• il y a 7 mois
Transcription
00:00 [Musique]
00:13 Moi je m'appelle Lina et au nom de Change ASBL, de BEL Africa, Coluca, de la COCOF et de Star Creations,
00:21 je vous souhaite la bienvenue ce soir mesdames et messieurs.
00:24 Nous allons discuter de sujets qui nous concernent tous ici et pour ce faire c'est Mwamba qui va modérer.
00:32 Donc le but ici c'est de mettre un petit peu en avant l'apport des personnes afrodescendantes ici en Belgique,
00:39 de briser les stéréotypes aussi parce que finalement on a beaucoup d'intellectuels,
00:44 on a beaucoup de personnes pleines de talents, on a beaucoup de personnes qui contribuent chaque jour ici à faire vivre notre société.
00:51 Et ici dans le cadre de la cohésion sociale, il serait intéressant vraiment de voir dans quelle mesure on peut faire rayonner tous ces talents et toutes ces personnes.
00:58 Tu dis que tu as une pro licence, c'est équivalent par exemple par rapport au grand coach au niveau international,
01:04 quel coach comme je ne sais pas si on est des amateurs de football, Ibené, mais peut-être plus au niveau international, les Mourinho et tout ça, est-ce qu'on est à ces niveaux là de...
01:14 Disons qu'il y a la CAF, la pro CAF, c'est ceux que tous les entraîneurs africains ont, pour le moment, donc Florent et mon ami Flo,
01:22 et ce que moi j'ai eu la chance d'avoir c'est la pro licence UFA, donc c'est au niveau européen.
01:27 Donc c'est le même diplôme que, entre guillemets si je peux avoir la prétention de le dire, que Zidane, que Mourinho, que Pep Guardella, c'est le même diplôme, c'est la même équivalence.
01:37 Donc évidemment c'est pas le même salaire, c'est sûr, mais en tout cas c'est un peu ça que je suis pour le moment.
01:45 Je tombe sur Moukron et on me dit oui ils peuvent venir, 4, mais ils ont un surcursus scolaire à faire, ils doivent aller à l'école, ils ont terminé l'école,
01:53 et on s'est dit si ils réussissent pas à l'école, au football ils vont à l'école.
01:58 Effectivement ils sont arrivés en réserve, il y en a un qui a réussi, il a été professionnel, il est parti en...
02:03 Mais les autres, il y en a un qui est devenu maçon, un autre qui a fait la toiture, et Kalu Kempi a ouvert, a fait sa société d'électricité.
02:13 Donc c'est un garçon qui a grandi au Congo, il est venu avec un cursus scolaire congolais, on l'a encadré, il a fini sa scolarité,
02:22 il a fini son cursus sportif, mais il n'a pas atteint le fait qu'il soit professionnel.
02:29 Et de là, il s'est reconverti en électricien, donc il est devenu ingénieur électricien, il a fait sa société.
02:37 Et ça, ça a inspiré d'autres joueurs de football en se disant, moi maintenant je vais faire, ils vont suivre ce qu'il y a dans l'écosystème du football.
02:48 La première chose que je leur demande, c'est les langues. Parce qu'avec les langues, il y a la communication.
02:53 Les langues, pas les langues... L'anglais, je pense que c'est à la portée de tout le monde.
02:57 Mais les langues comme le japonais, le chinois, le portugais, l'espagnol, le slave et tout ça,
03:03 tous ces langues-là, qui ne sont pas très très très, disons, utilisées.
03:07 Ça, c'est des choses qui vont vous ouvrir, et je donne des pistes, les écoles qu'il va fréquenter et tout et tout.
03:13 En diffusant ou en multipliant ce genre de rencontres, on va conscientiser les jeunes,
03:19 et on va leur ramener, disons, à avoir un appel et leur dire qu'ils ont un rôle à jouer ici.
03:25 Ils ne sont pas là uniquement parce que les parents sont venus comme des immigrés ou bien comme des réfugiés politiques,
03:31 mais ils sont là pour être des véritables acteurs.
03:34 Je crois que c'est ça aussi, et surtout aussi que j'ai vu aussi que nous avons tous envie de pouvoir garder notre identité, notre culture.
03:42 Et ça, c'est très important.
03:43 Je viens d'une famille où, du côté de ma mère, je suis l'avant-dernière, et aucun de mes frères et sœurs n'a fait d'études,
03:52 et donc j'avais toute cette pression où, toi au moins, tu dois en faire, etc.
03:56 Surtout que j'ai commencé mon parcours professionnel directement dans certaines institutions assez importantes,
04:05 et puis je me retrouve banquière à la banque, donc pour ma mère, c'était gros lot.
04:09 Ma fille, c'est la banquière de tout le Congo.
