A 100 jours des JO, Laura Flessel, double championne olympique et ancienne Ministre des Sports, était l'invitée de l'Equipe de choc, sur la chaîne L'Équipe.
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00:00 - Ca va Laura ? - Ca va bien.
00:02 - Excitée, impatiente ? - Ravie et surtout fière.
00:04 - On profite parce qu'Enzo Lefort, je ne sais pas s'il peut rester très longtemps avec Georges Quirino,
00:07 donc on va essayer de vous mettre en connexion.
00:09 - Avec plaisir, mais on se verra en fait tout à l'heure.
00:11 - Présente-nous Enzo pour ceux qui ne le connaissent pas.
00:13 - Enzo Lefort qui est sélectionné pour les Jeux Olympiques
00:17 et qui est en fait né en Guadeloupe,
00:20 qui a découvert les scrims en me voyant et qui me le rappelle tout le temps.
00:24 Donc plein de bisous.
00:25 - C'est mignon Enzo, tu as entendu l'hommage de Laura, ta grande marraine j'imagine ?
00:30 - Oui, carrément, mais moi je le clame haut et fort, j'en suis très fier.
00:36 C'est grâce à Laura que j'en suis où je suis aujourd'hui,
00:39 c'est grâce à Laura que j'ai commencé les scrims
00:41 et puis j'ai eu la fierté de défiler derrière elle aux Jeux de Londres en 2012 quand elle était porte-drapeau.
00:48 - Et d'ailleurs toi tu t'es prononcé sur le rôle de porte-drapeau, tu te présentes ou pas ?
00:53 - Oui, je suis ton modèle, tu peux tout faire comme elle.
00:56 - Il faudra un titre individuel si je veux tout faire comme elle.
01:02 Mais oui, il va falloir que la FED désigne son ambassadeur pour la représenter.
01:08 Donc si j'ai la chance d'être désigné par la FED des scrims pour représenter les scrims
01:11 en tant que candidat de porte-drapeau, c'est avec plaisir que je me prononcerai.
01:14 - Alors d'ailleurs Enzo, j'ai parlé avec quelques athlètes,
01:16 déjà il y en a quelques-uns qui font candidature.
01:18 Toi tu es prêt à faire une campagne et tout ça, les affiches dans Paris et tout,
01:21 tu veux porter le drapeau ?
01:23 - Non, non, non, pour moi le rôle de porte-drapeau c'est quelque chose de...
01:28 En tout cas je ne me vois pas faire campagne, le rôle de porte-drapeau,
01:32 c'est plus un rôle de capitaine de cette belle équipe de France.
01:35 Mais non, aujourd'hui je suis plus affairé à ma préparation olympique au quotidien
01:39 plutôt qu'à faire campagne.
01:41 Si je suis élu, ce serait un très grand honneur, mais non, je ne ferai pas campagne.
01:44 - Juste un petit échange, est-ce que tu penses qu'il ferait un bon porte-drapeau, Laura ?
01:48 - Je pense qu'il a suffisamment de maturité, il a su conjuguer son rôle de sportif,
01:53 de père de famille, de photographe, de pro tout simplement.
01:56 Et je pense que, comme il a dit, c'est un capitaine qui amène en fait une certaine dynamique
02:01 et quelque part on aurait tort de se priver de ce choix.
02:05 - Allez Enzo, faut y aller là !
02:07 - A tout à l'heure !
02:12 - Non, je vais me déclarer candidat, mais pas de la faire campagne, non.
02:16 - Et juste dis-moi, ça va ressembler à quoi tes 100 derniers jours ?
02:19 - Alors mes 100 derniers jours, je vais dormir, mais je vais surtout poser mon cerveau à côté
02:25 et faire tout ce que me dit mon entraîneur.
02:27 Donc en fait on a pas mal de temps qui vont rythmer ces 100 derniers jours.
02:31 On a notamment deux épreuves de Coupe du Monde qui nous restent en Asie,
02:34 une à Hong Kong, une à Shanghai.
02:36 Ensuite on a les championnats d'Europe, ensuite on va partir un peu en stage.
02:40 On va partir en stage à Hong Kong après la compétition,
02:42 on va partir en stage à Aix, on va partir en stage au Portugal, à Forge-les-Eaux.
02:45 Donc je pense que je vais cligner des yeux et quand je me réveillerai,
02:48 je serai sur la piste du Grand Palais.
