• il y a 7 mois
L'Anses souhaite mettre en place un nouveau nutriscore qui permettrait de classer les aliments en fonctions de plusieurs critères: les conditions d'élevage, les pratiques de l'éleveur, l'alimentation, les démarches mises en œuvre pour assurer la bonne sécurité des animaux, jusqu'aux techniques d'abattage. 

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Générique]
00:05 Et avec nous, Hélène Thuy, merci d'être avec nous, tête de liste du parti animaliste aux élections européennes,
00:10 Jordi Bouanchaud, agriculteur-éleveur en Vendée, administrateur national en charge de l'élevage justement pour les jeunes agriculteurs,
00:16 et Margot de Frouville, parce que l'ANSES, l'agence de sécurité des aliments, veut classer la viande, les produits laitiers et les oeufs,
00:24 en tenant compte en fait des conditions de vie des animaux. Ça fonctionnerait comment ?
00:28 Comme un Nutri-score du bien-être animal avec 5 niveaux, donc 5 lettres de A pour le meilleur jusqu'à E, le plus mauvais,
00:35 le plus mauvais correspondant au respect minimal de la réglementation européenne.
00:41 L'ANSES propose à la fois de s'intéresser aux conditions d'élevage sur le papier, mais aussi d'étudier les bêtes elles-mêmes.
00:49 Il y a 8 facteurs de risque qui sont recensés, parmi lesquels les caractéristiques génétiques, les techniques d'élevage,
00:54 les pratiques de l'éleveur, l'hébergement, l'alimentation, les démarches mises en œuvre pour assurer la bonne santé des animaux.
01:00 Un exemple concret, par exemple, avec l'alimentation. Elle doit être facilement accessible et adaptée à chaque espèce,
01:05 mais aussi satisfaire les besoins comportementaux, les habitudes des animaux, comme le fouissage,
01:11 c'est le fait de creuser dans le sol pour les porcs, ou le picotage ou le grattage pour les volailles.
01:15 Mais ça veut dire, Margot, qu'il y aurait une nouvelle étiquette sur les aliments ?
01:18 Exactement, une nouvelle étiquette, c'est ce que préconise l'ANSES qui s'était auto-saisie de la question en 2021,
01:24 sachant que l'Europe voulait harmoniser les pratiques, parce qu'aujourd'hui, on sait qu'il existe parfois des mentions
01:29 sur poules élevées en plein air ou poulet, cher français, mais il n'y a pas d'harmonisation,
01:34 on ne connaît pas exactement les différences de quelles décharges.
01:37 Et ce qui s'est passé après l'élevage aussi.
01:39 Ça va jusqu'à l'abattage.
01:41 Qu'est-ce que vous pensez de tout ça, M. Bouanchaud ?
01:47 Alors je crois qu'il ne nous entend pas, M. Bouchard.
01:49 Jordi Bouanchaud, qu'est-ce que vous pensez de ce nouvel étiquetage possible ?
01:54 Alors visiblement, on a un problème de liaison.
01:58 Qu'est-ce que vous en pensez, Mme Twiss ? Ce n'est pas un peu gadget.
02:01 Alors c'est surtout...
02:03 La position de l'ANSES, c'est de nous dire, la note E, c'est la réglementation, la réglementation actuelle.
02:10 Et en fait, c'est la pire des notations.
02:12 Donc qu'est-ce qu'on doit en comprendre ? C'est que la réglementation actuelle est préjudiciable et très préjudiciable aux animaux.
02:17 Donc au lieu de mettre une étiquette, en fait, il faut changer la réglementation et interdire les pratiques.
02:22 C'est-à-dire aller plus loin que ce que préconise l'ANSES.
02:26 En fait, ce que dit l'ANSES, c'est qu'aujourd'hui, la réglementation minimale applicable aux animaux est désastreuse et préjudiciable aux animaux.
02:32 Et effectivement, 95 % des cochons vivent enfermés dans des bâtiments, ne sortent jamais, sauf pour aller à l'abattoir.
02:37 84 % des poulets vivant fermés, pareil, ne sortent jamais de ces bâtiments.
02:42 Donc oui, c'est un désastre pour les animaux, pour l'environnement également, pour notre santé, parce qu'il y a des risques sanitaires que génèrent ces élevages.
02:49 Et donc, plutôt qu'une petite étiquette, il faut arrêter.
02:52 C'est ce que disent les associations.
02:53 Mais reconnaissez que c'est quand même un pas supplémentaire vers la reconnaissance du bien-être animal.
02:59 Alors, si on veut voir le verre à moitié plein, effectivement, c'est une avancée officielle de reconnaître que les animaux
03:06 actuellement dans la réglementation actuelle sont en situation catastrophique.
