SMART TECH - Emission du lundi 22 avril

  • il y a 5 mois
Lundi 22 avril 2024, SMART TECH reçoit Agata Hidalgo (responsable des affaires publiques européennes, France Digitale) , Henri d'Agrain (Délégué général, Cigref) et Philippe Le Grand (président, InfraNum)

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00:00Bonjour à tous, bienvenue dans le Grand Débrief de Smartech.
00:11Aujourd'hui, on va parler de l'adoption de la loi SREN pour sécuriser et réguler Internet en France.
00:16On va aussi s'intéresser à la certification de sécurité autour du cloud, l'EUCS.
00:22Qu'est-ce qu'on en pense en plateau avec Agatha Hidalgo de France Digital,
00:26Henri Dagrin du Cigref et Philippe Legrand d'Infranum ?
00:29On va aussi parler avec Infranum d'investissements importants dans le très haut débit en Ukraine
00:35pour aider à la reconstruction des réseaux de télécommunications.
00:38Et puis, on parlera avec le Cigref, avec Henri, en particulier de cette affaire VMware Broadcom.
00:45Si vous n'avez pas tout suivi, c'est le moment de suivre Smartech.
00:52Trois débatteurs aujourd'hui dans Smartech pour parler de l'actualité.
00:55Agatha Hidalgo, bonjour, bienvenue. On reçoit régulièrement France Digital,
00:59mais c'est la première fois que vous êtes en plateau avec nous.
01:01Vous êtes la responsable des affaires publiques européennes pour cette association,
01:05cette grande association de start-up France Digital.
01:08On a parlé de votre étude récemment sur comment faire de l'Europe une championne dans ce domaine,
01:14dans le domaine de l'IA générative.
01:17Donc, on ne va pas revenir dessus, mais on a des sujets qui sont connexes quand même,
01:21qui vous permettront de réagir également.
01:24Henri Dagrin, également en plateau, délégué général du Cigref,
01:28et Philippe Legrand, président d'Infranum.
01:30Voilà pour les présentations. On commence avec notre premier sujet.
01:33La loi SREN est adoptée en France. On va regarder ce qu'elle contient,
01:37en particulier cette loi pour sécuriser et réguler Internet.
01:41Moi, je voulais vous faire réagir sur quelques points.
01:43Le délit d'outrage en ligne. Pourquoi je commence avec ça ?
01:46Parce que c'est ce qui fait le plus polémique actuellement.
01:49Une amende forfaitaire serait prévue pour sanctionner tout contenu
01:53portant atteinte à la dignité d'une personne
01:56ou présente à son égard un caractère injurieux, dégradant ou humiliant.
02:01Alors, ce délit d'outrage en ligne est là pour protéger les citoyens
02:05contre le cyberharcèlement, la haine en ligne.
02:08Pour autant, on estime qu'aujourd'hui, ce texte,
02:11en tout cas, les contours de cette proposition restent assez flous.
02:15Quel est votre avis sur cette question, Philippe ?
02:18Oui, effectivement, on comprend bien l'intérêt et l'intention qui est derrière.
02:22C'est de mettre un terme à tous les types de violences qui existent
02:26et d'outrages qui peuvent exister sur les réseaux sociaux et sur Internet.
02:30Là, la question, c'est la question de l'appréciation de l'outrage
02:33et de sa définition. On n'a pas trop de recul.
02:36On craint que ça soit donné à la discrétion de policiers
02:40ou de gens qui ne soient pas forcément habilités,
02:43qui n'aient pas de référence et que, par conséquent,
02:45ça conduise à tous les excès et tous les abus.
02:47C'est la raison pour laquelle il y a tant de débats et une saisine, je crois,
02:50du Conseil constitutionnel, de façon à contester cette mesure.
02:54Moi, je pense qu'il faut poursuivre, quand même, dans la voie de l'analyse
02:57de ce qu'est un outrage, peut-être complexifier la procédure,
03:01mais la rendre existante, malgré tout. Là, elle est trop...
03:04Parce qu'il y a déjà des procédures, aujourd'hui.
03:06Enfin, on peut se retourner vers une procédure classique judiciaire.
03:10Oui, oui.
03:11Henri, peut-être.
03:13Je crois qu'il faut partir du principe que ce qui est interdit dans l'espace physique
03:17doit être interdit dans l'espace numérique.
