aiment guère, les arabes ayant en effet coutume de mépriser
00:38:04les peuples maghrébins. Alors Eudes croit judicieux de marier sa fille Lampégie au
00:38:12petit chef berbère Munusa, qui gouverne les Pyrénées-Orientales.
00:38:59Mais cette alliance dynastique n'est pas du goût des deux chefs d'état voisins.
00:39:14Tout au nord, Charles Martel s'interroge. Pourquoi Eudes noue-t-il soudain des relations
00:39:23amicales avec ses ennemis d'hier ? Après tout, si le chef de la Garonne voulait marier sa fille
00:39:31Lampégie, pourquoi n'a-t-il pas pris contact avec l'aristocratie franque ? Tout au sud,
00:39:40le chef islamique Abd al-Rahman se pose la même question. Si Munusa voulait se marier,
00:39:48que n'a-t-il épousé une princesse arabe et islamique à la place d'une duchesse gauloise
00:39:54et chrétienne ? Pressé d'en finir avec ce simulacre de vivre ensemble, Abd al-Rahman
00:40:05rassemble son armée et assaille le menu-domaine de Munusa. La mêlée est brève, la victoire sans
00:40:14nuance. Le roi Tholé-Berbère est capturé et décapité. Quant à l'innocente Lampégie,
00:40:25elle paye le prix de la candeur de son père.
00:40:44Réduite en esclavage, la fille d'Eudes d'Aquitaine est aussitôt expédiée au harem du calife de Damas.
00:40:56Charles se méfie du duc d'Aquitaine, qu'il juge sournois et comploteur. Eudes, en effet,
00:41:08n'avait pas hésité à s'allier autrefois à Rinfroi, puis n'a guère à Munusa. Il n'y a
00:41:15qu'avec Charles qu'il ne voulait pas s'allier. Alors le maire du palais de France lance une
00:41:24incursion en Aquitaine. En 731, il pille le nord de la région et en ramène un solide butin. La
00:41:35situation d'Eudes devient critique. Il a joué, il a beaucoup perdu. Désormais, il se voit pris
00:41:45en tonaille entre le chef des Sarazins au sud et le chef des Francs au nord et les événements vont
00:41:54s'accélérer. Abd al-Rahman cogite une nouvelle offensive sur la Gaule. Il se souvient de l'échec
00:42:02des siens devant Toulouse en 721. Il cherche une autre route vers le nord. Début 732, son choix
00:42:12se porte sur la côte atlantique. À la tête de son armée, il traverse les Pyrénées, ravage le
00:42:19Pays basque et, galopant de Razia en Razia, s'empare de Bordeaux. Eudes, désemparé mais
00:42:30combattif, s'efforce d'opposer une résistance ardie le long de la Garonne. Mais ses troupes
00:42:37sont insuffisantes. Rapidement, il doit battre en retraite avec ses derniers hommes.
00:42:50L'Aquitaine s'écroule. Abd al-Rahman triomphe. Poitiers subit le martyr des flammes.
00:43:00En ligne de mire, les Sarrasins lorgnent sur la riche basilique Saint-Martin-de-Tours.
00:43:14Avec leur roi Abd al-Rahman, les Sarrasins traversèrent la Garonne et parvinrent à Bordeaux.
00:43:24Là, les églises de Dieu furent consumées par le feu et de nombreux chrétiens tués. Ils avancèrent
00:43:32jusqu'à Poitiers et la basilique Saint-Hilaire fut incendiée. Plein d'élan, ils tendaient leur
00:43:39marche vers l'église de Saint-Martin-de-Tours pour l'anéantir. Vaincu mais vivant, le duc Eudes
00:43:50s'échappe vers le nord et sollicite l'aide de son ancien rival. L'accueil que lui réserva Charles
00:43:59fut peut-être chaleureux. Le César déchu suscite désormais la pitié. Dans sa chronique, Paul Diacre
00:44:08écrit « Malgré la mésentente qui régnait alors entre Charles et Eudes, prince de l'Aquitaine,
00:44:16ils firent front ensemble et luttèrent d'un commun accord contre les Sarrasins. »
00:44:21Face à la menace Sarrasine, les querelles de famille s'estompent. Charles mobilise sans tarder
00:44:32son armée. Les chevaliers francs passent par Tours puis s'enfoncent dans les plaines du Poitou,
00:44:40au devant de l'ennemi. La rencontre entre l'armée chrétienne et l'armée islamique se situe près
00:44:48de Poitiers, à Vouneuil-sur-Vienne, au lieu dit de Mousset-la-Bataille. On est le 18 octobre 732.