04:12 Il n'y a personne qui peut mieux lui parler, etc.
04:14 Et donc je divorce, premier échec pour ma mère.
04:19 Je deviens humoriste, et là maintenant, je quitte la banque pour travailler à fond dans ma truc humoriste et production.
04:29 Et là, les premiers défis, oui, ils arrivent en mode, tu crois que tu vas rire, tu vas vivre que de faire rire les gens.
04:38 Tout ça, tout mon contexte, mon contexte familial, le fait que je me marie jeune, que j'ai un enfant jeune, que je divorce,
04:44 c'est vraiment tout. Le fait de vivre en Belgique, d'être jamais partie au Congo, d'avoir des surnoms.
04:49 Il y a une vidéo qui a tourné où on m'a donné un surnom.
04:53 Après, ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui, moi, ça me fait ma force, et c'est ça qui a fait qu'aujourd'hui, je sois humoriste,
05:01 et que je fasse ce que je fais en même temps.
05:03 Et c'est toutes ces perceptions qui, pour d'autres personnes, auraient pu être, je vais rester dans le cadre,
05:09 et je vais contenter tout le monde, et je vais juste faire ce qu'il faut pour survivre.
05:14 Moi, en fait, ça m'a juste dit, enfin, non, je vais vous prouver que vous aviez tort.
05:22 Mais ça, il faut aussi être très, très têtu dans sa tête.
05:26 Donc, vous avez tort, et moi, j'ai raison, et s'il faut pour que je prouve que j'ai raison,
05:32 malheureusement, et c'est ça que je vais donner une des solutions, c'est qu'on est arrivé à un stade où on ne peut plus être gentil.
05:41 Donc, s'il faut écraser, non, mais c'est vrai.
05:43 Après, peut-être que moi, je suis une génération un peu plus agressive, mais pour moi, je suis arrivée là
05:50 parce que je n'ai pas laissé aux autres me dire, tu restes là et tu te taies.
05:54 Notre jeune soeur ou notre enfant a déjà donné des pistes de solutions par rapport à ce qu'elle a vécu et ce qu'elle a fait.
06:02 Elle a pris les taureaux par les cornes, elle ne s'est pas laissée faire.
06:05 Voilà, j'ai vécu ça, qu'est-ce que je fais par moi-même ?
06:08 J'avance, je crée ma propre société de production parce que je ne vais plus attendre que les autres viennent m'imposer ou me dicter des choses.
06:15 Donc, voilà, moi, je dis, là, déjà, il y a des pistes de solutions, et c'est ça qu'il faudrait arriver,
06:19 c'est-à-dire au terme, avant la fin de cet entretien, à nous proposer des pistes de solutions
06:25 et alors éventuellement, à les publics aussi, de proposer des pistes de solutions par rapport à leur vécu
06:30 et par rapport à ce qu'ils ont fait.
06:32 Aussi, ça serait intéressant, ces partages d'expérience.
06:35 Durant l'événement, j'ai comparé ce genre d'événement à un vaccin,
06:39 qu'il est important de répéter et de remettre ça dans la tête de notre communauté
06:44 pour pouvoir faire changer les choses et rappeler de où on vient et trouver un objectif pour savoir où on va.
06:49 Donc, certains diront que ce sont des événements où on se lamente.
06:53 Non, pas du tout. On rappelle nos valeurs, on rappelle nos combats et on cherche des solutions ensemble.
06:58 Et surtout, on s'encourage et on montre qu'il y a de l'espoir et qu'il y a un chemin à prendre.
07:02 Là, dans mon activité de permaculteur, designer, d'amener les gens à reboiser leur pays,
07:11 c'est surtout pour retrouver une forme de dignité, d'intégrité et d'autosuffisance.
07:16 Et donc, à partir de là, effectivement, moi ce que je dis et ce que j'aime bien rappeler,
07:22 c'est que là où toi tu vis dans une belle maison, dans un beau jardin, dans un bel environnement,
07:27 ben oui, là, du coup, tu auras des gens qui viendront chez toi en vacances
07:31 et tu pourras leur vendre un café au prix d'ici.
07:35 Mais pour l'instant, quand tu vends ton temps, tu ne gagnes rien.
07:40 Et voilà, je pense que le fait d'avoir grandi en Belgique et d'avoir parcouru le monde,
07:50 le fait d'avoir ce nom américain, de pouvoir me revendiquer d'aucune communauté et être reconnu, accepté,
07:59 ça m'a donné cette envie justement de mettre tout le monde sur le même pied et de chercher à le rendre possible.
08:08 J'ai vraiment été enrichi par tous les partages qu'il y a eu ce soir.
08:13 Et d'après moi, ça nous montre à voir qu'on a un vrai travail à faire au niveau des consciences
08:20 pour avancer pour moins de discrimination.