03:19Ça, c'est ce qu'on nous dit.
03:21Mais c'est vrai.
03:23Parce que l'espace numérique, ce n'est pas un espace éterné
03:26qui est en dehors de la vie de nos concitoyens,
03:29de la vie et du fonctionnement de la société.
03:31Mais la loi s'y applique déjà.
03:32Comment ?
03:33La loi s'y applique déjà.
03:34Eh bien, la loi s'y applique déjà.
03:35Peut-être qu'effectivement, il y a des difficultés à y faire appliquer
03:39les lois qui prévalent dans l'espace physique.
03:41Et donc, il est nécessaire de préciser comment ces lois
03:44qui s'appliquent dans l'espace physique
03:46vont s'appliquer également dans l'espace numérique.
03:49L'espace numérique, ce n'est pas un espace, comme on le dit souvent, virtuel.
03:52Mais c'est un espace bien réel qui a une implication directe
03:55sur la vie des gens, sur leur santé mentale et ainsi de suite.
03:58Donc, moi, je crois qu'il est absolument essentiel
04:00que l'on soit en mesure d'apporter des règles qui soient extrêmement claires, lisibles.
04:05Je ne sais pas s'il faut compétifier, mais il faut que ça soit extrêmement lisible
04:08et qu'on comprenne bien où sont les limites.
04:11Et faire appliquer ces limites, tout n'est pas permis
04:14sous prétexte de neutralité du net, sous prétexte de liberté d'expression.
04:19Tout ne doit pas être possible, n'importe où, dans l'espace numérique.
04:23Et donc, il faut qu'il y ait une régulation qui s'applique
04:26et qui soit la même ou de même nature que celle qui s'applique dans l'espace physique.
04:29Agatha, est-ce que c'est lisible selon vous, justement ?
04:32On va laisser le Conseil d'État s'exprimer à ses sujets.
04:35Nous, dans le projet de loi CEREN, ce qu'on a regardé,
04:37c'est l'autre moitié du texte, on va dire,
04:40c'est-à-dire la transposition des importantes régulations européennes
04:44sur les marchés et les contenus en ligne,
04:47ainsi que sur le cloud et le partage des données.
04:49Et c'est cette partie-là qui a été la plus importante pour nos membres.
04:52Alors, effectivement, il y a la partie portabilité autour du cloud,
04:56portabilité des données entre les services des différentes entreprises
04:59et limitation des crédits cloud,
05:02qui finalement faussait la concurrence entre les différents opérateurs.
05:07Est-ce qu'il vous semble aujourd'hui que le texte de la loi CEREN apporte les bonnes réponses ?
05:11Il faut être pragmatique.
05:13Les crédits cloud, aujourd'hui, sont très utilisés et très importants pour les startups,
05:16notamment dans les premières phases du lancement de leurs activités.
05:20Du coup, ils ont aussi un effet bénéfique.
05:22Après, le problème, c'est que dans la durée,
05:25ils peuvent avoir des impacts captifs vers les startups.
05:28C'est difficile, après, de changer de fournisseur.
05:31C'est pour ça qu'au niveau européen, on a décidé de dire
05:34qu'ils ne peuvent plus avoir cet effet captif.
05:36Et en France, on a décidé d'aller même plus loin et les encadrer
05:39pour faire en sorte qu'ils ne durent pas plus qu'un an,
05:42ce qui nous semble un délai raisonnable.
05:44Après, il va falloir veiller que ça ne cause pas de disparité entre les marchés européens.
05:49Mais en soi, la règle nous semble la bonne pour trouver l'équilibre
05:52entre les besoins des petites startups
05:54et donner aussi un marché équitable à ces développés
05:57pour les fournisseurs cloud européens.
05:59Soyons bien clairs.
06:01D'abord, les crédits cloud, c'est pour ça que nous,
06:03on ne s'est pas beaucoup exprimé sur le sujet,
06:05mais ça ne concerne pas les adhérents du CIREF
06:08qui ont une approche assez distanciée du sujet des crédits cloud.
06:14Pourquoi ils ont une approche distanciée ?
06:17Parce qu'AWS ne fait pas des crédits cloud pour une entreprise du CAC 40.
06:23Ce n'est pas tellement le sujet.