03:11 Mais une fois qu'on a fait ce constat, il faut avancer.
03:13 Et nous, c'est ce que l'on porte dans le cadre de ces élections européennes, la fin de ces élevages industriels intensifs.
03:17 Et vous, Jean-Di Boncho, qu'est-ce que vous en dites ?
03:19 Bonjour à toutes et tous.
03:23 Alors, moi, ce que j'en dis, c'est qu'aujourd'hui, l'Anses doit vivre dans une bulle.
03:27 Quand on voit le mouvement agricole qu'il y a eu ces derniers temps, où on a exprimé, notamment les jeunes agriculteurs,
03:35 le sentiment de ne pas être écouté et de ne pas pouvoir faire notre métier comme on l'entendait.
03:40 Aujourd'hui, l'Anses ressort de cette préconisation, de cet indicateur, qui pour nous est une fausse bonne idée, sur plusieurs sujets.
03:48 D'abord, la première, c'est que je pense que le consommateur a de quoi s'y perdre aujourd'hui sur le packaging de l'ensemble des produits alimentaires,
03:56 lorsqu'on voit tout ce qu'il peut y avoir là-dessus.
03:58 Et deuxièmement, nous, on préconise plutôt de mettre en évidence les signes de qualité, qui peuvent être le labeul rouge, les SICO, les IGP,
04:08 qui aujourd'hui, dans leur qualité de charge, ont déjà des moyens de contrôle vis-à-vis du bien-être animal.
04:13 Donc arrêtons de vouloir encore une fois juger le travail des agriculteurs.
04:17 Pour nous, c'est inentendable.
04:19 Je crois qu'il ne s'agit pas de juger le travail des agriculteurs, il s'agit de donner une information supplémentaire aux consommateurs
04:25 et peut-être vous permettre d'exercer différemment, mieux pour le bien-être animal, votre métier.
04:32 Est-ce que l'Anne Cesse et vous-même oseriez vous dire qu'un agriculteur travaille mal ?
04:38 Aujourd'hui, je suis désolé, nous sommes formés pour faire notre métier.
04:42 Je rappelle que les animaux, ce sont nos outils de travail auxquels on y est attachés parce qu'on est éleveur, agriculteur.
04:49 On n'a aucun intérêt à maltraiter nos animaux.
04:51 On respecte l'ensemble des normes qui nous sont imposées sur l'État français ou l'État européen.
04:56 On a déjà des phases de contrôle que ce soit par la direction départementale de la protection des populations,
05:02 par, à travers, comme je vous disais, les signes de qualité qui imposent des charges supplémentaires.
05:07 Donc on a déjà ces moyens de contrôle-là.
05:09 Pourquoi vouloir catégoriser le travail des agriculteurs ?
05:12 Pour nous, c'est inentendable.
05:13 À votre avis, Hélène Thouy, est-ce que ce nouvel étiquetage qui voit le jour va influer le choix des consommateurs ?
05:20 C'est difficile à dire.
05:21 En tout cas, je voudrais rebondir sur les propos de monsieur qui qualifie les animaux comme des outils de travail.
05:27 C'est tout le problème, justement.
05:28 C'est que les animaux, monsieur, ne sont pas des outils.
05:30 Les animaux sont des êtres vivants, doués de sensibilité, qui ressentent les émotions, qui ressentent la souffrance, le stress.
05:36 Et donc, non, ce n'est pas seulement des outils.
05:38 Et c'est aussi un débat public, un débat de société de la façon dont on traite les animaux.
05:42 Et ce sujet, il a une incidence directe à la fois, évidemment, sur la protection des animaux eux-mêmes,
05:47 mais sur les intérêts humains, parce que la façon dont on traite les animaux a des incidences très claires sur la santé publique.
05:54 Je voudrais me référer à un rapport qui a été publié à la revue The Lancet en 2019,
05:59 qui disait que 1 décès sur 5 est lié à la mauvaise alimentation et notamment à la surconsommation de viande.
06:06 En fait, ça veut dire quoi ?
06:07 En France, ça équivaudrait à peu près à entre 450 et 200 décès par jour.
06:12 C'est comme si tous les jours, au journal télévisé, vous nous annonciez qu'il y avait l'équivalent d'un Airbus A380 qui s'écrasait
06:18 du fait de la surconsommation de viande et de mauvaise alimentation.
06:22 Donc, c'est un sujet majeur de société, quand même.
06:24 Mais le consommateur peut aussi faire le choix de ne pas consommer sans nécessairement porter préjudice au secteur agricole représenté par monsieur.
06:31 Alors, il y a un autre point, effectivement, vous avez raison qu'il faut pointer,
06:34 c'est le problème des subventions publiques qui vont à ce mode d'élevage.