00:44:58Là, deux civilisations s'observent. D'un côté, derrière Charles Martel, des hommes de race blanche,
00:45:08de religion chrétienne et de langue européenne. De l'autre, derrière Abd al-Rahman, des hommes de
00:45:18race foncée, de religion islamique et de langue sémitique. Tout les sépare.
00:45:30Pendant plusieurs jours, de part et d'autre, on s'adonne à des escarmouches. On jauge la
00:45:37situation. On repère les points névralgiques. Surtout, on attend. Avant même les premiers
00:45:47champs d'épée, les probabilités de l'emporter divergent d'un camp à l'autre. Charles a
00:45:56l'avantage du temps. Il n'est pas pressé. Il défend son propre pays avec l'appui de la
00:46:04population locale. Pour lui, la question de l'intendance ne se pose pas. Il trouvera toujours
00:46:13de quoi nourrir ses hommes et ses chevaux. Il a même tout intérêt à vider les silos de la région,
00:46:21à emmener le grain, à déplacer les bestiaux en lieu sûr, à pratiquer une politique de terre brûlée.
00:46:29Son plan ? Pousser les sarrasins à la faute.
00:46:37Abd al-Rahman commence à douter de sa Baraka. Pour la première fois, il s'est enfoncé fort
00:46:50loin de son royaume ibérique. Que sait-il de la Gaule ? Ses rivières, ses ponts, ses routes,
00:46:58son relief. Et puis, il y a le problème de l'intendance. Comment nourrir ses soldats
00:47:05et ses chevaux en terre hostile ? Le prince Mahomettan est donc poussé à prendre l'initiative
00:47:13sur une terre qu'il ne connaît pas, avec une logistique précaire, loin des siens et sans
00:47:23secours à attendre. Au glissement du crépuscule, Abd al-Rahman se retire avec les siens. Dans la
00:47:34solitude du pouvoir, il pressent peut-être qu'il s'est aventuré trop loin. Comment se déroula la
00:47:45bataille ? Une donnée technique offre peut-être une ébauche de réponse. C'est autour du VIIIe
00:47:54siècle que fut inventé l'étrier. En offrant au chevalier une meilleure assise sur la selle,
00:48:02l'étrier permet de frapper des stocks l'ennemi. D'où cette nouveauté de tenir une longue lance
00:48:12brandie en avant pour défoncer la cible, chose évidemment impossible sans étrier,
00:48:18car le choc frontal aurait éjecté le chevalier en arrière. Montés sur leurs chevaux, les frangs
00:48:27sont alignés en rang serré. Il s'agit pour eux d'empêcher l'ennemi de se faufiler entre les
00:48:33lignes. Les chevaliers de Charles Martel présentent donc une densité massive. De loin,
00:48:44les boucliers scintillent, tel un mur de glace réfléchissant la lumière.
00:48:50Cette hypothèse semble confirmée par la chronique Mozarab.
00:49:01A ce moment, pendant sept jours, les deux adversaires se harcèlent pour choisir le
00:49:10lieu de la bataille, puis enfin se préparent au combat. Mais pendant qu'ils combattent avec
00:49:16violence, les gens du nord, demeurant à première vue immobiles comme un mur,
00:49:21restent serrés les uns contre les autres, telle une zone de froid glacial.
00:49:27Les chrétiens nordiques attendent le signal de leur chef. Les Sarazins, eux,
00:49:35sont déjà au galop. Ils approchent. Soudain, sur ordre de Charles, résonnent trompettes et oliphants.
00:49:44Les français lancent et brandissent leur hampe comme autant d'aiguillons meurtriers.
