• il y a 7 mois

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00:00 [Générique]
00:08 Bonjour et bienvenue dans cet invité de la rédaction.
00:11 Je reçois aujourd'hui Arnaud Gallet, cofondateur du collectif Mouvement.
00:16 Bonjour Arnaud Gallet.
00:17 Bonjour.
00:18 Ravi de vous accueillir.
00:19 Vous êtes un activiste des droits de l'enfant, ancien membre de la commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, la CIVIS, que vous avez quittée il y a peu.
00:28 On y reviendra.
00:29 Alors si vous êtes sur notre plateau, aujourd'hui c'est parce que TV Tour Val-de-Loire diffuse ce samedi à 21h15 un documentaire très fort.
00:36 Inceste, un homme en colère dont nous sommes les coproducteurs avec BIP TV et France 3 Centre Val-de-Loire.
00:43 Cet homme en colère, c'est vous Arnaud Gallet.
00:45 Oui.
00:46 Le documentaire suit votre histoire, votre recherche de réponse sur le traumatisme que vous avez subi enfant et la construction de votre militantisme des droits de l'enfant.
00:56 Pourquoi avoir accepté d'être suivi par le réalisateur Guy Padovani pendant plusieurs années, trois ans exactement ?
01:03 Pourquoi ? Alors ça c'est une bonne question.
01:06 Tout simplement, je dirais de manière très simple, c'est l'histoire d'une rencontre.
01:09 Ce film, vous l'avez dit, c'est mon histoire mais c'est aussi l'histoire de cette rencontre-là puisqu'on entend beaucoup le réalisateur qui s'interroge aussi sur ce qu'il découvre.
01:17 Et j'ai trouvé ça plutôt intéressant comme démarche et puis je me suis pris de sympathie pour Guy Padovani.
01:24 Trois ans, c'est long et c'est un défi je pense pour lui comme pour moi.
01:31 Et puis ça me semble important quand même pourquoi aussi parce que je pense qu'on ne se rend pas bien compte derrière les moins 16 de tout ce qu'il y a.
01:39 Je trouvais ça assez intéressant de venir un peu s'aventurer au cœur même de ce que c'est quand on a été victime.
01:46 Parce que cette histoire que raconte le film, c'est la vôtre, c'est celle d'un enfant qui a été violé par son grand-oncle missionnaire à l'âge de 8 ans par ses deux cousins à l'âge de 12.
01:57 Vous l'avez raconté cette histoire dans un livre sorti en 2023, "J'étais un enfant" sorti chez Flammarion.
02:03 Le film suit votre quête de reconnaissance du traumatisme auprès de votre famille, de l'institution catholique, cette recherche de réparation.
02:11 Comment vous la qualifiez cette quête, votre quête ?
02:14 Je savais que c'est une quête de… comme beaucoup de victimes, on a soif de justice pour le dire de manière très simple.
02:20 C'est-à-dire qu'on a soif aussi de ne pas être invisibilisé comme on l'est sans cesse.
02:24 Vous savez quand on parle souvent des victimes, on nous dit "ouais c'est bon, c'est du passé".
02:27 Sauf qu'en réalité, on est condamné à vie.
02:30 C'est-à-dire que les séquelles, on peut en avoir à vie, les conséquences quotidiennes, etc.
02:35 Bref, et pour moi c'est important en fin de compte de me dire que cette quête, c'est celle-là en fait.
02:39 C'est la quête d'une reconnaissance et de se dire qu'à un moment donné, à quel moment est-ce qu'on va s'appuyer réellement sur le savoir expériencial des victimes.
02:47 C'est-à-dire de ce qu'on dit, de la manière dont la société nous traite pour être en capacité de faire avancer les choses et surtout pour protéger les enfants.
02:53 Et c'est ça en fait ma quête aujourd'hui, c'est la protection des enfants.
02:56 Moi d'une certaine manière, je ne peux pas dire que c'est trop tard, mais bon j'ai 42 ans et demi pour dire les choses comme ça.
