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00:00 C'est une rencontre officielle entre deux des chefs d'État les plus protégés au monde,
00:08 le Russe Vladimir Poutine et le Nord-Coréen Kim Jong-un.
00:12 « Bonjour, ravi de vous voir.
00:15 Merci de nous avoir invités et de nous recevoir.
00:19 »
00:20 Deux dirigeants qui ont fait de leur protection personnelle une obsession.
00:24 Au programme ce jour-là, la visite du cosmodrome Vastoshny, situé en Sibérie.
00:31 « Nous avons construit un aéroport à côté avec une piste.
00:36 Elle mesure combien ? 3200 mètres.
00:40 3200 mètres, c'est pour tous les avions.
00:42 »
00:43 Une visite qui va soudain connaître une légère entorse au protocole.
00:46 Le président russe décide de présenter au dictateur nord-coréen sa voiture personnelle,
00:53 le véhicule idéal selon lui pour tout dirigeant soucieux de sa sécurité.
00:57 « Il y a maintenant un arrêt totalement imprévu.
01:01 Vladimir Poutine montre à Kim Jong-un sa voiture de marque Horus.
01:05 Nous sommes en train de voir que Kim Jong-un vient de s'asseoir dans la voiture.
01:10 Vladimir Poutine est à côté.
01:11 Cela fait déjà pas mal de temps, au moins 4 ou 5 minutes, que Vladimir Poutine et Kim
01:17 Jong-un se trouvent dans cette Horus.
01:20 C'est notre véhicule, on l'a baptisé Horus.
01:24 On vient de commencer à la produire en Russie.
01:26 Ça, c'est la version rallongée et ça, c'est la version limousine.
01:32 »
01:33 Dans sa version présidentielle, tout dans ce véhicule a été pensé pour assurer
01:39 une sécurité maximale au maître du Kremlin.
01:42 « L'Horus ne sert pas qu'à protéger le président.
01:48 C'est aussi un poste de commandement mobile bardé d'équipements de communication.
01:55 Elle peut passer en mode totalement hermétique, de façon à ce qu'aucun gaz ne puisse pénétrer
02:03 dans l'habitacle.
02:04 Elle est bien sûr totalement blindée pour résister à des tirs d'armes de guerre à
02:10 bout portant.
02:12 L'idée est que cette voiture soit une forteresse sur roue pour le président.
02:16 »
02:17 Une forteresse dont il fait la promotion à chaque dirigeant qu'il rencontre, comme
02:22 l'Égyptien Al-Sisi ou le président ouzbek Mirzy Yoyev.
02:27 D'où vient cette préoccupation sécuritaire ? Vladimir Poutine craint-il pour sa vie ?
02:33 Qui sont les hommes chargés de sa protection ?
02:35 Comment veillent-ils sur l'un des dirigeants les plus puissants au monde ?
02:48 Notre enquête commence à Vilnius, en Lituanie, où de nombreux opposants russes ont trouvé
03:01 refuge.
03:02 Comme Vladimir Milov, qui fut vice-ministre de l'Industrie dans le premier gouvernement
03:07 de Vladimir Poutine en 2002.
03:10 Il a alors pu observer le fonctionnement de l'unité d'élite chargée de la sécurité
03:15 du maître d'Ukrainien.
03:18 « Il a une sorte de garde prétorienne, le service fédéral de protection, appelé FSO.
03:26 Il est composé d'environ 50 000 agents.
03:29 C'est une armée.
03:30 Sa seule tâche est de protéger Poutine.
03:33 Ils sont très bien payés, entraînés et équipés.
03:42 Et ils ne sont là que pour une chose, quoi qu'il arrive, même en cas de guerre nucléaire,
03:48 protéger cette personne.
03:50 »
03:51 Ilia Rostestensky vit lui aussi en exil à Vilnius.
03:57 Menacé, ce journaliste d'investigation a dû fuir son pays en 2021.
