Elle se bat pour la mémoire de son fils. | LE CRAYON
Le témoignage de Latifa Ibn Ziaten, mère d’Imad Ibn Ziaten, le premier militaire assassiné à Toulouse par le terroriste Mohammed Merah.
À la suite de ce drame, elle fonde l’association « IMAD pour la Jeunesse et la Paix ».
À la suite de ce drame, elle fonde l’association « IMAD pour la Jeunesse et la Paix ».
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00:00 Mon fils sort moins le mort en souffrance.
00:02 Je me suis mis à genoux et j'ai dit à Ahmed,
00:04 "David, s'arrêtez là, mon fils n'est pas la mienne.
00:06 Je vais aller chercher cet assassin, je te promets."
00:09 Je ne sais pas où est devenue cette force.
00:10 Je me suis trouvée dans ce quartier du Zizar
00:12 et j'ai tombé sur un groupe de jeunes.
00:14 Et j'ai dit, je vais m'adresser à eux
00:15 de demander où il habite, Mohamed Marrah.
00:17 Et quand je me suis adressée à eux,
00:19 il y en a un qui fait la tête comme ça,
00:21 il se met à rigoler.
00:22 Il m'a dit, "Vous ne savez pas, madame ?
00:23 Mohamed Marrah, c'est un martyr.
00:25 C'est un héros de l'islam, il a mis la France à genoux."
00:28 Et je l'ai regardé et j'ai dit, "Mon Dieu."
00:30 Et ils me l'ont tué deux fois, ces jeunes.
00:33 "Savez-vous qui je suis ?"
00:34 "Non, madame, je suis la mère de Mohamed."
00:36 "Et vous me dites que c'est un héros,
00:38 c'est un martyr, l'assassin."
00:40 Et ces jeunes, ils m'ont encerclée.
00:41 Je croyais que ça leur était arrivé.
00:43 J'ai dit, "Vous me laissez juste prier
00:45 et je peux mourir sans problème.
00:46 Je n'ai pas peur de mourir."
00:47 Ces jeunes, il a retiré la casquette.
00:50 Il y en a qui cachaient son cigarette,
00:52 ils étaient mal à l'aise.
00:53 Il m'a dit, "On est désolés, madame,
00:55 vraiment désolés.
00:56 Mais regardez où on habite, tournez-vous,
00:58 regardez ce quartier, on est enfermés.
01:00 La République nous a abandonnés.
01:02 Les familles ne peuvent plus rien faire pour nous.
01:04 La société a eu peur de nous.
01:06 Alors nous, on est déjà morts, madame.
01:07 Vous ne pouvez rien faire."
01:08 Moi, je regarde ces jeunes et je dis, "Mon Dieu."
01:11 Mais je dis, "La République, c'est vous,
01:12 vous êtes républicain.
01:13 Vous êtes né en France,
01:14 mais vous n'avez pas compris.
01:16 On est mal acceptés, madame.
01:17 On n'a pas notre place.
01:18 Alors nous, on est déjà morts, madame.
01:20 Vous êtes une mère courageuse
01:22 de venir jusqu'ici,
01:23 de chercher l'assassin de votre fils.
01:25 S'il vous plaît, parlez à nos frères, madame."
01:27 Il m'a tenu la main comme ça,
01:28 et je dis, "Je te promets,
01:30 je ferai ce que je pourrais faire.
01:31 J'ai créé cette association,
01:33 c'est pour rendre hommage à mon fils.
01:34 Vous êtes l'origine de ma souffrance
01:36 et moi, je vous donne la main.
01:37 Je vous promets."