Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:04Alors on va commencer par l'auto-diagnostic, même si les deux sont forcément liés à l'auto-médication.
00:09Alors ça a toujours existé, évidemment, mais alors là, aujourd'hui, c'est plus facile, quoi.
00:13On le fait un peu tous, mais vous nous dites, attention, pourquoi ?
00:16Déjà, j'aurais dû laisser l'exécutif faire la chronique.
00:19Ah bah oui.
00:20Bah, Sandrine et moi, on est vraiment les spécialistes du sujet.
00:23Non mais attendez, il faut expliquer, c'est par curiosité.
00:27Elle y va même quand elle a rien du tout.
00:29Elle a rien et elle dit, mais on sait jamais, avec un peu de chance, je vais trouver quelque chose.
00:34Et elle le fait aussi pour tout le monde.
00:36En fait, l'auto-diagnostic, on pourrait dire c'est pour soi, mais non, c'est aussi pour les autres.
00:40Qui n'a pas, avec un enfant, posé un diagnostic en disant, tiens, il a tel bouton, il a ça, il a ça ?
00:45Oui, oui, bien sûr.
00:46On le fait tous.
00:47Tout ça, c'est normal, quand ça reste, justement, et là, on est hors norme avec tutu,
00:52mais sinon, tout ça, c'est tout à fait normal.
00:55Mais ce qui est assez étonnant, c'est qu'on assiste à une explosion des auto-diagnostics
01:00et notamment, il y a une étude qui a été faite qui a montré que pour 83% des soignants de cette étude,
01:06les patients arrivaient et s'étaient déjà faits leurs propres diagnostics.
01:11Donc, vous vous rendez compte ? Pour 83% des soignants, quand même, c'est énorme.
01:15Non mais c'est terrible parce qu'ils s'adressent aux médecins comme vous, en leur disant,
01:17oui, mais ça ne serait pas ça, par hasard ?
01:19Et là, le médecin fait, oh, oh, le médecin, c'est moi, c'est pas vous.
01:24Avant, maintenant, c'est pas ça. Ils arrivent et ils vous disent, j'ai ça.
01:28Oui, c'est ça.
01:30Avant, ils arrivaient, est-ce que c'est grave, docteur ? Non, non, maintenant, c'est j'ai ça et donnez-moi ça.
01:34Oui, parce qu'il a consulté.
01:37Mais dans cette fameuse étude où il y a 83% des soignants qui voient leur patient arriver
01:42avec déjà le diagnostic posé, le problème, c'est qu'il y en a 85% pour lesquels le diagnostic était erroné.
01:48Erroné.
01:49Voilà. Et en fait, ils confondaient, dans l'étude qui a été faite, ils confondaient, ne me fais pas cette tête,
01:55ils confondaient, soit ça ne pourrait pas t'arriver, mais ils confondaient symptômes et diagnostics.
02:00Genre, j'ai un rhume, maintenant j'ai une sinusite.
02:04Genre, que des petites choses comme ça. Je tousse, j'ai une bronchite.
02:08Je frissonne, etc. J'ai une grippe.
02:11Et puis alors, ils arrivent et ils sont tellement persuadés qu'ils ont la grippe.
02:15Ils vous disent, oui, j'ai rencontré, j'étais en contact avec quelqu'un qui avait la grippe,
02:19donc j'ai des frissons, je suis fatigué, je tremble, j'ai des courbatures partout.
02:24Sauf que du coup, ça peut induire le médecin en erreur.
02:27C'est pas un problème.
02:29C'est que ces symptômes-là, ils arrivent en affirmant qu'ils ont la grippe.
02:32En vous disant en plus qu'ils ont été en contact avec quelqu'un qui a la grippe.
02:35Sauf que si vous avez une piélonnée frite, une infection du rein, vous avez les mêmes symptômes.
02:39Vous pouvez avoir les mêmes symptômes.
02:41C'est-à-dire qu'on peut passer à côté de quelque chose de grave, à part ce qu'on nous a décrit.
02:46Donc il ne faut pas que le médecin se laisse embarquer par le diagnostic de l'autre.
02:50Vous voyez, c'est ça qui est compliqué.
02:52Est-ce qu'il ne faut pas avoir ce réflexe ?
02:54Est-ce qu'il faut enlever ce réflexe de se dire, je vais essayer de trouver un peu toute seule ce que j'ai ?
02:58Oui, il faut l'enlever le réflexe.