06:25En revanche, le vrai sujet, c'est est-ce que du financement,
06:29et notamment des financements publics,
06:31notamment dans le cadre de la French Tech,
06:34doit permettre de financer à terme des entreprises américaines
06:39à travers notamment le développement de produits et de services
06:44sur leurs plateformes qui ont été engagés dans le cadre de crédits cloud.
06:48Je crois que c'est une des responsabilités du financeur public,
06:52de l'investissement dans la tech,
06:54de regarder comment est-ce que ces crédits cloud
06:57peuvent avoir une influence sur des financements publics,
07:00qu'ils soient nationaux ou européens.
07:02C'est intéressant.
07:03Mais sur la portabilité des données, c'est quand même un sujet, non ?
07:06La portabilité des données, c'est une chose absolument essentielle.
07:09Il faut qu'on puisse passer d'un opérateur à un autre ?
07:11Bien sûr.
07:12Il y a la portabilité des données qui était un sujet tout à fait essentiel,
07:15et notamment ce sujet des egress fees
07:17qui était absolument essentiel et qu'il fallait régler.
07:21D'ailleurs, je note que tous les opérateurs,
07:24notamment les trois hyperscalers,
07:26ont décidé finalement progressivement de les supprimer de leur modèle,
07:31ce qui est une excellente chose.
07:33Et puis, il y a également l'interopérabilité entre certains services.
07:36Je pense qu'on n'est pas allé assez loin aujourd'hui
07:39sur ces critères d'interopérabilité entre différents services,
07:42mais c'est une bonne direction.
07:44Et il faudra dans les années à venir,
07:46notamment au titre de la mise en oeuvre du Tata Act,
07:48qu'on puisse renforcer cette interopérabilité entre les services.
07:52Philippe, vous voulez y réagir ?
07:53Oui, simplement pour rajouter un mot,
07:55pour dire que c'est quand même une question concurrentielle.
07:57On voit qu'on est dans un secteur,
07:59et les autres sujets que nous aborderons le démontrent également,
08:02un secteur avec une domination d'un petit nombre d'acteurs.
08:04Par conséquent, il faut sortir de cette domination,
08:07y compris des startups ou des entrepreneurs qui veulent se lancer.
08:11Les credit clubs également, bien entendu, doivent être régulés
08:15et on doit faire attention de ne pas laisser cette emprise se développer davantage.
08:19C'est pour ça que le fondement du texte est tout à fait légitime.
08:22Notre intention d'agir doit être renforcée
08:25et il faut bien développer, bien entendu, la portabilité,
08:28l'interopérabilité sur le cloud,
08:30de façon à rendre le plus perméable possible ce marché
08:33et le plus dynamique possible,
08:35pour ne pas nous enfermer dans une logique
08:37dont on voit les conséquences trop souvent sur notre marché français.
08:41On a des raisons de se réjouir sur ce texte.
08:46On ne va pas lister l'ensemble,
08:48mais on a aussi des raisons de s'apercevoir que finalement, ça ne va pas suffire.
08:53Parce que quand on a Marina Ferrari,
08:55la nouvelle secrétaire d'État chargée au numérique,
08:57qui nous dit qu'elle saisit la Commission européenne
09:00pour la diffusion massive d'arnaques sur Meta et X Twitter,
09:06et qui parle même d'ailleurs de connivence avec les cyber escrocs
09:11de la part de ces plateformes numériques,
09:13on se dit que là, on vient d'adopter un texte,
09:17on a des règlements européens,
09:19mais finalement, on ne sait pas encore agir totalement contre les dérives.
09:24Je ne parlerai pas de connivence,
09:28mais d'une forme de myopie de ces plateformes
09:34pour laisser prospérer ce type de comportement.
09:38Assurément, il manque de leur part une façon de les identifier,
09:45de les détecter et de les supprimer avec les délais nécessaires.
09:51Vous pensez qu'ils ne peuvent pas les identifier ?
09:53Oui, c'est une myopie encourageante quand même.
09:55Je crois que la bonne réponse, c'est de supprimer son compte Twitter
09:57le plus vite possible, c'est ce que j'ai fait,
09:59et j'en suis très heureux.
10:01C'est radical !
10:02Oui !
10:04Agatha ?
10:05Je pense qu'il faut nuancer.
10:07C'est clairement un enjeu de modération des contenus,
10:09et dans ça, il y a deux sous-enjeux, si je peux dire.