03:01 Je suis père de famille, je pense que j'ai plutôt bien réussi dans ma vie professionnelle.
03:07 Moi je pense surtout à celles et ceux qui n'ont pas forcément ces mêmes capacités de résilience.
03:12 Et là, il y a un devoir en fait d'égalité dans une société républicaine.
03:15 – Votre quête débute en fait il y a peu.
03:18 Vous étiez déjà membre de la CIVIS, dont l'une des missions est de collecter le témoignage des enfants victimes d'agressions sexuelles, de viols.
03:25 Votre militantisme a débuté avant votre propre quête à vous.
03:29 Vous ne vous accordiez pas le droit, votre propre droit à la parole vous-même ?
03:34 – Oui, c'est vrai que c'était compliqué, tardivement j'ai parlé parce que…
03:40 En fait, se pose souvent la question, quand on est professionnel reconnu dans un secteur,
03:44 c'est de se dire "tiens si je parle, comment est-ce que les autres vont me voir ?"
03:47 Et effectivement, certains ont pu dire à un moment donné, vous savez c'est toujours le truc dur,
03:50 on peut vous sortir "ah ouais mais toi en fait, du coup tu n'es pas là pour rien quoi".
03:55 C'est-à-dire que tu as du mal à prendre de la distance sur le sujet.
03:58 Et je pense que pas du tout au contraire.
04:00 Certes, ça nous permet en fait, les deux regardent son ado,
04:04 c'est-à-dire qu'on peut être et expert et avoir été victime.
04:07 Et ça nous permet aussi de jouer un peu des deux.
04:10 Alors ce n'est jamais simple, mais finalement on est tous quelque chose.
04:14 Vous savez, il n'y a que pour les victimes de violences sexuelles qu'on dit ça.
04:17 Quand vous avez été victime d'accidents de la route ou autre,
04:21 on ne vous dit pas, enfin voilà, je ne sais pas,
04:23 on ne fait pas de lien forcément au niveau professionnel.
04:25 Par contre au niveau professionnel, vous travaillez avec des enfants, etc.
04:28 On va vous dire "ah oui, alors là, tu n'es peut-être plus neutre ou quoi que ce soit".
04:31 – Donc il y a une sorte de procès en absence de neutralité.
04:34 Enfin, en tout cas, on suppose qu'il y a quelque chose de,
04:38 j'allais dire entre guillemets, pas acceptable par la société.
04:41 – Ah mais vous savez qu'il y a toujours quelque chose en matière de lutte,
04:43 enfin de violences sexuelles faites sur les enfants,
04:45 et de violences sexuelles tout court, il y a toujours quelque chose qui est inversé.
04:48 C'est toujours un peu de la faute des victimes, il y a toujours un peu ce truc-là.
04:51 Et puis on va dire, on va faire poser sur les victimes quelque chose
04:54 qui est de l'ordre de "c'est bon quoi, on a compris"
04:56 ou "vous exagérez un peu", c'est toujours un peu le même truc.
04:59 – Vous avez ressenti ça, vous avez ressenti cette culpabilité vous-même ?
05:02 – Bien sûr, je l'ai ressenti, j'en parle dans mon livre.
05:04 Enfin, je l'ai ressenti, j'ai fait plus que la ressentir,
05:07 parce qu'elle a été traduite, j'ai reçu en tant que directeur général d'association,
05:10 au moment où j'ai pris la parole, au moment du Me Too 1-16,
05:12 j'ai quand même reçu une lettre de recadrage par mes employeurs,
05:14 qui était un conseil d'administration.
05:16 J'ai reçu des mots quand même pas très agréables par des syndicats, etc.
05:23 Enfin, des choses comme ça, qui venaient remettre en question le fait que j'avais pris la parole
05:27 et donc, ça pouvait quelque part eux aussi les exposer, mon Dieu.
