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Quatre lanceurs d'alerte, dont des employés actuels et anciens de Boeing annoncent que chaque passager qui prend place dans un Boeing risque sa vie. Pour en parler, Xavier Tytelman, pilote et consultant en aéronautique, est l'invité de RTL Bonsoir.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Julien Sellier du 18 avril 2024

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Transcription
00:00 RPL bonsoir, votre émission continue et attention, attention, voici nos invités pour tout comprendre.
00:08 Et cette question risque de vous hanter. Nos avions sont-ils sûrs ? Vous avez peut-être
00:12 prévu de prendre l'avion pour les vacances, vous avez peut-être peur en avion, écoutez
00:16 ce qui va suivre.
00:17 4 lanceurs d'alerte, dont des employés actuels et anciens de Boeing, annoncent que chaque
00:23 passager qui prend place justement dans un Boeing risque sa vie.
00:26 Alors ça fait froid dans le dos, surtout après plusieurs incidents détectés sur les 737 MAX.
00:30 Alors nos avions sont-ils sûrs ? Comment et par qui sont-ils contrôlés ? Comment
00:35 a-t-on pu faire voler des avions dangereux ?
00:37 Pour tout nous expliquer, nous sommes ce soir avec Xavier Tittleman, consultant aéronautique,
00:42 bonsoir !
00:43 Bonsoir !
00:44 Et avec nous également Arnaud Touche, correspondant à RTL aux Etats-Unis et spécialiste à
00:47 l'aéronautique.
00:48 Bonsoir Arnaud !
00:49 Bonsoir, good evening !
00:50 Good evening ! Alors Arnaud, d'abord ces lanceurs d'alerte, qui sont-ils exactement ?
00:53 Alors ils sont 4, il y a un ancien responsable du programme du Boeing 737 MAX, un autre responsable
01:00 qui a passé 11 ans chez Boeing, un ancien spécialiste en sécurité aérienne et un
01:04 ingénieur qui a travaillé plus de 10 ans chez Boeing, c'est lui qui a délivré un
01:07 témoignage tout simplement édifiant hier.
01:09 Et ça concerne quels appareils ?
01:11 Et bien ça concerne notamment les Boeing 787 et 777, ce sont des avions long courrier très
01:17 vendus dans le monde, le 777 étant considéré comme l'un des plus sûrs aujourd'hui.
01:21 Sam Salepour, ingénieur pendant 10 ans chez l'avionneur américain, a déclaré devant
01:25 le Sénat que Boeing produisait des avions défectueux.
01:29 Le lanceur d'alerte dit qu'il y a de graves défauts d'alignement lors de l'assemblage
01:33 des avions et que Boeing utilise une force illimitée pour corriger cet alignement.
01:37 Pire encore, il dit qu'il a même vu des gens sauter sur les pièces de l'avion pour
01:41 les aligner.
01:42 Il appelle ça, je cite, "l'effet Tarzan".
01:44 Sam Salepour dit avoir alerté ses supérieurs sur ses manquements mais on lui aurait demandé
01:49 de se taire.
01:50 Il dit même avoir reçu des menaces physiques et a été mis à l'écart.
01:54 En résumé, les 4 lanceurs d'alerte expliquent en fait que Boeing a perdu la culture de
01:58 la sécurité.
01:59 Pourtant l'avionneur américain se défend et se dit confiant dans la sécurité et la
02:03 durabilité des 787 et des 777.
02:06 Je ne suis pas sûr d'être aussi confiant, merci Arnaud.
02:08 Xavier Tittleman, comment des avions qui donc visiblement ne sont pas fiables ont pu
02:13 être autorisés à voler et qui est censé les contrôler avant leur mise en circulation?
02:17 Alors les appareils sont conçus d'une certaine manière et ça il y avait des défauts sur
02:22 le Boeing 737 Max dans sa première version et effectivement ça a été totalement corrigé.
02:27 Le deuxième problème c'est ce qu'on appelle le contrôle qualité et ça c'est au moment
02:30 de l'assemblage et ça c'est le seul problème qui reste encore présent aujourd'hui dans
02:34 lequel finalement l'avion n'est pas au niveau de ce qui a attendu.
02:37 Donc la validation de l'avion tel qu'il devait être conçu c'est la FAA, c'est la
02:42 sécurité aérienne américaine qui avait validé le premier appareil et ensuite tout
02:46 ce qui est validation des livraisons de l'appareil, il peut y avoir des contrôles qui sont aléatoires
02:52 mais finalement c'est quand même majoritairement, ça repose sur la confiance qu'on peut avoir
02:56 dans le constructeur lui-même.
02:57 De la confiance, c'est à dire qu'il n'y a pas un organisme indépendant qui absolument
03:01 vérifie les avions comme une sorte de contrôle technique pour les voitures?
03:03 Il y a un contrôle technique, il est très précis mais il n'est pas systématique
03:07 sur toutes les pièces.