04:02 Il enquête depuis de nombreuses années sur le FSO qui protège Vladimir Poutine.
04:07 « Le seul but de ce service est de fournir à Poutine tout ce dont il a besoin.
04:13 Ils sont responsables de sa sécurité lors des voyages officiels, mais aussi privés.
04:19 Ils s'assurent que Poutine mange bien, que Poutine dorme bien, que Poutine soit en sécurité.
04:25 Certains sont chargés des communications secrètes, d'autres des achats de nourriture
04:31 ou de ses voitures.
04:32 Si quelqu'un essaie de le tuer, ils seront les premiers à intervenir.
04:36 »
04:37 Dans le cadre de ses investigations, ce journaliste a réussi un scoop.
04:43 Il a interviewé cet homme, Gleb Karakulov, un agent du FSO qui a déserté.
04:51 Un témoignage rare sur la sécurité au cœur du pouvoir.
04:55 Durant sa carrière, il a effectué 180 missions à l'étranger, pendant lesquelles il était
05:01 chargé de la sécurité des communications de Vladimir Poutine.
05:05 En 2022, il décide de fuir avec sa famille.
05:09 L'interview se fait à distance, alors que l'ex-agent du FSO se trouve dans un lieu
05:18 tenu secret en Turquie.
05:20 « Quand avez-vous décidé de quitter votre emploi ? »
05:23 « En février 2022, une guerre criminelle a commencé.
05:29 Et j'ai décidé de ne pas me voiler la face.
05:33 Je ne pouvais pas rester au service de ce président, que je considère comme un criminel
05:39 de guerre.
05:40 »
05:41 L'ex-agent du FSO a observé ces dernières années des changements d'attitude chez
05:47 le chef du Kremlin.
05:48 « Depuis deux ans, il passe la plupart de son temps dans ses résidences, que les médias
05:57 appellent des bunkers.
05:58 Il n'utilise ni Internet, ni téléphone portable.
06:03 Il a maladivement peur qu'on intente à sa vie.
06:08 Lors d'un voyage au Kazakhstan, alors que d'habitude on installe le système de communication
06:16 dans le bureau de l'ambassadeur, cette fois-ci on a dû l'installer dans l'abri anti-bombe
06:20 de l'ambassade russe.
06:21 C'est une forme de paranoïa, car vous êtes sur le territoire d'un pays étranger qui
06:28 assure votre sécurité et votre ambassade est elle-même protégée.
06:32 »
06:33 Vladimir Poutine a-t-il peur qu'il y ait un attentat contre lui lors de ses voyages
06:40 à l'étranger pour qu'il ait besoin de se réfugier dans un bunker pour communiquer ?
06:44 « À quoi servirait cet abri sinon ? C'est exactement ça.
06:48 Il a peur.
06:51 »
06:52 Formé à l'école du KGB, Vladimir Poutine sait que la discrétion est parfois la meilleure
06:56 des protections.
06:57 Pour ses réunions de travail, il a ainsi recours à un stratagème particulièrement efficace.
07:05 « On a découvert que Poutine a décidé d'avoir les mêmes bureaux dans toutes ses
07:11 résidences.
07:12 Ils sont totalement identiques.
07:14 Vous ne verrez pas la différence.
07:17 Parfois, je savais qu'il était à Sochi, sur les bords de la mer Noire.
07:21 Et à la télévision, les infos montraient qu'il tenait une réunion à Novo Gariovo,
07:26 près de Moscou.
07:27 Donc je demandais à un collègue qui se trouvait à Sochi « Il est déjà parti le président
07:32 ? » Et il me disait « Non, il est encore là ».
07:35 Le seul but de cela, c'est de s'assurer que lors de ces réunions de travail qui sont
07:46 filmées, personne ne sache où cela se passe.
07:50 J'ai vécu pendant 20 ans en Union soviétique et je ne me souviens pas d'une telle paranoïa
07:56 parmi les ex-leaders soviétiques.