05:31 Il ne faut surtout pas que le mot inceste soit collé à quelqu'un d'autre, c'est terrible,
05:34 y compris quand on travaille dans la protection de l'enfance, bien sûr, je le connais,
05:36 c'est terrible, c'est effroyable et encore une fois, cet effroi, ce n'est pas tant pour moi,
05:40 c'est pour les enfants, je me dis, quand les gens sont capables de dire ça,
05:43 qu'est-ce que ça signifie derrière ?
05:44 – Ça veut dire qu'il y a du beau à faire.
05:45 – Bien sûr.
05:46 – Vous êtes allé au bout de votre quête personnelle, vous-même ?
05:48 – Non, je n'ai pas été au bout, je veux dire pourquoi, parce que je pense que la résilience,
05:53 c'est l'enfant qui était petit, l'enfant qui était en moi, d'où le titre "J'étais un enfant",
05:57 qui l'a fait très tôt.
05:59 Moi, ma quête personnelle, elle est politique, ma quête personnelle,
06:02 elle est de se dire, évidemment, exigeant l'éradication des violences sexuelles sur les enfants,
06:06 il faut être ambitieux, alors on dira toujours "oui, mais c'est pas bon",
06:09 mais bon, quand on voit aujourd'hui le trou dans la raquette,
06:11 3% des agresseurs sont condamnés, moins de 1% en cas d'inceste,
06:15 enfin, je veux dire, on a une petite marge de progression quand même.
06:17 – On y reviendra. En parallèle donc de cette quête personnelle,
06:21 on vous suit comme militant des droits des enfants, vous avez siégé à la CIVIS,
06:25 30 000 témoignages ont été collectés, le point positif, c'est la transmission d'un message,
06:30 on vous entend, enfin, on vous écoute, vous, les victimes, c'est ça,
06:34 le point positif de cette commission, de ces 30 000.
06:36 – Alors oui, c'était d'être fidèle à la parole du Président de la République,
06:40 qui a demandé ça, fidèle aussi aux 30 000 personnes,
06:42 et puis au-delà de ça quand même, ne perdons pas le message qu'on a passé derrière.
06:46 Ce que les personnes nous ont dit, c'est quoi ?
06:48 30 000 personnes, vous l'avez dit, mais en fait, les gens nous ont dit,
06:51 quand j'étais petit, j'ai parlé, seuls 8% des 30 000 personnes
06:55 ont bénéficié d'un soutien social positif, on a dit à un enfant,
06:58 "je te crois, je te protège", dans 92% des cas, les enfants parlaient,
07:03 très souvent, on ne les a pas cru, on leur a dit, "ouais, c'est bon,
07:07 ça va faire exploser la famille", ou si t'es une fille, t'étais peut-être consentante,
07:10 ou si t'étais un enjeu, etc., voire pire, on leur a dit,
07:12 "t'es un menteur, une menteuse", donc ça veut dire que les enfants parlent,
07:15 nous ne sommes pas capables de les protéger, donc le message qu'on doit passer,
07:18 et c'est là-dessus que je suis en colère, et ça s'entend, c'est que quand on voit
07:21 encore derrière moi un spot du gouvernement qui est très bien,
07:23 qui parle du moins un 16, etc., mais où tout repose sur une petite fille
07:26 qui gardera un secret, c'est faux, en fait, les enfants parlent,
07:30 nous ne sommes pas capables de les protéger, osons dire, honnêtement,
07:33 nous devons protéger les enfants, ce que nous ne faisons pas aujourd'hui,
07:36 alors c'est un peu plus compliqué dans un monde qui a un peu de mal, quand même,
07:40 à protéger les enfants.
07:41 – La Sylvise a fait donc cet immense travail de mise à plat de ce que les violences sexuelles
07:45 contre les enfants sont en France, les chiffres sont édifiants,
07:49 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année,
07:53 5,4 millions de femmes et d'hommes adultes ont été victimes dans leur enfance,
07:59 et vous le dites, si on entend, mais si on n'écoute pas réellement les enfants,
08:04 ces chiffres ne vont pas baisser.
