7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Attaque iranienne : quelle riposte pour Israël ?

  • il y a 5 mois
Lors d'un Conseil de sécurité convoqué en urgence ce dimanche 14 avril après l'attaque iranienne sans précédent contre Israël, l'État hébreu a demandé des sanctions quand Téhéran a invoqué "son droit à l'autodéfense".

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Transcript
00:00 La France a joué un rôle dans l'interception des missiles et des drones.
00:06 Un rôle incomparable à celui des États-Unis ou du Royaume-Uni, mais expliqué de manière différente.
00:11 Autant à Washington et à Londres, on a assumé le fait de participer à cette opération
00:15 avec pour premier et unique objectif de défendre Israël.
00:19 L'explication donnée à Paris est que l'objectif premier était de défendre les installations militaires françaises.
00:25 Il y a beaucoup de bases dans la région, il y en a en Jordanie, il y en a en Irak, il y en a aux Émirats Arabes Unis.
00:29 Et que par conséquent, puisqu'on intervenait et puisqu'on interceptait,
00:32 de fait, on contribuait aussi à défendre Israël, mais ça n'était pas nécessairement l'objectif premier de l'intervention française.
00:37 Alors il y a eu une réunion très importante évidemment du cabinet de guerre israélien autour de Benyamin Netanyahou.
00:43 Toute la question est de savoir si Israël va riposter ou pas.
00:47 Voici le tempo donné par Benny Gantz, membre de ce cabinet de guerre.
00:52 Face à la menace iranienne, nous construirons une coalition régionale et ferons payer le prix à l'Iran
00:58 de la manière et au moment qui nous conviendront.
01:01 Et surtout face à la volonté de nos ennemis de nous nuire, nous nous unirons et deviendrons plus forts.
01:08 Le risque tiré, bien sûr, c'est l'embrasement de la région.
01:10 Oui, alors il y a deux informations essentielles dans cette déclaration de Benny Gantz.
01:13 La première, c'est qu'il y aura une réponse israélienne, ce qui n'est pas une certitude.
01:17 Et ce dont Joe Biden voulait dissuader Benjamin Netanyahou, donc il y aura une réponse.
01:23 Mais de quelle ampleur ?
01:24 Et alors, effectivement, de quelle ampleur, c'est toute la question.
01:27 Au moment et dans les circonstances qui nous conviendront, dit Benny Gantz,
01:30 ça veut dire qu'Israël veut quand même se donner le temps de réfléchir à la réponse possible
01:34 et donc n'a pas totalement été sourd aux avertissements relatifs au risque d'escalade.
01:39 Est-ce que le compromis de la part d'Israël serait une réponse proportionnée
01:44 en frappant par exemple les positions du Hezbollah au sud du Liban ?
01:48 Les Hezbollah pro-iranien.
01:49 Oui, c'est une réponse possible, effectivement, parce que l'Hezbollah, c'est le proxy,
01:53 c'est le mandataire.
01:54 Ça, c'est un mot qu'on entend tout le temps depuis quelques jours, les proxys.
01:57 Ça, c'est nouveau dans le verbiage diplomatique, les proxys.
02:00 Il faut traduire.
02:01 Oui, c'est le mandataire, c'est-à-dire que c'est l'intermédiaire qui agit au fond,
02:04 qui est instrumentalisé, si vous voulez.
02:07 C'est le bras armé de l'Iran au sud du Liban,
02:10 qui est déjà de toute façon en conflit avec Israël.
02:13 Une réponse proportionnée est possible.
02:16 Il est clair que dans la mesure où il va répondre,
02:18 le premier ministre israélien y est plus qu'encouragé par la communauté internationale
02:22 et notamment par les États-Unis.
02:23 Simplement, on est obligé aussi de constater, Christophe,
02:26 que jusqu'à présent, la méthode israélienne,
02:28 ça a été toujours de répondre de manière disproportionnée.
02:31 Regardez ce qui s'est passé à Gaza.
02:33 Bon, les moyens évidemment engagés vont compter beaucoup.
02:36 Général Pélistrandi, on sait qu'Israël est évidemment engagé
02:40 contre le Hamas depuis le 7 octobre.
02:42 Est-ce qu'Israël a les moyens de soutenir deux fronts ?
02:45 Oui, Israël a les moyens de soutenir deux fronts,
02:48 d'autant plus que le type de riposte à envisager,
02:52 eh bien, soit se fait avec l'aviation.
02:55 L'aviation, donc Israël a les capacités,
02:58 soit avec d'autres méthodes, par exemple,
