• il y a 8 mois
À 9h20, l'actrice Béatrice Dalle est l'invitée de Léa Salamé.

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00:00 France Inter, le 7 décembre.
00:07 Et Léa, ce matin vous recevez une grande comédienne.
00:10 Oui, qu'on aime beaucoup. Bonjour Béatrice Dalle.
00:12 Merci d'être là avec nous ce matin. Si vous étiez un vice et une vertu, Béatrice Dalle, vous seriez quoi ?
00:18 La vertu ce serait la gourmandise et le vice ce serait la vanité parce que c'est quand même considéré comme le plus grand vice du diable, c'est la vanité.
00:27 C'est pour ça qu'on représente toujours sur les tableaux de la Renaissance une tête de mort.
00:31 Et vous êtes vaniteuse vous ?
00:33 Non mais tu me dis si j'étais un vice, je choisirais celui du diable.
00:39 Oui, celui du diable. Pas le sexe ou quelque chose de...
00:43 Non, et tu m'as demandé donc c'est moi qui choisis.
00:46 La fille qui veut faire la réponse.
00:48 Je veux la vérité, la vérité vraie disait Rimbaud. Est-ce que vous aussi vous cherchez la vérité vraie au fond, les vrais sentiments, les vraies émotions ?
00:58 Est-ce que quelqu'un cherche les faux sentiments ?
01:00 Oui, il y a des gens qui se cachent.
01:02 Non, non, non, puis les gens se dévoilent assez facilement.
01:06 Tu sais, on peut bien te faire des sourires, tu vois, c'est écrit sur le front si tu me prends pour un...
01:10 Oui, bien sûr.
01:12 Moi, tu sais, je suis une grande amoureuse. Et je ne parle pas des hommes, du sexe, je suis une amoureuse de tout.
01:17 Moi, je suis amoureuse de la vie, de la nourriture, d'une coccinelle, je suis amoureuse de tout.
01:21 D'une coccinelle. Vous vous êtes fait tatouer sur le bras cette phrase de Pasolini.
01:24 "Mon indépendance qui est ma force induit ma solitude qui est ma faiblesse."
01:29 Qu'est-ce qu'elle dit de vous ? A la fois l'indépendance et la solitude.
01:33 Parce que je ne me suis jamais laissé dicter mon attitude, ma conduite, ma vie.
01:37 J'en ai qu'une et personne n'a à me dire ce que je dois faire.
01:40 Du moment où je n'attends pas l'intégrité physique ou morale de quelqu'un.
01:43 Mais cette grande, grande liberté fait que je suis seul tout le temps.
01:47 Parce qu'il n'y a pas un homme qui accepte...
01:50 Attends, je m'explique, je ne veux pas caricaturer le truc.
01:52 C'est vrai, moi, un mec qui me demande, "j'ai envie de faire une course", il me dit "tu rentres quand ?"
01:55 J'ai envie de lui mettre une patate.
01:57 Parce que déjà ça, c'est comme s'il empiétait sur ma liberté. Alors pas du tout.
02:01 D'ailleurs vous ne vous en avez jamais supporté qu'un homme vive chez vous, avec vous ?
02:04 Ouais, j'aime pas. Ça m'est arrivé sur des petites périodes, tu vois.
02:07 Mais non, j'aime pas. Parce que le quotidien, ça ne m'intéresse pas.
02:11 Regarde, depuis que j'ai fait 100 films, il n'y a pas une seule fois où je parle du quotidien.
02:16 Ça m'ennuie. Et si c'est pour partager des trucs chiants avec un mec, non, je ne veux pas.
02:21 Moi, je veux le voir comme un amant, tu te fais belle ou tu te prépares.
02:25 Un amant. Béatrice Dalle, ça fait 40 ans que vous êtes dans notre paysage,
02:28 depuis votre apparition fiévreuse dans "37 de le matin" de Jean-Jacques Bennex.
02:32 Et c'est vrai que vous avez une place à part.
02:34 Tant on aime votre liberté, votre sincérité, votre côté sans filtre authentique.
02:38 Vous êtes là ce matin parce que vous présentez non pas un, mais deux spectacles.
02:42 L'un sur Kurt Cobain, l'autre avec votre copine Virginie Despentes, on va en parler.