08:23 J'aime beaucoup tous les panélistes, c'est chouette.
08:26 Et du coup, j'entends des histoires, je dis « Ah ouais ! ».
08:29 Vraiment, il ne faut pas le prendre comme une lamentation, mais on doit le prendre comme un enseignement pour soi-même.
08:35 Il faut toujours éveiller et être attentif.
08:38 Et ça nous aide à progresser en fait.
08:41 C'était un échange, un partage d'expérience.
08:45 Ça nous a permis de nous remettre en question et de voir comment on peut avancer sans être blessé,
08:51 sans être trop blessé.
08:52 Et si on est blessé, qu'on se relève et qu'on aille encore plus loin.
08:56 Alors merci à Bam et à Change et tous les partenaires qui ont organisé cette superbe soirée d'échange.
09:03 Je note notamment l'intervention du coach Christian qui a parlé du coup de son expérience en Afrique.
09:10 Et donc qui a fait un parallèle intéressant, l'effet miroir entre ce que lui subissait en tant qu'Africain en Afrique
09:15 ou plutôt en tant qu'Africain d'Europe en Afrique.
09:18 Et donc on se rend compte que finalement il y a cet effet miroir.
09:21 On peut se plaindre des stéréotypes qu'on peut subir ici ou dont on peut être l'objet ici.
09:27 Mais se rendre compte que chez nous même, chez nous, le pays dont on est originaire,
09:32 on peut aussi souffrir de certains stéréotypes, de certains clichés et être en proie à certains mots
09:38 qui sont semblables à ceux dont on peut se plaindre ici, notamment le racisme ou l'exclusion.
09:42 Donc il y a déjà cette perspective-là.
09:44 Ça permet peut-être d'être plus nuancé sur la question ici.
09:46 Et puis d'autre part, les différentes expériences sont toujours enrichissantes
09:51 puisqu'on a des personnes qui ont été à l'international.
09:53 On a des expériences plus locales comme celle de Harvey par exemple,
09:57 qui est professeur, qui a organisé un festival sur sa commune.
10:00 On a un coach qui a été coach international.
10:02 On a une psychothérapeute. On a une artiste qui crée un festival.
10:05 Donc c'est enrichissant à plusieurs niveaux et je crois que c'est ça la particularité de cet événement.
10:10 Donc c'est une belle réussite.
10:12 On arrive dans un milieu médical, on est noir.
10:14 Vous êtes l'infirmière ? Non.
10:16 Vous êtes l'aide familiale ? Non.
10:18 Et j'ai déjà eu ça avec une patiente qui venait chez moi en tant que médecin traitant.
10:21 Je ne sais pas si elle ne l'avait pas bien capté.
10:23 Et un jour, elle est dans le cabinet, elle téléphone.
10:25 "Oui, je suis avec mon infirmière."
10:27 Je ne vais pas trop tromper les infirmières, je vais pas y être infirmière de toute façon.
10:30 Je fais une demande à la tête. "Vous n'êtes pas infirmière ?"
10:32 Je lui dis "non". "Ah, médecin traitant ?"
10:34 Elle continue. Comme si je ne pouvais pas être médecin.
10:38 Non.
10:39 J'ai deux volets de pratique.
10:41 La médecine générale d'un côté et de l'autre côté, tout ce qui est santé mentale.
10:44 Même si en médecine générale, on fait de la santé mentale quand même.
10:47 Et en psychothérapie, on n'oublie pas le corps non plus.
10:50 Mais voilà, ce sont les deux aspects que je pratique.
10:53 La santé physique et la santé mentale.
10:55 Qu'est-ce qui en ressort ? Je trouve, comme on l'a dit, qu'il y a plein de compétences.
10:59 C'est vraiment important de les structurer, d'être unis dans la diversité, comme disait un des intervenants.
11:07 Ça serait vraiment important.
11:09 Et c'est vrai que malheureusement, on a du mal à s'unir.
11:12 Mais ce serait vraiment incroyable qu'on puisse mettre toutes ces énergies, toutes ces compétences ensemble.
11:17 Ça donnera vraiment un résultat incroyable, moi je crois.
11:19 Merci. Et j'ai une dernière petite question.
11:22 Est-ce que pour vous, le mot stéréotype, on a été de l'avant.
11:26 Avez-vous vu des stéréotypes qui ont été brisés, cassés, durant cette conférence ?
11:32 D'une certaine façon, oui.
11:34 Puisque les stéréotypes disent que les Noirs sont paresseux.
11:38 Ici, tout le monde s'est formé, travaille.
11:41 Et travaille même parfois difficilement, avec deux casquettes ou plusieurs casquettes.
11:45 Donc là, c'est vraiment tout à fait cassé.