03:00 neutraliser les installations nucléaires sur le territoire iranien.
03:06 Oui, Israël a les moyens parce qu'il le sait.
03:08 Quand on dit ça, on serait dans la surescalade.
03:11 Pas forcément.
03:13 Pas forcément, parce que, par exemple,
03:15 ralentir le programme nucléaire militaire iranien,
03:19 c'est extrêmement important,
03:21 mais on n'est pas dans l'escalade, justement.
03:23 Ça permet de rester sous le seuil,
03:25 parce que l'objectif, c'est d'éviter, effectivement,
03:27 un embrasement avec un engagement militaire.
03:30 Et déjà, une certitude,
03:32 il n'y aura jamais de forces terrestres israéliennes
03:34 qui vont aller en Iran.
03:36 Donc, ce sera quelque chose de spectaculaire,
03:39 mais dans le temps,
03:41 et donc sans forcément vouloir détruire tout ce qu'il y a.
03:45 On l'a vu avec cette attaque sans précédent.
03:46 On voit aussi en Ukraine cette nouvelle forme de guerre
03:48 avec les drones, capacité de nuisance maximale.
03:52 Là, ils ont été arrêtés grâce au dôme de fer,
03:55 mais c'est ça, la guerre moderne ?
03:57 Alors, il est clair qu'effectivement,
03:59 les drones jouent un rôle très important.
04:01 Ce que l'on constate néanmoins,
04:02 c'est que les drones qui ont été utilisés par Téhéran,
04:05 les mêmes utilisés par les Russes contre l'Ukraine,
04:08 finalement, ne sont pas très efficaces.
04:09 Ils sont relativement faciles à détruire.
04:11 Mais il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui,
04:14 il n'y a pas de conflit sans utilisation
04:16 d'une panoplie très large de drones.
04:18 Joe Biden a des chances d'être entendu.
04:20 Il a dit qu'il ne soutiendrait pas
04:22 une réponse israélienne à l'attaque iranienne.
04:26 Est-ce qu'il va être entendu ?
04:27 Alors, on peut dire que dans une certaine mesure,
04:28 il a déjà été entendu,
04:29 puisque Israël a choisi de se donner le temps
04:31 et de ne pas répliquer immédiatement.
04:34 Ça signifie qu'il y aura certainement dialogue
04:36 entre Washington et Jérusalem sur quel est le plan de réponse.
04:40 Et il est certainement envisageable,
04:42 sinon probable, que les Israéliens soumettront
04:45 leur plan de riposte aux Américains avant d'y procéder.
04:47 Parce qu'il y a un enjeu également important,
04:49 et Nicolas Dose l'évoquait ce matin,
04:51 c'est l'enjeu économique.
04:52 D'ores et déjà, ça bouge sur les marchés pétroliers
04:56 et on redoute évidemment une flambée des cours du baril.
04:59 Oui, alors ce qui s'est passé jusqu'à présent,
05:00 c'est quelques dollars sur le baril
05:02 dans l'espace de quelques heures, bien sûr.
05:04 Dans l'hypothèse où la région s'embraserait dans son ensemble,
05:07 là, on reviendrait à de tout autres ordres de grandeur.
05:11 Je vous rappelle par exemple ce qui s'est passé
05:13 au début de la guerre en Ukraine.
05:14 Le baril, il est aux alentours de 90 dollars,
05:16 à peu près aujourd'hui.
05:17 Dans les premiers jours de février 2022,
05:19 il a été monté jusqu'à 120, 130,
05:21 avec toutes les conséquences que vous pouvez imaginer
05:23 si ça se produit de manière durable
05:24 sur non seulement les prix à la pompe,
05:26 mais l'économie de manière générale.
05:28 On a vu ces élus au Parlement iranien,
05:30 point levé, fêtant une victoire.
05:31 Mais c'est quand même un échec militaire.
05:33 On le disait à l'instant, les drones,
05:34 aucun n'a atteint la moindre cible.
05:36 Alors, c'est évidemment un échec militaire
05:38 dans la mesure où il n'y a eu quasiment aucun dégât.
05:40 Mais vendu comme un succès, comme une victoire.
05:42 Oui, mais politiquement, il n'y a rien de spontané,
05:45 évidemment dans les manifestations que vous évoquez.
05:48 C'est aussi un échec diplomatique dans une certaine mesure.
05:50 Et ça, c'est important à relever
05:51 parce qu'on avait le sentiment qu'avec ce qui se passait à Gaza,
05:55 Israël était de plus en plus isolé,
05:57 critiqué, la politique contestée,
05:58 y compris par les alliés les plus solides,
06:00 à commencer par les États-Unis.
06:01 Ce qu'on constate là, c'est que la coalition de soutien à Israël,
06:04 elle s'est reconstituée.

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