03:08 Par exemple, si on revient en arrière sur les défauts de qualité, il y avait certaines
03:13 poudres de métal qui avaient été utilisées sur des pièces de titane sur lesquelles
03:16 il y avait des micro fissures qui apparaissaient d'une manière accélérée.
03:19 Donc on imagine bien que Boeing quand il reçoit une pièce d'un fournisseur, il ne va pas
03:23 décomposer chacune des pièces pour vérifier si le métal est bien celui qu'il exige.
03:27 Et de la même manière, les personnes qui s'occupent de l'homologation, de la régulation
03:31 et de la vérification des avions ne vont pas à chaque fois faire des tests invasifs
03:35 dans la profondeur.
03:36 Vous parlez de contrôle obligatoire, ils sont contrôlés combien les avions?
03:40 Avant chaque vol évidemment, les pilotes vont vérifier mais après il y a un certain
03:43 niveau de maintenance qui va être de plus en plus intense.
03:46 Le plus intense c'est au bout de 5 ans et là on va démonter l'avion pièce par pièce,
03:50 tout va être vérifié au microscope, on met des sondes, on met des systèmes de bruiteurs,
03:54 c'est à dire qu'on fait un bruit à un endroit du fuselage, on met un capteur de
03:57 l'autre côté et ça permet de voir des micro fissures qui seraient cachées même
04:00 sous la peinture par exemple.
04:01 Donc en gros il y a des vérifications tous les 6 mois, tous les 1 an et demi et tous
04:05 les 5 ans.
04:06 Et en plus de ça, vous avez des contrôles aléatoires, par exemple en France on a 40
04:10 000 contrôles aléatoires qui sont réalisés sur toutes les compagnies qui vont se poser
04:13 en France.
04:14 Et qui s'occupe de ces contrôles justement?
04:15 Pas les aléatoires mais celui de tous les 6 mois, tous les 5 ans et tout ça?
04:20 Alors c'est des organismes de régulation qui travaillent en collaboration avec la
04:25 maintenance.
04:26 Donc vous avez des sociétés de maintenance qui sont très spécialisées et qui vont
04:28 également avoir l'obligation de remonter les informations pour faire valider les écarts
04:33 qui vont être identifiés.
04:34 Mais ce process de transparence totale, il fait qu'aujourd'hui on a beaucoup d'informations
04:39 sur des petits écarts alors qu'à 10-15 ans finalement on n'en entendait pas forcément
04:43 parler tout simplement parce qu'il n'y avait pas cette transparence et on n'avait
04:46 pas des systèmes aussi précis et on découvrait des problèmes 20 ans après quand ils menaient
04:50 à l'accident.
04:51 Tandis qu'aujourd'hui on voit ces écarts donc ça donne l'impression qu'il y a beaucoup
04:54 de problèmes alors que en réalité c'est aussi parce qu'on est plus efficace pour
04:57 les tracer.
04:58 Et donc finalement les lanceurs d'alerte là qui disent qu'on est quasiment en danger
05:02 quand on monte dans un Boeing, ils exagèrent pas un tout petit peu ?
05:04 Non évidemment c'est exagéré.
05:06 Aujourd'hui les avions Boeing s'il y avait le moindre risque, la moindre question,
05:10 si une autorité de régulation dans le monde se disait non aujourd'hui ces avions ne sont
05:13 pas fiables, ils seraient tous clés au sol comme c'était le cas par exemple avec
05:17 les 737 MAX après le crash de 2019 et on mettrait des mois et des mois avant de revenir
05:22 en état.
05:23 Donc là le fait que par le passé on ait vu par exemple de la poudre de métal qui
05:27 restait dans des réservoirs, ça veut dire qu'il y avait une mauvaise vérification
05:31 et donc on a appliqué ces vérifications.
05:32 Le plus grave c'est quand cette porte s'est arrachée et quand la porte s'est arrachée
05:36 on a vérifié toutes celles dans le monde qui pouvaient poser question et aujourd'hui
05:40 on a la certitude qu'elles sont toutes correctes.
05:42 Donc c'est un vrai travail que Boeing doit mettre en oeuvre pour se remettre au niveau
05:45 de ses concurrents et aujourd'hui on sait qu'ils font des efforts mais évidemment
05:49 ils ne sont pas encore à 100% et c'est ça qu'on attend tous.
05:51 Bon voilà on est un peu plus rassurés quand même.
05:53 Merci beaucoup Xavier Tittleman, consultant aéronautique pour vos explications ce soir.
05:59 Merci Arnaud Touch, notre correspondant également aux Etats-Unis.
06:01 Une petite pause, RTL Bonsoir continue.
06:04 Vous allez apprendre en vous amusant dans un instant le grand match des infos pour briller
06:08 au dîner et puis après 19h on va accueillir une marathonienne qui force le respect et
06:13 pour cause elle a combattu un cancer du sein sans jamais s'arrêter de courir.
06:17 Vraiment c'est une leçon de vie.
06:18 Annelies Kemner sera avec nous, à tout de suite.
06:19 RTL Bonsoir, jusqu'à 20h.

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