L'auteur et dessinateur Joann Sfar participe à une journée de débat à Sciences Po ce jeudi aux côtés de l'Union des étudiants juifs de France. Il vient notamment présenter sa nouvelle BD « Nous Vivrons », publiée aux éditions Les Arènes.
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00:00 Alors avant tout je trouve formidable que les étudiants se mobilisent pour le Proche-Orient.
00:03 Je regrette de les avoir moins entendus après le 7 octobre, mais mettons, maintenant ils sont mobilisés, c'est très bien.
00:08 Ensuite, moi, il y a une chose qui me préoccupe, c'est quand je suis arrivé à Paris dans les années 90,
00:12 les voix françaises étaient écoutées, aussi bien dans le monde arabe qu'en Israël.
00:15 Aujourd'hui, on peut faire ce qu'on veut en France, c'est pas entendu.
00:17 Donc je viens pour amener du débat, j'aimerais que cette mobilisation d'abord soit entendue,
00:23 et ensuite inclue aussi les élèves juifs qui ont envie de participer.
00:27 Et c'est trop facile de dire "les juifs manifestent avec nous", c'est pas vrai,
00:30 la plupart des élèves juifs sont terrorisés, il y a plein de plaintes pour antisémitisme depuis le début de ce mouvement,
00:34 et il faudrait inclure tout le monde pour que ce débat soit constructif.
00:37 Mais moi je trouve ça positif que la jeunesse s'intéresse à ce qui se passe au Proche-Orient.
00:40 Vous avez l'impression, Johann Sfard, d'arriver en terrain hostile, là, à Sciences Po ?
00:44 C'est pas mon sentiment, je fréquente beaucoup d'étudiants.
00:49 Non, j'ai le sentiment que parfois, avec la meilleure volonté du monde,
00:53 on peut se substituer à des voix palestiniennes ou des voix israéliennes,
00:57 et moi je me bats pour qu'on entende davantage de voix palestiniennes et davantage de voix israéliennes ici,
01:01 parce que si on se coupe du réel, on va s'inventer un Proche-Orient imaginaire,
01:05 et on va parfois avoir des revendications qui sont l'inverse de ce qui aiderait à la paix, selon moi.