Notre invitée événement est une actrice star à Hollywood et en France. Vous l'avez vue - entre autres - dans Pirates des Caraïbes. C'est LA portevoix du combat pour la liberté dans son pays : l'actrice iranienne en exil Golshifteh Farahani sera dans RTL Bonsoir, avant son retour sur grand écran dans Roqya.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 07 mai 2024
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00:00 RTL bonsoir, Isabelle Choquet et Cyprien Signe.
00:04 Allez RTL bonsoir, nous accueillons maintenant dans ce studio une nouvelle invitée, une
00:09 comédienne, star à Hollywood et ici en France, actrice franco-iranienne Golshifteh Farhani,
00:13 bonsoir.
00:14 Bonsoir.
00:15 Bienvenue, vous êtes devenue au fil des ans une porte-voix des Iraniens qui rêvent
00:18 de liberté, on va évidemment revenir sur la situation si difficile de votre pays dans
00:22 cet entretien.
00:23 Mais vous êtes aussi à l'affiche au cinéma dans quelques jours d'un vrai film de genre,
00:28 Roquia, une chasse aux sorcières en fait, c'est signé Saïd Belktibia et ça sort le
00:32 15 mai.
00:33 Vous y jouez une femme qui vit de contrebandes d'animaux exotiques, elle les vend au Marabout
00:37 en tout genre mais la consultation d'un jeune déséquilibré va mal tourner.
00:41 Et vous allez être accusée de sorcellerie carrément, vous allez devoir vous cacher,
00:45 sauver votre vie et celle de votre fils, c'est un pur thriller à le temps.
00:49 Alors contrebandes d'animaux exotiques, on vous voit au début du film très à l'aise,
00:52 visiblement avec des sarpents, des grenouilles, des varans, des araignées, des lézards,
00:56 vous aviez peur des reptiles et de ces bestioles avant de tourner dans ce film ?
00:59 - Non, non, j'avais pas peur.
01:01 En fait, ils me demandaient, j'ai dit juste les cafards, je dois pas être près des cafards.
01:05 - Ah vous avez une frayeur avec les cafards.
01:07 - Oui, ça, j'ai dit une sainte, non, mais le reste ça va.
01:09 Tout le reste, le rhum, tout l'un, scorpion.
01:11 Oui, oui, ça va.
01:12 - Le varan, oui, le cafard, non.
01:14 - Oh le varan ! En fait, j'adorais le varan.
01:17 Le varan, c'était comme, je l'aimais, mais c'était gigantesque en fait, pour juste
01:22 de lever le varan, il fallait du force pour pouvoir le lever.
01:27 - Mais c'est pas méchant un varan ?
01:28 - Non !
01:29 - J'aime bien le petit nom.
01:32 - C'est un chat quoi.
01:34 - Non, il est pas méchant du tout.
01:36 - Mais on avait par contre un serpent, un cobra blanc qui venait avec des gardes du corps
01:42 carrément.
01:43 - Ah oui.
01:44 - Parce qu'il n'y a pas anti-venom en Europe, alors s'il piquait quelqu'un, cette personne
01:47 aurait mort et il laissait jamais le serpent seul.
01:51 - Il est toujours avec quelqu'un.
01:53 - Vous avez joué ces dernières années à Hollywood, dans des films d'action, comme
01:58 Pirates des Caraïbes, sous la direction de Jim Jarmusch, vous serez dans le prochain
02:01 Despléchins, et là vous jouez sous la direction d'un jeune réalisateur qui n'a pas forcément
02:05 des dizaines de films derrière lui.
02:07 Il y a une grande diversité, une grande liberté aussi dans vos choix de films.
02:11 - Oui, je rentre pas dans les cadres, dans les cases.
02:14 Mes choix sont beaucoup plus intuitifs qu'intellectuels.
02:17 Ce n'est pas le scénario forcément qui me fait choisir un film, mais c'est les sensations
02:22 et sentiments que j'ai avec le projet.
02:24 - C'est un film aussi sur le business de l'ésotérisme, qui profite des gens perdus,
02:29 désorientés, pas bien, laissés pour compte parfois dans notre société ?
02:32 - C'est une anecdote à des croyances beaucoup plus grandes.