02:50 - Super, merci Enzo !
02:51 Je vous préviens, c'était une image, son cerveau il est pas à côté, il est bien dans sa tête.
02:54 Donc il est prêt et il a beaucoup de sollicitations.
02:55 Merci beaucoup à Enzo.
02:56 - Merci beaucoup, bon après-midi.
02:58 - Merci à tous les deux.
02:59 Enzo, garde une petite table pour Laura, elle te rejoint juste après l'émission.
03:02 Et puis Georges, on te rejoint toutes les secondes.
03:05 Dès que t'as un champion, dès que t'as une légende à ton micro,
03:07 on arrive pour prendre un petit peu la température.
03:09 Maintenant on s'occupe de Laura, parce qu'on a été pressés par Enzo,
03:12 mais on a envie d'en savoir un petit peu plus sur toi et sur ton rôle,
03:15 tes différentes casquettes, parce qu'on l'a dit, tu coches toutes les cases.
03:18 C'est quoi le programme de ces Jeux pour toi ?
03:20 - Alors pour ces Jeux déjà, ma mission, comme je suis à la Fédération française d'esprit,
03:24 mais en fait je suis la présidente de la commission EPEDAM,
03:27 mon objectif avec la commission c'était d'amener cette équipe de France pour la qualification.
03:32 Elles sont qualifiées et il reste encore deux compétitions
03:35 pour qu'elles s'inscrivent individuellement pour leur sélection.
03:39 Donc voilà, sur ce plan-là, je serais ravie d'être dans les gradins.
03:43 Et à la Fédération internationale aussi, donc du coup c'est travailler autour de l'articulation.
03:48 Et puis après, j'ai envie de dire, ces 100 prochains jours
03:51 seront en fait des jours où je vais butiner et je vais papillonner et aller encourager les Français.
03:57 - Ouais, tu vas papillonner, tu es aussi capitaine de relais collectif de La Flamme.
04:00 Je crois que tu vas aller en bateau sur le maxi-bank pop de Armel Le Cleac'h.
04:05 On va voir quelques images, c'est pas butiner, hein ? T'as mal de mer ou pas ?
04:09 - Non, ça va aller, mais c'est vrai qu'on va innover parce que c'est la première fois qu'il y a un relais géré collectif.
04:16 Et c'est vrai que moi je me suis attardée à penser et à honorer mon île.
04:20 Donc moi je serai plutôt sur la Guadeloupe et après on fera en fait traverser Martinique-Guadeloupe,
04:25 enfin Guadeloupe-Martinique, pour aller saluer en fait mes cousins de la Martinique.
04:31 - Ça va être hyper sympa et ce sera donc à bord du bateau d'Armel Le Cleac'h, ça va secouer.
04:35 On parle un petit peu porte-drapeau parce qu'évidemment tu l'as été et on se pose la question,
04:39 c'est un thème qui en excite plus que d'autres, moi je sais que c'est quelque chose qui me rend folle.
04:43 Est-ce que c'est des super responsabilités ? Est-ce que ça te prend du temps ? Est-ce que ça prend de l'énergie quand toi tu l'as été ?
04:48 Comment tu l'as vécu toi ?
04:50 - Alors déjà, moi j'aimerais qu'on puisse dire plutôt capitaine d'une équipe.
04:53 - Ah mais M'sau aussi dit ça.
04:55 - Donc du coup, comme ça en fait il y a une implication.
04:58 Oui on porte le drapeau mais c'est réducteur. On incite tout le monde à aller dans un sens.
05:03 Donc on définit le capitana. Après, ce qu'il faut savoir c'est que nous sommes des altêtes,
05:08 on ne prépare pas les Jeux quatre mois avant. C'est des quinquennats, voire des décennies.
05:13 Donc du coup, on a l'habitude des sollicitations. En revanche, effectivement, plus on se rapproche des Jeux,
05:18 plus il y a des sollicitations et donc du coup il faut avoir un environnement qui permette aussi de dire stop.
05:24 Et donc du coup c'est de la programmation.
05:26 Après, la stratégie de dire que lorsqu'on ne réussit pas ça porte malheur, c'est faux.
05:33 - Il y a eu une malédiction mais elle est finie maintenant.
05:35 - Je pense qu'il n'y a jamais eu de malédiction mais ça ravive en fait des fantasmes.
05:39 Mais je pense que porter un drapeau c'est affirmer en fait une identité.