07:57 »
07:58 Brouiller les pistes, pour dissimuler son agenda, quitte à alimenter les rumeurs les
08:04 plus folles, comme celle d'avoir recours à un sosie.
08:06 Une pratique qui a certes existé à l'époque soviétique.
08:12 Staline avait ainsi une doublure quasi officielle, qui le représentait lors de certains défilés
08:19 ou apparitions publiques.
08:20 S'agissant de Vladimir Poutine, les rumeurs ont pris une telle ampleur que le porte-parole
08:27 du Kremlin, Dmitri Peskov, est intervenu pour les démentir.
08:31 « Vous avez certainement entendu dire que Poutine a plusieurs sosies qui travaillent
08:37 à sa place, tandis que lui serait dans un bunker.
08:40 Ça c'est encore un mensonge.
08:43 Vous voyez bien quel président nous avons.
08:45 Il est, comme il a toujours été, super actif.
08:49 »
08:50 Mais à défaut de parfaits sosies, le service de sécurité de Vladimir Poutine fait appel
08:56 à des doublures pour multiplier les fausses pistes quand il voyage.
08:59 « Si Poutine veut faire croire qu'il va quelque part en avion, son service de sécurité
09:08 prépare l'avion à l'aéroport.
09:09 C'est un des avions présidentiels.
09:11 Puis il prépare plusieurs voitures.
09:17 Et dans l'une d'entre elles, ils font monter quelqu'un qui ressemble à Vladimir Poutine,
09:21 du moins de loin.
09:22 Il s'assure qu'il embarque dans l'avion.
09:25 Donc on a l'impression que Poutine est monté à bord, puis l'avion décolle pour une destination.
09:35 Mais en fait, Vladimir Poutine n'a pas bougé.
09:38 Il peut ensuite s'envoler à loisir pour une autre destination.
09:42 »
09:43 Des véhicules leurres, un stratagème aussi appliqué s'agissant des convois motorisés
09:50 du président russe.
09:51 Pascal Bito Panelli est un ancien commandant du service de protection des hautes personnalités.
09:57 Il a assuré la sécurité des présidents Sarkozy puis Hollande.
10:02 Il a aussi travaillé de concert avec les hommes chargés de la protection de Vladimir
10:07 Poutine lors de ses déplacements en France.
10:11 Il nous décrypte l'organisation type d'un cortège présidentiel.
10:15 « Une voiture de pilotage assez classique.
10:18 Derrière le Horus Arsenal, qui est un véhicule technique qui transporte des gardes du corps
10:24 lourdement armés.
10:25 »
10:26 On voit qu'il y a des choses sur le toit.
10:28 Qu'est-ce que c'est ?
10:29 « Ça, c'est de la transmission et du brouillage.
10:32 On brouille toujours autour des cortèges de Vladimir Poutine, bien sûr pour les transmissions,
10:37 pour l'explosif, éventuellement maintenant aujourd'hui aussi pour les drones.
10:40 »
10:41 Et ça, c'est un véhicule russe ? Ils viennent avec ?
10:43 « Affirmatif.
10:44 Comme le président Biden, sur les véhicules très techniques et confidentiels, on emmène
10:49 son matériel.
10:50 On ne travaille pas avec le matériel du pays.
10:54 »
10:55 Seule une poignée de chefs d'État se déplacent ainsi, avec leurs propres véhicules, qui
11:00 sont aussi rigoureusement identiques par souci de sécurité.
11:03 « Une limousine Horus, qui peut contenir le président ? On ne le sait pas parce qu'on
11:13 pratique avec le président Poutine la politique du leurre.
11:16 On double.
11:17 Et on a derrière une deuxième limousine qui est encadrée par des véhicules de sécurité.
11:23 Ça, c'est pour remonter encore le niveau de sécurité.
11:26 On voit même sur certains déplacements non pas deux, mais trois limousines similaires.