03:00Le problème, c'est qu'il faut comprendre que maintenant, quand tu vas chercher quelque chose,
03:05ça va tout de suite...
03:07Tous les sites sont très anxiogènes.
03:09C'est l'horreur, c'est l'horreur.
03:11C'est un peu fait pour ça, parce que vous y allez un peu pour ça vous aussi.
03:14Donc vous êtes récompensé parce que quand le site est anxiogène,
03:18ah ouais, j'avais raison, j'avais raison d'y aller.
03:20C'est exactement ça.
03:21Le problème, c'est que vous commencez avec mal de tête,
03:24puis après l'algorithme vous envoie sur autre chose, puis sur autre chose,
03:27puis vous cliquez encore, vous cliquez encore, vous avez plus long...
03:29Et puis vous vous dites, ça y est, j'ai une tumour au cerveau.
03:31Ou alors vous avez un petit grain de beauté qui est un petit peu irrégulier, etc.
03:34Vous cliquez, vous cliquez, vous avez un mélange.
03:37Ça me gratte dans le nez.
03:39Oh, j'ai le cancer du trou de nez.
03:43C'est tout de suite...
03:44Mais le problème, c'est qu'on est en train de créer des cyberchondriacs à la pelle.
03:48C'est-à-dire qu'il y a de plus en plus de gens qui arrivent et qui sont...
03:51Et donc, moi je me souviens, il y a très longtemps,
03:54la maladie de Charcot, vous savez, la sclérose latérale amyotrophique.
03:57Quand vous alliez au chapitre Espoir, vous aviez suicide assisté.
04:04C'est-à-dire que sur le site, à Espoir, il y a marqué suicide assisté.
04:08Enfin, je veux dire, truc de fou.
04:10Et donc tous ces sites vont créer vraiment des cyberchondriacs.
04:14Et puis après, quand vous allez chez le médecin avec ça,
04:17il va falloir qu'il déconstruise cette peur.
04:19Parce qu'entre le moment où vous avez posé le diagnostic sur Internet
04:23et le moment où vous avez la consultation, il se passe du temps en général.
04:26Donc pendant ce temps-là, vous avez une angoisse, vous avez peur.
04:29Vous vous dites, ça y est, j'ai ça, j'ai ça.
04:31Donc après, le médecin, il va falloir qu'il déconstruise cette peur.
04:34Il va falloir qu'il vous explique, qu'il argumente pour vous dire que non,
04:38ce n'est pas parce que vous avez ma tête que vous avez une tumeur.
04:41Ce n'est pas parce que vous avez ma tête qu'il faut passer une IRM.
04:46Et donc ça crée vraiment des difficultés.
04:48Ça, ce sont des sites, entre guillemets, médicaux ou vaguement médicaux.
04:53Mais sur les réseaux sociaux aussi, on échange des informations.
04:56Est-ce qu'on peut se renseigner ? Là aussi, il faut faire attention.
04:59Alors je crois qu'il faut faire encore plus attention.
05:01Parce que les sites, on peut aller sur quelques sites qui sont un peu professionnels.
05:07Mais sur les réseaux sociaux, on n'a pas la main. Personne n'a la main.
05:12Et il y a très peu, il y a des espèces.
05:14Notamment, c'est surtout, on assiste à une explosion des diagnostics
05:18par des espèces de gourous, mais dans la santé mentale.
05:20Pourquoi dans la santé mentale ?
05:22Parce que ce sont des gens qui sont déjà un peu plus fragilisés,
05:25qui ne vont peut-être pas très bien.
05:26Donc là, on a une explosion.
05:28Vous savez, on parle beaucoup en ce moment, depuis quelques années,
05:31de TDAH, trouble de l'attention et hyperactivité.
05:36Il y a des espèces de gourous qui vous posent le diagnostic en une minute.
05:39Il y en a même qui vous demandent, avec les mains, avec deux petites mains,
05:42on va regarder ça, vous allez voir, avec deux petites mains,
05:44qui vous proposent de vous poser un diagnostic de TDAH.
05:48Il suffit juste, regardez, vous allez...
05:51Et ça, c'est un scandale.
05:53... de cette baissée, il va falloir se poser des questions.
05:55Je t'explique à la fin ce que c'est.
05:56Baisse un doigt si tu oublies tout, tout le temps,
05:57ou que tu perds tout le temps des trucs.