10:13D'un côté, il y a effectivement l'identification de ces contenus,
10:16qui aujourd'hui est fait en partie par des intelligences artificielles,
10:19en partie par des humains, qui voient toute la journée des images,
10:22des textes très très durs, et qui ne sont pas forcément bien accompagnés
10:25pour faire face à ça, notamment dans des régions du monde
10:27au-delà de l'Europe et des États-Unis.
10:29Du coup, est-ce qu'on se donne les moyens humains pour faire cette modération ?
10:34L'autre enjeu, il est économique, et c'est pour ça qu'on parle peut-être
10:37des connivences, mais il est encore à démontrer,
10:39c'est que les algorithmes favorisent des contenus qui peuvent être viraux,
10:42et du coup, aujourd'hui, il n'y a pas d'incentive économique pour les arrêter.
10:46Il faut peut-être revoir la façon dont les algorithmes
10:48mettent en avant davantage un contenu, plus que l'autre,
10:51et la bonne nouvelle, je trouve que...
10:53Mais c'est tout leur modèle d'affaires aussi, là ?
10:55Tout à fait, mais ce n'est pas le seul modèle possible,
10:57parce que nous, on voit, même parmi nos adhérents,
10:59ou parmi d'autres plateformes et d'autres réseaux sociaux,
11:02qu'il est possible de mettre en avant des contenus beaucoup plus bienveillants.
11:05C'est un choix de design de la plateforme qu'on peut faire,
11:08et du coup, il faut pousser les grands acteurs à la faire.
11:11Puis, il y a un troisième sujet, c'est celui de l'éducation.
11:14L'éducation. L'éducation.
11:17Et on ne le répétera jamais assez.
11:19Aujourd'hui, on a pris des retards considérables
11:23en matière d'éducation, à la capacité de discriminer
11:28les fonctionnements de ces plateformes,
11:31et de donner à notre jeunesse,
11:34mais même au-delà de notre jeunesse, à toute la société française,
11:37la capacité de comprendre ce qui est en train de se passer.
11:40Et là, il s'agit effectivement...
11:42En l'occurrence, les victimes des cyber-escrocs dont on parle,
11:44ce ne sont pas forcément les plus jeunes.
11:46Ce n'est pas une question juste d'éducation à l'école.
11:48C'est vraiment une question de prévention.
11:50Moi, je milite pour qu'il y ait des campagnes de prévention nationale
11:53sur les cyber-escrocs.
11:54Tout à l'heure, je reçois sur mon smartphone un SMS avec un 06.
11:57Amélie, votre cas de vital arrive à expirer.
12:00Oui, on a tous celui-là.
12:02Effectuer son renouvellement.
12:03Mais comment se fait-il que ce genre de numéro
12:06ne soit pas identifié directement par mon opérateur,
12:09dont je vais taire le nom par charité,
12:11et ne soit pas immédiatement...
12:13Avant qu'il n'arrive...
12:16Sur le téléphone de Dagram, ce n'est pas très grave.
12:18Mais sur le téléphone de milliers de gens qui sont vulnérables,
12:21c'est une catastrophe.
12:23Autre sujet d'inquiétude, TikTok Lite.
12:25Je ne sais pas, peut-être que vous allez me dire
12:27qu'on s'en fiche, c'est super, pourquoi pas.
12:29C'est un nouveau mode de rémunération
12:31qui est inventé par la plateforme TikTok au visionnage.
12:34Plus on visionne, plus on gagne des points
12:37qui peuvent être transformés en bons d'achat.
12:39C'est le développement de l'hyperdépendance.
12:42L'hyperdépendance, l'hyperinfluence, l'hyperviolence.
12:46C'est dans ce schéma-là que nous sommes enfermés.
12:49Et effectivement, qu'on nous encourage à aller.
12:52Moi, je rebondis quand même.
12:54C'est vrai que la question de la prévention est importante.
12:56L'éducation est fondamentale.
12:58Il faut que nos plus jeunes, les plus vulnérables,
13:00nos jeunes aient un apprentissage beaucoup plus approfondi
13:04de ces réseaux sociaux et du monde du numérique
13:07qu'ils ne l'ont aujourd'hui.
13:09A 13 ans, à 14 ans, à 15 ans,
13:11on voit des comportements qui relèvent de la fiction.
13:14Il faut absolument protéger ces jeunes-là
13:16et ne pas subir cela.
13:18Ça sera beaucoup plus efficace que de lutter sans arrêt.