05:44 Lorsqu'on est en fait capitaine, on porte en fait une dynamique et derrière on va chercher la gagne.
05:49 Et lorsqu'il y a des médailles, on ne peut que fière.
05:51 Et c'est vrai qu'à Londres je n'ai pas eu en fait cette médaille mais pendant cinq Olympiades j'en ai eu cinq.
05:55 - Oui donc c'est bon, tu avais donné.
05:57 - Mais c'est vrai que comme dit Enzo, on n'est pas là pour faire du lobbying.
06:01 Je n'ai pas fait de lobbying. Quelque part il y a un constat, un bilan. On est là pour ou pas.
06:06 Derrière ce sont les sportifs qui vont voter et ça sera une innovation.
06:10 - Mais Laura, est-ce que tu penses que justement ceux qui font du lobbying se perdent un peu justement dans leur schéma, dans leur programmation ?
06:15 - Non pas du tout, je ne suis pas là pour jeter la pierre.
06:17 J'ai envie de dire qu'il y a ceux qui vivent secrètement ce rêve de devenir des capitaines d'équipe
06:21 et d'autres qui l'annoncent officiellement parce que justement ils se disent que c'est le moment de l'affirmer.
06:26 Et en plus on est en France. Donc ce serait une des cerises sur le gâteau
06:30 en sachant que tous ils réfléchissent plus à utiliser les 100 jours pour aller chercher leur Graal Olympique.
06:35 - Bertrand Latour, sur le porte-drapeau aussi ?
06:37 - Mais non mais Pierre a devancé ma question et Laura y a répondu sur l'engouement que suscitait ce porte-drapeau.
06:43 J'ai l'impression qu'on n'en a jamais autant parlé. Il y a beaucoup beaucoup de qualités.
06:46 J'espère, j'ai eu votre réponse, que ça ne perturbera pas la préparation de ceux qui sont parfois au moins aussi intéressés
06:53 par le fait d'être le capitaine de la délégation française plutôt qu'à aller chercher leur propre médaille.
06:57 - Ça te plaît les nouveaux critères de sélection ?
06:59 On le rappelle, il ne faut pas avoir déjà été porte-drapeau, il faut avoir fait les jeux et avoir un casier judiciaire vierge.
07:03 Ce qui en empêche quelques-uns. Tu trouves ça bien ou pas ?
07:05 - Je pense qu'il faut assumer et on parle de valeur.
07:08 Donc du coup effectivement, plus on mettra des cadres et plus on va justement enclencher une dynamique
07:13 pour préparer la future génération en sachant qu'aujourd'hui, c'est des candidatures mixtes.
07:17 On a tant un positionnement féminin que masculin.
07:20 Donc effectivement, jusqu'au jeu de Londres, il n'y avait eu que trois porte-drapeau féminine.
07:25 Donc là, ça rééquilibre et derrière, il faut assumer parce que c'est aussi une responsabilité.
07:31 En se disant aussi que les sportifs, ce ne sont pas des sur-hommes et des sur-femmes.
07:36 Donc il faut aussi relativiser.
07:38 - Est-ce que le porte-drapeau a un rôle au-delà de ce que tu expliques par rapport aux médias,
07:45 par rapport à plein de choses en amont et même le jour du défilé ?
07:49 Est-ce qu'il y a un rôle particulier au-delà de la représentation ?
07:54 - Tout à fait. Et je vais même dire, le fait d'avoir géré des Olympiades avant,
07:59 ça m'a permis de revoir ma copie en tant que capitaine d'équipe.
08:03 Souvent, lorsqu'on est dans cette dynamique, on ne s'occupe que des médaillés.
08:07 Moi, j'ai eu des retours médaillés et des médailles en chocolat.
08:12 Et j'ai vu le manque d'intérêt, le manque de reconnaissance pour celui qui revient sans médaille.
08:18 Alors que c'est douloureux.
08:20 Et donc du coup, dans mon capitana, j'ai tenu à vraiment prendre le temps d'aller voir,
08:24 d'essayer tout au moins d'aller voir tout le monde.
08:26 - Donc il y a un accompagnement derrière aussi ?
08:28 - D'aller voir, puisque tout va vite, on enchaîne, tu as une médaille, tu vas parler,
08:31 il y a un circuit de médiatisation.
08:33 Mais il faut aussi être capitaine de cette équipe à l'intérieur du village olympique.