08:06 – Bien sûr, et puis surtout ces chiffres ne sont pas nouveaux,
08:10 et puis, je veux dire, c'est fourchette basse, on va être gentil,
08:13 vous voyez, les 160 000 enfants dont vous parlez,
08:15 en 2019, vous avez eu 23 000 plaintes d'enfants qui ont déposé plainte
08:20 pour des faits de violences sexuelles, enfants, pas d'adultes qui ont été victimes,
08:23 enfants, d'enfants, combien d'enfants n'ont pas déposé plainte ?
08:27 C'est ça le sujet, et bien sûr, on a l'impression de toujours découvrir,
08:31 les chiffres que vous donnez là, le rapport Sauvé qui a été remis en 2021,
08:34 il les donnait déjà, et ce qui est terrible dans la société aujourd'hui,
08:38 c'est qu'on a sans cesse l'impression de s'étonner des chiffres.
08:41 Au bout d'un moment, moi je m'étonne surtout de l'immobilisme de l'État,
08:45 et de la stratégie qui peut être mise en place, etc.
08:47 Et c'est ça moi qui le supporte, parce que la société a besoin d'aide en réalité,
08:50 la société quand culturellement ça dysfonctionne,
08:52 dans un État républicain, dans un État de droit, dans un État providence,
08:56 la béquille c'est l'État.
08:58 – Le coût pour la société, c'est chaque année 9,7 milliards d'euros
09:02 de dépenses publiques, chaque année.
09:04 Pour les deux tiers, c'est lié aux conséquences de ces violences sur la santé.
09:08 Ce qu'on ignore, et ce qu'on montre dans le documentaire,
09:11 c'est les conséquences donc sur la santé, c'est quelque chose qui est peu connu.
09:15 Vous en parlez-vous ouvertement, quelles sont-elles sur votre santé,
09:18 vous ces conséquences ?
09:20 – Ah ben, moi les conséquences sur ma santé elles sont multiples,
09:22 alors c'est vrai que je vais sans spoiler le documentaire,
09:24 je peux en donner quand même quelques-unes là,
09:26 c'est-à-dire que j'ai une déficience respiratoire,
09:28 j'ai des problèmes cardiaques, j'ai rencontré comme beaucoup de victimes aussi,
09:32 des addictions etc. mais vous savez, si je fais le lien avec les 30 000 personnes
09:36 qui ont témoigné au niveau de la civise, quand elles ont été protégées,
09:42 crues et protégées, 62% d'entre elles disent n'avoir aucun impact.
09:46 Par contre, 92% des personnes qui ont été crues mais pas protégées,
09:50 ni l'un ni l'autre, disent toutes avoir des problèmes sur leur santé,
09:56 des conséquences sur leur santé.
09:58 Ces conséquences sont lesquelles ?
09:59 Une personne sur deux dit avoir fait une tentative de suicide,
10:01 une personne sur deux dit avoir des troubles alimentaires,
10:04 40% des personnes disent rencontrer une addiction,
10:06 40% des femmes disent avoir des troubles gynécologiques.
10:09 Si ça ce n'est pas des questions de santé publique majeure,
10:11 il faut me dire ce que c'est.
10:13 Des troubles et une question de santé majeure qui n'est pas prise en charge,
10:17 qui n'est pas reconnue par l'État.
10:18 Non, qui n'est pas reconnue, c'est-à-dire qu'on s'arrête en fait aux symptômes.
10:21 Plutôt que de former d'une certaine manière les professionnels
10:24 qui rencontreraient en fait des patients qui auraient plusieurs symptômes,
10:27 qui n'ont peut-être jamais parlé etc.
10:29 Moi, comme ça a été fait dans mon cas,
10:31 la pneumologue m'a dit "Monsieur, je vous pose une question,
10:33 est-ce que vous avez été victime de violences sexuelles ?