11:32 Donc, en cas d'attaque, quel est le véhicule dans lequel se trouve le président ? Et sur
11:37 certains déplacements plus sensibles, il arrive qu'il y ait même plusieurs cortèges
11:43 qui ont des itinéraires différents.
11:45 »
11:46 Toujours plus soucieux de sa protection, pour ses longs déplacements en Russie, Vladimir
11:52 Poutine a aussi adapté ses modes de transport.
11:54 Il aurait délaissé l'avion, pour privilégier le train jugé plus sûr.
11:59 « Le plus étonnant, c'est qu'on constate qu'il a commencé à utiliser le train de
12:05 façon très fréquente, juste avant le début de la guerre en Ukraine.
12:09 Apparemment, il était un peu inquiet pour sa sécurité.
12:12 Il se demandait si les forces armées ukrainiennes n'allaient pas s'en prendre à son avion.
12:16 Or, c'est extrêmement difficile de tracer un train.
12:21 Il n'existe pas de site comme Flightradar qui permet de suivre les avions en temps réel.
12:25 »
12:26 Pour encore plus de discrétion, le train présidentiel ressemble à n'importe quel autre train
12:34 russe.
12:35 Même couleur, même apparence.
12:37 Seuls quelques détails trahissent l'identité de son hôte.
12:42 « Ce train a deux ou trois locomotives, ce qui est très rare.
12:48 D'habitude, en Russie, les trains n'en ont qu'une.
12:50 »
12:51 Autre différence, ces globes blancs situés sur son toit.
12:58 Ils abritent les antennes de transmission.
13:02 Pour pouvoir communiquer secrètement, comme la plupart des présidents, Vladimir Poutine
13:09 a à sa disposition un système de communication crypté.
13:12 Le train est également entièrement blindé pour résister à des tirs d'armes automatiques.
13:18 Une obsession sécuritaire qui n'empêche pas d'avoir un goût certain pour le luxe.
13:25 Tout semble avoir été conçu pour le confort du chef du Kremlin.
13:28 Une salle à manger avec ses boiseries.
13:31 Une salle de gym ultra moderne.
13:34 Un hamam.
13:37 Et plus étonnant encore, un cabinet de soins cosmétiques.
13:43 Dans un pays où le poison est l'une des armes favorites pour éliminer les opposants,
13:51 un autre domaine fait l'objet d'une surveillance toute particulière.
13:54 L'alimentation du maître du Kremlin.
13:57 "Poutine a plusieurs chefs et goûteurs attitrés du FSO.
14:04 Ils contrôlent la nourriture, les boissons.
14:07 S'ils soupçonnent quoi que ce soit, ils vérifient le goût, l'odeur, la couleur.
14:12 Les produits alimentaires que mange Poutine ne sont pas achetés dans un magasin.
14:19 Il y a des fermes spéciales où sont cultivées les fruits et les légumes.
14:24 On y élève des vaches, des moutons.
14:27 Tout cela est aussi sous le contrôle du FSO.
14:31 Poutine a très peur pour sa vie.
14:35 Il tremble de peur qu'on l'empoisonne, qu'on l'assassine.
14:38 C'est pour cela qu'il a ses gens à son service."
14:47 Même précaution lors de ses déplacements internationaux.
14:52 "Quand Poutine voyage à l'étranger, tout ce qu'il mange et boit a été apporté
14:58 sous scellé depuis la Russie.
15:00 Donc même quand on le voit à une réception diplomatique et qu'il porte un toast avec
15:04 un leader étranger, le champagne qui est dans son verre a été versé par les hommes
15:09 de sa sécurité depuis la bouteille qu'ils ont apporté avec eux."
15:13 Et un accessoire ne le quitte jamais.
15:16 Même lors des sommets internationaux, ce mug isotherme avec couvercle.
