• il y a 8 mois
Transcription
00:00 Je m'appelle Émilie Tronche et je suis la réalisatrice de Samuel.
00:03 Je m'appelle Samuel, j'ai 10 ans et j'ai un problème.
00:05 Mais bon, j'ai pas trop envie d'en parler.
00:07 J'ai fait une liste de trucs pour m'améliorer.
00:11 1. Avoir plus de muscles.
00:13 2. Avoir un colis avec une dent de requin.
00:16 3. Avoir des cernes.
00:19 4. Apprendre un peu l'anglais pour devenir américain.
00:23 5. Commencer à écrire des trucs intelligents dans mon journal
00:27 pour quand les gens le liront quand je serai mort.
00:28 La série est vraiment inspirée de mon enfance, de mes souvenirs.
00:31 Je pense que c'était un moment où moi, j'avais besoin un peu
00:35 de me replonger dans mes souvenirs, parce que c'est assez rassurant
00:39 et ça fait du bien aussi.
00:40 C'est des souvenirs mais mêlés à de la fiction.
00:42 J'ai pas trop observé les enfants, ils me font un peu peur.
00:45 Mais ma mère et ma grande sœur sont toutes les deux maîtresses de CM2,
00:52 donc de l'âge de Samuel.
00:53 Donc j'ai pu aller, enfin pas dans la salle de ma sœur,
00:55 mais j'ai pu aller dans la classe de ma mère pour faire des prises de son.
01:00 On a même fait une sortie de classe au château de Volvéconte avec sa classe.
01:06 Et là, j'ai pu faire des petites vidéos, un peu les observer.
01:11 Et puis à chaque fois, je me dis que je suis
01:14 au milieu de la vérité de ce qu'est un enfant,
01:16 parce qu'ils sont toujours plein de surprises, plein de...
01:20 Je sais pas, ils sortent des phrases, même leur façon de bouger,
01:24 elle est toujours inattendue et incroyable.
01:27 Des fois, je me dis que ma mère, c'est pas tout le temps ma vraie mère.
01:29 Donc pour vérifier, je fais tomber des trucs
01:31 et s'ils m'engueulent, ça veut dire que c'est la bonne.
01:32 Il y a beaucoup de scènes de danse dans Samuel,
01:35 parce que j'aime danser, j'aime la danse.
01:39 Ça a toujours été là dans ma vie, depuis toute petite.
01:44 Et Samuel, en fait, j'avais envie de le faire bouger,
01:47 danser pour exprimer ses émotions.
01:49 Je me dis que les enfants aussi, ils ont ça en eux déjà.
01:52 Ils ont besoin de gesticuler et de faire sortir des choses à travers le corps.
01:57 Et Samuel, il a ça en lui.
02:01 Il a le rythme en lui aussi, quand même.
02:02 Et donc c'était à la fois un plaisir pour moi de l'animer et de le faire danser,
02:06 mais aussi, je pense que au niveau narration,
02:10 ça permettait de transmettre des émotions.
02:14 Quand lui, il n'arrive pas à les exprimer avec la parole, avec le texte,
02:20 il a ça, il se met à danser.
02:23 Que ce soit un garçon et pas une fille, même si c'est à partir de mes souvenirs,
02:26 donc ça aurait pu être une petite fille pour que ce soit encore plus proche.
02:29 Mais justement, je ne voulais pas que ce soit trop proche de moi.
02:32 Je voulais quand même avoir une part de fiction et d'inconnu dans l'écriture.
02:36 Si ça avait été une fille, ça aurait été trop autobiographique.
02:40 Et je ne voulais pas que ce soit ça non plus.
02:43 Donc le fait que ce soit un garçon, ça me permettait d'avoir une distance
02:48 et puis aussi d'essayer de ne pas trop tomber dans les clichés non plus
02:51 de ce qu'est un garçon à dix ans.
02:54 Je ne voulais pas effacer le côté féminin.
02:56 Samuel, il a ce côté féminin en lui
03:00 et ça me plaisait de jouer avec les deux.
03:03 Enfin, je pense que si Samuel avait été une fille,
03:05 ça aurait été peut-être la même personnalité, il aurait fait les mêmes choses.
03:09 Déjà, ma mère, qui est maîtresse de CM2,
03:12 je pense que c'était inspirant.
03:17 Je savais qu'elle est maîtresse depuis pas mal de temps.