13:21Et on le fera avec des normes, contre les outils
13:23et des algorithmes qu'il faut réguler.
13:25Là, ce qu'on voit, c'est qu'on ne lutte pas
13:27contre les pratiques addictives avec tous nos textes européens.
13:30Je crois que la dernière fois que je suis passé sur ce plateau,
13:32on a parlé justement des pratiques addictives.
13:35On a parlé de la santé mentale de la jeunesse.
13:37On a parlé de ces sujets-là.
13:39C'est un sujet qui, aujourd'hui, n'est pas suffisamment pris en compte
13:42par l'ensemble de la société.
13:45Et qui doit, comme la lutte contre le tabac,
13:50il doit y avoir une véritable politique de santé publique
13:56vis-à-vis des addictions numériques.
13:58Alors, ça pose la question de, à partir de quand,
14:01on se mêle du modèle d'affaires des entreprises ?
14:03Je ne sais pas, qu'est-ce qu'ils en pensent,
14:05de cette question ?
14:06C'est vrai que, dans certains cas, on a déjà commencé à les faire.
14:09Si je prends l'exemple du Digital Markets Act en Europe,
14:12on demande à Google, Apple, Microsoft,
14:16de revoir leurs modèles d'affaires.
14:18Et on voit déjà des résistances, bien sûr,
14:20parce qu'encore une fois, il n'y a pas d'incentive économique
14:22pour les faire.
14:23Mais on a vu qu'il y a des choses qui ne vont pas.
14:25Et du coup, il faut se remettre en cause.
14:27Et l'innovation, c'est ça aussi, c'est revoir les modèles d'affaires.
14:30Du coup, il faut être ouvert à s'interroger à ces sujets.
14:32Et quand on voit, ou on arrive à anticiper
14:35qu'il peut y avoir des grands problèmes,
14:37il faut intervenir, comme encore une fois, on l'a fait déjà en Europe.
14:39Je vous propose une idée.
14:41Vous savez, sur les paquets de cigarettes,
14:43on voit, il y a le logo.
14:45C'est horrible.
14:46On oblige ces plateformes à mettre un logo
14:49sur leurs images et sur leurs vidéos,
14:52en disant que ceci est une vidéo addictive.
14:55Et on met un petit...
14:58On va réfléchir à cette proposition.
15:01Allez, on passe à notre autre sujet.
15:04C'est le sujet apporté par Infranum.
15:07Un accord signé le 10 avril 2024, tout récemment.
15:12Toute la filière d'infrastructures numériques française
15:16va s'impliquer dans la reconstruction des réseaux de télécommunication en Ukraine.
15:20Qu'est-ce que ça veut dire, très concrètement ?
15:23Comment on s'investit sur le terrain et en temps de guerre ?
15:27Concrètement, ça veut dire qu'on a 3 phases dans notre projet.
15:30On a une 1re phase qui a fait l'objet de la signature la semaine dernière
15:33avec le vice-premier ministre Mikhaïlo Fédorov à Kiev.
15:37On voit la photo, là.
15:39Elle consiste à poser des jalons d'une étude stratégique globale
15:43sur la reconstruction du pays et la modernisation du pays.
15:45Depuis 10 ans, les infrastructures souffrent d'un certain retard d'investissement.
15:49Les priorités ont été ailleurs et le sont encore.
15:52Donc, reconstruction, 20% des infrastructures,
15:542,4 milliards de dollars pour reconstruire et modernisation.
15:5820% c'est l'estimation des infrastructures endommagées par la guerre
16:04sur ces 2 dernières années.
16:06De fait de guerre.
16:08Elles ne sont pas forcément faciles à reconstruire, ça dépend des zones.
16:11La 1re étape consiste à bien étudier et faire un pilote.
16:15Ce pilote va nous permettre de nous roder
16:17entre la filière des infrastructures numériques françaises
16:19et la filière des infrastructures numériques ukrainiennes.
16:23Pourquoi ? Parce que la stratégie qui est la nôtre,
16:25mais pas qu'en Ukraine, partout,
16:27c'est d'être extrêmement respectueux sur l'autonomie et la souveraineté
16:31des pays dans lesquels on travaille et avec lesquels on travaille.