15:21 A la différence des autres chefs d'État, Vladimir Poutine ne touche presque jamais
15:28 les boissons mises à sa disposition par les organisateurs.
15:31 Il existe même, selon ce journaliste d'investigation russe en exil aux États-Unis, un protocole
15:37 de sécurité si Vladimir Poutine manipule un verre autre que son mug.
15:42 "Par exemple, si Poutine n'utilise pas son mug personnel mais un verre fourni par
15:50 l'organisation, les hommes chargés de le protéger vont nettoyer le verre après qu'il
15:54 est manipulé pour ne laisser aucune trace de son ADN.
15:58 Cela peut paraître très étrange comme attitude, mais pour la Russie d'aujourd'hui, c'est
16:05 normal."
16:06 L'ADN permet notamment de connaître les prédispositions d'une personne à certaines
16:11 maladies.
16:12 Vladimir Poutine a-t-il toujours vécu dans cette bulle sécuritaire ? Était-il plus
16:19 visible, plus accessible avant ?
16:21 Pour son ancien ministre, qu'il a connu lors de son premier mandat présidentiel,
16:27 au début des années 2000, le Poutine d'aujourd'hui n'a rien à voir avec celui des débuts.
16:34 "Il n'était pas entouré par autant de gardes du corps.
16:37 À la fin de son premier mandat présidentiel, il y a eu un concert de Paul McCartney sur
16:43 la place rouge.
16:44 Et on voit Poutine arriver du Kremlin avec seulement quelques gardes du corps.
16:54 Et il est très proche des gens qui le saluent.
16:57 Il avait une attitude très différente de celle d'aujourd'hui."
17:05 C'est en 2012 qu'une rupture se produit.
17:22 Vladimir Poutine est réélu président pour un troisième mandat.
17:28 Il est alors contesté dans la rue.
17:32 Son attitude va changer.
17:36 "Je crois que le point de bascule a été quand il est revenu au pouvoir en 2012, alors
17:43 qu'il y avait à l'époque des manifestations monstres contre ce retour.
17:46 Les printemps arabes en Libye, en Syrie et dans les autres pays ont également joué
17:54 un rôle important, avec des dictateurs qui ont été renversés ou menacés.
17:59 Donc à partir de 2012, sa préoccupation constante a été de renforcer sa sécurité
18:06 personnelle."
18:07 Un épisode aurait particulièrement marqué le président russe.
18:12 La mise à mort du dictateur libyen Muammar Gaddafi par son propre peuple.
18:17 Un lâchage filmé, en direct, sur des téléphones portables.
18:23 Jean-Maurice Ripert, ancien ambassadeur de France en Russie, a été témoin, lors d'un
18:32 tête-à-tête entre Vladimir Poutine et François Hollande, de l'effroi ressenti par le président
18:37 russe.
18:38 "Les yeux injectés de sang et perdant presque son contrôle, ce qui est extrêmement rare
18:43 pour Vladimir Poutine, il a commencé à crier.
18:47 Est-ce que vous avez vu ces images du colonel Gaddafi, un chef d'État martyrisé contre
18:53 un tank, assassiné par son propre peuple ? Ça c'est tout à fait extraordinaire.
18:58 Donc oui, je pense que dans son comportement, il y a certainement aussi cette peur des hommes
19:06 isolés."
19:07 Un isolement qui va encore s'accentuer avec la pandémie de Covid-19.
19:17 Par peur d'être contaminé, le président russe va quasiment se couper du monde.
19:25 "Il s'inquiétait plus pour sa santé que n'importe quel autre chef d'État.
19:33 Il avait peur de l'attraper.
19:34 Et il s'est alors bunkérisé, on ne sait pas où.
19:39 Il n'autorisait quasiment plus personne à le rencontrer.
19:44 Seuls ceux qui étaient prêts à passer au préalable plusieurs semaines en quarantaine,
19:52 dans un hôtel, avaient l'autorisation de le voir."