06:37 Le problème du pouvoir d'achat qui est un problème fondamental pour les Français, notamment avec ces échéances européennes.
06:43 Pourquoi la viande est à ce prix-là et pourquoi le consommateur choisit de la viande, excusez-moi, de mauvaise qualité à bas coût ?
06:50 Ce n'est pas toujours le cas.
06:51 Ce n'est pas toujours le cas, mais c'est parce que c'est très subventionné.
06:54 Les subventions, et ça c'est un choix politique, et c'est contre ce choix politique que l'on se bat et qu'on veut aller modifier le modèle agricole de la PAC.
07:01 Il faut arrêter de subventionner l'élevage industriel et intensif qui ne produit pas, et ça c'est très important, qui ne produit pas de la nourriture, qui en gaspille.
07:09 Il faut 7 kilos de protéines végétales pour faire 1 kilo de protéines animales.
07:12 Donc on perd 6/7.
07:14 Si je vous entends, vous ne voulez pas améliorer les conditions d'élevage, vous voulez carrément supprimer l'élevage animal ?
07:20 Alors non, ce n'est pas ce qui est au programme.
07:22 Ce qui est au programme, c'est la fin de l'élevage industriel et intensif, c'est-à-dire fermer effectivement ces élevages où les animaux ne sortent pas,
07:28 ils sont enfermés, les poules, elles vivent dans une page à quatre, ça c'est inadmissible, c'est honteux.
07:33 Et donc ça, on veut en finir, et ça veut dire effectivement réduire de 50% notre production et notre consommation de produits d'origine animale,
07:40 pour l'environnement, parce qu'on sait les conséquences de ce type d'élevage, pour la santé, et aussi pour que tous les Français puissent manger à leur faim, pour éviter ce gaspillage de ressources.
07:47 Jordi Bouanchot, en fait, en substance, l'idée ce serait de produire moins, mais de produire mieux.
07:52 Est-ce que le secteur peut l'accepter ça ?
07:54 Non mais attendez, déjà, j'aimerais bien savoir ce qu'on appelle élevage industriel. En France, ça n'existe pas un élevage industriel.
08:00 Quand on aille voir dans n'importe quel autre pays du monde, les modes d'élevage, vous allez voir qu'en France, et ça a été prouvé, on a l'agriculture la plus vertueuse au monde.
08:08 On a des quais des charges sur le bien-être animal qui sont déjà hyper stricts par rapport à bien d'autres pays.
08:12 Donc essayons de prioriser d'abord les savoir-faire français, avec une agriculture française qui est déjà une agriculture territoriale,
08:20 où on s'efforce d'avoir des produits de qualité pour nos consommateurs, avec aucun risque sanitaire aujourd'hui,
08:26 avant de vouloir appeler l'agriculture française une agriculture industrielle.
08:30 Madame, on ne sera jamais d'accord là-dessus, parce que je pense que vous êtes mis des œillères,
08:34 et vous ne voulez pas entendre, ni voir ce qui se passe ailleurs.
08:37 Aujourd'hui, il faut simplement prendre un peu de recul.
08:40 Moi, mes animaux, je les aime, parce que je suis avec eux au quotidien.
08:44 Je suis éleveur bovin, mes vaches passent 10 mois de l'année à l'herbe, au pâturage.
08:49 Je suis éleveur de volailles aussi. J'aime mes poulets dans mon bâtiment, j'en prends soin.
08:54 Et ça, c'est un bon sens paysan que nous, on défend sur une agriculture basée avec des hommes,
09:00 et aller voir ce qui se passe ailleurs, lorsque ce sont, certaines fois même, des machines qui s'occupent des animaux.
09:05 Et là, on reparlera du bien-être animal.
09:06 Mais est-ce que vous êtes sûr que le moins de normes que vous avez obtenues lors de votre combat il y a quelques mois
09:10 ne va pas peser en faveur d'une agriculture ou d'un élevage moins propre, j'allais dire ?
09:18 Je ne pense pas, parce que nous, on a toujours défendu le fait de pouvoir assurer une alimentation saine et de qualité pour nos concitoyens.
09:26 On est conscient des enjeux qui sont devant nous vis-à-vis de l'agriculture.
09:30 On a des enjeux de transition environnementale, transition énergétique, transition alimentaire.
09:35 Et ça, on est bien conscient qu'on va devoir s'y préparer et y aller.
09:38 Mais pour autant, il faut arrêter de taper sur les agriculteurs, parce qu'aujourd'hui, nous, ce que l'on demande,
09:43 c'est un soutien pour aller vers toutes ces transitions qui nous attendent.
09:46 qui nous attendent.
09:47 Merci à tous les trois.
09:48 Merci, mais ce livre est d'une proposition pour l'instant de l'Ancien Seigneur de l'Ancien

Recommandations