00:49:52Dès le début de la mêlée, les pointes de fer percent les boucliers islamiques
00:49:58et embrochent la chair ennemie. Dans les duels, Abd al-Rahman trouve la mort.
00:50:05Les envahisseurs sont écrasés. Charles Martel triomphe.
00:50:11La chronique de Frédéguerre raconte. Avec l'aide du Christ, Charles renversa
00:50:20leurs tentes, courut au combat faire un carnage. Puis, leur roi Abd al-Rahman tué,
00:50:26il les terrassa, broya leur armée, les vainquit et les soumit.
00:50:32La victoire des chrétiens est totale. L'écho de cette bataille franchit bientôt
00:50:41les frontières. Le britannique Bede le Vénérable écrit.
00:50:46A cette époque, les sarrasins, comme un terrible fléau, ravagèrent la Gaule y commettant
00:50:53d'atroces destructions. Après quoi, dans ce même pays, ils eurent à payer le prix
00:50:59de leur infamie. Preuve du caractère civilisationnel de l'événement,
00:51:08c'est suite à cette bataille que, pour la première fois, des chroniqueurs utilisent
00:51:13le mot « européen » pour évoquer les vainqueurs de Poitiers.
00:51:19Poitiers jette donc les fondations de ce que sera l'Europe, le continent de races blanches
00:51:28et de civilisations chrétiennes.
00:51:38Après Poitiers, toute la chrétienté d'Europe chante les louanges de Charles Martel et
00:51:50un halo de légende s'empare bientôt de cette fulgurante victoire.
00:51:54Dans son palais, le prince des Francs organise un immense banquet où les anciens combattants
00:52:04racontent leurs pétillantes aventures. C'est à ce moment que Charles aurait reçu le surnom
00:52:12de Martel. Peut-être le marteau de Charles fait-il allusion à l'attribut d'un ancien
00:52:19dieu païen. Car les vieux mythes celtes étaient alors encore bien vivaces.
00:52:27Assises à ces tables bruyantes, Détrouvères écoute et mémorise les exploits des soldats
00:52:35revenus du Poitou Invincible. Mêlant événements réels et contes anciens, les jongleurs de
00:52:44mots vont donner naissance aux fameuses chansons de gestes.
00:52:50La mémoire ethnique fut toutefois ingrate envers Charles Martel car le 8ème siècle
00:52:56va offrir à l'Europe un autre personnage haut en couleur qui est le petit-fils du
00:53:02champion de Poitiers. Par un transfert épique d'un Charles à un autre Charles, c'est
00:53:11Charlemagne qui est devenu le roi de la matière de France. Pourtant, les faits historiques
00:53:18sont pérennes. Le Charles, chef des armées franques et chrétiennes, qui guirouilla
00:53:25des années contre les sarrasins islamiques, ce n'est pas Charlemagne qui, pour sa part,
00:53:31échangea avec eux d'amicales ambassades, mais bien son aïeul, le maire du palais.
00:53:38Ainsi, dans les poèmes épiques, sous la célèbre barbe fleurie de l'empereur Charlemagne,
00:53:45pointe en réalité la pilosité de Charles Martel.
00:53:50Les chansons de gestes étant les premiers textes d'importance en français, cela pose
00:53:56la question de la date de naissance de la langue. 842 est la date la plus ancienne connue
00:54:04de vieux français. Il s'agit d'un document appelé le Sermon de Strasbourg. Ce serment
00:54:11fut prononcé à haute voix par Charles le Chauve et Louis le Germanique, chacun dans
00:54:17la langue de l'autre et devant leur peuple rassemblé, afin de se promettre une paix
00:54:22mutuelle. Le texte français disait
00:54:41Si, en 842, existe une trace écrite de français, au point que l'on demande au roi Louis le Germanique
00:55:07de s'exprimer dans cette langue pour être compris du peuple de Charles le Chauve. Cela
00:55:12signifie que le peuple de Charles le Chauve parlait déjà couramment cette langue.