19:58 Un luxe de précaution qui prévaut aussi quand il reçoit Emmanuel Macron à Moscou,
20:04 en février 2022, quelques jours avant l'invasion de l'Ukraine.
20:09 Et qui a donné cette image largement commentée des deux présidents, assis à 6 mètres l'un
20:15 de l'autre, autour de cette immense table en marbre.
20:18 L'isolement du président russe pendant la pandémie aurait aussi accru son sentiment
20:25 de peur à l'égard de tout ce qui l'entoure.
20:29 "Il ne voyait plus le monde qu'au travers de ces dossiers rouges, classifiés "secrets
20:34 défense" que lui fournissait le FSB.
20:36 Il n'avait plus une vision réelle de l'état du monde.
20:40 Il voit une menace partout dans le monde, dans l'opposition, dans son cercle proche,
20:48 même parmi ses amis.
20:49 Le problème, c'est que cette paranoïa propre aux agents du KGB s'est développée de plus
20:55 en plus chez lui.
20:56 Et personne ne peut lui dire aujourd'hui "s'il te plaît, arrête".
21:02 Quand tu es au sommet du pouvoir depuis 24 ans, tu deviens inarrêtable.
21:07 Selon l'adage "diviser pour régner", Vladimir Poutine n'hésite pas à multiplier les organes
21:14 de sécurité.
21:15 Une sorte d'assurance vie, censée le prémunir d'un coup d'état.
21:19 Il veut disposer d'un nombre important d'organes de sécurité, et c'est le cas.
21:25 Il a besoin que chaque service rivalise avec l'autre.
21:28 Il ne veut pas qu'un service concentre tout le pouvoir, qu'un général ait trop de
21:32 pouvoir.
21:33 En 2016, il décide d'ajouter un nouvel organe de sécurité, la garde nationale de Russie.
21:43 Ma décision est prise, nous créons un nouvel organe fédéral de sécurité qui va dépendre
21:48 du ministère de l'Intérieur.
21:50 Une unité de 350 000 hommes.
21:54 Comme souvent, avec Vladimir Poutine, il place à sa tête un fidèle parmi les fidèles,
22:00 Viktor Zolotov.
22:03 L'homme a été pendant des années le chef des gardes du corps du président.
22:08 Sa nouvelle mission, prévenir les actes terroristes, les émeutes ou les tentatives de putsch.
22:16 Comme lors de la mutinerie d'Evgeny Prigojin, le patron de Wagner, qui s'empare le 24
22:22 juin dernier d'un quartier général de l'armée, à Rostov-sur-le-Don.
22:26 Nous sommes au quartier général de l'armée à Rostov-sur-le-Don.
22:31 Il est 7h30 du matin.
22:33 Tout le quartier général est sous notre contrôle, y compris l'aéroport.
22:39 Ce jour-là, les hommes de Wagner fondent vers Moscou sans rencontrer beaucoup de résistances.
22:45 On a vu l'efficacité de la garde nationale, ils n'en ont aucune.
22:50 Lors de la mutinerie de Prigojin, ils n'ont pas bougé, ils n'ont rien fait.
22:54 Absolument rien.
22:56 Pour justifier son inaction, Viktor Zolotov expliquera qu'il ne disposait pas d'armes
23:02 lourdes pour faire face aux hommes de Wagner.
23:04 Depuis, la garde nationale a été dotée de tanks.
23:09 Le 17 mars prochain, les Russes voteront pour élire leur président.
23:15 Un scrutin dont le résultat semble connu d'avance.
23:19 En vue de sa réélection, Vladimir Poutine a renoué depuis peu avec les apparitions
23:27 publiques, multipliant les contacts avec ses concitoyens.
23:30 Une manière d'atténuer son image de président bunkerisé, obsédé par sa propre sécurité.
23:39 Merci.
23:40 -E. Macron -Excellent.
23:42 Merci.
23:43 -E. Macron -Au revoir.