Jérémy Ferrari - Mohamed viré parce qu'il ne voulait pas s'appeler Alexandre

  • il y a 6 mois
Le sketch "Mohamed viré parce qu'il ne voulait pas s'appeler Alexandre" de Jérémy Ferrari est une critique acerbe des discriminations en milieu professionnel. Il met en lumière la politique d'un restaurant fast-food qui oblige ses employés à adopter un nom à consonance française, sous peine de licenciement.

A travers l'histoire de Mohamed, un jeune homme contraint de changer son identité pour conserver son emploi, Ferrari dénonce les préjugés et les stéréotypes qui persistent dans la société française. Le sketch souligne l'absurdité d'une telle mesure et l'atteinte à la liberté individuelle qu'elle représente.

Humour et engagement

L'humour grinçant de Jérémy Ferrari sert de vecteur pour porter un message engagé. Le ton ironique et sarcastique du sketch permet de rendre compte de la situation avec acuité et de susciter la réflexion chez le spectateur.

La confrontation entre Mohamed et le manager, campé par Laurent Ruquier, illustre le rapport de force entre l'individu et l'institution. La résistance de Mohamed face à l'injustice met en avant l'importance de la lutte contre les discriminations et la défense de ses droits.

Succès et impact

Le sketch a connu un franc succès lors de sa diffusion dans l'émission "On n'demande qu'à en rire" en 2010. Il a été largement partagé sur les réseaux sociaux et a contribué à sensibiliser le public à la question des discriminations en milieu professionnel.

L'impact du sketch ne s'est pas limité au divertissement. Il a donné lieu à des débats et à des réflexions sur les politiques d'intégration et la place des noms dans la société française.