00:55:18Lors du Sermon de Strasbourg, étaient présents des guerriers d'une trentaine d'années,
00:55:24nés sous Charlemagne, et des hommes d'âge mûr, nés sous Pépin le Bref. Et comme il
00:55:30y eut toujours des centenaires, s'il en fut un le jour de ce serment, cet honorable
00:55:36doyen était né sous Charles Martel. Selon toute vraisemblance, les prémices de la langue
00:55:44française orale remontent donc un siècle avant le Sermon de Strasbourg, voire davantage.
00:55:51Au banquet de Charles Martel, certaines tables parlaient déjà français.
00:55:59Les plaines Poitevines ont aussi conservé le souvenir de cette époque. Après avoir
00:56:06bouté les Sarrazins hors de Gaulle, Charles Martel se serait rendu dans la chapelle Sainte
00:56:13Catherine de Firbois, au sud de Tours. Dans cette église, le glorieux maire du palais
00:56:21offre à Dieu son épée, qu'il dépose précieusement au pied de l'autel. Le temps passe et, pour
00:56:29de nombreux siècles, recouvre cette sainte lame du sceau de l'oubli.
00:56:35Mais quand le royaume connaîtra de nouveaux tourments, en 1429, les voies du ciel révéleront
00:56:43à Jeanne d'Arc l'existence du glaive de Charles Martel et où le trouver.
00:56:52Voici ce qu'elle dit lors de son procès.
00:56:57Tandis que j'étais à Tours, j'envoyais chercher une épée qui se trouvait dans l'église
00:57:03de Sainte Catherine de Firbois derrière l'autel.
00:57:06Comment saviez-vous que cette épée fut là ?
00:57:09Cette épée était en terre, toute rouillée, et la garde était ornée de cinq croix. Je
00:57:16sus qu'elle se trouvait là par mes voies, et l'homme qui l'alla chercher ne l'avait
00:57:21jamais vue. J'écrivis aux ecclésiastiques du dit lieu qu'ils voulussent bien m'envoyer
00:57:27cette épée et ils me l'envoyèrent. Elle n'était pas trop enfoncée en terre derrière
00:57:32l'autel comme il me semble. Aussitôt après que l'épée eût été trouvée, les ecclésiastiques
00:57:38du dit lieu la frottèrent et aussitôt la roue tomba sans difficulté.
00:57:45La pucelle, qui libérera Orléans du jonglet, aurait tenu en main l'épée du vainqueur
00:57:51de Poitiers.
00:58:04La victoire de Poitiers n'est pas une fin en soi, mais le début de la reconquête.
00:58:10C'est l'aube de la renaissance occidentale. Beaucoup restait à accomplir.
00:58:17Youssef, le fils d'Abd al-Rahman, gouvernait alors Narbonne.
00:58:24Habile diplomate, il avait noué des liens avec Moronte, le maire de Marseille, et Moronte,
00:58:31politicien lâche, lui avait cédé Avignon. De là, certains sarasins ont commencé d'explorer
00:58:38les berges du Rhône et même au-delà, Valence, Vienne, Lyon, Autun.
00:58:47Pour enrayer cette intrusion étrangère, dès 733, Charles Martel déploie des contingents
00:58:54militaires dans le sud-est. Avec son armée, il entre en Burgondie et y place des fidèles
00:59:01aux divers postes de commandement.
00:59:09L'année 733, le prince Charles pénétra dans le royaume de Burgondie avec des guerriers
00:59:15vigoureux et il remit ce territoire à ses fidèles, à ses ducs les plus preux, pour
00:59:21le régenter.
00:59:25Là, il délègue son autorité à son frère Childebran, qui devient duc de Burgondie.
00:59:38En 735, Eudes meurt de vieillesse. Son fils Uno lui succède sur le duché d'Aquitaine
00:59:46après avoir dû prêter hommage à Charles Martel.
00:59:52Si l'on tire un bilan politique, en 735, Charles Martel étend son gouvernement à
00:59:59presque toute la Gaule. Il en tient personnellement la moitié nord, Austrasie et Neustrie. Son
01:00:07frère Childebran dirige la Burgondie et s'efforce de libérer la Provence. Et Uno
01:00:13d'Aquitaine reconnaît la souveraineté des francs.