16:34Ça rompt un peu avec des pratiques qu'on a vues au XXe siècle,
16:37y compris de puissances étrangères qui sont arrivées massivement en Afrique
16:41pour un résultat dont je vous épargne le bilan,
16:44mais que vous imaginez très bien,
16:46avec un pillage de ressources en échange d'infrastructures
16:48aujourd'hui obsolètes et inexploitables car aucune formation, etc.
16:51Bref, cette stratégie, on l'applique aussi en Ukraine.
16:53On veut que l'Ukraine puisse se reconstruire par elle-même
16:56avec ses propres outils, avec son propre industrie.
17:00Alors nous, filière des infrastructures numériques,
17:03bien sûr, on sera là pour l'apport en ingénierie,
17:05pour l'accompagnement, pour l'investissement en capital
17:08dans des sociétés ukrainiennes.
17:10Donc la première étape, c'est cette étude avec ce pilote.
17:12La deuxième étape, on va passer, on a auditionné,
17:15en plus d'avoir rencontré la moitié du gouvernement ukrainien,
17:19on a auditionné les opérateurs télécoms en Ukraine
17:23de façon à leur faire un recensement des besoins
17:26et des projets qu'ils vont déposer, que nous allons déposer,
17:29que nous allons essayer de faire financer par des fonds publics et privés.
17:32Et en trois, après le conflit, après la guerre,
17:35quand, j'espère, tout se sera calmé là-bas,
17:38on pourra passer sur un plan de reconstruction massif
17:41des infrastructures numériques ukrainiennes.
17:45Avec cette étude stratégique et technique,
17:48les premiers déploiements pour reconstruire, en priorité,
17:51là où il faut reconstruire, avec quelques dizaines de millions d'euros d'investissement.
17:54Et après, le plan à grande échelle, on verra plus loin.
17:57C'était l'objet de cet accord.
18:00Peut-être que le témoignage, c'est qu'on a senti
18:05des interlocuteurs, le gouvernement, les opérateurs chaleureux,
18:10qui nous ont beaucoup remerciés, qui ont besoin de soutien
18:13en laissant abandonner. On voit bien la situation aujourd'hui.
18:16Ce n'est pas terrible sur le front militaire,
18:18ce n'est pas terrible dans les relations internationales.
18:21On y allait aussi. On fait du business, bien sûr,
18:24mais franchement, les entreprises qui se sont mobilisées autour de ce projet
18:27ne font pas que du business. Et on a senti une sorte de remerciement,
18:31de cette considération. On a été reçus comme des chefs d'État.
18:34Et j'espère que ça produira des effets très significatifs pour le pays.
18:38En tout cas, je ne peux pas terminer ce propos
18:41sans évoquer l'investissement massif de Xavier Niel,
18:44que j'ai l'occasion de soutenir, bien entendu,
18:46auprès de la diplomatie française et auprès de nos interlocuteurs ukrainiens,
18:50qui peut constituer cette locomotive de la filière des infrastructures numériques.
18:54En tout cas, c'est exactement comme ça qu'on essaie de construire les choses.
18:57En France, on est assez présent, finalement, dans la région,
18:59dans le secteur des télécommunications. Vous citez Xavier Niel.
19:02On a aussi Orange, qui est présent en Pologne.
19:06On s'exporte plutôt bien, désormais ?
19:10Moi, je crois qu'il y a un intérêt majeur pour cette filière.
19:15Je pense que Philippe ne me démentira pas.
19:17Parce que c'est une filière qui a, avec le plan France Très Haut Débit,
19:21qui est monté rapidement en compétences, en volume d'effectifs,
19:25et qui, aujourd'hui, n'est pas au bout du chemin sur l'équipement en infrastructure du pays,
19:33mais qui a besoin, progressivement, de trouver des relais de croissance à l'international,
19:37qui le fait dans différentes zones.
19:39Et pouvoir contribuer à la reconstruction de l'Ukraine,
19:43avec toutes ses compétences accumulées et très haut niveau parmi les meilleures au monde,
19:47je trouve que c'est un superbe projet que tout le monde peut soutenir.
19:52Et bravo.
19:53Agatha, un mot sur ce projet ?
19:55Oui, ça me semble une excellente nouvelle.
19:57Nous, on est très, très proche de l'association ukrainienne de start-up.
20:00Et du coup, on échange régulièrement sur leur enjeu.
20:03Et on a discuté, juste avant d'arriver sur ce plateau,
20:06il y a une très belle énergie là-bas, énormément d'innovation qui s'est créée.