10:35 Pourquoi ? Parce qu'elle avait été formée à ça.
10:37 J'en avais parlé avant, peu importe, mais quoi qu'il en soit,
10:40 sa clinique lui permettait effectivement de faire le lien
10:44 entre le symptôme et la causalité.
10:46 Et aujourd'hui malheureusement, on reste toujours aux symptômes en réalité.
10:49 Et on ne va pas suffisamment loin etc.
10:51 Alors pourquoi ?
10:52 Sûrement parce qu'il y a un tel massacre de masse,
10:55 c'est peut-être un peu compliqué, c'est pour ça que moi j'aime bien
10:57 quand on parle de violences sexuelles faites aux enfants.
10:59 Et vu les chiffres que vous énoncez à juste titre,
11:01 je pense qu'il faut surtout qu'on soit en capacité,
11:03 non pas de penser individuellement, mais de penser collectivement.
11:05 Il nous faut une réparation collective.
11:08 Une réparation collective parce qu'on ne peut pas simplement dire
11:11 "On n'a pas protégé les enfants" sans au bout d'un moment
11:13 qu'on soit en capacité au niveau de la société de réparer l'ensemble.
11:17 – Vous parliez tout à l'heure du peu de plaintes au bout du compte
11:21 qui sont déposées, surtout du peu de condamnations.
11:24 La Civis a exposé 82 recommandations sur tous les domaines.
11:28 – Bien sûr.
11:29 – Quelle serait la prioritaire selon vous ?
11:31 – Nous on se dit d'emblée que les 82 préconisations,
11:36 si vous voulez c'est une doctrine.
11:38 C'est-à-dire qu'on demande, ça change considérablement
11:42 que les 82 préconisations soient appliquées.
11:44 Alors après il y a des choses qu'on peut faire chacun à notre niveau.
11:47 C'est-à-dire que vous êtes professionnel, la question de la formation etc.
11:50 c'est des choses qu'on peut faire.
11:51 Alors bien sûr là aussi il manque des fonds.
11:52 Néanmoins petit à petit on peut avancer.
11:56 Il y a un tas de choses qu'on peut faire.
11:58 Après il y a des choses qui relèvent directement de l'État, du gouvernement,
12:02 la question notamment de l'imprescriptibilité,
12:04 donc de se dire évidemment que les crimes sexuels,
12:07 à tout moment un agresseur peut répondre en fait de ses crimes.
12:11 Ce qu'avait demandé quand même le Président de la République
12:13 quand il a mis en place la commission indépendante sur l'inceste
12:15 et les violences sexuelles faites aux enfants.
12:17 – Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
12:18 – Et ce n'est pas le cas aujourd'hui.
12:19 On peut parler aussi de la vie affective et sexuelle,
12:21 en place au niveau de l'école.
12:22 Et aujourd'hui il n'y a quasiment rien.
12:25 Alors on voit bien qu'il y a un programme qui a été fait,
12:27 mais maintenant il faut attendre voir comment est-ce que ça va se déployer.
12:29 Bref on pourrait multiplier,
12:30 mais il y a 82 préconisations qui doivent être, qui sont prioritaires.
12:34 – Vous avez confiance, et je connais déjà votre réponse,
12:37 sur Civis II, donc la nouvelle commission pour appliquer ces 82 préconisations,
12:42 c'est son rôle principal ?
12:44 – Non, enfin confiance c'est compliqué,
12:46 parce que je dirais que ça n'a rien à voir avec les personnes qui y siègent d'ailleurs au passage.
12:50 C'est que je n'ai pas confiance sur la manière dont les choses ont été faites.
12:52 C'est essentiel de le dire, pourquoi ?