01:00:18Mais toutes ces années, les côtes méditerranéennes ont souffert des ravages islamiques. Les griffes
01:00:25du Coran en serrent Avignon et Childebran peine à pacifier le delta du Rhône. Alors,
01:00:32en 737, Charles descend sur les routes du soleil avec du matériel de guerre et délivre
01:00:39la cité.
01:00:41Comme Agérico, au milieu du fracas des armées et au son des trompettes, avec des machines
01:00:47de guerre et des échelles de cordes, il se rue sur les hautes murailles, pénètre dans
01:00:52cette ville bien fortifiée. L'incendie capture leurs ennemis étrangers, les tue, les trucide,
01:00:59les abatte et rétablisse avec succès leur autorité.
01:01:05Il est possible que ce matériel de siège, apporté par Charles Martel, soit aussi l'occasion
01:01:11de tester une innovation technologique.
01:01:15Jadis, au temps des Romains, pour projeter de grosses masses, on usait de catapultes.
01:01:22L'inconvénient de ce type d'engin, c'est que son énergie dépend de l'élasticité
01:01:28d'un ressort, fait de bois tendre ou d'un air de bœuf.
01:01:32Or, sous le climat pluvieux de la Gaule, l'humidité risque de détendre le ressort
01:01:38de la machine et de la rendre inopérante.
01:01:41D'où l'invention de la perrière au haut Moyen-Âge.
01:01:46Cet engin astucieux présente une hélice sur un axe vertical.
01:01:51Une corde, actionnée vigoureusement par quelques hommes, fait tourner cette hélice, ce qui
01:01:57éjecte de la poche de cuir un boulet de quelques kilos.
01:02:01On atteint ainsi une cible à 60 m à la cadence de 60 tirs à l'heure.
01:02:07L'avantage de la perrière sur la catapulte, c'est qu'elle est utilisable par tous les temps,
01:02:13même sous la pluie.
01:02:15Comme pour l'étrier, les machines de guerre à balancier ouvrent une nouvelle ère dans
01:02:20l'art de la guerre.
01:02:22Vaincu et pourchassé par les Francs, les Sarrazins évacuent la Provence et se replient
01:02:27sur Narbonne.
01:02:30Derrière ces murailles, Youssef, fils d'Abd al-Rahman, s'est puissamment retranché.
01:02:37Et il a eu la prudence d'appeler à son secours les troupes islamiques restées en Espagne.
01:02:47Pour Charles Martel, le péril est sérieux.
01:02:51Il sait Narbonne difficile à prendre.
01:02:54Parent au plus pressé, il laisse quelques troupes autour de la cité et marche avec
01:02:59le gros de l'armée au devant des renforts mahometans.
01:03:05C'est dans la vallée des Corbières, près des rivières de la Baire et de l'Aude, que
01:03:11se déroule la bataille.
01:03:13Omar ibn Khaled, le général Sarrazin, y trouve la mort.
01:03:18Ses soldats sont massacrés.
01:03:21Il y a quelques minutes avant la fin de la bataille.
01:03:25Il y a un coup de feu.
01:03:28Omar ibn Khaled, le général Sarrazin, y trouve la mort.
01:03:33Ses soldats sont massacrés ou tentent de s'enfuir par les eaux, souvent en vain.
01:03:39Les rescapés cherchent à s'échapper en embarquant sur des bateaux, en nageant dans
01:03:45la lagune.
01:03:46L'effort de chacun fait qu'ils bondissent les uns sur les autres.
01:03:50Bientôt, les francs, avec des bateaux et des armes de jet, bondissent sur eux et les
01:03:56noyant.
01:03:57Cette victoire de la Baire sonne le glas des velléités islamiques sur la Gaule.
01:04:04La septimanie est libérée.
01:04:07Seul Narbonne résistera encore quelques temps avant d'être reconquise en 759 par Pépin
01:04:14le Bref, fils de Charles Martel.
01:04:19Tant de malheurs furent le fruit, certes, de la témérité sarrazine, mais aussi de
01:04:25la trahison de certaines élites locales.
01:04:28Une fois la Gaule délivrée, Charles Martel venge l'infamie et punit les félons.