20:09Il faut juste un intérêt du vrai business et de l'investissement de la part du reste de l'Europe.
20:15Nous, on voit que nos homologues danois, par exemple, sont extrêmement impliqués sur ces sujets.
20:19Ils se déplacent, ils investissent, ils font du partage d'expérience,
20:24ils forment des Ukrainiens en Dénemark avant de les renvoyer faire la reconstruction en Ukraine.
20:29Du coup, ça, c'est un excellent exemple des bonnes pratiques.
20:32Nous, au début du conflit, on était très impliqués dans le collectif Ensemble Ukraine
20:36pour aider les Ukrainiens qui partaient du pays à trouver du travail ici
20:40ou à répartir avec les moyens qu'il fallait pour le quotidien en Ukraine.
20:45Bon, ça fait au moins une bonne nouvelle sur notre actualité aujourd'hui.
20:49On va passer aux moins bonnes avec l'alerte sonnée par le Sigref.
20:54Henri Dagrin, ça ne se passe pas bien, cette affaire VMware Broadcom ? Expliquez-nous.
20:59Ça ne se passe pas bien.
21:01Ça se passe comme vous l'aviez imaginé, j'ai l'impression.
21:03Ça se passe exactement comme on l'avait prévu.
21:05En mai 2022, Broadcom annonce son projet de rachat de VMware.
21:11VMware, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est une société qui édite des logiciels
21:16pour les infrastructures de data center et du cloud,
21:19qui fait ce qu'on appelle de la virtualisation des serveurs,
21:24la virtualisation du stockage, des réseaux,
21:27et qui permet d'orchestrer des processus et des données dans le cloud.
21:35VMware donc racheté par Broadcom.
21:39Les autorités de contrôle des concentrations et notamment la commission européenne
21:43ont donné leur accord et cette acquisition a pris effet à partir de novembre 2023.
21:51Nous, dès juin 2022, on avait saisi la commission européenne en disant
21:55attention, on a quand même quelques petits précédents avec Broadcom,
22:00notamment concernant le rachat de ces technologies,
22:03qui fait des logiciels de gestion et sur Symantec, pour la partie entreprise de Symantec.
22:16On a dit, nous, ce qu'on a observé dans les années passées,
22:21ça nous paraît être un gage de mauvais équilibre entre Broadcom et VMware.
22:27Ce qui devait se passer, s'est passé depuis novembre 2023
22:31et nous constatons de multiples comportements déloyaux
22:35que nous estimons illégitimes de la part de Broadcom concernant les clients de VMware
22:42avec une brutalité et un mépris de la relation client-fournisseur parfaitement inédite dans ce domaine.
22:48Vous appelez la commission européenne à agir, mais à faire quoi ?
22:51A revenir sur cette acquisition ?
22:54Nous l'appelons à agir parce que ce que nous disons précisément,
22:58c'est que le sujet que nous constatons dépasse le strict cadre du droit de la concurrence,
23:05qu'il ne faut pas laisser ce sujet traité par des techniciens du droit de la concurrence,
23:09que c'est un sujet qui a une dimension économique qui concerne tous les acteurs économiques,
23:14et d'ailleurs, nous, le CYF, ce sont tous nos adhérents qui sont d'une manière ou d'une autre concernés.
23:19C'est la même chose en Allemagne chez nos amis de Voix,
23:22c'est la même chose aux Pays-Bas chez nos amis de CIO Plateform Nederland,
23:25et nous avons tous écrit à la commission pour lui dire,
23:29c'était il y a dix jours, nous lui avons écrit un courrier,
23:33nous représentons plus de 1000 grandes entreprises en Europe,
23:37pour dire, ce qui est en train de se passer, ce n'est pas normal,
23:39c'est un sujet qui est désormais de nature politique,
23:42ne laissez pas ce sujet aux techniciens du droit de la concurrence,
23:46mais traitez-le comme un sujet politique,
23:49parce qu'il concerne directement la capacité de l'Europe à faire prévaloir son autonomie stratégique.
23:54Et on demande trois choses, on demande la première chose,
23:57on dit à la commission, régulez, regardez ce qui se passe, régulez.
24:02Il y a plusieurs manières pour réguler,
24:04mais par exemple, on a un Digital Market Act avec des cloud services,
24:08sur lesquels la commission n'a désigné personne.