02:46 "Écasé" et "Les héros".
02:48 Je vais tous les citer.
02:49 Mais on sent bien que ces dernières années, vous vous éclatez plus au théâtre qu'au cinéma.
02:54 C'est vrai ou pas ?
02:55 C'est-à-dire que je n'ai jamais pu me forcer de quoi que ce soit.
02:59 Mais ce qu'on a commencé à dire juste avant, si c'est pour faire...
03:03 Tu vois quand Ken Loach fait du social, c'est magnifique parce que c'est Ken Loach,
03:06 mais il n'y a pas de Ken Loach.
03:08 Moi je ne veux faire que de la poésie.
03:10 Et c'est vrai que de partir sur les routes à faire des textes extraordinaires
03:14 avec des gens que j'aime passionnément,
03:16 alors au théâtre tu n'es pas beaucoup payé par rapport au cinéma,
03:19 mais putain c'est cool de quand même être payé pour partir avec tes potes.
03:22 Et qu'est-ce que vous ressentez quand vous êtes face au public, face à la scène ?
03:25 Quand vous avez fait quatre spectacles de concerts littéraires avec Virginie Despentes,
03:31 il y a eu des fois où notamment le Pasolini que vous aviez fait il y a quelques mois,
03:35 la salle était galvanisée, un truc fou.
03:38 Oui parce qu'on fait des textes passionnants, d'une manière passionnée,
03:43 et moi je ne peux pas regarder une autre, j'ai envie de pleurer.
03:46 Pourquoi ?
03:47 Parce que tu me dis Pasolini, je pleure.
03:50 Mais attends, je n'ai pas encore dit jeûnais.
03:52 Parce que quand je vais dire jeûnais, là vous allez vraiment pleurer.
03:55 À Pasolini vous pleurez, pourquoi vous pleurez ?
03:57 Parce que je l'aime d'amour, depuis que j'ai 17 ans je l'aime.
03:59 Alors si je te parlais d'un homme avec qui j'ai partagé ma vie,
04:02 je te dirais Jean Jeunet, je te dirais Pasolini et Dominique Besner, donc les trois.
04:08 Trois homosexuels.
04:10 J'adore les pédés.
04:12 C'est les trois hommes avec qui vous avez partagé votre vie, il y a aussi Kurt Cobain, je vais y venir.
04:16 On va commencer par lui d'ailleurs, on va commencer par ça.
04:19 *Musique*
04:46 Paulie de Kurt Cobain, vous êtes sa veuve, c'est bien ça ?
04:50 Évidemment, je suis la veuve officielle.
04:52 Vous vous présentez comme la veuve officielle de Kurt Cobain ?
04:55 Je pense que sur la planète, il n'y a pas une personne qui a regardé 10 800 fois le même concert.
05:02 Et bien il y a moi.
05:03 Et il n'y a pas une journée sans lui.
05:05 Il n'y a pas une journée sans lui ?
05:06 Pas une journée.
05:07 Ça fait 30 ans qu'il s'est suicidé Kurt Cobain.
05:09 Et vous présenterez donc au printemps de Bourges, le 26 avril prochain, "Come as you are",
05:13 un spectacle en hommage à Cobain avec le rappeur Yuvdi notamment.
05:17 Il y aura 10 chansons.
05:18 Et il y aura Bassien Berger aussi.
05:20 Berger il va me faire la gueule, je dis mal son nom.
05:22 C'est le guitariste de The Do.
05:24 J'adore ce nom.
05:25 Un tueur.
05:26 Il y aura 10 chansons et 10 textes issus des mémoires de Kurt Cobain,
05:29 des textes où il raconte son mal-être existentiel, son dégoût pour la notoriété.
05:32 C'était le 5 avril 94, on annonçait le suicide de Kurt Cobain.
05:37 Vous vous souvenez de ce jour-là ?
05:38 Très bien. Je suis dans un bar à la terrasse avec Didier.
05:43 Et je me souviens...
05:44 Didier c'est Joystar.
05:45 Et je me souviens entendre cette information.
05:48 Et moi je pleure, je pleure, je pleure.
05:50 Et à la table, ils ne le connaissaient pas vraiment.
