• il y a 6 mois
Le psychiatre de l'émission « Ça commence aujourd’hui » se souvient d'une garde dantesque !

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Transcription
00:00 Il y avait des gens qui pensaient être responsables de ces attentats.
00:02 Je me souviens avoir discuté avec deux patients qui me disaient
00:05 « c'est moi qui ai envoyé les avions à distance, je les ai télécommandés ».
00:08 Le matin, j'étais arrivé dans le service
00:14 et comme tous les internes, on voit les patients,
00:17 on ajuste les traitements, on discute avec les équipes.
00:22 Et à midi et demi, j'étais allé en salle de garde
00:25 où tous les internes se retrouvaient.
00:26 C'était un peu la passation du bip de garde.
00:29 Et puis on voit les malades,
00:30 c'est un jour comme un autre d'hôpital.
00:34 On avait l'habitude de laisser tourner la télé sur les chaînes info.
00:37 Et puis là, je vois ces deux tours qui sont percutés, tout explose.
00:40 On voit que visiblement, les États-Unis sont attaqués,
00:43 les tours jumelles sont percutées par des avions qui ont été détournés.
00:46 Je me souviendrai toujours, j'ai les images en boucle.
00:47 Je me vois dans la salle de garde tout seul,
00:49 la chaîne info qui tourne en boucle,
00:51 dehors il fait super beau,
00:52 je reçois des appels, je reçois aussi des textos.
00:54 « T'es où ? Qu'est-ce que tu fais ? T'as vu ce qui se passe ? »
00:57 C'était vraiment un truc de dingue.
00:58 Puis à partir de ce moment-là, dans les services,
01:00 l'information était passée et donc le bip n'arrête pas de sonner.
01:04 Et je me dis, ça ne va pas être une garde comme les autres.
01:06 C'est-à-dire que ça va être du non-stop, non-stop.
01:08 Tu oublies que tu vas dormir une minute.
01:10 Je crois que je n'ai jamais autant prescrit de médicaments de ma vie.
01:12 Beaucoup d'ampsiolytiques ce soir-là,
01:13 beaucoup de sédatifs,
01:15 beaucoup de traitements pour essayer de dormir.
01:18 J'ai fait beaucoup de thérapie de soutien en rassurant les gens.
01:22 Quand je passais dans les services,
01:23 on discutait aussi avec les infirmiers de nuit,
01:26 les aides-soignants de nuit.
01:27 C'était un moment particulier,
01:28 ces échanges avec les infirmiers et les aides-soignants cette nuit-là,
01:32 parce qu'on se demandait ce qui allait se passer.
01:35 Je crois que je n'ai jamais donné autant de conseils au téléphone.
01:38 Si vous ne vous sentez pas bien, allez aux urgences.
01:39 Il y avait des gens qui étaient tellement angoissés
01:42 qu'ils sont venus consulter parce qu'ils n'arrivaient pas à gérer chez eux.
01:45 C'était assez anxiogène dans le sens où
01:47 les patients qui venaient et qui voulaient se faire hospitaliser
01:50 parce qu'ils avaient peur de quelque chose.
01:51 Il y a des malades qui peuvent être délirants, mal stabilisés.
01:55 Ils peuvent prendre certaines informations
01:58 comme directement envoyer à eux ou à elles.
02:01 Il y avait des gens qui pensaient être responsables de ces attentats.
02:03 Je me souviens avoir discuté avec deux patients qui me disaient
02:06 "c'est moi qui ai envoyé les avions à distance,
02:08 je les ai commandés, etc."
02:10 On était vraiment dans du délire, du délire, délire.
02:12 C'est vraiment un feu d'artifice émotionnel.
02:14 L'idée c'était plutôt de les envoyer consulter rapidement,
02:18 peu de temps après qu'on ait raccroché,
02:19 pour qu'ils ne soient pas si angoissés que ça,
02:21 que ça ne soit pas si interprété que ça.
02:23 C'était épique.
02:24 Je crois que je n'ai jamais autant couru de ma vie.
02:26 Heureusement, il n'y a pas eu de gros épisodes délirants
02:28 avec des crises classiques où le patient va tout casser
02:31 ou la patiente va tout casser.
02:32 Les patients qui étaient vraiment inquiets,
02:34 c'était des patients qui avaient déjà des maladies chroniques.
02:36 C'était plutôt plein d'événements cumulés.
02:38 Je suis content d'avoir géré ce moment-là à cet endroit-là.
02:41 Servir à quelque chose, servir pour les gens.
02:43 Et puis voilà, c'était un bel exemple de garde non-stop
02:46 comme on peut voir un peu dans les films
02:48 où ça ne s'arrête jamais.
02:49 Mais là, c'était la réalité.
02:50 Et puis, en fait, on s'aperçoit que même aux urgences,
02:52 tous mes collègues, c'est souvent des gardes comme ça, finalement.
02:55 Et il n'y a pas que le 11 septembre où ça part dans tous les sens.
02:57 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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