03:20 Donc on a toujours eu une petite fenêtre sur cet âge-là grâce à elle.
03:25 Et puis, parce que cet âge-là, je trouve que c'est la fin de l'école primaire,
03:31 donc on se sent un peu grand.
03:32 Et en même temps, on va rentrer au collège, donc on va être le plus petit
03:35 de son collège et on se sent peut-être plus trop comme un enfant.
03:41 On n'est pas encore un adulte, loin de là.
03:43 Donc ça amène des situations assez comiques.
03:45 Je pense, quand on essaye de jouer les grands et en même temps,
03:48 parfois un peu triste et mélancolique,
03:51 où on commence à se prendre un peu des coups,
03:54 on essaie de se jauger un peu plus, on essaie de se situer dans la cour.
03:58 Qu'est-ce qu'on vaut ?
04:01 Donc c'est un âge que je trouve très intéressant.
04:03 Bérenice, elle est colérique.
04:07 C'est une petite peste, une petite pestouille.
04:11 Elle a le sang chaud, mais au fond, elle est...
04:14 Au fond, on l'aime bien.
04:17 Je ne sais pas, elle est attachante.
04:18 Elle dit ce qu'elle pense.
04:20 J'aimais bien ce truc.
04:36 Au départ, je la présente comme un personnage assez agaçant.
04:38 Et petit à petit, dans la série, on s'y attache et elle devient très cool.
04:43 Avec elle, je pouvais me permettre des répliques un peu plus punchy,
04:46 qui me faisaient marrer.
04:50 Donc, ouais, j'ai beaucoup aimé écrire ce personnage.
04:54 Bérenice, elle est trop cool.
04:57 Et d'ailleurs, j'ai beaucoup de messages qui me demandent de faire une saison 2
05:00 sur Bérenice ou un spin-off sur Bérenice.
05:02 Donc, c'est là-dedans.
05:06 J'ai posé ma voix tout de suite sur le premier film que j'ai fait au début.
05:09 J'ai mis ma voix parce que pour des questions de simplicité,
05:14 je n'avais pas beaucoup de temps.
05:15 Donc, c'était le premier choix.
05:18 Et pour faire l'enfant, je ne sais pas si j'ai trop modifié ma voix non plus.
05:22 Peut-être un peu.
05:23 Je pense que pour essayer d'imiter un enfant,
05:26 je me dis qu'il ne faut pas trop articuler.
05:29 J'ai l'impression qu'ils ont des petites bouches, mais des grandes dents.
05:32 Donc, j'essayais de parler un peu comme ça, avec la bouche un peu crispée.
05:39 Et c'est Arte qui s'est dit, en fait, c'est trop cool
05:42 avec une seule voix pour tous les personnages.
05:45 Et puis, en fait, ça se prêtait vraiment bien
05:47 au journal intime et au regard subjectif de Samuel.
05:50 Donc, il peut y avoir aussi un peu de subjectivité dans les voix,
05:55 vu que c'est Samuel qui interprète en fait ces autres personnages.
05:58 Je suis partie sur un trait très simple
06:01 parce que c'est le trait qui me vient aussi naturellement.
06:05 Encore une fois, comme le premier épisode, je l'ai fait très rapidement.
06:08 Je suis restée toujours sur mes premiers choix
06:12 et ce qui venait tout de suite.
06:15 Et donc, c'est ce trait là et puis cette espèce de petite tête de Samuel.
06:19 Au départ, il avait vraiment une...
06:22 Il ne ressemblait à rien au départ.
06:23 Il ressemblait vraiment à un rocher avec trois mèches ici.
06:26 Mais le trait, j'aimais bien ce côté croquis aussi, journal intime.
06:34 Donc, ça permettait aussi de garder ce côté fait maison tout au long,
06:39 même si ensuite, l'équipe s'est agrandie.
06:41 On a toujours voulu garder ce trait lâché.
06:46 Ça rend la série peut être un peu plus...
06:51 Enfin, je ne sais pas, j'aime bien ce trait, je le trouve poétique.
06:53 Et il exprime aussi pas mal de choses.
06:55 Je pense que la mort, tous ces sujets un peu plus lourds, plus sérieux,
06:59 l'enfant, il l'aborde de façon assez...
07:03 C'est plutôt des questionnements.
07:04 Et je pense que pour moi, c'est venu assez naturellement.