08:38 Et je me souviens que, l'anecdote, c'est Anne-Sophie Mondière qui revenait,
08:43 elle revenait de grossesse finalement, elle rate sa compète.
08:47 Je la rencontre, donc moi je cours voir le match de Teddy, je la retrouve toute seule.
08:53 Elle était toute seule, il n'y avait pas d'entraîneur, il n'y avait plus rien.
08:56 Elle était toute seule.
08:57 Et c'est vrai que les larmes coulaient.
08:59 Moi je me suis dit, je m'arrête, on est resté, on a parlé poipote, on a parlé retour,
09:04 on a parlé bébé, on a parlé aussi du fait de retourner sans médaille.
09:08 - Oui mais si tu n'es pas dans le porte-drapeau, tu y vas quand même.
09:10 C'est personnel, ce n'est pas forcément le rôle que tu...
09:13 - Non, non, c'est aussi...
09:15 - C'est-à-dire que tu n'es pas là que pour parler aux médias,
09:20 tu es là aussi pour parler à tes potes.
09:22 Et lorsque tes potes vont bien, tout va bien.
09:24 Et lorsque ça ne va pas, il faut t'arrêter et leur dire, c'est aussi la vie.
09:28 - C'est aussi Montgart qui commente le judo chez nous sur la chaîne équipe, je précise.
09:31 - J'avais justement demandé si les autres athlètes s'adressaient au porte-drapeau/capitaine d'équipe
09:36 dans ce rôle-là justement, mais donc d'office en fait.
09:39 - Alors ça a rapproché parce qu'il y a aussi une intergénération.
09:43 Et donc du coup les plus jeunes sont souvent en fait émerveillés, gérés par les résultats,
09:48 ils n'osent pas.
09:49 Et là en fait, s'autorisent à venir.
09:51 Et moi j'ai fait la même chose.
09:52 Je suis frontièrement timide mais ça ne se voit pas parce que je suis bavarde.
09:55 Et donc du coup j'ai utilisé le fait d'être porte-drapeau pour aller les voir et dire bonjour,
10:00 je suis Laura Flessail.
10:01 Ok, on connaît, mais on est fiers.
10:03 Et donc du coup ça brise la glace.
10:05 - C'est important cet aspect convivial, avoir la parole facile aussi.
10:08 - Parce qu'il y a ceux qui font le jeu pour la première fois.
10:11 Et donc du coup il y a toutes les tentations aussi au sein du village olympique.
10:15 - Quelles sont-elles ?
10:16 - Les tentations, c'est d'aller en fait regarder tous les champions.
10:20 - Et tu t'éparpilles.
10:21 - Tu t'éparpilles.
10:22 - On attendait notre réponse je crois.
10:23 - Je pense.
10:25 - On en parlera peut-être dans l'interview, qu'on a prévu.
10:29 On revient un tout petit peu sur son rôle de ministre parce que quand même,
10:32 tu venais juste d'être élue ministre des sports en 2017, je crois,
10:35 quand les Jeux ont été attribués à Paris.
10:37 On en était où, de quelle étape, tu étais chargée de quoi à ce moment-là ?
10:39 - En fait j'ai porté la loi aussi dans les deux chambres, à l'Assemblée, au Sénat,
10:43 validation auprès aussi de l'Europe.
10:45 Et ça a été merveilleux parce que j'ai connu aussi les désillusions des campagnes,
10:50 j'ai géré des mandats qu'on n'a pas eus et on a les Jeux chez nous.
10:54 Et en fait c'était une période où on avait la Ryder Cup, on avait la Coupe d'Euro et on gagnait tout.
10:59 Donc du coup, c'est vrai que c'est aussi ma pierre à l'édifice.
11:02 Derrière, j'ai envie de dire aujourd'hui, je vais prendre plaisir parce que c'est la réalisation
11:07 et la confirmation aussi que la France devait recevoir en 2024.
11:11 Et on est presque dans les temps.
11:13 On va utiliser les 100 jours.
11:15 - Tu étais aux prémices de ce début des Jeux à Paris
11:19 et maintenant tu récoltes les lauriers.
11:21 - Et tu sais qu'il y a aussi sur l'héritage parce que les Jeux c'est quelque chose,
11:24 mais on a aussi cette obligation de pouvoir aussi faire perdurer
11:28 une nouvelle pensée sportive pour l'après-jeu.