05:59Baisse un doigt si tu ne peux pas t'empêcher de couper la parole aux gens,
06:01parce que tu sais déjà ce qu'ils vont dire,
06:03ou parce que tu as déjà ta réponse.
06:05Baisse un doigt si tu n'arrives à te concentrer que quand c'est des projets,
06:07des discussions, ou des tâches intéressantes.
06:09Baisse un doigt si tu évites tout le temps les tâches qui te saoulent,
06:11comme le travail, les devoirs, ou l'administratif,
06:14jusqu'à ce que tu sois vraiment dans la sauce.
06:16Baisse un doigt si tu es insomniaque, parce que quand tu arrives au lit,
06:18tu n'arrives pas à mettre ton cerveau en veille,
06:20et tu penses à trop de trucs en même temps, tout le temps.
06:22Baisse un doigt si tu es fatigué, même quand tu as bien dormi.
06:24Une des choses que j'ai citées avant, t'handicap vraiment dans la vie,
06:27tu es peut-être TDAH.
06:29Mais comment elle fait pour tenir les doigts indépendamment ?
06:33Moi c'est ça qui me frappe.
06:35Vous avez compris le problème.
06:37C'est-à-dire qu'en fait, il vous pose un diagnostic
06:39qui peut avoir des conséquences terribles en quelques secondes.
06:43C'est un drame.
06:44Là, on a parlé du TDAH, mais c'est aussi pour l'autisme.
06:48Ils vous posent un diagnostic d'autisme comme ça.
06:50En plus, ils ont plein de followers.
06:51Non seulement, ils vous posent des diagnostics d'hypersensibilité,
06:54de tous ces trucs-là.
06:55Après, ils vont vous proposer de vous soigner.
06:58C'est-à-dire qu'en fait, ça devient vraiment...
07:01Donc il faut juste être très, très, très vigilant.
07:04Mais il n'y a pas un organisme modérateur ?
07:06Justement, les psychiatres le demandent.
07:10Les psychiatres demandent à se tenir.
07:12Le mal est fait.
07:14Le mal est là.
07:16Sous la santé, il faudrait vraiment qu'il y ait...
07:18Je voudrais qu'on parle de l'automédication aussi.
07:20Parce que là, on peut le faire.
07:22Il y a des médicaments sans ordonnance.
07:24Mais ce n'est pas parce qu'ils sont sans ordonnance
07:27qu'ils sont sans danger.
07:28Ça aide un peu quand même.
07:29Exemple, le paracétamol.
07:30Le paracétamol, c'est d'oliprane, éphéralgan, tout ça.
07:35Au-dessus de 3 g, c'est-à-dire 3 comprimés à 1 g,
07:39ça peut être nocif pour le foie.
07:41Ça, ça pourrait être aussi la responsabilité des pharmaciens
07:44de dire, je vous en donne 3 par jour pendant 3 jours,
07:48et ils nous en donnent 9.
07:49Ils ne nous en donnent pas 50 comme ça.
07:51Justement, il y a une discussion pour donner le nombre
07:55de comprimés, notamment pour les antibiotiques, etc.
07:57Les pharmaciens, c'est vrai qu'ils aient une grande boîte
07:59dans laquelle ils vous le donnent.
08:01Mais pour eux, il s'explique que ça nécessiterait
08:04du personnel supplémentaire pour distribuer vos rendez-vous.
08:07Et puis, il vous le dit devant la boîte.
08:09Juste pour terminer, il y a aussi l'hétéromédication,
08:12c'est-à-dire que vous prenez un médicament et vous le donnez
08:16à quelqu'un parce qu'il a marché sur vous.
08:18Ce n'est pas parce qu'il a marché sur Mamie Michel
08:20qu'il va marcher sur...
08:22Donc ça aussi, il ne faut pas.
08:24L'automédication, je rappelle, l'auto-stop,
08:28et l'autodiagnostic-stop aussi.
08:32Pas content toi, Brigitte.
08:34Mais c'est un peu de la faute des médecins.
08:37Si les médecins prenaient un peu plus de temps
08:39avec leurs patients et les écoutaient un peu plus,
08:42on n'en serait peut-être pas là aujourd'hui.
08:44Voilà. C'est dit.
08:46Tout le monde n'a pas les bribris.
08:48Arrêtez d'énerver Brigitte.
08:51Non mais il y a un souci, c'est vrai.
08:53Merci beaucoup.