07:08 Quand j'ai écrit la série, c'était une écriture très au fil de l'eau.
07:11 Et j'essaie de garder aussi les premières idées.
07:15 J'aime bien ce côté là, de garder les premiers jets,
07:18 où est-ce qu'il sort d'un coup.
07:20 J'essaie quand même de le garder, de ne pas trop le modifier,
07:23 parce qu'il y a un charme là dedans.
07:24 Chaque fois, c'est venu naturellement.
07:26 Par exemple, la danse où les garçons dansent en jupe
07:30 dans l'épisode 16 du goûter.
07:31 Ça, c'est parce que moi, j'étais en jupe ce jour-là
07:34 et je me filmais pour trouver des mouvements de danse et tout.
07:37 Et je me suis dit OK, je garde, je vais aussi les mettre en jupe.
07:40 Je trouve ça bien.
07:42 Et puis, ça soulève cette question de genre aussi.
07:44 Et ça me plaît de l'inclure dans la série.
07:48 Dans les inspirations, je pense qu'il y a "Loup" de Julianne Hill.
07:53 Référence incroyable que j'ai lue quand j'étais petite
07:57 et que je lis toujours et qui est super.
08:01 C'était la première fois que je découvrais,
08:03 quand j'étais petite, une oeuvre tranche de vie.
08:05 Et je me suis dit, c'est fou.
08:08 J'essayais de refaire le journal de "Loup" moi.
08:10 Et puis, sinon, je pense pas mal.
08:13 Le cinéma japonais, c'est quand même une référence très importante.
08:19 "Souvenirs goutte à goutte" d'Isao Takahata.
08:23 Ce film est incroyable.
08:25 Et puis, sinon, dans les mangas aussi,
08:28 la scène de l'épervier dans l'épisode 7, c'est Olive et Tom.
08:31 Sur les proportions de terrain immenses.
08:35 Ouais, sur ce décor totalement non réaliste.
08:43 Ça, c'est Olive et Tom qui est resté dans ma tête tout du long.
08:46 Les musiques, je les ai choisies en écrivant.
08:49 Pendant l'écriture, j'écris beaucoup avec la musique.
08:52 J'écoute tout le temps de la musique.
08:55 Quand je suis pas inspirée musicalement,
08:58 je suis pas inspirée pour raconter des histoires.
09:00 Donc, après, parfois, j'essaie quand même de couper parce que
09:04 ça peut peut-être un peu trop influencer quand j'écris au niveau du rythme et tout ça.
09:08 J'ai pas non plus envie de faire des clips vidéo.
09:10 L'écriture et la musique sont toujours interconnectés.
09:14 Parfois, on a eu des soucis.
09:18 Je me suis arrêtée sur une musique et en fait, plus tard,
09:21 on m'a dit que c'était pas possible au niveau des droits musicaux.
09:23 C'était trop cher.
09:25 Ou alors qu'ils avaient juste refusé de céder les droits.
09:28 Et donc, il fallait tout réécrire puisque c'était vraiment
09:32 lié à cette musique-là en particulier.
09:35 Donc, je pense que c'était ma partie préférée
09:37 de trouver, choisir des musiques, trouver la bonne.
09:42 C'était toujours
09:43 très...
09:45 un grand travail de recherche.
09:47 Et c'était très rare qu'une musique puisse être remplacée par une autre.
09:52 C'était vraiment celle-ci et pas une autre.
09:54 Un mec qui ressemblait un peu à Zizou a changé la musique.
10:00 J'ai essayé de retrouver les musiques que j'écoutais quand j'étais enfant
10:22 et de ne pas non plus tomber dans les clichés.
10:24 Essayer d'aller un peu plus loin, retrouver des musiques qu'on aurait pu oublier.
10:29 Et en même temps, je me permettais d'utiliser des musiques
10:33 de notre époque, même si la série se passe dans les années 2000.
10:37 Je ne m'interdisais rien, en fait.
10:39 Moi, j'aime beaucoup l'épisode 10, l'épisode du spectacle
10:43 de danse.
10:46 Déjà parce qu'il était génial à faire.
10:49 J'ai fait des chorégraphies chez moi dans mon appartement
10:52 en me filmant, en essayant de trouver des chorégraphies.
10:57 Donc, je mettais la caméra, mon téléphone et je dansais n'importe comment
11:01 jusqu'à trouver des mouvements, des trucs inspirants.
