Guillaume Meurice suspendu de France Inter après avoir répété ses propos sur Netanyahou
Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités reviennent sur la suspension de Guillaume Meurice de France Inter après avoir répété ses propos su Netanyahou.
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00:00Juste un tout petit pas de côté concernant l'actualité que, vous savez, nous traitons en temps réel dans Punchline.
00:06On a appris que le pseudo-humoriste de France Inter, Guillaume Meurice, allait être convoqué par la direction de Radio France pour un entretien disciplinaire.
00:16Je vous rappelle que ce pseudo-humoriste s'était retrouvé au cœur d'une polémique, puisque fin octobre, après le pogrom du 7 octobre, il avait dit à l'antenne,
00:26qu'il avait qualifié Benjamin Netanyahou de nazi sans prépuce. Il avait alors été entendu par la police judiciaire,
00:32mais le parquet de Nanterre avait annoncé la semaine dernière que les poursuites à son encontre étaient classées sans juge.
00:36Le problème, c'est qu'il a recommencé à l'antenne, il a réutilisé les mêmes mots.
00:40Et donc, dans un communiqué, il annonce qu'il ne participera pas aux prochaines émissions sur France Inter auxquelles il devait se rendre,
00:48et que la direction de Radio France le convoque à un entretien préalable.
00:52Jean-Sébastien Ferjou, il était temps ?
00:55Dans la mesure où il le répète, parce que je crois à la liberté d'expression, je ne suis pas certain que le débat public gagne beaucoup à sa judiciarisation.
01:03En revanche, dans la mesure où Guillaume Meurice ne pouvait pas être passé à côté de l'émotion que ça avait suscité,
01:09de l'inquiétude, même de la douleur que ça avait suscité auprès d'un certain nombre d'auditeurs.
01:15Donc, choisir de le répéter, ce n'est pas la même chose que de l'avoir dit une première fois.
01:20Effectivement, Radio France s'est montré très à cheval dans une autre affaire concernant un autre journaliste,
01:25sans que ça mobilise du tout les syndicats de journalistes,
01:31ce qui est quand même très étonnant, parce qu'il y avait assez largement un procès idéologique qui lui était fait.
01:38Là, au moins, Radio France prend-elle ses respects ?
01:41Alain Bauer, ça vous fait réagir ou pas ?
01:43Alors, moi, je suis déprogien. On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde.
01:47Je pense que, comme vient de le dire Jean-Sébastien, la judiciarisation de la parole libre est un problème généralisé.
01:56L'interdiction de la prise de parole, le wokisme militant qui veut qu'on interdise ceux qui ne pensent pas comme vous
02:03et on crie à leurs frais quand vous-même êtes interdit pour de bonnes ou de mauvaises raisons est un problème généralisé.
02:09Et que le retour à l'ordre, c'est la liberté de parole, la liberté de parole absolue,
02:15quand on dépasse ce que la loi ne permet pas, et ce ne sont ni les universités, ni les directions administratives
02:21qui ont l'obligation ou la nécessité d'interdire des journalistes, ou des humoristes, ou des pseudo-humoristes,
02:27c'est simplement le fait d'être poursuivi pour outrage, pour diffamation, pour négationnisme.
02:33La réduction ad itlerum est un objet qu'il faut toujours manier avec prudence,
02:39surtout quand on se dit de la gauche bien-pensante et qu'on reçoit en contrepartie ce qu'on vient de créer soi-même,
02:48y compris la répétition. La répétition, dans ce cas précis, est juste une provocation.
02:52Et qui est sanctionnée, non pas par la justice, mais par sa direction.
02:55M. Akili a été poursuivi pour quelque chose qu'il n'a pas fait, lui, à l'antenne.
02:59Et donc je pense qu'on est là dans un autre type de sujet.
03:02Donc cette généralisation de l'interdiction de la parole me pose un problème.
03:06Et Eugénie Bassi, vous n'êtes pas d'accord ?
03:08Je pense... Je referai l'aphorisme de Desproges.
03:12Je dirais qu'on peut rire de tout, mais pas avec l'argent de tous.
03:15Parce que moi, ce qui me pose des problèmes chez Guillaume Meurisse,
03:17c'est qu'il a été payé par nos impôts sur le service public.
03:19Et je n'ai aucun problème avec sa blague. Il pourrait la faire ailleurs.
03:21Elle ne me fait pas rire, personnellement.
03:23Je ne pense pas qu'elle soit...
03:25Qu'elle doit se retrouver devant les policiers pour cette blague, pour Apologie du terrorisme.
03:28Je trouve ça absolument grotesque.
03:30Mais le problème, c'est qu'il est aussi vieux que la fable de La Fontaine sur le chien et le loup.
03:34Vous savez, le chien, il est bien nourri.
03:36Mais il perd sa liberté.
03:38Si vous voulez votre liberté, vous pouvez l'avoir, mais en dehors du service public,
03:41en dehors des impôts des Français.
03:43Et je pense que le service public a un devoir de neutralité,
03:46de modération, de réserve, qu'il n'a pas appliqué.
03:49Et deuxième chose, il a mis dans l'embarras toute une station
03:52où il y a des gens qui travaillent, qui ont été gênés par ses propos,
03:55qui ont dû se justifier devant un certain nombre d'interlocuteurs.
03:58Il a mis en embarras son employeur.
04:00Il n'en a rien à faire. Il recommence.
04:02Donc je trouve que c'est un manque aussi de croyauté par rapport à l'institution qu'il emploie.
04:06Dernier mot là-dessus, Louis ?
04:07Moi, je trouve qu'au-delà de Guillaume Meurisse,
04:09et la question n'est même pas tant celui de l'humour ou pas,
04:11c'est la question de Radio France, de France Inter.
04:14Je rejoins un peu plus loin de ce que disait Eugénie.
04:17C'est-à-dire qu'aujourd'hui, vous avez une radio qui, normalement, est une radio de service public,
04:22dans laquelle il y a des prises de position, il y a des combats, il y a des engagements.
04:25Moi, ça ne me gêne absolument pas quand il s'agit d'un média privé,
04:28mais quand il s'agit effectivement de l'argent de tous les Français.
04:31La moindre des choses, c'est de garder une vraie neutralité,
04:34et c'est ça l'engagement du service public.
04:36Au moins, de garder le pluralisme, parce que peut-être bien sur la neutralité qu'il y a un objectif,
04:40mais le pluralisme, parce que malheureusement,
04:44il y a quand même très peu de pluralisme sur les antennes du service public.
04:47Je ne sais même pas s'il devrait y avoir des humoristes sur le service public,
04:49parce que la mission du service public, c'est d'abord d'informer, de cultiver.
04:53Il y avait cette mission de distraire, mais aujourd'hui, que la distraction est partout,
04:57je ne sais pas si vraiment ça a un sens encore d'avoir des humoristes.
05:00Et nous, sur un repas, on a Gaspard Proust et on l'adore.
05:02Oui, qui nous fait beaucoup rire.
05:03Et lui, il nous fait beaucoup rire.
05:04Tous les matins.
05:05On lui fait un petit coup de chapeau à Gaspard Proust.