02:36 C'est qu'il y a toujours quelqu'un qui a une influence et qui crée une hystérie sociale
02:41 et tout le monde le suit.
02:43 Mais bien sûr, si on part dans toutes les choses qui peuvent être les côtés négatifs
02:48 de la religion, parce que la religion peut être aussi très positive, mais aussi le
02:53 mal qui peut se faire à notre société.
02:56 Quand ça devient dogmatisme, ça fait mal.
02:59 Et ça aussi, c'est assez présent dans le film.
03:03 - Goldshifter, Farhani, vous êtes aussi devenu ces derniers mois l'une des voix du mouvement
03:06 Femmes, Vies, Libertés à l'international, mouvement né dans votre pays, l'Iran, il
03:11 y a un an et demi environ après la mort de Masah Amini, jeune fille arrêtée par la
03:15 police des mœurs.
03:16 On vous s'est très touché, très engagé.
03:18 Est-ce que c'est parfois difficile dans ce contexte de continuer à vivre votre vie
03:23 d'actrice, à venir faire de la promo dans des studios de radio par exemple ? Est-ce
03:27 que parfois tout ça vous semble un peu dérisoire ?
03:29 - On est habitué.
03:31 Vous voyez, quand on vient d'Iran, les gens ont envie de savoir et nous on est obligé
03:36 d'expliquer.
03:37 On est obligé d'expliquer parce que la propagande montre autre chose.
03:40 Nous, on est la vérité.
03:41 Et moi, à vrai dire, je ne peux pas faire autrement.
03:44 Je ne peux pas dire parce que de toute façon je suis devenue ce pont où je suis devenue
03:50 cet écho de voix des gens qui n'ont pas de voix.
03:53 Là justement, vous voyez comme Too Much Soleil, le rapport qui a été condamné à la mort
03:58 quand même.
03:59 Dans notre monde, il y a un rapport qui a été condamné à la mort.
04:02 Et là, je crois que c'est les artistes du monde qui doivent se mobiliser pour ça parce
04:07 que quand on veut exécuter un artiste, on exécute l'art.
04:11 Si moi je ne crie pas, qui va crier ? Qui va dire cela ?
04:15 - On a vu que le monde du rap se mobilisait finalement assez peu pour sauver ce jeune
04:20 homme condamné à mort.
04:21 Dans quelques jours démarre le festival de Cannes.
04:23 Est-ce que vous attendez du plus grand festival de cinéma au monde qu'il fasse entendre
04:28 sa voix sur ce sujet ?
04:29 - À vrai dire, je suis extrêmement déçue, je dois dire.
04:33 Parce que spécialement dans le monde en ce moment actuel, dans les deux guerres, une
04:38 partie de responsabilité d'un festival comme Cannes, c'est d'alerter le monde.
04:42 C'est de donner, quand même être une miroir, de mettre en valeur les combats des gens.
04:47 Mais j'ai l'impression que cette année, ils ont choisi exprès de se mettre à part
04:54 et de choisir de jouer vraiment du côté sécurisé, de se protéger en même temps.
04:59 Je comprends, peut-être qu'ils veulent se protéger.
05:01 Mais en même temps, si nous, on ne met pas en valeur les combats des êtres humains dans
05:08 les événements comme ça, en fait, à quoi ça sert ?
05:11 Justement, on dirait qu'on veut juste oublier, on veut juste comme des ostriches, vous voyez
05:16 l'animal, l'oiseau qui met...
05:19 - L'autruche.
05:20 - L'autruche.
05:21 Mettre la tête dans la terre et juste dire que "ah, il n'y a rien qui se passe, on est
05:24 juste autour du cinéma, on a des grands noms, la glam et tout ça, et le reste, non, non,
05:30 non, tout va bien.
05:31 Mais tout ne va pas bien.
05:32 On souffre, les artistes souffrent, et moi oui, je suis déçue.
05:37 - Vous vivez depuis une quinzaine d'années en exil.
05:39 A l'époque, le régime avait tenté de vous garder en Iran parce que vous aviez tourné
05:42 aux Etats-Unis avec Leonardo DiCaprio, vous aviez réussi à fuir in extremis.