01:04:35Il cherche notamment le fameux Moronte, ce chef marseillais qui avait choisi le statut
01:04:41de dimi.
01:04:43Mais le judas de la Provence avait pris soin de préparer ses arrières.
01:04:48Il courut se terrer dans les calanques, d'où il ne revint jamais.
01:04:53Parvenu à la hâte à Avignon, Charles rétablit sous sa domination tout le pays jusqu'au
01:05:00littoral méditerranéen, tandis que le duc Moronte s'échappait dans les falaises impénétrables
01:05:05abritées et protégées par la mer.
01:05:09Au sortir des guerres islamiques des années 730, les sarrazins sont les grands perdants.
01:05:17Abd al-Rahman a été vaincu et tué dans le Poitou.
01:05:23Son fils Youssef survit difficilement derrière les murailles de Narbonne.
01:05:29Omar ibn Khaled et son armée ont disparu dans les marécages du Languedoc.
01:05:36Côté chrétien, les plus irrésolus connurent un sort déplorable.
01:05:41Eudes, le vainqueur de Toulouse, avait fini par renoncer à la lutte.
01:05:47Il fut balayé par la tornade de 732.
01:05:50Sa fille Lampégie termina ses jours dans un lointain harem.
01:05:56Moronte, le traître de Marseille, avait choisi la soumission à l'ennemi.
01:06:02Il dut s'exiler dans des lieux sauvages.
01:06:06L'histoire a donné raison à Charles Martel.
01:06:10Sa stratégie, offensive et persévérante, était la bonne.
01:06:15Son audace technique a payé.
01:06:18Le royaume chrétien des Francs émerge des luttes civilisationnelles
01:06:23plus fortes et plus rayonnantes que jamais.
01:06:33En 737, le roi fainéant Thierry IV décède.
01:06:39Charles prend alors une décision aussi prudente que hardie.
01:06:44Il ne le remplace pas.
01:06:46La France devient un royaume sans roi, une situation inédite.
01:06:52Le maire du palais échafaude en fait un coup politique à longue portée.
01:06:58Ambitieux, il a maintes fois nourri la tentation de se faire sacré roi.
01:07:03Mais un coup d'état l'eut entraîné dans un tourbillon d'incertitude.
01:07:09En ne proclamant roi, ni un nouveau mérovingien, ni lui-même,
01:07:15le chef des Francs ménage la puissante aristocratie
01:07:19tout en préparant avec patience, sinon pour lui, du moins pour sa preuve,
01:07:25La désuétude d'en référer à la dynastie mérovingienne, tôt ou tard,
01:07:30profitera à la lignée du vainqueur de Poitiers.
01:07:34Tout n'est que question de temps.
01:07:37En attendant, il confie l'éducation de ses fils, Carloman et Pépin-le-Bref,
01:07:43à l'influente basilique Saint-Denis.
01:07:47Les rapports entre Charles Martel et l'Église sont ambigus
01:07:51et reflètent les dérèglements moraux de l'époque.
01:07:55Dépassant les limites de son champ d'action politique,
01:07:58le maire du palais n'hésite pas à empiéter sur les privilèges du clergé.
01:08:04Au IXe siècle, l'historien Flodohar écrit
01:08:09Ce Charles Martel, né du concubinage d'une esclave,
01:08:13comme on lit dans les annales des rois francs,
01:08:16plus audacieux que tous les rois ses prédécesseurs,
01:08:19donna non seulement les vêchées de race,
01:08:22mais encore beaucoup d'autres du royaume de France,
01:08:25à des laïcs et à des comtes,
01:08:27en sorte qu'il ôta tout pouvoir aux évêques,
01:08:30et qu'il leur donna la liberté d'expression.
01:08:34Il ne s'agit ni de pillage,
01:08:36ni d'une rasia sur les objets du culte,
01:08:39mais d'un abus de pouvoir.
01:08:42On accuse Charles de nommer des laïcs
01:08:44à la tête de la puissance foncière du clergé
01:08:47et d'en tirer de précieux dividendes au profit de la noblesse.
01:08:52Or, ces accusations ne sont pas infondées.