24:12Ce n'est pas comme si on avait trois oligopoles qui tenaient 75% du marché en Europe.
24:16Personne.
24:17Désigner Broadcom sur les sujets VMware,
24:22comme Gatekeeper sur les sujets de la virtualisation.
24:27Il y a d'autres instruments qui peuvent être utilisés,
24:33à la commission de les utiliser, y compris revenir sur son autorisation du rachat.
24:38C'est tout à fait possible.
24:40Et puis, deuxième chose qu'on demande, regardez ce qui est en train de se passer.
24:45Si vous laissez passer ça, ça va être un signal qui va être donné à l'ensemble de l'écosystème.
24:51Vous pouvez y aller, servez-vous.
24:54La pension illégitime, ça va représenter quasiment 8 milliards d'euros par an,
25:01complètement stérile pour la compétitivité de l'économie européenne,
25:05qui vont partir chez Broadcom, si on laisse faire.
25:08Je pense qu'on ne mesure pas.
25:12Et la troisième chose, c'est de développer.
25:19Nous, on lance un appel à la commission européenne,
25:22pour qu'elle puisse participer au financement du développement d'alternatives,
25:28que ce soit des alternatives techniques du logiciel qui permettent de s'affranchir de VMware,
25:34mais également de financer à travers les IPCUI,
25:40c'est-à-dire les projets d'intérêt européen commun stratégique.
25:47Un dispositif de financement de projet.
25:49Un dispositif de financement pour développer des alternatives,
25:53mais également pour développer des outils qui permettent d'industrialiser la sortie de VMware.
26:00Le temps d'adopter des alternatives, ça va prendre...
26:03Non, ça peut aller très vite, parce qu'il y en a déjà qui existent.
26:05Il suffit de leur permettre de passer à l'échelle.
26:07Ça peut se faire en quelques mois.
26:09Agatha ?
26:10Un commentaire peut-être un peu plus large sur le sujet des acquisitions,
26:14parce qu'il y a deux intérêts importants à balancer.
26:18D'un côté, on a notamment les startups européennes,
26:21qui, pour se développer, ont besoin d'une sortie,
26:24et l'une des portes des sorties, si ce n'est pas une entrée en bourse,
26:26c'est souvent une acquisition par un grand groupe.
26:29Et si on regarde les entreprises des logiciels et technologiques,
26:32aujourd'hui, les seuls vrais racheteurs sont les Américains,
26:36qui ont le know-how, le capital et l'intérêt pour y aller.
26:39On ne voit pas tant d'options en Europe aujourd'hui.
26:42Et de l'autre côté, il y a les cas comme celui de VMware,
26:45où le racheteur en profite pour mettre en place des pratiques anticoncurrentielles
26:49pour lesquelles, en effet, on a déjà des instruments en place,
26:52mais on ne les a pas utilisés complètement.
26:55On voit qu'à Bruxelles, il y a de plus en plus d'intérêts
26:58pour que le cloud entre dans le champ d'application du Digital Markets Act.
27:03Ce ne sera pas tout de suite.
27:06J'aimerais bien, mais nous, on a écrit...
27:09Concrètement, c'est compliqué, parce qu'aujourd'hui,
27:12les seuils qui sont établis par la loi ne le permettent pas.
27:15Mais si la pratique démontre qu'il y en a besoin,
27:18il n'y a pas besoin des effets de seuil,
27:21puisque pour désigner un gatekeeper dans le cadre du DMA,
27:24il y a effectivement les instruments quantitatifs,
27:27mais également de manière qualitative.
27:30Et ça, c'est à la main de la Commission de le décider.
27:33C'est un sujet politique.
27:36Il faut aussi les équipes pour.
27:39Aujourd'hui, la Commission européenne n'a pas assez de personnes
27:42pour traiter tous les cas d'abus de position qu'il y a dans le marché.
27:46Malheureusement, c'est qu'à Fleury,
27:49la régulation est trop faible et peu clairvoyante.
27:52C'est un vrai problème.
27:55Il y a bien d'autres sujets d'actualité comme celui-là
27:58qui attestent qu'il nous faut durcir et renforcer cette régulation européenne.
28:01Effectivement, il y a plein d'autres sujets
28:04qu'on n'a pas le temps de traiter.
28:07C'est la fin de cette émission.
28:10Merci beaucoup de nous avoir suivis.
28:13❤️ par SousTitreur.com