05:46 Depuis, vous ne pouvez plus rentrer.
05:48 Il y a un an et demi, dans cette émission sur RTL, vous nous aviez dit "je rêve parfois
05:52 que je rentre en Iran".
05:53 Est-ce que vous faites toujours ce rêve ?
05:55 - C'est drôle parce que notre rêve, c'est aussi notre pire cauchemar.
06:00 Parce que je rêve de rentrer en Iran, mais un de mes pires cauchemars que j'ai une fois
06:05 par semaine, c'est que je suis dans un avion qui va en Iran et je ne dois pas être dans
06:09 cet avion parce que je sais que je ne dois pas atterrir en Iran.
06:12 - Vous dites que l'exil, ça arrache 9/10 de votre âme.
06:16 - Presque, il reste 1% à peu près.
06:21 Et on n'est plus le même, on est abîmé pour une vie, mais avec ce petit morceau qu'on
06:28 a, on reconstruit.
06:29 On dirait avec un chevaud, avec les ADN, on essaye de reconstruire un être humain à
06:34 tout.
06:35 Mais on n'est plus pareil, on est un clone de nous.
06:38 - Ce qu'on perçoit, nous occidentaux, de ce qui se passe là-bas en ce moment, c'est
06:40 que la répression de la police des mœurs semble encore s'accentuer.
06:44 Vous diriez que c'est encore plus grave que ce n'était parce qu'on avait l'impression
06:47 qu'on était déjà arrivé au maximum ?
06:49 - Le mal qu'ils font, en fait, on ne sait pas jusqu'où.
06:52 Justement, à peine de mort de Toumach Salehi, c'est comme, on dirait qu'ils veulent dire
06:56 jusqu'où ils peuvent pousser leur ignorance et cruauté.
07:01 Je ne sais pas jusqu'où ils peuvent pousser la patience d'un peuple.
07:08 J'espère qu'on sait qu'on est en train de marcher sur le chemin vers la liberté.
07:13 On ne sait pas où est la destination, mais on marche.
07:16 - Ça viendra.
07:17 - Ça viendra.
07:18 - Avec un courage qui est incroyable au jour le jour.
07:20 Il n'y a plus de retour en arrière aujourd'hui en Iran.
07:22 Il y a des femmes qui, tous les jours, braves les interdits, qui sortent dans la rue sans
07:26 voile, qui prennent les transports publics sans voile.
07:29 - Chaque femme sans voile, c'est une révolution.
07:32 Et on pense que c'est rien parce qu'on vit dans une liberté absolue ici en France, en
07:40 Europe, en Occident.
07:41 Mais on ne peut pas imaginer à quel point, en fait, on a des gens qui sont morts à cause
07:45 de ne pas porter leur voile.
07:47 - Et vous-même, vous l'avez vécu, cette situation.
07:50 Parce que quand vous étiez jeune, nos auditeurs ne le savent peut-être pas, mais vous avez
07:53 été attaqué à l'acide par quelqu'un qui vous jugeait insuffisamment couverte.
07:58 C'était ça, être jeune en Iran ? C'est toujours ça, être jeune en Iran ?
08:01 - Oui, mais en même temps que, comme j'ai dit, c'était banal pour moi.
08:05 C'était quelque chose qui ne devait pas nous casser pour la vie.
08:09 On était dans un bataille permanent, permanent, pour aller vers la liberté.
08:15 - Sur l'esquive aussi, parce que vous vous faisiez appeler Amir, vous étiez rasé la
08:18 tête pour être tranquille en quelque sorte.
08:20 - Oui, de toute façon, plus on avait des contraintes et des limitations, plus on devenait
08:25 créatif pour être libre.
08:27 Chaque fête qu'on n'était pas attrapé, c'était une victoire.
08:31 Chaque concert dans les sous-sols, c'était une victoire.
08:34 On était victorieux, on était les champions.
08:37 Chaque nuit qu'on a fait quelque chose, on a bu, on a eu un bon moment, on était les
08:44 champions.
08:45 Et c'était existentiel de créer, de faire de la musique, de jouer, de faire du vélo.
08:51 A chaque moment, on était victorieux.
08:53 Et c'était ça la vie en Iran.