11:05 Donc, très chouette à faire et en même temps, et aussi à dessiner.
11:10 Et j'aime beaucoup ces deux scènes qui se suivent,
11:17 la scène du spectacle qui est très...
11:19 Il y a beaucoup de monde sur scène, très intense.
11:23 La musique aussi, elle est vraiment prenante et Samuel en est émerveillé.
11:27 Et puis ensuite, il y a cette scène très silencieuse dans la nuit
11:30 où il voit Julie dans la voiture d'à côté,
11:33 qui est justement là, très...
11:36 presque immobile.
11:39 Il ne faut pas bouger, sinon tout peut s'écrouler.
11:42 Il se regarde et...
11:45 Il se regarde et il se regarde.
11:47 Je pense qu'il y a un rapport à...
11:49 Ouais, on est une génération peut-être assez nostalgique.
11:52 Et pourtant, je n'ai pas envie, moi en tout cas, en tant que réalisatrice,
11:56 et quand j'écris, je n'aime pas trop que la nostalgie soit mon moteur.
12:00 Je ne veux pas que la nostalgie soit mon moteur.
12:02 Je ne veux pas que la nostalgie soit mon moteur.
12:04 Je ne veux pas que la nostalgie soit mon moteur.
12:06 Je ne veux pas que la nostalgie soit mon moteur.
12:08 Je ne veux pas que la nostalgie soit mon moteur.
12:10 Je ne veux pas que la nostalgie soit mon moteur.
12:12 Je ne veux pas que la nostalgie soit mon moteur.
12:14 Je ne veux pas que la nostalgie soit mon moteur.
12:16 Je ne veux pas que la nostalgie soit mon moteur.
12:18 Parce que ça peut peut-être un peu trop pédulcorer mes souvenirs,
12:20 Parce que ça peut peut-être un peu trop pédulcorer mes souvenirs,
12:22 ou ma façon d'écrire, ma façon de voir ce temps-là.
12:24 ou ma façon d'écrire, ma façon de voir ce temps-là.
12:26 Donc, j'ai toujours essayé de mettre la nostalgie un peu de côté,
12:28 Donc, j'ai toujours essayé de mettre la nostalgie un peu de côté,
12:30 pour ne pas modifier et ne pas rendre les années 2000 justement trop stylées, incroyables,
12:32 pour ne pas modifier et ne pas rendre les années 2000 justement trop stylées, incroyables,
12:34 pour ne pas modifier et ne pas rendre les années 2000 justement trop stylées, incroyables,
12:36 alors que les années 2000, ce n'était pas plus incroyable que les autres.
12:38 alors que les années 2000, ce n'était pas plus incroyable que les autres.
12:40 alors que les années 2000, ce n'était pas plus incroyable que les autres.
12:42 alors que les années 2000, ce n'était pas plus incroyable que les autres.
12:44 Par moments, je me dis que c'était bien d'être enfant,
12:46 Par moments, je me dis que c'était bien d'être enfant,
12:48 Parce qu'il y avait cette insouciance,
12:50 Parce qu'il y avait cette insouciance,
12:52 et puis même parfois, j'étais souvent heureuse pour rien.
12:54 et puis même parfois, j'étais souvent heureuse pour rien.
12:56 et puis même parfois, j'étais souvent heureuse pour rien.
12:58 Je ne sais pas, ça me paraissait normal d'être heureuse.
13:00 Je ne sais pas, ça me paraissait normal d'être heureuse.
13:02 Je ne sais pas, ça me paraissait normal d'être heureuse.
13:04 Je ne sais pas, ça me paraissait normal d'être heureuse.
13:06 Je ne sais pas, ça me paraissait normal d'être heureuse.
13:08 Je ne sais pas, ça me paraissait normal d'être heureuse.
13:10 Je ne sais pas, ça me paraissait normal d'être heureuse.
13:12 Je ne sais pas, ça me paraissait normal d'être heureuse.
13:14 Je ne sais pas, ça me paraissait normal d'être heureuse.
13:16 Je ne sais pas, ça me paraissait normal d'être heureuse.
13:18 Je ne sais pas, ça me paraissait normal d'être heureuse.
13:20 Je ne sais pas, ça me paraissait normal d'être heureuse.
13:22 Je ne sais pas, ça me paraissait normal d'être heureuse.
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