05:53 Personne n'en avait rien à foutre.
05:55 Voilà.
05:56 Mais c'est un peu ma spécialité.
05:57 Et vous avez pleuré.
05:58 C'est Jim Jarmusch qui vous fait découvrir Kurt Cobain.
06:01 Il était à Paris en 91 ?
06:03 Non, Jim était chez moi à Paris.
06:05 Et il me fait découvrir ça.
06:08 Il m'amène un disque, il me fait découvrir Dinosaure Junior,
06:10 il me fait découvrir des choses comme ça.
06:12 Et Cobain, je me souviens aussi, d'une fois Cobain appelant Jim, pas moi, à la maison.
06:19 Et qui allait si mal, qu'il avait sorti une phrase que mon premier mari,
06:24 qui fait la même chose que lui, avait prononcée aussi.
06:26 Il avait dit quoi comme phrase ?
06:28 Il avait dit "chaque bouffée d'air que je respire c'est une torture".
06:32 Vous allez lire notamment la dernière lettre de Kurt Cobain avant son suicide.
06:35 Il dit dans cette lettre, qui est très belle,
06:37 "Je suis un gosse, trop erratique et trop instable, je n'ai plus de passion,
06:40 alors rappelez-vous, il vaut mieux brûler franchement que s'éteindre à petit feu".
06:44 Je trouve qu'il a raison.
06:46 Moi, j'ai pas du tout d'envie de suicide, j'aime passionnément la vie.
06:49 Ah bah oui, c'est ce que j'allais vous dire, vous êtes trop dans la vie.
06:51 Non, pas du tout.
06:52 Mais par contre, j'ai jamais fait attention à moi une seule seconde.
06:56 Et je trouve que ça me réussit plutôt pas mal.
06:58 Je ne fais que des conneries, je ne mange que de la merde.
07:00 Je n'ai jamais fait une minute de sport.
07:02 Et vous allez avoir 60 ans.
07:04 Et vous ne les faites absolument pas.
07:06 Non, t'as vu ? Je suis pas en plastique.
07:08 Et vous n'êtes pas en plastique, y'a rien de faux.
07:10 Comment vous vivez le fait d'avoir 60 ans ?
07:12 Ça vous angoisse ?
07:13 C'est l'horreur.
07:14 Pourquoi ?
07:15 Parce que moi, dans ma tête, j'ai toujours 17 ans.
07:17 J'ai même 14, j'ai quitté ma famille à 14 ans.
07:20 J'ai l'impression d'être pareil.
07:22 J'ai appris des choses.
07:24 Heureusement, j'ai appris plein de choses
07:26 parce que je suis un passionné de poésie, de musique, d'architecture.
07:32 Moi, je n'aime que l'histoire.
07:34 Mais pour le reste, personne ne peut me driver.
07:38 Je peux faire les mêmes conneries.
07:40 C'est votre premier mari, vous en parliez,
07:42 c'est votre premier mari qui était peintre,
07:44 qui vous a appris les textes,
07:46 qui vous a appris Pasolini, Genet, la littérature, les poètes,
07:50 alors que vous êtes sorti de l'école hyper tôt.
07:53 Je suis sorti, j'étais en première.
07:55 - Oui, et c'est lui qui vous a amené vers ça.
07:57 - Oui, moi, je n'étais pas du tout quelqu'un de cultivé.
08:00 Je ne viens pas d'un milieu de culture.
08:02 Mais quand je dis ça, mon père est un ancien militaire.
08:07 Je suis très fier de ce qu'il était, attention.
08:10 Mais c'est vrai, il avait d'autres préoccupations.
08:12 C'était celle de nourrir sa famille
08:14 que d'aller au théâtre ou au cinéma.
08:16 Mais je ne sais plus ce que je disais.
08:19 - Non, c'est votre premier mari qui vous amène vers les textes,
08:22 vers la littérature.
08:23 - Il était dingue de Pasolini.
08:24 Je me souviens qu'il m'a fait découvrir à 17 ans Salo.
08:28 On va dans une petite salle à Saint-Michel.
08:30 Je crois qu'on est cinq dans la salle.
08:32 Je caricature peut-être, mais trois de ces cinq personnes
08:37 sont parties presque en vomissant.