08:56 Et là, c'est devenu encore plus grand.
08:58 Oui, chaque femme qui sort sans voile et qui rentre chez elle, ça c'est un gouloir.
09:03 Elle a resté vivante et elle n'a pas cédé.
09:06 - Golshifteh Farhami, votre papa avait été convoqué en 2012 par la police.
09:10 Est-ce qu'avec vos prises de position, vous avez peur pour votre famille aujourd'hui ?
09:14 - J'ai toujours peur.
09:15 En même temps qu'ils me connaissent et ils savent que je ne peux pas vivre autrement.
09:20 Mais en même temps, c'est lui qui m'a appris tout cela.
09:24 De ne pas céder.
09:26 Aller vers la justice et la liberté, quoi que ce soit, même si le prix c'est ma vie.
09:30 Alors, on le vit ça tous ensemble.
09:34 Quand même, je suis très très reconnaissante.
09:36 - Merci Golshifteh Farhami, vous la comédienne, la porte-voix aussi de cet espoir de liberté
09:40 en Iran d'avoir été notre invitée dans RTL.
09:43 Bonsoir à quelques jours de votre retour ici en France sur les écrans de cinéma dans
09:46 le film Roca.
09:47 Juste avant de vous laisser, dans une heure, la suite de l'émission vous plaira certainement.
09:52 Il y a de la cuisine, je sais que vous aimez ça et surtout il y a de la musique.
09:55 On sait que vous êtes une musicienne, une pianiste accomplie.
09:57 - Et je cuisine bien.
09:58 - Et vous cuisinez bien.
09:59 Qu'est-ce qu'il y a dans votre playlist Golshifteh Farhami ? Est-ce qu'il y a un groupe, un artiste
10:04 que vous écoutez extrêmement régulièrement ?
10:07 - Le playlist qui est toujours avec moi quand je tourne, c'est Olafur Arnalds.
10:11 Moi j'adore les artistes islandais.
10:14 Je sais pas pourquoi.
10:15 - Moi aussi j'aime beaucoup les artistes islandais.
10:17 Non mais c'est vrai, c'est une langue qui vient du viking, du Xe siècle, qui a quasiment
10:21 pas bougé et c'est bizarrement assez mélodieux finalement.
10:24 - Et leur musique, je sais pas, ça pénètre dans mon âme.
10:28 - En tout cas vous êtes la deuxième personne que je connais après Julien qui écoute de
10:32 la musique islandaise.
10:33 - Oui, de la musique islandaise.
10:34 - Je crois à un concert de Sigur Rós.
10:36 Je connaissais pas du tout, je me souviens même plus le nom et lui connaissait.
10:39 Vous connaissez ça aussi ?
10:40 - Depuis que j'ai 14 ans.
10:41 - Asgélire, formidable.
10:42 On a pas eu la même adolescence.
10:43 - Asgélire, ouais.
10:44 - Et en cuisine, puisque vous êtes également une cuisinière accomplie visiblement, est-ce
10:49 qu'il y a un plat dont vous raffolez ? Et on connaît très peu la gastronomie iranienne
10:52 en France.
10:53 Est-ce qu'il y a un plat qui vous rappelle chez vous ?
10:55 - Toutes mes amies viennent chez moi pour manger le riz iranien qui est avec le, on
11:00 dirait, the crust, ce qui fait de croustille avec du saffran.
11:05 Et aussi il y a un plat avec de d'aubergine et d'agneau.
11:11 - Merci beaucoup Ghoshif Teffarani d'avoir été notre invitée dans RTL Bonsoir.
11:14 Rochka sort le 15 mai au cinéma.
11:16 Merci beaucoup.
11:17 - Merci beaucoup.
11:18 - Et l'émission continue.
11:24 Dans un instant, changement de ton, changement de sujet avec votre RTL Inside.
11:28 Quel accent ce soir ?
11:30 - Et comment Marseille se prépare à accueillir la flamme olympique ? Branle bas de combat
11:34 sur le Vieux-Port.
11:35 - Et puis la visoconférence d'Alex Vizorek arrive et ce soir Alex rit du Premier ministre
11:40 Gabriel Attal.
11:41 Donc vous ne bougez pas.
11:41 Rtlbon