12:54 Parce que tout part du déni, c'est-à-dire que,
12:56 un, il y a eu, vous l'avez dit, un rapport qui a été fait au niveau de la civise,
12:59 qui a été reconnu par toutes et tous, très bien, y compris les politiques,
13:03 qui étaient tellement contents qu'ils ont évincé le juge Édouard Durand,
13:07 qui était co-président, effectivement,
13:09 sans qu'il y ait de réponse qui soit apportée,
13:12 y compris aux membres de la commission dont je fais partie.
13:14 Donc il y a toujours un silence aujourd'hui.
13:16 On a répondu derrière, il y a eu une crise, avec effectivement des personnes qui se sont mobilisées,
13:21 en disant "on ne comprend pas", y compris des personnes qui ont témoigné,
13:23 qui ont dit "je souhaite retirer mon témoignage", parce qu'elles ont eu peur.
13:27 Pour certaines d'entre elles, elles ont attendu ce moment toute leur vie,
13:31 et là elles se sont rendues compte que peut-être ça pouvait les mettre en difficulté.
13:33 Donc certaines ont eu peur.
13:35 Et qu'est-ce qu'on a dit derrière ?
13:37 On a mis en place une civise 2, qui a été un fiasco,
13:39 avec les deux présidents qu'on volait en éclats en l'espace de moins d'une semaine,
13:43 qui, les deux présidents qui partent, enfin vice-présidentes et présidents,
13:47 ont nommé des membres, donc on peut se dire déjà quelle est la légitimité des membres nommés,
13:51 alors même que la tête n'y est plus ?
13:53 Donc ça c'est le premier élément.
13:54 C'est un gâchis quoi.
13:55 C'est un gâchis, et puis au-delà de ça, je me permets quand même,
13:58 4 missions, première mission suivie, bon suivie, il faut voir ce qu'il y a derrière,
14:01 apparemment on sait déjà qu'il y en a un certain nombre qui ne vont pas être reprises.
14:04 Deuxième mission très bien, handicap, pas de soucis bien sûr,
14:07 soit les enfants en situation de handicap, c'est évident, c'est ce sur quoi on a travaillé.
14:11 La constitution des mineurs, bien évidemment, c'est essentiel, etc.
14:14 Et puis quatrième, qui vient de m'interroger, je le pose quand même ici,
14:17 c'est d'associer les enfants aux préconisations.
14:19 Moi je trouve ça très bien sur le papier, enfin je veux dire,
14:21 si c'est de la communication comme ça a été fait jusqu'à présent, c'est dangereux.
14:24 Voilà, c'est la seule chose que je dis.
14:25 Pourquoi ? Parce que nous on est venu dire, en tant que survivante et survivant,
14:28 les 30 000 personnes qui ont témoigné, que d'une certaine manière,
14:31 cet espace n'était plus sécurisé.
14:33 Donc, quelle est la réponse une fois qu'on a dit ça ?
14:37 Le savoir expérimental des victimes disparaît automatiquement de manière implicite.
14:41 Il n'apparaît plus de manière très claire.
14:43 C'est bon, on vous a entendu, c'est le passé, voyez ce que je vous disais tout à l'heure.
14:45 – Maintenant on passe à autre chose.
14:46 – Maintenant on passe à autre chose, mais c'est autre chose.
14:47 Là où c'est dangereux, c'est que ce sont les enfants.
14:49 Et donc ça veut dire qu'on risque d'exposer les enfants,
14:51 alors même qu'on dit qu'aujourd'hui on n'est pas capable de les protéger,
14:54 on risque de les exposer à quelque chose.
14:56 Et pour nous c'est insupportable.
14:57 – Merci beaucoup Arnaud Gallet, merci beaucoup d'avoir participé à ce documentaire,
15:02 qu'on aura la chance de voir dès ce samedi à 21h15 sur TV TOUR, "Un ceste, un homme en colère".
15:08 Puis merci beaucoup aussi pour votre témoignage et votre combat.
15:11 C'est la fin de cet invité de la rédaction, à très bientôt sur TV TOUR Val-de-Loire.
15:16 – Merci.
15:17 [Musique]

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