01:08:56Les évêques ne sont pas les seuls
01:08:58Charles Martel a pour compagnon d'aventure
01:09:00un moine du nom de Milon.
01:09:03Ce curieux personnage remplit à ses côtés
01:09:06la fonction de conseiller et de diplomate,
01:09:09en plus de participer activement aux batailles.
01:09:13En récompense de ses loyaux services,
01:09:15le chef des francs le propulse évêque de Reims.
01:09:19Sauf que cette charge n'est pas la seule.
01:09:24Quand Charles eut remporté la victoire
01:09:26et défait ses ennemis,
01:09:28il chassa de son siège le pieux Rigobert, son parrain,
01:09:31qu'il l'avait tenu sur les symphons de baptême,
01:09:34et donna l'évêché de Reims à un nommé Milon,
01:09:37simple tonsuré, qu'il l'avait suivi à la guerre.
01:09:40Il n'est pas le seul,
01:09:42mais il est aussi le premier
01:09:44à avoir rejeté l'évêque de Reims.
01:09:47C'est pourquoi,
01:09:49le nommé Milon, simple tonsuré,
01:09:51qu'il l'avait suivi à la guerre.
01:09:55Le moine Milon,
01:09:57homme de confiance de Charles Martel,
01:09:59est-il une exception ?
01:10:02Loin d'être un cas à part,
01:10:04c'est la hiérarchie même de l'église
01:10:06qui s'adonne parfois au plaisir séculier des armes.
01:10:10Ainsi, durant la guerre civile de 714-720,
01:10:14l'évêque Savaric d'Auxerre
01:10:16prit la tête d'une milice
01:10:18pour en partie conquérir des villes.
01:10:20Il s'empara d'Orléans, de Troyes, d'Avalon.
01:10:24On ignore ses motivations et ses alliances.
01:10:27Peut-être cherchait-il à devenir maire du palais de Burgondie.
01:10:32Toujours est-il que l'évêque d'Auxerre
01:10:34se préparait à envahir la région lyonnaise
01:10:36quand il perdit la vie.
01:10:40Alors cet évêque,
01:10:42négligeant sa dignité épiscopale,
01:10:44rassembla de partout une troupe nombreuse.
01:10:47Il marchait vers Lyon,
01:10:48qu'il voulait soumettre par le fer,
01:10:50quand, soudain frappé par la foudre divine,
01:10:53il périt d'une mort subite.
01:10:58Comme on peut le constater,
01:11:00qu'il s'agisse de Milan de Reims
01:11:02ou de Savaric d'Auxerre,
01:11:04les hommes de Dieu ne se cantonnent pas toujours
01:11:07au lieu de prière.
01:11:12Et il n'est pas rare de voir l'épée
01:11:15se rendre à la soutane.
01:11:18La nation a conservé le souvenir de Milan
01:11:21dans la poésie des chansons de geste
01:11:23à travers le truculent turpin
01:11:25de la chanson de Roland.
01:11:29Milan et Turpin sont tous deux évêques de Reims,
01:11:33tous deux luttent l'épée à la main dans les mêlées
01:11:37et tous deux servent à la cour d'un chef des francs
01:11:40du nom de Charles.
01:11:43A ceci près que Milan est au service de Charles Martel,
01:11:47Turpin sera au service de Charlemagne.
01:11:52Le VIIIe siècle entremêlait parfois
01:11:54les fonctions du clerc et du guerrier.
01:11:57On peut en souligner la licence,
01:11:59mais on ne saurait reprocher à Charles Martel
01:12:02d'avoir mordu les privilèges d'un clergé
01:12:05qui n'était pas irréprochable.
01:12:08Pour se convaincre des sentiments réels de l'Église
01:12:11envers le vainqueur de Poitiers,
01:12:13il suffit de se tourner vers la papauté de l'époque.
01:12:17Grégoire III est l'évêque de Rome
01:12:20de 731 à 741.
01:12:24En 739, le pape dépêche auprès du chef des francs
01:12:28deux ambassades chargées d'objets de valeur.