08:40 - Et vous, vous avez eu la révélation sur Salo à 17 ans.
08:46 Parce qu'il faut le digérer.
08:48 Moi, à 17 ans, je l'ai vue, je suis partie.
08:51 - Oui, parce que dans le bonus du DVD,
08:53 Claire Denis et Gaspard Noé, qui sont mes amis,
08:56 disaient la difficulté qu'ils ont à le voir la première fois.
08:59 Il m'a même fallu plusieurs fois pour voir ce film.
09:02 Mais moi, j'ai vu le plus grand film antiraciste.
09:05 Enfin, on parle de fascisme, on regarde des films de Pasolini.
09:09 Et il vous montre quelques indications.
09:11 - L'autre spectacle, Béatrice Dalle,
09:13 que vous allez jouer aussi au printemps de Bourges.
09:16 Vous êtes la star du printemps de Bourges cette année.
09:18 C'est-à-dire qu'il y a un spectacle avec Kurt Cobain
09:20 et il y a Trouble.
09:22 C'est avec Virginie Despentes, la rappeuse casée.
09:25 - Et les zéros, les musiciens.
09:27 - Et les musiciens et les zéros.
09:29 Là, vous serez au printemps de Bourges.
09:31 Je veux vraiment tout donner, les actus.
09:33 Et vous serez aussi à la Guêté Lyrique, les 16, 17 et 18 mai.
09:36 Et puis, il y a une tournée en France.
09:37 Oui, on va essayer de venir.
09:39 C'est fou, quand même, cette amitié qui résiste au temps
09:41 avec Virginie Despentes.
09:42 - Oui, mais moi, je suis archi fidèle.
09:44 En amour, en amitié, quand j'aime, si tu ne me trompes pas.
09:48 Dans tous les sens du terme.
09:51 Je ne dis pas seulement si tu es mon amoureux.
09:53 - Et elle ne vous a jamais trompé, Virginie ?
09:55 - Non, non, non.
09:57 - Vous ne vous engueulez jamais ?
09:58 - Des fois, on se peut se prendre la tête.
10:00 Mais elle est le mec que j'aurais rêvé d'avoir.
10:03 - Trouble.
10:04 - Mais grave.
10:05 - Trouble, c'est votre quatrième spectacle littéraire
10:07 aux côtés de Despentes.
10:09 - Mais je t'aime, Virginie.
10:11 Et je t'aime Claire Denis aussi.
10:13 - Elle est le mec que vous auriez aimé avoir.
10:15 C'est effectivement un spectacle
10:17 où c'est sur la confusion des genres, notamment,
10:20 et sur le mélange des genres.
10:21 - Oui, sur tous les gens qu'on essaie de mettre à l'écart,
10:24 moins aujourd'hui, mais encore.
10:26 - Et il y a un artiste qui vous inspire particulièrement
10:30 dans ce spectacle-là.
10:31 C'est donc Jean Genet.
10:32 Attention, vous allez pleurer.
10:34 Pourquoi il vous touche tellement, Jean Genet ?
10:36 - Je ne sais pas.
10:37 Regarde, je dois être folle.
10:38 - Oui, on dit Genet, vous pleurez.
10:40 - J'ai un chromosome différent.
10:41 J'ai le chromosome Jean Genet et Pasolini.
10:43 - Il était sulfureux, charnel, mais aussi révolté,
10:46 engagé, ultra sensible, en marge.
10:48 - Ultra engagé, quand tu vois que c'est le premier
10:50 qui s'engage pour la cause palestinienne,
10:52 qui est à côté d'Angela Davis, avec les Black Panthers.
10:55 Tous les engagements de Genet sont extraordinaires.
10:58 Tous ses poèmes, quand il n'aime que les bad boys,
11:02 quand on parle de lui, sulfureux.
11:04 Il était en prison, mais la première fois qu'il est en prison,
11:07 il a 6 ans parce qu'il a volé une poignée de cerises, quand même.
11:09 Ce n'est pas un grand bandit.
11:11 Et quand il dit le doubagne, je trouve ça...
11:14 Je pense que si j'avais eu la chance de connaître Genet,
11:16 on aurait dragué les mêmes mecs.