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Amusant
Transcription
00:00 -C'est la 3ème fois qu'il vient chez nous ce soir.
00:03 Ca paraît pas comme ça, mais Jérémy Ferraris,
00:06 et son nom est un humoriste noir.
00:08 Et oui, noir, parce que c'est l'humour noir qu'il pratique.
00:12 Ca ne fait pas toujours rire tout le monde,
00:14 mais sur le plateau, ça lui a plutôt réussi.
00:18 Vous attendiez pas à avoir un tel retour ?
00:20 -D'habitude, je fais chier des gens, et là, je les fais marrer.
00:24 -Avouez que parfois, à la télé, on doit vous dire...
00:27 -C'est rare qu'on m'accepte sur les plateaux de télévision.
00:32 -On se dit que c'est limite,
00:34 est-ce que ça va plaire aux téléspectateurs ou pas ?
00:37 -Vous avez pris le risque.
00:39 -On tente le coup, et on ne le regrette pas,
00:41 parce qu'il nous a bien fait rire, même si c'est sur le fil du rasoir.
00:46 Vous pouvez le retrouver à 19h à la comédie des 3 bornes.
00:50 C'est son spectacle, Jérémy Ferraris.
00:52 Oh là là, lui, il a choisi un sujet difficile,
00:55 ça m'étonne pas de lui, Jérémy Ferraris,
00:58 parce que son truc, c'est d'aller sur la route de l'humour limite.
01:02 Il a choisi, dans la liste des sujets proposés,
01:06 celui-ci.
01:07 "Mohamed a été viré
01:08 "parce qu'il ne voulait pas s'appeler Alexandre."
01:11 Ca vous rappelle quelque chose ?
01:13 Vous avez lu ça, j'imagine, dans les journaux, Philippe.
01:17 C'est dans une société de livraison à domicile.
01:20 -Non, téléphonique.
01:21 -Non, de livraison.
01:23 Quelqu'un appelle, il décroche et dit...
01:25 Normalement, il dit "Mohamed, j'écoute."
01:28 Sauf que là, on lui a demandé de dire "Alexandre".
01:31 -On était au téléphone. -Au téléphone.
01:34 C'était possible, Jean ?
01:36 -Il s'est fait piéger parce qu'il a fait "Alexandre, j'écoute".
01:40 -Evidemment, il s'est fait avoir.
01:42 Applaudissements
01:44 -Vous auriez accepté de changer de prénom, Philippe ?
01:48 -Non, j'ai changé déjà de nom,
01:51 pour ne pas aller en prison, parce que j'étais militaire.
01:54 Je ne l'ai pas fait exprès, donc je me mets à sa place.
01:57 Il est né Mohamed, je ne vois pas pourquoi on l'a plus.
02:01 -Il fait bien de porter plainte pour discrimination.
02:04 -C'est l'exemple type.
02:05 -La prochaine fois, pour avoir un nom bien français,
02:08 il dira "Monique, j'écoute".
02:10 -Mohamed viré, parce qu'il ne voulait pas s'appeler Alexandre.
02:14 Applaudissements
02:16 Qu'est-ce qu'on a fait, Jérémy et Ferrari ?
02:19 -C'est brillé. Je vous garantis qu'à chaque fois,
02:21 il flirte avec l'impossible.
02:23 Il aime le 2e ou le 3e degré.
02:26 Voici Jérémy et Ferrari.
02:27 Applaudissements
02:30 ...
02:38 -Entrez, Mohamed.
02:40 Bonsoir, bonjour.
02:42 Déjà, on voulait vous dire avec Francis,
02:44 on vous aime beaucoup, Mohamed.
02:46 On vous aime bien. Vous êtes travailleurs,
02:48 vous êtes souriants, vous êtes toujours à l'heure.
02:51 On se posait une question avec Francis.
02:54 "Vous êtes de quel pays ?"
02:56 "La France."
02:57 "D'accord, mais je veux dire en vrai."
02:59 Rires
03:00 "J'ai les origines."
03:02 "Ah, vous êtes libanais."
03:03 "Tu vois que je te disais, Francis, libanais."
03:06 "Il paraît que c'est beau, la Libanie."
03:08 "C'est vrai, avec tous ces déserts, toutes ces guerres."
03:12 "Et alors, on avait un petit souci avec Francis,
03:16 "c'est au niveau de votre prénom."
03:18 "On n'a rien contre les prénoms libanais, mais..."
03:21 "Mohamed, quand je le dis, regardez, ça mérite ça,
03:24 "j'aime pas, ça râpe un peu en bouche,
03:26 "ça nous pique la gorge avec Francis quand on dit Mohamed."
03:30 "On trouve que ça va pas avec le reste des phrases."
03:33 "Je vais vous donner quelques exemples."
03:35 "Regardez, une colline, bon, une colline."
03:39 "Une rivière,
03:41 "le rire d'un enfant,
03:43 "Mohamed."
03:45 "Vous voyez ? Ah, ça gâche."
03:47 "On s'est dit, peut-être, vous avez un deuxième prénom."
03:51 "Hein ?"
03:52 "Oussama."
03:53 Rires
03:54 ...
03:56 "C'est pas beaucoup plus vendeur, ça, hein ?"
03:59 "Je sais pas."
04:00 "Nous, on avait pensé avec Alexandre."
04:02 "On a trouvé que ça vous allait extrêmement..."
04:05 "Mais pourquoi vos parents seraient déçus ?"
04:08 "Je comprends pas."
04:09 "Parce que eux aussi, ils sont arabes."
04:12 Rires
04:13 "Mais vous êtes combien, comme ça, là ?"
04:15 Rires
04:16 "Je crois qu'il faut demander une dérogation à la mairie."
04:20 "C'est pas sûr que ce soit légal."
04:22 "Raciste, moi ?"
04:23 "Alors, là, vous me vexez, hein, Alexandre."
04:25 "Alors, là, vous me vexez."
04:27 "Et pourtant, je suis pas facile à vexer, hein, Francis."
04:30 "Moi, raciste, qui achète tous les matins au marché
04:33 "de la papaye, de la goyave,
04:35 "même mon gel douche est à l'eau de notre coco,
04:38 "c'est pas beau."
04:39 "Ah non, alors là, vous allez trop loin, là."
04:42 "Je vais lui parler de la pétition."
04:44 "Je voulais pas."
04:45 "Oui, il y a une pétition qui tourne, Alexandre,
04:48 "à propos de votre circoncision."
04:50 "Oui, c'était le premier étonné, je suis d'accord avec vous."
04:54 "Ca ne se voit pas au premier abord,