11:48 Qu'est-ce que je pourrais dire comme stéréotype aussi ?
11:50 Qu'un Noir ne peut pas être ci ou ça.
11:53 Il y a des échevins.
11:55 Finalement, un Noir c'est un être humain.
11:57 Et donc, il est capable de faire tout ce qui est possible pour être un être humain.
12:00 Je rencontre beaucoup de personnes, notamment des jeunes.
12:03 Et à qui je dis de n'être jamais abandonné.
12:06 De se battre.
12:08 Quand on était petit, les parents nous disaient que la vie était un combat.
12:13 Mais on ne comprenait pas le sens de cela.
12:15 Mais où est le ring ? Il n'y a pas de ring ici.
12:17 Il n'y a pas d'adversaire, etc.
12:19 Mais en grandissant, on a compris le sens de cette phrase "la vie est un combat".
12:25 Et particulièrement vis-à-vis des jeunes issus de la diversité.
12:29 Un jeune qui arrive, il est là, il abandonne les études, il arrête.
12:34 Et quand tu cherches à comprendre les raisons, tu ne comprends pas les raisons.
12:39 Il abandonne parce que ses potes l'ont abandonné, parce qu'il préfère aller dealer ou traîner, etc.
12:46 Et là, je joue mon rôle.
12:49 Et comme la plupart ont plus ou moins l'âge de mes enfants, je me permets de les tutoyer.
12:55 Et de me comporter comme un papa qui parle à ses enfants.
12:59 Donc, je dis à ces enfants-là, à ces jeunes-là, vous ne savez pas la chance que vous avez.
13:04 Nous qui avons quitté l'Afrique, on est venus ici, chacun de nous pour diverses raisons.
13:09 Vous ne savez pas la chance que vous avez d'évoluer ici en Europe.
13:13 Ou, si tu ne veux pas suivre tes études, il y a mille et une formations.
13:19 Tu peux suivre une formation, tout le monde sait, la TOBAC.
13:23 Au bout d'un mois, tu as un certificat qui te permet de travailler dans le secteur de gardiennage.
13:29 Et tu as un bon salaire.
13:31 Donc, tu peux suivre une formation de deux mois, trois mois, six mois, etc.
13:35 Et là, je leur dis de ne jamais abandonner.
13:38 C'est quelque chose qui peut servir à beaucoup d'autres personnes.
13:43 Et ici, j'ai vu plusieurs réactions des gens qui ont vécu plus ou moins la même chose.
13:50 Et surtout à l'égard de la jeunesse, de nos jeunes,
13:55 pour qu'ils ne baissent pas les bras, pour qu'ils n'abandonnent pas
13:58 et qu'ils continuent le combat que nous avons mené, nous continuons à mener.
14:02 Et un jour, nous ne serons plus de ce monde.
14:04 Et eux poursuivront ce combat-là jusqu'au jour où il n'y aura plus ce décalage,
14:09 jusqu'au jour où tout le monde vivra en tout cas au même niveau.
14:13 J'ai voulu participer à cet événement car il était veteur d'un grand message,
14:17 un message d'unité et surtout un retour de terrain de ce que vivent les gens au quotidien.
14:23 Et pour nous politiques, il est hyper important d'avoir ce contact avec les personnes,
14:30 ceux qui vivent, ceux qui ressentent.
14:32 Ça nous permet de revenir dans nos parties et de raconter ce que les gens vivent.
14:38 L'idée est de changer un peu les choses au niveau de la région.
14:41 C'est essentiellement pour ça que je suis venu ce soir.
14:43 Je pense qu'il faut multiplier ce genre de choses et moi j'ai beaucoup apprécié
14:47 surtout de voir des jeunes comme ça qui, malgré les obstacles ou malgré les difficultés,
14:53 ont franchi les capes et sont devenus autonomes et ont créé leur propre société.
14:57 Et d'autres qui étaient là en politique ont avancé.
14:59 J'ai aussi bien aimé le coach sportif qui donne des outils à des jeunes footballeurs.
15:06 Il dit que le foot c'est bien mais il faut savoir qu'il y a une vie après le foot.
15:10 Tout ça nous permet en tant que personnes, pas seulement femmes,
15:15 de pouvoir nous déconstruire ces stéréotypes que nous-mêmes nous avions aussi intégrés en nous.
15:22 Mais ça doit être des pas pour que nous puissions faire changer les choses et faire changer le monde.
15:29 Très inspirant et ça pose les problèmes et les débuts de solutions qu'on a pour continuer
15:38 à sortir de l'invisibilité parce qu'il y a des talents nombreux mais qui sont encore beaucoup trop invisibles.
15:45 Oui, oui, non mais...
15:48 [Musique]

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