11:18 - C'est clair.
11:19 - Sans aucun doute.
11:20 - Mais quand même, Kurt Cobain, Jean Genet, Pasolini,
11:22 vous passez votre vie avec des musiciens ou des écrivains morts.
11:25 Pourquoi ? Vous le théorisez, vous dites "leur monde me suffit,
11:29 je n'ai pas besoin de présence charnelle",
11:31 ce que vous avez dit sur Click, il y a quelques jours.
11:33 - Oui, absolument.
11:34 J'ai toujours été comme ça.
11:36 La voix, déjà je suis archi sensible en chanteur,
11:40 on peut le savoir.
11:41 Mais moi, je ne me nourris que de poésie.
11:44 Je reviens encore à Genet, il y a quand même une interview de Genet
11:47 qui existe où il a une image tellement sulfureuse,
11:51 on imagine qu'il baisse tout ce qui bouge.
11:53 Il ne couche avec personne, Genet.
11:55 C'est lui qui le dit.
11:56 Il fantasmait tellement le sexe,
11:58 il fantasmait tellement ces garçons qu'il faisait rêver,
12:01 que ça n'allait pas plus loin que ça.
12:03 Et moi, je vis avec des poètes, des musiciens morts.
12:06 Par exemple, avec Fabrice de Veldt,
12:09 on a fait cet hommage à Pasolini,
12:11 "La passion selon Béatrice".
12:14 On l'a fait d'une manière comme si Pasolini avait été un de mes amants,
12:19 que j'aurais reparsé sur les traces de ce garçon,
12:21 que j'aurais retrouvé, évidemment que je ne le retrouve pas.
12:24 Mais j'ai découvert aussi des choses que je trouvais bien moins séduisantes.
12:28 - Qu'est-ce que tu me fais des signes ?
12:30 Elle est en train de me faire des signes, je ne comprends pas ce qu'elle me dit.
12:32 - Je vous fais des signes parce que j'aimerais bien que vous preniez la feuille
12:35 qui est à côté de vous, parce que vous m'avez dit d'abord non, puis oui.
12:38 Vous acceptez de lire.
12:39 - C'est parce que j'ai peur, je ne vais pas pouvoir dire une ligne.
12:40 - Ce n'est pas grave, on essaye.
12:41 Quelques lignes sur Jean Genest.
12:43 - Alors quelques lignes, alors attends, maintenant je dis tout ou je dis rien ?
12:46 - Tout ce que vous voulez, vous êtes libre.
12:49 - Je ne vais pas réussir, je vais trop pleurer.
12:54 "Sur mon cou, sans armure et sans aide, mon cou,
13:00 que ma main plus légère et grave qu'une oeuvre
13:03 effleure sous mon col sans que ton cœur s'émeuve.
13:08 Alors laisse tes dents poser leur sourire de loup.
13:12 Oh, viens mon beau soleil, viens ma nuit d'espade,
13:17 arrive dans mes yeux qui sont morts demain, arrive.
13:21 Ouvre-moi ta porte, apporte-moi ta main.
13:26 Mène-moi loin d'ici, battre notre campagne.
13:30 Le ciel peut s'éveiller et les étoiles fleurir.
13:36 (Renifle)
13:38 N'ai les fleurs soupirées et des prés l'herbe noire
13:44 accueillir la rosée où le matin va boire.
13:48 Mais le clocher peut sonner, moi seule je vais mourir.
13:53 Viens, viens mon ciel, viens mon ciel de rose,
13:57 viens ma corbeille blonde, visite dans sa nuit ton condamné à mort.
14:03 Arrache-toi la chair, tue, escalade, mort, mais viens.
14:09 (Renifle)
14:11 Mais viens, pose ta joue contre ma tête ronde.
14:19 Nous n'avions pas fini de nous parler d'amour,
14:23 nous n'avions pas fini de fumer nos gitanes.
14:26 On peut se demander pourquoi les cours condamnent un assassin si beau,
14:31 si beau qu'il ne fait pas lire le jour.
14:34 Amour vient sur ma bouche, amour ouvre les portes,
14:38 traverse les couloirs, descend, marche léger,
14:42 vole dans l'escalier plus souple qu'un berger, plus soutenu,
14:47 par l'air qu'un vol de feuilles mortes, en traverse les murs.