04:56 "mais y a des gens qui disent, rien que de le savoir,
04:59 "ça me gêne."
05:00 "On vous a fait gagner un peu de temps avec Francis,
05:03 "on est partis chercher sur Google."
05:05 "Figurez-vous qu'en Géorgie,
05:07 "on a constitué un prépuce."
05:09 "Ils font ça avec de l'épaule de cochon."
05:11 "Ils nous ont dit..."
05:13 "Ah, vous êtes musulmans, je te l'avais dit."
05:15 "Mais enfin, on vous demande pas de le manger, là."
05:18 "Ah non, là, c'est juste pour le..."
05:20 "Oui, voilà, comme dit Francis,
05:22 "il faut peut-être éviter de le dire à votre femme."
05:25 Rires
05:26 Applaudissements
05:27 ...
05:33 Voilà, donc, d'une manière générale,
05:35 ce qu'il y a à retenir, c'est qu'on est dans une entreprise laïque.
05:39 Voilà, une entreprise laïque catholique.
05:41 Voilà, donc c'est important, quoi.
05:43 Donc pas de signe ostentatoire,
05:45 à savoir religieux ou terroriste.
05:47 Rires
05:48 J'ai conscience, ça fait pas mal de choses à retenir pour vous.
05:52 Pour vous situer un peu plus, pour résumer,
05:54 pour l'instant, Alexandre, vous en êtes là.
05:57 Rires
05:58 J'ai conscience que l'exemple est un peu rude.
06:00 C'est fini. Non ! Non, non, non, non !
06:03 Avec un petit peu d'effort et un peu d'huile de coule,
06:05 normalement, vous devriez arriver à ça.
06:08 Voilà.
06:09 Rires
06:10 Applaudissements
06:11 Alors...
06:12 ...
06:19 Alors, eh ! Rien n'est impossible,
06:21 parce que Sylvie était arabe comme nous.
06:23 Merci.
06:24 Applaudissements
06:25 ...
06:32 Jérémy Ferrari avait choisi un sujet difficile,
06:36 un sujet dont vous avez forcément entendu parler dans les médias
06:39 ou évidemment lu le détail dans les journaux.
06:43 Et je...
06:44 A nous de le noter maintenant. Oui, Jérémy, vous voulez dire ?
06:47 Je l'ai écrit aussi,
06:48 parce qu'en fait, il se trouve que Mohamed, c'est un mec de ma ville.
06:52 C'est à Charleville-Mézières.
06:54 Ça s'est trouvé.
06:55 Et comme je suis de là-bas, ça m'a particulièrement touché.
06:58 J'ai pas encore réussi à le joindre,
07:00 mais en partie, c'est pour ça que j'ai écrit ce sketch.
07:03 J'ai été touché par ce truc-là.
07:05 Peut-être que si vous l'appelez "qui décroche et qui dit Alexandre",
07:08 vous allez pas le reconnaître.
07:10 Sur 20, la note de Philippe Gildas.
07:12 16 sur 20.
07:13 Applaudissements
07:14 Virginie Lemoine, 15 sur 20.
07:17 Jean-Benedict, 14 sur 20.
07:20 Applaudissements
07:21 Et quant à moi, je vous ai donné...
07:23 ...
07:25 14 sur 20.
07:26 Applaudissements
07:27 ...
07:28 Que des bonnes notes.
07:29 Applaudissements
07:30 Je me tourne vers celui qui a le mieux noté.
07:33 Parce que je suis nettement le plus généreux,
07:35 systématiquement, quasiment.
07:37 Non, mais j'en ai tellement vu passer
07:39 que, comme moi, je n'ai pas d'humour, personnellement,
07:42 j'aime beaucoup l'humour des autres.
07:44 Et là, je trouve qu'ils se démerdent bien.
07:46 Oui, et il est vraiment doué.
07:48 Il est sympathique.
07:49 Pour le coup, le sujet est traité.
07:51 Par rapport à votre dernier passage,
07:53 vous avez énormément gagné en aisance.
07:56 Votre personnage était tout à fait campé dès le départ.
07:59 C'est bien écrit.
08:00 Et puis, il rend tellement con, le raciste,
08:02 la personne raciste, la raciste, en l'occurrence,
08:05 puisque c'était une femme, il la rend tellement con...
08:08 Le deuxième degré passe tout de suite,
08:10 parce qu'on a bien compris dans quel camp il était.
08:13 Je trouve ça très beau, parce qu'il ne caricature pas.
08:15 On voit les sentiments qui passent sur ton visage.
08:18 C'est assez beau.
08:19 On voit tout ce que pense cette femme.
08:21 On est avec toi.
08:23 Tu as été un vrai médium entre le personnage et nous,
08:26 et le public.
08:27 Tu as fait des progrès énormes par rapport aux dernières fois.
08:30 Tu as nettoyé ton texte.
08:31 Il est plus acéré, plus net.
08:33 Je trouvais juste que c'était un peu long.
08:35 Un poil long.
08:36 C'est le seul défaut que je retrouve.
08:39 -C'est pas mal. Vous êtes content, Jérémy ?
08:41 Applaudissements
08:43 ...
08:45 -16 + 15 + 14 + 14.
08:49 On additionne tout ça et ça nous fait...
08:52 59 !
08:53 Applaudissements
08:55 -Normalement, c'est gagné.
08:57 Pas beaucoup de suspense
08:59 en ce qui concerne Jérémy Ferrari.
09:03 Applaudissements
09:05 Jérémy Ferrari, alors...
09:07 C'est en train de devenir un peu le nouveau chouchou,
09:10 parce qu'il est tout jeune.
09:11 Quel âge avez-vous ? -25 ans.
09:13 -Il est vieux, déjà. Il est très vieux.
09:15 -Trop vieux !
09:16 -On donnera de moins bonnes notes la prochaine fois.
09:19 16, 15, 14, 14...
09:23 Il a eu de bonnes notes.
09:24 -Il en aura encore une du public, j'en suis sûr.
09:27 C'est parti. Découvrons ensemble cette note.
09:29 15 ! Et voilà !
09:30 Applaudissements
09:33 ...
09:37 -Ca fait plaisir. Oui, Philippe ?
09:39 -C'est intéressant. Même l'humour noir,
09:41 le public s'y fait. -Oui.
09:43 -C'est pas si facile. -Quand c'est bien vendu,
09:45 bien enveloppé, je vous le mets quand même.
09:48 -Ca s'appelle quand même le talent.

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