01:12:32C'est là une initiative de l'époque
01:12:35C'est là une initiative tellement insolite
01:12:38qu'elle stupéfie les contemporains.
01:12:41Or à cette époque par deux fois,
01:12:43depuis Rome, siège du saint apôtre Pierre,
01:12:46le bienheureux pape Grégoire
01:12:48adressa au prince Charles Martel une ambassade
01:12:51portant les clés du vénérable tombeau
01:12:53de saint Pierre avec sa chaîne
01:12:55et des présents magnifiques et innombrables.
01:12:58On n'avait jamais entendu ni vu cela par le passé.
01:13:04Loin de le blâmer pour quelque abus que ce soit,
01:13:07Grégoire III adresse au contraire
01:13:09ses plus insistantes louanges aux vainqueurs de Poitiers.
01:13:16De Charles Martel,
01:13:18le saint père sollicite protection
01:13:21contre les impies sarazins
01:13:23et contre le peuple des Lombards
01:13:25qui tient le nord de l'Italie.
01:13:29Il cherche aussi à s'extraire de la tutelle byzantine.
01:13:34Ce pacte conclut,
01:13:36le pape se détacherait de l'empereur byzantin
01:13:39et sur l'avis des Romains
01:13:41se lirait au dit prince Charles.
01:13:46Le chef des francs est donc non seulement
01:13:48le sauveur de l'Occident chrétien,
01:13:51mais de son temps même,
01:13:53le pape en personne l'honore
01:13:55en lui décernant le titre de protecteur de l'église.
01:14:00Bientôt vient l'heure du rappel à Dieu.
01:14:03Ayant contracté une maladie,
01:14:05Charles Martel rend le dernier souffle
01:14:08le 22 octobre 741.
01:14:12Il a 53 ans.
01:14:16Quel destin !
01:14:18Fils illégitime du maire du Palais Pépin-le-Gros,
01:14:22Charles fut jeté en prison à la mort de son père.
01:14:25À 26 ans, il entame une longue marche vers le pouvoir.
01:14:30Il remporte entre 716 et 719
01:14:34trois batailles majeures contre ses rivaux politiques
01:14:37et assoit ainsi son autorité sur la Gauve.
01:14:43À partir des années 720,
01:14:45il protège de son épée les missionnaires chrétiens
01:14:48partis enseigner les Saintes Écritures en Germanie.
01:14:52En 732, à Boitier,
01:14:55il écrase les sarrasins musulmans,
01:14:58puis en 737,
01:15:00il les chasse de la côte méditerranéenne.
01:15:05Au crépuscule de sa vie,
01:15:07il reçoit du pape les plus précieux éloges.
01:15:10Et pourtant,
01:15:12Charles Martel ne fut jamais roi.
01:15:15Comme l'écrira au XVIe siècle le poète Ronsard,
01:15:29Pépin-le-Bref, fils de Charles Martel,
01:15:32est un des plus grands rois de l'Histoire.
01:15:35Il est le plus grand roi de l'Histoire.
01:15:38Il est le plus grand roi de l'Histoire.
01:15:42Pépin-le-Bref, fils de Charles Martel,
01:15:45sera élevé sur le pavois en 751,
01:15:49opérant le changement dynastique.
01:15:52La couronne de France
01:15:54passe alors des Mérovingiens aux Carolingiens,
01:15:57dont le nom provient de Charles.
01:16:00L'ascension de la lignée carolingienne est fulgurante.
01:16:04À Saint-Denis, le 28 juillet 754,
01:16:09Pépin-le-Bref reçoit sur le front,
01:16:11des mains du pape Étienne II,
01:16:13la sainte huile qui fait de lui un roi de droit divin.
01:16:19Le 25 décembre 800, à Noël,
01:16:22Charles Magne, fils de Pépin-le-Bref,
01:16:25est sacré empereur d'Occident.
01:16:30Même si Charles Martel ne fut jamais roi,
01:16:34il fut le père du premier roi de France sacré par un pape
01:16:39et le grand-père du premier empereur d'Europe.
01:16:45Un tel destin est inégalé dans l'histoire de notre continent.
01:17:04Sous-titrage Société Radio-Canada