14:52 S'il le faut, marche au bord des toits des océans
14:58 et couvre-toi de lumière.
15:01 Use de la menace, use de la prière,
15:05 mais viens ma frégate, une heure, une heure avant ma mort.
15:11 - Que c'est beau !
15:13 Bah vous voyez, ça donne envie d'y aller, d'aller vous voir interpréter.
15:17 Bah oui, vous finissez pas au top, mais c'était beau.
15:21 Je termine par les impromptus, juste quelques petites questions comme ça.
15:24 Béatrice Dalle, vous répondez rapidement.
15:26 37 de le matin ou le Grand Bleu ?
15:28 - 37 de le matin.
15:29 - Visconti ou Pasolini ?
15:31 J'aime tellement cette vie, quand j'entends un acteur se plaindre,
15:34 j'ai envie de lui en coller une.
15:36 - Oui, parce que j'en ai marre.
15:38 Bonjour, mais toi je te connais !
15:40 - Ça c'est pour Crissinango.
15:42 - Bien sûr, parce qu'il y a tellement de gens qui font des choses difficiles.
15:45 Un acteur qui n'a que des choses extraordinaires.
15:48 Alors calmez-vous les mecs, parce que sans le public, vous serez que de la daube.
15:52 - Judith Gaudrech au César, vous avez aimé ?
15:55 - J'ai pas vu, je regarde jamais les Césars, j'en fous de ces prix à la con.
15:58 - Les haters que vous avez pris il y a deux semaines quand vous avez passé dans Clique,
16:03 vous leur avez répondu en mettant leur message de haine sur Instagram ?
16:06 - Oui, bien sûr, et attendez, il y a bien mieux, si vous avez un copain à cœur,
16:08 vous allez sur le Darknet et vous mettez leur compte en banque.
16:13 - Ah ouais ?
16:14 - Ah ça c'est super.
16:15 - C'est ce que vous faites pour vous venger ?
16:16 - Ah oui, une fois je l'ai fait sur un sale mec sur Facebook.
16:18 - Bon, Joystar c'est l'amour de votre vie ?
16:20 - Non, c'est Jeunet.
16:22 - C'est Jeunet. Beyoncé ou Rihanna ?
16:24 - Ah, ni l'une ni l'autre, c'est pas du tout ma gamme.
16:26 - Ah, très bien. Aya Nakamura aux Jeux Olympiques pour la cérémonie d'ouverture, vous trouvez ça bien ?
16:31 - Ah bah écoutez, moi ce que je trouve extraordinaire, c'est de critiquer le fait qu'elle a des origines africaines.
16:36 Edith Piaf, elle a des origines arabes, donc c'est un peu mal venu.
16:40 - C'est vrai que David Bowie et Serge Gainsbourg vous ont proposé de chanter avec eux et que vous avez dit non ?
16:44 - Oui.
16:45 - Les bains de douche ou le Palace ?
16:47 - Bains de douche, mais encore plus rose bonbon, moi j'aime mieux le punk que la danse.
16:51 - Alcool, sexe, drogue, vous en avez tout aujourd'hui à 9h30 ?
16:53 - Pas d'alcool, j'ai jamais bu une goutte d'alcool de ma vie, tout le monde croit que je suis alcoolo.
16:57 - J'ai râle.
16:59 Et la drogue, on en est où ?
17:03 - On parle d'autre chose.
17:04 - Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
17:08 - J'ai pas envie de choisir, les trois sont merveilleux.
17:11 - Et Dieu dans tout ça ? Ou dans votre cas c'est "et Jésus dans tout ça".
17:14 - Jésus, plus sexy, tu meurs. Avant Kurt Cobain, je mets Jésus.
17:17 - Avant Kurt Cobain, il y a Jésus.
17:19 - Béatrice Dalle, la reine du printemps de Bourgie, le spectacle sur Kurt Cobain, le spectacle Trouble,
17:24 vous serez aussi en tournée et on est très heureux avec Nicolas de vous recevoir.
17:28 - Merci infiniment à tout le monde.
17:30 - Très belle journée.
17:31 - Je vous fais des bisous à tout le monde.

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